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  • il y a 1 semaine
Avec Jean-Dominique Merchet, Journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques, Auteur de “Sommes-nous prêts pour la guerre ? L'illusion de la puissance française” (Éditions Robert Laffont)
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##L_ACTU_EN_PLUS-2025-10-25##

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Transcription
00:00C'est comme tous les samedis, prenons un peu de hauteur, un peu de distance, c'est l'actualité en plus,
00:04et je vous propose d'écouter une phrase qui a énormément fait réagir,
00:08et c'était cette semaine du côté de l'Assemblée nationale.
00:11On a des armées très conscientes, très prêtes, mais malgré tout, la perception aujourd'hui de la Russie,
00:18c'est que l'Europe collectivement est faible.
00:20Donc moi, le premier objectif que j'ai donné aux armées, c'est de se tenir prête à un choc
00:26dans 3-4 ans qui serait une forme de test, peut-être que le test existe déjà sous des formes hybrides,
00:33mais peut-être plus violent.
00:34Peut-être plus violent, non pas devant l'Assemblée nationale, pardonnez-moi,
00:37mais devant le Sénat, et l'homme que vous venez d'entendre, c'est le chef d'état-major des armées françaises,
00:42le général Fabien Mandon. Bonjour Jean-Dominique Merchais.
00:45Bonjour.
00:46Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:47Vous êtes journaliste spécialisé des questions de défense et des questions internationales.
00:51Je recommande votre dernier livre qui a fait énormément parler de par le travail
00:56que vous avez mené, la précision, sommes-nous prêts pour la guerre,
00:59l'illusion de la puissance française ?
01:00Et je cite également votre blanque secret défense v2.com
01:04parce que vous aviez alimenté un blog pendant des années qui était très suivi
01:07et vous avez décidé de reprendre du service.
01:09C'est vrai que quand on lit, quand on réécoute à l'instant les propos du général Fabien Mandon,
01:14l'armée doit être prête à un choc dans 3 ou 4 ans.
01:17Il parlait de la Russie.
01:18Est-ce que c'est habituel de tenir un langage aussi cash,
01:21surtout en ce qui concerne en réalité une éventuelle, parlons franc,
01:25guerre avec une puissance nucléaire comme la Russie ?
01:28Oui, vous venez de le dire Maxime, c'est cash, c'est très cash.
01:32Mais en fait, le chef d'état-major des armées ne fait que reprendre le discours du président de la République,
01:37le discours qu'on entend, qu'on lui, dans les documents officiels.
01:43Donc effectivement, il l'a dit de manière cash, ça a provoqué un choc.
01:46D'ailleurs, c'est le mot qui l'emploie, c'est un choc avec la Russie,
01:50mais c'est aussi un choc dans l'opinion.
01:53Ça se passe dans le cadre de la préparation du budget de l'année prochaine.
01:58Il était auditionné dans ce cadre-là.
02:00Et il faut expliquer d'une certaine manière pourquoi le budget des armées augmente de manière très importante,
02:07plus 13% d'un an sur l'autre.
02:10Aucun budget public n'augmente comme ça.
02:12Donc c'est dans ce cadre-là que ça a été dit.
02:15Est-ce que ça veut dire que ce langage choc, d'une certaine manière,
02:18cette façon cash, on vient de le dire,
02:20traduit aussi une certaine compréhension de la part des élites
02:24que, enfin, nous l'avons compris, même dans les instances dirigeantes,
02:28oui, la Russie est une puissance de conquête il y a beaucoup moins d'hier auparavant ?
02:33Est-ce que c'est ça que ça traduit aussi, Jean-Dominique Merchet ?
02:35Ça, je crois qu'effectivement, il y a une prise de conscience progressive
02:39qui avait commencé en 2014 avec la Russie,
02:43lorsque la Russie avait annexé l'Ukraine et commençait à envahir le Donbass,
02:46puis évidemment en 2022 avec l'invasion majeure de la Russie.
02:51Mais on pensait, on pouvait penser que les choses allaient se calmer,
02:55s'arranger, que la guerre ne devait pas.
02:56Y compris d'ailleurs le président de la République,
02:59on se souvient des différents attermoiements avec Vladimir Poutine,
03:02on doit lui parler, on ne doit plus lui parler,
03:03c'est-à-dire que même au sommet de l'État,
03:05il y a eu une hésitation réellement sur les intentions de Vladimir Poutine.
03:09Oui, bien entendu, mais aujourd'hui, nous sommes bientôt à 4 ans de guerre.
03:13En février prochain, on sera à 4 ans de guerre,
03:16et on voit que le conflit se poursuit,
03:18et que malgré les propositions très favorables du président Trump à la Russie et à Vladimir Poutine,
03:26en lui disant, bon, écoute, il faut arrêter, il faut trouver un accord,
03:30la Russie ne veut pas s'arrêter.
03:32Et donc, il y a de plus en plus prise de conscience
03:34que nous sommes face à un vrai défi sécuritaire en Europe,
03:39pour toute l'Europe, évidemment pour l'Ukraine,
03:42pour les pays les plus proches de la Russie,
03:45mais nous aussi, nous sommes concernés.
03:47Donc, effectivement, je crois que les mots du chef d'état-major des armées,
03:51les mots employés par le chef d'état-major des armées,
03:53ne font que traduire cette prise de conscience,
03:55générale, en Europe de l'Ouest, en tout cas.
04:01Et des mots comme ceux qu'on vient de rappeler,
04:03Jean-Dominique Merchet, ça relance aussi forcément le débat sur l'état,
04:07sur l'état de notre armée.
04:08On en revient à votre livre,
04:09« Sommes-nous prêts, en effet, pour la guerre,
04:12l'illusion de la puissance française ? »
04:14Vous décortiquez parfaitement nos forces,
04:16on va dire nos forces vives.
04:18Certes, vous venez de l'évoquer,
04:19il y a un budget en forte hausse
04:21concernant la loi de programmation militaire
04:23pour donner, on va dire, du souffle à nos forces militaires.
04:26Mais aujourd'hui, concrètement,
04:27si on regarde l'état de nos forces,
04:29où est-ce qu'on en est ?
04:30Est-ce qu'on a les capacités ?
04:31Est-ce qu'on a les ambitions ?
04:32Des mots qu'on prononce ?
04:34Vous avez une expression qui est marquante,
04:35c'est l'armée bonsaï, premièrement.
04:37Et deuxièmement, vous évoquez souvent,
04:39Jean-Dominique Merchet,
04:40le fait que si demain,
04:41on devait avoir un conflit de haute intensité,
04:43en réalité, on ne pourrait pas tenir un front,
04:45on va dire, entre Dunkerque et Lille.
04:47C'est ça, il me semble, que vous prenez dans le livre,
04:49c'est-à-dire un front de 80 kilomètres.
04:51Voilà, donc il faut essayer
04:53de faire une réponse nuancée à votre question.
04:55Je pense que l'armée française
04:56est une armée excellente.
04:57C'est certainement une des meilleures armées d'Europe
04:59et peut-être une des meilleures armées du monde.
05:01Elle a des compétences
05:03dans énormément de domaines,
05:04mais comme vous l'avez rappelé,
05:05je fais la comparaison avec un bonsaï.
05:07Le bonsaï, chacun voit ce que c'est,
05:09c'est un petit arbre.
05:11Le grand arbre, c'est l'armée américaine.
05:14Et nous avons, en quelque sorte,
05:15l'armée américaine en petit,
05:16c'est-à-dire qu'on peut faire beaucoup de choses
05:18dans à peu près tous les domaines,
05:20les faire plutôt bien,
05:22mais on ne peut pas les faire beaucoup
05:23et on ne peut pas les faire longtemps.
05:26Or, ce que nous apprennent les conflits d'aujourd'hui,
05:29que ce soit le conflit en Ukraine,
05:30mais aussi l'affrontement entre Israël et l'Iran,
05:35c'est que la masse compte,
05:38c'est-à-dire la quantité d'armes,
05:40la quantité de militaires,
05:42la quantité de bombes, de missiles,
05:45ça compte, ou de drones,
05:46évidemment.
05:47Et ce qu'on voit sur le front ukrainien,
05:49notamment,
05:50c'est une mutation de la guerre,
05:52comme on en connaît assez rarement,
05:54peut-être une fois par siècle,
05:56avec l'apparition de, très rapide,
05:58très massive,
05:59d'une nouvelle technologie,
06:01en l'occurrence,
06:02les drones.
06:03Et évidemment,
06:04dans ce domaine,
06:05nous n'avions,
06:06nous ne sommes,
06:07mais personne,
06:08personne n'est prêt,
06:10l'armée française,
06:11comme les autres armées,
06:12les deux seules armées au monde
06:13qui savent utiliser massivement
06:15des drones,
06:16c'est l'armée russe,
06:17l'armée ukrainienne,
06:19et elles viennent de la prendre
06:21au cours de cette guerre.
06:22Donc,
06:22il va falloir se réadapter
06:24à cette nouvelle situation.
06:25Précisément,
06:26vous m'offrez une passerelle parfaite,
06:27mon cher Jean Dominique Merchet,
06:29sur les drones,
06:29on parle quand même
06:30de certains papiers spécialisés,
06:31c'est aux spécialistes défense
06:33et des questions militaires
06:33et internationales
06:34que je m'adresse,
06:35on dit quand même,
06:36attention,
06:36vigilance,
06:37on en fait énormément
06:38sur les drones,
06:39bien sûr,
06:39parce que les enseignements
06:40de la guerre en Ukraine
06:41et ce qui se passe
06:41sur le front russe,
06:42est-ce qu'on n'en fait
06:43pas un peu trop
06:43dans certains domaines militaires,
06:45enfin,
06:45dans certains milieux militaires,
06:46on dit attention
06:47à l'hystérie concernant les drones,
06:49il ne faudrait pas en faire
06:49plus que nécessaire.
06:51Comment vous regardez
06:51cette question ?
06:54Alors,
06:55de deux manières,
06:56d'abord,
06:56les drones,
06:57c'est la guerre d'aujourd'hui,
06:58ce n'est pas la guerre de demain,
07:00on ne sait pas
07:00ce que sera la guerre de demain,
07:02sauf qu'on ne désinventera pas
07:04le drone
07:04et ces réflexions
07:06dont vous faites part,
07:07qui sont des réflexions
07:08un peu conservatrices,
07:09me rappellent
07:10les réflexions
07:11qu'on pouvait entendre
07:12dans la cavalerie
07:13au début du XXe siècle,
07:15lorsqu'on disait
07:15oui,
07:15c'est bien
07:16les chars,
07:17c'est bien
07:17les véhicules automobiles,
07:21c'est bien,
07:21mais quand même,
07:22le cheval,
07:22ça restera
07:23le fondement
07:24de la cavalerie.
07:26Donc,
07:26si vous voulez,
07:27il y a toujours,
07:27les institutions
07:28sont par nature conservatrices,
07:30elles ont envie
07:31de poursuivre,
07:32de rester ce qu'elles sont
07:34et de croître
07:35dans ce qu'elles sont
07:36sans changer.
07:38Il y a un changement
07:39considérable
07:39avec cette nouvelle munition,
07:42cette nouvelle arme
07:43qui est le petit drone
07:44qui est en train
07:45de remplacer
07:46à la fois
07:48l'artillerie
07:49mais peut-être aussi
07:50le fusil de précision
07:51mais peut-être aussi
07:52c'est une révolution
07:53qu'on peut comparer
07:54à l'apparition
07:55des armes à feu
07:56automatiques
07:57à la fin
07:59du XIXe siècle
08:00au début du XXe siècle
08:01lorsqu'elle a totalement changé
08:03la manière
08:04de s'affronter
08:04sur le champ de bataille.
08:06Ça,
08:06nous ne le désinventerons pas,
08:08ça restera
08:09mais il y aura
08:10sans doute
08:10d'autres choses
08:11qui s'ajouteront
08:12et préparer la guerre
08:13d'aujourd'hui
08:14ce n'est pas préparer
08:15la guerre de demain
08:16clairement.
08:17Et Jean-Dominique Marché
08:18dernière question
08:19forcément quand on parle
08:20de l'état de l'armée française
08:21de ce qui se passe également
08:22entre les pays européens
08:23qui tentent de s'accorder
08:25quand on parle de l'OTAN
08:26il y a toujours une question
08:27aussi qui devient centrale
08:28c'est l'éléphant
08:28au milieu de la pièce
08:29c'est l'état véritable
08:31l'état réel
08:32de l'armée russe
08:33quand on voit
08:34qu'elle grignote
08:35quelques petits kilomètres
08:37depuis 4 ans
08:39quand on voit
08:39ce qu'elle produit
08:41sur le terrain
08:41comment il faut
08:42regarder cette armée
08:44aujourd'hui
08:44dont on avait dit
08:45qu'elle était l'une
08:46des plus puissantes du monde
08:47qu'elle était extraordinaire
08:47et qui semble être engluée
08:49dans une guerre
08:50qui dure depuis
08:50vous l'avez rappelé
08:51désormais 4 ans.
08:53Alors on exagère toujours
08:54les choses d'un côté
08:55ou de l'autre
08:56l'armée russe
08:57qu'on croyait super puissante
08:58en 2022
08:59a été absolument lamentable
09:01lors du début
09:02de l'offensive
09:03contre l'Ukraine
09:04d'ailleurs
09:04qu'ils ont raté
09:05leur offensive
09:05puisqu'ils n'ont pas réussi
09:07à conquérir la capitale
09:08et à prendre le contrôle
09:09du pays
09:09comme ils entendaient le faire
09:11sauf que
09:12l'armée russe
09:13elle est capable
09:13de s'adapter
09:14elle est capable
09:15d'évoluer
09:16on observe
09:17un peu
09:18ce qu'on avait vu
09:19au cours du second conflit
09:20de la seconde guerre mondiale
09:21en 1941
09:22quand les allemands
09:24attaquent l'Union soviétique
09:25l'armée soviétique
09:26est absolument nulle
09:28elle finira quand même
09:29par devenir
09:30l'une des meilleures armées
09:31du monde
09:31au prix de pertes
09:33considérables
09:34mais avec une capacité
09:36de s'est réadaptée
09:36qui finira par les emmener
09:38jusqu'à Berlin
09:38donc il faut faire attention
09:40prudence quand on critique
09:41l'état de la
09:42absolument
09:43n'exagérons
09:44ni ses qualités
09:45dont on a pu fantasmer
09:47ni son incapacité
09:49qui est
09:50aujourd'hui
09:51ils sont incapables
09:52pas techniquement
09:54ils sont incapables
09:55parce qu'ils n'ont pas
09:56les effectifs
09:57suffisants
09:58pour conquérir un pays
09:59mais techniquement
10:00ils ont fait
10:01de très grands progrès
10:02ils s'adaptent
10:03leurs techniques
10:04de combat
10:05par exemple
10:06des petites unités mobiles
10:07montaient sur des motos
10:09ou l'emploi massif
10:10de drones
10:11tout ça
10:11ils ne le savaient pas
10:12le faire
10:12il y a 3 ans
10:13ils se sont adaptés
10:14absolument
10:15merci beaucoup
10:16Jean-Dominique Merchet
10:17d'avoir été avec nous
10:18ce matin
10:18je rappelle
10:18votre dernier livre
10:20qui est vraiment
10:20à lire
10:21si on veut s'intéresser
10:22à ces questions
10:22sommes-nous prêts
10:23pour la guerre
10:23c'est l'illusion
10:24de la puissance française
10:25merci beaucoup
10:26d'avoir été avec nous
10:26et je rappelle également
10:27votre blog accessible
10:28à tous
10:29secret défense
10:30v2.com
10:31si vous êtes passionné
10:32un fanamili
10:32comme on dit dans le jargon
10:33c'est-à-dire
10:34intéressé par ces questions
10:35de défense
10:35ces questions militaires
10:36ces questions internationales
10:38je vous recommande
10:38il y a toujours
10:39de bonnes infos
10:40et d'excellents décryptages
10:41merci beaucoup
10:42mon cher Jean-Dominique Merchet
10:43d'avoir été avec nous
10:43pour décrypter en effet
10:44les propos au choc
10:45du chef d'état-major
10:47des armées françaises
10:48le général Fabien Mondon
10:49qui a dit
10:50oui j'ai demandé
10:51à mes armées
10:51d'être prêtes à un choc
10:52dans 3 ou 4 ans
10:53face à la Russie
10:54rien que ça
10:55mais nous avons été
10:56légèrement éclairés
10:57c'est-à-dire
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