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  • il y a 3 mois

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00:00Voilà, présentation de notre équipe du soir, Véronique Jacquet, bonsoir, ravie de vous retrouver.
00:04Bonsoir Thierry, bonsoir à tous.
00:05Olivier Benkemon, journaliste politique de la rédaction de CNews, bonsoir mon cher Olivier.
00:10Louis de Ragnel, journaliste, c'est toujours un bonheur de vous avoir.
00:13Bonheur partagé, bonsoir Thierry.
00:15Et nous saluons avec beaucoup de plaisir Béatrice Bougère, secrétaire générale d'unité magistrale.
00:19Soyez là, bienvenue, beaucoup de sujets pour vous ce soir.
00:22Vous restez une demi-heure avec nous, c'est bien cela.
00:24Alors on va commencer, si vous le voulez bien, avec cette violence qui frappe de plein fouet les villes moyennes.
00:31C'est l'un des grands feuilletons de cet été, il y en a eu d'autres malheureusement.
00:35Mais avec Antoine Defond, vous le savez, le narcotrafic, cet été on en a beaucoup parlé.
00:40Et on a beaucoup parlé de Clermont-Ferrand.
00:41Clermont-Ferrand, touché par cette hyper-violence, Bruno Retailleau était sur place.
00:45Je propose de voir le sujet et d'écouter le sujet de Pauline Straser et on ouvre le débat juste après.
00:50Un déplacement qui a débuté avec une visite dans le quartier de l'avenue Charas,
00:56zone particulièrement touchée par le narcotrafic à Clermont-Ferrand.
01:00Nous sommes sur un lieu spécifique où un point de deal a été supprimé.
01:05Il y avait six points de deal ici dans cette ville.
01:08Il en reste cinq et nous les démantèlerons.
01:10Depuis janvier, quatre dealers ont été tués dans des règlements de compte.
01:15Le week-end dernier, une nouvelle nuit de fusillade entre bandes rivales a fait trois blessés.
01:20Bruno Retailleau dresse un constat alarmant et en quelques minutes emploie près d'une dizaine de fois le mot « guerre ».
01:26On a atteint des sommets de barbarie.
01:28Je pense que cette guerre, sans doute qu'elle sera longue, mais nous allons la gagner.
01:32Et à Clermont-Ferrand, je veux qu'on montre précisément qu'en quelques mois, on peut améliorer les choses.
01:37Ces gens-là font la guerre, nous font la guerre, se font la guerre, nous leur ferons la guerre.
01:42Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur a ensuite détaillé sa nouvelle stratégie.
01:48Comme le terrorisme a été une cause nationale, le parallélisme, c'est que la lutte contre la criminalité organisée devienne précisément une grande cause nationale.
01:57Bruno Retailleau a annoncé de nouvelles opérations coup de poing, mais également des renforts défectifs.
02:03C'est un renfort de 22 policiers, cinq qui seront dédiés à l'investigation.
02:08Un nouveau dispositif très attendu.
02:10Cet été, Clermont-Ferrand a rejoint les villes sécurité renforcées, bénéficiant ainsi de renforts.
02:17Dans un département désormais en première ligne contre le narco-banditisme.
02:21Alors, Béatrice Bougère est avec nous ce soir sur Europe 1 et sur CNews.
02:24Merci encore une fois d'avoir accepté notre invitation.
02:26Quelle est votre réaction sur ces mesures annoncées par Bruno Retailleau, notamment à Clermont-Ferrand ?
02:32Et puis, il fait un parallèle également, et vous êtes ancienne juge antiterroriste, il fait un parallèle entre la lutte contre les terroristes et la lutte contre les narcotrafiquants.
02:40Oui, alors déjà, on a un discours extrêmement volontariste que l'on connaît bien maintenant, puisque depuis qu'il est arrivé au ministère de l'Intérieur, il s'étend pareil du sujet sur le plan législatif.
02:51Maintenant, on a un cadre législatif qui est augmenté, amélioré avec, en attente du côté judiciaire, la création de ce qu'on appelait le PNACO,
03:00c'est-à-dire un parquet national aussi dédié à la communauté organisée, la lutte contre les stupéfiants, qui n'est pas encore mis en place, je le dis.
03:07Donc, en fait, on est sur cette cartographie maintenant bien connue, qui démontre qu'il n'y a aucun point du territoire français, du territoire français, qui n'échappe à cette guerre du narcotrafic.
03:21C'est quoi la guerre du narcotrafic ? Parce qu'on dit on fait la guerre, mais en fait, il y a une guerre déjà interne, c'est-à-dire que la guerre, elle est déjà entre eux.
03:27C'est ça, déjà, la première guerre. Nous, on dit qu'on va leur faire la guerre, on verra, je n'en sais rien si le terme est le bon.
03:33Les moyens ne sont pas les mêmes.
03:34Oui, mais en tout cas, ce que l'on constate et ce que l'on voit, et quand on parle de barbarie, de règlement de compte, de fusillades, c'est qu'eux, ils ne nous ont pas attendus.
03:41Ils ont déjà commencé. C'est quoi le narcotrafic ? C'est d'abord une guerre de territoire, parce que c'est beaucoup, beaucoup d'argent.
03:47Donc, c'est vrai qu'il y a la partie visible, qui est le démantèlement des points de deal, que l'on connaît bien et dont on dit que finalement, c'est intéressant, mais c'est assez limité,
03:56puisque vous démantelez un point de deal, il se remet un petit peu à côté.
04:00Mais par contre, vous déstabilisez les territoires. C'est ça qui est intéressant, avec parfois des conséquences qui nous échappent et qui peuvent être des règlements de compte.
04:08Donc, la question aujourd'hui, c'est de reprendre le territoire physiquement.
04:12Or, on a des difficultés. Lesquelles ? D'abord, c'est qu'eux, ils ont pris beaucoup d'avance.
04:17Nous sommes très en retard et même si on a des nouveaux cadres législatifs, on voit bien qu'on se heurte toujours aux mêmes difficultés,
04:23à savoir un manque de moyens policiers, une filière d'investigation.
04:29Alors, c'est peut-être un peu technique, mais ça veut dire faire des enquêtes.
04:31Parce que fermer un point de deal, c'est relativement simple, mais faire les enquêtes pour démanteler derrière et faire des procédures,
04:38ça, c'est très long, c'est très coûteux, avec des résultats qui ne sont pas toujours d'ailleurs au rendez-vous, on le sait.
04:43Donc, c'est aussi une guerre d'usure sur laquelle nous devons rentrer.
04:47Et les résultats ne sont pas immédiats.
04:50Ce qui est immédiat et ce qui choque, et c'est normal, c'est que comme on a perdu beaucoup de temps,
04:55aujourd'hui, on a déjà les résultats de leur appropriation et de leur puissance financière,
05:02et puis surtout de leur violence, parce que tous ces réseaux, puisque c'est une guerre de territoire entre eux,
05:07sont hyper armés et sont sur une lutte d'influence et donc de règlement de compte.
05:13Voilà, donc, moi, ce que je peux simplement espérer, puisque nous avons accompagné cette augmentation à la fois des moyens législatifs,
05:21et on est tout à fait pour aller plus loin, c'est d'espérer qu'on arrive un peu à rattraper notre retard,
05:28et surtout, puisque c'est aussi votre sujet, on va avoir un changement de gouvernement, peut-être,
05:33qu'on reste sur un discours, parce qu'aujourd'hui, on a quand même la chance d'avoir deux ministres,
05:40à l'intérieur et à la justice.
05:42Je le dis parce que...
05:44Ça n'a pas toujours été le cas.
05:45Ça n'a été quasiment jamais le cas.
05:47C'est plutôt ça.
05:48C'est la première fois depuis 15 ans qu'on a, chacun dans leur domaine, chacun avec leur style,
05:56chacun avec leurs objectifs, j'allais dire une harmonisation du couple police-justice,
06:02dont beaucoup ont aimé nous séparer.
06:06Je crois que les résultats ne seront qu'au contraire dans une fluidité et une continuité de cette politique.
06:13Oui, c'est vrai que ça ne nous a pas échappé, Béatrice.
06:16Bougère nous l'a dit, on est en stabilité politique.
06:19Quelle sera la marge de manœuvre de M. Rotaillot, qui sera peut-être plus ministre de l'Intérieur dans quelques jours ?
06:23S'il n'est plus ministre, il n'a plus de marge de manœuvre.
06:25Il n'a plus la main sur la police et sur le ministère de l'Intérieur.
06:28Dans ma question, il y avait plus ou moins la réponse.
06:29Mais là où je rejoins ce que dit Béatrice Brugère, il y a quand même un vrai sujet autour des moyens.
06:37Et si on considère que c'est prioritaire, c'est une politique publique prioritaire,
06:41à ce moment, même en période de restriction budgétaire,
06:44il faut assumer de mettre beaucoup plus d'argent sur la justice, sur le ministère de l'Intérieur.
06:49Et assumer aussi, choisir c'est aussi renoncer.
06:52Et donc, dire clairement aussi qu'il y a des postes de dépense qui seront réduits dans d'autres portefeuilles ministériels.
06:59Il faut simplement l'assumer, l'expliquer.
07:01Parce qu'à force de dire que tout est prioritaire, en réalité, plus rien ne l'est.
07:04Et on se retrouve dans cette situation.
07:06Ensuite, il faut quand même saluer le travail qui a été fait depuis maintenant 4, 5, 6 ans.
07:11Avec cette prise de conscience, certes avec un train de retard,
07:14mais le budget du ministère de l'Intérieur a augmenté.
07:17Bruno Retailleau est venu annoncer quelques effectifs en plus.
07:20Ce n'est pas ça qui changera la donne, évidemment, on est d'accord.
07:22Mais il a les effectifs qui ont été décidés au moment où il y a eu un budget qui a été voté il y a 3 ans.
07:28Ensuite, vous savez, il faut plusieurs années pour former un policier.
07:30Il rentre à l'école de police.
07:32Et puis pour ceux qui font de l'investigation dont parle Béatrice Brugère,
07:35il faut des qualifications d'officier de police judiciaire.
07:37Tout ça prend du temps.
07:37Donc, si ce n'est pas clic-clac comme ça, en un claquement de doigt,
07:41vous n'avez pas 500 ou 1000 policiers de plus.
07:44Donc, ça, c'est le premier sujet.
07:46Et ensuite, moi, j'ai quand même l'impression, par rapport à ce que vous disiez, Béatrice,
07:50qu'il y a un relatif consensus quand même dans le fait que la lutte contre le narcotrafic
07:57est quelque chose d'extrêmement important, même chez, objectivement, les socialistes,
08:02qui pourraient accéder aux fonctions de ministres de l'Intérieur.
08:05Je ne pense pas que quelqu'un arrête, stoppe ce qui a été initié.
08:09En tout cas, c'est mon vœu, c'est ce que je souhaite.
08:11J'ai l'impression que c'est quand même une impulsion qui a été donnée,
08:14qui n'est pas du tout...
08:16Il y a un coup de menton politique, il y a une personnalité...
08:18Vous savez, parfois, il y a un politique qui dit, on va faire ça.
08:20En réalité, on sait que ça ne va pas durer longtemps,
08:22que c'est uniquement lié au ministre qui a fait l'annonce.
08:25Là, il y a une forme de quelque chose qui s'installe.
08:28Vous parliez de la création du PNACO.
08:30Ça va... Non, mais en vrai, il va voir le jour. Non ?
08:33Oui, bien sûr, mais dans quelques mots...
08:35Je crois simplement... Enfin, juste pour compléter, je suis d'accord avec vous.
08:38Il y a les deux bouts.
08:39C'est-à-dire qu'il y a le territoire, on voit les points de deal, les règlements de compte.
08:43Et puis, dans la compréhension de la lutte, de cette guerre que tout le monde appelle de ses vœux,
08:48il y a la prison qui est le deuxième enjeu.
08:50Parce qu'en fait, on croit que c'est la fin, mais ce n'est pas toujours la fin.
08:53C'est souvent simplement la continuité, par d'autres moyens, de la criminalité organisée.
08:57Aujourd'hui, on voit qu'on a un discours et une action volontariste sur le terrain.
09:03Et on a de notre côté, ministère de la Justice, un ministre qui a pris aussi des mesures assez fortes.
09:09Je pense aux quartiers de haute sécurité, etc.
09:12On voit parce qu'il y a une polémique et on voit que ça dérange.
09:15Ça veut dire que ça fait mal. Et si ça fait mal, c'est que ça marche.
09:17C'est que ça dérange et que ça marche, oui.
09:18Il ne faut jamais oublier que les cartels en Amérique du Sud et les factions ont commencé dans les prisons.
09:25Donc, la prison, ce n'est pas « je ne veux pas voir », « c'est pas beau », « c'est loin de chez moi ».
09:30La prison, en fait, est devenue, au contraire, un centre d'observation.
09:34Il devait être privilégié avec tous les soins pour éviter qu'en prison, non seulement le trafic continue,
09:42puisqu'on peut, en prison, on pouvait téléphoner, commanditer, bon évidemment, continuer l'activité du deal,
09:49mais commanditer des assassinats, éliminer des adversaires.
09:53Donc, c'est extrêmement important de ne pas oublier que la prison, ce n'est pas que la sanction.
09:58C'est aussi un lieu où il faut stopper la criminalité organisée et le trafic des stupéfiants.
10:04Et ça, on n'en a pas toujours conscience.
10:06Or, les décisions récentes, certes, mais importantes qui sont prises dans ce sens-là,
10:12ne sont qu'un rattrapage.
10:13J'indique simplement qu'en Italie, ça fait 25 ans qu'ils sont sur ce modèle-là.
10:19Et ils ont mis fin à une forme, à la mafia, à la Cosa Nostra.
10:23Ils en ont d'autres, évidemment, qui continuent.
10:25Donc, il y a urgence à continuer.
10:28Allez, on marque une pause et on reprend le débat dans quelques instants.
10:32Merci et on se retrouve sur Europe 1 et sur CNews.
10:3618h-19h sur CNews et Europe 1, Punchline, Thierry Cabane.
10:42Punchline, 18h-19h, Thierry Cabane sur CNews et Europe 1.
10:52Le gendarmerie.
10:5818h17, vous êtes bien sur Europe 1 et sur CNews.
11:01C'est votre Punchline Weekend jusqu'à 19h.
11:03Véronique Jacqui est à mes côtés ce soir.
11:05Louis de Ragnel, Olivier Benquemoun et Béatrice Bougère.
11:08Il nous fait l'honneur d'être avec nous ce soir.
11:09Secrétaire général d'unité magistrat.
11:11J'ai bien compris, vous étiez avec nous 30 minutes.
11:13Donc, je vais respecter les 30 minutes.
11:15Nous évoquions cette guerre contre les narcos,
11:17trafiquants et les prises de position du ministre de l'Intérieur.
11:22Je vais vous faire écouter, parce que vous évoquiez juste avant la pause publicitaire
11:25que le duo fonctionnait plutôt bien entre Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.
11:28Écoutez ce qu'a dit Bruno Retailleau.
11:30Je pense que ça va vous rappeler une petite déclaration de Gérald Darmanin,
11:33ce qui conforte vos propos, mais ça ne m'étonne pas.
11:36Écoutez ce que dit Bruno Retailleau.
11:38On ne peut plus tolérer cette situation.
11:40Certes, certes, désormais plus aucun territoire en France
11:44n'échappe à l'emprise de la drogue.
11:47Ni en milieu urbain, ni en milieu rural.
11:49Et les drogues les plus dures sont disponibles partout, à tout moment,
11:53pas seulement sur des points de deal, mais avec l'Ubershoot.
11:57Beatrice Bougère, les propos de Bruno Retailleau font sens
12:01aux propos tenus par Gérald Darmanin,
12:03où il avait dit en d'autres termes qu'il n'y a pas d'endroit safe en France.
12:06Oui, parce que tout simplement, c'est les propos de la réalité.
12:10Et c'est pour ça qu'ils disent la même chose,
12:11parce qu'ils voient en fonction la même chose.
12:14Gérald Darmanin a été ministre de l'Intérieur,
12:17donc il connaît déjà, je l'ai dit, très bien le sujet.
12:20Il arrive chez nous, il voit de l'autre côté comment ça fonctionne,
12:24et il a exactement la même vision.
12:27Donc oui, aujourd'hui, tout le territoire français,
12:30et outre-mer aussi, outre-mer plus exactement,
12:34est complètement gangréné par cette criminalité,
12:39qui peut prendre des aspects très différents d'ailleurs.
12:42N'oublions jamais d'ailleurs que les organisations criminelles
12:45sont sur plusieurs activités.
12:49Là, il m'est remonté que par exemple sur Marseille,
12:52il y aurait aussi des activités de prostitution,
12:55plus de drogue, plus de trafic d'armes, voilà.
12:58Donc en fait, on a affaire à des puissances financières
13:01qui ne sont pas monothématiques sur l'activité criminelle.
13:04C'est ce qui rend encore d'ailleurs la lutte de plus en plus difficile.
13:08Donc il ne faut pas, à mon avis, et c'est une erreur,
13:11se focaliser sur le produit comme on le fait souvent,
13:14mais plutôt sur les matrices criminelles qui sont à l'œuvre
13:16et qui sont toujours à l'affût de trouver une faille,
13:22une nouvelle source de profit.
13:24Donc ils peuvent passer de la prostitution au narcotrafic,
13:27au trafic d'armes.
13:28C'est vrai que nous, on a tendance à regarder un peu le produit,
13:31parce que le produit, la cocaïne, les stupéfiants,
13:34ça parle à tout le monde.
13:35Mais en fait, on est face, et c'est ça qui est dangereux,
13:39et c'est ça qu'il faut comprendre,
13:41à des organisations criminelles de type quasi-capitalistique,
13:45si je peux m'exprimer ainsi,
13:46avec une organisation extrêmement forte,
13:49comme des petites entreprises.
13:51Et c'est pour ça qu'en fait,
13:52elles emploient d'ailleurs autant de monde,
13:53parce qu'elles sont capables de rémunérer
13:55et elles sont capables d'aller chercher de nouveaux marchés
13:58qui sont juteux.
13:59Donc cette matrice criminelle,
14:04il faut la comprendre de façon beaucoup plus large.
14:07Et alors, je terminerai là-dessus,
14:08quitte à vous choquer.
14:10Je pense que là, on est passé sur quelque chose
14:12de beaucoup plus fort, dont personne ne parle,
14:14parce que c'est encore un tabou,
14:16c'est qu'on a aussi des emprises mafieuses.
14:19Or, en France, on ne parle pas de ça.
14:21On parle des stupes, de la crimorgue,
14:24tout ça, mais on ne parle pas de la mafia.
14:25Or, on voit dans des procédures maintenant
14:28une emprise mafieuse,
14:30qui existe déjà sur certains territoires,
14:33qui s'amplifie,
14:35avec des techniques extrêmement inquiétantes,
14:39où on a du racket, des prises d'otages, etc.
14:42Mais sur des organisations mafieuses,
14:45et là, c'est un autre sujet.
14:47Et cette mafia dont vous parlez,
14:49Beatrice Bougère, elle vient d'où ?
14:51Vous avez des...
14:52En fait, ce qu'il faut comprendre,
14:54c'est que la mafia, elle est internationale.
14:55Donc, on connaît tous la mafia italienne,
14:58avec les différentes...
15:00Surtout la Nandreta, aujourd'hui,
15:03qui est extrêmement puissante.
15:07Il se trouve que moi, j'étais en Italie il n'y a pas longtemps,
15:08que j'ai pu parler avec des magistrats italiens,
15:10ils nous expliquaient, mais vous ne vous rendez pas compte,
15:12vous avez déjà des ramifications extrêmement importantes,
15:15y compris dans des territoires style Clermont-Ferrand,
15:18y compris dans des territoires où on croit
15:20qu'on va aller se balader dans la nature
15:22et qu'il ne se passe rien.
15:23Donc, ça, c'est le danger de demain,
15:25nous, on essaie de résorber le danger d'hier
15:28et un peu d'aujourd'hui.
15:30Soyons vigilants de ne pas nous endormir.
15:31C'est pas rassurant, Véronique Jacquet.
15:34C'est pas rassurant, Véatrice Bougère.
15:35Oui, quand je vous entends, Véatrice Bougère,
15:38je me dis que la véritable guerre
15:40contre les narcotrafiquants n'a pas encore commencé.
15:42Parce que vous parlez,
15:44ce qui est de l'ordre du matriciel,
15:46quand même extrêmement fort à combattre.
15:50On voit l'instauration d'une contre-société,
15:52finalement aussi avec ces narcotrafiquants.
15:54on les voit se lancer dans des actions de charité
15:57pour acheter la population.
15:59C'est pour ça que je parle de quelque chose
16:00de matriciel, pour conforter ce que vous venez de dire.
16:03Vous avez quand même cité l'exemple de l'Italie
16:06qui avait pris des mesures,
16:07notamment pour tout ce qui touchait à la prison
16:09et qui, visiblement, donne des résultats.
16:12Alors, de quoi s'agit-il ?
16:13En fait, ce qui a très bien marché
16:14et ce qui marche très bien pour démanteler,
16:17parce qu'on parle de guerre, etc.
16:19Bon, il y a les points de deal, les fusillades.
16:22Mais en fait, ce qui marche sur le plan
16:23du démantèlement et de la guerre
16:25et qui a fait Flores en Italie,
16:27c'est ce qu'on commence à faire,
16:29c'est-à-dire avoir un système de repenti.
16:31C'est-à-dire que pour infiltrer ces organisations,
16:34il faut avoir un système très, très fort
16:36de personnes de l'intérieur
16:39qui puisse permettre de démanteler
16:42parce qu'en fait, c'est assez secret,
16:44c'est assez violent.
16:45Vous voyez bien que le premier qui bouge
16:47ou qui n'est pas conforme, il se fait tuer.
16:50Donc, si vous n'avez pas une connaissance fine de l'intérieur,
16:52vous n'avez pas cette capacité de comprendre
16:54tous les tenants et tous les aboutissements,
16:57en fait, vous n'y arrivez pas.
16:58Donc, les Italiens ont mis en place
16:59un système de repenti qui marche très bien.
17:03Ça veut dire derrière une législation,
17:04une protection, de l'argent
17:07et une culture du repenti.
17:10Nous, on a des taxes qui ont 20 ans
17:13qui n'ont jamais été mises en œuvre.
17:14On vient de les voter d'ailleurs,
17:16mais on a 25 ans de retard.
17:18Et dernière chose qui marche très bien en Italie,
17:20si vous me laissez encore une seconde,
17:22c'est le renseignement pénitentiaire.
17:24Le renseignement pénitentiaire est de très, très haut niveau.
17:26Ils ont une police pénitentiaire,
17:28c'est-à-dire qu'en détention,
17:30ils connaissent tout le monde,
17:31ils sont en capacité de faire quasiment
17:34de l'analyse criminelle,
17:36de comprendre les comportements
17:38et de les analyser.
17:39Et donc, ils sont extrêmement forts
17:41pour pouvoir prévenir, démanteler et punir.
17:46Olivier Benkemon, rapidement.
17:47Simplement, les choses ont été chiffrées par le FAST.
17:506 à 7 milliards, c'est le chiffre d'affaires.
17:526 à 7 milliards, c'est le chiffre d'affaires
17:54de la drogue dans ce pays.
17:56C'est des moyens considérables
17:57qu'ont aujourd'hui les trafiquants de drogue,
18:00les narcotrafiquants, ça représente 200 000,
18:02250 000 emplois.
18:04C'est énorme.
18:05C'est le premier employeur de France.
18:07Donc, pour lutter contre des mafias,
18:10des réseaux qui ont de tels moyens,
18:12il faudrait mettre autant de moyens.
18:14Et pour l'instant, c'est pour ça que,
18:16Véronique le disait,
18:17la guerre n'a peut-être pas réellement commencé.
18:20Quand on a affaire à des puissances pareilles,
18:22elles sont capables aujourd'hui
18:23de déstabiliser un État.
18:25C'est la peur absolue de Bruno Rotaillot,
18:26c'est la peur absolue de nos dirigeants,
18:28c'est la peur de nos gouvernements,
18:30c'est la déstabilisation d'un État
18:32avec beaucoup de possibilités pour déstabiliser.
18:35Alors, une contre-société, c'est vrai,
18:38aider là où l'État n'est plus,
18:41en aujourd'hui distribuant peut-être
18:43des fournitures scolaires,
18:45mais demain, il suffit de regarder
18:47ce qui a été fait en Colombie ou au Venezuela.
18:50Enfin, on construit des hôpitaux,
18:51on construit des immeubles,
18:52on construit des stades,
18:54on remplace l'État là où il est plus capable de faire.
18:56On a évoqué un grand nombre d'exemples
18:58où, évidemment, les narcotrafiquants
19:00se substituent au rôle social
19:01de certaines municipalités, etc.
19:03On l'a évoqué notamment à Bagnone-sur-Seize
19:05cet été, entre autres.
19:06Beatrice, très rapidement,
19:08deux mots encore sur le sujet,
19:09parce qu'il y a un autre thème
19:11sur lequel j'aimerais...
19:12On pourrait en parler des heures.
19:13On va enchaîner,
19:14parce que vous nous faites l'honneur
19:17d'être avec nous ce soir,
19:18on va évoquer avec vous
19:19cette volonté de Gérald Darmanin,
19:20donc d'agir du côté
19:21de l'École nationale de la magistrature.
19:23C'est la raison de votre venue ce soir,
19:25avec cette déclaration qui a fait réagir.
19:27La laïcité doit être protégée
19:29et confortée partout dans notre société,
19:31dit-il.
19:32On voit tout cela avec Tanguy Hamon
19:33et on ouvre le débat avec vous.
19:36Gérald Darmanin a voulu modifier
19:38le règlement intérieur
19:39de l'École nationale de la magistrature
19:41pour introduire le devoir de neutralité
19:43aux élèves,
19:44et plus particulièrement aux élèves
19:46des classes pré-patalants.
19:48Ce sont ces classes
19:48qui permettent à des étudiants
19:50venus des quartiers
19:51ou d'endroits défavorisés du pays
19:53d'avoir accès à l'ENM.
19:55Le problème,
19:56c'est que depuis deux ans,
19:57il y a des signalements d'élèves
19:59qui portent le voile
20:00au sein de cette école.
20:01Il y en a même certaines
20:02qui ont voulu apparaître
20:04avec leur voile
20:05sur une photo prise
20:06avec Gérald Darmanin
20:07lors de sa visite de l'école.
20:09D'une manière générale,
20:10on demande la neutralité
20:11à toutes les personnes
20:12qui font une formation
20:14au sein de cette école.
20:15Et de plus,
20:16ces élèves ont vocation
20:17à devenir des représentants
20:19de la justice en France
20:20et des membres
20:21de la fonction publique.
20:22Pour cela,
20:23le port du voile
20:24n'est pas possible.
20:25Pour toutes ces raisons,
20:26le règlement
20:27de l'école nationale
20:27de magistrature
20:28a donc été modifié.
20:30On demande désormais
20:31aux élèves
20:32des tenues
20:32qui respectent
20:33le principe
20:34de neutralité religieuse.
20:36Alors,
20:36Béatrice Bougère,
20:37merci encore une fois
20:38d'être avec nous ce soir.
20:39Est-ce qu'on peut parler
20:39d'endentrisme
20:40au sein de l'ENM ?
20:42Oui ou non ?
20:43Oui,
20:43d'une certaine façon.
20:44Ce sujet,
20:44il faut faire très attention
20:46parce qu'il ne faut pas
20:47qu'il y ait de confusion.
20:49J'ai vu qu'il y avait
20:50un tweet de notre ministre.
20:51D'abord,
20:51je suis tout à fait d'accord
20:52sur le principe
20:53d'être extrêmement vigilant
20:55sur la laïcité
20:57et évidemment la neutralité.
20:58Et j'indique,
20:59et c'est aussi peut-être
21:00pour ça que j'en parle ce soir,
21:02c'est qu'en tant que syndicat,
21:03on siège au conseil d'administration
21:05de l'école nationale
21:06de la magistrature.
21:07Donc,
21:07on a participé
21:08évidemment
21:09à ces discussions.
21:10Qu'est-ce qui s'est passé ?
21:11Vous avez,
21:12il faut bien comprendre,
21:13des classes pré-patalants.
21:15Ce n'est pas des magistrats,
21:17les classes pré-patalants.
21:18Comme on parle
21:19de l'école nationale
21:19de la magistrature,
21:20on croit que ce sont
21:21des magistrats,
21:22des élèves magistrats.
21:23Ce n'est pas ça.
21:24Mais c'est peut-être
21:24des futurs élèves magistrats.
21:26Par contre,
21:27ça,
21:27c'est certain.
21:28Ces classes pré-patalants,
21:29il y en a sept
21:30qui sont en fait
21:32sur tout le territoire
21:33et il y en a deux
21:34qui sont hébergées
21:35à l'école nationale
21:36de la magistrature
21:37sur le site bordelais
21:38et sur le site parisien.
21:39C'est là où ça pose
21:40un problème
21:41parce qu'ils ont le statut
21:43en fait,
21:45pas d'élèves évidemment,
21:46mais ils ont un statut
21:48finalement
21:48complètement différencié
21:51puisqu'ils relèvent
21:52du code de l'éducation
21:53en vrai.
21:54Ce sont des étudiants.
21:55Les classes pré-patalants,
21:56c'est un mouvement
21:57qu'on a mis en 2008
21:59pour permettre aux boursiers,
22:01aux ceux qui n'ont pas
22:01beaucoup d'argent,
22:02d'avoir accès
22:03à une préparation gratuite
22:05pour devenir magistrats
22:07en l'occurrence.
22:09Comme ils sont hébergés
22:10pour deux classes
22:11dans l'école,
22:13certains se promènent
22:15et moi j'ai vu des photos
22:16donc je peux le dire
22:17et c'est tout à fait justifié
22:18avec des voiles
22:20déjà voilées,
22:21etc.
22:22Or,
22:22cette école,
22:23c'est une école
22:23de service public
22:24pour les auditeurs
22:26qui sont déjà
22:27des futurs magistrats.
22:29Donc,
22:29ça pose un problème
22:30de neutralité
22:31et ça pose un problème
22:32aussi,
22:33tout simplement,
22:34mais c'est moi
22:34qui l'ajoute,
22:35si ces jeunes
22:36vont devenir
22:37des futurs magistrats,
22:39ça questionne déjà
22:40puisque en termes
22:42de neutralité
22:42et de laïcité
22:43pour des futurs magistrats
22:45qui devront appliquer
22:47le principe
22:47de neutralité,
22:49moi ça me pose un problème.
22:50Donc,
22:51ce débat il a eu lieu
22:52et alors,
22:53tenez-vous bien,
22:54ça a été d'une complexité
22:56juridique incroyable.
22:58Ça a été d'une grande complexité.
22:59Donc,
22:59ça n'a pas été si simple
23:00et aujourd'hui,
23:01je ne vais pas rentrer
23:02dans le détail,
23:02ça serait beaucoup trop long,
23:03on s'est appuyé sur
23:04la réforme du Conseil d'État
23:06et le statut change
23:08selon que vous êtes
23:09dans un lycée,
23:11en stage en juridiction,
23:12dans une école
23:13avec un service
23:15de mission de service publique
23:16comme l'ENM
23:17ou que vous soyez ailleurs,
23:19ce n'est pas le même statut
23:20qui s'applique.
23:21Donc,
23:21finalement,
23:22le ministre,
23:23le Conseil d'administration
23:24a proposé
23:25de changer
23:26le règlement intérieur
23:27pour réintroduire
23:29une forme de neutralité
23:30pour qu'on ne voit pas
23:31dans l'école
23:32se balader
23:33justement
23:34ces jeunes classes prépa
23:36voilées
23:36ou avec des signes
23:37ostensibles.
23:39Il y a un risque juridique
23:40en vrai
23:40dans cette modification
23:42du règlement intérieur.
23:44Nous,
23:44notre syndicat
23:44a soutenu
23:46cette modification
23:47parce qu'elle nous semble
23:48extrêmement importante
23:49et votre question
23:50du début
23:51sera ma conclusion
23:52de ma fin.
23:53Il y a de quoi
23:54s'inquiéter
23:55en vrai
23:55sur cette forme
23:57d'entrisme
23:58sur des fonctions
23:58et vous savez,
23:59il y a eu des rapports
24:00là-dessus
24:00au sein
24:02des missions
24:03de services publics
24:05de futurs
24:06magistrats
24:07potentiellement
24:07qui pourraient
24:08déjà être
24:09d'une certaine façon
24:10radicalisés.
24:11C'est ça
24:12la vraie question.
24:13Donc,
24:13à travers
24:14cette modification
24:14du règlement
24:15dont je dis
24:16qu'ils pourraient
24:17faire l'objet
24:18peut-être d'ailleurs
24:18d'un recours
24:19devant le Conseil d'État,
24:19on verra,
24:20avec un risque juridique,
24:22donc ça n'a pas été simple,
24:23comme quoi ce n'est pas
24:24si simple
24:24même de faire
24:25ce que l'on veut
24:26dans ces écoles,
24:28ça pose une question
24:28beaucoup plus large
24:29de ce qu'est en train
24:31de devenir
24:31notre société.
24:32Quand je me suis engagé
24:34à vous libérer
24:34précisément
24:35à 18h30,
24:35avant de vous libérer,
24:37Olivier Benkemoun
24:37qui a l'air surtout
24:38m'a alerté
24:38sur cette saisie
24:40de cocaïne
24:41à Dunkerque,
24:42925 kilos.
24:44Il se trouve que
24:44quand on parlait
24:45de drogue
24:46et de lutte
24:47importante
24:48et de détermination,
24:49vient d'arriver
24:50cette dépêche
24:51de l'agence France Presse,
24:52925 kilos
24:53de cocaïne
24:53saisie à Dunkerque,
24:549 interpellations,
24:55ça vient essentiellement
24:56de Guadeloupe
24:58évidemment,
24:58puisque la porte
25:00d'entrée
25:00de la drogue pour nous,
25:01elle se fait aussi
25:02outre-mer.
25:04Merci en tous les cas
25:04d'être passée
25:05nous voir ce soir,
25:06c'est toujours un plaisir
25:07de vous avoir à nos côtés,
25:08Beatrice Bougère,
25:09secrétaire générale
25:09unité magistrat.
25:11Merci en tous les cas.
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