- il y a 3 semaines
Code du travail
- Articles L. 1232-2, L. 1232-3, L. 1232-4 et L. 1332-2
- Article L. 1332-2 dans sa rédaction issue de la loi n°2012-387 du 22 mars 2012
- Article L. 1332-2, dans sa rédaction issue de la loi n°2012-387 du 22 mars 2012, et article L. 1232-3, dans sa rédaction résultant de l'ordonnance n°2007-329 du 12 mars 2007 relative au code du travail
Lien vers la décision :
https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2025/20251160_1161_1162QPC.htm
- Articles L. 1232-2, L. 1232-3, L. 1232-4 et L. 1332-2
- Article L. 1332-2 dans sa rédaction issue de la loi n°2012-387 du 22 mars 2012
- Article L. 1332-2, dans sa rédaction issue de la loi n°2012-387 du 22 mars 2012, et article L. 1232-3, dans sa rédaction résultant de l'ordonnance n°2007-329 du 12 mars 2007 relative au code du travail
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00:00:00L'audience est ouverte.
00:00:13Nous commençons cette audience avec les questions prioritaires de constitutionnalité,
00:00:21numéro 2025, 1160, 161, 162,
00:00:25portant sur la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit des articles L-1932-2, L-1932-4 et L-1932-2 du Code du Travail.
00:00:40Madame la Gréfière va d'abord retracer les étapes de la procédure d'instruction pour ces questions,
00:00:46instruction qui précède cette audience de plaidoiries.
00:00:50Je vous remercie, M. le Président.
00:00:52Le Conseil constitutionnel a été saisi le 25 juin 2025 par une décision du Conseil d'Etat
00:00:58et deux arrêts de la Cour de cassation de trois questions prioritaires de constitutionnalité.
00:01:02La première, posée par Mme Neza Benzaï, porte sur la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit
00:01:08des articles L-1232-2 à L-1232-4 du Code du Travail dans leur rédaction issue de l'ordonnance numéro 2007-329 du 12 mars 2007
00:01:19relative au Code du Travail partie législative
00:01:23et de l'article L-1332-2 du même code dans sa rédaction résultant de la loi numéro 2012-387 du 22 mars 2012
00:01:31relative à la simplification du droit et à l'allègement des démarches administratives.
00:01:36La seconde, posée par Mme Clélia Lejeune, porte sur la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit
00:01:43de l'article L-1332-2 du même code dans la même rédaction.
00:01:47La dernière, posée par Mme Céline Laurence, porte sur la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit
00:01:52des articles L-1232-3 et L-1332-2 du même code dans les mêmes rédactions.
00:02:01Ces questions relatives à la notification du droit de se taire aux salariés faisant l'objet d'une procédure de sanction disciplinaire
00:02:06ou de licenciement pour motif personnel ont été enregistrées au secrétariat général du Conseil constitutionnel
00:02:11sous les numéros 2025-1160 QPC, numéro 2025-1161 QPC et numéro 2025-1162 QPC.
00:02:21Dans l'affaire numéro 2025-1160 QPC, M. Frédéric Décor de Claire a produit des observations
00:02:28dans l'intérêt de Mme Neza Benzaidi, partie requérante les 15 et 30 juillet 2025.
00:02:33M. Florence Rebus Delanoé et Laetitia Cadel ont produit des observations dans l'intérêt de la société
00:02:39Hôtel Pacifique Gobelin, Hôtel La Manufacture, partie à l'instance le 16 juillet 2025.
00:02:45M. Benoît Flamand a demandé à intervenir dans l'intérêt de l'Union syndicale solidaire
00:02:48et a produit à cette fin des observations les 11 et 30 juillet 2025.
00:02:53Dans l'affaire numéro 2025-1161 QPC, M. Annaëlle Languil a produit des observations
00:02:58dans l'intérêt de Mme Clélia Lejeune, partie requérante les 16 et 24 juillet 2025.
00:03:04M. Delphine Dreuzet a produit des observations dans l'intérêt de l'association Centra Plus,
00:03:09partie à l'instance le 16 juillet 2025.
00:03:12Dans l'affaire numéro 2025-1162 QPC, la SAS d'Ibri et Texier a produit des observations
00:03:18dans l'intérêt de Mme Céline Laurence, partie requérante les 16 et 30 juillet 2025.
00:03:23Le cabinet François Pinet a produit des observations dans l'intérêt de l'association Handicap Autisme
00:03:27Association réunie du Paris 6, partie à l'instance le 16 juillet 2025.
00:03:32M. Benoît Flamand a demandé à intervenir dans l'intérêt de l'Union syndicale solidaire
00:03:36et a produit à cette fin des observations les 11 et 30 juillet 2025.
00:03:40M. Benoît Flamand a également demandé à intervenir dans l'intérêt de Mme Karine Caillé
00:03:45et a produit à cette fin des observations les 25 juin et 30 juillet 2025.
00:03:49Le Premier ministre a produit des observations le 15 juillet 2025 dans les trois affaires.
00:03:53Seront entendus aujourd'hui les avocats des parties requérantes, les avocats des parties à l'instance,
00:03:58l'avocat des parties intervenantes et le représentant du Premier ministre.
00:04:00Merci Mme la Greffière. M. Frédéric Descors-de-Claire, vous êtes avocat au Conseil.
00:04:10M. David Van Der Lys, vous êtes avocat au Barreau de Paris.
00:04:13Et vous représentez Mme Neza Mensahidi, partie requérante dans l'affaire Cité.
00:04:20M. nous écouterons successivement pour cinq minutes chacun. Vous avez la parole.
00:04:24Merci M. le Président, M. le Président, Mesdames et Messieurs du Conseil.
00:04:29Avant de passer la parole à M. Van Der Blist, qui nous parlera des enjeux concrets,
00:04:33d'une obligation pour l'employeur de notifier aux salariés le droit de garder le silence,
00:04:37j'évoquerai le champ d'application de ce droit.
00:04:40Tout d'abord pour réfuter la prétendue appartenance des règles examinées au domaine contractuel.
00:04:45Et ensuite pour constater que, compte tenu des domaines où le droit en question a été reconnu,
00:04:51rien ne justifierait de le refuser aux seuls salariés.
00:04:55Il n'est tout d'abord pas question ici de vous immiscer dans la sphère contractuelle,
00:04:58comme vous avez pourtant pu le lire dans les écritures adverses,
00:05:01avec pour cette défense un double objectif.
00:05:04D'abord, contester la nature véritablement disciplinaire des règles dont nous dénonçons la constitutionnalité.
00:05:10Ensuite, dresser une forme d'épouvantail, en prédisant, en cas de déclaration d'inconstitutionnalité,
00:05:16une sorte de machine à faire exploser le contrat, devenu immétrisable.
00:05:21En pratiquant à cette fin un impressionnant bond d'un siècle en arrière,
00:05:25il nous est opposé que le pouvoir disciplinaire de l'employeur n'en serait pas véritablement un,
00:05:29parce qu'il relèverait donc de la matière contractuelle, un pleut comme la clause résolutoire.
00:05:34Nous savons pourtant qu'il n'en est rien.
00:05:35Abandonnant ce mythe contractuel, le pouvoir disciplinaire a, dès la première moitié du siècle dernier,
00:05:42été expliqué sous le prisme de la théorie institutionnelle de l'entreprise,
00:05:46comme une prérogative nécessaire de l'autorité patronale,
00:05:49ayant un caractère fonctionnel et étant exercé dans l'intérêt de l'entreprise.
00:05:54L'employeur s'est alors vu reconnaître un pouvoir disciplinaire inhérent à sa qualité.
00:05:58Puis, ayant constaté un tel pouvoir, il est apparu nécessaire de l'encadrer pour faire échapper les salariés à son arbitraire.
00:06:06La loi du 4 août 1982, relative aux libertés des travailleurs dans l'entreprise,
00:06:10a pour cette raison instauré le droit disciplinaire,
00:06:13en fixant un ensemble de règles destinées à encadrer l'exercice par l'employeur de ce pouvoir
00:06:18et à garantir aux salariés la protection de leurs droits fondamentaux et de leur liberté individuelle.
00:06:25Raison pour laquelle ce droit relève de la loi et non du règlement,
00:06:29conformément à l'article 34 de notre Constitution.
00:06:33C'est ainsi le droit du travail lui-même et non le contrat qui reconnaît et consacre l'existence de ce pouvoir.
00:06:39La matière d'ordre public est totalement soustraite à la volonté des partis
00:06:44et est en cela parfaitement identique aux autres domaines disciplinaires
00:06:48dans lesquels vous avez constaté la constitutionnalité du droit de garder le silence.
00:06:53S'agissant du champ d'application actuel de ce droit, justement,
00:06:58il a affirmé en défense que la notification du droit de garder le silence
00:07:01ne s'imposerait qu'à l'État ou aux autorités de sanction des professions réglementées.
00:07:06En justifiant cette assertion par la seule énumération des actuels bénéficiaires du droit de garder le silence,
00:07:14c'est ce que l'on appelle un sophisme de généralisation hâtive
00:07:17qui ignore délibérément le raisonnement que vous avez suivi jusqu'ici.
00:07:22Pour étendre le domaine d'application de la règle au-delà du droit pénal,
00:07:26vous avez synthétisé votre jurisprudence sur le droit de garder le silence dans cette matière
00:07:30et celle par laquelle vous avez reconnu que les garanties tirées des articles 8 et 9 de la déclaration de 1789
00:07:37ne concernent pas seulement les peines prononcées par les juridictions répressives,
00:07:42mais également toutes sanctions ayant le caractère d'une punition.
00:07:46Et ce, sans le justifier à aucun moment par la nature étatique
00:07:51ou de contrôleur d'une profession réglementée de l'auteur de la sanction en question.
00:07:55Vous déduisez désormais de l'article 9 de la déclaration de 1789
00:07:59que ce droit s'impose lorsqu'un professionnel est poursuivi disciplinairement,
00:08:04qu'il soit magistrat, militaire, membre d'une chambre régionale des comptes ou fonctionnaire.
00:08:10Si vous avez écarté ce droit pour les notaires,
00:08:12c'est parce que leur régime ne relève pas du domaine de la loi.
00:08:16Pour les auditions sur place réalisées par l'autorité des marchés financiers,
00:08:19parce qu'elles n'ont pas pour objet de recueillir les explications de personnes mises en cause.
00:08:23Pour le référent environnemental, parce que celui-ci n'a pas une nature répressive.
00:08:29Aucune de ces justifications de mise à l'écart du droit de garder le silence ne vaut pour les salariés.
00:08:34De sorte que l'on ne comprendrait pas comment un salarié serait privé du même droit qu'un fonctionnaire
00:08:39lorsqu'on le confronte au manquement qu'il aurait commis,
00:08:42alors même qu'ils se trouvent tous deux, à cet égard, dans des conditions strictement identiques.
00:08:47Comment prétendre qu'un licenciement pour faute grave, notamment,
00:08:51ne constitue pas une sanction ayant le caractère d'une punition ?
00:08:55Vous avez certes déjà jugé que les fonctionnaires sont dans une situation différente
00:08:59de celle des salariés du secteur privé,
00:09:01pour refuser de censurer certaines inégalités entre leurs régimes respectifs.
00:09:05Il n'en demeure pas moins.
00:09:07Qu'aucune différence de situation ne justifierait ici de déroger,
00:09:10à ce point, au principe selon lequel la loi doit être la même pour tous,
00:09:14soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.
00:09:17Aucune justification ne permet, en tout état de cause,
00:09:20d'exclure les seuls salariés du bénéfice de ce droit
00:09:23lorsque les conditions de sa reconnaissance,
00:09:26que vous avez su poser avec justesse par vos récentes décisions,
00:09:31se trouvent réunis.
00:09:33Ceux, à plus forte raison, ont vu des conséquences graves
00:09:35qu'emporte l'absence de consécration de ce droit à ce jour,
00:09:38comme il va maintenant, vous êtes rappelé.
00:09:41Je vous remercie de m'avoir écouté.
00:09:44Merci, Maître. Maître Oseille, à parole.
00:09:47De mon côté, je reviendrai sur les enjeux qui sont des enjeux d'ordre pratique
00:09:51par rapport à la notification du droit au silence.
00:09:54Je dirais premièrement qu'il y a un enjeu assez fondamental
00:09:56sur la conception de ce que c'est que l'entretien préalable.
00:10:00Un enjeu à rappeler que l'entretien préalable,
00:10:03d'une certaine façon, c'est une sorte de bulle
00:10:05au sein du lien de subordination.
00:10:07Le contrat de travail, c'est un salarié
00:10:09qui travaille pour un employeur avec un lien de subordination.
00:10:13Quand l'employeur demande à un salarié de faire quelque chose,
00:10:15c'est un ordre.
00:10:16L'entretien préalable, c'est le moment où l'employeur
00:10:19va demander au salarié des explications,
00:10:22mais c'est un temps où le salarié doit être libre de sa défense
00:10:25puisqu'il n'est pas là pour répondre à des ordres.
00:10:27C'est un temps où il a le choix de répondre
00:10:29de la façon qu'il le souhaite ou de ne pas répondre.
00:10:31Permettre une notification du droit au silence,
00:10:35c'est rappeler que ce temps doit échapper
00:10:37aux liens de subordination.
00:10:39Et ça, c'est absolument fondamental
00:10:40pour permettre que cet entretien joue son rôle à plein.
00:10:46Cette notification est essentielle
00:10:47puisqu'on a vu ces dernières années
00:10:49des évolutions jurisprudentielles
00:10:51qui font que désormais,
00:10:53les preuves déloyales ou illicites
00:10:54sont admises devant le juge judiciaire.
00:10:56Ce qui fait qu'on a d'ores et déjà des dossiers
00:10:58où des enregistrements clandestins d'entretien préalable
00:11:01sont présentés au juge prud'homal
00:11:04pour tenter d'établir la caractérisation des faits.
00:11:08Ce temps-là, du coup, l'entretien devient un temps à charge
00:11:11pendant lequel le salarié peut dégrader ses droits,
00:11:13s'incriminer,
00:11:15et ça peut être utilisé derrière pour lui nuire.
00:11:18D'où la nécessité impérieuse de le protéger.
00:11:22Alors en face, on vient vous dire
00:11:23qu'il y a une immunité de cet entretien
00:11:25et donc finalement qu'il n'y aurait aucune conséquence
00:11:27et que la jurisprudence de la Cour de cassation
00:11:28vous dirait qu'on ne peut pas sanctionner les faits,
00:11:30les propos tenus à l'occasion de l'entretien.
00:11:32C'est une dénaturation de la jurisprudence de la Cour de cassation
00:11:34qui vous dit que certes,
00:11:36on ne peut pas sanctionner les propos du salarié
00:11:38tenu dans l'exercice de sa défense,
00:11:40sauf abus,
00:11:41l'abus étant reconnu comme une possibilité de sanctionner,
00:11:44mais pour autant,
00:11:45il a été admis que l'employeur puisse se référer
00:11:48dans la lettre de licenciement
00:11:49à la reconnaissance des faits par le salarié
00:11:53au cours de l'entretien.
00:11:53Et même, on vous a trouvé une décision
00:11:56de la Cour de cassation
00:11:57qui est venue vous dire
00:11:57que la Cour d'appel avait pu caractériser les faits
00:12:02en retenant que le salarié avait reconnu les faits
00:12:06à l'occasion de l'entretien préalable,
00:12:07donc une appréciation souveraine.
00:12:09Donc le salarié peut concrètement se nuire.
00:12:12Cet enjeu de protection,
00:12:13il a lieu pour protéger le salarié
00:12:15contre la rupture de son contrat,
00:12:16mais il a lieu aussi par rapport au risque pénal.
00:12:19Et par rapport à ça,
00:12:21j'insisterai sur le fait qu'il y a énormément de situations
00:12:23où vous avez un cumul de qualifications.
00:12:26Ce qui est en cause,
00:12:26c'est une éventuelle infraction par le salarié,
00:12:28et l'infraction commise par le salarié
00:12:30constitue une faute disciplinaire susceptible
00:12:32de caractériser un motif de licenciement.
00:12:36Et ces dernières années,
00:12:37vous avez pu l'observer,
00:12:38dans l'entreprise,
00:12:39on a une explosion des mécanismes d'enquête interne,
00:12:41harcèlement, discrimination, compliance, etc.
00:12:43Et donc l'entretien,
00:12:46l'audition du salarié devient absolument essentiel.
00:12:49Et ce qui sera,
00:12:50dit les comptes rendus d'audition,
00:12:52ce qui sera dans l'enquête interne,
00:12:53pourra se retrouver dans un dossier pénal.
00:12:56L'enquête pénale aujourd'hui
00:12:57commence assez largement dans et par l'entreprise.
00:13:01D'où l'enjeu essentiel de faire en sorte
00:13:02que les déclarations du salarié
00:13:04ne soient pas utilisées derrière
00:13:05dans une procédure pénale pour lui nuire.
00:13:08Et par rapport à ça,
00:13:09j'aimerais quand même faire une petite analogie.
00:13:11Vous savez que le droit au silence
00:13:12a d'abord été consacré à l'occasion des gardes à vue,
00:13:15des auditions à proprement dite en matière pénale
00:13:17pour établir la culpabilité.
00:13:19Et en 2021,
00:13:20vous avez une série de décisions
00:13:21que votre conseil a rendues.
00:13:22Vous avez fait un premier élargissement
00:13:24qui concernait initialement la matière pénale.
00:13:29Et vous avez jugé que,
00:13:30s'agissant d'une saisine du juge des libertés
00:13:32et de la détention,
00:13:33avant une comparution immédiate
00:13:34pour déterminer les mesures de sûreté.
00:13:36Donc les détentions provisoires,
00:13:38les contrôles judiciaires.
00:13:39Lors des auditions de mineurs
00:13:40par la protection judiciaire de la jeunesse,
00:13:43lors des auditions par le juge
00:13:46des libertés et de la détention
00:13:47sur le poste sententiel,
00:13:49enfin sur l'aménagement des mesures de sûreté,
00:13:51à cette occasion-là aussi,
00:13:53il fallait notifier le droit au silence
00:13:56en jugeant que le fait
00:13:57que le juge pose des questions au salarié,
00:13:59aux mises en cause,
00:14:00pouvait faire en sorte
00:14:01qu'il se sente un devoir d'y répondre.
00:14:04Et deuxièmement,
00:14:05que ce qui serait dit à l'occasion de ces entretiens
00:14:07était susceptible d'être utilisé derrière
00:14:10par le juge pour caractériser la culpabilité.
00:14:12On est dans la même situation.
00:14:14Ce qui est dit par le salarié à l'entretien
00:14:15est susceptible d'être utilisé
00:14:17pour caractériser l'infraction.
00:14:20Enfin, et je terminerai juste par là,
00:14:23sur la question de l'effet de votre décision
00:14:26et de la modulation éventuelle de ces effets.
00:14:29J'insisterai sur le fait que,
00:14:31quand on fait une QPC,
00:14:32il y a un enjeu essentiel
00:14:33dans l'effectivité de la norme constitutionnelle.
00:14:36Et vouloir systématiquement aménager les effets
00:14:39pour en prévenir les conséquences
00:14:41est susceptible de vider l'intérêt
00:14:44qu'a le justiciable de vous saisir.
00:14:46Et derrière, c'est un affaiblissement
00:14:47des normes constitutionnelles.
00:14:49Alors, on vient vous dire
00:14:50que vous pourriez, d'une certaine façon,
00:14:52comme vous l'avez fait dans d'autres décisions,
00:14:54dire simplement que le juge ne prendra pas en compte
00:14:56ce qui a été reconnu par le salarié
00:14:59au cours de l'entretien préalable
00:15:00si vous entrez en voie de censure
00:15:01en attendant une nouvelle disposition législative.
00:15:03Cette analyse ne serait pas satisfaisante.
00:15:06Pourquoi ?
00:15:07Parce que l'employeur, il a un pouvoir
00:15:08qui n'est pas un pouvoir d'un juge.
00:15:11Il n'y a pas de compte rendu
00:15:12de l'entretien préalable fait par l'employeur.
00:15:13Ce qui s'est dit au cours de l'entretien préalable,
00:15:15vous n'en aurez pas directement trace.
00:15:17Et l'employeur n'est pas là uniquement pour sanctionner
00:15:20lorsqu'il estime qu'une infraction est caractérisée.
00:15:22On n'est pas face au juge pénal
00:15:23où c'est binaire, c'est caractérisé,
00:15:25c'est pas caractérisé.
00:15:26Et puis après, on apprécie la sanction.
00:15:27En l'occurrence, l'employeur,
00:15:29il apprécie l'opportunité de la sanction
00:15:33prise de décision, tout est susceptible de jouer.
00:15:36Et dans sa lettre de licenciement,
00:15:37il ne s'explique pas sur le raisonnement
00:15:38qui a été retenu.
00:15:39Ce qui veut dire concrètement que,
00:15:41quand bien même dans la lettre de licenciement,
00:15:43il ne fait pas directement référence
00:15:44aux propos tenus par le salarié,
00:15:46les propos qui ont été tenus par le salarié
00:15:48ont peut-être été déterminants
00:15:50de la décision de l'employeur.
00:15:51D'où la nécessité d'avoir une censure claire,
00:15:54immédiate, applicable de façon rétroactive,
00:15:56qui, je vous rassure, n'aura pas
00:15:57de conséquences excessives.
00:16:00Si le licenciement est établi,
00:16:01on serait sur une simple irrégularité de procédure,
00:16:03donc sanctionnée par au maximum
00:16:05un mois de salaire.
00:16:06En revanche, s'agissant des salariés protégés,
00:16:08on aurait une vraie vérification
00:16:09par l'inspection du travail,
00:16:10qui, comme on est sûr des normes fondamentales,
00:16:13devrait demander à ce que l'entretien,
00:16:15soit le cas échéant,
00:16:16refait en refusant d'autoriser
00:16:18le licenciement à date.
00:16:19Je vous remercie.
00:16:20Merci, Maître.
00:16:22Maître Laetitia Cadel,
00:16:25vous êtes avocate au bord de Paris
00:16:27et vous représentez la société
00:16:30Hôtel Pacifique Gobelin,
00:16:32partie à l'instance dans l'affaire 2025-1160 QPC.
00:16:37Vous avez la parole.
00:16:39Merci, M. le Président.
00:16:40M. le Président,
00:16:41Mesdames, Messieurs,
00:16:41les membres du Conseil,
00:16:42Alors, voilà, pour commencer,
00:16:45quelques mots d'introduction
00:16:47pour rappeler brièvement le contexte
00:16:49dans lequel cette affaire intervient.
00:16:51Nous sommes ici dans le cadre
00:16:52d'un litige survenu
00:16:54au sein d'un petit établissement hôtelier
00:16:56qui a été confronté
00:16:58à plusieurs signalements de harcèlement moral
00:16:59par la salariée protégée.
00:17:03Donc, l'hôtel a mis en place
00:17:04une enquête interne pour établir
00:17:06si, oui ou non,
00:17:07il y avait des faits de harcèlement moral
00:17:08et l'enquête a confirmé ces éléments.
00:17:12Il y a donc un licenciement pour faute grave
00:17:15qui a été autorisé par le ministère du Travail.
00:17:18Et depuis, la salariée multiplie
00:17:20les procédures à l'encontre de la société
00:17:22dont cette question prioritaire
00:17:24de constitutionnalité
00:17:25qui vient devant vous aujourd'hui.
00:17:27Elle prétend donc que le droit de ce terme
00:17:29ne lui aurait pas été notifié
00:17:31dans le cadre de l'entretien préalable.
00:17:33Mais un point est important
00:17:35à souligner d'ores et déjà,
00:17:37c'est qu'aucune des déclarations
00:17:38que la salariée n'a faites
00:17:40n'a faites pendant son entretien préalable
00:17:42n'ont été utilisées contre elle
00:17:45pour motiver son licenciement.
00:17:48La lettre de licenciement,
00:17:49c'est ma pièce numéro une,
00:17:51elle se base uniquement
00:17:52sur les résultats de l'enquête
00:17:54qui a été menée au sein de l'hôtel
00:17:56et qui ont confirmé
00:17:57donc les faits de harcèlement moral.
00:17:58Et la salariée a pu s'exprimer également
00:18:01dans le cadre de cette enquête
00:18:02et vous verrez également
00:18:04que dans son recours
00:18:05devant le tribunal administratif,
00:18:07elle n'a soulevé initialement
00:18:08aucune méconnaissance de ce droit.
00:18:11Voilà, donc ça, c'est simplement
00:18:12un point qu'il faut avoir en tête.
00:18:15Ensuite, mon propos s'articulera
00:18:16autour de deux séries d'observations.
00:18:18La première observation que je souhaite faire,
00:18:21c'est sur la procédure disciplinaire,
00:18:24les garanties qui sont prévues
00:18:26par la procédure disciplinaire
00:18:27applicable aux salariés.
00:18:29Alors, pourquoi ?
00:18:30Quelles sont ces garanties ?
00:18:32Je tiens à rappeler
00:18:33que l'entretien préalable,
00:18:34il a été instauré
00:18:36comme un débat contradictoire
00:18:38entre l'employeur d'un côté
00:18:39et le salarié de l'autre.
00:18:41Et le salarié, en fait,
00:18:43est convoqué pour donner
00:18:44ses explications, son avis
00:18:46sur les faits qui lui sont reprochés.
00:18:49Et la jurisprudence,
00:18:49elle instaure une véritable immunité
00:18:52de parole du salarié
00:18:53dans le cadre de cet entretien,
00:18:55c'est-à-dire que les propos
00:18:56qu'il dit ne peuvent pas être
00:18:57retenus contre lui.
00:18:59À cela s'ajoute la possibilité
00:19:01pour le salarié d'être assisté
00:19:03par une personne extérieure.
00:19:06Et tout ça, en fait,
00:19:07participe à l'équilibre
00:19:09de la procédure disciplinaire
00:19:10applicable aux salariés.
00:19:12Donc, tout ça pour vous dire
00:19:13qu'il n'existe aucun risque
00:19:15d'auto-incrimination du salarié
00:19:17lors de cet entretien préalable.
00:19:19Et vous remarquerez,
00:19:21en fait, c'est une phase
00:19:23de conciliation et non une enquête
00:19:25destinée à établir
00:19:27la réalité des faits.
00:19:28Et d'ailleurs, l'entretien préalable,
00:19:29il est prévu également
00:19:30pour d'autres procédures
00:19:32de rupture du contrat,
00:19:33que ce soit un licenciement
00:19:34pour inaptitude,
00:19:35insuffisance professionnelle,
00:19:37économique.
00:19:38Voilà.
00:19:38Donc, l'entretien préalable
00:19:39n'est pas là pour mener
00:19:41une enquête contre le salarié.
00:19:43Et c'est là la différence fondamentale,
00:19:46à mon sens,
00:19:46avec les précédentes décisions
00:19:48qui ont été rendues
00:19:49dans le cadre d'ordres professionnels,
00:19:53donc pour des magistrats,
00:19:55des militaires,
00:19:55des fonctionnaires,
00:19:57où, en fait, là,
00:19:58en l'espèce,
00:19:59c'était des autorités
00:20:00qui étaient investies
00:20:01d'un pouvoir de sanction
00:20:04au nom de l'État.
00:20:05Parce que là, nous,
00:20:06nous sommes dans un cadre privé
00:20:08où il y a des garanties suffisantes
00:20:11qui ne permettent pas
00:20:12une auto-incrimination du salarié,
00:20:15là où, justement,
00:20:16ces professionnels
00:20:17pouvaient être susceptibles
00:20:18de s'auto-incriminer
00:20:19dans le cadre
00:20:20des procédures disciplinaires
00:20:21qui sont prévues.
00:20:23Donc, à mon sens,
00:20:24l'extension du droit de ce terme
00:20:26doit être envisagée
00:20:27avec prudence,
00:20:28c'est-à-dire qu'il faut prendre en compte
00:20:30la nature de la sanction,
00:20:31le contexte,
00:20:32l'activité,
00:20:33les éventuelles règles
00:20:35qui sont prévues,
00:20:36des règles déontologiques,
00:20:37par exemple,
00:20:38et les garanties
00:20:39qui sont mises en place.
00:20:40Et c'est exactement
00:20:41la position de la Cour européenne
00:20:43des droits de l'homme
00:20:44qui retient que la protection
00:20:46d'une personne amenée
00:20:48à être entendue
00:20:49doit être assurée
00:20:50par des moyens appropriés
00:20:52à la nature de la sanction
00:20:54et au degré
00:20:55de sévérité
00:20:57de la sanction.
00:20:59Et donc, par exemple,
00:21:00on peut se demander
00:21:00si on continue
00:21:01d'étendre le droit
00:21:02de se taire,
00:21:03faudra-t-il également
00:21:04notifier un élève
00:21:05dans le cadre
00:21:06d'un établissement scolaire
00:21:08qui va être convoqué
00:21:09pour une sanction disciplinaire.
00:21:10Pour moi,
00:21:12en droit du travail,
00:21:14reconnaître le droit
00:21:15de se taire
00:21:16pour les salariés
00:21:17reviendrait à vider de sens
00:21:18l'immunité de parole
00:21:20dont bénéficie déjà le salarié.
00:21:22Et même,
00:21:22ça pourrait être contre-productif
00:21:24à instaurer
00:21:26un climat de défiance
00:21:27pendant l'entretien préalable
00:21:30et justement dissuader
00:21:31le salarié
00:21:32de s'expliquer
00:21:33là où justement
00:21:34le droit actuel
00:21:35permet un dialogue
00:21:36sécurisé
00:21:37et sans risque
00:21:38pour le salarié.
00:21:40Pour moi,
00:21:40c'est un véritable danger
00:21:41pour la fluidité
00:21:43des relations sociales
00:21:45entre salariés
00:21:46et employeurs
00:21:47dans le cadre
00:21:47d'une procédure disciplinaire.
00:21:51Ma deuxième observation
00:21:52que je souhaite faire
00:21:53devant vous,
00:21:54c'est,
00:21:55tiens,
00:21:55à la nature même
00:21:56du licenciement disciplinaire.
00:21:59On a tendance
00:21:59à l'oublier,
00:22:00mais initialement,
00:22:01le contrat de travail,
00:22:02c'est un contrat.
00:22:04Il répond aux règles
00:22:04de droit commun,
00:22:05c'est prévu
00:22:06par le Code du travail.
00:22:07Donc,
00:22:08on peut appliquer
00:22:08les vices de consentement.
00:22:10Le salarié peut lui aussi
00:22:11mettre fin
00:22:11à la relation contractuelle.
00:22:14Et donc,
00:22:15on voit vraiment
00:22:15qu'il y a une primauté
00:22:16de la logique,
00:22:17une logique contractuelle
00:22:19plus que disciplinaire
00:22:20dans le cadre
00:22:21d'un licenciement disciplinaire.
00:22:24En fait,
00:22:24c'est plutôt,
00:22:25c'est avant tout
00:22:26un acte de résiliation
00:22:27du contrat,
00:22:29un acte de modalité
00:22:31de la rupture du contrat
00:22:32et non une sanction
00:22:33au sens du droit pénal.
00:22:36Alors,
00:22:37qu'est-ce que cela engendrait
00:22:38de reconnaître
00:22:39un droit de se taire
00:22:40pour les salariés ?
00:22:42En fait,
00:22:42on introduirait donc,
00:22:44au-delà du droit du travail,
00:22:45également,
00:22:46en matière contractuelle,
00:22:47des principes
00:22:48de droit pénal
00:22:49qui n'ont pas lieu d'être,
00:22:50dont la logique
00:22:51diffère fondamentalement.
00:22:54Et puis,
00:22:54cela pourra compromettre
00:22:55également,
00:22:57très sévèrement,
00:22:58les pratiques
00:22:59qui sont bien établies
00:23:00au sein des entreprises.
00:23:01Et c'est pourquoi
00:23:03il est évident
00:23:04qu'en cas de déclaration
00:23:05d'inconstitutionnalité,
00:23:07il convient de différer
00:23:08l'application
00:23:09dans le temps
00:23:10de la décision
00:23:11puisque cela créera
00:23:13une insécurité totale
00:23:14pour les employeurs
00:23:15et les salariés
00:23:16et beaucoup de contentieux.
00:23:19Donc,
00:23:19mon propos aujourd'hui,
00:23:20c'est de vous dire,
00:23:22oui,
00:23:22l'extension du droit
00:23:22de se taire
00:23:23est légitime
00:23:24dans certains cas
00:23:25pour certaines procédures
00:23:26disciplinaires.
00:23:27Oui,
00:23:28la tentation est grande
00:23:29de l'aligner là
00:23:30dans le cadre
00:23:30de l'entretien prélève
00:23:32d'un salarié.
00:23:33Mais cette analogie,
00:23:34à mon sens,
00:23:35est dénuée
00:23:36et est infondée
00:23:38dans le cadre du travail
00:23:39puisqu'il existe
00:23:40des garanties suffisantes,
00:23:42notamment l'immunité
00:23:43de propos
00:23:44et la nature contractuelle
00:23:46du licenciement disciplinaire
00:23:48qui font que la procédure
00:23:50respecte parfaitement
00:23:51les dispositions
00:23:53constitutionnelles.
00:23:55Donc,
00:23:55pour ces raisons,
00:23:56il n'est ni utile
00:23:57ni souhaitable
00:23:58d'introduire
00:23:59un droit de se taire
00:24:00dans le cadre
00:24:00des procédures disciplinaires
00:24:02des salariés.
00:24:05Merci,
00:24:06Maître.
00:24:08Maître Annel Languil,
00:24:10vous êtes avocate
00:24:11au barreau de Rouen
00:24:12et vous représentez
00:24:14Madame Clélia Lejeune,
00:24:15partie requérante
00:24:16dans l'affaire 1161 QPC.
00:24:20Nous vous écoutons.
00:24:20Merci,
00:24:21Monsieur le Président.
00:24:22Mesdames,
00:24:22Messieurs du Conseil constitutionnel,
00:24:25vous êtes saisie
00:24:26dans trois affaires distinctes
00:24:28d'une QPC
00:24:29sur le point de savoir
00:24:29si les dispositions
00:24:30du Code du travail
00:24:31sont conformes
00:24:33à la Constitution
00:24:33et plus précisément
00:24:34à l'article 9
00:24:35de la Déclaration des droits
00:24:36de l'homme
00:24:36et du citoyen
00:24:37en ce qu'à ce jour,
00:24:39elle ne prévoit pas
00:24:40le droit de se taire
00:24:41dans le cadre
00:24:41de la procédure disciplinaire
00:24:43et l'information
00:24:44des salariés
00:24:45de ce droit
00:24:45préalablement à l'entretien.
00:24:48Je veux croire
00:24:48que la simultanéité
00:24:49de nos trois procédures
00:24:52et de nos trois questions
00:24:53témoigne de l'importance
00:24:55pour les salariés
00:24:57de ce sujet
00:24:58et de la nécessité
00:24:59de poursuivre
00:25:00le mouvement
00:25:01jurisprudentiel
00:25:02que vous avez initié
00:25:03pour la matière disciplinaire
00:25:05depuis le 8 décembre 2023.
00:25:08Mes confrères
00:25:09Maître Van der Liste
00:25:10et Maître Décord-Eclair
00:25:12ont déjà brillamment
00:25:12plaidé les arguments
00:25:14en faveur
00:25:15de l'inconstitutionnalité
00:25:17des dispositions litigieuses.
00:25:19Je ne vais pas
00:25:19alourdir les débats
00:25:20et je vous propose
00:25:20de revenir sur trois points.
00:25:23Le premier point,
00:25:24je souhaite revenir
00:25:25sur l'argument
00:25:27en faveur
00:25:28de la constitutionnalité
00:25:31des dispositions
00:25:32du travail
00:25:33qui est de dire
00:25:33selon les employeurs
00:25:35et selon le représentant
00:25:36de M. le représentant
00:25:38du Premier ministre
00:25:39que l'entretien préalable
00:25:42serait institué
00:25:43en faveur du salarié
00:25:45et il n'y aurait aucun risque
00:25:47pour celui-ci
00:25:48de s'auto-incriminer
00:25:50au moment de cet entretien.
00:25:52Je crois que c'est un argument
00:25:53qui ne vous retiendra pas longtemps
00:25:55dans la mesure
00:25:55où vous l'avez déjà écarté
00:25:57pour les fonctionnaires
00:25:58et que le salarié
00:25:59se trouve dans la même situation
00:26:01que le fonctionnaire
00:26:03au moment de l'entretien préalable
00:26:04à savoir susceptible
00:26:06de faire des déclarations spontanées
00:26:08en face d'un employeur
00:26:10ou de son représentant
00:26:11qui pourra les prendre en compte
00:26:13pour infliger ou non une sanction.
00:26:16Surtout, je crois que cet argument
00:26:18méconnaît la réalité totale
00:26:20de ce qu'est l'entretien préalable.
00:26:22Au cours de l'entretien préalable,
00:26:24le salarié, concrètement,
00:26:26est dans une situation de fragilité.
00:26:29Fragilité, pourquoi ?
00:26:30Parce qu'il a reçu une convocation
00:26:32où dans la majorité des cas,
00:26:34on lui a dit qu'il est convoqué
00:26:35pour une sanction
00:26:36pouvant aller jusqu'au licenciement.
00:26:39Vous avez donc un salarié
00:26:40qui a peur pour son avenir, concrètement.
00:26:43Et puis, vous avez un salarié
00:26:45qui, en fonction de sa profession,
00:26:49en fonction de son milieu,
00:26:50en fonction de son tempérament,
00:26:52tout simplement,
00:26:53ne va pas être à l'aise
00:26:54avec la situation de l'entretien préalable,
00:26:56qui est quand même une sorte
00:26:57de confrontation avec son employeur,
00:26:59pas seulement un dialogue,
00:27:00et puis qui peut être mal à l'aise
00:27:02avec le fait de s'exprimer.
00:27:04Vous avez enfin, et on vous le dit,
00:27:06effectivement un salarié
00:27:08qui peut être assisté,
00:27:09mais ça ne reste qu'une possibilité,
00:27:11ce n'est pas une obligation.
00:27:12Et parfois, vous avez des salariés
00:27:14qui vont éprouver des difficultés
00:27:15à les solliciter de l'aide
00:27:18auprès des représentants du personnel,
00:27:20qui ne vont pas être forcément
00:27:22au courant de ces dispositions
00:27:24et qui ne vont pas avoir recours
00:27:26à cette assistante.
00:27:27Donc finalement,
00:27:28au cours de l'entretien préalable,
00:27:30on a, et on le voit régulièrement,
00:27:32des salariés qui peuvent reconnaître
00:27:34des faits qu'ils ont commis ou pas.
00:27:36Par ailleurs, et c'est rappelé
00:27:37dans les écritures,
00:27:39l'employeur peut tout à fait opposer
00:27:41au salarié un compte-rendu
00:27:43de cet entretien.
00:27:45Donc ce compte-rendu
00:27:46pourra être jugé recevable
00:27:47contre le salarié.
00:27:49Par ailleurs,
00:27:49au vu de l'évolution des technologies,
00:27:52de notre société
00:27:53et de la jurisprudence,
00:27:54nous pourrions avoir
00:27:55un enregistrement de cet entretien
00:27:57qui, là encore,
00:27:58peut être utilisé contre le salarié.
00:28:00Enfin, et surtout,
00:28:02par rapport aux autres situations
00:28:03que vous avez déjà eues à connaître,
00:28:05les magistrats,
00:28:06les professions réglementées,
00:28:08les fonctionnaires,
00:28:09le salarié est dans une situation
00:28:11particulière.
00:28:12À la différence
00:28:13des autres professionnels,
00:28:15au moment de l'entretien préalable,
00:28:18le salarié ne sait pas exactement
00:28:20ce qu'on lui reproche
00:28:21quand il rentre
00:28:22à cet entretien préalable
00:28:23et il ne sait pas
00:28:25ce qu'il y a
00:28:26dans le dossier disciplinaire
00:28:27constitué par l'employeur.
00:28:29Il n'en a absolument pas connaissance.
00:28:31Ça signifie quoi concrètement ?
00:28:34Ça signifie qu'un salarié
00:28:35un peu bavard
00:28:36ou un employeur
00:28:37avec des questions ouvertes,
00:28:39vous avez un salarié
00:28:40qui pourrait reconnaître
00:28:41des faits
00:28:42dont même l'employeur
00:28:43n'a pas connaissance
00:28:44à ce stade
00:28:45parce qu'il ne sait absolument pas
00:28:47ce qu'il y a
00:28:47dans ce dossier disciplinaire.
00:28:48Donc, vous le voyez,
00:28:49le risque d'auto-incrimination
00:28:51est manifeste
00:28:52et bien évidemment,
00:28:54le droit de se taire
00:28:54serait une garantie
00:28:55pour le salarié,
00:28:56en tout cas,
00:28:57le fait d'en être informé.
00:28:59En second lieu,
00:28:59pour tenter de limiter
00:29:01l'évolution
00:29:01de votre jurisprudence,
00:29:04il est prétendu
00:29:05que le droit de se taire
00:29:06ne peut trouver
00:29:07à s'appliquer
00:29:07pour les salariés
00:29:08dès lors que l'employeur
00:29:10tirerait son pouvoir
00:29:12de sanction
00:29:12uniquement du contrat
00:29:14et donc,
00:29:15nous ne serions pas
00:29:15en face d'une sanction
00:29:16ayant le caractère
00:29:17d'une punition
00:29:18au regard de votre jurisprudence.
00:29:20Je crois que cet argument
00:29:21peut appeler deux observations.
00:29:23D'une part,
00:29:24il me semble,
00:29:25au regard de vos décisions,
00:29:26que pour qualifier
00:29:27une sanction de punition,
00:29:29il faut surtout s'attacher
00:29:30non pas à l'auteur
00:29:30mais à la finalité
00:29:31de la mesure
00:29:32et en l'espèce,
00:29:33en matière disciplinaire,
00:29:35la finalité répressive
00:29:36de la mesure
00:29:38ne fait aucun débat,
00:29:39la finalité de punition
00:29:40et d'autre part,
00:29:42si on s'attache
00:29:42à l'auteur
00:29:43de la sanction,
00:29:46comme l'a rappelé
00:29:46mon confrère
00:29:47Descordes-Claire,
00:29:48eh bien,
00:29:49en réalité,
00:29:50l'employeur
00:29:50ne tire pas seulement
00:29:51son pouvoir
00:29:52de sanction
00:29:53du contrat
00:29:54mais bel et bien
00:29:55de la loi.
00:29:55Donc,
00:29:56nous ne sommes bien
00:29:56en face
00:29:57d'une sanction
00:29:58que vous pourrez
00:29:59qualifier de punition.
00:30:02Pour terminer,
00:30:03selon votre jurisprudence,
00:30:05le droit de se taire
00:30:06est accordé
00:30:07aux professionnels
00:30:08dans le cadre
00:30:08de procédures disciplinaires.
00:30:10On le sait aujourd'hui,
00:30:12ça s'applique aux magistrats,
00:30:13ça s'applique aux fonctionnaires,
00:30:14ça a été étendu
00:30:15aux agents contractuels,
00:30:16on a des débats
00:30:17devant le juge administratif
00:30:18sur les professions
00:30:20à qui ça peut être étendu
00:30:23et vous avez
00:30:24des millions
00:30:25de salariés
00:30:26qui aujourd'hui
00:30:27ne sont pas concernés
00:30:28par ce droit
00:30:29de se taire,
00:30:30qui ne le se voient pas garantir
00:30:31alors même
00:30:32qu'ils sont exactement
00:30:34dans la même situation
00:30:35que les fonctionnaires.
00:30:37Ne pas le reconnaître
00:30:38conduirait,
00:30:39à mon sens,
00:30:39à une rupture
00:30:40d'égalité
00:30:41et surtout
00:30:42à des situations
00:30:43ubuesques juridiquement.
00:30:45Je vous donne
00:30:46un exemple,
00:30:47la Poste.
00:30:48Il me semble
00:30:49que la Poste
00:30:49était partie intervenante
00:30:50dans la procédure
00:30:51qui a donné lieu
00:30:52à votre décision
00:30:53sur les fonctionnaires
00:30:53du 4 octobre 2024.
00:30:56La Poste
00:30:56a en son sein
00:30:57tant des fonctionnaires
00:30:58que des salariés.
00:31:00Ça signifie quoi ?
00:31:01Ça signifie
00:31:01qu'aujourd'hui,
00:31:02concrètement,
00:31:03les mêmes professionnels
00:31:04qui exercent
00:31:05les mêmes fonctions,
00:31:06en fonction
00:31:07de la procédure disciplinaire,
00:31:09n'ont pas
00:31:10les mêmes garanties
00:31:11alors même
00:31:12qu'ils sont sur
00:31:12la même procédure.
00:31:13L'un peut avoir
00:31:14l'information du droit
00:31:14de se taire,
00:31:15l'autre non.
00:31:16De la même façon,
00:31:17dans certaines administrations,
00:31:19vous avez des fonctionnaires,
00:31:20des agents contractuels
00:31:21de droit public,
00:31:22mais vous avez aussi
00:31:23des agents contractuels
00:31:23de droit privé
00:31:24auxquels on applique
00:31:25le droit du travail
00:31:26et qui,
00:31:27aujourd'hui,
00:31:27à la différence
00:31:28de leurs collègues,
00:31:29n'ont pas le droit,
00:31:30ne sont pas informés
00:31:31du droit de se taire.
00:31:31Donc, concrètement,
00:31:33on a là une rupture
00:31:33d'égalité manifeste.
00:31:35Donc, pour l'ensemble
00:31:35de ces raisons,
00:31:36vous l'aurez compris,
00:31:37je vais vous demander
00:31:38d'abroger
00:31:39les dispositions litigieuses
00:31:40et pour le surplus,
00:31:41je m'en rapporte
00:31:42à mes écritures.
00:31:44Merci, Maître.
00:31:45Maître Delphine Drezé,
00:31:48vous êtes avocate
00:31:48au barreau du Havre
00:31:49et vous représentez
00:31:50l'association Centraplus,
00:31:53partie à l'instance
00:31:54dans l'affaire 1161 QPC.
00:31:56Nous vous écoutons.
00:31:57Merci, M. le Président.
00:31:59Mesdames et Messieurs
00:31:59du Conseil,
00:32:01effectivement,
00:32:02on a aujourd'hui
00:32:03trois dossiers
00:32:04qui intéressent
00:32:05effectivement la conformité
00:32:07qui nous interroge
00:32:08à nous conduire
00:32:08à nous interroger
00:32:10sur la conformité
00:32:11de ces dispositions
00:32:12du Code du travail
00:32:13à l'article 9
00:32:14de la Déclaration
00:32:15des droits de l'homme.
00:32:16Alors, le propos
00:32:17n'est pas de, évidemment,
00:32:18contester la valeur
00:32:19constitutionnelle
00:32:20du droit de se taire.
00:32:21Le fait, également,
00:32:23qu'il a été étendu
00:32:25par les décisions
00:32:26de votre Conseil
00:32:26au-delà de la matière pénale
00:32:29stricto sensu.
00:32:30Simplement, quand même,
00:32:31quand on se livre
00:32:32à une analyse
00:32:33des décisions
00:32:34rendues par le Conseil,
00:32:36on a un trait commun
00:32:38à ces décisions.
00:32:40La doctrine a pu, d'ailleurs,
00:32:42écrire à ce sujet.
00:32:44C'est que ces exigences,
00:32:46et notamment le droit
00:32:47de se taire,
00:32:48s'appliquent à toute sanction
00:32:49qui a le caractère
00:32:50de punition.
00:32:51Donc, la question
00:32:51qu'il faut se poser,
00:32:52c'est est-ce qu'une sanction
00:32:54disciplinaire prononcée
00:32:56par un employeur
00:32:57de droit privé
00:32:57a revêt ou pas
00:32:59ce caractère de punition ?
00:33:01Et, justement,
00:33:03quand on analyse
00:33:04la jurisprudence
00:33:04de votre Conseil
00:33:05sur cette notion
00:33:07de sanction
00:33:09ayant le caractère
00:33:09de punition,
00:33:10en réalité,
00:33:12les traits communs
00:33:12de vos décisions,
00:33:14elles révèlent
00:33:15que c'est bien
00:33:16la finalité
00:33:16de la sanction
00:33:17et la personne
00:33:18qui la prononce
00:33:19et dans quel cadre
00:33:20elle agit
00:33:21qui détermine
00:33:22cette qualification.
00:33:24Et ce qui se dégage
00:33:25de vos décisions,
00:33:27sans refaire
00:33:28effectivement
00:33:28l'historique,
00:33:31c'est que l'autorité
00:33:32qui sanctionne,
00:33:34il faut se demander
00:33:34si elle agit
00:33:35dans le cadre
00:33:35d'une prérogative
00:33:36de puissance publique
00:33:37ou si elle défend
00:33:39un intérêt général.
00:33:41Et si oui,
00:33:44si oui,
00:33:45alors les grands principes
00:33:46constitutionnels
00:33:47qui garantissent
00:33:48l'exercice
00:33:49des droits
00:33:50de la défense
00:33:50doivent être respectés
00:33:52par la personne
00:33:53ou par l'autorité
00:33:54qui sanctionne.
00:33:57Parce que quelque part,
00:33:59l'État
00:33:59lui a confié
00:34:01son pouvoir
00:34:02de réprimer
00:34:03à cette autorité.
00:34:05Et donc,
00:34:06le Conseil constitutionnel,
00:34:09des décisions
00:34:10qui ont été rendues,
00:34:11étant en fait
00:34:12le régime
00:34:12des garanties
00:34:13de la procédure pénale
00:34:14à la répression
00:34:15administrative
00:34:17en raison
00:34:18des finalités communes.
00:34:19Les ordres professionnels,
00:34:21certes,
00:34:22les ordres professionnels
00:34:22sont des personnes morales
00:34:23de droit privé,
00:34:25mais qui sont chargées
00:34:26de réguler
00:34:27dans l'intérêt général
00:34:28des professions réglementées.
00:34:30Les fonctionnaires,
00:34:32les magistrats,
00:34:32ils sont assujettis
00:34:34à des règles déontologiques
00:34:36qui sont liées
00:34:36à la nature
00:34:38de leurs fonctions
00:34:38qui s'exercent
00:34:40dans l'intérêt général.
00:34:41Donc,
00:34:41ce qui sous-tend
00:34:41le pouvoir
00:34:43de sanctionner,
00:34:45c'est effectivement
00:34:45quelque part
00:34:47de prendre part
00:34:48à l'intérêt général,
00:34:49à la protection
00:34:50de l'intérêt général
00:34:51pour s'assurer
00:34:51que ces professions
00:34:52réglementées
00:34:53ou ces personnes
00:34:54en raison
00:34:55des missions
00:34:55qu'elles exercent
00:34:57parce qu'elles concourent
00:34:58à l'intérêt général
00:34:59sont effectivement
00:35:00sanctionnées
00:35:02en application
00:35:04et dans le respect
00:35:05des principes,
00:35:06du respect
00:35:07des principes
00:35:07constitutionnels,
00:35:09la valeur constitutionnelle
00:35:10et notamment
00:35:11le droit
00:35:11de se taire.
00:35:13Alors,
00:35:14quand on fait
00:35:15l'analyse
00:35:16et quand on décline
00:35:16effectivement
00:35:17ces critères
00:35:19aux procédures
00:35:21disciplinaires
00:35:22de droit privé,
00:35:24on voit
00:35:25que finalement
00:35:26le pouvoir disciplinaire
00:35:27de l'employeur
00:35:28est d'une toute autre nature.
00:35:30Et l'idée
00:35:31n'est pas
00:35:31de soutenir
00:35:32qu'il y aurait
00:35:33un risque
00:35:34d'immixion
00:35:35dans la relation
00:35:37contractuelle,
00:35:38il faut simplement
00:35:39quand même
00:35:39objectivement regarder
00:35:41ce pouvoir disciplinaire,
00:35:43de quoi il découle ?
00:35:44Il découle quand même
00:35:45d'un pouvoir de direction
00:35:46qui est lié
00:35:48au contrat de travail.
00:35:49Ce n'est pas la loi
00:35:50qui confère
00:35:51un pouvoir disciplinaire
00:35:53ou un pouvoir de direction
00:35:54à un employeur,
00:35:55c'est le contrat de travail.
00:35:58C'est d'ailleurs
00:35:58ce qui caractérise
00:35:59le lien de subordination
00:36:00quand il y a des compétences
00:36:01qui sont discutées,
00:36:03les compétences du Conseil
00:36:04de Prud'homme
00:36:04pour caractériser
00:36:05un contrat de travail.
00:36:06Effectivement,
00:36:07on essaye de caractériser
00:36:08un lien de subordination.
00:36:09Donc, c'est bien
00:36:10le contrat de travail
00:36:11qui fonde
00:36:11ce lien de subordination
00:36:12et l'exercice
00:36:14du pouvoir disciplinaire
00:36:15d'un employeur
00:36:16ne confère pas
00:36:17à cet employeur
00:36:18la qualité d'autorité
00:36:20entre guillemets
00:36:21ayant reçu
00:36:22un pouvoir répressif,
00:36:23une sorte de délégation
00:36:24de réprimer,
00:36:26de sanctionner
00:36:26de la part de l'État.
00:36:29L'employeur,
00:36:29il sanctionne
00:36:30un manquement
00:36:30à une obligation contractuelle.
00:36:32Il est là
00:36:33pour garantir
00:36:34cette sanction
00:36:35et l'exercice
00:36:36du pouvoir disciplinaire,
00:36:38elle garantit
00:36:38la bonne exécution
00:36:39d'un contrat.
00:36:40Et donc,
00:36:42la sanction disciplinaire
00:36:44de droit privé,
00:36:45elle protège
00:36:46un intérêt privé.
00:36:47Elle ne concourt
00:36:47absolument pas
00:36:48à l'intérêt général,
00:36:49à la défense
00:36:50ou à la protection
00:36:51de l'intérêt général
00:36:52au sens large.
00:36:53Elle n'a pas
00:36:54de finalité répressive.
00:36:56Elle n'a pas
00:36:56de finalité répressive.
00:36:57Pour autant
00:36:58que la décision
00:36:59n'est pas préjudiciable
00:37:00pour la carrière
00:37:01du salarié,
00:37:02mais elle ne s'attache
00:37:02pas à la personne
00:37:03du salarié.
00:37:04Elle sanctionne
00:37:05et elle rompt
00:37:05éventuellement
00:37:06un contrat de travail.
00:37:07Elle a une incidence
00:37:08sur le contrat de travail.
00:37:09Donc,
00:37:09l'employeur
00:37:10n'agit pas
00:37:11dans le cadre
00:37:13de prérogatives
00:37:14de puissance publique.
00:37:15Il n'est pas investi
00:37:16d'une mission
00:37:17de service public
00:37:17quand il exerce
00:37:18son pouvoir disciplinaire.
00:37:20Or,
00:37:20c'est à ces conditions,
00:37:22c'est parce qu'on est
00:37:23investi
00:37:24d'une prérogative
00:37:25de puissance publique
00:37:26et ou parce qu'on concourt
00:37:27à l'intérêt général
00:37:28qu'effectivement,
00:37:29on doit,
00:37:30l'autorité
00:37:31qui remplit
00:37:31ces conditions,
00:37:32que l'autorité
00:37:33doit respecter
00:37:34les garanties,
00:37:35les droits de la défense
00:37:36et les principes
00:37:37à valeur constitutionnelle.
00:37:38Donc, moi,
00:37:39je soutiens
00:37:39que la sanction disciplinaire
00:37:41qui peut être infligée
00:37:43par un employeur
00:37:43de droit privé
00:37:44n'est pas une sanction
00:37:45qui a le caractère
00:37:47de punition
00:37:47au sens
00:37:48de la jurisprudence
00:37:50du Conseil constitutionnel
00:37:51et que les exigences
00:37:54de l'article 9
00:37:54sont inapplicables
00:37:56aux dispositions
00:37:58dont on discute
00:37:59aujourd'hui.
00:38:00Et j'ajoute
00:38:01que s'il fallait
00:38:01un argument supplémentaire,
00:38:04eh bien,
00:38:05la finalité,
00:38:06donc ma consoeur
00:38:06l'a déjà expliqué
00:38:08de façon tout à fait
00:38:09pertinente,
00:38:10la finalité
00:38:11et la nature
00:38:11de l'entretien préalable.
00:38:13C'est quand même intéressant
00:38:14de se pencher
00:38:15sur la jurisprudence
00:38:15de la Cour de la station
00:38:18qui nous dit bien
00:38:18que c'est une garantie
00:38:19procédurale
00:38:20qui est instaurée
00:38:21dans l'unique intérêt
00:38:22du salarié.
00:38:23Donc, j'entends
00:38:23que c'est un moment
00:38:24qui peut être compliqué,
00:38:27je veux dire,
00:38:27déstabilisant
00:38:28pour le salarié.
00:38:29N'empêche qu'il a
00:38:30le droit de ne pas venir,
00:38:31il a le droit
00:38:32d'être assisté,
00:38:33il a le droit de parler,
00:38:34il a de fait
00:38:34une immunité
00:38:36qui lui est reconnue
00:38:37par la Cour de cassation
00:38:38et on n'est pas du tout
00:38:39dans le cadre
00:38:40d'une enquête
00:38:41et la Cour de cassation
00:38:42l'a rappelée
00:38:43à de nombreuses reprises.
00:38:44L'entretien préalable
00:38:46est une discussion.
00:38:47Donc, on veut ou pas
00:38:48avoir cette discussion,
00:38:49on peut venir
00:38:50on ne peut pas venir.
00:38:52Ça n'est pas une enquête,
00:38:52ça n'est pas un pré-procès
00:38:54et c'est d'ailleurs
00:38:55pour ça que la Cour de cassation
00:38:56a refusé
00:38:57de reconnaître
00:38:58au salarié
00:38:59la possibilité
00:38:59de connaître
00:39:00par avance
00:39:00les motifs
00:39:01qui le conduisent
00:39:02à être convoqués,
00:39:03qu'elle lui a refusé
00:39:04également
00:39:04le fait
00:39:05de connaître,
00:39:07de prendre connaissance
00:39:08du dossier,
00:39:08comme on peut le voir
00:39:09dans des procédures
00:39:10disciplinaires,
00:39:11je crois,
00:39:11dans votre arrêt
00:39:12d'octobre 2024
00:39:13ou de 2023,
00:39:15c'était,
00:39:15c'est ce qui était
00:39:16effectivement
00:39:17indiqué.
00:39:20Donc,
00:39:20cette garantie,
00:39:21cette garantie procédurale
00:39:23que constitue
00:39:23l'entretien préalable,
00:39:25eh bien,
00:39:26de fait,
00:39:27ne constitue pas un risque,
00:39:28enfin,
00:39:29fait qu'il n'y a pas de risque
00:39:29d'auto-incrimination
00:39:30puisque le droit de se taire,
00:39:32il est de fait
00:39:33déjà effectif
00:39:34et assuré
00:39:34et que la finalité,
00:39:36encore une fois,
00:39:36n'est pas du tout,
00:39:37n'est pas du tout,
00:39:40n'est que d'entendre
00:39:41le salarié
00:39:41de lui offrir
00:39:42la possibilité
00:39:43de dialoguer
00:39:44avec son employeur.
00:39:44Donc,
00:39:46pour cette raison,
00:39:47je vous demande
00:39:47effectivement
00:39:48de déclarer
00:39:49cette disposition
00:39:50conforme à la Constitution,
00:39:51j'ai fait un subsidiaire
00:39:53qui n'est pas
00:39:53un aveu de faiblesse,
00:39:54qui est simplement
00:39:55une précaution
00:39:56en vous demandant
00:39:57de faire application
00:39:58effectivement,
00:39:59pour le cas,
00:40:00vous vous orienterez
00:40:00vers une déclaration
00:40:01d'inconstitutionnalité
00:40:02sur l'application
00:40:04des dispositions
00:40:04de la linéa 2
00:40:05de l'article 62
00:40:06de la Constitution
00:40:06parce que
00:40:07déclarer immédiatement
00:40:09une disposition
00:40:11inconstitutionnelle
00:40:13aurait, là,
00:40:15en l'occurrence,
00:40:15dans le dossier
00:40:16qui nous intéresse,
00:40:18pour effet de faire
00:40:19disparaître
00:40:19immédiatement
00:40:21toutes les garanties
00:40:22justement procédurales
00:40:23qui sont instaurées
00:40:24par le Code du travail
00:40:25dans l'unique intérêt
00:40:26du salarié.
00:40:27Donc, conséquences
00:40:28manifestement excessives,
00:40:30création d'une situation,
00:40:31d'une autre situation
00:40:32inconstitutionnelle.
00:40:35Et donc,
00:40:35je vous demande
00:40:36dans ces conditions,
00:40:37si, encore une fois,
00:40:38vous deviez vous orienter
00:40:39vers une déclaration
00:40:40d'inconstitutionnalité,
00:40:41de reporter les effets
00:40:43de cette déclaration
00:40:44à une date ultérieure.
00:40:45Oui, pour permettre
00:40:46aux législateurs,
00:40:47et vous l'avez déjà fait
00:40:48dans d'autres affaires,
00:40:49de régulariser
00:40:51la situation.
00:40:53Et, voilà,
00:40:54je vous remercie.
00:40:56Merci, Maître.
00:40:59Maître Isabelle Sriby,
00:41:01vous êtes avocate
00:41:02au Conseil,
00:41:02vous représentez
00:41:03Mme Céline Laurence,
00:41:05partie requérante
00:41:06dans l'affaire
00:41:07162 QPC.
00:41:08Nous vous écoutons
00:41:09pour dix minutes.
00:41:12Je vous remercie,
00:41:13M. le Président,
00:41:15Mesdames et Messieurs
00:41:16les membres
00:41:16du Conseil constitutionnel.
00:41:18Je ne vais pas reprendre
00:41:20à nouveau exactement
00:41:21les arguments
00:41:21que vous avez déjà
00:41:22entendus.
00:41:23Je vais essayer
00:41:23d'insister tout de même
00:41:25sur les deux points
00:41:26qui sont au cœur du débat,
00:41:28à savoir
00:41:28le champ d'application
00:41:30du droit de sauter,
00:41:31d'une part,
00:41:32et est-ce qu'il existe
00:41:33un véritable risque
00:41:34de s'auto-incriminer
00:41:35lors de l'entretien préalable
00:41:37à une sanction disciplinaire
00:41:38d'autre part.
00:41:40Tout d'abord,
00:41:41quelques mots
00:41:42sur le champ d'application
00:41:43de ce fameux
00:41:45droit de sauter
00:41:45que vous avez étendu,
00:41:48on le sait,
00:41:49depuis votre fameuse décision
00:41:50du 8 décembre 2023,
00:41:52qui a pu être saluée
00:41:54comme une décision
00:41:54particulièrement audacieuse.
00:41:57Alors,
00:41:57sur le champ d'application,
00:41:59à mon avis,
00:41:59il faut être simple.
00:42:02Dans cette décision
00:42:03du 8 décembre 2023,
00:42:05vous avez effectivement
00:42:06étendu
00:42:06ce droit de sauter
00:42:07à toute sanction
00:42:09ayant le caractère
00:42:10d'une punition
00:42:10et notamment
00:42:11aux sanctions disciplinaires.
00:42:12Donc,
00:42:12une sanction disciplinaire.
00:42:14Dès lors qu'on est
00:42:14dans le cas
00:42:15d'une sanction disciplinaire
00:42:16et que cette sanction
00:42:17a bien caractère punitif,
00:42:20on entre dans
00:42:20le champ d'application
00:42:21de l'article 9.
00:42:22Ici,
00:42:23précisément,
00:42:24les mots ont un sens
00:42:26face à des sanctions
00:42:28disciplinaires
00:42:29en droit du travail.
00:42:30Alors,
00:42:30effectivement,
00:42:31il faut que la sanction
00:42:31ait le caractère
00:42:32d'une punition.
00:42:33que là encore,
00:42:34il faut revenir
00:42:34de façon très simple
00:42:36à votre grille de lecture,
00:42:38à votre méthode,
00:42:39à vous,
00:42:40qui est une méthode
00:42:41du faisceau d'indice.
00:42:43Comme vous le savez bien,
00:42:45dans le commentaire officiel
00:42:46de la décision QPC
00:42:47justement du 8 décembre 2023,
00:42:50c'est bien précisé.
00:42:51D'ailleurs,
00:42:52cette précision
00:42:54est très intéressante
00:42:55dans le commentaire officiel.
00:42:58Donc là,
00:42:59ce qui est dit,
00:42:59c'est que contrairement
00:43:00à la méthodologie
00:43:01de la Cour de Strasbourg,
00:43:03vous avez décidé
00:43:03de procéder
00:43:04par un faisceau d'indice
00:43:05et de regarder
00:43:06tout simplement
00:43:07l'objet de la mesure
00:43:09à l'aune
00:43:09de l'intention
00:43:10du législateur
00:43:11et de ses caractéristiques.
00:43:12Voilà votre méthodologie.
00:43:15Ici,
00:43:16ce que vous avez,
00:43:17ce qui est effectivement
00:43:18souligné
00:43:19dans ce commentaire officiel,
00:43:22c'est qu'effectivement,
00:43:23un point
00:43:23qui est central
00:43:24dans ce faisceau d'indice,
00:43:26c'est la finalité répressive,
00:43:27qui est le point central
00:43:29de ces indices
00:43:32qui marquent ou non
00:43:33cette coloration
00:43:34répressive ou non
00:43:38d'une mesure de sanction.
00:43:40Donc,
00:43:40finalité répressive,
00:43:41là encore,
00:43:42dans votre commentaire,
00:43:43il est indiqué
00:43:45que cela signifie
00:43:47que la mesure
00:43:48doit tendre
00:43:48à empêcher
00:43:49la réitération
00:43:50des agissements
00:43:51que cette mesure réprime.
00:43:53Donc là,
00:43:54effectivement,
00:43:55contrairement à ce qui a été
00:43:56soutenu en défense,
00:43:56et également
00:43:58par le représentant
00:43:59du Premier ministre
00:43:59pour savoir
00:44:00si on est face
00:44:01à une sanction
00:44:02ayant le caractère
00:44:03d'une punition,
00:44:04peu importe
00:44:06la nature
00:44:06de l'auteur
00:44:07de la mesure,
00:44:08la nature
00:44:09de l'autorité,
00:44:10qu'elle soit pénale,
00:44:11publique,
00:44:12civile,
00:44:13cette qualité
00:44:13n'est pas pertinente
00:44:14dans le cadre
00:44:15de votre jurisprudence.
00:44:17Vous n'avez pas exigé,
00:44:19vous n'avez jamais exigé
00:44:20que la sanction
00:44:21soit prononcée
00:44:22par une autorité
00:44:23qui se verrait déléguée
00:44:25à un pouvoir
00:44:25de répression
00:44:26de l'État
00:44:26qui est une formule
00:44:28effectivement ancienne
00:44:29qui a existé,
00:44:30mais qui n'est pas reprise
00:44:31dans les décisions récentes
00:44:33postérieures
00:44:33à la décision
00:44:34du 8 décembre 2023.
00:44:36Donc,
00:44:36seul compte,
00:44:37l'objet de la mesure.
00:44:38Donc,
00:44:38c'est la seule chose
00:44:39qu'il faut que vous examiniez.
00:44:41Ici,
00:44:42quelle est la finalité
00:44:43de ces sanctions disciplinaires
00:44:45prononcées par un employeur ?
00:44:47Elle est,
00:44:49à n'en pas douter,
00:44:50il y a une finalité répressive,
00:44:51effectivement,
00:44:52c'est l'idée
00:44:55d'une sanction disciplinaire
00:44:56prononcée par un employeur,
00:44:58c'est bien de punir
00:44:59des manquements
00:45:00d'un salarié
00:45:01et de prévenir
00:45:02la réitération
00:45:03de ses fautes.
00:45:05On pense,
00:45:06par exemple,
00:45:06à une sanction
00:45:07pour des absences injustifiées,
00:45:09pour un harcèlement moral,
00:45:10par exemple.
00:45:11Donc,
00:45:11en fait,
00:45:12on va très clairement
00:45:13sanctionner,
00:45:15punir,
00:45:15et effectivement,
00:45:17empêcher de réitérer.
00:45:18Donc là,
00:45:18sur cette finalité répressive,
00:45:19elle est bien là.
00:45:22Cette coloration
00:45:23de punition
00:45:23de la mesure
00:45:24est confirmée
00:45:25par les caractéristiques
00:45:27de ces sanctions.
00:45:28Déjà,
00:45:29elle est confirmée
00:45:30par les garanties
00:45:31qui encadrent
00:45:32ces mesures,
00:45:33puisque les droits
00:45:34de la défense
00:45:35impliquant le droit
00:45:36d'être assisté
00:45:37lors de l'entretien
00:45:38sont applicables,
00:45:39comme vous l'avez décidé
00:45:40dans votre décision
00:45:41du 30 mars 2006-26535 décès.
00:45:45Au regard des textes
00:45:47et de la jurisprudence
00:45:48de la Chambre sociale,
00:45:49on a effectivement
00:45:50d'autres garanties
00:45:51qui colorent fortement
00:45:52de manière,
00:45:54colorent comme une,
00:45:56comme ayant un caractère
00:45:57punitif
00:45:58ces sanctions
00:45:59prononcées par l'employeur,
00:46:01puisque la décision
00:46:02doit être motivée.
00:46:04Le principe
00:46:04non bis in idem
00:46:05est applicable.
00:46:06On a le caractère
00:46:07proportionné
00:46:08de la sanction
00:46:08à la gravité
00:46:09de la faute
00:46:09qui est applicable.
00:46:10Le principe
00:46:10de l'égalité
00:46:11des déliés
00:46:11des peines également.
00:46:13Donc,
00:46:13toutes ces garanties
00:46:14colorent fortement
00:46:15ces mesures
00:46:16de sanctions.
00:46:17J'ajouterais
00:46:19que bien
00:46:20des manquements
00:46:21résultent
00:46:22d'interdictions
00:46:22qui sont fixées
00:46:24par la loi
00:46:24elle-même
00:46:25et qui peuvent
00:46:26également être
00:46:26pénalement réprimées,
00:46:27comme mon confrère
00:46:28l'a dit tout à l'heure.
00:46:30Donc,
00:46:30on pense
00:46:31au vol
00:46:32ou à l'interdiction
00:46:33du harcèlement moral
00:46:34ou sexuel,
00:46:35par exemple.
00:46:36Donc,
00:46:36on est loin
00:46:36d'un cadre
00:46:37purement contractuel.
00:46:39concernant
00:46:43l'idée
00:46:43qu'on a
00:46:44entendue
00:46:44sur la
00:46:45poursuite
00:46:46d'un intérêt
00:46:46général,
00:46:47je ne vois
00:46:48rien dans
00:46:48votre jurisprudence
00:46:49qui viendrait
00:46:50exiger
00:46:51pour que
00:46:52une sanction
00:46:53ait le caractère
00:46:54d'une punition,
00:46:55elles doivent
00:46:56défendre
00:46:57un intérêt
00:46:57général.
00:46:58Cela ne résulte
00:46:59pas de votre
00:47:00jurisprudence,
00:47:01mais si ce critère
00:47:03était retenu,
00:47:04à mon avis,
00:47:05on pourrait
00:47:05tout à fait
00:47:05admettre
00:47:06qu'il y a
00:47:06un intérêt
00:47:07général
00:47:07qui est poursuivi
00:47:08par les sanctions
00:47:09qui sont prononcées
00:47:11par l'employeur
00:47:12puisque ces sanctions
00:47:14ont pour but
00:47:16notamment
00:47:16de protéger
00:47:18les salariés
00:47:19dans l'entreprise
00:47:19et protéger
00:47:20également
00:47:21leurs usagers.
00:47:22Donc,
00:47:22il y a un aspect
00:47:23de protection
00:47:24d'intérêt général
00:47:24si ce critère
00:47:25était pertinent,
00:47:26mais ce n'a
00:47:27résulté pas
00:47:27de votre jurisprudence.
00:47:30Donc là,
00:47:31toute
00:47:31cette méthodologie
00:47:33du faisceau
00:47:34d'indices
00:47:34fait obstacle
00:47:37à ce que le risque
00:47:38qu'on vous brandit
00:47:39d'un jeu
00:47:40de domino
00:47:41qui va s'écrouler
00:47:42soit totalement écarté
00:47:44parce que vous avez
00:47:44cette méthodologie
00:47:46du faisceau d'indices
00:47:47qui va vous amener
00:47:48à examiner
00:47:48au cas par cas
00:47:49si telle ou telle mesure
00:47:50a le caractère
00:47:52d'une punition
00:47:52et ce ne sera pas le cas
00:47:53pour toutes les sanctions.
00:47:54Donc là,
00:47:55on est très loin
00:47:55d'une logique purement
00:47:56civiliste,
00:47:57dans le contrat de travail
00:47:58notamment.
00:47:59On est très loin
00:48:00des hypothèses
00:48:02d'une rupture
00:48:03d'un contrat
00:48:03pour manquement contractuel.
00:48:05C'est ce qu'on vous dit
00:48:07mais où est-ce
00:48:07que cela va s'arrêter
00:48:08où est-ce que cette extension
00:48:09de jurisprudence
00:48:10va s'arrêter
00:48:11et tous les contrats
00:48:12est-ce qu'on va
00:48:13effectivement appliquer
00:48:14le droit de se taire
00:48:15à toute résiliation
00:48:17d'un contrat
00:48:17pour manquement contractuel
00:48:18je trouve qu'on est
00:48:19très loin
00:48:20de cette hypothèse
00:48:21puisque là
00:48:22la finalité
00:48:23de la rupture
00:48:25d'un tel contrat
00:48:26de droit commun
00:48:27c'est pas vraiment
00:48:29de punir
00:48:29un co-contractant
00:48:30il ne faut pas être naïf
00:48:31c'est plutôt
00:48:32tirer les conséquences
00:48:34de l'absence
00:48:35de respect
00:48:36d'une convention
00:48:37qui est censée
00:48:38assurer
00:48:39l'équilibre
00:48:40des parties
00:48:40et avec des parties
00:48:42qui sont placées
00:48:42à égalité
00:48:43de la même manière
00:48:44la clause pénale
00:48:45d'un contrat
00:48:45on est très loin
00:48:46de cette hypothèse
00:48:46également
00:48:47cette clause
00:48:48a moins une finalité
00:48:49de punir
00:48:50le co-contractant
00:48:51que d'assurer
00:48:52l'exécution
00:48:53d'une convention
00:48:53ou de prévoir
00:48:54une compensation
00:48:55à son inexécution
00:48:56donc je trouve
00:48:57qu'on est très loin
00:48:58de ces hypothèses
00:48:59et je pense
00:49:01que vous pouvez
00:49:01être rassuré
00:49:02sur la portée
00:49:04de votre éventuelle
00:49:06décision
00:49:06qui constatera
00:49:08l'inconsignalité
00:49:09des dispositions contestées
00:49:11du fait que vous avez
00:49:12votre grille de lecture
00:49:13et que toute sanction
00:49:14n'aura pas
00:49:15le caractère
00:49:16d'une punition
00:49:16au regard
00:49:17de vos critères
00:49:17et de votre grille
00:49:18de lecture
00:49:18que vous avez déjà
00:49:20sur le deuxième point
00:49:22sur l'existence
00:49:23d'un risque
00:49:23d'auto-incrimination
00:49:24beaucoup a été dit
00:49:25je crois
00:49:26simplement
00:49:26au regard
00:49:27de ce que j'ai entendu
00:49:28j'aimerais quand même
00:49:30confirmer
00:49:31répéter ce qu'ont dit
00:49:32les confrères
00:49:32qui ont parlé
00:49:36avant moi
00:49:37je pense
00:49:38qu'il est quand même
00:49:38complètement faux
00:49:40de dire
00:49:41que le risque
00:49:42d'auto-incrimination
00:49:43n'existe pas
00:49:44d'ailleurs
00:49:45cela résulte
00:49:47tout à fait
00:49:47du rapport
00:49:48du rapporteur
00:49:49devant la cour de cassation
00:49:50devant la chambre sociale
00:49:51qui est quand même
00:49:51spécialisée
00:49:52dans cette matière
00:49:53alors effectivement
00:49:55on peut trouver
00:49:56dans les travaux parlementaires
00:49:57de la loi de 73
00:49:58un bel objectif
00:50:00très idéaliste
00:50:01d'un entretien
00:50:02de licenciement
00:50:03qui serait une tentative
00:50:05de conciliation
00:50:06voire de réconciliation
00:50:07alors ces mots
00:50:08sont très beaux
00:50:09simplement
00:50:10ils sont complètement
00:50:12antinomiques
00:50:13avec la réalité
00:50:14puisque le salarié
00:50:15ne va pas percevoir
00:50:16le moment
00:50:17comme cela
00:50:18comme il a été dit
00:50:19et surtout
00:50:19le régime juridique
00:50:20de l'entretien
00:50:21n'est pas
00:50:23le régime
00:50:23d'un tel dialogue
00:50:25thérapeutique
00:50:25raison pour laquelle
00:50:26par exemple
00:50:27le salarié
00:50:27peut être assisté
00:50:28d'une personne
00:50:28de son choix
00:50:29on nous a dit
00:50:30également
00:50:30que la personne
00:50:32donc cet entretien
00:50:33serait favorable
00:50:34qu'il aurait le droit
00:50:35de parler
00:50:35oui il a le droit
00:50:36de parler
00:50:36le salarié
00:50:37mais pour qu'il ait
00:50:38vraiment le droit
00:50:39de parler
00:50:39en toute connaissance
00:50:40de cause
00:50:40il faut qu'on puisse
00:50:42notifier le droit
00:50:42qu'il peut ne pas parler
00:50:44et que sa parole
00:50:45peut lui nuire
00:50:46et effectivement
00:50:49je crois que ça
00:50:50a bien été dit
00:50:50mais je préfère
00:50:51le répéter
00:50:51au vu de ce que je viens
00:50:52d'entendre
00:50:53sur la plaidoirie
00:50:54précédente
00:50:55ces paroles
00:50:56il n'y a pas
00:50:57d'immunité
00:50:58de propos
00:50:58comme on vous l'a dit
00:51:00puisque en cas d'abus
00:51:01de liberté
00:51:02de liberté
00:51:03d'expression
00:51:04les paroles
00:51:05du salarié
00:51:06pourront être
00:51:07pourront
00:51:09pour sonder
00:51:10la sanction
00:51:11et alors
00:51:13je puis juste
00:51:13une petite phrase
00:51:14pour terminer
00:51:15j'ai fini
00:51:15tout simplement
00:51:16en cas d'abus
00:51:17et comme on vous l'a dit
00:51:19le salarié
00:51:21peut tout à fait
00:51:22admettre
00:51:22les fautes
00:51:23qui lui sont reprochées
00:51:24et rien de obstacle
00:51:25à ce qu'on en tienne compte
00:51:27merci maître
00:51:29maître François Pinet
00:51:36vous êtes avocat au conseil
00:51:37et vous représentez
00:51:39l'association
00:51:40handicap
00:51:41autisme
00:51:41association
00:51:42réunie
00:51:43du Paris
00:51:44parti à l'instance
00:51:45dans l'affaire
00:51:471162 QPC
00:51:49maître toujours
00:51:51sur le droit de ce terme
00:51:52nous vous écoutons
00:51:53merci monsieur le président
00:51:54mesdames et messieurs
00:51:55les membres du conseil
00:51:56constitutionnel
00:51:57contrairement à ce qui vient
00:51:59de vous être dit
00:51:59je vous invite à considérer
00:52:02que le droit de ce terme
00:52:02ne s'applique pas
00:52:03à l'entretien préalable
00:52:04prononcé d'une sanction
00:52:05et spécialement
00:52:06d'un licenciement
00:52:07pour faute
00:52:08par l'employeur
00:52:09et je vais vous redire
00:52:10certaines raisons
00:52:11qui vous ont déjà
00:52:12été exposées
00:52:12la première
00:52:14tient à ce que
00:52:15ce n'est pas en cause
00:52:16d'une sanction
00:52:16ayant le caractère
00:52:17de punition
00:52:17et la seconde
00:52:19tient à ce que
00:52:20lors de l'entretien
00:52:21préalable
00:52:21le salarié
00:52:23n'est pas encore
00:52:24mis en cause
00:52:25pour les faits
00:52:26sur lesquels
00:52:27il est entendu
00:52:27la première raison
00:52:29tient au caractère
00:52:31contractuel
00:52:32de la sanction
00:52:32il y a évidemment
00:52:34un caractère institutionnel
00:52:36qui a été
00:52:36rappelé précédemment
00:52:38néanmoins
00:52:39et c'est la doctrine
00:52:40de la position très claire
00:52:41de la chambre sociale
00:52:41de la Cour de cassation
00:52:42la faute
00:52:45est d'abord
00:52:46et avant tout
00:52:46une faute
00:52:47contractuelle
00:52:48nous sommes d'accord
00:52:49sur la méthode
00:52:50mise en oeuvre
00:52:51par le conseil constitutionnel
00:52:52pour qualifier
00:52:52la sanction
00:52:53et le caractère
00:52:54d'une punition
00:52:55c'est à dire
00:52:56à partir d'un faisceau
00:52:56d'indices
00:52:57tenant compte
00:52:58de l'intention
00:52:59du législateur
00:53:00des caractéristiques
00:53:01de la mesure
00:53:02et spécialement
00:53:03sa finalité répressive
00:53:04mais tout est là
00:53:04la répression
00:53:06c'est la peine
00:53:07c'est pas n'importe
00:53:08quelle sanction
00:53:08et seul l'état
00:53:10a ce pouvoir
00:53:12de répression
00:53:12les sanctions
00:53:14ayant le caractère
00:53:15d'une punition
00:53:15ne peuvent donc
00:53:16être prononcées
00:53:17que par des autorités
00:53:18juridictionnelles
00:53:19ou par des autorités
00:53:21agissant
00:53:21dans le cadre
00:53:22de prérogatives
00:53:23de puissance publique
00:53:24on comprend
00:53:26qu'à l'en haut
00:53:26de là
00:53:27de ce que jugeait
00:53:27le conseil d'état
00:53:28et la cour de cassation
00:53:29et la cour européenne
00:53:30des droits de l'homme
00:53:30vous avez pu faire entrer
00:53:31dans la matière pénale
00:53:32les sanctions ordinales
00:53:33et celles concernant
00:53:34les fonctionnaires
00:53:35mais les sanctions
00:53:36prononcées par un employeur
00:53:37de droit privé
00:53:37à l'égard d'un salarié
00:53:38sont tout autre
00:53:39elles trouvent
00:53:40leurs fondements
00:53:41exclusivement
00:53:41et leur objet
00:53:42également
00:53:43dans le contrat
00:53:44de travail
00:53:45conclu entre
00:53:45deux personnes privées
00:53:46il s'agit d'une faute
00:53:47contractuelle
00:53:48il ne peut s'agir
00:53:50que d'un fait
00:53:50du salarié
00:53:51contraire à ses obligations
00:53:52envers employeurs
00:53:53la réaction
00:53:54de la cour de cassation
00:53:55l'a rappelé
00:53:56au renard du 22 décembre
00:53:582023
00:53:58un salarié
00:53:59ne peut être licencié
00:54:00pour un motif disciplinaire
00:54:01qu'en cas de manquement
00:54:02de l'intéressé
00:54:03à une obligation
00:54:04découlant
00:54:04de son contrat
00:54:05de travail
00:54:06s'agissant de l'objet
00:54:07de ces sanctions
00:54:08il ne peut mieux faire
00:54:09que de rappeler
00:54:10l'avis émis
00:54:10par madame l'avocate générale
00:54:12Anne-Marie Grivelle
00:54:13dans la présente affaire
00:54:14que je cite
00:54:14les seules sanctions
00:54:15que l'employeur peut prononcer
00:54:16sont liées au contrat
00:54:17de travail
00:54:18soit en le résilient
00:54:19soit en le suspendant
00:54:21soit en le menaçant
00:54:23dans son avenir
00:54:23l'avertissement
00:54:24aucun caractère
00:54:25de punition
00:54:26dans ces sanctions
00:54:26qui ne se place
00:54:27que sur le terrain
00:54:28contractuel
00:54:29le licenciement disciplinaire
00:54:31lui-même
00:54:31n'est comme toutes
00:54:32les autres sanctions
00:54:33en droit du travail
00:54:34que la conséquence
00:54:35sur le contrat de travail
00:54:37d'un manquement fautif
00:54:38du salarié
00:54:38et non
00:54:39sur la personne
00:54:40de celui-ci
00:54:40ce licenciement
00:54:41n'est qu'un outil
00:54:42au service
00:54:42de la politique disciplinaire
00:54:44de l'employeur
00:54:45au sein de l'entreprise
00:54:46et non de l'état
00:54:47et si ce pouvoir
00:54:49reste sous le contrôle
00:54:49du juge
00:54:50ce n'est que comme
00:54:50l'ensemble des différents
00:54:52liés à l'exécution
00:54:53ou à la rupture
00:54:54du contrat de travail
00:54:55pour le dire autrement
00:54:57il ne s'agit pas
00:54:58de punir
00:54:58le salarié
00:54:59mais de tirer
00:55:00les conséquences
00:55:00d'un manquement
00:55:01de ce dernier
00:55:02à ses obligations
00:55:03contractuelles
00:55:04sur la relation
00:55:05contractuelle
00:55:06et le licenciement
00:55:08même lorsqu'il est
00:55:09prononcé pour faute
00:55:10et l'exercice
00:55:11d'un droit
00:55:11de résiliation
00:55:12unilatéral
00:55:12dont dispose
00:55:13l'employeur
00:55:14droit de résiliation
00:55:15dont dispose
00:55:16tout également
00:55:17le salarié
00:55:17qui peut prendre
00:55:18acte de la rupture
00:55:19du licenciement
00:55:20en cas de manquement grave
00:55:21de l'employeur
00:55:22cette prise d'acte
00:55:23produisant alors
00:55:24les effets d'un licenciement
00:55:25sans cause réelle
00:55:26et sérieuse
00:55:27et tout ceci
00:55:28n'est jamais que
00:55:29l'application du droit commun
00:55:30puisque l'article 1217
00:55:31du code civil
00:55:32énumère
00:55:33en les qualifiant
00:55:34expressément
00:55:34de sanctions
00:55:35les possibilités
00:55:36qui sont ouvertes
00:55:37à la partie
00:55:37envers laquelle
00:55:38le contrat
00:55:38n'a pas été
00:55:39exécuté
00:55:40ou a été
00:55:40mal exécuté
00:55:42imparfaitement
00:55:42dit le texte
00:55:43et parmi celles-ci
00:55:44figure la résolution
00:55:45du contrat
00:55:45la france
00:55:47de séjour disciplinaire
00:55:48est évidemment
00:55:48encadrée
00:55:49par des dispositions
00:55:50impératives
00:55:50du code du travail
00:55:51mais ces dispositions
00:55:52non
00:55:52sont protectrices
00:55:54du salarié
00:55:55mais elles n'ont
00:55:55ni pour objet
00:55:56ni pour effet
00:55:57de modifier
00:55:58la nature
00:55:58des sanctions
00:55:59prononcées par l'employeur
00:56:00ça reste
00:56:00des prérogatives
00:56:01contractuelles
00:56:03l'employeur dispose
00:56:03d'un pouvoir hiérarchique
00:56:05il peut sanctionner
00:56:06l'inexécution
00:56:07ou la mauvaise
00:56:07inéxécution du contrat
00:56:08mais en aucun cas
00:56:09il ne dispose
00:56:11à l'égard du salarié
00:56:12d'un pouvoir
00:56:12de punition
00:56:13qui n'a pas sa place
00:56:16à mon sens
00:56:16dans les rapports
00:56:17entre l'employeur
00:56:17et le salarié
00:56:18la seconde raison
00:56:20qui s'oppose
00:56:22à l'application
00:56:22du droit de se taire
00:56:23à l'entretien préalable
00:56:24et quand bien même
00:56:25vous retiendrez
00:56:27la qualification
00:56:27de sanction
00:56:28ayant le caractère
00:56:28d'une punition
00:56:29tient à la nature
00:56:30et à l'objet
00:56:31de cet entretien
00:56:32dont ce qui
00:56:34vous a été précédemment rappelé
00:56:36entretien auquel
00:56:37au demeurant
00:56:37le salarié
00:56:38n'est jamais tenu
00:56:39de se présenter
00:56:40dans votre décision
00:56:43du 15 novembre
00:56:442024
00:56:44concernant le référé pénal
00:56:46environnemental
00:56:47vous avez jugé
00:56:48qu'il n'y a pas lieu
00:56:48de notifier
00:56:49le droit de se taire
00:56:50lorsque l'intéressé
00:56:50n'est pas mis en cause
00:56:52pour les faits
00:56:53sur lesquels
00:56:54il est entendu
00:56:54vous avez précisé
00:56:55que la seule circonstance
00:56:56que cette personne
00:56:57soit entendue
00:56:58sur des faits
00:56:58qui seraient susceptibles
00:56:59de lui être
00:57:00ultérieurement reprochés
00:57:01ne saurait être contestée
00:57:03sur le fondement
00:57:03des exigences
00:57:04de l'article 9
00:57:05de la déclaration
00:57:05or
00:57:06eu égard
00:57:08à l'intention
00:57:09du législateur
00:57:10le salarié
00:57:10ne saurait être regardé
00:57:11comme étant
00:57:12mis en cause
00:57:13au centre
00:57:14de votre jurisprudence
00:57:15au stade
00:57:16de l'entretien
00:57:16préalable au licenciement
00:57:17ça a été rappelé
00:57:19l'entretien préalable
00:57:20est issu
00:57:21de la loi
00:57:21du 13 juillet 1973
00:57:23et cet entretien
00:57:25constitue
00:57:25une phase de conciliation
00:57:26voire
00:57:27c'était les termes
00:57:28du conseil économique
00:57:29et social
00:57:29en son temps
00:57:30de réconciliation
00:57:31entre les deux parties
00:57:32sous contrat
00:57:32à l'image
00:57:33de la procédure
00:57:34de divorce
00:57:35ou de la procédure
00:57:36prud'hommage
00:57:36c'est d'ailleurs
00:57:38la raison pour laquelle
00:57:38aucune formalité
00:57:39n'a été prévue
00:57:40si ce n'est la faculté
00:57:41pour le salarié
00:57:42d'être accompagné
00:57:43d'un représentant
00:57:44d'une personne
00:57:46appartenant
00:57:47au personnel
00:57:47dans l'entreprise
00:57:48et uniquement
00:57:49d'une personne
00:57:50appartenant
00:57:50au personnel
00:57:51d'entreprise
00:57:51le rapporteur
00:57:52de la loi
00:57:52précisant que
00:57:53l'intervention
00:57:54de représentants
00:57:54extérieurs
00:57:55risquait d'avoir
00:57:57essentiellement
00:57:57pour effet
00:57:58de cristalliser
00:57:59les antagonismes
00:58:00et par conséquent
00:58:01de faire échouer
00:58:02cette tentative
00:58:02de conciliation
00:58:03et c'est également
00:58:04la raison
00:58:05pour laquelle
00:58:05les motifs
00:58:06de licenciement
00:58:07envisagés
00:58:07n'ont pas
00:58:08à être notifiés
00:58:09avant
00:58:09l'entretien
00:58:10du licenciement
00:58:11ce serait
00:58:12une fois encore
00:58:13pour reprendre
00:58:13les termes
00:58:14du rapporteur
00:58:14de la loi
00:58:15une erreur
00:58:16de vouloir
00:58:17en serrer
00:58:17dans un formalisme
00:58:18à caractère contentieux
00:58:19une phase
00:58:19de la procédure
00:58:20dont la souplesse
00:58:21et le caractère informel
00:58:23sont une condition
00:58:23du succès
00:58:25la Cour de cassation
00:58:26qui est vigilante
00:58:27quant à la protection
00:58:28des salariés
00:58:29particulièrement
00:58:29en s'agissant
00:58:30de la procédure
00:58:31de licenciement
00:58:31a toujours considéré
00:58:33que l'entretien préalable
00:58:34devait demeurer
00:58:35une phase
00:58:36de conciliation
00:58:37informer le salarié
00:58:39du droit de se taire
00:58:39lors de cet entretien
00:58:41contrarierait manifestement
00:58:42l'attention
00:58:43du législateur
00:58:43mais connaissant
00:58:44la nature particulière
00:58:45et sa visée conciliatrice
00:58:47que le législateur
00:58:49a entendu donner
00:58:50à cet entretien
00:58:51comme il me reste
00:58:54quelques minutes
00:58:55je vais en profiter
00:58:56pour dire que
00:58:56même si vous décidiez
00:58:58au contraire
00:58:58d'étendre le champ
00:58:59d'application
00:59:00du droit de se taire
00:59:00au rapport
00:59:01de droit privé
00:59:02cela ne devrait pas
00:59:03vous conduire
00:59:04en espèce
00:59:04à prononcer
00:59:06une déclaration
00:59:06d'inconstitutionnalité
00:59:07la procédure disciplinaire
00:59:10ou le juger
00:59:10ne relève pas
00:59:10du domaine de la loi
00:59:11mais sous le contrôle
00:59:12du juge compétent
00:59:13du domaine réglementaire
00:59:15pour cette raison
00:59:16vous avez jugé
00:59:17dans votre décision
00:59:17du 8 décembre 2023
00:59:19que bien que
00:59:20les exigences
00:59:20de l'article 9
00:59:21de la déclaration
00:59:21des droits
00:59:22s'appliquent
00:59:22aux poursuites disciplinaires
00:59:23engagées contre un notaire
00:59:25le grief
00:59:26tiré de ce que
00:59:27les dispositions législatives
00:59:28méconnaîtraient
00:59:28ces exigences
00:59:29devaient être écartées
00:59:30en revanche
00:59:31vous avez accueilli le grief
00:59:32s'agissant de la procédure
00:59:34disciplinaire
00:59:35d'un fonctionnaire
00:59:35parce que
00:59:35l'article 34
00:59:36de la constitution
00:59:37énonce que la loi fixe
00:59:39les règles concernant
00:59:40les garanties fondamentales
00:59:41accordées aux fonctionnaires
00:59:43civils et militaires
00:59:44de l'état
00:59:44qu'en est-il
00:59:46s'agissant des salariés
00:59:46de droit privé
00:59:47l'article 34
00:59:49ne comporte pas
00:59:50de dispositions similaires
00:59:51mais prévoit
00:59:52que la loi détermine
00:59:53les principes fondamentaux
00:59:55du droit du travail
00:59:56or
00:59:57le droit de se taire
00:59:58qui découle
00:59:59du droit
00:59:59de ne pas s'auto-incriminer
01:00:00qui lui-même
01:00:01se rattache
01:00:02à la présomption
01:00:02d'innocence
01:00:03n'est pas un principe
01:00:04fondamental
01:00:05du droit du travail
01:00:06c'est une garantie
01:00:07de procédure
01:00:08et même
01:00:09si l'on qualifie
01:00:10ou si on le rattache
01:00:11à un principe fondamental
01:00:12tel que la présomption
01:00:13d'innocence
01:00:14il ne s'agit toujours pas
01:00:15d'un principe
01:00:15de droit du travail
01:00:16c'est un principe
01:00:17du droit pénal
01:00:18pris dans son description
01:00:19large
01:00:20qui est celle
01:00:20que vous avez retenue
01:00:21pour le contentieux
01:00:22qui nous occupe
01:00:23la circonstance
01:00:24que l'employeur
01:00:25doit comme tout un chacun
01:00:26d'ailleurs
01:00:26respecter la présomption
01:00:27d'innocence
01:00:28n'en fait pas un principe
01:00:29de droit du travail
01:00:30et de la même façon
01:00:31le fait que les dispositions
01:00:32assurent en droit du travail
01:00:33la présomption d'innocence
01:00:35ou d'ailleurs
01:00:36les droits de l'advance
01:00:36ne font que mettre en oeuvre
01:00:38les principes transversaux
01:00:40mais elles ne font pas
01:00:41de ceux-ci
01:00:42les principes
01:00:43du droit du travail
01:00:44ce serait donc
01:00:45et en tout état de cause
01:00:46au pouvoir réglementaire
01:00:47de préciser le cas échéant
01:00:49qu'il y aura lieu
01:00:50d'informer le salarié
01:00:51de son droit de garder le silence
01:00:53lors de l'entretien préalable
01:00:54une dernière observation
01:00:56qui envisage le pire
01:00:59vous vous retiendrez
01:00:59la qualification de sanction
01:01:00ayant le caractère
01:01:01d'une punition
01:01:02l'application du droit
01:01:03de se taire
01:01:03dès l'entretien préalable
01:01:04la compétence du législateur
01:01:06au titre de l'article 34
01:01:08dans cette hypothèse
01:01:10de droit fiction
01:01:11vous rendriez
01:01:11une décision
01:01:12d'inconstitutionnalité
01:01:13il y aurait cependant
01:01:14lieu d'en aménager
01:01:16l'application dans le temps
01:01:17dans l'ensemble
01:01:18de vos précédentes décisions
01:01:19rendues en matière
01:01:19de droit de se taire
01:01:20vous avez précisé
01:01:20que la déclaration
01:01:21d'inconstitutionnalité
01:01:22pourrait être invoquée
01:01:24dans les instances
01:01:24introduites
01:01:25à la date de la publication
01:01:26de votre décision
01:01:27et non jugée définitivement
01:01:28mais cette solution
01:01:30ne peut pas s'appliquer
01:01:31dans notre hypothèse
01:01:32parce qu'on est
01:01:32une fois encore
01:01:33en matière contractuelle
01:01:34or vous le savez
01:01:35en matière contractuelle
01:01:36les exigences
01:01:37des articles 4 et 16
01:01:38de la déclaration
01:01:39de droit de 1789
01:01:40interdisent
01:01:41au législateur
01:01:42de porter au contrat
01:01:43légalement conclu
01:01:44une atteinte
01:01:45qui ne soit justifiée
01:01:46par un noté d'intérêt général
01:01:47et qui ne soit pas
01:01:48manifestement disproportionné
01:01:50or
01:01:51jusqu'à ce jour
01:01:52le droit positif
01:01:54exclut l'application
01:01:55du droit de se taire
01:01:55dans les rapports contractuels
01:01:56de droit privé
01:01:57l'employeur qui a prononcé
01:01:58une sanction
01:01:59en respectant les prescriptions
01:02:00alors applicables
01:02:01ne saurait se voir
01:02:02lui-même sanctionné
01:02:03à raison d'une règle nouvelle
01:02:05sauf à méconnaître
01:02:06notamment
01:02:06le principe de garantie
01:02:07des droits
01:02:08proclamé par l'article 16
01:02:09de la déclaration
01:02:10de 1789
01:02:11en tout état de cause
01:02:12donc
01:02:13la déclaration d'inconstitutionnalité
01:02:15ne saurait être invoquée
01:02:16que dans des litiges
01:02:16concernant
01:02:17des sanctions
01:02:18prononcées par l'employeur
01:02:20après la publication
01:02:21de votre décision
01:02:22je vous remercie
01:02:23merci maître
01:02:26maître Benoît Flamand
01:02:28vous êtes avocat
01:02:30au barreau de Rennes
01:02:31et vous représentez
01:02:33l'union syndicale
01:02:34solidaire
01:02:35et madame Karine Caillé
01:02:37partie intervenante
01:02:38dans les affaires
01:02:381160 et 1162
01:02:41nous vous écoutons
01:02:43je vous remercie
01:02:44monsieur le président
01:02:45mesdames messieurs
01:02:45les membres du conseil
01:02:46constitutionnel
01:02:47après 8000 magistrats
01:02:50200 000 militaires
01:02:525 millions de fonctionnaires
01:02:54ce sont aujourd'hui
01:02:5521 millions de femmes
01:02:56et d'hommes
01:02:56travaillant dans le secteur privé
01:02:58qui se présentent à vous
01:02:59aujourd'hui pour obtenir
01:03:00la consécration d'un droit
01:03:01omis par le législateur
01:03:03parmi elles
01:03:04plus précisément
01:03:0536 000 personnes
01:03:07licenciées pour un motif
01:03:08disciplinaire
01:03:09et je reviendrai d'ailleurs
01:03:11sur ce chiffre
01:03:12de la d'Ares
01:03:13lorsqu'il s'agit
01:03:13de conclure mon propos
01:03:14les articles contestés
01:03:16aujourd'hui devant vous
01:03:17devait-il prévoir
01:03:18que le salarié
01:03:19poursuivi disciplinairement
01:03:20ou menacé
01:03:21de perdre son emploi
01:03:22pour ce motif
01:03:22soit informé
01:03:23qu'il dispose du droit
01:03:24de se taire
01:03:24lors de son entretien préalable
01:03:26vous y répondrez
01:03:27par l'affirmative
01:03:28quelques mots d'abord
01:03:30sur les deux intervenants
01:03:31parce qu'elle a été privée
01:03:34de son droit de se taire
01:03:35madame Caillé
01:03:36s'est auto-incriminée
01:03:38et a été licenciée
01:03:39elle a soulevé
01:03:41une question prioritaire
01:03:43de constitutionnalité
01:03:44identique
01:03:44dans le cadre
01:03:45du litige
01:03:45qui l'oppose
01:03:46à son employeur
01:03:47devant le conseil
01:03:48de prudence d'Alberville
01:03:49laquelle n'a été audiencée
01:03:50que postérieurement
01:03:50à votre saisine
01:03:51raison pour laquelle
01:03:52elle intervient
01:03:53aujourd'hui devant vous
01:03:53l'union syndicale solidaire
01:03:56pour sa part
01:03:57est une organisation
01:03:58syndicale de salariés
01:04:00elle porte leur voix
01:04:01les appuie
01:04:02les représente
01:04:02les défend
01:04:03elle est recevable
01:04:05à intervenir
01:04:05au soutien de leurs droits
01:04:06plus encore
01:04:07devant le juge constitutionnel
01:04:09lorsqu'il s'agit
01:04:10de la défense
01:04:10de leurs droits fondamentaux
01:04:12les présentations
01:04:13étant faites
01:04:14venons-en au fond
01:04:16qui nous occupe
01:04:17quelques éléments
01:04:19pourtant relativement évidents
01:04:21doivent être rappelés
01:04:23d'abord
01:04:24qu'il s'agisse
01:04:25d'un licenciement disciplinaire
01:04:27ou d'une sanction disciplinaire
01:04:29qui suit le même régime
01:04:30ces manifestations
01:04:32du pouvoir de l'employeur
01:04:33ont une nature
01:04:34de punition
01:04:35elles répriment
01:04:36un comportement
01:04:37et elles préviennent
01:04:39sa réitération
01:04:40par la rupture
01:04:41du contrat de travail
01:04:42ou par l'éviction
01:04:43temporaire
01:04:43du salarié
01:04:44de l'entreprise
01:04:45ce point dès lors
01:04:50ne vous retiendra pas
01:04:50véritablement longtemps
01:04:52pas plus d'ailleurs
01:04:53que l'absence
01:04:54de délégation
01:04:54de l'état
01:04:55pour pouvoir sanctionner
01:04:57d'abord
01:04:58cette exigence
01:04:59n'est pas celle
01:05:00de votre jurisprudence
01:05:01qui vise
01:05:01les punitions
01:05:02sans distinction
01:05:03et si je devais
01:05:05faire un parallèle
01:05:06ce n'est pas
01:05:07le cas non plus
01:05:08des collectivités territoriales
01:05:10qui sanctionnent
01:05:11leurs agents
01:05:11sans agir
01:05:12en vertu
01:05:12d'une quelconque
01:05:13délégation de l'état
01:05:14elles sont simplement
01:05:15l'autorité d'emploi
01:05:16qui sanctionne
01:05:18rien de plus
01:05:20ensuite
01:05:23il faut revenir
01:05:24sur les points
01:05:25peut-être un des points
01:05:26les plus discutés
01:05:27aujourd'hui devant vous
01:05:29qui est la source
01:05:30du pouvoir
01:05:30de l'employeur
01:05:31on vous a soutenu
01:05:34que le pouvoir
01:05:35de l'employeur
01:05:35trouverait sa source
01:05:36dans le contrat
01:05:37de travail
01:05:37ce qui couperait
01:05:38tour à toute discussion
01:05:39sur le droit
01:05:40de ce terme
01:05:40deux points
01:05:42d'une part
01:05:44il ne s'agit pas ici
01:05:46précisément
01:05:47de traiter de la source
01:05:48du pouvoir disciplinaire
01:05:49de l'employeur
01:05:50en réalité
01:05:50il s'agit
01:05:52de traiter
01:05:53des garanties
01:05:54qui en entourent
01:05:55son usage
01:05:55et les dispositions
01:05:57qui vous sont déférées
01:05:58traitent bien
01:05:58des garanties
01:05:59et peu importe
01:06:01la source
01:06:02c'est la manière
01:06:02dont ils mettent
01:06:03en oeuvre
01:06:04ce pouvoir
01:06:05qui est aujourd'hui
01:06:06encadré par le législateur
01:06:07qui est prévu
01:06:07par le législateur
01:06:08et c'est à ces garanties
01:06:10qui ne possèdent pas
01:06:11le droit de ce terme
01:06:12d'un script dedans
01:06:13qui laissait grief
01:06:14d'être silencieux
01:06:15sur ce point
01:06:16d'autre part
01:06:18même si l'on devait
01:06:19revenir sur les sources
01:06:20du pouvoir disciplinaire
01:06:21de l'employeur
01:06:22il est faux
01:06:23de résumer
01:06:23ce pouvoir disciplinaire
01:06:24au contrat
01:06:25alors oui
01:06:26oui c'était vrai
01:06:29je concède
01:06:30c'était vrai
01:06:30c'était vrai
01:06:31en 1866
01:06:33lorsque les chambres civiles
01:06:34de la cour de cassation
01:06:35ont jugé
01:06:36dans le fameux
01:06:37arrêt des sabots
01:06:38que l'employeur
01:06:38tirait son pouvoir disciplinaire
01:06:40du contrat
01:06:42de travail
01:06:42et pouvait sanctionner
01:06:43pécuniairement
01:06:44sa salariée
01:06:45etc etc
01:06:46mais tout ceci
01:06:47n'est plus vrai
01:06:48cette théorie
01:06:49a été abandonnée
01:06:50depuis 1945
01:06:51date depuis laquelle
01:06:54la cour de cassation
01:06:55juge que le patron
01:06:57a un pouvoir disciplinaire
01:06:58inhérent à sa qualité
01:06:59et vous retrouvez ceci
01:07:01d'ailleurs
01:07:01y compris dans des articles
01:07:02de doctrine fort ancien
01:07:03par exemple
01:07:06celui du professeur
01:07:07bret de l'agressé
01:07:08qui dans un article
01:07:09publié en 1953
01:07:10on peut dire
01:07:11que l'on n'est pas
01:07:12pour le moins
01:07:12dans l'actualité
01:07:13et qu'il n'y a pas
01:07:14d'opportunisme ici
01:07:15nous disait
01:07:16le pouvoir disciplinaire
01:07:17du chef d'entreprise
01:07:17existe de plein droit
01:07:18et a un caractère social
01:07:20institutionnel
01:07:21et non contractuel
01:07:22cette position
01:07:24d'ailleurs
01:07:25est encore celle
01:07:26de la chambre sociale
01:07:27de la cour de cassation
01:07:28lorsqu'elle contrôle
01:07:29le pouvoir disciplinaire
01:07:30de l'employeur
01:07:31dans les entreprises
01:07:32de moins de 50 salariés
01:07:33non dotés
01:07:33d'un règlement intérieur
01:07:34surtout
01:07:37si le pouvoir
01:07:38trouve véritablement
01:07:40son fondement
01:07:40dans le contrat
01:07:41il sanctionne alors
01:07:42un manquement au contrat
01:07:43monsieur de la palisse
01:07:44ne nous aurait pas dit mieux
01:07:45mais
01:07:47la daresse
01:07:49encore elle
01:07:50nous rappelle
01:07:52que 27%
01:07:53des licenciements
01:07:54pour fautes lourdes
01:07:55ou graves
01:07:56qui sont prononcés
01:07:57sont des comportements
01:07:59fautifs extra
01:08:00contractuels
01:08:01insubordination
01:08:02vol
01:08:03violence
01:08:04injure
01:08:05harcèlement moral
01:08:06harcèlement sexuel
01:08:07si le contrat
01:08:09est redevenu
01:08:10la source
01:08:11du pouvoir disciplinaire
01:08:12de l'employeur
01:08:12comme on vous le soutient
01:08:13il soit facto
01:08:14vous allez blanchir
01:08:15ces personnes
01:08:16qui n'ont plus
01:08:17leur place
01:08:17dans l'entreprise
01:08:18pourquoi
01:08:18parce que
01:08:19ce n'est pas
01:08:20un manquement contractuel
01:08:21où se trouve
01:08:22le pouvoir de résiliation
01:08:23de l'employeur
01:08:23dès lors
01:08:24viendra alors
01:08:29pour vous
01:08:30une ultime question
01:08:34à vous poser
01:08:34avant véritablement
01:08:36d'appliquer
01:08:37votre grille de lecture
01:08:38relative aux droits
01:08:39de ce terrain
01:08:39cette question
01:08:41c'est celle
01:08:41du rôle de l'entretien
01:08:43préalable
01:08:43et tout le monde
01:08:45ici le conseille
01:08:45l'entretien préalable
01:08:47c'est une garantie
01:08:48c'est une garantie
01:08:49comme le CSM
01:08:51l'est pour le magistrat
01:08:52poursuivi
01:08:52comme le conseil
01:08:53de discipline
01:08:54l'est pour le fonctionnaire
01:08:55poursuivi
01:08:56c'est un lieu d'échange
01:08:58et pas nécessairement
01:08:59un lieu de diffusion
01:08:59comme le conseil
01:09:00de discipline
01:09:01mais ici
01:09:03comme devant
01:09:04le conseil
01:09:04de discipline
01:09:05le salarié
01:09:07poursuivi
01:09:07peut reconnaître
01:09:08des faits
01:09:09s'incriminer
01:09:10s'il ne sait pas
01:09:11qu'il dispose
01:09:12du droit de se taire
01:09:12avec toutefois
01:09:13une situation
01:09:14relativement différente
01:09:15du conseil
01:09:16de discipline
01:09:17dans lequel se trouve
01:09:19attrait
01:09:19l'agent public
01:09:20poursuivi
01:09:20lorsque l'agent public
01:09:22comparaît devant
01:09:22le conseil de discipline
01:09:23il sait pourquoi
01:09:24il en connaît
01:09:25les griefs
01:09:26les causes
01:09:26de la saisine
01:09:27du conseil
01:09:28de discipline
01:09:28lui sont notifiées
01:09:29préalablement
01:09:30lorsque le salarié
01:09:32se présente
01:09:33devant son employeur
01:09:34il n'est pas tenu
01:09:35d'en connaître
01:09:36les motifs
01:09:36il vient
01:09:39parce qu'on lui demande
01:09:40de venir
01:09:40et ensuite
01:09:42on assiste
01:09:43comme régulièrement
01:09:44à des entretiens blancs
01:09:45nous disant
01:09:45mais vous savez très bien
01:09:46pourquoi
01:09:46dites-moi
01:09:47allez-y
01:09:48avouez
01:09:49il y a ici
01:09:50quelque chose
01:09:51qui est différent
01:09:52on envoie
01:09:54un salarié
01:09:55répondre à des questions
01:09:56qu'il ne connaît pas
01:09:57et par nécessité
01:09:59il se trouve peut-être
01:10:00plus qu'un agent
01:10:01poursuivi
01:10:02plus qu'un magistrat
01:10:03poursuivi
01:10:03dans une situation
01:10:04de faiblesse
01:10:04dans laquelle
01:10:05il peut reconnaître
01:10:06des choses
01:10:06qu'il ne savait pas
01:10:07et paradoxalement
01:10:09si le droit de ne pas venir
01:10:10il a largement
01:10:11le droit de venir
01:10:11et de se taire
01:10:11on retiendra enfin
01:10:15que les propos
01:10:16tenus par le salarié
01:10:18dans sa défense
01:10:19devant l'employeur
01:10:21dans le cadre
01:10:21de l'entretien préalable
01:10:22par principe
01:10:23ne peuvent pas être sanctionnés
01:10:24sauf abus
01:10:25sauf abus
01:10:27caractérisés
01:10:29et estimés
01:10:30comme abusifs
01:10:30par l'employeur
01:10:31qui le convoque
01:10:32du seul fait
01:10:34des propos
01:10:35qu'ils tiennent
01:10:35et du seul fait
01:10:36que ces propos
01:10:36qu'ils tiennent
01:10:37déjà soient susceptibles
01:10:38de pouvoir entraîner
01:10:38une sanction
01:10:39parce qu'ils peuvent
01:10:39être considérés
01:10:40comme abusifs
01:10:40par l'employeur
01:10:41vous devriez
01:10:43reconnaître
01:10:44qu'ils disposent
01:10:45du droit de se taire
01:10:46alors
01:10:47au regard
01:10:49de cet ensemble
01:10:50de principes rappelés
01:10:51nous sommes effectivement
01:10:52dans un cas particulier
01:10:54dans lequel
01:10:55je pense
01:10:56vous consacrerez
01:10:57l'extension
01:10:57du droit de se taire
01:10:58aux salariés
01:10:59du secteur privé
01:11:00se posera alors
01:11:01pour vous
01:11:02véritablement
01:11:03deux questions
01:11:03les effets dans le temps
01:11:05et l'invocabilité
01:11:07au litige en cours
01:11:09pour les effets
01:11:10dans le temps
01:11:11effectivement
01:11:11si vous prononcez
01:11:12une abrogation
01:11:12immédiate
01:11:13on va priver
01:11:14les salariés
01:11:15d'un droit
01:11:15plus que de l'en reconnaître
01:11:16un nouveau
01:11:17c'est inique
01:11:18il faudra effectivement
01:11:20différer dans le temps
01:11:21comme vous l'avez fait
01:11:22dans les abrogations
01:11:23précédentes
01:11:24les effets
01:11:25de l'abrogation
01:11:26et je dirais
01:11:27fort maintenant
01:11:29de l'expérience
01:11:30des magistrats
01:11:31qui ont vu
01:11:32l'article abrogé
01:11:33différé dans le temps
01:11:34et finalement
01:11:35abrogé tout court
01:11:36parce que le parlement
01:11:37n'a pas su
01:11:38reboter dans les délais
01:11:39que vous lui aviez imparti
01:11:40il faudra différer
01:11:42dans le temps
01:11:43longuement
01:11:43et juger dans l'intervalle
01:11:45que le droit de ce terre
01:11:45est applicable
01:11:46se pose alors
01:11:48l'épineuse question
01:11:49de l'application
01:11:52du litige en cours
01:11:52mais les questions
01:11:53en réalité
01:11:53n'est épineuse
01:11:54qu'en apparence
01:11:55dès lors que l'on revient
01:11:56aux statistiques
01:11:57de la Dares
01:11:57dont je vous parlais
01:11:58tout à l'heure
01:11:59si on prend
01:12:01les statistiques
01:12:01de la Dares
01:12:02et les statistiques
01:12:02du ministère de la justice
01:12:03ceci
01:12:04que j'ai consulté
01:12:04hier soir
01:12:05sur leur site internet
01:12:06on a 123 000 salariés
01:12:07qui sont licenciés
01:12:08par an
01:12:09pour faute
01:12:09et sur ces 123 000 salariés
01:12:11licenciés par an
01:12:12pour faute
01:12:12vous en avez en réalité
01:12:1370%
01:12:13qui sont licenciés
01:12:14pour abandon
01:12:14de poste
01:12:16le droit de ce terre
01:12:18sera sans incidence
01:12:19on parle en réalité
01:12:20de 36 900 licenciements
01:12:22au maximum
01:12:23qui sont prononcés
01:12:24et sur lesquels
01:12:25les salariés
01:12:26du secteur privé
01:12:27ont été privés
01:12:28de ce droit constitutionnel
01:12:2936 900 licenciements
01:12:31sur une cohorte
01:12:32de 21 millions de salariés
01:12:34et 36 900 licenciements
01:12:37ce n'est pas 36 900 licenciements
01:12:38qui vont être contestés
01:12:39lorsque l'on regarde
01:12:41les statistiques
01:12:42du ministère de la justice
01:12:42il est très intéressant
01:12:44de les descendre
01:12:44dans les détails
01:12:45on voit 8 122 affaires
01:12:47en cours
01:12:48qui contestent
01:12:49les demandes
01:12:50d'annulation de sanctions
01:12:51on voit qu'il y a
01:12:52environ 22 000 contestations
01:12:53par an
01:12:54de sanctions
01:12:55avec un stock
01:12:56de 45 000 dossiers
01:12:57ce qui vous fait
01:12:58pour faire simple
01:13:00le même nombre de dossiers
01:13:01le même stock
01:13:02de dossiers
01:13:02que celui que vous aviez
01:13:03dans la fonction publique
01:13:04lorsque vous avez jugé
01:13:05ce droit
01:13:06applicable aux instances
01:13:08en cours
01:13:08rien dès lors
01:13:09ne s'y oppose
01:13:10rien dès lors ne s'y oppose
01:13:11parce que comme l'a dit
01:13:12mon confrère tout à l'heure
01:13:13de toute façon
01:13:13si c'est fondé
01:13:14c'est une simple irrégularité
01:13:15de procédure
01:13:15c'est un mois de dommage interne
01:13:18et si c'est pas fondé
01:13:19c'est pas fondé
01:13:21et je dirais
01:13:22et je vais en terminer là-dessus
01:13:24rassurez-vous
01:13:24monsieur le président
01:13:25que de toute façon
01:13:26rien s'y oppose
01:13:27d'autant moins
01:13:27que la prévisibilité
01:13:28de la chose
01:13:29n'est pas nouvelle
01:13:29depuis le 8 décembre
01:13:322023
01:13:33on pouvait largement
01:13:35anticiper le sens
01:13:36de cette décision
01:13:36et rien n'interdisait
01:13:37d'aller un peu plus loin
01:13:38en lui reconnaissant
01:13:39dès à présent
01:13:40le droit de se taire
01:13:41vous avons rejoint
01:13:41merci maître
01:13:43je donne maintenant
01:13:47la parole
01:13:47à monsieur Thibault Kessial
01:13:49chargé de mission
01:13:51au secrétariat général
01:13:53du gouvernement
01:13:53pour le premier ministre
01:13:56nous vous écoutons
01:13:57merci monsieur le président
01:13:58monsieur le président
01:13:59mesdames et messieurs
01:14:00les membres du conseil constitutionnel
01:14:02les articles L1232-2
01:14:04à L1232-4
01:14:06du code du travail
01:14:06imposent que tout licenciement
01:14:08pour motifs personnels
01:14:09soit précédé
01:14:09dans l'entretien préalable
01:14:10au cours duquel
01:14:11l'employeur doit indiquer
01:14:12les motifs du licenciement
01:14:13envisagé
01:14:14et recueillir
01:14:15les explications du salarié
01:14:16ces licenciements
01:14:17fondés sur ces articles
01:14:18ne sont pas nécessairement
01:14:20de nature disciplinaire
01:14:21mais peuvent être fondés
01:14:22sur toute cause réelle
01:14:23et sérieuse
01:14:24par exemple
01:14:24l'insuffisance professionnelle
01:14:26ou encore
01:14:26le refus de modification
01:14:28du contrat de travail
01:14:29en matière disciplinaire
01:14:30cette fois
01:14:31un entretien préalable
01:14:32est également exigé
01:14:34par l'article L1332-2
01:14:36du code du travail
01:14:36lorsque l'employeur
01:14:37envisage de prendre
01:14:38des sanctions
01:14:39à l'encontre
01:14:40de son salarié
01:14:40il est reproché
01:14:42dans l'ensemble
01:14:43des trois QPC
01:14:43dont vous êtes saisi
01:14:44de prévoir
01:14:46à ses dispositions
01:14:47de prévoir
01:14:48l'organisation
01:14:48d'un entretien préalable
01:14:49au licenciement
01:14:50et aux sanctions disciplinaires
01:14:51sans que soit notifié
01:14:53au salarié
01:14:53son droit de se taire
01:14:54eu égard
01:14:55au grieve soulevé
01:14:56qui ne vise
01:14:57que les procédures disciplinaires
01:14:58la question
01:14:59dont vous êtes saisi
01:15:00ne porte que sur
01:15:01le deuxième alinéa
01:15:02de l'article L1332-2
01:15:04du code du travail
01:15:04c'est à dire
01:15:05les dispositions
01:15:06relatives aux sanctions disciplinaires
01:15:07et pas sur les autres dispositions
01:15:09qui organisent
01:15:10le licenciement
01:15:11pour motifs personnels
01:15:12qui ont une portée
01:15:13plus générale
01:15:13et ne sont donc pas concernés
01:15:15vous jugez
01:15:17que le principe
01:15:17selon lequel
01:15:18nul n'est tenu
01:15:18de s'accuser
01:15:19dont découle le droit
01:15:20de se taire
01:15:21résulte de l'article 9
01:15:22de la déclaration de 1789
01:15:24vous l'avez récemment élargi
01:15:26à toute sanction
01:15:27ayant le caractère
01:15:28du punition
01:15:28depuis votre décision
01:15:29du 8 décembre 2023
01:15:31il résulte
01:15:33de l'état actuel
01:15:33de votre jurisprudence
01:15:34que le législateur
01:15:35est tenu de prévoir
01:15:36que le droit
01:15:36de conserver le silence
01:15:37soit notifié
01:15:38à la personne poursuivie
01:15:40uniquement dans le cadre
01:15:41d'une procédure répressive
01:15:42que celle-ci soit
01:15:43pénale ou administrative
01:15:44vous l'avez exigé
01:15:46cela a été rappelé
01:15:47auparavant
01:15:47concernant les magistrats
01:15:48les fonctionnaires
01:15:49les militaires
01:15:50ou encore les magistrats financiers
01:15:51toutefois
01:15:52les exigences
01:15:53de l'article 9
01:15:54de la déclaration de 89
01:15:55ne s'étendent pas
01:15:56aux procédures disciplinaires
01:15:58applicables aux salariés
01:15:58de droit privé
01:15:59la sanction prononcée
01:16:00par l'employeur
01:16:01n'est pas une punition
01:16:02au sens de ses dispositions
01:16:04et ce pour deux raisons
01:16:04la première raison
01:16:06c'est que le pouvoir
01:16:07exercé par l'employeur
01:16:09résulte
01:16:10contrairement à ce qui est
01:16:10pu être indiqué
01:16:11uniquement de l'exécution
01:16:12du contrat
01:16:13et il n'est pas
01:16:14l'expression
01:16:14du pouvoir de répression
01:16:16de l'état
01:16:16il résulte de votre jurisprudence
01:16:18que cette sanction
01:16:19qui a le caractère
01:16:20d'une punition
01:16:21est celle dont je cite
01:16:22le législateur a laissé
01:16:23le soin de prononcer
01:16:24à une autorité
01:16:25de nature non judiciaire
01:16:27la doctrine relève
01:16:28que par cette expression
01:16:30vous avez admis
01:16:30le pouvoir punitif
01:16:31des autorités administratives
01:16:32vous considérez ainsi
01:16:34qu'une autorité administratives
01:16:35peut prononcer
01:16:36des sanctions
01:16:36ayant le caractère
01:16:37d'une punition
01:16:37dès lors qu'elle agit
01:16:39dans le cadre
01:16:39des prévoitifs
01:16:40de puissance publique
01:16:41vous l'avez admis
01:16:42par exemple
01:16:43concernant la commission
01:16:43des opérations de bourse
01:16:44ou encore le conseil supérieur
01:16:46de l'audiovisuel
01:16:46le pouvoir de sanction
01:16:48des employeurs
01:16:49s'inscrit uniquement
01:16:50dans une relation contractuelle
01:16:51il se rattache
01:16:53aux exigences constitutionnelles
01:16:54relatifs aux droits privés
01:16:56que sont la liberté contractuelle
01:16:57et la liberté d'entreprendre
01:16:59et vous n'avez jamais admis
01:17:00que ce pouvoir de sanction
01:17:01des employeurs
01:17:01mette en jeu
01:17:03les exigences
01:17:04en matière répressive
01:17:05qui sont celles
01:17:06de l'article 8
01:17:07et de l'article 9
01:17:08de la déclaration de 89
01:17:09les finalités
01:17:13sont également différentes
01:17:14il vous a été expliqué
01:17:17tout à l'heure
01:17:17que l'affinité
01:17:17de la sanction
01:17:19pardon
01:17:19c'était de réprimer
01:17:20alors
01:17:21c'est sûr
01:17:22mais je vous propose
01:17:23d'aller un peu plus loin
01:17:24et de distinguer
01:17:25les différentes finalités
01:17:27entre les sanctions
01:17:27qui sont prononcées
01:17:28par des personnes publiques
01:17:29dans l'exercice
01:17:30de leur prérogatif
01:17:31de puissance publique
01:17:32et celles qui sont prononcées
01:17:33par l'employeur
01:17:34en droit privé
01:17:35les sanctions disciplinaires
01:17:38pardon
01:17:38au sein de l'administration
01:17:40pénitentiaire
01:17:40les sanctions
01:17:41applicables aux militaires
01:17:42les sanctions
01:17:43applicables au magistrat
01:17:44du siège
01:17:45pardon
01:17:45sont des sanctions disciplinaires
01:17:47qui sont prononcées
01:17:47par des personnes publiques
01:17:49ces sanctions
01:17:50poursuivent une finalité
01:17:52tout autre que celle
01:17:52des sanctions disciplinaires
01:17:53dont le salarié fait l'objet
01:17:54par exemple
01:17:57celles prononcées
01:17:58par les ordres professionnels
01:17:59permettent à des personnes
01:18:00morales de droit privé
01:18:01certes
01:18:02mais chargées d'une mission
01:18:02de service public
01:18:03de réguler
01:18:04dans l'intérêt général
01:18:05l'exercice d'une profession
01:18:06réglementée
01:18:07cette finalité se retrouve également
01:18:09dans le cadre des sanctions disciplinaires
01:18:11prononcées à l'encontre
01:18:12des fonctionnaires
01:18:12des magistrats
01:18:13qui sont assujettis
01:18:15à des règles déontologiques
01:18:16liées à la nature particulière
01:18:18de leurs fonctions
01:18:18exercées dans l'intérêt général
01:18:19ces sanctions disciplinaires
01:18:21ont donc une finalité
01:18:23et un objet répressif
01:18:24qui est lié
01:18:25pardon
01:18:25à l'intérêt général
01:18:26qu'elles entendent protéger
01:18:27à l'inverse
01:18:29le pouvoir disciplinaire
01:18:30de l'employeur
01:18:31découvre du pouvoir
01:18:32de direction
01:18:32que ce dernier tire
01:18:33directement de son contrat
01:18:35de travail
01:18:35du contrat de travail
01:18:36pardon
01:18:36il ne s'agit pour l'employeur
01:18:38que de sanctionner
01:18:39pour la protection
01:18:40d'intérêts privés
01:18:41et uniquement
01:18:41pour la protection
01:18:42d'intérêts privés
01:18:43les manquements du salarié
01:18:44aux obligations
01:18:45qui découlent
01:18:46de son contrat de travail
01:18:47ce sont les mêmes
01:18:48termes même
01:18:49de l'article
01:18:49L1331-1
01:18:51du code du travail
01:18:52que la sanction
01:18:53est une mesure
01:18:54de l'employeur
01:18:55et qu'elle ne frappe
01:18:56qu'une faute contractuelle
01:18:57et elle se limite
01:18:58donc à assurer
01:18:58la bonne exécution
01:18:59du contrat
01:19:00sans aucune finalité
01:19:01répressive
01:19:01au sens de l'article
01:19:029 de la déclaration
01:19:03de 1789
01:19:04et ce n'est pas
01:19:06parce que la loi
01:19:06est intervenue
01:19:08pour réglementer
01:19:09les relations du travail
01:19:10et pour réglementer
01:19:12le contrat de travail
01:19:13d'ailleurs
01:19:13elle est intervenue
01:19:14la loi
01:19:14pour réglementer
01:19:15l'ensemble
01:19:16du droit des contrats
01:19:17que ça pourrait fait
01:19:18de rendre applicables
01:19:20les dispositions
01:19:21et les exigences
01:19:21constitutionnelles
01:19:22applicables
01:19:23à la matière répressive
01:19:24la sanction disciplinaire
01:19:25infligée par l'employeur
01:19:26n'est pas une sanction
01:19:27ayant le caractère
01:19:28d'une punition
01:19:29au sens de votre jurisprudence
01:19:31les exigences
01:19:32de l'article 9
01:19:32ne sont donc pas applicables
01:19:33et le moyen
01:19:34est inopérant
01:19:35à titre subsidiaire
01:19:37et à le supposé opérant
01:19:38le grief n'est pas fondé
01:19:39l'entretien préalable
01:19:41est une garantie
01:19:42de procédure
01:19:42cela a été dit
01:19:43conçu comme
01:19:44protectrice du salarié
01:19:45elle n'a pas
01:19:46à être précédée
01:19:47nous dit la cour de cassation
01:19:48d'une notification
01:19:49de grief
01:19:49et il ne s'agit pas
01:19:50d'une enquête
01:19:51aucune exigence
01:19:53constitutionnelle
01:19:54n'ayant été méconnue
01:19:55je vous invite à déclarer
01:19:56le deuxième alinéa
01:19:57de l'article L1332-2
01:19:58du code du travail
01:19:59conforme à la constitution
01:20:00merci monsieur
01:20:03cher collègue
01:20:04nous avons entendu
01:20:05les observations
01:20:06des parties présentes
01:20:07l'un des membres
01:20:09du conseil
01:20:09souhaite-t-il poser
01:20:11une question
01:20:12à l'une des parties
01:20:13monsieur François Pellet
01:20:16j'ai la parole
01:20:17oui
01:20:17une question
01:20:19qui m'est venue
01:20:22après avoir entendu
01:20:23les deux parties
01:20:24quelle est la portée
01:20:25en fait
01:20:26et procédurale
01:20:27de l'immunité
01:20:28de propos
01:20:29lorsque
01:20:30dans le compte-rendu
01:20:32qui semble pouvoir
01:20:33être rédigé
01:20:34à la fin
01:20:35d'un entretien préalable
01:20:36il a été
01:20:37par exemple
01:20:38reconnu
01:20:39par le salarié
01:20:40une faute pénale
01:20:41alors
01:20:46je ne sais pas
01:20:48pour qui a la question
01:20:48mais qui vous a une réponse
01:20:50maître
01:20:51en der liste
01:20:52alors on vous a
01:20:56dans notre mémoire
01:20:57on a fait une petite synthèse
01:20:58de la jurisprudence
01:20:59donc le principe
01:21:00c'est qu'on ne peut pas
01:21:01sanctionner les propos
01:21:02tenus par le salarié
01:21:03au cours de l'entretien
01:21:04sauf si on démontre
01:21:06un abus
01:21:06cependant
01:21:07donc il y a un arrêt
01:21:08de la chambre sociale
01:21:09du 9 juin 2021
01:21:10donc je peux vous donner
01:21:11c'est 19-26-328
01:21:13où on a estimé
01:21:15qu'on pouvait sanctionner
01:21:16on pouvait mentionner
01:21:17dans l'aide de licenciement
01:21:18le fait que le salarié
01:21:19avait reconnu les faits
01:21:20et vous avez un arrêt
01:21:21du 16 septembre 2020
01:21:2219-18-109
01:21:24qui vous dit
01:21:25qui vous dit
01:21:26que la cour d'appel
01:21:27a pu caractériser les faits
01:21:29en retenant
01:21:29que le salarié
01:21:30qui était établi
01:21:31que le salarié
01:21:31avait reconnu les faits
01:21:32au cours de l'entretien
01:21:32donc ça c'est sur le volet civil
01:21:34sur le volet pénal
01:21:35vous n'avez strictement
01:21:36qu'une protection
01:21:36moi j'ai eu un dossier
01:21:38où concrètement
01:21:39on était dans une audition libre
01:21:41l'inspecteur
01:21:43l'officier de police judiciaire
01:21:44interroge ma cliente
01:21:45en lui demandant
01:21:46un certain nombre de choses
01:21:47elle fait une réponse
01:21:49et lui dit
01:21:49j'ai quelque chose
01:21:49à vous faire écouter
01:21:50et là on a une bande son
01:21:52de l'entretien préalable
01:21:53qui avait été enregistré
01:21:54clandestinement
01:21:55on voyait qu'il y avait
01:21:56quelques discordances
01:21:57ça c'est possible
01:21:58et la preuve pénale
01:21:59a toujours été libre
01:22:00là dessus
01:22:01merci maître
01:22:04y a-t-il d'autres questions
01:22:05oui monsieur Mésard
01:22:06je rebondirai sur la question
01:22:09que j'allais poser
01:22:11d'une manière différente
01:22:12mais je souhaiterais avoir
01:22:13la réponse
01:22:13du représentant
01:22:14du gouvernement
01:22:15par exemple
01:22:17si au cours
01:22:18de l'entretien préalable
01:22:19le salarié
01:22:21reconnaît
01:22:21une faute lourde
01:22:22est-ce que
01:22:23dans la lettre
01:22:24de licenciement
01:22:25cette reconnaissance
01:22:26peut être utilisée
01:22:28puisque nous savons
01:22:29que la lettre
01:22:30de licenciement
01:22:30que
01:22:31le conseil
01:22:33de prud'homme
01:22:33est tenu
01:22:34par le contenu
01:22:35des griefs
01:22:36qui sont visés
01:22:37dans la lettre
01:22:37de licenciement
01:22:38donc cette question
01:22:40est importante
01:22:40il semble que vous
01:22:41fondiez sur un
01:22:42arrêt de cassation
01:22:43pour tenter
01:22:45de répondre à cela
01:22:46mais j'aimerais avoir
01:22:47vos explications
01:22:48précises
01:22:49celles du gouvernement
01:22:50là dessus
01:22:50c'est ma première question
01:22:51il y en aura une seconde
01:22:52très simplement
01:22:53c'est que dans vos écritures
01:22:55vous dites
01:22:56en fonction
01:22:56des décisions
01:22:58que nous avons rendues
01:22:59concernant
01:23:00par exemple
01:23:01les magistrats
01:23:02que le droit
01:23:03de se taire
01:23:04donc est utilisable
01:23:05dans le cadre
01:23:08des professions
01:23:08réglementées
01:23:09et vous dites
01:23:10pour les fonctionnaires
01:23:11et magistrats
01:23:11qui sont assujettis
01:23:12à des règles déontologiques
01:23:13est-ce que le gouvernement
01:23:14considère que
01:23:15toute profession
01:23:16soumise à des règles
01:23:17déontologiques
01:23:18peut se voir appliquer
01:23:20le droit de se taire
01:23:21dans ces procédures
01:23:22Monsieur Kessia
01:23:24Monsieur le président
01:23:26mesdames et messieurs
01:23:27la première réponse
01:23:29la première question
01:23:30la réponse
01:23:30est oui
01:23:31les propos
01:23:32qui sont tenus
01:23:33par le salarié
01:23:34au cours d'entretien
01:23:35peuvent être utilisés
01:23:35par la suite
01:23:36sur la seconde question
01:23:37sur les règles déontologiques
01:23:39les règles déontologiques
01:23:40sont applicables
01:23:41l'ensemble
01:23:42des agents publics
01:23:43par exemple
01:23:43l'ensemble des fonctionnaires
01:23:44merci
01:23:47cette question prioritaire
01:23:49c'est
01:23:50oui maître
01:23:51on va pas prolonger
01:23:53les débats
01:23:53plus on parle
01:23:54du droit de se taire
01:23:55plus on parle
01:23:56c'est un paradoxe
01:23:58l'intervention du président
01:24:01du premier ministre
01:24:01m'a juste suggéré
01:24:02quelque chose
01:24:03quand on vous parle
01:24:04de la déontologie
01:24:05moi je voudrais juste
01:24:06mentionner que
01:24:06sur certaines professions
01:24:07financières
01:24:08dans le secteur bancaire
01:24:09etc.
01:24:09vous avez des règles déontologiques
01:24:10vous n'avez pas
01:24:11du coup
01:24:12il n'y a pas d'ordre
01:24:13et c'est l'employeur
01:24:14qui sanctionne
01:24:15dans le cadre de l'entreprise
01:24:15merci
01:24:18merci
01:24:21questions prioritaires
01:24:22de constitutionnalité
01:24:24sont mises en délibéré
01:24:25la décision publique sera
01:24:28la décision sera
01:24:30publique le 19 septembre
01:24:32s'il vous plaît
01:24:3419 septembre 2025
01:24:35vous pourrez en prendre connaissance
01:24:37en vous connectant
01:24:39sur notre site internet
01:24:41je vous remercie
Recommandations
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À suivre
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