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  • il y a 4 mois
Les bénéficiaires de titres-restaurant devraient pouvoir utiliser l'intégralité de leur solde dans les restaurants d'un seul coup, a plaidé lundi le président de l'association française des maîtres restaurateurs, appelant en revanche à maintenir le plafond journalier dans les supermarchés, alors que le système est en pleine réforme.

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Transcription
00:00On parle effectivement de votre quotidien, peut-être quelque chose qui va changer.
00:0325 euros, c'est aujourd'hui le plafond journalier pour vos titres restaurant.
00:07Mais pour combien de temps pourrez-vous bientôt dépenser tout votre solde,
00:10justement d'un seul coup, au restaurant ?
00:13Et oui, c'est ce que proposent les restaurateurs qui sont confrontés à la concurrence des supermarchés,
00:17où on peut les utiliser aussi. C'est l'objet du 7 minutes pour comprendre.
00:24Et on va justement, on en parle avec nos invités sur ce plateau.
00:28Il y a Emmanuel Lechypre, éditorialiste économique. Bonjour Emmanuel.
00:31Bonjour.
00:31Merci d'être présent ce matin. Et en direct, Guillaume Jacques.
00:35Bonjour, vous êtes président du syndicat Lumi pour la Charente-Maritime.
00:39Avant de venir vers vous, un mot pour Emmanuel Lechypre.
00:42Ça pourrait changer aujourd'hui ?
00:44C'est 25% que ce soit à la fois dans les supermarchés et les restaurateurs.
00:49Et si les restaurateurs veulent changer ça, c'est qu'ils aimeraient qu'on utilise davantage les cartes titres restaurant
00:55dans leurs établissements plutôt que dans les supermarchés.
00:57Il faut rappeler, au départ, le titre restaurant, c'est une subvention finalement qui est accordée aux entreprises
01:03pour financer le repas de leurs salariés.
01:06C'était souvent, par exemple, pour les entreprises qui n'avaient pas de cantine
01:09ou bien qui avaient des salariés dont le métier faisait qu'ils étaient itinérants.
01:12Quand vous aviez les commerciaux, par exemple, il fallait qu'il y ait cette aide au repas.
01:17Donc, au départ, c'est bien une aide pour financer le repas quotidien des salariés.
01:22Et puis, il y a eu 2022. 2022, qu'est-ce qui se passe ? On sort du Covid.
01:26Il y a beaucoup d'inflation. Donc, on télétravaille plus.
01:29Et puis, il faut essayer de trouver une façon de soutenir le pouvoir d'achat.
01:33Et c'est là que le gouvernement pervertit un petit peu, finalement, le sens profond de ce qu'est le titre restaurant
01:39en permettant notamment d'acheter dans les supermarchés des produits alimentaires
01:45mais qui ne sont pas des produits de consommation directe.
01:48Et c'est là où les restaurateurs, évidemment, sont vent debout.
01:51Pourquoi ? Parce que la manne des tickets restaurants, avant, leur profitait.
01:55C'était des sommes assez considérables.
01:58On avait des restaurants dont les tickets restos, ça pouvait représenter,
02:02quand vous étiez près des endroits où il y avait des bureaux, etc., jusqu'à 30% du chiffre d'affaires.
02:07Le problème, c'est qu'aujourd'hui, cette manne des tickets restos,
02:09elle échappe en partie aux restaurateurs et elle va à la grande distribution.
02:13Et notamment, il faut bien le dire, à la grosse industrie alimentaire.
02:18Et donc, la question, c'est ça qui, effectivement, est compliquée aujourd'hui.
02:22Est-ce qu'on garde l'esprit du titre resto du début ?
02:24Ou bien est-ce qu'on en fait une aide au pouvoir d'achat ?
02:26Et à ce moment-là, effectivement, pourquoi ne pas permettre,
02:28quand vous allez au restaurant, de dépenser plus avec votre carte
02:31que ce qu'on peut dépenser aujourd'hui ?
02:33Guillaume-Jacques, c'est vrai que c'est la question, le débat, il est posé.
02:36Est-ce que vous pensez vraiment, vous, qu'en déplafonnant pour aller au restaurant,
02:41ces titres restaurants, ça va vraiment inciter les personnes
02:43qui nous regardent, à plus aller au restaurant ?
02:45Parce qu'on connaît tous les difficultés de la vie quotidienne.
02:49Faire ses courses, c'est quand même bien pratique
02:50avec ces titres restaurants aujourd'hui.
02:53Alors, bonjour.
02:54La situation, elle est un petit peu ambivalente, on va dire.
02:56C'est-à-dire que, pour l'instant, la proposition qu'il nous est proposée,
03:00là, n'est pas une vraie solution.
03:01C'est-à-dire que, comme le disait M. Lechypre,
03:04le titre restaurant est devenu un titre alimentation,
03:07une variète d'ajustement du pouvoir d'achat.
03:09Nous, ce qu'on dit depuis le début, c'est que le titre restaurant,
03:11c'était un avantage social.
03:13C'est-à-dire que c'est quelque chose qui était mis en place
03:15pour que le salarié puisse manger convenablement, correctement, chaud, cuisiné.
03:21Et, on va dire, en autorisant la grande distribution à l'accepter
03:28et donc, du coup, à y consommer par les salariés là-bas,
03:32en fait, c'est l'opposé du but qui était souhaité au départ.
03:35Alors, évidemment, il y a le contexte économique.
03:36Évidemment, le but, il est que ça revienne vers nos métiers.
03:39Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, les mots ont un sens.
03:42C'est un titre restaurant, ça veut bien dire ce que ça veut dire.
03:45Maintenant, il y a le pouvoir d'achat et on est un petit peu au milieu de tout ça.
03:48Nous, ce qu'on dit depuis le début, c'est que le double plafonnement, c'est la clé.
03:52C'est-à-dire qu'on est en phase avec la réalité du terrain et de l'économie.
03:56Ce qui nous intéresse, c'est que les gens puissent manger au restaurant.
03:58Alors, s'il faut déplafonner, déplafonnons, mais il faut être très prudent
04:01parce qu'en général, on commence par une mesure où on croit que c'est la bonne
04:04et au final, derrière, on le généralise.
04:07Pourquoi ? Parce qu'il y a le contexte économique.
04:09Guillaume Jacques, un titre restaurant quotidiennement,
04:13c'est-à-dire pour une journée, pour un salarié, ça varie grosso modo de 8 à 12 euros.
04:17Ça tourne autour de 10 euros.
04:18Est-ce qu'on peut réellement aujourd'hui manger dans un restaurant avec une dizaine d'euros ?
04:23Évidemment que non, c'est compliqué.
04:24Même si beaucoup de nos profrères jouent le jeu avec un plat du jour
04:29qui n'est vraiment pas cher, justement, pour être le plus en phase avec ça,
04:31avec la réalité économique, c'est de plus en plus compliqué.
04:34Vous avez raison.
04:35Emmanuel, avec cette extension de l'utilisation des tickets restaurants aux courses,
04:39justement, on en parlait dans les supermarchés,
04:42les restaurateurs, ils évaluent à 1,5 milliard d'euros leur manque à gagner.
04:46C'est énorme, ce chiffre.
04:48Aujourd'hui, les deux tiers de la manne des tickets restaurants échappent aux restaurateurs.
04:55Puisqu'on a à peu près un tiers des titulaires qui vont dépenser cet argent dans les supermarchés
05:00et un autre tiers qui le dépense à peu près dans les commerces alimentaires.
05:05Donc oui, c'est une grosse perte.
05:06Il y a un dilemme qui est politiquement très compliqué à gérer,
05:10notamment pour le gouvernement.
05:11C'est qu'en termes économiques et en termes d'emploi notamment,
05:15on voit bien qu'il y aurait intérêt à favoriser le ticket resto,
05:18enfin le titre restaurant, pardon, pour les restaurateurs.
05:22Aujourd'hui, il y a 76 000 emplois en jeu dans la restauration.
05:25Il n'y en a que 7 500 dans la grande distribution par rapport à ce titre resto.
05:29Donc l'intérêt économique, c'est bien de favoriser les restaurateurs,
05:33sauf que la majorité des Français,
05:35et alors selon les enquêtes, c'est entre 70 et 90 %,
05:38plébiscite l'utilisation de ce titre restaurant comme un soutien au pouvoir d'achat
05:45et revendique la liberté de dire, bon ben voilà, on nous attribue cette somme,
05:48on doit pouvoir l'utiliser quand on veut.
05:50Donc là, il y a un chemin qui va être difficile à trouver.
05:54Et sans doute que le chemin, effectivement, qui est le plus raisonnable,
05:58mais qui pour le moment n'est pas envisagé par le gouvernement dans la réforme à venir,
06:01c'est celui du double plafonnement qui consiste à dire,
06:04allez, on pourrait mettre 25 euros pour les titres restaurant
06:07et puis 10 euros seulement par achat quotidien dans les supermarchés.
06:12Guillaume-Jacques, très rapidement, on parlait de potentiel abus
06:15avec des personnes dans les supermarchés qui achètent des produits
06:17qui ne sont pas destinés à l'alimentation,
06:19mais il faut dire qu'il y a des restrictions dans la plupart des supermarchés
06:22où on peut seulement acheter des produits alimentaires
06:23et c'est ce que font en général les salariés,
06:26ils vont manger, déjeuner dans les supermarchés,
06:28acheter un sandwich ou encore une salade.
06:30– Le problème de la période actuelle, c'est que les métiers ne sont plus respectés.
06:36Quand je dis qu'ils ne sont plus respectés, c'est que tout le monde devient restaurateur,
06:39tout le monde devient restauration rapide.
06:42Et en effet, c'est le souci, c'est que du coup,
06:44plus personne n'est contenu à son métier, donc tout le monde fait tout.
06:47En effet, comme le dit M. Lechypre, la clé pour nous, c'est le double plafonnement.
06:51Pourquoi ? Parce que politiquement, on est en phase avec les besoins des Français.
06:55Donc on n'aura pas l'interdiction dans les grandes surfaces.
06:58Il faut s'y faire, malheureusement, on ne reviendra pas en arrière, on le sait.
07:01Il faut l'accepter, c'est dommage, mais c'est comme ça.
07:04Le double plafonnement, 10 euros ou 15 euros dans les grandes surfaces,
07:0925 ou 30 euros, ou pourquoi pas des plafonnements pour les restaurants.
07:13– Et en même temps, Guillaume-Jacques, pour rebondir sur ce qu'on disait en plateau,
07:16cette notion de liberté des consommateurs.
07:18Moi, vous me dites, ce matin, je ne vais pas pouvoir dépenser autant que je veux
07:21au supermarché, mais je vais pouvoir le faire au restaurant.
07:24C'est un petit peu ma liberté aussi que vous restreignez dans cette situation.
07:28– Mais vous pouvez dépenser ce que vous voulez dans un supermarché,
07:30mais pas dans le cadre d'un titre restaurant dans lequel c'est un avantage social
07:33dans le but de la restauration et dans le but de manger convenablement
07:36dans le cadre de votre travail.
07:37La liberté, elle existe avec votre salaire et votre rémunération classique.
07:40– Et avec un plafond, donc, dans les supermarchés.
07:43– Exactement.
07:44– Et Emmanuel Lecher ?
07:45– Les restaurateurs ont été perdants, clairement, à cette réforme.
07:49Les grands gagnants, il faut le rappeler, ce sont notamment les boulangeries,
07:52puisqu'il faut rappeler que ce qui a permis aux boulangers de s'en sortir
07:57au cours de ces dernières années, ça a été finalement toute la transformation
08:01vers tout ce qui a été sandwicherie, etc.
08:03et qu'il y a énormément de gens, puisque vous disiez tout à l'heure,
08:06c'est compliqué pour 10 euros d'aller manger au restaurant avec un plat chaud, etc.
08:11En revanche, quand vous allez dans les boulangeries,
08:13vous arrivez à avoir effectivement des sandwiches, des plats chauds, etc.
08:17– Et on peut même l'utiliser dans certaines boucheries, par exemple.
08:19– Pour une dizaine d'euros, absolument.
08:19– Absolument.
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