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  • il y a 2 mois

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Transcription
00:007h-9h, Europe 1 matin.
00:02Et place à votre signature en Europe 1 du lundi, bonjour Philippe Valle.
00:05Bonjour Dimitri et bonjour à tous.
00:07C'est à propos de Montecristo, vous nous parlez ce matin de l'incarcération de Nicolas Sarkozy.
00:11Oui, et d'abord de l'article d'un universitaire, paru samedi dernier dans Le Monde,
00:16et qui se moque de l'ancien président à propos des livres qu'il a choisis pour l'accompagner en prison.
00:21Alors, Une vie de Jésus, dont il dédaigne de citer l'auteur, est le conte de Montecristo.
00:26En puisant dans un lexique sorbonnard qui faisait déjà rire autant de rabelais,
00:32ce distingué professeur explique que, je cite,
00:35« Avec cette nouvelle instrumentalisation de la symbolique lettrée et de la posture du président écrivain,
00:42ressurgit un paradigme que l'on pensait déclassé depuis l'incarnation d'un président boxeur
00:48affichant sous le biceps gonflé une virilité hégémonique et une masculinité agonistique
00:54consacrant l'épiphanie de la sueur contre un cercle de la raison. »
00:58Vous pouvez répéter ?
00:59Non, on n'a pas le temps à perdre, mais c'est tombé.
01:01Mais ce jargon de trissotin éclaire bien le mépris de classe,
01:05de l'universitaire bien de chez nous, biberonné à Sarfres et à Bourdieu,
01:10qui dénonce les inégalités du matin au soir,
01:12mais ne supporte pas qu'un président de la République ne vienne ni de la vieille bourgeoisie charentaise,
01:17ni de l'ENA.
01:18C'est fou comme les gentils officiels sont officieusement terriblement méchants.
01:22Et c'est vrai.
01:23Avant de rentrer dans le vif, quelques précisions.
01:26Je connais Nicolas Sarkozy et je suis bouleversé par ce qui lui arrive.
01:30Je ne sais du dossier et des magistrats qui l'ont jugé que ce que chacun en a lu dans la presse.
01:35Dernière précision, je n'ai aucun compte à régler avec la justice.
01:40J'ai été confronté de nombreuses fois au tribunal,
01:43ce qui est banal pour un directeur d'hebdomadaire satirique.
01:46À certaines époques, j'aurais pu laisser ma brosse à dents et mes pantoufles
01:50à la 17ème chambre correctionnelle de Paris où j'avais mes habitudes.
01:54Et je dois dire qu'à une exception près,
01:56j'ai apprécié la compétence et l'impartialité de mes juges,
01:59y compris de ceux qui, de toute évidence, ne m'étaient pas favorables.
02:03Et les quelques fois où je me suis trouvé devant la cour d'appel,
02:07je n'ai pu que constater la grande qualité des juges.
02:10Mais avouez quand même, Philippe,
02:11que l'exécution provisoire de la peine de l'ancien président est incompréhensible.
02:15C'est vrai. D'une part, les délits n'ont pas été retenus.
02:19Les faits supposés datent d'il y a 17 ans.
02:21Ils ne peuvent faire ni l'objet de récidive, ni de trouble à l'ordre public.
02:25D'autre part, le prévenu ne représente aucun danger pour les autres.
02:29Enfin, il ne s'est jamais dérobé à une convocation.
02:33Alors, on se demande le pourquoi de cette décision.
02:36Et je pense que la cour d'appel, qui statuera ces jours-ci
02:40sur le cas de Nicolas Sarkozy,
02:42devra débattre d'un point crucial de la philosophie des droits français.
02:48Pour nous, le public, et la justice est un service public,
02:51la seule explication à cette exécution provisoire
02:55est que le tribunal, en emprisonnant un ancien président de la République,
02:59a fait preuve d'un désir d'exemplarité de la peine.
03:03Or, cette notion est contraire aux droits démocratiques en général
03:08et aux droits français en particulier.
03:10Dès le XVIIIe siècle, le célèbre juriste italien Cesare Beccaria,
03:16dont se sont inspirés nos plus grands juristes à nous aussi,
03:19au XIXe siècle notamment,
03:20affirme que le justiciable doit être puni avec justice et proportionnalité
03:25sans que la justice ne commette les cruautés qu'elle reproche aux coupables.
03:29Ce n'est pas la barbarie de la peine qui est dissuasive,
03:32mais sa certitude et la rapidité de son exécution.
03:36Poussez à l'extrême la logique de l'exemplarité de la peine
03:39et vous avez le Hamas qui exécute ses opposants en pleine rue d'une balle dans la nuque.
03:44En gros, c'est la justice qui doit être exemplaire, non la peine.
03:47C'est cela, exactement.
03:49L'exemplarité de la peine est un aveu de faiblesse démocratique.
03:52Prononcer des peines exemplaires,
03:54c'est la tentation des magistrats qui veulent édifier le peuple.
03:58C'est une bonne intention,
03:59mais ce n'est pas leur rôle, lequel n'est que de rendre la justice ce qui est déjà beaucoup.
04:04Et c'est la cour d'appel qui, dans sa sagesse,
04:06est appelée à corriger cet abusif mélange des genres.
04:10Signature Europe 1, Philippe Vall.
04:11Merci beaucoup, Philippe.
04:13Dans un instant, la revue de presse d'origine.
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