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  • il y a 4 mois
Regardez L'invité de RTL Matin avec Stéphane Boudsocq du 18 août 2025.

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00:006h, 9h, RTL Matin, avec Stéphane Boutsock.
00:04Les choses s'accélèrent donc à nouveau dans le feuilleton d'une possible fin du conflit entre la Russie et l'Ukraine.
00:12Le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens, dont Emmanuel Macron ou le chancelier allemand Merz,
00:17ont rendez-vous tout à l'heure à Washington.
00:20Première entrevue, Trump-Zelensky, prévue à 19h, heure française.
00:25Invité de RTL ce matin, Yannick Mireur, bonjour, bienvenue à vous.
00:28Bonjour.
00:30Vous êtes politologue spécialiste des questions américaines, ça tombe bien parce que nous avons besoin de vos lumières.
00:35Déjà sur ce sommet groupé qui se prépare, j'avais cru comprendre des mots même du président américain
00:42que l'Europe c'était une sorte de machin qui l'encombrait, qui ne l'intéressait pas du tout.
00:46Comment ou pourquoi a-t-il accepté que Zelensky vienne avec des dirigeants du vieux continent ?
00:53Écoutez, je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche,
00:55c'est des décisions toujours un petit peu imprévisibles du président américain et des changements de pieds d'une équipe
01:00qui est évidemment beaucoup moins compétente que ses interlocuteurs russes par exemple,
01:06puisque ce sont des gens du métier d'un côté et puis des gens beaucoup plus improvisés.
01:10Par exemple, envoyé spécial et ami de longue date de M. Trump,
01:13qui privilégie évidemment la loyauté et les relations personnelles à un long historique de compétence,
01:18parce que c'est un métier qui s'apprend de la diplomatie, surtout en période de crise internationale.
01:22Il y a quand même un écart. Peut-être les Européens à l'air escousse, finalement, ce n'était pas si mal.
01:26Je dirais, je l'interpréterais un petit peu comme ça,
01:29puisqu'ils sont directement concernés parce que c'est le théâtre européen,
01:32parce qu'ils ont tout de même une vision des choses qui est assez claire,
01:37même s'ils sont plusieurs,
01:39et parce qu'il faut bien le dire, pour faire un petit pas en arrière pour nos auditeurs,
01:44pour expliquer là où on en est globalement,
01:46le voile élevé, c'est-à-dire que vous avez d'un côté, c'est malheureux,
01:51mais un échec patant de la diplomatie américaine,
01:55pas seulement d'ailleurs en Russie, c'est la même chose à Gaza,
01:57c'était déjà la même chose avec la Corée du Nord.
02:01Il n'a rien obtenu, le président américain,
02:03la délégation américaine a élevé le président russe au statut qu'il voulait obtenir,
02:07avec une chorégraphie que j'ai trouvée tout à fait choquante,
02:09de la rencontre mise en scène,
02:12qui était vraiment tout à fait dans le sens de l'interlocuteur russe.
02:17Avec ses applaudissements, tapoter sur la main, le grand sourire,
02:22enfin bon bref, ça aurait dû être beaucoup plus sobre,
02:26une réunion dans une salle,
02:28et ensuite pour discuter.
02:29Bon, ça c'est la chorégraphie.
02:31Ensuite, il n'est rien sorti de tout ça,
02:33je pense dans une certaine mesure peut-être avoir les alliés de l'OTAN à la rescousse,
02:38y compris certains comme le Finlandais,
02:39vous savez le président Finlandais qui a développé des réunions assez fortes,
02:43via le Golfe,
02:43on n'est pas dans la politique, dans la haute politique internationale,
02:46mais via le Golfe avec le président américain,
02:48du coup, est de la partie,
02:49et puis le Finlandais, il a une frontière avec la Russie,
02:52il connaît bien le sujet, bref.
02:55Je pense que la présence des Européens est plutôt positive,
03:00et on a vraiment besoin d'une coordination,
03:02qu'on n'obtiendra probablement pas,
03:03mais entre les alliés, globalement transatlantiques,
03:06face aux exigences du régime russe,
03:11qui lui-même, et c'était une phrase intéressante de M. Poutine en Alaska,
03:16avait évoqué les racines, les root causes,
03:19c'est-à-dire les causes historiques d'origine,
03:21de la situation à laquelle il s'est lui-même résolu,
03:24on va dire des choses comme ça.
03:26En effet, lorsqu'elles sont territoriales et elles sont historiques,
03:29c'est-à-dire qu'on n'entend pas assez, quand même,
03:30dans les médias occidentaux,
03:31le point de vue russe, tout l'acquis culturel, historique et territorial de la Russie.
03:37Lorsqu'en 2014, le président russe a décidé de prendre l'Ukraine,
03:40la Crimée, pardon,
03:42évidemment, c'était une violation légale de souveraineté,
03:45mais vous voyez que tout le monde a,
03:47de manière très embarrassée,
03:49finalement un peu acquiescé,
03:50sans accepter fondamentalement,
03:51parce que c'est un territoire qui a longtemps,
03:53qui a une longue histoire russe.
03:54C'est un petit peu la même chose de certaines parties orientales de l'Ukraine.
03:58Alors, malheureusement,
04:00régler les comptes de la guerre froide,
04:01parce que c'est de ça dont il s'agit,
04:02et s'il restaurerait la gloire perdue de la Russie soviétique,
04:06c'est ce que veut faire de manière très déterminée,
04:09et quoi qu'il en coûte,
04:10mobilisation militaire, invasion, agression, crime de guerre,
04:14le régime russe,
04:16ça peut s'entendre d'un point de vue historique,
04:18évidemment c'est inacceptable d'un point de vue juridique,
04:20naturellement,
04:21mais aussi politique et diplomatique.
04:23Donc, on est un petit peu coincé à ce stade
04:26entre la détermination très forte du Russe,
04:29qu'il a remontré,
04:30et surtout qu'il n'avait pas grand monde en face de lui en Alaska.
04:33Lui, il ne bouge pas.
04:35Et puis nous, on essaie de limiter les dégâts,
04:36en quelque sorte,
04:37je dis nous, collectivement,
04:38les Américains de leur côté,
04:39les Européens qui arrivent à se coordonner à peu près de l'autre,
04:41et puis le Zelensky,
04:42on va en parler sans doute,
04:43qui est un petit peu lui pris entre l'enclume et le marteau.
04:45Yannick Mireur,
04:46on sait que le président Trump aime et fonctionne dans le rapport de force.
04:50Cette nuit, sur son réseau social Trousse,
04:52il a dit que la Crimée ne reviendrait pas à l'Ukraine,
04:55qu'il n'y aura pas d'adhésion à l'OTAN.
04:57C'est une manière d'intimider de base,
05:00ou déjà de fermer la porte à ce qui peut se décider
05:03ou se discuter ce soir à Washington ?
05:05C'est une manière très maladroite de se fermer les portes,
05:08parce que, évidemment,
05:10même si vous n'en avez pas l'intention,
05:11vous laissez les portes ouvertes.
05:13Or, on a bien vu que, sur le terrain,
05:15vous me parlez des rapports de force
05:17qu'apprécieraient en particulier le président américain,
05:20sur lesquels il fonctionnerait,
05:21je dirais plutôt sur les rapports personnels d'homme à homme
05:24et qui se serrent la main,
05:26sauf que ça ne marche pas vraiment
05:27lorsqu'il faut avoir un billard à plusieurs bancs,
05:31en quelque sorte,
05:31il faut avoir plusieurs cartes dans sa manche,
05:35et c'est bien le propre du régime russe,
05:37un, que de les avoir,
05:38et d'être très expérimenté sur ce terrain-là,
05:40y compris celui de la manipulation psychologique.
05:42Donc, vous voyez bien que,
05:43lorsqu'il n'est pas en force,
05:46M. Trump et la méthode Trump
05:47n'aboutissent strictement à rien.
05:50Et au contraire,
05:51de mon point de vue,
05:53ce qui est malheureux,
05:54elle affaiblisse grandement
05:56le leadership des États-Unis,
05:57la vision et l'influence américaine
05:59qui, avec beaucoup d'erreurs,
06:00beaucoup de ratés,
06:01comme partout dans l'histoire,
06:02se sont établies
06:03sur des bases relativement consensuelles
06:05depuis 80 ans.
06:07Il y a d'ailleurs la monnaie de la pièce,
06:08mais ce n'est pas notre sujet du jour,
06:10sur les questions intérieures,
06:11domestiques,
06:12d'État de droit
06:12et du rôle de l'État fédéral aux États-Unis,
06:14mais ça, c'est autre chose.
06:15Je pense que le point,
06:16pour conclure juste là-dessus,
06:17c'est le manque d'une longue culture
06:20et d'une longue pratique institutionnelle,
06:23politique et diplomatique.
06:25Et vous voyez,
06:25rappelons-nous quand même,
06:26qu'il y a à chaque fois
06:27une approche d'affaires,
06:30une approche business,
06:31si vous voulez,
06:31puisque par exemple,
06:32le secrétaire au commerce
06:33était là lors de la réunion en Alaska.
06:36Alors, on aurait pu penser
06:37que du coup,
06:38il lui était évoqué
06:39les sanctions économiques,
06:41l'avenir des sanctions-là,
06:42que M. Trump a beaucoup évoquées,
06:44y compris en affaiblissant
06:46les relations dont il a besoin
06:47entre les Indiens
06:48et les Américains,
06:49par exemple.
06:50Et puis, tout ceci s'est évanoui,
06:52s'est évaporé complètement.
06:54Alors, j'ai aussi une question,
06:55c'est que les Américains,
06:56on s'en souvient,
06:57ont élu Donald Trump
06:58une deuxième fois
06:59sur la promesse
07:00d'une amélioration
07:01de leur pouvoir d'achat.
07:01Il leur avait dit
07:02qu'il réglerait
07:03cette affaire russo-ukrainienne
07:04en 24 heures.
07:05ça fait plus de 200 jours
07:07qu'il est là,
07:08rien n'avance,
07:09pire,
07:09il passe même
07:10beaucoup de temps
07:11sur cette question.
07:12Est-ce que là-bas,
07:13aux Etats-Unis,
07:14politiquement,
07:15ça peut lui coûter cher ?
07:17Ce qui peut lui coûter cher,
07:19avec un oeil
07:20sur les élections
07:20de mi-mandat
07:21qui auront lieu
07:22dans un an
07:22et disons trois mois maintenant,
07:24c'est l'économie.
07:29Le gros sujet
07:30quand même aujourd'hui
07:31aux Etats-Unis,
07:31vous venez de le rappeler,
07:32c'est de savoir
07:33si la politique tarifaire
07:35du président américain
07:36aura un impact
07:37sur les marges des entreprises,
07:39sur la profitabilité.
07:40Ce qui se passe dans la bourse
07:41ne montre pas
07:42véritablement une inquiétude
07:43de la part des entreprises
07:46et des milieux d'affaires,
07:47même s'ils regardent
07:47de manière très serrée
07:49les indicateurs,
07:50par exemple sur les index
07:51de consommation,
07:52les index de confiance
07:53des consommateurs,
07:54des index de confiance
07:55des entreprises
07:55et tout ce qui concerne
07:58aussi le pouvoir d'achat
07:59dans les ménages
08:00et la situation par exemple
08:01de l'immobilier
08:01n'est pas bonne.
08:03Donc il y a
08:03une certaine fébrilité
08:05là-dessus
08:05et tout le débat
08:07est très vif
08:08aux Etats-Unis
08:09dans les milieux économiques
08:10sur le savoir
08:10si on ne risque pas
08:11de stagflation,
08:12que ce que doit faire
08:13la Banque fédérale
08:14sur les taux directeurs
08:16pour peut-être relancer
08:16l'économie
08:17mais tout en ayant un oeil
08:18pour que l'inflation
08:19ne se remballe pas
08:20alors que sa tendance
08:21est plutôt baissière
08:22ce qui est plutôt positif
08:23à se stabiliser.
08:24Sauf qu'au milieu de tout ça
08:25vous avez un président américain
08:26qui jette beaucoup d'huile
08:27sur le feu
08:28sur les questions institutionnelles
08:30en prétendant
08:31remplacer
08:33le directeur
08:35de la présidence
08:36de la Banque centrale américaine
08:37ce qu'il ne peut pas faire
08:38et en remplaçant
08:40beaucoup de hauts responsables
08:42des milieux économiques
08:44ou des agences
08:45et de statistiques
08:46qui sont en général
08:46un peu le temple
08:47de l'objectivité économique.
08:50Donc il y a beaucoup
08:50d'incertitude
08:51qui est jetée là-dessus.
08:52L'autre point important
08:54que je voudrais vous signaler
08:57c'est qu'en perspective
08:58des élections de mi-mandat
08:59c'est le redécoupage électoral
09:00qui est le gros sujet
09:01la patate chaude
09:02si vous me passez cette expression
09:04dans les milieux politiques américains
09:06puisque le président américain
09:07c'est ce que je vous disais
09:08il y a un moment
09:08aussi au point de vue intérieur
09:10avance des pions
09:11pour déséquilibrer
09:13un petit peu
09:13ce qui était
09:14les grands fondements
09:15du système politique
09:17et de l'état de droit
09:18aux Etats-Unis.
09:19Je ne prends que cet exemple-là
09:20celui du redécoupage électoral
09:21qui doit ne se faire en général
09:22que lorsque vous avez
09:23un recensement
09:25décennal
09:26de la démographie américaine
09:28là il est question
09:29de bousculer un petit peu
09:30les choses.
09:31Alors les démocrates
09:31ne sont pas beaucoup plus honnêtes
09:33sur ce point de vue
09:34que les républicains
09:35mais c'est un grand enjeu
09:36de redécoupage.
09:37Donc si l'opinion publique
09:38a l'impression
09:39qu'il y a une sorte
09:40de trafic
09:42de manœuvre
09:42de ce point de vue
09:43ça peut aussi coûter cher
09:44un petit peu plus tard
09:44pour la majorité républicaine.
09:45Merci Yannick Mireur
09:47Politique
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