L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy estime, ce samedi 27 septembre dans le Journal du Dimanche, que "toutes les limites de l'État de droit ont été violées" après sa condamnation à cinq ans de prison avec mandat de dépôt et exécution provisoire.
00:00On va passer à l'autre grand titre de cette soirée, c'est Nicolas Sarkozy qui a donc décidé de sortir du silence.
00:08Deux jours après sa condamnation à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs avec mandat de dépôt assorti d'une exécution provisoire.
00:18On l'a dit et redit, le président de la République, l'ancien président de la République, va aller en prison.
00:22Eh bien, il s'exprime ce soir dans les colonnes du JDD et voici, on va revenir évidemment longuement sur cette interview, longue interview, dense interview que l'on va décrypter, analyser avec Laurent Valdiguet notamment.
00:36Bonsoir, on la découvre, mais vous avez suivi cette affaire mieux que personne et on salue également Anthony Lobos du service politique qui est avec nous.
00:46Première déclaration de l'ancien président de la République. Regardez ce qu'il dit ce soir, notamment sur son état d'esprit.
00:54Je suis innocent et je ne cesserai le combat que lorsque j'aurai obtenu la vérité, c'est-à-dire la reconnaissance de mon honnêteté.
01:02Et puis il ajoute Anne-Charlène Bézina, parce qu'aussi paradoxal que cela puisse paraître, se délibérer derrière une condamnation aussi injuste qu'infamante prouve surtout que toute l'accusation s'est effondrée.
01:16Première réaction Anne-Charlène ?
01:18Alors déjà, ce qui est sûr, c'est que c'est difficile de commenter une décision de justice après des années de procédures, des pièces qui ont été versées au dossier, dont évidemment nous n'avons pas communication.
01:30La vérité, c'est qu'au fond, ça fait partie de sa défense de considérer qu'à partir du moment où les trois premiers délits sur le financement illégal, etc., ne sont pas remplis,
01:43cela prouve qu'il n'a rien à se reprocher.
01:46Sauf que c'est vrai qu'on ne peut pas occulter qu'en matière pénale, à partir du moment où on a des délits de financement avec une ampleur de la sorte,
01:56l'idée de ne pas retrouver les traces de l'argent n'est pas nécessairement une preuve de l'absence du délit caractérisé.
02:04C'est-à-dire que si les juges ont suffisamment d'éléments concordants, des pièces qui prouvent que l'entente était véritable,
02:12ce n'est pas nécessairement quelque chose qui plaide en faveur de son innocence.
02:16On dit toujours que le doute profite à l'accusé, mais là, on a peut-être suffisamment d'éléments tangibles,
02:20en tout cas c'est ce que le tribunal laisse entendre dans sa motivation, d'éléments par mail, par preuve, par rencontre,
02:27qui suffisent à caractériser le délit, même si l'argent lui-même n'a pas été versé officiellement sur le compte.
02:33Mais c'est rare dans ce genre d'affaires qu'on ait quand même des mails adressés de Muammar Kadhafi directement à Nicolas Sarkozy.
02:38L'injustice, l'incohérence, la partialité à ce point sont tellement caricaturales que dans la presse du monde entier,
02:47on va voir la suite de cette déclaration, dans la presse du monde entier, vous avez des articles qui expliquent
02:52que la France est devenue un pays dans lequel le citoyen peut avoir peur de la justice de son pays.
02:59Laurent Valdiguier, ces déclarations sont dans la lignée de sa prise de parole à la sortie de l'audience.
03:05On le rappelle, il s'était exprimé longuement.
03:08Son message principal de ce que je découvre...
03:12Le bras de fer avec la justice se poursuit.
03:14Oui, c'est je suis serein.
03:16Nicolas Sarkozy, il dit tout le temps, à la fin de chacune de ses condamnations,
03:19il a toujours dit « je ne baisserai jamais la tête, je me battrai jusqu'au bout ».
03:25Donc bon, là, il est dans ce registre-là.
03:29D'ailleurs, pour commencer par la toute fin, la dernière question, c'est « est-ce que vous envisagerez une grâce du président Macron ? »
03:36Surtout pas pour envisager une grâce, pour solliciter une grâce.
03:40Encore faudrait-il que je reconnaisse une culpabilité, je ne reconnaîtrai jamais.
03:45Alors, dans ce qu'on découvre dans le texte, les mots qui fâchent,
03:48Claude Guéant, Brice Ortefeu, Abdallah Senoussi, ne me semblent pas cités.
03:53Donc, dans cette interview, il ne refait pas le procès.
03:55Il essaye d'en tirer les conclusions et puis de prendre les Français à témoin.
04:02La petite annonce de l'interview, c'est qu'il a demandé à ses avocats de saisir la CADA,
04:06la Commission des documents administratifs.
04:07Vous savez, c'est une des commissions que tout citoyen peut actionner à tout moment
04:13pour demander un document administratif.
04:15Donc là, dans cette interview, il annonce qu'il va demander de saisir la CADA
04:20pour obtenir le montant du coût de l'enquête.
04:24Pour prendre les Français à témoin, que des moyens disproportionnés,
04:28alors ça aussi, il l'a dit dix fois, cent fois pendant l'audience,
04:32des moyens disproportionnés ont été mis en œuvre pour m'abattre.
04:37Le seul problème de cet argument, c'est que le commandant Vidal,
04:40vous savez, le policier de l'Office anticorruption,
04:43qui a été l'homme qui a actionné toute l'enquête,
04:46quasiment à lui tout seul,
04:48il est venu déposer à la barre toute une après-midi,
04:51il a raconté son enquête, c'est lui qui a fait cette enquête.
04:54Et justement, la question...
04:55Mais attendez, donc ça veut dire concrètement, Laurent Valdiguet,
04:57qu'il veut permettre aux Français d'avoir accès à la somme
05:02qu'aurait coûtée cette procédure ?
05:04Exactement. Il veut connaître les moyens qui ont été engagés contre lui
05:07et pour cette procédure, alors qui d'après lui accouche d'une souris,
05:10même s'il passe un peu sous le tapis,
05:12l'association de malfaiteurs,
05:13et le pacte entre Claude Guéant,
05:18Ziad Taqedid et le fameux Abdallah Senussi.
05:21Mais il veut prendre les Français à témoin que des moyens disproportionnés
05:24ont été engagés.
05:26Cette question, elle a été posée au commandant Vidal.
05:29Le commandant Vidal, le jour de l'audience,
05:31alors la défense de Nicolas Sarkozy,
05:33ni Nicolas Sarkozy n'était là ce jour-là,
05:35mais le commandant Vidal, le jour de l'audience,
05:36on lui a demandé,
05:38il a dit non, j'étais un peu tout seul justement,
05:39et quand j'ai demandé des moyens,
05:42notamment des moyens téléphoniques,
05:44on me les a refusés.
05:45Donc c'est vrai que c'est un peu incohérent aujourd'hui,
05:47à la fin de l'audience,
05:48de venir se plaindre des moyens
05:49et de ne pas être venu interroger justement le commandant Vidal
05:53qui était l'homme qui savait tout ça
05:55et qui aurait pu apporter des réponses.
05:56En tout cas, c'est une nouvelle manière, effectivement,
05:59de prendre les Français à témoin.
06:01Il y a un mot quand même
06:02qui ne me semble pas avoir dit
06:05lorsqu'il s'est exprimé à la sortie de l'audience,
06:08c'est le mot complot.
06:09Et là, il l'utilise en parlant de nouveau
06:13de ce fameux document Mediapart
06:16qui a lancé toute la procédure,
06:17qui a révélé l'affaire.
06:18Il dit, le plus probable
06:20est que ce document Mediapart soit un faux.
06:23S'il y a un faux,
06:24c'est qu'il y a eu des faussaires,
06:26des manipulateurs,
06:27et donc un complot.
06:29Les mots sont forts, Laurent Valiguet.
06:31Pourquoi ?
06:31Alors, il faut rappeler à ceux qui nous regardent,
06:34pourquoi il y a une interrogation
06:35autour de ce document Mediapart
06:38et quel rôle il aurait joué dans la procédure ?
06:40Ce document Mediapart,
06:41il arrive, c'est vrai,
06:42entre les deux tours de la présidentielle de 2012.
06:45Et puis, il fait éclater médiatiquement l'affaire
Écris le tout premier commentaire