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  • il y a 2 mois
La rentrée sociale 2025 s’annonce explosive, sur fond de situation politique instable. Potentielle réforme de l’assurance chômage, sacrifice éventuel de deux jours fériés : pour les partenaires sociaux, les dossiers s’empilent.

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Transcription
00:00Le cercle RH pour débattre de la rentrée sociale, rentrée sociale explosive, une première manifestation pour tout casser, je reprends les mots des organisateurs le 10 septembre,
00:23et puis le 18, les partenaires sociaux, les syndicats seront dans la rue pour une multitude de revendications, et on va en parler, avec en toile de fond une dette abyssale et une démocratie malade,
00:36puisque évidemment il y a toujours en suspens le renversement, le départ de François Bayrou pour un nouveau Premier ministre, peut-être même une dissolution, qui viendrait créer de la souffrance sur la souffrance.
00:50On en parle avec mes invités, Yvan Ricordo, merci d'avoir répondu à notre invitation, c'est un vrai plaisir.
00:55Secrétaire général adjoint de la CFDT, votre secrétaire général s'exprimait ce matin sur TF1, et qui prenait des positions très nettes sur les aides,
01:03notamment accordées aux entreprises, aux fameux 200 milliards, on y reviendra avec vous, et avec nous Pierre Ferratchi, je suis très heureux de vous accueillir.
01:10Pierre, vous êtes président du groupe Alpha, alors vous êtes un fin connaisseur du dialogue social, et peut-être même au-delà de la manière dont s'organise la démocratie sociale.
01:18D'abord, Yvan Ricordo, juste un mot d'organisation, parce que les Français se disent, alors, je vais à quelle manif, moi ?
01:25Je vais à celle du 10 septembre ou je vais à celle du 18 ? Ils n'ont pas compris. Vous serez à laquelle ? Vous serez sur les deux ?
01:31Pour la CFDT, les choses sont claires. La CFDT appelle à manifester le 18 septembre, partout en France, de façon importante, massive,
01:40parce que dans notre pays, il y a une vraie colère, une colère de faire en sorte que le travail doit être revalorisé.
01:46Or, on a un projet de budget qui clairement fait peser l'essentiel des efforts sur les travailleurs.
01:50Donc, la CFDT, à ce moment-là, dit stop.
01:53Et celle du 10, on n'y va pas ?
01:54Et la CFDT appelle avec l'ensemble des organisations syndicales le 18 septembre.
01:58Il y a un autre mouvement qui a été annoncé, d'ailleurs, il y a de nombreuses semaines et de nombreux mois,
02:03qui est plutôt une mobilisation citoyenne, qui n'est pas une mobilisation syndicale.
02:07La différence, c'est qu'une mobilisation syndicale exprime une colère, pose des revendications, agit pour obtenir des résultats.
02:13Et donc, une mobilisation citoyenne, c'est plutôt une mobilisation d'expression de colère, ce qui est légitime.
02:19Mais en même temps, elle a été récupérée par des organisations politiques qui ont des objectifs qui ne sont pas celles des organisations syndicales.
02:28Voilà pourquoi la CFDT fait le choix et organise le 18 septembre.
02:31Je donne la parole à Pierre Ferracci.
02:33En quelques mots, l'enjeu de ces manifestations, évidemment, c'est de faire entendre votre voix,
02:37mais elles pèsent encore, ces manifs, dans les décisions prises par les gouvernements successifs.
02:42On a vu des grandes manifestations contre la réforme des retraites.
02:45Finalement, ça n'a pas abouti.
02:46Est-ce que vous pensez que vous pesez encore par les manifestations ?
02:50Oui, tout à fait.
02:50D'ailleurs, on le voit dans nombre de négociations.
02:54Les organisations syndicales sont en capacité de construire des compromis et d'obtenir des résultats.
02:58Donc, ça fonctionne.
02:59Par contre, il y a effectivement une vraie question qui est posée au mouvement du 18 septembre.
03:03C'est qu'on a un projet de budget qui est bloqué.
03:06Les organisations syndicales disent qu'il faut construire un nouveau cap.
03:10Si on a une proposition pour faire évoluer les choses, on sera entendus.
03:14Si ce n'est pas le cas, il y aura à nouveau un problème.
03:17La question des retraites a été un énorme problème social et démocratique dans notre pays.
03:22Il faut absolument faire différemment sur la question budgétaire qui nous est posée.
03:26Pierre Ferracci, la grogne, la souffrance de certains salariés,
03:31elle vient aussi faire écho à la crise démocratique dans laquelle nous sommes,
03:34comme si l'un répondait à l'autre.
03:36Est-ce que vous, qui observez notre vie politique et sociale depuis des années,
03:41est-ce que vous êtes cette partie de ceux qui disent « je suis inquiet » ?
03:45Il vaut mieux être inquiet en ce moment parce que d'abord, le pays est à cran.
03:49Il y a beaucoup d'angoisse et en même temps beaucoup d'incertitudes sur le plan économique,
03:54sur le plan social.
03:55Moi, je trouve d'abord que le fait que les organisations syndicales aient annoncé le jour dès le 18 septembre
03:59est une bonne chose, surtout en intersyndicale.
04:02C'est la seule façon aujourd'hui d'être à peu près entendu d'un gouvernement qui,
04:08même s'il a fait peut-être un peu plus que les autres,
04:10un signe en direction des organisations syndicales et patronales avec le conclave,
04:15qui ne s'est plus appelé le conclave ensuite,
04:17n'a quand même pas écouté grand-chose dans la dernière période.
04:20C'est important aussi parce que le mouvement du 10 septembre,
04:24qu'il faut regarder à la loupe,
04:26parce qu'il exprime effectivement aussi une colère,
04:28mais on voit bien qu'il y a une forme de récupération.
04:30Au début, on pensait à l'extrême droite.
04:32Aujourd'hui, c'est plutôt la France insoumise qui essaie de mettre la main.
04:34Des propos violents, on va tout passer.
04:36Ça perturbe les organisations syndicales, en tout cas certaines,
04:39peut-être moins la CFDT qui a une attitude claire là-dessus.
04:41On voit bien que du côté de la CGT, il y a quelques mouvements un peu contradictoires.
04:48Et je trouve que Sophie Binet essaye de prendre une position équilibrée,
04:52mais ce n'est pas simple, c'est en tout cas moins simple que du côté de la CFDT.
04:56Il peut y avoir d'autres organisations qui sont impactées par le mouvement du 10 septembre.
05:01Et puis le 8, il y a sans doute la démission du Premier ministre.
05:05Sans doute, on ne sait jamais, il peut y avoir des miracles.
05:07Il n'y en a pas eu avec le conclave.
05:08Et donc, dissolution, élection présidentielle anticipée, on n'en sait rien, nouveau Premier ministre.
05:14Donc, pour revenir à votre question,
05:16je pense qu'en dehors des problèmes économiques
05:19et du déficit des finances publiques qu'on a à gérer,
05:23il y a un vrai problème démocratique dans le pays
05:24qui s'exprime aussi du côté de la démocratie sociale.
05:27Les partenaires sociaux n'ont pas été assez entendus.
05:30Je prends un exemple, c'est bien de leur dire aujourd'hui
05:32que vous allez prendre en main l'assurance chômage.
05:34Mais si c'est pour prendre en main l'assurance chômage
05:36en l'accord ce temps avec des lettres d'orientation
05:38qui donnent l'impression que le gouvernement a la main,
05:42je pense que les syndicats réfléchiront deux fois avant d'y aller,
05:45alors que ça peut être un vrai sujet, effectivement,
05:48pour régénérer cette démocratie sociale.
05:50Je me souviens de cette petite phrase de Tocqueville,
05:51elle est intéressante parce que c'est exactement la situation dans laquelle on est.
05:55On a le sentiment que le gouvernement est dans les phares.
05:59La dette est abyssale et on doit trouver des marches.
06:02Tocqueville dit, le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement
06:04est d'ordinaire celui où il commence à se réformer.
06:08Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
06:09C'est abyssale cette phrase.
06:12Un mauvais gouvernement, dès qu'il va faire une réforme et enlever François Bayrou,
06:16et on va lancer les thèmes,
06:17il vous a annoncé il y a un mois,
06:20il avait trouvé la formule magique,
06:21on allait supprimer deux jours fériés, par exemple.
06:23Je ne pense pas que...
06:26Et vous a laissé sans voix, ma phrase de Tocqueville.
06:28Non, mais je ne pense pas que le risque pour un gouvernement,
06:32dans la période actuelle, soit de réformer.
06:34La question, c'est comment il s'y prend pour réformer.
06:38Donc la méthode pour réformer.
06:39Elle est essentielle.
06:40Et après, le contenu l'est tout autant.
06:42Mais d'abord sur la méthode, sur la question du budget,
06:46en fait, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
06:47Le Premier ministre a fait une conférence de presse
06:50pour mettre tout le monde devant le fait accompli,
06:52de dire la situation, elle est celle-là,
06:53la solution est celle-là.
06:55Ça ne peut pas passer.
06:57Dans une situation de blocage,
06:59comme on connaît dans notre pays,
07:01depuis de nombreux mois, depuis de nombreuses années,
07:04il faut trouver des espaces de dialogue
07:06qui permettent de trouver les bons compromis,
07:09qui permettent de construire...
07:10Il n'y a plus de dialogue.
07:10Et ça veut dire deux choses.
07:12Ça veut dire qu'il faut permettre les différentes voies
07:14pour s'exprimer, pour regarder si le compromis est partagé,
07:18ce qui est nécessaire, y compris sur la question budgétaire.
07:21Vous avez dit que le déficit était abyssal.
07:22Le déficit, il existe, il est important.
07:25La CFDT ne le nie pas du tout.
07:26Par contre, la façon de présenter une situation budgétaire
07:29de façon catastrophique est le choix du gouvernement.
07:33Ce n'est pas le choix de la CFDT.
07:33Mais qui est responsable, selon vous, de ce déficit ?
07:35La CFDT, elle plaide depuis très longtemps
07:37sur le fait qu'il faut organiser dans notre pays
07:40une conférence des finances publiques.
07:41C'est-à-dire de mettre en situation l'ensemble des acteurs,
07:45le gouvernement bien sûr, notamment plus le Parlement,
07:48qui est en première ligne, et les acteurs de la société civile,
07:53pour regarder...
07:53Patronaux et salariaux.
07:55Oui, voire même associatifs, pour regarder comment,
07:58collectivement, on est dans une situation qui nécessite de faire des choix.
08:01Et donc, la méthode de construction est importante.
08:04Et après, le contenu aussi.
08:05Mais voyez le paradoxe, Pierre Ferrati,
08:07parce qu'il y a 53% de prélèvements obligatoires
08:09sur les chefs d'entreprise et les dirigeants qui vous disent
08:11« Nous, on est assommés de fiscalité. »
08:14Et dans le même temps, et au même moment,
08:15vous avez des salariés qui vous disent
08:17« Moi, avec 1300, 1400 euros, je ne peux pas vraiment vivre dignement. »
08:22Comment on fait ?
08:23Parce qu'en fait, on a le sentiment que le pays est cassé.
08:26D'abord, pour revenir à la citation de Tocqueville,
08:28ce gouvernement, il succède à combien ?
08:306-7 gouvernements précédents.
08:32On en est au 6e Premier ministre.
08:33C'est ça.
08:34Et bientôt le 7e.
08:35C'est ce que le record...
08:36Donc, il faut le juger aussi à l'aune de ce que les autres ont fait.
08:40Et moi, je pense qu'on paye aujourd'hui.
08:42Yvan Ricordo a raison.
08:43La dette, elle est là.
08:44Les finances publiques sont exemptes.
08:45Mais il faut trouver la bonne façon de les redresser.
08:48Là, on n'a pas.
08:48Mais on paye un petit peu ce qu'on n'a pas fait pendant des années.
08:51Je prends un exemple qui est celui des retraites.
08:54La seule façon dans ce pays qu'on a de faire travailler plus les seniors,
08:58c'est de décaler l'âge de départ à la retraite.
09:00Il y a des pays scandinaves, je l'ai souvent dit,
09:02qui ont pris le problème autrement,
09:03qui ont travaillé sur le cadre des seniors enceintes carrières professionnelles,
09:07qui l'ont aménagé.
09:08Ça ne veut pas dire qu'ils ont sauté d'enthousiasme
09:10quand on les passait de 62 à 64 ans.
09:12Mais en tout cas, ils ont créé les conditions
09:13pour que le travail soit plus facile.
09:15Ce qu'il n'a pas été fait.
09:16Ce qu'il n'a pas été fait.
09:17Sur la pénibilité.
09:18Donc du coup, le dernier outil, c'est de dire on décale.
09:22Et là, effectivement, les gens, pour garder un pouvoir d'achat correct,
09:25ils sont obligés, pas tous d'ailleurs, d'y aller.
09:27Il y en a beaucoup qui se retrouvent aussi en maladie ou au chômage.
09:30Donc je pense qu'il faut réfléchir à ce qui n'a pas été fait
09:33pour arrêter de prendre de mauvaises décisions.
09:36Et la question qui est posée par ce budget,
09:38c'est d'abord un problème d'équité.
09:40Un problème d'équité.
09:41Il y a des choses qu'on sous-estime
09:42et où il n'y a pas assez de débat dans ce pays.
09:44La transition environnementale.
09:45Tout le monde est pour.
09:47Presque tout le monde est pour.
09:48On en parle moins.
09:50Sauf que le coût de la transition environnementale,
09:52il va être colossal.
09:53Et quand on dit qu'il va être colossal,
09:55qui paye derrière ?
09:56Les entreprises, les citoyens, les salariés, les actionnaires.
10:00Je veux dire, si on ne mesure pas ce coût-là
10:02et si on ne le traite pas de façon équitable,
10:04il y aura ce qui est arrivé dans d'autres pays
10:06et pas seulement aux Etats-Unis,
10:08une opinion populaire qui se révoltera
10:10contre des mesures dont tout le monde sait
10:12qu'elles sont importantes pour protéger la planète.
10:13Donc cette situation peut provoquer
10:15une montée des populismes
10:17et une mise en danger de la démocratie.
10:18Mais elle le provoque déjà.
10:20On est déjà dedans.
10:22Oui, tout à fait.
10:22On est déjà dedans.
10:23Et un des enjeux...
10:25Les syndicats sont des remparts quand même à tout ça.
10:26Un des enjeux, justement,
10:28de ne pas agrandir les fissures démocratiques
10:30et la montée de l'extrême droite
10:32et de retrouver des voies de dialogue
10:35qui permettent de construire des perspectives d'avenir.
10:37Vous n'en avez plus de voies de dialogue, là, aujourd'hui ?
10:39Le dialogue est rempli.
10:40Là, manifestement, dans la période budgétaire,
10:43on ne s'y est pas pris de la bonne façon
10:45pour y arriver.
10:47Mais l'enjeu,
10:48quelle que soit d'ailleurs la situation
10:49post-8 septembre,
10:51il y a un vote de confiance.
10:52C'est au Parlement de gérer la question
10:54du vote de confiance.
10:55Il n'y a aucune compétence
10:56pour une organisation syndicale
10:57d'émettre un avis sur cette question-là.
10:58Par contre, ce dont on est sûr,
10:59c'est que le 9 septembre,
11:01exactement les mêmes questions sont posées.
11:03C'est-à-dire qu'à partir du 9 septembre,
11:06la question de comment, dans ce pays,
11:07on arrive à dialoguer
11:08pour faire en sorte de poser
11:10le bon diagnostic budgétaire
11:11et les bonnes réponses sont posées.
11:12Et dans le contenu de ce qu'il faut faire,
11:15la CFDT ne nie pas
11:16qu'il y ait des efforts à faire.
11:18Mais ce qu'on veut absolument,
11:19c'est que les efforts soient répartis
11:21entre les entreprises,
11:22ceux qui ont du patrimoine
11:23et les salariés.
11:24Or là, on a une réponse
11:25sur laquelle on fait porter
11:27tous les efforts
11:28uniquement sur les salariés.
11:29J'allais y venir justement
11:30sur la juste répartition
11:31et la manière dont on va aller chercher
11:33ces 44, 41 milliards pour commencer.
11:37C'est sur les entreprises
11:38qu'il faut faire porter l'effort
11:39parce que je l'évoquais tout à l'heure.
11:41Là, pour l'instant,
11:42vous avez des propositions
11:43qui, là-bas, allaient chez vous.
11:44Suppression de deux jours fériés,
11:45une réforme de l'assurance chômage
11:46pour réduire les indemnités
11:48et une monétisation,
11:49ça c'est intéressant,
11:50portée par la ministre du Travail,
11:51de la cinquième semaine
11:52de congés payés.
11:53Et est-ce que vous avez l'impression
11:55qu'on est en train doucement
11:56mais sûrement
11:56de toucher,
11:57comme on l'appelait ça avant,
11:58aux acquis sociaux ?
12:00Dans ce qu'il nous est proposé,
12:01oui.
12:01La réponse, elle est claire.
12:03Puisque les solutions
12:04sont de faire porter
12:05les efforts sur les salariés,
12:07les mesures sont des mesures
12:10sur le droit du travail,
12:11ça veut dire qu'on détricote
12:12le modèle social français.
12:14D'ailleurs,
12:14sur une argumentation
12:15qui est très aléatoire,
12:16c'est qu'on nous parle toujours
12:17de moyenne européenne,
12:19on nous parle des fois
12:20de comparaison outre-Atlantique.
12:21Donc, la question,
12:23c'est par exemple,
12:24on parle souvent
12:25de la question du travail
12:26et de l'emploi
12:27comparée à l'Allemagne.
12:29Et que je sache,
12:30au niveau des compétences
12:31du dialogue social
12:32dans une entreprise,
12:33le modèle allemand
12:34et le modèle français
12:34n'ont rien à voir.
12:36Donc, si on veut comparer les taux,
12:37il faut qu'on compare aussi
12:38les modèles.
12:39Mais, Pierre Ferracci,
12:39est-ce qu'on est en train,
12:40doucement mais sûrement,
12:41d'une manière presque inexorable,
12:43parce que la dette,
12:44parce que des déficits,
12:45parce que des taux
12:46qui sont encore montés
12:47à 4,5 pour payer notre dette
12:49sur 30 ans,
12:50est-ce qu'une manière inexorable,
12:52il va falloir repenser
12:53notre modèle social ?
12:54D'abord,
12:54s'il y a unanimité des syndicats
12:56pour le 18 septembre
12:57pour contester ce budget,
12:59sous des formes diverses,
13:00ils ne sont pas tous d'accord sur tout,
13:02c'est que ce budget,
13:03effectivement,
13:04c'est l'amorce
13:04d'un détricotage
13:05du modèle social.
13:06Ça paraît évident.
13:07Et ça ne concerne pas
13:08que les deux jours fériés,
13:10dont la date a été
13:11très mal choisie,
13:12le 8 mai.
13:13En effet.
13:13Enfin,
13:14le 8 mai
13:14et puis le lundi
13:15de Pentecôte,
13:16si on voulait toucher
13:16à quelques catégories
13:17bien particulières,
13:19on ne s'y prendrait pas autrement.
13:20Et des enjeux touristiques.
13:21Donc,
13:21après,
13:22moi,
13:22je ne fais pas partie
13:23de ceux qui disent
13:24la dette,
13:24ce n'est pas important,
13:25il n'y a que le coût
13:26de la dette
13:26qui est important,
13:27ce que disent
13:27parfois certains économistes
13:29atterrés,
13:30je pense que le problème
13:30est réel.
13:31Et à partir de là,
13:32il faut essayer
13:32de regarder un petit peu
13:33où doivent être faits
13:34les efforts.
13:35On a dans ce pays,
13:36par exemple,
13:36aujourd'hui,
13:37un problème de productivité.
13:38Le problème de productivité,
13:40il est aussi lié
13:41à ce qu'on a fait
13:41ou qu'on n'a pas fait
13:42ces dernières années.
13:43On a aussi,
13:44on parle souvent
13:44du coût du modèle social,
13:46on a un déficit aujourd'hui
13:47d'investissement
13:48dans la recherche-développement,
13:49c'est évident.
13:50On a un problème
13:50dans l'éducation,
13:51tout le monde commence
13:52à le dire.
13:53Et le traitement
13:54du marché du travail,
13:55il se traite d'abord
13:56tout au début
13:56dans l'éducation
13:57des tout-petits.
13:58Et avec l'intervention
13:59aujourd'hui
13:59de l'intelligence artificielle,
14:01on a intérêt
14:01à bien regarder
14:02comment le système éducatif
14:03va évoluer.
14:04C'est là que certains pays
14:05sont en avance
14:06et pas seulement
14:06les pays scandinaves
14:07qu'on cite souvent en exemple.
14:10Bon, moi,
14:10je suis assez d'accord
14:10avec Yvon Ricordo aussi
14:12et puis les organisations syndicales
14:13sur les aides publiques.
14:14Il faut regarder
14:15ce qui est efficace
14:16et ce qui ne l'est pas.
14:16Aides publiques aux entreprises.
14:17Oui, aux entreprises.
14:18Il y en a qui sont légitimes,
14:19il y en a qui ne le sont pas.
14:21Je ne vois pas pourquoi
14:22on ne regarderait pas
14:24des sommes
14:24qui sont de plusieurs dizaines
14:25de milliards d'euros.
14:27Après,
14:28de temps en temps,
14:28dans l'appareil d'État,
14:29il manque ici des moyens.
14:30Il y a peut-être des moyens
14:31qui sont un peu pléthoriques
14:33de ce côté-là.
14:33Il ne faut pas hésiter
14:34non plus à regarder
14:35ce qu'on peut faire
14:36dans ce domaine particulier.
14:38Quand on touche
14:38au modèle social,
14:39on touche finalement
14:40au quotidien des Français.
14:41Ce n'est pas qu'un grand mot
14:41philosophique,
14:42c'est aussi le temps libre,
14:44c'est aussi le pouvoir d'achat,
14:45c'est aussi la capacité
14:46de pouvoir acheter,
14:47investir dans une maison,
14:48dans une voiture.
14:49Je vous repose la question
14:50de manière un peu plus directe.
14:52Est-ce que vous aussi,
14:53en tant que syndicaliste,
14:53vous dites
14:54on est inquiet,
14:55nous syndicalistes,
14:56on sera les remparts
14:57d'éventuels débordements populistes
14:59parce que beaucoup
14:59s'inquiètent de ça,
15:00finalement,
15:01de la violence,
15:01de la casse,
15:02de Français tellement exaspérés
15:04et qui tournent le dos aux politiques
15:05qui globalement sont prêts à tout.
15:07Est-ce que ça,
15:07vous le craignez aussi ?
15:08Il y a un danger,
15:09il y a un danger,
15:10mais on a aussi des réponses.
15:12Et donc,
15:12il n'y a rien d'intangible
15:13dans la situation
15:14qui est celle de notre pays
15:16aujourd'hui.
15:17Par exemple,
15:17une réponse
15:18sur comment on peut donner
15:19des perspectives dans notre pays.
15:21La question du rapport au travail
15:23est quelque chose
15:24qui est fondamental,
15:24qui est d'ailleurs
15:25assez positif.
15:26C'est-à-dire que
15:27les salariés ont une appréciation
15:28globalement positive
15:29de leur travail au quotidien
15:33et de comment ils sont reconnus,
15:34de leurs valeurs.
15:35Et donc,
15:35autant s'appuyer là-dessus.
15:36Et pour la CFDT,
15:37il y a quelque chose
15:38qui est essentiel,
15:39incontournable,
15:40c'est pour les salariés
15:42qui ont tenu le pays
15:43pendant le Covid,
15:44ce qu'on a appelé
15:44les travailleurs
15:45et notamment
15:45les travailleuses essentielles.
15:47Les premières lignes.
15:48Les premières et les deuxièmes lignes.
15:50On leur a promis
15:51que leur valeur sociale
15:53serait reconnue.
15:54Il ne s'est rien passé depuis.
15:56Quelques applaudissements
15:58et on tourne la page.
15:58Aujourd'hui,
15:59dans un projet de budget,
16:00on peut très bien prévoir
16:01qu'il y a des efforts
16:02qui soient faits
16:02sur les salariés,
16:03alors qu'il y a des récompenses
16:04qui soient donnés
16:05à d'autres salariés.
16:06C'est ça ce qu'elle attend
16:06la CFDT.
16:07C'est-à-dire qu'on est
16:08dans un monde
16:08qui est compliqué,
16:09mais on est aussi
16:11dans un monde
16:11qu'on doit construire.
16:12Les constructions sociales
16:14de demain,
16:14elles sont possibles
16:15et on peut commencer
16:16à travers ces éléments-là
16:17qui ne sont pas symboliques,
16:18qui sont clairement attendus
16:19dans les entreprises.
16:20On a beaucoup de salariés
16:23qui sont adhérents
16:24à la CFDT,
16:24qui sont du secteur
16:25de la propreté,
16:26du tourisme,
16:26de la restauration,
16:28du sanitaire et du social
16:29qui attendent ces mesures-là.
16:31Mais c'est pénurique par ailleurs,
16:32il faut le préciser.
16:33Pierre Ferretti,
16:34avant de nous quitter,
16:34je voulais quand même
16:34vous poser la question
16:35et je vous la pose
16:35à tous les deux.
16:37J'ai lu un post passionnant
16:38d'un RH sur LinkedIn
16:40qui disait
16:40« Attendez,
16:41on est en train
16:41de remettre en question
16:42les ruptures conventionnelles
16:43très utilisées »
16:44et lui démontrait l'inverse
16:45en disant
16:46« Oui, c'est peut-être
16:46très utilisées
16:48mais moins RH.
16:49Je suis face à des gens
16:50qui viennent me supplier
16:51de quitter leur entreprise
16:52dans les meilleures conditions
16:53en ayant une rupture conventionnelle
16:54qui leur garantisse
16:55un minimum vital
16:57ou en tout cas
16:57de quoi survivre
16:58ou vivre.
16:59Vous en pensez quoi,
16:59vous,
17:00à la tête du groupe Alpha
17:01qui avait une connaissance aussi ?
17:02On les supprime
17:03ces ruptures conventionnelles
17:04ou pas ?
17:05Avant de dire un mot
17:05sur les ruptures,
17:06c'est marrant les ruptures
17:07parce que j'étais intervenu
17:09dans la commission
17:10à l'époque
17:10au moment où
17:11c'était voté en 2008.
17:13D'abord sur le travail,
17:14Yvan a raison,
17:14c'est une question essentielle,
17:15à un triple point de vue.
17:17Rémunération,
17:18notamment pour des métiers
17:19très pénibles
17:19et qui ont été en première ligne.
17:21On les revalorise ?
17:21Reconnaissance
17:22et puis conditions de travail.
17:24On oublie souvent de dire
17:24que dans ce domaine-là,
17:25en matière d'accès
17:26en du travail,
17:26on n'est pas les mieux classés
17:27en Europe.
17:28On est même plutôt derrière
17:29et si j'évoquais
17:30le problème de productivité
17:31tout à l'heure,
17:32il renvoie aussi à ça.
17:33La productivité,
17:34c'est aussi un cadre de travail
17:35qui permet aux salariés
17:36de s'exprimer pleinement.
17:38Alors les ruptures conventionnelles,
17:39c'était étonnant
17:40parce que moi,
17:40je me suis battu
17:41dans la Commission d'Atelier
17:42à l'époque où c'était discuté
17:43par le patronat
17:44et les syndicats,
17:45non pas contre
17:46la rupture conventionnelle
17:47en tant que telle,
17:48mais pour qu'on identifie
17:49l'origine de la rupture conventionnelle.
17:50Exactement.
17:50Et notamment qu'on distingue
17:52ce qui relève plutôt
17:53d'un plan social,
17:54de motif économique
17:55ou de motif personnel.
17:57Bon, je me rappelle
17:58que dans la Commission d'Atelier,
17:59ceux qui représentent
18:00tel patronat
18:00et que je respecte beaucoup d'ailleurs,
18:02ont défendu l'idée
18:03qu'il ne fallait pas définir
18:04l'origine,
18:05que c'était comme ça.
18:06Bon, aujourd'hui,
18:06on s'aperçoit
18:07que ça coûte un peu cher.
18:09Moi, je pense qu'il faut réfléchir
18:10à ce qu'a été
18:11la rupture conventionnelle
18:12pendant les années.
18:13C'est vrai que ça a pris
18:13petit à petit le pas
18:14sur les plans sociaux traditionnels
18:16et les ont contournés.
18:17Dans sa dimension individuelle
18:18et puis ensuite
18:19dans sa dimension collective
18:20puisque c'est arrivé
18:21avec les ordonnances,
18:22la rupture que...
18:23Bon, il faut réfléchir
18:24un petit peu à ça,
18:25demander ce qu'ils en pensent
18:26aux partenaires sociaux,
18:27notamment aux organisations
18:28syndicales
18:29et avant de toucher ça,
18:31se demander
18:31quels sont les avantages
18:32pour les salariés
18:33et les inconvénients,
18:34quels sont les avantages
18:35pour les entreprises
18:36et leurs inconvénients
18:37au lieu de partir d'en haut
18:38et d'avoir une démarche politique
18:40sur quelque chose
18:41qui relève pour moi
18:41des partenaires sociaux
18:42pour l'essentiel.
18:43Vous avez le mot de la fin,
18:44Yvan Ricordo.
18:45C'est un sujet
18:45qui paraît comme ça
18:46un peu léger,
18:47ça coûte cher,
18:48c'est contesté.
18:49Est-ce que vous les remettez
18:49en question, vous,
18:50ces ruptures conventionnelles
18:52extrêmement utilisées
18:53et parfois mauvais escient ?
18:55La CFDT fait partie
18:56des organisations
18:57qui ont négocié
18:58et mis en place
18:59les ruptures conventionnelles.
19:00La remise en cause
19:01des ruptures conventionnelles
19:03posera la question
19:04de la situation précédente.
19:06La situation précédente,
19:07c'est des situations
19:07dans les entreprises
19:08où entre l'employeur
19:09et le salarié,
19:11les choses se discutaient
19:12de façon complètement
19:12insécure juridiquement
19:14et pour l'un et pour l'autre
19:15pour faire en sorte
19:16que les séparations
19:16soient mal organisées.
19:18Donc ça a été mieux organisé
19:20et tout le monde dit
19:20que c'est aujourd'hui
19:21mieux organisé.
19:22Ce qui est intéressant,
19:23c'est que Pierre Faradji
19:24dit qu'aujourd'hui,
19:25il y a peut-être un biais
19:26qui a été pris
19:26sur la façon
19:27dont les entreprises
19:28s'en servent.
19:29C'est clair.
19:29Mais sauf que
19:30l'interrogation du gouvernement
19:32qui nous est posé aujourd'hui,
19:33c'est comment on contraint
19:34les salariés
19:35sur l'utilisation
19:35des ruptures conventionnelles
19:37et pas les entreprises.
19:39Une nouvelle fois,
19:39la CFD a été dit,
19:40comme pour les aides
19:41aux entreprises,
19:42s'il y a des contraintes,
19:43des obligations,
19:44des devoirs à mettre,
19:45autant sur les entreprises
19:46que sur les salariés,
19:47ça serait quand même
19:48un peu plus équitable.
19:4910 secondes,
19:49Pierre Faradji,
19:50si vous voulez rajouter un mot ?
19:52Non, simplement,
19:53j'espère que
19:53la journée du 18
19:56sera réussie
19:56parce que je crois
19:57effectivement
19:58que les organisations syndicales
20:00et plus largement
20:00les partenaires sociaux,
20:01y compris le patronat,
20:02peuvent être effectivement
20:04une digue
20:05dans une situation politique
20:06extrêmement compliquée
20:07où la montée
20:08des populismes,
20:10quelle que soit
20:10la façon
20:10de les qualifier,
20:11peut être extrêmement
20:12préoccupante demain.
20:14Merci messieurs
20:14de nous avoir éclairés.
20:16Manifestation le 18,
20:17c'est celle des partenaires sociaux
20:18et celle du 10,
20:18vous l'évoquiez,
20:19c'est une manifestation
20:19dite apolitique,
20:21récupérée par un certain nombre
20:21de mouvements politiques
20:23qui seront probablement
20:24dans le cortège.
20:25Merci Yvan Ricordo
20:26d'être venu secrétaire adjoint
20:28de la CFDT,
20:29merci d'être venu
20:30sur le plateau,
20:30merci à Pierre Ferracchi,
20:31président du groupe Alpha
20:32et puis président aussi
20:33de...
20:35J'ai transmis la présidence
20:37à Estelle Sova.
20:38C'est ce que je voulais
20:38vous faire dire.
20:38Depuis le 19 juin,
20:40je suis toujours
20:40dans le groupe Alpha.
20:42Mais la présidente
20:42est aujourd'hui Estelle Sova.
20:44Rectifions immédiatement,
20:46c'est vrai que vous avez
20:46transmis les codes nucléaires
20:48à Estelle Sova
20:49et nous rectifierons
20:51évidemment dorénavant
20:52votre présentation.
20:53Puis président du PFC
20:54qui a gagné,
20:54on peut le dire.
20:55Et ça, c'est aussi
20:55ça fait plaisir.
20:56Voilà, ce petit club
20:57en Ligue 1,
20:58c'est un grand club évidemment.
21:00Merci à vous.
21:01Merci à toute l'équipe.
21:02Merci à Nicolas Juchat.
21:03Merci à tous ceux
21:04qui m'aident à préparer
21:05cette émission.
21:05Et puis je vous dis
21:06à très bientôt.
21:07Bye bye.
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