Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 mois
Deux enquêtes "distinctes" ont été ouvertes à la suite de "messages menaçants" visant la présidente du tribunal qui a condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison et ordonné son incarcération prochaine, a indiqué ce vendredi 26 septembre au soir le parquet de Paris.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00On ouvre avec cette information. La juge qui a condamné Nicolas Sarkozy a reçu des menaces de mort.
00:06Le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes après des signalements de violences graves.
00:11Et à l'instant, le chef de la cour d'appel de Paris demande solennellement le respect de la justice,
00:16tout comme Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de la justice,
00:20qui dit que les intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats
00:23sont absolument insupportables en démocratie.
00:26« Je les dénonce, je les condamne sans aucune réserve ».
00:30Raphaël Kempf, vous êtes avocat de Paris.
00:32Que pensez-vous de la petite musique qui est montée,
00:35qui a parlé de la République des juges et d'une justice spéciale pour Nicolas Sarkozy ?
00:41Déjà, avant toute chose, je tiens quand même à apporter mon soutien
00:45et ma solidarité aux magistrats qui sont visés par des menaces de mort.
00:50C'est absolument intolérable.
00:52Et il faut que la communauté judiciaire, les avocats et les avocates, apportent ce soutien
00:55et soutiennent l'indépendance de la magistrature.
00:58Maintenant, vous avez dit qu'Henri Guénaud dénonçait un coup d'État judiciaire.
01:03Eh bien, je ne peux que l'inviter à se rendre au tribunal, dans tous les tribunaux de France.
01:09Et il constatera que chaque jour, on envoie en prison, immédiatement,
01:13sans même un délai différé, en mandat de dépôt, en prison,
01:18des gens qui sont jugés extrêmement rapidement
01:20et qui n'ont pas pu bénéficier de la durée et de la qualité de la défense
01:24qui a été celle de M. Nicolas Sarkozy.
01:26Donc, pour vous, il n'y a pas d'acharnement de la justice envers Nicolas Sarkozy ?
01:28Bien sûr que non.
01:29Il y a eu une enquête qui a été menée, qui a été extrêmement approfondie,
01:33qui a été critiquée judiciairement dans le cadre du débat contradictoire.
01:37Moi, à titre personnel, comme avocat, je peux critiquer aussi cette décision,
01:41même si M. Sarkozy n'est évidemment pas de mon camp politique.
01:44Mais je ne me réjouis pas, comme je ne me réjouis jamais
01:47qu'un homme soit envoyé en prison, parce que je conserve une critique de la prison
01:51qu'une institution qui, dans notre République, devrait lui faire honte
01:54en raison des conditions dans lesquelles les détenus sont enfermés.
01:58Donc, j'ai cette critique à l'égard de l'exécution provisoire aussi,
02:01parce que je défends des gens qui font l'objet quotidiennement de ce type de mesures.
02:05Astrid de Villene, ça vous choque, effectivement,
02:07qu'on réentende cette musique sur l'impartialité des juges
02:11qui mène quand même à des violences de mort envers cette juge en particulier ?
02:15Oui, des menaces de mort.
02:18Moi, ça me scandalise le cyberharcèlement en général.
02:21Et je pense que c'est un sujet qui passe complètement sous les radars,
02:24qui est extrêmement violent, dès le plus jeune âge,
02:27et qui, là, jusqu'aux plus hautes instances de notre pays,
02:30institutions des juges, souvent des femmes.
02:33Regardez, c'était déjà une femme, d'ailleurs,
02:35la présidente du tribunal pour la condamnation de Marine Le Pen en première instance,
02:38dont on poste les photos, auxquelles on menace d'horreur.
02:44J'espère qu'il y aura, je sais qu'il y a des enquêtes qui ont été ouvertes,
02:46j'espère qu'il y aura des condamnations,
02:48parce que pour avoir suivi quelques procès en cyberharcèlement,
02:51notamment de journalistes, par exemple,
02:52en fait, souvent, on s'aperçoit que ce sont des gens
02:54qui ne sont pas très bien intégrés dans la société,
02:57qui sont cachés derrière leur écran,
02:58qui font très, très peur parce qu'ils arrivent en masse en raide,
03:00mais qui, en réalité, face à un tribunal dans la vraie vie,
03:03s'effondrent complètement dans leurs attaques, forcément.
03:07Je pense qu'il faut qu'on y soit tous très vigilants à tout ça.
03:09On ne dit jamais la même chose sur un plateau de télévision,
03:12en face de quelqu'un dans la rue et sur les réseaux sociaux.
03:14Donc, ça pose tout un tas de questions et je suis d'accord,
03:16il faut absolument la soutenir.
03:17Alors, il faut la soutenir et néanmoins,
03:20tout le camp de la droite, les proches de Nicolas Sarkozy,
03:23ont dénoncé, si je puis dire, une forme d'impartialité de cette juge.
03:28C'est-à-dire qu'elle avait pris part à des manifestations
03:30contre Nicolas Sarkozy lorsqu'il était à l'Élysée.
03:33Est-ce que, Stéphane Manigold, vous trouvez effectivement,
03:37est-ce que vous abondez dans le sens de l'impartialité
03:40de ce jugement envers Nicolas Sarkozy ?
03:43Moi, je n'aime pas le glissement dans lequel la société tend,
03:47c'est-à-dire la violence, la haine, les clans
03:50et des menaces sur des magistrats.
03:53On ne peut pas, à mon sens, jeter l'eau propre sur les juges.
03:57Les juges, ils ne font qu'appliquer ce que le législateur a voulu.
04:00Et le législateur, il est élu par le peuple.
04:02Donc, si le juge a appliqué cette décision,
04:05c'est parce que le législateur, précisément,
04:07suite à l'affaire Cahuzac, a fait le choix
04:10de mettre cette exécution provisoire.
04:12Bien sûr que la question de l'exécution provisoire
04:14s'est déjà posée, avant même que Nicolas Sarkozy soit condamné,
04:17des maintes fois par des maires, etc.
04:19Maintes fois, cette question a été posée.
04:21Pourquoi ? Parce qu'au fond, vous allez enfermer en prison
04:24quelqu'un qui a fait appel,
04:26qui est donc en droit présumé innocent,
04:28et qui, si dans cinq ans,
04:31ou en tout cas dans un an,
04:32il n'y a plus rien, il est blanchi de ces histoires.
04:37Que se passe-t-il ?
04:37Mais il y a aussi une fracture.
04:39Cette fracture et cette incompréhension.
04:41Je vais donner quelques chiffres.
04:42Trois millions de plaintes au pénal,
04:44classées sans suite chaque année, de Français,
04:46qui se sentent victimes,
04:47dont les juges, les greffiers, les tribunaux,
04:50ne peuvent donner suite parce qu'ils sont débordés.
04:52Nous avons des prisons qui sont surpeuplées,
04:55120% d'occupation.
04:57Le Conseil de l'Europe lui-même parle de traitement inhumain.
05:00Et on va trouver de la place pour un ancien président de la République
05:02qui ne représente, pardon, à l'évidence aucun danger.
05:06Je vais prendre l'exemple d'un de mes confrères commerçants
05:08qui s'est fait agresser port de la Villette.
05:10Il y avait un toxicomètre qui voulait rentrer dans sa boutique.
05:13Il a vu qu'il était dans une situation qui n'était pas bonne.
05:16Il l'a repoussé.
05:17Il s'est fait agresser.
05:18Il s'est fait jeter par terre au sol.
05:20Il est sorti avec une gaz d'acrymogène.
05:22La police est venue.
05:23Lui-même, il s'est fait mettre en garde à vue pendant 22 heures.
05:26Et il a pris trois mois avec sursis.
05:28Vous voyez, c'est cette différence
05:30où le citoyen a du mal à comprendre.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations