00:00Il est 8h19 sur Sud Radio et ce matin la question, est-ce que le style de notre nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu va réussir en réalité à dépasser l'épreuve du réel ?
00:09Bonjour Bruno Cotteres !
00:11Bonjour !
00:12Vous êtes politologue et chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique et au Cevipov qui est le Centre de Recherche Politique de Sciences Po.
00:19Le Premier ministre donne sa première interview ce matin à la une du Parisien aujourd'hui en France, tout y passe.
00:24On parle de la taxe Zuckman, on parle de la hausse des impôts, on parle de la gauche, de la droite.
00:28Mais avant de rentrer dans le détail des mesures, est-ce que pour l'expert que vous êtes, est-ce qu'il est en train de se dessiner un style, une manière de faire de la part du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu ?
00:40Bruno Cotteres ?
00:41Sébastien Lecornu mise au fond sur un effet de contrainte avec François Bayrou et en particulier la dernière partie de François Bayrou avec cette communication tous azimuts qu'avait eu l'ancien Premier ministre.
00:55Rappelons-nous une dizaine d'interviews. Et là, on a Sébastien Lecornu qui donne sa première interview après 17 jours après sa nomination et qui mise tout sur, au fond, le fait de discuter un peu dans le secret avec les syndicats, avec les forces politiques.
01:12Il ne distribue qu'au compte-gouttes, au fond, dans cette interview du Parisien, des premiers éléments de ce que pourrait être sa déclaration de politique générale.
01:20Est-ce que les Français sont sensibles à cette manière de faire ?
01:24Alors, tout dépend. On voit qu'effectivement, sans doute, sont-ils sensibles à l'idée d'un Premier ministre qui serait un petit peu plus humble,
01:34qui serait sur l'idée de dire, eh bien, moi, je vais essayer de construire des consensus avec les oppositions.
01:39Par contre, c'est vrai que pour le moment, la popularité et les premières indications que nous avons eues d'enquête d'opinion montrent qu'il n'y a pas vraiment d'effet lecornu dans l'opinion.
01:48Mais, vous le dites, quand on parcourt cette interview accordée à nos confrères du Parisien aujourd'hui en France,
01:54visiblement, il n'y aura pas de taxe Zuckmann, pas non plus de retour sur la réforme des retraites.
01:59Bon, on voit bien que financièrement, il y aura un petit plus pour les retraites et la santé, des économies, bien sûr, sur le train de vie de l'État.
02:05Et quand on lit en détail, on a quand même l'impression d'un grand retour dû en même temps.
02:10Est-ce que vous partagez ce sentiment, Bruno Cotteres ?
02:11Oui, incontestablement, le souhait par le Premier ministre de donner quelques gages un peu à la gauche, un peu à la droite,
02:21alors un peu à la gauche, très modérément.
02:23C'est quand même l'idée qu'il y aurait un peu plus de dépenses l'an prochain sur la santé, sur les retraites en particulier.
02:30La droite, c'est sur l'aide médicale d'État.
02:33Il dit qu'il y a un sujet, il faut peut-être revoir ça, effectivement.
02:35Mais c'est vrai que pour le moment, on a quand même du mal à voir comment ces premières indications vont pouvoir convaincre,
02:44notamment le Parti Socialiste, dont Sébastien Lecornu a un besoin vital pour ne pas tomber sur son projet de budget.
02:50Mais au-delà du Parti Socialiste, Bruno Cotteres, est-ce que les politiques peuvent accepter quand bien même la main tendue serait de la meilleure fois possible ?
02:57Notamment quand on voit la pression qui existe de la part des électeurs, de la part des soutiens des différents camps,
03:02pour retourner aux urnes, avoir une dissolution, se débarrasser du macronisme.
03:08C'est sûr que dans l'opinion, le souhait d'avoir de nouvelles élections législatives est très important.
03:14Il a été mesuré par différentes enquêtes d'opinion, au-dessus de 60%, on est toujours un peu au-dessus de 50%,
03:20même l'idée d'une démission d'Emmanuel Macron.
03:22Donc on voit qu'effectivement, pour beaucoup de Françaises et de Français, la seule issue, la seule manière d'en sortir, c'est au fond un reset,
03:29c'est-à-dire de rebattre les cartes.
03:31Et là, on voit qu'effectivement, ça va être quand même très compliqué pour le Premier ministre d'y arriver autour de son projet de budget.
03:39Bruno Cotteres, une dernière question.
03:41Je rappelle que vous êtes politologue et chercheur au CNRS et au Cevipov, qui est le centre de recherche politique de Sciences Po,
03:46sur un chiffre qui a énormément interpellé durant ces dernières 48 heures.
03:50C'est le rapport entre les Français, leur politique et la question de la corruption.
03:54Près de 75% des Français, je crois, sont persuadés que leurs responsables politiques sont corrompus.
04:00C'est 9 points de plus par rapport, on va dire, à l'Allemagne.
04:05Comment on doit regarder ce chiffre avec inquiétude, avec une certaine obsession,
04:09notamment quand on voit la condamnation de l'ancien président Nicolas Sarkozy ?
04:12On doit le regarder comme un témoin très inquiétant d'un rapport extrêmement délabré,
04:19extrêmement dégradé des Français vis-à-vis de l'ensemble de la classe politique,
04:23pas seulement l'exécutif, il y en a pour tout le monde.
04:26L'ensemble de la classe politique est regardé par les Françaises et les Français
04:29comme non empathiques, incapables de comprendre des problèmes de la vie de tous les jours,
04:34incapables de régler les problèmes, avec maintenant cette question des déficits
04:38et le pays entier qui se pose la question, comment on en est arrivé là ?
04:43Ça c'est sûr, comment on en est arrivé là ?
04:45C'est la question notamment qu'on se posera tout à l'heure,
04:47entre 9h30 et 10h dans la France, au bout du fil avec vous, auditeurs 0826 300 300.
04:52Merci beaucoup Bruno Cotteres d'avoir été avec nous ce matin, il est 8h24.
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