Le ministère des Transports a annoncé ce mardi 30 juillet que les constructeurs automobiles doivent proposer des "solutions de mobilité" aux clients immobilisés plus de 15 jours par des airbags dangereux de marque Takata. On y revient avec : Julien Bonnet, journaliste auto BFMTV.com. Et Me Christophe Lèguevaques, avocat de victimes d'airbags défectueux.
00:0018h19, on l'en vient au gouvernement qui vole au secours des automobilistes victimes des airbags défectueux.
00:07Les constructeurs vont se voir obligés de prêter des véhicules de remplacement à leurs clients immobilisés depuis plus de 15 jours.
00:13C'est un reportage de Karl Aplon. Pierre-Olivier Dantan était au toucher.
00:19Les constructeurs automobiles doivent réagir vite. C'est ce que le gouvernement leur fait comprendre.
00:24Obligation de réparer les véhicules équipés d'Airbag Takata sous deux semaines en moyenne après la prise d'un rendez-vous, sous peine d'amende plus ou moins élevée.
00:33En cas d'immobilisation d'un véhicule pendant plus de 15 jours, ils devront proposer une voiture de prêt ou financer une location.
00:40Des délais trop serrés pour ce concessionnaire.
00:43Si on ne reçoit pas la pièce, donc là automatiquement, réparer sous 15 jours c'est impossible.
00:48Après pour les véhicules de prêt, très difficile parce qu'on ne peut pas répondre à toutes les demandes.
00:56Une réaction du gouvernement qui arrive avec beaucoup de retard selon cet avocat.
01:01Il y a environ 2,5 millions de véhicules qui sont concernés et pour Citroën, il y a eu 25 000 véhicules de remplacement mis à disposition.
01:10On voit la disparité qui est énorme.
01:11Parmi les groupes concernés, Citroën, Volkswagen en passant par Mercedes, à l'exception du groupe Renault.
01:18Dix ans après les premiers appels, la proportion de véhicules en circulation toujours défectueux, aussi entre 5 et 25% selon les constructeurs.
01:26Chez nos voisins allemands, ils avaient tous été réparés sous 12 à 18 mois.
01:30C'est aussi hélas parfois les consommateurs qui baladent les constructeurs.
01:34C'est-à-dire que quand il y a des campagnes de rappel qui sont lancées, eh bien elles n'éteignent pas toujours le consommateur.
01:39Quand il reçoit le courrier, eh bien parfois il est aux abonnés absents et il ne répond pas non plus aux constructeurs.
01:45Si vous n'avez toujours pas reçu de courrier et que vous pensez être concerné, munissez-vous du numéro d'identification de votre véhicule
01:52et consultez le site dédié de votre constructeur ou celui du ministère des Transports.
01:58Et on en parle avec vous, Julien Bonnet, journaliste auto à BFMTV.com.
02:02Clairement, des constructeurs qui sont placés sous surveillance par le gouvernement.
02:05Oui, c'était une réaction qui était attendue parce que l'idée c'est d'éviter que ce phénomène prenne de l'ampleur.
02:10On parle de 18 accidents mortels en France, donc principalement dans les départements d'outre-mer mais aussi en France métropolitaine.
02:18Et donc là en fait le décret qui a été publié ce matin, il vise déjà à obliger les constructeurs d'informer les clients.
02:24Ça semble basique mais il faut revenir finalement à ces premiers constats et de systématiser aussi ces fameux rappels stop-drive quand le risque est identifié comme très élevé.
02:36Et donc là vous recevez un courrier recommandé chez vous qui vous indique que vous n'avez plus à conduire le véhicule parce qu'il présente un risque justement avec cette présence d'airbag Takata.
02:45On est en ligne avec Christophe Legvac. Bonsoir, merci d'être en direct avec nous. Vous êtes avocat de victime dans cette affaire Takata.
02:54Une réaction d'abord sur cette décision du gouvernement, ça va dans le bon sens pour vous j'imagine ?
02:59Enfin, enfin on a une décision du gouvernement qui va obliger les constructeurs à faire face à leurs responsabilités.
03:05Je rappelle quand même un point historique, la crise de Takata a commencé aux Etats-Unis en 2014.
03:11Le monde entier des constructeurs automobiles connaissait la dangerosité des airbags Takata depuis 2014.
03:17Il a fallu attendre un accident mortel dans l'Hexagone à Tarbes en novembre 2023 pour que Citroën commence à réagir.
03:24On a perdu 10 ans et maintenant les constructeurs viennent nous dire qu'ils n'ont pas le temps de s'organiser,
03:29qu'ils n'ont pas prévu de construire suffisamment d'airbags.
03:32Tout ça me paraît ridicule, voire sinistre.
03:38Julien Bonnet, il y a une difficulté aussi, c'est d'identifier les propriétaires qui sont concernés.
03:43Oui, on voit, Maître Legvaque l'a bien rappelé, c'est des véhicules qui sont parfois anciens,
03:47donc ils peuvent avoir eu plusieurs propriétaires.
03:49Il faut retracer effectivement.
03:51Difficulté, voilà, donc via le fichier des cartes grises, via le fichier des assurés.
03:54Mais en fait, ce qu'on m'expliquait certains constructeurs, c'est qu'ils n'ont pas accès à ce fichier des assurés
03:59de manière, on va dire, simple, ce qui est rassurant aussi en termes de confidentialité des données.
04:04Et c'est là qu'on voit, il y a peut-être quand même des choses à faire du côté du ministère
04:07pour faciliter aussi les choses, pour que les marques puissent retrouver les modèles à risque
04:11et qu'on arrive quand même à remplacer les airbags.
04:14Citroën me rappelait, comme c'est la marque quand même qui est très touchée avec les C3 et les S3,
04:17plus de 570 000 véhicules dont l'airbag a été changé depuis le printemps 2024,
04:23et donc 80% a priori des véhicules concernés.
04:26Donc on voit quand même qu'on s'approche des 100%, même si ça va être difficile à atteindre.
04:30Christophe Legvac, un dernier mot.
04:32Vous considérez que cette annonce du gouvernement est suffisante
04:34ou vous attendez aujourd'hui encore de nouvelles mesures
04:39en faveur des victimes de cette affaire des airbags Takata ?
04:43Je pense que les constructeurs attendent surtout des réactions des constructeurs
04:47qui ont tiré vraiment le plus de temps possible pour ne rien faire.
04:53Et donc maintenant, c'est à eux de faire en sorte que les décisions du gouvernement soient exécutées.
04:57Ce n'est pas les quelques pénalités, même s'ils sont des milliers d'euros par jour de retard
05:02qui seront en jeu, qui vont les faire changer d'avis.
05:04Il faut qu'ils comprennent que ce qui est en jeu, c'est la vie des conducteurs,
05:08la vie des passagers de ces véhicules qui sont potentiellement dangereux
05:12et qui roulent sous nos routes.
05:13Je vous rappelle quand même qu'il y a plus d'une vingtaine de personnes décédées
05:17depuis dix ans en France et qu'il a fallu attendre ces vingt morts
05:21pour qu'enfin on ait une réaction forte.
05:24Merci, merci d'avoir été en direct avec nous.
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