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00:0013h-14h, Europe 1 Info.
00:03Avec Clélie Mathias sur Europe 1, il est 13h19, on vous retrouve avec Sébastien Lignier,
00:08chef du service politique et chef à l'heure actuelle.
00:10Bonjour Sébastien Lignier.
00:11Bonjour Clélie.
00:12Juste avant de parler de la menace terroriste et de Salah Abdeslam,
00:15un mot sur la remise en liberté de Nicolas Sarkozy hier.
00:18La décision de la cour d'appel peut être interprétée comme un revirement
00:22par rapport à la condamnation du tribunal correctionnel, la première condamnation.
00:26Ce n'est pas forcément le cas, mais vous, comment l'avez-vous interprété ?
00:30Moi je trouve que cette décision prouve le caractère politique, surtout,
00:35de la condamnation en première instance, parce que ça prouve ce qu'on avait compris,
00:40c'est-à-dire que la justice avait voulu se payer Nicolas Sarkozy en l'envoyant en prison
00:44avec mandat de dépôt et exécution provisoire.
00:47C'est-à-dire qu'au fond, ce qui était important pour la justice en première instance,
00:51c'est que Nicolas Sarkozy dorme en prison, ne serait-ce que quelques jours,
00:54quelques heures, quelques semaines ? Il savait pertinemment que tout portait à croire
00:59que Nicolas Sarkozy serait libéré.
01:01Mais il fallait, pour le symbole, pour humilier l'ancien président de la République,
01:05l'envoyer en prison. Donc eux, ils ont eu leur trophée.
01:08Est-ce que ce n'est pas plutôt que tout portait à croire qu'il allait faire appel ?
01:11Et donc dans ce cas-là, qu'il y aurait un deuxième procès,
01:14et donc que le mandat de dépôt n'avait peut-être pas forcément lieu d'être ?
01:20Puisque là, c'est ce qui a été dit, et c'est ce qui est dit.
01:24Il est à la tribunal correctionnelle, l'a condamné à 5 ans de prison,
01:27avec mandat de dépôt à effet différé, exécution provisoire.
01:30Donc ils l'ont condamné, il fait sa peine de prison.
01:32Mais là où ça change les choses, c'est parce qu'il a décidé de faire appel.
01:35Oui, non mais d'accord. Mais enfin, in fine, je ne peux pas croire une seule seconde
01:39que la justice n'avait pas anticipé tout cela.
01:41Que Nicolas Sarkozy n'allait pas, s'il avait un mandat de dépôt,
01:44qu'il n'allait pas tout de suite faire une demande de liberté,
01:46et que cette demande de liberté serait acceptée.
01:48Parce que c'était évident que cette demande de liberté a été acceptée.
01:51Donc, en fait, il fallait l'envoyer en prison.
01:54Pour moi, c'est le point central.
01:56C'est-à-dire que même dans les mots qui avaient été utilisés en première instance,
02:01dont ils jugeaient l'effet extrêmement grave,
02:04d'effet d'une telle gravité qu'elle justifiait le fait de l'envoyer en prison.
02:10Et hier, dans le délibéré, on nous explique que rien ne justifiait le fait de le maintenir en prison.
02:16Donc, pour moi, il y a évidemment un caractère politique.
02:19C'est pour ça que je ne pense même pas que les juges de première instance se sentent désavoués ce matin,
02:23parce que je pense qu'ils avaient totalement compris ce qui allait se passer.
02:26Mais eux, l'essentiel était ailleurs.
02:28Ils se sont payés la tête d'un ancien président de la République.
02:31Ils ont envoyé un symbole à tous les autres.
02:34C'est-à-dire qu'à partir de maintenant, on peut envoyer un ancien président de la République en prison.
02:38C'était le but. Ils l'ont eu.
02:39Parmi les conditions du contrôle judiciaire, il a un contrôle judiciaire qui lui est interposé.
02:44Il a été remis en liberté, mais avec un contrôle judiciaire.
02:47Il a l'interdiction de voir plusieurs personnes,
02:49notamment ceux qui sont dans l'affaire avec lui, j'allais dire, dans le dossier libyen.
02:54Il y a aussi l'interdiction de voir le garde des Sceaux.
02:56À propos de cette interdiction d'entrer en contact avec Gérald Darmanin,
02:58écoutez le journaliste Gérard Carréroux,
03:00qui y voit, lui, l'intrusion du pouvoir judiciaire dans le politique.
03:04On y revient. Il était sur Europe 1.
03:06C'était dans l'heure des pros ce matin.
03:08J'y vois quand même un conflit de pouvoir.
03:11Là, on a objectivement, me semble-t-il,
03:16une intrusion forte du pouvoir judiciaire sur le pouvoir politique.
03:21Je m'explique en deux mots.
03:22Pourquoi ?
03:23Parce que l'homme qui dirige aujourd'hui la justice,
03:27à moins qu'on décide qu'il n'y a plus de ministre de la justice
03:30et qu'elle s'auto-gère,
03:32mais sinon, elle est redevable vers le ministre de la justice,
03:36qui s'appelle aujourd'hui M. Darmanin.
03:40Alors, il y a un message envers Nicolas Sarkozy, bien sûr,
03:42et son influence, mais il y a aussi un message envers Gérald Darmanin.
03:46C'est surtout contre Gérald Darmanin que ce message est adressé.
03:49Pour moi, on assiste à une attaque sans précédent, honnêtement,
03:53de la magistrature à l'encontre de leur ministre de tutelle.
03:55C'est-à-dire que c'est inouï.
03:57On a aujourd'hui des juges qui remettent ouvertement en question
04:02l'intégrité et l'indépendance du ministre de la justice.
04:06C'est du jamais vu, une telle attaque, une telle guerre civile
04:09entre la magistrature et leur ministre de tutelle.
04:12Et c'est évidemment un message politique qui est envoyé.
04:14Aujourd'hui, vous avez une partie de la magistrature qui a dit à leur ministre,
04:19vous avez le poste, bravo, vous êtes garde des sceaux,
04:22mais ceux qui dirigent la justice, c'est nous.
04:24Mais parce qu'ils ont dit que c'était choquant qu'il aille voir Nicolas Sarkozy en prison
04:27et qu'il lui apporte son soutien.
04:29C'est une excuse.
04:30Je rappelle quand même que le garde des sceaux est garant devant la constitution française
04:33de la bonne santé de tous les détenus de France.
04:37Et donc, le garde des sceaux a le droit, selon la constitution,
04:41de se rendre dans n'importe quelle prison, à n'importe quelle heure,
04:43pour rencontrer n'importe quel détenu, pour s'assurer de sa sécurité.
04:47Et évidemment, dans le cas de Nicolas Sarkozy, c'était important
04:50que le garde des sceaux aille vérifier que le dispositif de sécurité
04:54était à la hauteur, mais ce n'est pas ça qu'il vise.
04:56Évidemment que c'est ce geste symbolique du garde des sceaux
05:00qui est notamment reproché, mais c'est un ensemble.
05:02C'est le fait qu'aujourd'hui, vous avez une partie de la magistrature
05:04qui reproche à Gérald Darmanin d'être un ministre de droite,
05:07qui reproche à Gérald Darmanin de vouloir mener une révolution pénale,
05:11qui reproche à Gérald Darmanin ses positions passées
05:13lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.
05:15Et donc oui, c'est une prise d'otage de l'appareil judiciaire
05:19par certains magistrats politisés.
05:20Mais ce que vous nous dites depuis le début d'ailleurs,
05:22cette intrusion du politique dans un jugement,
05:25en fait dans le juridique, que ce soit pour la condamnation
05:28de Nicolas Sarkozy ou là pour les conditions du contrôle judiciaire,
05:33c'est éminemment grave.
05:34Mais c'est extrêmement grave.
05:35Et surtout, le point assez révolutionnaire dans cette histoire,
05:39c'est que pendant longtemps, c'était le politique
05:41qui critiquait la politisation de certains juges.
05:45Aujourd'hui, le rapport de force est inversé.
05:47Nous avons des juges qui critiquent ouvertement
05:50leurs ministres sur des faits politiques.
05:53C'est complètement insensé.
05:55Je veux dire, les juges ne sont pas censés critiquer
05:57leurs ministres de tutelle.
05:59Ou si c'est le cas, il faut revoir le système.
06:02Imaginez une seule seconde que dans la grande muette dans l'armée,
06:05vous ayez des hauts gradés en place
06:08qui critiquent ouvertement leurs ministres des armées.
06:12Ce serait vu comme une tentative factieuse.
06:16Je pense qu'il faut traiter de la même manière
06:17ce qu'ils sont en train de se passer au niveau de la justice.
06:19Un bon système juridique doit apporter des garanties
06:21pour éviter l'arbitraire ou la politisation.
06:24C'est Béatrice Brugère, magistrate,
06:26secrétaire générale du syndicat Unité Magistrat,
06:28qui s'exprime ainsi dans les colonnes du Figaro.
06:32Qu'en pensez-vous ?
06:32Est-ce qu'il y a justement un problème de confiance,
06:34de pédagogie, de lisibilité des décisions
06:37dans le système judiciaire ?
06:39En général, si je sors un peu même du cas Nicolas Sarkozy ?
06:44Moi, je pense que l'une des solutions possibles,
06:46c'est de faire en sorte que les jurés populaires soient démocratisés
06:50et qu'on retrouve des jurés populaires
06:52dans beaucoup plus de procès
06:54que simplement dans les affaires des Assises,
06:57comme on l'a vu récemment pour le procès jubilard.
06:59Je trouve qu'il y a quelque chose de l'ordre,
07:04oui, de la justice avec un grand J.
07:06Mais oui, c'est-à-dire que vous prenez le procès jubilard,
07:08c'est très intéressant.
07:10C'est-à-dire qu'on a tous notre avis sur cette question.
07:12Mais à la fin, vous avez un juré qui a tranché en âme et conscience
07:15et il y aura un appel avec un autre juré
07:17qui pourra trancher différemment.
07:18Je pense que ce modèle-là fonctionne.
07:20Je pense qu'il faudrait le faire dans beaucoup d'autres affaires
07:23et notamment dans les dossiers politiques.
07:25Moi, je considère que ce sont aux citoyens
07:28de juger leurs représentants politiques
07:30quand ces derniers se retrouvent devant la justice.
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