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  • il y a 6 semaines
Éric Lombard, ministre de l'Économie, était l'invité de France Inter ce mardi, au lendemain de l'annonce d'un vote de confiance le 8 septembre prochain sollicité par le Premier ministre François Bayrou. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mardi-26-aout-2025-7615590
Transcription
00:00La grande matinale.
00:01Il est 7h48, Benjamin Duhamel, votre invité, est ministre de l'économie et des finances.
00:07Bonjour Eric Lombard.
00:09Bonjour Benjamin Duhamel.
00:10Merci d'être avec nous ce matin, au lendemain de ce coup de poker qui risque de finir en Bérezina.
00:15François Bayrou qui annonce donc ce vote de confiance le 8 septembre.
00:18Le Rassemblement National, la France Insoumise, les écologistes qui voteront contre cette confiance,
00:22les socialistes qui à minima ne la voteront pas.
00:24Vous avez déjà fait vos valises, vous partez en vacances le 9 septembre ?
00:27Pour le moment je vais partir à Troyes dans l'Aube, soutenir la filière textile et on prépare le sommet franco-allemand.
00:33Donc nous sommes au travail.
00:34Je ne vais vous parler qu'un seconde d'économie.
00:36On a une économie qui résiste bien.
00:38Au deuxième trimestre on a fait une croissance de 0,3%.
00:41L'Allemagne est en récession de 0,3%.
00:43Les entreprises sont à la bataille.
00:46Et pour nos entreprises, et derrière les entreprises il y a tous les emplois, tous les emplois salariés,
00:51et puis il y a aussi les finances publiques, les entreprises qui paient des impôts et des charges.
00:54L'idée de parler tous les jours de blocage, de censure, c'est absolument délétère.
01:00Et le Premier ministre a voulu éviter que dans les mois qui viennent, il y ait cette menace permanente.
01:04Il a voulu clarifier les choses en mettant sur la table effectivement ce risque avec cette déclaration de politique générale,
01:10de façon à ce que ensuite, d'une façon ou d'une autre, les choses étant clarifiées, on puisse travailler pour préparer le biais.
01:15On va détailler tout ça, Eric Lombard, mais simplement sans langue de bois, qu'est-ce qui aujourd'hui pourrait empêcher, éviter que le gouvernement de François Bayrou ne chute ?
01:26Vous avez, à Bercy vous savez, vous connaissez les maths, vous connaissez les chiffres,
01:31est-ce que vous avez d'ores et déjà accepté le fait que vous alliez chuter le 8 septembre ?
01:36Absolument pas, puisque la vie politique étant pleine de surprises,
01:39et depuis quelques mois que je suis ministre, je peux vous dire que les surprises sont nombreuses.
01:43Donc vous reconnaissez qu'il faudrait être une surprise pour que vous ne tombiez pas ?
01:46C'est une bataille depuis le début, mais je rappelle que quand nous avons été nommés le 23 décembre,
01:51tout le monde nous disait qu'il n'y a pas de majorité pour faire passer ce budget.
01:55Et nous avons, par le dialogue, par la négociation, fait passer ce budget.
01:59Donc nous sommes à la bataille, dans un travail de conviction, pour avoir cette majorité le 8 septembre,
02:05et quel que soit le résultat du 8 septembre, la France va continuer.
02:08Je n'ai pas l'impression qu'on vive dans le même monde, vous avez entendu les réactions des responsables politiques
02:12qui annoncent tous qu'ils vont voter contre cette confiance, Olivier Faure,
02:16qui de la même manière dit « il est inimaginable que les socialistes votent la confiance ».
02:19Vous la voyez où la majorité le 8 septembre pour ne pas tomber ?
02:23Eh bien, sur un travail que nous allons faire avec toutes et tous,
02:26sur quel est le meilleur chemin pour le pays.
02:29Les commentateurs, vos collègues aujourd'hui, disent « la bourse hier a mal réagi,
02:34les taux d'intérêt montent, le pays risque d'être en difficulté ».
02:38Il nous faut collectivement trouver un chemin afin de préparer un budget pour 2026
02:43qui soit un budget de redressement.
02:45Et donc, trouver un chemin, pardonnez-moi Eric Lombard,
02:49avec une sorte de façon qui consiste à dire « le détail des mesures d'économie, on verra plus tard ».
02:55Ce qu'on vous demande, c'est le 8 septembre, un blanc sain,
02:57au fond vous êtes d'accord pour faire des économies,
02:59le détail des mesures, on verra plus tard.
03:01Est-ce que là, vous ne demandez pas aux oppositions une forme de chèque en blanc
03:04qu'ils ne peuvent pas, qu'elles ne peuvent pas vous donner ?
03:07Alors, je vais dire quelques mots sur les mesures précisément.
03:10Le Premier ministre les a présentées le 15 juillet.
03:13Nous avons eu un premier dialogue avec l'ensemble des partis au mois de juillet.
03:17Et nous avons prévu, et de toute façon il faudra que ça se tienne,
03:20quel que soit le résultat du 8 septembre,
03:22de travailler avec les partis politiques,
03:23avant même le dépôt du projet de budget en Conseil des ministres,
03:27qui se tiendra à la toute fin du mois de septembre.
03:30Et donc ce calendrier doit être tenu,
03:33afin que dans le dialogue avec les partis,
03:35on parvienne à un accord comme celui qui nous a permis de faire passer ce budget.
03:40Et ce calendrier, pour moi, ne doit pas être modifié,
03:44parce que, et c'est aussi la vertu de la décision du Premier ministre,
03:47c'est que si nous avons une difficulté politique qui est possible le 8 septembre,
03:51nous sommes suffisamment en amont pour malgré tout préparer un budget pour les Français.
03:55Je rappelle que la censure du gouvernement de Michel Barnier,
03:58c'était le 4 décembre, et on a eu des difficultés considérables.
04:02Hier, je voyais les membres du Conseil de la politique de la ville,
04:06dont les subventions ne sont arrivées, et les dotations,
04:10qu'au mois de mai, à cause de cette censure qui est arrivée en décembre.
04:13Donc, si un problème politique à traiter, il faut qu'il soit traité en amont,
04:16de façon à ce que le budget soit voté dans les temps.
04:18Eric Lombard, sur les chiffres que vous citiez,
04:21notamment la réaction, les marchés financiers,
04:23le CAC 40 qui a clôturé en baisse,
04:25le spread, c'est-à-dire la différence entre les taux d'intérêt allemands et français,
04:28qui s'élargit.
04:30Très concrètement, si François Bayrou tombe le 8 septembre,
04:33qu'est-ce que vous prédisez ?
04:34Est-ce que vous prédisez un choc financier,
04:37une incapacité à se refinancer sur les marchés ?
04:42Qu'est-ce qui se passe ?
04:43Est-ce que, très concrètement, il faut s'attendre à une crise majeure
04:46si François Bayrou tombe le 8 septembre ?
04:47Notre responsabilité, celle du gouvernement,
04:50est d'éviter qu'il y ait une crise.
04:51La France est un pays extrêmement solide.
04:53Je veux rappeler que les finances publiques sont tenues.
04:56Cette année, nous suivons avec la ministre des Comptes publics,
04:57Amélie de Montchalin, mois par mois l'exécution.
05:00Et nous sommes exactement dans les clous de notre trajectoire,
05:02qui doit réduire le déficit à 5,4%.
05:04Donc, nous ferons tout pour que,
05:08s'il y a un vote défavorable le 8 septembre,
05:10les finances publiques étant tenues,
05:12une solution rapide soit trouvée,
05:13mais ça, ça relèvera à ce moment-là du président de la République,
05:15de façon à ce qu'il y ait continué,
05:17continuité, et que notre économie continue à...
05:20Pardonnez-moi, Éric Lombard, vous ne répondez pas tout à fait à ma question.
05:23Le 8 septembre, François Bayrou tombe.
05:25Est-ce que le lendemain, il faut s'attendre à ce que les taux d'intérêt augmentent,
05:28à ce que la France se retrouve potentiellement dans une tempête financière ?
05:32Est-ce que ça fait partie des scénarios sur lesquels vous travaillez ?
05:34Il y a deux sujets.
05:36Il y a l'augmentation des taux d'intérêt,
05:38et c'est aussi pour ça que le Premier ministre a voulu cette clarification,
05:40qui graduellement augmente, jour après jour, ces derniers mois.
05:45L'écart avec l'Italie, qui était quand même dans le passé le mauvais élève de l'Union Européenne,
05:50était hier soir de 0,03%, 3 centimes.
05:54Et donc, je vous parie que dans les 15 jours qui viennent,
05:58nous paierons notre dette plus chère que l'Italie,
06:00nous serons vraiment en queue des 27 en Europe,
06:04ce qui, pour un pays comme la France, est un vrai souci.
06:06Mais malgré tout, cette dette, elle est soutenable,
06:09les refinancements se passent bien, et nous faisons tout à Bercy, évidemment.
06:12Donc vous dites, Éric Lombard, aux oppositions,
06:14si vous faites tomber François Bayrou le 8 septembre,
06:16vous porterez la responsabilité d'une éventuelle augmentation des taux d'intérêt,
06:20d'un renchérissement du coût de la dette ?
06:21Non, la responsabilité politique n'a rien à voir avec cela.
06:25Nous, nous faisons en sorte que le pays fonctionne,
06:28et je ne veux pas faire la politique de la peur ou de la menace.
06:31Notre sujet n'est pas de trouver un accord pour éviter une crise financière,
06:36notre sujet est de trouver un accord parce que le pays a besoin d'un budget,
06:39nous avons besoin, et c'est tout le discours du Premier ministre hier,
06:42nous avons besoin de redresser nos comptes publics.
06:44La question, c'est de trouver le chemin pour cela.
06:46Et ce chemin, c'est la négociation, c'est le dialogue,
06:49et en tout état...
06:49Donc quoi Amélie Monchalin disait, si nous ne faisons pas ces choix maintenant,
06:52ce seront nos créanciers ou nos FMI, Fonds Monétaire International,
06:55qui nous les imposeront, à l'exagérer ?
06:57C'est un risque qui est devant nous.
06:59Souvent, on me dit dans telle ou telle émission,
07:02mais pourquoi est-ce qu'on ne fait pas comme l'Espagne ou le Portugal ?
07:04Mais en Espagne ou au Portugal, c'est effectivement le FMI,
07:06la Banque Centrale Européenne et la Commission.
07:07Donc il y a bien un risque que le FMI intervienne,
07:11si d'aventure la situation financière se dégradée ?
07:13C'est un risque que nous souhaitons éviter, que nous devons éviter,
07:16mais je ne veux pas vous dire que le risque n'existe pas.
07:18Un mot sur les discussions de négociation que vous appelez de vos voeux.
07:22Quand François Bayrou a été nommé, vous aviez négocié avec les socialistes,
07:24fait des concessions.
07:25Aujourd'hui, quand il vous demande une réduction de l'effort en termes d'économie,
07:29une contribution des plus aisés, notamment sur leur patrimoine,
07:33est-ce qu'aujourd'hui, vous nous dites que vous êtes prêts à faire ce type de gestes
07:37pour tenter de les convaincre de ne pas voter contre cette confiance ?
07:42Il y a une condition pour que ce budget soit accepté par les Français,
07:45c'est qu'il y ait de l'équité.
07:47Les Français le demandent, mais c'est normal,
07:50c'est bien ça que nous devons, nous, en tant que gouvernement, assurer,
07:54c'est que l'effort est équitablement partagé.
07:56Et donc la part des plus fortunés,
07:58de ceux qui sont favorisés par la fortune, l'héritage,
08:02doit être évidemment plus forte,
08:04pour que devant les Françaises et les Français,
08:06chacun voit que l'effort est partagé.
08:08Et donc vous êtes prêt, Éric Pombard, à aller plus loin sur, par exemple,
08:12une contribution exceptionnelle sur le patrimoine des plus aisés ?
08:14Est-ce que ça vous dit aux socialistes ce matin ?
08:16Là-dessus, on peut regarder et aller plus loin que ce qui est prévu,
08:19qui, en réalité, aujourd'hui, ne rapporte pas beaucoup d'argent
08:23et n'est qu'un dispositif pour éviter l'optimisation fiscale.
08:27Le pas beaucoup d'argent,
08:28on a prévu plus de 4 milliards d'euros de contribution,
08:31ce qui est une somme tout à fait substantielle,
08:33sur laquelle vous avez noté que les mesures derrière ne sont pas précises,
08:38précisément parce que nous souhaitons en dialoguer
08:41avec l'ensemble des partis représentés au Parlement
08:43et pas seulement le Parti Socialiste.
08:44Donc il y a évidemment une marge de négociation sur le partage de l'effort,
08:50il y a une marge de négociation sur les mesures.
08:52Sur le montant des économies,
08:53faire plutôt que 44, en faire entre 20 et 30 ?
08:56Sur le montant des économies,
08:58nous avons un engagement pris devant l'Union Européenne
09:01et devant les marchés financiers
09:02de faire un ajustement.
09:04Et je rappelle que toutes ces dernières années,
09:06les plans d'ajustement qui ont été discutés à Bruxelles
09:09n'ont pas été tenus.
09:10Et il est important qu'on change cette image que nous avons
09:12de ne pas tenir nos plans.
09:14Donc sur les 44 milliards,
09:15là je suis très ferme,
09:18nous devons tenir sur les 44 milliards.
09:19Mais sur leur répartition, on peut travailler.
09:21Un tout dernier mot, Eric Lombard,
09:22est-ce que pour faire baisser la pression,
09:23le premier signe de bonne volonté de la part du gouvernement
09:25ne serait pas de dire
09:26les deux jours fériés supprimés, on oublie ?
09:28Nous ne souhaitons pas être curiassés,
09:33c'est-à-dire qu'on découpe le sujet en tranches.
09:36Il y a un premier sujet,
09:37c'est est-ce que nous sommes d'accord
09:38de réduire le déficit
09:40et de faire un effort de 44 milliards d'euros ?
09:42Et ensuite, nous discuterons du paquet de mesures.
09:44Mais on voit bien que si on discute mesure après mesure,
09:46on va se terminer avec quelque chose
09:48qui ne répond pas à la question posée.
09:50Merci beaucoup, Eric Lombard,
09:51qui attend donc une surprise
09:53pour ne pas tomber le 8 septembre.
09:55Et merci à vous, Benjamin Duhamel.
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