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  • il y a 3 mois

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00:00Europe 1 Soir, 19h, 21h, Pierre de Villeneuve.
00:05Avec Joseph Masses-Caron et avec Victor Hérault pour évoquer l'actualité
00:08qui est bien sûr encore très marquée par la condamnation inédite de Nicolas Sarkozy
00:12qui porte atteinte à la présomption d'innocence.
00:16On va écouter Jean-Paul Garraud.
00:17Jean-Paul Garraud est eurodéputé RN et ancien magistrat.
00:21Il était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur Europe 1.
00:24On écoute.
00:25Une exécution provisoire sur un mandat de dépôt,
00:28c'est-à-dire une exécution provisoire sur de l'emprisonnement
00:31alors que Nicolas Sarkozy veut faire appel,
00:35qu'il va être rejugé en appel
00:36et avec un mandat de dépôt qui va s'appliquer immédiatement.
00:39Monsieur Garraud, la question a été posée ce matin au chef du parquet national financier.
00:43Il estime que ce n'est pas du tout une atteinte à la présomption d'innocence.
00:45Je considère que c'est plutôt une atteinte à la présomption d'innocence.
00:48Expliquez-nous pourquoi.
00:49Parce que vous avez un emprisonnement qui a été décidé par le tribunal,
00:53c'est bien sûr son droit, 5 ans d'emprisonnement,
00:56avec mandat de dépôt.
00:57A effet différé.
00:58Alors ça, je ne l'ai jamais vu.
01:00Cette mesure me semble assez particulière,
01:02d'autant plus atteinte à la présomption d'innocence quand même,
01:05parce que Nicolas Sarkozy va être incarcéré
01:08et il peut être innocenté en appel.
01:10Alors, qu'en pense justement la personne que cite Sonia dans sa question,
01:15Jean-François Bonner, le chef du parquet national financier ?
01:19Eh bien, elle s'est défendue de toute croisade politique contre Nicolas Sarkozy.
01:24C'était sur RTL ce matin.
01:26Nous n'avons pas de haine à exprimer.
01:29Chacun peut penser, évidemment, ce qu'il souhaite en son fort intérieur d'une situation.
01:33Mais nous, notre boussole, c'est le droit, c'est la règle de droit.
01:38Je vais être plus direct.
01:39Est-ce que vous, vous avez un problème personnel avec Nicolas Sarkozy ?
01:41Aucun. Est-ce que vous avez un compte à régler ?
01:43Aucun. Aucun. Certainement pas.
01:45Certainement pas. Et je n'ai jamais eu de compte à régler avec aucun homme politique,
01:49parce qu'il est vrai que dans les affaires du parquet national financier,
01:53on est en présence d'un public qui émane plutôt de la sphère politique.
01:58C'est ainsi. Ce n'est pas une volonté du parquet, c'est parce que les affaires elles-mêmes vont dans ce sens-là.
02:04Alors, ce qu'il faut préciser quand même, c'est que le mandat de dépôt différé et l'exécution provisoire
02:11n'ont pas été requis par le parquet national financier.
02:14Ils l'ont été par le tribunal qui l'a décidé tout seul.
02:18Alors, c'est vrai que, du coup, les avocats et les prévenus n'ont pas pu discuter de cette possibilité.
02:24Donc, après, il y a le reste du dossier.
02:26J'entends bien, notamment ce quatrième chef d'inculpation qui est l'association de malfaiteurs,
02:32qui vient un peu, on a l'impression en tout cas, en rescousse des trois chefs d'inculpation qui tombent
02:38puisque la justice elle-même dit « bah, on n'a rien, Victoria. »
02:42Précisons aussi, puisque c'est important pour les auditeurs qui nous écoutent,
02:45que le juge n'était pas du tout obligé par la loi de prononcer cette exécution provisoire.
02:49Exactement, c'est ce que je dis.
02:51Mais c'est le tribunal lui-même, c'est trois juges dont la présidente.
02:54Et la loi ne dit pas du tout « dans ce cas-là, il faut une exécution provisoire ».
02:57Donc ça, c'est une interprétation de la loi.
02:59C'est-à-dire que, moi, je veux bien, je ne ferai pas de procès d'intention au juge
03:02qui ont jugé cette affaire-là, contrairement à eux d'ailleurs,
03:04puisqu'ils ont jugé l'intention de Nicolas Sarkozy,
03:06ou plutôt des collaborateurs de Nicolas Sarkozy,
03:08de commettre un acte de corruption au sommet de l'État.
03:11Mais mettons le fond du dossier de côté,
03:13et intéressons-nous sur ce qui pose problème à mes yeux,
03:15c'est-à-dire l'exécution provisoire.
03:17Toute loi, il faut arrêter de raisonner en disant « la loi, c'est la loi ».
03:19Puis vous savez, c'est comme ça.
03:21Vous ne cherchez pas à comprendre, vous n'êtes pas juriste,
03:23tant pis pour vous, vous n'allez pas comprendre.
03:24Non, il y a une ratio légis, c'est-à-dire une raison d'être de la loi.
03:27Chaque loi a une raison d'être, justification.
03:30Voilà, il se trouve que j'ai fait un peu de droit.
03:32Et donc cette ratio légis, c'est-à-dire chercher la raison d'être de cette loi.
03:36Il y a toujours une justification logique.
03:37Pour ce qui est l'exécution provisoire,
03:39par exemple, prenez un violeur multirécidiviste,
03:41on se dit « écoutez, ce type-là, le temps qu'il fasse appel,
03:43on ne va pas risquer de le laisser dans la rue le temps de l'appel.
03:47Et on va évidemment le mettre provisoirement en prison,
03:49en attendant le jugement d'appel,
03:51parce qu'il représente un danger pour la société. »
03:53Autre exemple, là c'est pour le danger pour la société,
03:55autre exemple, le risque de se soustraire à la justice.
03:57Quelqu'un qui n'a pas fait montre,
03:59ce qui est l'inverse du cas de Nicolas Sarkozy,
04:00qui s'est pointé à absolument tous les rendez-vous,
04:02et toutes les audiences.
04:04Quelqu'un dont on sait qu'il pourrait quitter le pays,
04:06qu'il pourrait se soustraire à la justice,
04:07on se dit « bon, en attendant le procès d'appel,
04:08pareil, on le met en prison pour attendre. »
04:11Et puis, troisième raison, ce serait la raison de la récidive.
04:14De dire « écoutez, cette personne-là,
04:16ce qui a été aussi le motif retenu contre Marine Le Pen,
04:18de dire « cette personne-là risque de recommencer son affaire,
04:20donc en attendant le procès d'appel,
04:22elle peut recommencer, donc on le met en prison. »
04:24Et sauf que Nicolas Sarkozy, n'étant plus président de la République,
04:26n'a pas de risque de récidiver.
04:28Aucune de ces trois raisons n'a été remplie.
04:30Et donc là, on se demande « mais attendez,
04:31s'il n'y a pas de raison légitime à cette exécution provisoire,
04:34pourquoi l'avoir prononcée ? »
04:36Quelle était l'intention derrière ?
04:37Quel était le but recherché par les juges ?
04:38Et on ne peut s'empêcher d'avoir, si vous voulez,
04:40un certain soupçon vis-à-vis de l'intention des juges,
04:42puisque les juges n'arrivent pas à nous expliquer la raison.
04:44Ils disent « trouble à l'ordre public, je ne vois pas de quoi. »
04:46De quels troubles à l'ordre public
04:48se seraient rendus responsables Nicolas Sarkozy ?
04:51Joseph Messescao.
04:53Moi, je trouve que
04:53250 heures d'interrogatoire.
04:58Quand même.
04:59250 heures d'interrogatoire.
05:01Voilà, en 13 ans.
05:02En 13 ans de procédure.
05:0313 ans de procédure.
05:05Deux jours de garde à vue.
05:08Des millions dépensés.
05:09C'est-à-dire que...
05:10Au frais du contribuable.
05:11Au frais du contribuable.
05:12Il faut bien savoir que tout cet appareil qui est écrasant,
05:16en fait, en France,
05:17on ne l'a jamais vu.
05:19Parce qu'il faudrait prendre,
05:21pour avoir un élément de comparaison,
05:23aller voir à l'étranger,
05:24et rechercher les ennemis numéro un à l'étranger,
05:27pour avoir quelque chose
05:29qui ressemble à la manière dont on a traité Nicolas Sarkozy.
05:33Ça, c'est factuel.
05:34Premier point.
05:36Deuxième point qui est factuel.
05:38Et parce que j'étais journaliste politique à cette époque,
05:40moi, ce qui me frappe,
05:42c'est l'intime conviction
05:45qu'à partir du moment où Nicolas Sarkozy est élu,
05:50il y a un basculement dans la diplomatie française
05:53en faveur de la Libye et de Hamar Kadhafi.
05:57Tout cela est faux.
05:58Puisque, pardon,
06:01M. Kadhafi revient en cours à partir de 2003.
06:03C'est Jacques Chirac, Dominique de Villepin,
06:05il faut le rappeler.
06:06Voilà.
06:07Alors, tous ces éléments-là,
06:08c'est-à-dire qu'on vise à faire croire
06:10que, évidemment, pourquoi ?
06:12C'est-à-dire pour accréditer l'idée
06:13qu'il y a une entente.
06:14Et, une fois n'est pas coutume ici,
06:17je voudrais signaler une phrase
06:18qui a été relevée par Jean-Michel Apathy
06:21dans les 400 pages.
06:23Dans ces 400 pages,
06:24il y a une phrase qui est extraordinaire
06:26que je vais vous lire, pardonnez-moi.
06:28Il est écrit, le juge écrit,
06:30« Le soin particulier que Claude Guéant et Brice Hortefeux
06:34ont mis à présenter Nicolas Sarkozy
06:36comme étant étranger à ce processus,
06:39c'est-à-dire à une collaboration avec l'État libyen,
06:43corrobore au contraire le fait
06:46qu'il en était parfaitement informé. »
06:50Alors là, pardonnez-moi,
06:51ce n'est pas nous,
06:54ce n'est pas nous journalistes,
06:56ce n'est pas nous éditorialistes.
06:57Je cite le juge.
06:59Alors, quand on arrive à ce niveau
07:01d'interprétation de la part du juge,
07:03et qu'on peut mettre en parallèle aussi
07:05avec le PNF,
07:07lorsqu'il disait qu'il y avait un pacte faustien,
07:09les mots ont une importance en français.
07:12Faustien, est-ce que c'est un élément juridique ?
07:14C'est un procès et c'est un jugement
07:16dont on reparlera, je vous dis,
07:18dans des dizaines et des dizaines d'années.
07:20C'est un cas d'école,
07:21et comme le disait Henri Guéno,
07:22il y aura au grand rendez-vous,
07:23il y aura un avant et un après.
07:25Ce procès est 19h56,
07:26dans 4 minutes,
07:27le journal de Manel Hassani,
07:28et juste après,
07:29notre invité sera Benjamin Morel
07:31pour parler de ça et d'autres choses.
07:32A tout de suite.
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