Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Au menu ce samedi : salariés, chefs d'entreprises, qui saura influencer les choix budgétaires ? Mais aussi un détour par le Mexique et "la méthode Sheinbaum", des conseils de lecture économique, un reportage sur les grandes surfaces qui changent d'enseigne et un entretien sur la grande distribution.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Et nous continuons la discussion avec l'invité dont n'arrête pas l'écho.
00:03Bonjour et bienvenue Dominique Schellcher.
00:05Bonjour Alexandra Benzaïd.
00:07Vous êtes le PDG de Coopérative U qui regroupe les hyper, les super et le format express.
00:13Vous êtes le quatrième distributeur derrière Leclerc, Carrefour et Intermarché.
00:17Vous avez entendu ce reportage, vous participez d'ailleurs à cette recomposition.
00:22Oui, avec notamment beaucoup de ralliements chez nous,
00:26c'est-à-dire d'autres indépendants qui nous rejoignent puisque nous sommes une coopérative de commerçants indépendants.
00:31Les Chiver, et puis dans le nord-est, et puis dans la frontière suisse...
00:35Migros.
00:36Migros, la marque.
00:36Magarzin Migros, absolument.
00:38Cette vague des enseignes qui change, cette recomposition du secteur, est-ce que c'est terminé ou ça va continuer ?
00:42Non, ce n'est pas du tout terminé.
00:44Notre métier est en mutation profonde depuis plusieurs années maintenant.
00:49Et c'est cette mutation qui conduit aujourd'hui à ces chambardements.
00:52Car qui dit mutation dit des formes différentes, des santés différentes des différents acteurs.
00:59Et donc à un moment, ces acteurs prennent des décisions de revente, de cession, d'organisation différente, de baisse de mètres carrés.
01:08Actuellement, il y a un des grands acteurs qui a beaucoup d'hypermarchés,
01:11qui décide de réduire la taille de ces hypermarchés à 8000 mètres carrés.
01:15Il le fait sur 45 magasins.
01:17C'est ? Allez-y, dis.
01:18C'est Auchan.
01:18Oui, ben oui.
01:19Voilà, c'est notre confrère Auchan.
01:20Et donc, c'est cette transformation profonde qui conduit à ces changements.
01:24Et ça n'est pas terminé, pour répondre à votre question.
01:27Et la stratégie de ces changements, pour ceux qui vont accepter les ralliements ou racheter,
01:33c'est de peser plus lourd, c'est ce qu'on entend dans le reportage,
01:36c'est de quadriller le pays, peser plus lourd dans les négociations,
01:39baisser les prix et gagner des parts de marché.
01:42On est toujours dans cette ambiance-là.
01:44C'est toujours ce que le consommateur attend, malgré le reflux de l'inflation.
01:48C'est la guerre des prix, la baisse des prix.
01:50Il est toujours inquiet, le consommateur ?
01:52Pour nous, entreprise, c'est d'abord continuer notre développement.
01:55Une entreprise se porte bien quand elle se développe, quand elle croit, quand elle crée de la richesse.
02:00Et donc, accueillir des magasins supplémentaires, s'agrandir, conquérir de nouveaux territoires.
02:07C'est notre cas, par exemple, avec Chiver, puisqu'on arrive dans une région où on était moins présent.
02:12C'est d'abord du développement, de la dynamique.
02:15Et c'est ce dont la France a le plus besoin en ce moment.
02:18Et ensuite, ça, ça permet effectivement de mieux asseoir sa capacité d'achat
02:23parce que le critère du prix reste extrêmement important en France.
02:28Le sujet du pouvoir d'achat revient au cœur de l'actualité.
02:31Moi, je ne l'ai jamais lâché.
02:33Moi, je suis sur le terrain toutes les fins de semaine.
02:35J'y serai tout à l'heure.
02:37Dans votre supermarché à Felsenheim, j'en dis.
02:40En Alsace, absolument.
02:42Les gens nous le disent.
02:43Il y a un sujet de pouvoir d'achat et il est au cœur de leur vie de tous les jours
02:48après la crise inflationniste qu'on a connue ces dernières années.
02:51Mais ils n'ont pas vu, ils ne sont pas sensibles au reflux de l'inflation.
02:54Les Français ne...
02:56Un Français sur deux croit qu'il y a encore de l'inflation.
03:00Croit qu'il y en a encore.
03:01Alors que l'hyperinflation est derrière nous, qu'elle est infime actuellement.
03:05Mais le choc n'est pas digéré.
03:08Le choc n'est pas passé.
03:09Et la réalité, c'est quoi ?
03:11C'est qu'un certain nombre de prix dans l'alimentation,
03:13mais aussi maintenant dans les services, sont plus chers.
03:16Ça pèse sur le budget et ça conduit à des arbitrages.
03:18Et beaucoup de Français le vivent mal et ont de vraies difficultés.
03:23Et c'est ce qui conduit à l'ambiance sociale actuelle.
03:25Dominique Schellcher, qu'est-ce que vous pouvez nous dire ce matin des familles de produits et des prix à venir ?
03:30Vous dites là, on est dans une inflation très faible sur l'alimentation.
03:34Est-ce que c'est pour toutes les familles ?
03:35Sur l'alimentation, c'est environ 1,6% sur un an.
03:38Chiffre INSEE.
03:39Donc là-dedans, ça veut dire quoi ?
03:41C'est dire qu'il y a des prix qui baissent.
03:43L'huile d'olive, des produits de beauté, d'hygiène.
03:46Les produits à base de blé ont baissé parce que les cours ont baissé, parce que les matières ont baissé.
03:51Par contre, il y a d'autres matières et c'est normal.
03:54C'est le jeu de la discussion.
03:56Et comme le café ou le chocolat qui ont beaucoup augmenté ces derniers temps,
04:00il y a eu des problèmes de production liés au climat.
04:02Il y a eu la taxe soda au début de l'année qui a renchéri le prix des sodas, par exemple.
04:07Mais ça fait une faible inflation actuellement.
04:11Malheureusement, elle n'est pas perçue comme telle.
04:13Et c'est pour ça que nous, notre rôle de commerçant, c'est d'accompagner les Français, des promos, des actions.
04:20Ces deux derniers jours, il y a eu d'autres inquiétudes qui se sont manifestées avec les agriculteurs.
04:24Jusque sur les parkings des supermarchés, devant le château de Versailles.
04:28Ils dénoncent en particulier cet accord de libre-échange avec les pays d'Amérique latine.
04:33Alors, est-ce que vous, Dominique Schellcher, vous allez acheter avec cet accord plus de sucre, de miel, de poulet, de bœuf venant du Mercosur ?
04:40Mais surtout pas non.
04:41U achète avant tout français et continuera à acheter français.
04:45L'essentiel de nos produits frais à la marque U qu'on fait fabriquer est français.
04:50Nos œufs, notre plaquette de beurre.
04:52Je dis aux Français, quand vous allez au supermarché, prenez la plaquette de beurre et regardez d'où elle vient.
04:58La nôtre, la U, sera toujours française.
05:00Et cet accord ne changera rien.
05:01Et c'est pour ça que je comprends la colère des agriculteurs.
05:04On ne peut pas leur imposer en France des conditions draconiennes de qualité de production et importer demain des produits avec des conditions de production moindres.
05:16Je le comprends parfaitement.
05:17Et nous, on sera très fermes là-dessus et on continuera à défendre l'Origine France sur nos produits.
05:23On l'inscrit depuis longtemps.
05:24On affiche maintenant le logo Origine Info et ça nous pousse sur l'Origine France plus que jamais.
05:31Et en même temps, les Français, vous l'avez dit, sont sensibles au prix.
05:33Et en même temps, en France, un fruit et légumes sur deux est importé.
05:37Vous avez un en même temps quand même dans vos supermarchés.
05:41Il y a un en même temps parce qu'à un moment, il y a des contraintes.
05:44Je peux vous dire le chiffre précis chez nous.
05:4678% des fruits et légumes sont français.
05:48Mais à un moment, à des débuts de saison, à des fins de saison, parce qu'il y a une demande qui est encore là.
05:53Oui, il peut y avoir un peu d'importation.
05:55Mais ce qui compte, c'est qu'au cœur de la saison, au cœur de la production, ce soit français et qu'on soutienne la production française.
06:03Dominique Schellcher, il y a un autre sujet pour avoir des prix bas.
06:06Il y a une autre stratégie que développent les distributeurs comme vous.
06:09C'est se regrouper dans des centrales d'achat.
06:12Et alors, vous, vous venez de recréer un binôme avec Carrefour.
06:14C'est pour les produits d'hygiène, c'est pour la cosmétique.
06:18Votre gros méchant loup, aujourd'hui, il a plusieurs noms.
06:21C'est Action, c'est Chiine, c'est Temu.
06:23Voilà les noms qui font peur aux distributeurs français, aujourd'hui.
06:26Mais bien sûr.
06:27Pourquoi on s'associe ensemble ?
06:30Parce qu'on a affaire, aujourd'hui, à une concurrence féroce qui vient beaucoup de l'étranger.
06:37Elle vient du e-commerce international, particulièrement sur le non-alimentaire, les acteurs chinois.
06:42Et on peut en parler et ça déstabilise.
06:44C'est une vraie concurrence déloyale à des conditions de sécurité, de garantie pour le consommateur qui ne sont pas là.
06:51Première concurrence.
06:52Deuxième concurrence.
06:53On est envahi ces dernières années.
06:55Là, ce n'est pas la Chine.
06:56La deuxième concurrence dont vous avez parlé.
06:58Non, mais elle est européenne.
07:00C'est Action, c'est les hollandais.
07:02Des entreprises européennes comme Action, Lidl ou Aldi, qui sont étrangères, qui achètent beaucoup à l'étranger, qui viennent avec ces produits en France à des prix très bas.
07:13Et nous, nous n'aurions pas le droit de nous mettre ensemble pour acheter ensemble, pour faire face à cette concurrence.
07:19Nous ne le comprenons pas.
07:20C'est aussi une forme de concurrence déloyale.
07:23Donc, cette organisation ensemble entre acteurs européens, parce qu'effectivement, vous avez cité notre confrère Carrefour, mais il y a aussi l'allemand RTG qui regroupe de nombreuses enseignes allemandes.
07:33On se met ensemble pour acheter moins cher, uniquement sur 40 grandes multinationales.
07:39Tout le reste continue à être négocié en France.
07:42Et les salades, on ne les achètera pas ailleurs.
07:45On les achète en France, à notre siège, pas ailleurs.
07:48Voilà, ne confondons pas.
07:51Sur chez Inetémou, qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut taxer ?
07:54Vous dites, il y a des produits qui viennent de l'étranger, beaucoup moins chers, des normes qui ne sont peut-être pas respectées.
08:00Qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut taxer ? Est-ce qu'il faut interdire ?
08:02J'ai lu que vous pensiez faire une classe action en justice.
08:06Jusque-là, il faut taper vite et fort.
08:08C'est ce qu'ont fait les Etats-Unis.
08:09Les Etats-Unis, envahis par ces produits, ont taxé extrêmement fort.
08:13La baisse des volumes est de 40%.
08:15Du coup, ces volumes arrivent en France.
08:17600 avions chaque nuit dans l'ensemble de l'Europe.
08:201,5 milliard d'articles en France.
08:2294% étaient non conformes dans les derniers contrôles.
08:2660% dangereux pour la sécurité.
08:28Et je ne parle pas de l'impact écologique.
08:30Donc oui, il faut faire comme d'autres.
08:33Il faut taxer au niveau français, au niveau européen.
08:35Il faut renforcer les contrôles sur la sécurité.
08:38Nous avons tous ensemble, sous la pression des pouvoirs publics, à juste titre, construit pendant 40 ans, un système de sécurité pour les consommateurs, sur les contrôles, sur la qualité, sur les ingrédients, sur une peinture qui rentre dans le jouet pour un enfant.
08:53Et là, c'est porte ouverte à des produits de piètre qualité.
08:56On ne peut pas continuer.
08:58La classe action, vous ne me répondez pas.
08:59Eh bien, des acteurs, aujourd'hui, des fédérations, réfléchissent effectivement, sur la base d'arguments juridiques précis, à agir contre certains de ces acteurs.
09:10On passe au budget, si vous voulez bien, Dominique Schellcher.
09:12Patron, alors, patron, qu'avez-vous pensé de cette interview de Sébastien Lecornu ? Est-ce que les premières pistes pour le budget vous rassurent ?
09:21Je dirais qu'il y a une bonne nouvelle, c'est que ces derniers jours, ces derniers temps, on ne parlait plus d'économie.
09:28Eh bien, le Premier ministre, enfin, là, parle d'économie.
09:32Il dit sur le train de vie de l'État, sur le fonctionnement de l'État, de plusieurs milliards.
09:37Et pour nous, c'est le vrai sujet.
09:39La situation actuelle doit nous conduire à quoi ?
09:43À moins dépenser, à nous remettre en cause.
09:46À remettre en cause un modèle qui a été construit il y a de très longues années, dans une démographie qui était très favorable.
09:52Aujourd'hui, elle ne l'est plus.
09:53La France vieillit.
09:54Il y a moins d'actifs pour payer les retraites, pour payer un certain nombre de prestations.
10:00Donc, il faut qu'on revoie ce modèle.
10:01Et donc, d'entendre qu'on va faire des économies, ouf, enfin !
10:06Parce que qu'est-ce qu'on visait ces derniers temps ?
10:07On visait les entreprises avant tout.
10:09Alors, justement, est-ce que vous allez participer, vous, au grand meeting du MEDEF le 13 octobre ?
10:14Oui, j'y serai, parce que trop, c'est trop.
10:17Trop, c'est trop.
10:18Monsieur, à l'instant que vous interviewez...
10:20Léoclim d'Erspiegel.
10:22Léoclim disait, les entreprises ne sont pas assez reconnues en France par rapport à ce qui se passe en Allemagne.
10:28Ben, c'est vrai.
10:29Mais là, ça va beaucoup plus loin.
10:30Elles sont en plus attaquées.
10:31On laisse penser que c'est presque malhonnête d'être chef d'entreprise,
10:37de mener une entreprise, de créer des emplois dans les territoires.
10:40C'est presque malhonnête.
10:42Et bien là, on n'en peut plus.
10:44Et donc, on va se réunir et on va le dire.
10:46Et la goutte qui a fait déborder le vase, je vous le dis, c'est quoi ?
10:50C'est l'idée de taxer l'outil productif, de taxer l'entreprise.
10:56Ça, c'était une ligne rouge infranchisable.
10:59Donc, ça, c'est la taxe d'Ukman.
10:59Mais, Dominique Schellcher, est-ce que ça veut dire que vous ne voulez pas...
11:02Les entreprises n'ont pas participé au redressement des comptes publics ?
11:05Bien sûr que si.
11:06Et j'entends la demande de justice sociale qui est légitime.
11:10Et il faut bien sûr trouver des voies pour que chacun contribue à régler la situation
11:15à sa juste capacité, à sa juste valeur, entreprise comprise.
11:20Et très grandes entreprises, peut-être encore un peu plus.
11:23Donc, oui, mais on ne peut pas taxer l'entreprise, l'outil productif,
11:28avec peut-être parfois, pour certains, l'impossibilité d'avoir les moyens de payer cette taxe.
11:33Et je précise que nous ne sommes pas du tout concernés par ça.
11:37Donc, c'est une question de principe en tant que chef d'entreprise.
11:41Dominique Schellcher, le PDG de Coopérative U.
11:44Merci d'avoir accepté l'invitation d'On n'arrête pas l'écho.
11:46Merci à vous.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations