"7 minutes pour comprendre" est le lieu de débat et d'approfondissement de "BFM Première" : chaque jour en direct, invités et experts répondent à la question du jour sur le plateau de Dominique Tenza et Perrine Storme.
00:00Avec nos invités Arthur Berda qui est resté évidemment avec nous, on est très heureux d'accueillir également Emmanuel Anizon, vous êtes grand reporter à Allops, vous avez beaucoup suivi les Gilets jaunes à l'époque, vous avez d'ailleurs écrit un livre avec l'une des figures du mouvement Ingrid Levavasseur et Bertrand Martineau qui est également avec nous ce matin, bonjour, expert associé à l'Institut Montaigne, économiste et auteur du livre Le Travail et la Solution.
00:24Arthur Berda, je me tourne d'abord vers vous, François Bayrou se sait sous la menace d'une censure, son budget est massivement rejeté par les oppositions, l'objectif de cette conférence de presse c'est quoi ? C'est jouer l'opinion contre les politiques ?
00:38Absolument, François Bayrou il a pris acte de l'absence de majorité à l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire que quoi qu'il fasse ou presque, l'EPS devrait, pourrait voter la motion de censure qui sera inévitablement déposée par LFI, il y en aura une dès la fin du mois de septembre,
00:52il y en aura d'autres d'ici la présentation du budget, rappelons-le, le budget c'est pas tout de suite, c'est d'ici l'automne, au mois d'octobre ou novembre.
01:00Donc François Bayrou il a pris acte de l'absence de majorité au Parlement et donc il fait le pari qu'il peut réussir à faire prendre conscience aux Français de l'ampleur de la tâche qui est la sienne, rappelons-le, la France c'est plus de 3 300 milliards d'euros de dettes.
01:14Le plan de François Bayrou, on parle souvent d'un plan d'économie de 44 milliards d'euros mais c'est un abus de langage, il ne fait pas 44 milliards d'euros d'économie, il fait 44 milliards d'efforts budgétaires,
01:24ça n'est pas la même chose puisque dans cet effort il y a une part de fiscalité qui va augmenter, qui pour les plus aisés, qui pour les entreprises les plus fortunées.
01:32Donc si vous voulez François Bayrou il va essayer d'expliquer cet après-midi et dans les semaines qui viennent aux Français l'ampleur de la tâche qui est la sienne,
01:38la réalité de la situation financière et budgétaire du pays et il fait le pari qu'en réussissant à convaincre les Français, il pourra tordre le bras de tout ou partie des députés, c'est un pari très risqué.
01:48Emmanuel Anizon, vous les connaissez ces Français cette opinion, vous les aviez suivis à l'époque pour les Gilets jaunes, on parle beaucoup d'un parallèle avec ce mouvement du 10 septembre,
01:56on me rappelle à bloquer le pays, est-ce qu'ils peuvent encore être convaincus par François Bayrou ?
02:01Là le mouvement semble bien parti, je pense que d'ici le 10 septembre ça va être compliqué de les convaincre.
02:07C'est un mouvement protéiforme très compliqué à saisir comme c'était d'ailleurs le cas pour les Gilets jaunes avec finalement des gens qui décident sur le terrain d'eux-mêmes
02:18avec des mouvances assez disparates et donc voilà peut-être que certains...
02:22Et les politiques essayent de se greffer pour tenter de récupérer le mouvement ?
02:25Les politiques cherchent à se greffer mais c'était le cas aussi pour les Gilets jaunes avec d'ailleurs assez similaire, c'est-à-dire que c'est parti plutôt d'une mouvance droite,
02:35des mouvements de droite et puis finalement aujourd'hui c'est une récupération qui se veut plutôt à gauche
02:40mais ce mouvement est justement en prône le fait de ne pas être récupéré par les politiques ni par les syndicats.
02:47Il n'y a pas de chef volontairement, pas de tête d'affiche et la volonté que ça reste quelque chose de collectif en fait.
02:54Dans les points communs avec les Gilets jaunes, vous avez raison, le fait que les politiques courent derrière,
02:58il y a une différence me semble-t-il mais je voudrais vous poser la question, est-ce qu'avec les Gilets jaunes il n'y avait pas une tentative aussi syndicale
03:05de récupérer ce mouvement qui leur échappait à l'époque, là où les syndicats, à l'inverse sur ce mouvement du 10 septembre,
03:09me semble-t-il, prennent plutôt leur distance en attendant d'y voir plus clair sur l'origine du mouvement ?
03:14Est-ce que vous l'identifiez ça ou est-ce que c'est une erreur de le lire comme ça ?
03:17Alors au moment des Gilets jaunes, les syndicats étaient très frileux aussi.
03:20En fait il n'y a jamais vraiment eu de communion avec les syndicats, sur la fin il y a eu des tentatives mais qui ont avorté
03:28parce que même les manifestants, en fait les manifestations syndicales, Nation République, Nation Bastille,
03:35en fait avec les fagnons législables, parce que c'est ce que disent les Gilets jaunes, les pancartes et les doigts,
03:41en fait ne servent à rien, c'est ce qu'est estimé les Gilets jaunes, c'est ce qu'ils disaient
03:45et à l'époque ils ont débordé les manifestations syndicales qui ont terminé dans la violence,
03:49les syndicats évidemment ne souhaitent absolument pas ça, donc en fait ça n'a jamais vraiment eu lieu cette union
03:54et aujourd'hui il y a même plutôt quelques Sudraïs par exemple a dit qu'ils suivaient,
03:59les métallurgistes aussi je crois qu'ils engagent une grève à partir du 10 septembre,
04:02donc symboliquement c'est quand même le 10 septembre, après clairement ce sont vraiment deux formes de revendications qui sont différentes.
04:10Mais partie à chaque fois d'une décision liée à des questions économiques,
04:14il y a un enjeu pour François Bayrou, c'est de déminer le terrain avant le 10 septembre.
04:17Il a déjà essayé, Bertrand Martineau, cet exercice de pédagogie mi-juillet,
04:23il n'avait pas réussi à convaincre et on le voit encore ce matin avec ce dernier sondage d'Oxia pour le Parisien,
04:2784% des Français sont opposés à la mesure qui crispe la suppression de deux jours fériés.
04:33Pour que l'effort soit accepté, on dit qu'il faut qu'il soit acceptable,
04:37est-ce qu'il peut continuer sur cette lancée, est-ce qu'il peut faire passer cette suppression des deux jours fériés,
04:43réussir à convaincre les Français ou il va devoir lâcher du lest sur cette mesure ?
04:46Comme il a été dit, le moment de vérité, ce ne sera pas maintenant,
04:50ce sera à partir d'octobre lors des débats budgétaires.
04:54Donc il a quelques semaines pour faire un travail médiatique et politique sur ces sujets.
05:00Et ce que dit aussi le sondage, c'est qu'il y a une grande majorité de Français
05:04qui ne comprend pas le lien entre travailler plus et la situation des finances publiques.
05:07Donc déjà, s'il peut arriver à faire cette explication,
05:11je ne dis pas que la mesure sera populaire, ça c'est sûr,
05:13mais au moins, il peut essayer de dégonfler la baudruche peut-être,
05:16sachant qu'en face, les oppositions ne proposent rien pour redresser massivement les finances publiques.
05:21Mais quels arguments il peut employer pour convaincre les Français
05:23que cette suppression des deux jours fériés est nécessaire ?
05:26Rappelez encore et encore que notre pays ne travaille pas assez globalement,
05:29ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas beaucoup de Français qui travaillent énormément,
05:32mais globalement, en masse, on ne travaille pas assez,
05:35d'où la question des retraites, d'où la question du temps de travail au cours de l'année,
05:39d'où le problème particulier des ponts, évidemment, qui est quand même une spécificité française.
05:43On a à peu près autant de jours fériés que les autres pays,
05:45mais on a un problème des ponts du mois de mai, par exemple,
05:47qui entrave vraiment l'économie.
05:49Je crois que maintenant, c'est assez clair.
05:50Donc, vous, l'économie, c'est une véritable mesure
05:54pour vraiment faire des économies et gagner de l'argent ?
05:56Ça permet de redresser un tout petit peu la situation.
05:59Est-ce qu'on peut s'en passer ? Est-ce qu'il pourrait reculer ?
06:00Est-ce qu'on peut imaginer que François Bayrou recule sur cette suppression ?
06:03À la limite, ça dépend de combien il veut redresser les finances publiques.
06:07Aujourd'hui, pour stabiliser la dette en part de PIB,
06:11pour stabiliser la dette, je ne dis pas la diminuer,
06:12il faut 120 milliards d'économies.
06:14C'est comptable, ce n'est pas un truc de droite ou de gauche.
06:16C'est compte tenu du niveau des taux d'intérêt et du niveau du taux de croissance,
06:19eh bien, il faut 120 milliards d'économies.
06:20Ils proposent d'en faire à peu près le tiers cette année,
06:23donc à peu près 40 milliards.
06:24Puis, il faudra faire à peu près la même chose.
06:26Pour filer la métaphore qu'il avait indiquée sur l'Himalaya,
06:29là, on est juste en train de sortir du camp de base.
06:31On n'a pas commencé l'ascension, vous voyez, avec les 40 milliards.
06:34Et les Français sont déjà quasiment dans la rue.
06:37Oui, mais ils n'y sont pas encore.
06:39Attendons de voir.
06:41Et ces débats vont durer pendant des mois.
06:43D'ici des mois, il va se passer des choses.
06:45Il y aura peut-être des problèmes financiers qui vont se poser,
06:47pas forcément sur la France, mais en général.
06:49Donc, il faut être très réactif et utiliser tout le temps du débat
06:53pour essayer de faire ce lien entre les efforts demandés
06:56et la situation calamiteuse des finances publiques.
06:58Ils n'y sont pas encore, les Français, dans la rue,
06:59mais il y a quand même un soutien de plus en plus important
07:01autour de ce mouvement du 10 septembre qui est à noter.
07:04Malgré les exercices de pédagogie de François Bayrou,
07:06où on faisait référence à cette conférence de presse en juillet,
07:08mais aussi à ces vidéos, parce que tout l'été,
07:11il s'est adressé aux Français sur YouTube.
07:13Regardez.
07:14Tous les responsables partent en vacances, bien mérités,
07:18ce que je ne ferai pas.
07:20Parce que les jours que nous allons vivre
07:22pendant ces semaines du mois d'août et du début du mois de septembre,
07:27ces jours sont absolument cruciaux.
07:29Arthur Berda, c'est efficace, ce genre de vidéos ?
07:32Est-ce que ça porte ses fruits ?
07:33Alors, François Bayrou et ses proches ont bien conscience
07:35que très peu de Français, en réalité,
07:38ont regardé ces vidéos publiées en plein cœur de l'été,
07:41en plein mois d'août.
07:42Il y en a eu une série, une petite dizaine.
07:44François Bayrou et ses proches,
07:45ils savent que ça n'a pas été regardé.
07:47En revanche, au-delà du fond,
07:49ils considèrent que sur la forme,
07:50dès l'instant où ces vidéos ont existé
07:53et les Français ont entendu parler,
07:54de près ou de loin, de ces vidéos,
07:56ils considèrent que ça participe de la prise de conscience
07:58autour de l'état des finances publiques du pays,
08:01qui est, monsieur le disait à l'instant, catastrophique,
08:05et qu'il est d'autant plus, vous demandiez,
08:06qu'est-ce qui concrètement peut se produire ?
08:07Eh bien, concrètement, la charge de la dette,
08:09vous savez, c'est ce que nous coûte la dette en remboursement.
08:11C'est comme un Français qui a un crédit immobilier,
08:14le taux d'intérêt, ce que coûte le taux d'intérêt.
08:16La charge de la dette pourrait bientôt être
08:17le premier budget de la France.
08:20Le FMI, le Fonds de l'État international,
08:21pourrait débarquer cet automne
08:22en cas de nouvelle censure, de nouvelle instabilité.
08:25On pourrait avoir le FMI aux portes de Paris.
08:27Donc, si vous voulez, il y a une situation
08:28qui est concrètement grave.
08:30C'est ce que François Bayrou va essayer
08:31de faire comprendre aux Français.
08:33Mais ta vie ? Sinon qu'il n'y arrivera pas,
08:34au moins qu'il aura de très grandes difficultés à y arriver.
08:36On verra les arguments qu'il emploiera cet après-midi
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