Pologne : Poutine teste-t-il les limites de l’OTAN ?

Sud Radio

Avec Aurélien Duchêne, chercheur à Euro Creative et auteur de La Russie de Poutine contre l’Occident (Eyrolles, 2024)  ---  ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts 🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOffi...  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradiooff...  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ———————————————————————  ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos du Grand Matin Week-End  : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDSoOQuH74IIXMno3AffxfUT  ##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE_WK_2025-09-13##

Transcript

00:00L'heure de Sud Radio vous explique, avec vous Aurélien Duchesne, bonjour.

00:03Bonjour Maxime.

00:04Vous êtes chercheur à Eurocréative et auteur de La Russie de Poutine contre l'Occident.

00:07C'est aux éditions Erol et c'est sorti l'année dernière.

00:11Il y a un vrai sujet parce que vous êtes un des seuls experts à avoir anticipé,

00:15à avoir analysé le fait qu'à un moment, bien sûr que oui, la Russie envahirait l'Ukraine.

00:20Et aujourd'hui quand on voit ce qui se passe à certaines frontières des pays européens,

00:23c'est le cas notamment de la Pologne, de l'Estonie, avec différents épisodes.

00:28Cette semaine, d'abord l'envoi d'une vingtaine de drones à partir du territoire biélorusse

00:32et depuis 48 heures, des exercices, et je mets ça bien sûr entre guillemets,

00:36conjoints entre la Russie et la Biélorussie.

00:40La France a bien sûr envoyé trois rafales en soutien.

00:42L'OTAN a réagi avec un exercice, on va dire, de riposte pour essayer d'endiguer la menace.

00:47Mais à quoi on assiste quand on voit ces images Aurélien Duchesne ?

00:50Est-ce que c'est tout simplement un exercice habituel de Vladimir Poutine,

00:53de répétition avec son ami biélorusse ?

00:55Ou au contraire, c'est vraiment une montée en pression des exercices

00:59qui ont pour but, bien sûr, de simuler, on va dire, une attaque contre un pays protégé de l'OTAN ?

01:05C'est une montée en puissance de la stratégie de déstabilisation de la Russie.

01:08Ça fait depuis 2017, en fait, que nos voisins, les Estoniens, les Polonais que vous avez cités,

01:13craignent que ces fameux exercices, les exercices ZAPAD,

01:16ça veut dire à l'ouest en russe, donc le ton est donné,

01:17soit des prétextes pour des agressions contre les voisins.

01:21Là, c'est la première fois depuis le début, enfin depuis la fin de la guerre froide,

01:25qu'on a un pays de l'OTAN qui abat des drones russes qui se dirigent sur son territoire.

01:29C'est la première fois que ça arrive.

01:30Volontairement ?

01:31Volontairement. Alors, les Russes, évidemment, plaident l'accident.

01:34Leur allié biélorusse qui dit que ce sont les outils de guerre électronique des Ukrainiens

01:39qui auraient dévié la trajectoire des drones.

01:41La réalité, c'est une vingtaine de drones qui foncent dans votre espace aérien vers des villes polonaises.

01:46Ce n'est pas un accident.

01:47Heureusement, ces drones n'étaient pas armés.

01:49Mais l'intention est là.

01:51Ce à quoi on assiste, et c'est ce que disent notamment les Polonais,

01:53c'est une volonté pour Poutine de nous tester.

01:55De tester notre crédibilité et notre réaction à ce genre de provocation.

01:59Est-ce qu'il y a vraiment cet objectif de nous tester,

02:02pour objectif, comme on l'entend de la bouche de certains spécialistes,

02:07peut-être d'agresser volontairement, entièrement, violemment, un pays intégré de l'OTAN ?

02:11Ou alors, c'est uniquement pour maintenir, qui est aussi une stratégie russe,

02:14une pression très forte sur les négociations en cours,

02:17avec un président américain, on va dire, qui prend son temps, pour le dire poliment,

02:21et une volonté tout simplement de continuer à mettre la pression sur l'Europe,

02:26et pour à la fin, peut-être gagner ce bras de fer dans les négociations.

02:29Sur la fin de la guerre en Ukraine, je précise.

02:31Si on penche plutôt pour la solution de la pression diplomatique,

02:34pression à marche forcée, quand même, sa stratégie marche, quelque part.

02:39Parce que quand on voit que certains, notamment aux Etats-Unis,

02:42disent que vouloir aller trop loin dans le soutien à l'Ukraine

02:44provoquerait la Troisième Guerre mondiale,

02:46des incursions dans l'espace aérien d'un pays de l'OTAN par des drones russes,

02:49ça vise à créditer ça, à dire que nous, les Occidentaux,

02:53si on continue de soutenir l'Ukraine,

02:55on devrait s'attendre à avoir, nous, des attaques de la part de la Russie.

02:58Il y a une dimension psychologique à ça,

03:00et malheureusement, ça peut marcher chez un certain Donald Trump, par exemple.

03:03Et si, c'est mon analyse personnelle,

03:06on est plutôt dans le scénario où Poutine nous teste pour l'après,

03:09pour l'après-guerre d'Ukraine, pour de nouvelles agressions au-delà,

03:12c'est qu'il veut à chaque fois voir quelles sont nos limites.

03:14Je rappelle une chose,

03:16c'est que quand Poutine prend la Crimée en 2014,

03:19annexe un territoire souverain de l'Ukraine,

03:21d'aucuns s'attendaient à ce que l'OTAN commence à armer massivement l'Ukraine.

03:25On n'a rien fait.

03:26Quand il a envahi totalement l'Ukraine,

03:28après avoir dit qu'il ne le ferait jamais,

03:30est-ce que nous, on a commencé à massivement bétonner les frontières de l'OTAN,

03:33non, on en est aujourd'hui en France à parler de réarmement en urgence,

03:37parce qu'on a pris trois ans de retard,

03:39là où il aurait fallu réagir beaucoup plus fort dès le début.

03:41Mais quand on vous entend, Aurélien Duchesne,

03:43on se dit, en réalité, ça y est,

03:45Poutine, sa détermination est totale,

03:47bien sûr qu'il est en train de préparer l'après.

03:49Est-ce que quand on voit les réactions,

03:51notamment de l'OTAN,

03:52notamment de la part de certains responsables européens

03:55et occidentaux en général,

03:57est-ce qu'on va dire que ce mur du son

03:59concernant la volonté de Vladimir Poutine

04:02d'avoir un véritable esprit de conquête,

04:04le président Emmanuel Macron parlait d'ogre russe

04:06il n'y a pas si longtemps que ça,

04:07est-ce qu'ils en ont pris conscience ?

04:08Est-ce qu'ils ont conscience du danger qui est plus que réel ?

04:11Alors, la prise de conscience est là,

04:13et ne serait-ce que dans le réarmement

04:15à grande échelle de toute l'Europe aujourd'hui,

04:17notamment de l'Allemagne, de la Pologne,

04:18mais ce n'est pas parce que c'est la prise de conscience

04:21de la menace russe, du fait que Poutine soit prêt,

04:23effectivement, à tester l'OTAN

04:25par des agressions de plus en plus visibles...

04:26Il n'est pas plus que prêt,

04:27il est en train de faire la réplification générale.

04:29On ne va pas se mettre dans la salle

04:30en train de préparer des applaudissements pour le final, si ?

04:32Absolument, il est en train de le faire dans tous les champs,

04:35je pense notamment à la guerre cyber,

04:36à la désinformation,

04:37ça fait partie du côté du Kremlin,

04:39d'une guerre à grande échelle contre nous.

04:40Donc, on en a conscience, mais on ne...

04:42On en a conscience, mais je dirais

04:44qu'on n'agit pas en conséquence,

04:45c'est-à-dire que nous...

04:46C'est désastreux ?

04:47C'est désastreux, parce qu'à chaque fois

04:49que nous, on montre ce genre de fébrilité,

04:51Poutine le prend comme une incitation

04:53à aller plus loin.

04:54Quand, encore une fois,

04:55il avait commencé à agresser l'Ukraine

04:56il y a 11 ans, pas il y a 3 ans,

04:58on s'est condamné,

04:59pardon, c'est l'absence révélateur,

05:01on s'est contenté littéralement

05:02de condamner fermement

05:03et de faire des sanctions minimales.

05:05Là, maintenant, on se rend compte

05:06qu'on essaie de réagir en déployant

05:08des rafales français,

05:09de la défense aérienne allemande

05:11pour davantage quadriller le ciel polonais.

05:14Sauf que, c'est le minimum à faire.

05:16Une vraie réaction, par exemple,

05:18aurait été pour nous

05:19de livrer davantage de missiles longs

05:21portés à l'Ukraine

05:21pour frapper le territoire russe, par exemple.

05:23Et il y a aussi quelque chose de surprenant,

05:26c'est le fait de rappeler

05:29que ces exercices qui sont, on va dire,

05:30traditionnels pour la Russie,

05:31c'est, je crois, tous les 4 ans.

05:33La dernière fois qu'ils ont eu lieu,

05:35c'était quelques mois seulement

05:37avant l'invasion de l'Ukraine.

05:38Donc, on pourrait être tenté de se dire

05:39en regardant ça, non pas en novice,

05:41mais avec quelques bases, on va dire, d'analyse,

05:43de dire, cette fois-ci,

05:44c'est vraiment la répétition générale

05:46avec le grand final

05:47qui est ce qu'il a toujours voulu faire

05:49en réalité,

05:50commencer à percer

05:51la protection otanienne,

05:52d'une certaine manière.

05:53Oui, dans l'exemple que vous citez de 2021,

05:55quand on avait déjà 100 000 soldats russes

05:57massés aux frontières de l'Ukraine,

05:58la quasi-totalité des experts français

06:00disait, mais non, ça c'est que du bluff,

06:01jamais ils ne vont envahir,

06:03ce qui est arrivé dans les semaines suivantes.

06:04Sauf que ce qu'on m'a dit

06:05en plan Estonie en juin dernier

06:07quand j'étais là-bas,

06:08c'est qu'un scénario auquel

06:09croient vraiment les Baltes et les Polonais,

06:11c'est que demain,

06:12la Russie fasse un exercice de ce genre,

06:14mais pourrait utiliser cet exercice

06:17pour aller plus loin.

06:18C'est le scénario

06:19où nous, on serait préodés pourvus

06:20parce qu'on s'attend à un exercice,

06:22ce que cette fois,

06:23les soldats russes

06:23ne retournent pas dans leur caserne,

06:25mais ils commencent à passer

06:26la frontière d'un pays de l'OTAN.

06:27Dernière question,

06:28Aurélien Duchesne,

06:28qu'est-ce qu'il nous manque ?

06:30Il nous manque déjà

06:31beaucoup de moyens

06:32en matière de défense

06:33parce qu'on veut rattraper

06:3430 ans de désarmement

06:35en quelques années

06:36et il nous manque surtout

06:37de la détermination

06:38parce que si elle continue

06:39à nous manquer,

06:40on est assuré

06:40que dans les 3 à 5 ans,

06:42Poutine attaquera directement

06:43un pays de l'OTAN.

06:44Voilà, ça c'est la flash-foc

06:45signée Aurélien Duchesne.

06:46Merci beaucoup d'être passé

06:47de nous voir ce matin

06:48sur Sud Radio,

06:49chercheur à Eurocréative

06:50et auteur de

06:50La Russie de Poutine

06:51contre l'Occident,

06:52c'est-à-dire chez Erol

06:53et ça a été plus l'année dernière.

06:55Je rappelle aussi

06:56pour ceux qui aimeraient

06:57vous voir et vous entendent

06:58qu'on vous retrouve régulièrement

06:59sur la chaîne NCI

07:00dédiée justement

07:01et dès ce soir en effet

07:02dédiée à cette analyse internationale.

07:03Merci beaucoup Aurélien Duchesne

07:04d'être venu nous voir

07:05pour répondre à cette question.

07:07Vladimir Poutine

07:07teste-t-il les limites de l'OTAN ?

07:09Votre réponse, je le crains.

07:10Et oui, dans un instant,

07:110826 300 300

07:13voulait réagir à ce que vous avez

07:14entendu ce matin

07:14dans la matinale de Sud Radio.

07:16Je vous en prie,

07:17le standard vous est ouvert

07:18et c'est le camarade Corentin

07:19qui déjà vous attend

07:20à tout de suite sur Sud Radio.

07:21Très bon réveil.

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