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  • il y a 2 semaines
Ce vendredi 12 septembre, Ulrich Bounat, analyste politique spécialiste de l'Europe centrale et de l'Est, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur l'envoi de centaines de drones en Pologne par la Russie et les enjeux que cela représente sur l'OTAN. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Intrusion d'une vingtaine de drones présumés russes sur le territoire polonais dans la nuit du 9 au 10 septembre.
00:06Ulrich Buna, bonjour.
00:07Vous êtes analyse géopolitique spécialiste de l'Europe centrale et de l'Est.
00:11Est-ce que c'est un test clair ?
00:13Donald Trump nous dit cette nuit, non, ils se sont peut-être trompés, c'est peut-être juste une erreur de la part des Russes.
00:18Non, clairement, c'est un test.
00:19Alors oui, clairement, c'est effectivement la version officielle de la part des Russes.
00:22Ce sont des drones qui se sont perdus.
00:24Quand on analyse déjà le nombre, quand on analyse les trajectoires aussi de ces drones,
00:29on n'est pas du tout sur des drones qui auraient été perturbés par éventuellement des perturbations électromagnétiques
00:34de la part des Ukrainiens pour essayer de se défendre.
00:36On est vraiment sur des drones qui ont une trajectoire au-dessus du Bélarus
00:39et ensuite une trajectoire circulaire au-dessus de l'Ukraine pour revenir sur l'Ukraine,
00:42donc c'était au-dessus de la Pologne pour aller sur l'Ukraine.
00:44Donc c'est effectivement une stratégie délibérée de la part de la Russie
00:46qui a fait passer des drones qui n'étaient pas chargés militairement.
00:49C'était des drones Gerbera, donc qui sont des drones un petit peu des leurres en fait.
00:52Mais par contre, effectivement, la trajectoire était complètement voulue au-dessus de la Pologne.
00:55– Je vais vous parler un peu trivialement, mais ils nous testent pour savoir si oui ou non on va faire la guerre.
00:59– Je pense qu'il y a plusieurs choses.
01:01Il y a déjà du fait de voir comment on va réagir, combien de temps on va mettre pour réagir.
01:06Il y avait déjà eu quelques intrusions ou de drones de la part de la Russie au-dessus de la Pologne.
01:10Il n'y avait pas eu de réaction de la part des Polonais.
01:13Là, c'est la première fois, et c'est la première fois dans l'histoire d'ailleurs,
01:15que l'OTAN intervient militairement pour abattre des aéronaves russes, on va dire,
01:21au-dessus du territoire de l'OTAN.
01:22Donc c'est quand même quelque chose d'important, on a réagi, on a réagi rapidement.
01:26Sans doute pas à la hauteur, il semblerait qu'un certain nombre de drones se soient écrasés
01:28sans même qu'on ait eu besoin de les atteindre.
01:30Mais par contre, effectivement, il y avait cette volonté de voir comment l'OTAN allait réagir sur le moment.
01:35Et ensuite, par rapport à la suite, grosso modo, les positionnements politiques et militaires de l'OTAN,
01:40maintenant on est testé sur notre réaction et notre capacité à venir aider la Pologne.
01:44– Annalisa Cabellini.
01:45– La Pologne a toujours dit que Vladimir Poutine ne va pas s'arrêter à l'Ukraine,
01:49c'est la crainte de toute une partie des pays de l'Est, peut-être que c'est là que ça se concrétise,
01:54Vladimir Poutine essaye de voir la suite de sa stratégie sur cette partie de l'Europe.
01:58– En tous les cas, il vérifie si l'OTAN existe encore et si l'OTAN est toujours réactive,
02:02ça c'est une évidence, il le faisait pour l'instant plus effectivement au niveau des États-Baltes,
02:07en perturbant les GPS, en faisant des intrusions dans les espaces aériens de l'OTAN.
02:10Là c'est la première fois que véritablement il y a des drones, et beaucoup de drones, enfin 19,
02:14qui survolent le territoire de l'OTAN et de la Pologne,
02:16donc effectivement là on est sur une escalade en quelque sorte dans les tests vis-à-vis de l'OTAN.
02:21– Mais justement la réponse elle est ultra complexe,
02:24parce qu'évidemment qu'on n'a pas envie d'une escalade,
02:26parce que clairement on n'a pas envie de faire la guerre avec la Russie.
02:28Du coup répondre par une réunion des partenaires de l'OTAN,
02:33arrêter l'espace aérien en Pologne, ça suffit ? C'est la bonne graduation ?
02:38– Effectivement on ne peut pas se permettre de faire la même chose que la Russie,
02:41c'est un petit peu ce qui nous tient, dans le sens où on est des États de droit
02:43et on n'a pas envie justement d'aller à cette confrontation militaire,
02:46l'OTAN ça reste une alliance défensive.
02:48Donc il y a eu effectivement cette réunion par rapport au déclenchement de l'article 4 par la Pologne,
02:54c'est symbolique, il y a quand même l'envoi de trois avions de chasse par la France,
02:57de deux avions de chasse par l'Allemagne,
02:59alors ça paraît symbolique, c'est quelques avions de chasse,
03:01mais c'est un signalement stratégique.
03:02– Petite démonstration de force quoi.
03:03– C'est un signalement stratégique en fait, pour dire on est là,
03:06on aide nos alliés polonais, comme c'est prévu par les traités,
03:09donc c'est quand même important.
03:11Après effectivement cette réponse elle va devoir être plus complexe
03:13et la question qui se pose et que tout le monde se pose c'est
03:16est-ce qu'au bout d'un moment il va peut-être falloir ce fameux sky shield,
03:20c'est-à-dire cette protection de l'Ouest de l'Ukraine
03:21qui serait une extension finalement de la protection aérienne de la Pologne,
03:25est-ce qu'il va falloir le mettre en place ou pas ?
03:27Je pense que c'est ce qu'il y a dans toutes les têtes
03:28et c'est probablement ce que certains pays espèrent, notamment l'Ukraine.
03:32– Annalisa ?
03:33– Il faut dire pour organiser la riposte, il faut aussi tenir en compte
03:36le fait que cette incursion a quelque part montré une faiblesse
03:40sur le flanc est de l'OTAN, les drones sont rentrés dans le territoire.
03:43– Effectivement mais c'est toute la complexité d'avoir une guerre à nos frontières,
03:46c'est-à-dire que pour l'instant les états de l'OTAN se sont arrêtés
03:49grosso modo à la frontière en disant ce qui se passe en Ukraine,
03:51alors on aide bien évidemment l'Ukraine,
03:52mais ce qui se passe véritablement en Ukraine,
03:55on ne doit pas intervenir directement.
03:58Et donc on voit bien qu'effectivement cette guerre elle déborde,
04:00puisque les Russes justement nous provoquent,
04:01donc il va falloir voir effectivement si au bout d'un moment nous-mêmes
04:04il ne va pas falloir qu'on déborde, pas en envoyant des militaires sur place,
04:07mais peut-être simplement en instaurant une no-fly zone au-dessus de l'Ouest de l'Ukraine.
04:10– Quand Donald Trump il dit que c'est potentiellement une erreur,
04:13donc il reprend ce que dit la Russie,
04:16ça veut dire que clairement il croit qu'il y a potentiellement encore une paix à négocier,
04:19il croit encore pouvoir obtenir quelque chose de Vladimir Poutine,
04:22donc il va dans son sens ?
04:23– Alors je pense qu'il n'a effectivement jamais renoncé à l'idée
04:26d'obtenir quelque chose de la part de Vladimir Poutine
04:28et de séparer la Russie de la Chine, je pense que c'était un leurre,
04:30mais bon il y croit toujours,
04:32et le fait est que plus globalement Donald Trump c'est quelqu'un
04:35qui ne veut pas être fort avec les États qui lui résistent,
04:37avec la Chine au niveau économique, avec la Russie au niveau militaire,
04:40donc effectivement il choisit toujours d'esquiver le problème
04:43en disant qu'il est très inquiet, que ce n'est pas bien du tout,
04:45mais que finalement il n'agit pas derrière.
04:47Et c'est sans doute l'un des problèmes en fait aussi de cette réponse de l'OTAN,
04:50c'est que les Américains ne montrent pas finalement
04:53la dissuasion qu'ils devraient montrer pour soutenir nos alliés.
04:56– Annalisa ?
04:56– On a assisté la semaine dernière à un réveil politique de l'Europe
04:59à travers la coalition des volontaires
05:01qui a déclaré qu'elle était prête à assurer la sécurité de l'Ukraine
05:04après la guerre, est-ce qu'on est prêt à un sursaut militaire aussi ?
05:07– Je pense qu'il va falloir, en fait par rapport à tout ce qu'on vient de se dire,
05:10avec une Russie qui est agressive à nos portes,
05:12avec des États-Unis qui sont probablement au minimum aux abonnés absents,
05:15il va falloir effectivement, si on veut peser dans le monde de demain,
05:18être capable de déjà se défendre nous-mêmes militairement
05:21et probablement aussi d'assurer la sécurité de l'Europe
05:23et la sécurité de l'Europe, ça passe par l'Ukraine.
05:25– Là c'est une vingtaine de drones, mais après c'est quoi ?
05:27C'est une quarantaine de drones ou c'est d'autres tests ?
05:30– Ça va dépendre sans doute de notre réponse,
05:34de la fermeté de notre réponse, c'est un premier point,
05:36mais effectivement on peut s'attendre à ce que la Russie,
05:38de façon générale, pas que en Pologne, dans les Pays-Bas,
05:41en Finlande d'ailleurs, teste notre capacité à réagir,
05:44ça c'est une évidence, encore une fois,
05:46quel que soit ce qui se passe en Ukraine,
05:48la Russie restera une puissance agressive à nos portes,
05:50quoi qu'on fasse, et donc il faut le prendre en compte
05:51et effectivement mettre en place cette Europe de la défense.
05:54– Et fermer l'espace aérien, comme on l'a vu là,
05:56il y a des compagnies aériennes qui se plaignent
05:58que ça va évidemment abîmer le business, c'est obligatoire ?
06:02– Alors, je dirais qu'il y a une surcouche supplémentaire
06:04qui est qu'il y a des exercices militaires entre le Bélarus
06:07et la Russie entre maintenant, enfin à partir d'aujourd'hui,
06:10jusqu'à la semaine prochaine, enfin au début du milieu de semaine prochaine,
06:13et donc effectivement, pour éviter, on va dire, dans ce contexte-là,
06:16les Polonais ont fermé effectivement l'espace aérien
06:18au niveau de leurs frontières avec le Bélarus,
06:20c'est normalement censé être une mesure temporaire,
06:22mais effectivement, si ces provocations continuent,
06:25il est possible que ça dure dans le temps.
06:26Je dirais que ça dépend aussi en partie de la réponse du Bélarus et de la Russie.
06:29– Merci beaucoup, Ulrich Bounin, d'être venu ce matin
06:31sur le plateau de la matinale de l'économie.

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