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Nicolas Sarkozy incarcéré : une première dans le droit français
France 24
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00:00
Bonjour Ludovic Friat, merci d'être là. Donc vous êtes le président de l'Union Syndicale des Magistrats, l'USM.
00:05
On en parle beaucoup en France. Est-ce que, vous, ça vous choque qu'un ancien président de la République dorme ce soir en prison ?
00:13
J'ai une réponse en deux temps. Première réponse, si je me positionne en tant que citoyen français,
00:18
évidemment, ça ne me fait pas plaisir de voir un ex-président de la République en prison, même en détention provisoire,
00:26
puisque à ce jour, comme il a fait appel, il est en détention provisoire.
00:29
Après, si je me place en tant que juriste et en tant que magistrat, tout cela n'est finalement que la suite d'un processus judiciaire
00:38
qui a été réalisé strictement, conformément à nos règles de droit. On a suivi la loi telle que votée par le Parlement.
00:46
Il y a eu une très longue instruction. Il y a eu un très long procès contradictoire où tout le monde a pu s'exprimer, s'expliquer,
00:53
un long temps de délibérer. Et au final, on arrive à une décision de justice, une décision de justice qui doit être appréciée, adaptée.
01:01
Et finalement, c'est ce qu'on demande aux magistrats au quotidien, tous les jours, 100 fois par jour, 1000 fois par jour,
01:06
dans tous les tribunaux français de Navarre. C'est d'apprécier la loi. Est-ce que la loi a été respectée ou violée ? Par qui ?
01:14
Et dans ce cas-là, quelle est la peine adéquate qui doit être prononcée ?
01:17
Les Français parlent souvent d'une justice à deux vitesses. Ça prouve aujourd'hui que personne n'est au-dessus des lois ?
01:23
Souvent, le reproche de justice à deux vitesses qu'on nous fait, il est un peu dans l'autre sens.
01:28
On nous dit, effectivement, la justice ne s'abat que sur les miséreux, les misérables.
01:33
On voit, et moi, j'essaye d'y voir effectivement un signe encourageant pour notre démocratie,
01:41
pour le fait que notre démocratie est une démocratie adulte, à savoir que la loi est la même pour tout un chacun.
01:48
Alors, bien évidemment, on peut entendre les précautions très particulières qui sont prises en détention,
01:55
s'agissant de M. Sarkozy, qui n'est pas n'importe qui. Mais au-delà de ça, je pense que c'est important.
02:01
Les Français, ils sont attachés à ce principe d'égalité. Il est sur nos frontons depuis bientôt 200 ans.
02:06
Il faut que ce principe puisse s'incarner dans le quotidien. C'est une incarnation.
02:10
Est-ce que ça peut faire évoluer la vision qu'ont les Français de la justice ?
02:14
Il y a plusieurs choses. Il y a déjà, est-ce qu'on considère au niveau collectif, au niveau national,
02:20
que la délinquance économique, la délinquance en col blanc, comme on l'appelle,
02:25
politico-financière ou non-politique que financière, est une délinquance comme les autres ?
02:30
Moi, je pense que oui. Et je pense même que le législateur a déjà tranché là-dessus.
02:33
Je rappelle que la corruption s'est punie de 10 ans d'emprisonnement,
02:37
ce qui est la plus lourde peine, la plus lourde sanction possible en matière correctionnelle.
02:41
Alors, si demain, le législateur, suite à tout ce qu'on connaît, décide effectivement d'inverser la tendance
02:48
pour dire finalement, la délinquance en col blanc ne doit pas connaître le même, on va dire,
02:54
le même régime de sanctions que la délinquance violente, par exemple,
02:58
qu'il le dise et qu'il l'assume également devant les électeurs.
03:02
Mais ce n'est pas au juge de faire la loi. Le juge applique la loi.
03:04
Un mot également sur l'exécution provisoire. Emmanuel Macron, le président de la République,
03:09
en a parlé ce matin. Il parle d'un débat légitime qui doit, selon lui, être mené dans le calme.
03:14
On va l'écouter et on vous redonne la parole juste après.
03:17
J'ai vu que plusieurs responsables politiques souhaitaient s'en emparer.
03:22
Le président du Sénat l'a indiqué. Le garde des Sceaux aussi.
03:26
Je pense que c'est un débat légitime dans une démocratie.
03:28
Parce que tout le monde souhaite qu'il puisse y avoir des voies d'appel et de recours.
03:36
Mais c'est un débat qui doit être mené dans le calme et indépendamment des cas spécifiques.
03:42
Là aussi, pour que notre justice puisse se faire et puisse évoluer dans la sérénité qui convient.
03:49
Et je souhaite que ce soit cette sérénité qui accompagne tous les débats sur ce sujet.
03:56
Cette exécution provisoire, elle fait beaucoup parler en France.
03:58
Quelle est votre réaction aux propos du président de la République ?
04:01
Cette exécution provisoire, c'est un outil que les juridictions utilisent quotidiennement pour lutter contre les délinquances.
04:09
C'est un texte qui, s'agissant des mandats de dépôt à effet différé, n'est pas si ancien.
04:16
Mais qui, à ma connaissance, avait été voté très largement, quasiment à l'unanimité, par l'Assemblée.
04:22
2019. Exécution 1er janvier 2020.
04:25
C'est ça. Si l'Assemblée veut revenir là-dessus, c'est son choix.
04:29
Moi, je suis magistrat, je ne fais pas la loi, je l'applique.
04:32
Ce que je dis simplement, c'est attention de ne pas baisser trop la garde ou les armes.
04:38
Parce que les juges ont besoin de ce type d'outils juridiques, d'armes juridiques,
04:42
pour lutter notamment contre le crime organisé et contre la grande délinquance.
04:47
Ils en ont besoin, c'est ce que vous dites.
04:48
On en a besoin. On a besoin.
04:49
Alors après, si le législateur estime qu'il faut en restreindre le champ, dans certains cas,
04:54
ou s'il faut effectivement faire une procédure d'appel, pourquoi pas ?
04:58
Mais alors attention, attention.
05:00
Si on introduit de l'appel, pour ce cas très spécifique, on va également allonger les délais.
05:05
Et on est toujours finalement dans cette espèce de contradiction, un champ un peu contradictoire.
05:09
On nous dit, la justice, elle doit être plus sévère, elle doit aller plus vite,
05:13
jusqu'au moment où on se dit, peut-être qu'elle va trop vite.
05:15
Donc là-dessus, il est temps qu'on puisse y réfléchir de façon adulte et démocratique.
05:19
Ça fait parler dans votre milieu, dans le milieu de la magistrature ?
05:23
Vous avez des débats entre vous sur ce sujet ?
05:26
On a bien évidemment des débats entre nous sur ce sujet-là.
05:29
Après, ce n'est pas mon rôle, moi, en tant que responsable syndical de magistrat,
05:33
de vous dire ce que j'en pense à titre personnel, parce que ça importe peu.
05:36
Ce qui est important, c'est de porter une parole collective
05:39
et de porter une parole, on va dire, parole qui soit dénuée des affects.
05:43
Aujourd'hui, on est dans un temps de l'émotion.
05:45
Parce que rentrer en prison, c'est toujours violent, c'est un temps de l'émotion.
05:48
Je le concède, je ne conteste pas.
05:50
Mais il ne faut pas qu'on se laisse embarquer par l'émotion
05:53
pour surréagir, et notamment surréagir sur le mode législatif,
05:57
c'est-à-dire à changer d'un coup tout notre arsenal juridique,
06:01
sans réfléchir à toutes les conséquences pour tout le monde.
06:04
Il faut arriver à dépassionner le débat.
06:05
Il faut arriver à dépassionner le débat.
06:07
Ça m'est souvent reproché.
06:08
Quand je vais sur des plateaux de télévision, on dit toujours,
06:10
en fait, monsieur le juge, vous n'avez pas de cœur.
06:12
Non, mon travail, justement, mon travail de juge,
06:16
j'ai été formé pour ça, c'est de prendre du recul
06:18
et d'être à équidistance de toutes les parties,
06:21
tant des victimes que des auteurs.
06:23
Alors la Cour d'appel de Paris a désormais deux mois pour statuer sur une demande,
06:26
demande de remise en liberté qui a été déposée ce matin
06:28
par les avocats de Nicolas Sarkozy.
06:31
On va les écouter sur France 24.
06:34
Rien ne justifie la première heure de détention.
06:37
Il y est pour un minimum de trois semaines ou un mois,
06:40
puisque la Cour d'appel a deux mois pour statuer sur une demande de mise en liberté
06:45
et le délai moyen à la Cour d'appel de Paris, c'est un mois.
06:49
Donc, en tout état de cause, même si rien ne justifie cette détention,
06:53
il y est pour un mois.
06:55
C'est un moment, comme Jean-Michel Darrois le disait, un moment qui est très dur.
06:59
Mais le président a fait face.
07:03
Il affronte avec beaucoup de force cette incarcération,
07:08
même si c'est une injustice épouvantable, une grave injustice, une honte.
07:15
C'est vraiment une honte de l'incarcérer.
07:17
Quel est le scénario le plus probable qu'il sorte dans les toutes prochaines semaines ?
07:21
Déjà, un premier point. Je ne peux pas laisser mettre un grain, dire rien ne justifie cette incarcération.
07:27
Je rappelle que M. Nicolas Sarkozy a été condamné, même s'il a fait appel,
07:32
mais a été condamné pour des faits d'une extrême gravité.
07:35
Ce qui explique, effectivement, la sanction à la hauteur de la gravité telle que le tribunal l'a estimé.
07:40
Donc, ce n'est pas rien.
07:42
Après, effectivement, il a fait appel, donc il est à nouveau présumé innocent.
07:46
Et on retombe, et c'est un peu technique, dans d'autres critères que ceux de la condamnation.
07:50
En gros, quand vous condenez quelqu'un, vous allez décider de mettre un mandat de dépôt ou non,
07:55
en fonction, on va dire, de la gravité de l'infraction et de la sanction.
07:59
Le législateur nous y pousse.
08:00
Le législateur nous dit, au-delà d'un an, vous devez faire exécuter le plus rapidement possible la peine prononcée.
08:05
Là, on est un peu dit dans un système différent, puisqu'il a fait appel, il est présumé innocent,
08:09
on revient, si vous voulez, à la case départ, et les critères ne sont plus les mêmes.
08:12
Ce n'est plus la gravité d'infraction, c'est, grosso modo, le risque de non-représentation devant la cour d'appel,
08:18
le risque qu'il s'en aille, qu'il prenne la fuite,
08:20
ou le risque qu'il fasse pression sur des témoins ou sur des complices.
08:25
Donc, on est sur des critères complètement différents.
08:28
On verra ce qu'en dira la Chambre des Appels Correctionnels, qui sera amenée à statuer dans les semaines qui viennent.
08:33
Deux points encore avec vous, notamment cette visite de Gérald Darmanin,
08:38
qui l'a dit, il rendra visite à Nicolas Sarkozy en prison.
08:42
Ça peut être problématique, selon vous ?
08:45
Je l'ai dit, pour moi, c'est problématique, puisqu'il est garde des Sceaux.
08:51
Ainsi que, l'avait dit finalement, lors de la passation de pouvoir dans la cour de la place Vendôme,
08:58
son prédécesseur, M. Migaud, attention, être garde des Sceaux,
09:01
c'est souvent de voir taire son émotion, taire son opinion,
09:07
et se taire plus que les autres ministres du gouvernement,
09:10
parce que, justement, justement, quand on est garde des Sceaux,
09:13
on représente l'indépendance et l'impartiété de la justice.
09:16
Alors, en disant, sur un mode un peu compliqué,
09:19
je suis à la fois son ami et je suis à la fois le ministre,
09:21
je vais aller le voir en prison,
09:23
on ne sait pas trop si c'est l'ami qui, sous casquette du garde des Sceaux,
09:28
va voir Nicolas Sarkozy,
09:29
ou si c'est le garde des Sceaux qui, ne faisant pas confiance à la pénitentiaire,
09:35
à ses subordonnés,
09:36
préfère aller voir de lui-même si tout a été fait correctement.
09:39
Enfin, on voit bien que tout ça n'a pas vraiment de sens.
09:41
Nicolas Sarkozy qui a déclaré que sa condamnation, je cite,
09:44
« humilier la France », il s'attaque là,
09:46
directement à l'institution judiciaire.
09:47
Je ne sais pas, il plaide, il se défend,
09:52
il a le droit de plaider et de se défendre.
09:54
Avec ces mots-là, ça ne vous dérange pas ?
09:56
Moi, ce que je regrette,
09:57
je vais vous dire, moi, ce que je pense et ce que je regrette,
09:59
ce que je regrette, c'est que,
10:01
on verra ce qu'on dira à la Cour d'appel,
10:02
mais ce que je regrette, c'est qu'un président de la République,
10:05
un candidat à la présidence de la République,
10:07
un ministre de la République,
10:08
ait pu, à un moment donné,
10:10
et on verra ce qu'on dira à la Cour d'appel,
10:11
s'imaginer que se faire financer
10:13
par un État étranger, un État ennemi,
10:16
ait pu être une bonne idée.
10:19
Merci beaucoup, Lidoïc Frédéric.
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