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  • il y a 7 semaines
Ce vendredi 8 août, Adina Revol, maîtresse de conférences à Sciences Po, était l'invitée de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Erwan Morice. Ils sont revenus sur les raisons qui ont poussé Vladimir Poutine à finalement accepter de rencontrer Donald Trump, notamment suite à la dégradation économique de la Russie. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Ultimatum de Donald Trump à Moscou pour mettre fin à la guerre en Ukraine qui expire donc.
00:04Aujourd'hui, on en parle avec notre invitée. Bonjour Adina Revol, merci beaucoup d'être avec nous,
00:09maîtresse de conférence à Sciences Po, ancienne porte-parole de la Commission européenne en France.
00:13Caroline Loyer, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Avec nous pour vous interroger sur ce sujet.
00:18Ultimatum, Adina Revol, qui est très loin d'avoir produit ses effets.
00:21Je pense que ça peut être la conclusion du jour.
00:25Oui, bonjour.
00:26Alors, effectivement, ce qui est intéressant dans cette affaire, c'est que rien n'a changé finalement.
00:30Puisque pour mettre fin à la guerre en Ukraine, c'est Vladimir Poutine qui a les clés.
00:36Donc Vladimir Poutine, c'est lui qui a envoyé l'Ukraine.
00:39C'est Vladimir Poutine qui doit accepter de sortir des territoires ukrainiens.
00:44Et pour le moment, ce n'est pas le cas.
00:45Mais il y a une chose qui a changé.
00:46On voit que l'économie russe va mal et Vladimir Poutine accepterait de rencontrer Donald Trump.
00:54Et ça, c'est nouveau.
00:55Pourquoi ? Puisque Donald Trump a dit qu'il allait mettre des sanctions secondaires sur l'Inde.
01:03Et ça, c'est un point intéressant puisque l'énergie, c'est la clé de tout.
01:06Puisque toute l'invasion de l'Ukraine est construite sous la rente énergétique de la Russie.
01:11Donc quand on attaque la rente énergétique, on commence à avoir quelques résultats.
01:15Concernant cette rencontre annoncée entre Trump et Poutine, est-ce que finalement Poutine n'espère pas juste simplement gagner du temps ?
01:24Parce que là, il n'accepte pas la demande de Trump qui est d'accepter une trêve.
01:28Tout à fait. Vladimir Poutine veut juste gagner du temps puisque Vladimir Poutine est, comme je l'ai dit, dans une situation économique très mauvaise.
01:38L'économie russe va mal. L'inflation est très forte.
01:40Le fonds souverain sur lequel il nourrit cette guerre est en cours d'épuisement.
01:45Donc en fait, Vladimir Poutine, il a besoin de revenir également sur la scène internationale.
01:51Et il a aussi besoin de montrer à Donald Trump qu'il fait des efforts.
01:56Mais n'empêche, Donald Trump a mis le point là où ça fait mal pour l'économie russe, a mis le doigt sur l'énergie.
02:04Et donc maintenant, en fait, il faut y aller sur cette brèche-là.
02:10Et puis dernier point, on ne gagne pas la guerre sur des sanctions.
02:13Mais on voit que ça sert à poser de la pression.
02:18Mais il faut armer massivement l'Ukraine parce que c'est la seule façon pour que Vladimir Poutine accepte de retirer ses troupes.
02:26Et c'est ce que font en tout cas pour l'instant les Européens.
02:29L'Union Européenne qui continue à soutenir Kiev en faisant don de matériel militaire.
02:33Ces derniers jours, la Suède, le Danemark, la Norvège qui ont annoncé leur intention d'acheter des armes provenant des réserves américaines.
02:39Il y a encore cet élan de soutien et de solidarité qui est important.
02:44Mais c'est capital puisque cette guerre en Ukraine, c'est une guerre contre l'Ukraine, mais c'est également une guerre contre l'Europe.
02:51Et les différents services de renseignement nous le disent.
02:55Vladimir Poutine et le Kremlin se mettent en ordre de marche pour éventuellement attaquer un pays européen à l'horizon 2030.
03:05Donc en fait, cette guerre en Ukraine, c'est une guerre d'existence pour l'Europe.
03:11Donc nous devons armer l'Ukraine parce que la bataille se gagne sur le champ de bataille.
03:18Mais en parlant de l'Union Européenne, est-ce que vous pensez qu'elle a toujours un levier dans ce dossier ?
03:23Est-ce qu'elle peut être un acteur majeur d'une solution ?
03:28Parce que là, on a l'impression, avec cette rencontre Trump-Poutine annoncée, que c'est vraiment Washington et Moscou qui dominent la scène.
03:35Finalement, Zelensky est complètement en retrait.
03:38Et l'Europe aussi.
03:39La guerre en Ukraine ne peut pas se faire sans les Ukrainiens.
03:44Les Ukrainiens, pardon, la paix en Ukraine ne peut pas se faire sans les Ukrainiens.
03:48Pourquoi ? Parce que les Ukrainiens tiennent déjà depuis trois ans sur un front de bataille très difficile.
03:55Après, c'est une guerre qui a lieu dans l'Union Européenne.
03:58Donc il faut imaginer que la ligne de front fait 2000 kilomètres.
04:02Donc c'est la distance entre Paris et Budapest.
04:05Vous imaginez si, par exemple, Trump et Poutine se mettent d'accord sur, par exemple, pour geler le conflit pendant 99 ans,
04:13comme on peut lire dans la presse.
04:16C'est un conflit gelé qui aura lieu dans l'Union Européenne.
04:23C'est quelque chose d'assez extraordinaire.
04:27Donc il y a une question sur la non-présence des Européens.
04:31Ça, c'est clair.
04:32Mais il y a aussi une question sur une éventuelle mise des Européens devant le fait accompli.
04:41Et ça, c'est quelque chose de très important, puisque les Européens ne peuvent pas accepter la théorie du fait accompli,
04:47ne peuvent pas accepter le fait accompli.
04:48et ne peuvent pas accepter le fait que Vladimir Poutine, par exemple, puisse être récompensé pour avoir envahi l'Ukraine.
05:00À ce sujet, Adina Révol, on voit un regain de tension en Europe.
05:03La Lituanie qui demande à l'OTAN de l'aider à renforcer sa défense aérienne.
05:07Après avoir révélé que deux drones militaires russes avaient pénétré sur son territoire,
05:12il y a toujours, comme vous le disiez, cette menace qui plane sur l'Europe.
05:18Bien entendu, cette menace, c'est la menace hybride.
05:21Et Vladimir Poutine est un maître dans la menace hybride.
05:25Elle est là depuis très longtemps déjà.
05:28Il s'agit de la menace informationnelle, des petits grignotages territoriaux,
05:33des petites actions comme en Lituanie ou ailleurs, en Roumanie aussi également.
05:38Il y a régulièrement des drones qui tombent, mais on voit bien que l'OTAN se renforce.
05:43L'OTAN se renforçait également par l'arrivée des nouveaux membres.
05:48Et l'OTAN s'est également renforcée, par exemple, sur le flanc Est.
05:52Et dans la Baltique, sur le flanc Est, en Roumanie, l'OTAN est très présente,
05:56notamment avec le bataillon français.
05:58Donc l'OTAN est présente pour aider les pays.
06:03Mais cela ne suffit pas parce qu'en fait, il y a également dans cette attaque hybride
06:09qu'on vit, qu'on est en train de vivre, une attaque informationnelle.
06:13Et le but de cette attaque informationnelle dans tous les États membres de l'Union européenne,
06:17c'est la division de la société.
06:19C'est créer de la désunion dans nos sociétés et finalement attaquer nos démocraties in fine.
06:25Pour revenir sur les perspectives de paix ou l'espoir d'une perspective de paix,
06:31les demandes russes aujourd'hui, qui comprennent notamment la cession de territoire,
06:37elles sont complètement incompatibles avec une solution négociée ?
06:42C'est-à-dire que Vladimir Poutine a envahi l'Ukraine
06:45et il sera finalement récompensé pour avoir envahi l'Ukraine.
06:49Donc c'est la politique du fait accompli.
06:52N'oublions pas les massacres de Boucha, n'oublions pas les enfants qui ont été kidnappés,
06:57qui sont toujours en Russie.
07:00Donc c'est une solution qui sera en dehors de tout droit international.
07:06Or, c'est ce que l'Union européenne dit depuis toujours,
07:09c'est une solution de paix juste et durable,
07:14intègre l'intégrité territoriale de l'Ukraine
07:17et aussi, bien entendu, le retour par exemple des enfants,
07:21ce qui est très important, on en parle très peu,
07:23mais il s'agit des enfants qui ont été kidnappés
07:27et qui sont aujourd'hui en Russie.
07:29Et on n'en parle pas beaucoup.
07:31Adina Révol, pour conclure,
07:33le seul moyen efficace de faire pression sur Moscou aujourd'hui,
07:36c'est que les Indiens et les Chinois
07:39fassent barrage finalement à Vladimir Poutine,
07:43mais ça n'a pas du tout l'air d'être au programme.
07:45Écoutez, il y a deux choses.
07:47L'énergie, c'est la clé,
07:48parce qu'en fait, à travers la rente énergétique,
07:51Vladimir Poutine finance sa guerre.
07:53Donc il faut couper les vivres du financement
07:56de Vladimir Poutine pour la guerre en Ukraine.
08:00Donc ça se fait à travers l'énergie.
08:02Donc il faut mettre effectivement des sanctions secondaires
08:05sur l'Inde et également la Chine.
08:06Mais après, la guerre se gagne sur le champ de bataille.
08:10Donc il faut armer massivement l'Ukraine
08:13pour qu'elle puisse gagner.
08:15Les Européens le font, mais cela ne suffit pas.
08:17Il faut un engagement massif des États-Unis.
08:19Merci Dina Révol pour ce décryptage,
08:21maîtresse de conférence à Sciences Po,
08:23ancienne porte-parole de la Commission européenne en France.

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