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  • il y a 6 semaines
Gabriel Attal, député des Hauts-de-Seine, président du groupe EPR à l’Assemblée nationale, était l'invité de France Inter ce mercredi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-27-aout-2025-1783848

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00:00France Inter, la grande matinale.
00:04Il est 7h48, Benjamin Duhamel, votre invité, est ancien Premier ministre et président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée Nationale.
00:14Bonjour Gabriel Attal.
00:15Bonjour Benjamin Duhamel.
00:15Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter et d'avoir choisi cette antenne pour votre première réaction après la conférence de presse de François Bayrou,
00:23deux jours après l'annonce d'un vote de confiance par le Premier ministre.
00:26Entre le bilan et le suivant, opposition qui s'apprête à le renverser, fébrilité des marchés financiers, le pari s'est transformé en fiasco.
00:32Gabriel Attal ?
00:33J'ai tenu hier à réunir les députés de mon groupe et le bureau exécutif de Renaissance pour faire un point sur la situation politique.
00:41Le Premier ministre a décidé, vous le savez, vous venez de le rappeler, le 8 septembre prochain, de demander à l'Assemblée Nationale un vote de confiance.
00:49Avec mon groupe, on s'est toujours placé, et parfois c'était difficile, y compris du point de vue de certaines de nos convictions,
00:57dans la logique de chercher le plus de stabilité possible pour le pays, ce qui n'est jamais totalement évident.
01:03Et donc de manière unanime et sans ambiguïté, évidemment que nous voterons la confiance au gouvernement le 8 septembre prochain.
01:10Ce qui ne veut pas dire qu'on est d'accord avec l'intégralité de la copie budgétaire qui avait été présentée.
01:15Mais ce qui veut dire que précisément, on pense qu'il y a encore une marge de manœuvre possible pour discuter du fond de ce budget.
01:20On va en parler dans un instant, Gabriel Attal, simplement vous dites, on a toujours été du côté du choix de la stabilité.
01:25Faire ce coup de dés, demander un vote de confiance le 8 septembre, c'est faire le choix de la stabilité.
01:30Est-ce que ce n'est pas plutôt faire une sorte de pari, un coup de poker sur son avenir politique personnel ?
01:35Il a vraiment fait le choix de la responsabilité, François Bayrou ?
01:37Là, vous m'interrogez, je suis président d'un groupe parlementaire.
01:41Vous connaissez les institutions, c'est le Premier ministre qui décide de demander un vote de confiance à l'Assemblée nationale.
01:47Moi, j'ai été Premier ministre, j'ai été à la place de François Bayrou.
01:50Donc, je ne vais pas être celui qui lui fait la leçon au micro.
01:55Il est en plus Premier ministre dans une situation qui est, je crois, encore plus complexe que celle que j'ai eu à affronter,
01:59puisqu'il n'y a aucune majorité aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
02:02Maintenant, cette décision, elle est prise. Elle est là.
02:04On peut ergoter sur est-ce qu'il fallait la prendre ou pas.
02:07Elle est là et il y a un moment où il va falloir se positionner.
02:09C'est le 8 septembre avec les députés de mon groupe.
02:12Et après en avoir échangé hier avec le bureau exécutif de Renaissance,
02:15évidemment qu'on se prononcera pour chercher la stabilité pour le pays.
02:18Ce qui ne veut pas dire que le moment qu'on traverse n'interroge pas profondément notre modèle.
02:23Et la réponse qu'on doit lui apporter est beaucoup plus profonde d'ailleurs que les sujets dont on discute aujourd'hui.
02:27Les auditeurs auront entendu votre enthousiasme quant à ce vote de confiance le 8 septembre.
02:33Hier, on a entendu François Bayrou faire cet appel.
02:36Au fond, le 8 septembre, c'est le chaos ou la responsabilité.
02:41Donc, tous ceux qui s'apprêtent à voter contre la confiance sont des irresponsables, c'est ça ?
02:45Moi, je dirais que le moment qu'on traverse et la décision du Premier ministre,
02:49elle est le symptôme, ils sont le symptôme, d'une forme de décalage dans notre modèle.
02:56On veut faire tourner le pays de 2025 avec un modèle issu de 1945 alors que tout a changé.
03:01La démographie n'est plus la même, on a une population qui vieillit, on a moins de naissances.
03:05L'économie ne peut plus être la même, on a l'intelligence artificielle qui est en train de tout révolutionner.
03:08La situation climatique n'est pas la même.
03:10Et donc, le moteur France est en surchauffe.
03:12Et pourquoi est-ce que le budget, chaque année, devient l'épicentre d'un tremblement de terre politique ?
03:17Parce que c'est le moment où on voit le plus le décalage entre notre modèle et la réalité du pays.
03:22Et donc, pour moi, pour vous répondre à la question du 8 septembre,
03:25ce n'est pas de savoir le chaos ou pas le chaos,
03:27ce n'est même pas de savoir le gouvernement de François Bayrou, stop ou encore.
03:31C'est de savoir si on est un certain nombre à partager ce constat.
03:34Pas toutes les solutions, mais est-ce qu'on est d'accord pour partager ce constat,
03:38qu'on a un modèle qui est dépassé, qu'il faut apporter des réponses nouvelles
03:41et qu'on peut en discuter ensemble.
03:42Moi, je ne veux pas me résoudre à ce que ça ne soit pas possible.
03:45Je ne considère pas qu'on m'est élu député, que mes concitoyens m'est élu député,
03:48pour rester assis sur mon siège, les bras croisés,
03:50regarder les gouvernements chuter les uns après les autres,
03:53alors que le monde est totalement instable.
03:54Je cherche des solutions.
03:55Gabriel Attal, vous dites, je n'ai pas été élu pour rester sur mon siège.
03:58Est-ce que ça veut dire que vous considérez qu'il y a encore un chemin,
04:02une marge de manœuvre pour éviter que le gouvernement ne tombe le 8 septembre,
04:06peut-être, des concessions aux socialistes ?
04:09Est-ce qu'il y a un chemin pour négocier ?
04:12Et est-ce qu'il faut que François Bayrou prenne davantage ce chemin ?
04:15Il y a toujours un chemin.
04:16Le vote, il est le 8 septembre.
04:18Et en tout cas, moi, ce que je vous dis,
04:19et c'est ce qu'on veut faire avec les députés de mon groupe,
04:21c'est qu'on veut se battre.
04:22Et on veut évidemment tendre la main.
04:24J'ai eu un certain nombre de responsables politiques au téléphone ces dernières heures.
04:27J'en aurais d'autres dans les heures à venir.
04:29Évidemment qu'il faut discuter.
04:31Évidemment qu'il ne faut parler.
04:31Il le fait suffisamment, François Bayrou, ou pas ?
04:34Il a dit qu'il allait aller chercher les voix les unes après les autres.
04:38Donc, il faut qu'on s'y mette tous.
04:40Mais il a suffisamment tendu la main cet été, discuté avec les socialistes ?
04:43Or, une fois, moi, ce que je vous dis, c'est que vous savez,
04:44j'ai été à sa place, j'ai été Premier ministre.
04:47C'est très désagréable quand vous avez des gens qui vous ont précédés,
04:50qui viennent vous faire la leçon dans un micro,
04:52alors même que vous ne faites pas face à la même situation
04:54qu'à l'époque où ils étaient aux responsabilités.
04:56Moi, je suis là pour vous parler de nous,
04:58c'est-à-dire Renaissance, les députés du groupe Ensemble pour la République.
05:00Évidemment qu'on va se battre pour la stabilité du pays en votant le 8 septembre,
05:04mais on va se battre aussi, Benjamin Duhamel,
05:07pour que le pays ait un budget.
05:08Parce qu'il y a deux échéances.
05:09Il y a le 8 septembre et ce vote de confiance,
05:11et il y a le 31 décembre, date à laquelle il faut que la France ait un budget.
05:15On a du temps pour en discuter, pour en suivre des ponts.
05:17Pour être très précis sur d'éventuelles concessions, négociations.
05:20Est-ce qu'on a entendu hier, François Bayrou,
05:23ouvrir la porte à une contribution sur les plus fortunés ?
05:28Est-ce que vous seriez prêt, au fond, à rompre ce tabou macroniste
05:32et aller plus loin sur le fait de faire contribuer les plus riches ?
05:34Est-ce que vous dites à François Bayrou,
05:36pour faire baisser la pression, il faut lâcher sur les deux jours fériés supprimés ?
05:40Est-ce que vous êtes prêt à ce type de concessions ?
05:42Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table,
05:45avec les responsables politiques,
05:46qui sont prêts à partager le constat que j'évoquais tout à l'heure,
05:49et à chercher à avancer.
05:51De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre,
05:53il faudra un budget pour le pays.
05:55Et je pense que cette discussion, elle doit se faire aussi au niveau parlementaire
05:57et au niveau des partis politiques.
05:57Par exemple, sur les deux jours fériés supprimés,
05:59est-ce que là, vous dites ce matin,
06:02ça on oublie, pour essayer de faire baisser la tension.
06:04Par ailleurs, une immense majorité de Français sont opposés à cette mesure.
06:06Et je vous rappelle que quand le budget a été présenté,
06:09avec les députés de mon groupe,
06:10on a dit qu'on n'était pas d'accord avec cette mesure,
06:12en tout cas dans la manière dont elle est annoncée.
06:15Parce qu'on considère que tout travail mérite salaire,
06:17et que si on demande aux Français de travailler davantage,
06:19il faut qu'ils soient payés davantage.
06:20Travailler plus sans gagner plus, ça n'a jamais été notre projet.
06:23On l'a toujours dit.
06:24Mais notre différence par rapport à d'autres,
06:26c'est que tout en disant ça,
06:28on a dit qu'on voulait travailler avec le gouvernement,
06:30travailler au niveau parlementaire dans l'examen du budget,
06:33pour proposer des alternatives.
06:34Et on proposera des alternatives.
06:36Mais pour ça, encore faut-il qu'il y ait un gouvernement.
06:38C'est pour ça que le vote du 8, il est important,
06:40pour qu'il puisse y avoir un gouvernement,
06:41et que cette discussion, elle puisse se faire.
06:43Mais moi, je ne me résous pas,
06:44et on va continuer à tendre la main,
06:46au niveau parlementaire,
06:48aux forces politiques qui sont prêtes à avancer.
06:50Gabriel Attal, si le gouvernement tombe le 8,
06:52que se passe-t-il le 9 septembre ?
06:54Il faut quoi ? Un nouveau Premier ministre ?
06:55Une dissolution ?
06:57Vous avez le ministre de la Justice, Gérald Darmanin,
06:58qui estime qu'il ne faut pas écarter cette hypothèse.
07:01Il ne faut pas écarter l'hypothèse d'une nouvelle dissolution ?
07:04Je pense que la seule clé de lecture qu'on doit avoir dans le moment,
07:08c'est de savoir ce qui apporte de la stabilité ou pas.
07:11Est-ce qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité ?
07:14Je ne le crois pas.
07:15D'abord parce que la situation politique est ce qu'elle est.
07:18Il y a trois forces politiques dans le pays,
07:20aucune n'est majoritaire.
07:21Certains peuvent dire qu'il faut une dissolution de clarification.
07:24Il me semble que c'est ce qui avait été dit il y a un an.
07:27Je n'ai pas le sentiment que la situation politique
07:28ait été particulièrement clarifiée à ce moment-là.
07:31Et ensuite, pardon, mais quand on en est à se demander
07:33chaque année s'il faut que les Français revotent,
07:36à un moment, l'Assemblée,
07:37c'est l'Assemblée pour laquelle les Français ont voté.
07:39Si on se demande chaque année s'il faut que les Français revotent,
07:42c'est que le problème ne vient peut-être pas des Français,
07:44mais vient de l'Assemblée elle-même.
07:46Et ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée,
07:49c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes.
07:51On a une Assemblée qui est éclatée.
07:52C'est le cas dans la quasi-totalité des pays européens qui nous entourent.
07:56Dans la quasi-totalité des pays européens qui nous entourent,
07:58ils ont une Assemblée avec des forces éclatées,
08:00sans qu'une seule force et une majorité.
08:02Et pourtant, ils arrivent à travailler ensemble et à trouver des solutions.
08:04Moi, c'est pour ça que je veux me battre avec les députés de mon groupe.
08:07Est-ce que ça marchera ? Je n'en sais rien.
08:09Mais en tout cas, on veut se jeter toutes nos forces dans cette bataille
08:12et surtout aussi se projeter sur l'avenir.
08:15Parce que le décalage de modèle que j'évoquais tout à l'heure,
08:17il appelle des réponses puissantes.
08:19Il faut probablement tout réinventer.
08:21Si on continue avec le même modèle, la même constitution,
08:23les mêmes institutions, on sera confronté aux mêmes problèmes.
08:26Je ne crois pas du tout que par magie,
08:28parce qu'il y aurait une élection ou une autre,
08:30on reviendrait à la vie politique d'avant,
08:32avec ces majorités absolues.
08:33J'ai lu attentivement votre interview à Paris Match,
08:37et notamment cette phrase, je cite,
08:38« Je travaille à une proposition pour 2027 avec un projet clair. »
08:43En gros français, si on ne fait pas de langue de bois,
08:44ça veut dire que je suis candidat.
08:45Ça veut dire que je suis chef d'un parti aujourd'hui,
08:47le parti Renaissance,
08:49et que ma responsabilité, c'est évidemment de travailler un projet pour le pays.
08:52Évidemment.
08:53Et pour le porter.
08:53Mais aujourd'hui, vous avez des candidats sans projet.
08:56Moi, je veux que notre projet ait un candidat.
08:58Et pour ça, il faut un projet.
08:59Et j'ai envie de dire, c'est un peu le travail,
09:01c'est un peu la responsabilité des partis politiques.
09:04Normalement, quand on est dans la jeune génération des politiques,
09:06on fait moins de langue de bois, non ?
09:07Pourquoi ne pas dire, comme ça,
09:09« Ben oui, il y a une logique, tout le monde... »
09:11C'est peut-être pas la réponse que vous souhaiteriez.
09:13Tout le monde semble se préparer, moi aussi.
09:14C'est peut-être pas la réponse que vous souhaiteriez,
09:16parce que vous souhaiteriez pouvoir avoir une dépêche AFP
09:17qui annonce un tel et candidat.
09:19Enfin, la réalité, c'est que moi, je pense
09:21que l'important, c'est d'abord de bosser
09:23et de travailler sur un projet clair
09:25qu'on présente aux Français.
09:26Un tout dernier mot rapidement, Gabriel Attal.
09:27Vous êtes resté huit mois Premier ministre.
09:29François Bayrou, il est à un peu plus de huit mois et demi.
09:31Vous avez un conseil à lui donner
09:32pour bien gérer sa sortie de Matignon ?
09:33Je vous ai dit tout à l'heure
09:34que je n'étais pas là pour faire la leçon.
09:38Et encore une fois,
09:39dans le moment qu'on traverse,
09:41avec les bouleversements...
09:42C'est pas facile d'être un ex-Premier ministre.
09:43Avec les bouleversements qu'on traverse,
09:45je serai à Kiev dans deux semaines
09:47à l'invitation du Forum des Alliés de l'Ukraine.
09:49Est-ce qu'on pense vraiment
09:49qu'on a besoin d'une France
09:51replongée à nouveau dans l'instabilité ?
09:54Quand on voit les négociations commerciales
09:55avec les Etats-Unis.
09:56Quand on voit la situation géopolitique,
09:58la réaffirmation des puissances.
09:59Moi, je ne le crois pas.
10:00Donc, je ferai tout
10:01pour aider le gouvernement à tenir
10:03et François Bayrou à rester Premier ministre.
10:05Merci Gabriel Attal,
10:06qui appelle donc à une négociation
10:08et ne souhaite pas une nouvelle dissolution.
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