00:00Merci de nous accueillir sur Europe 1 et sur CNew, c'est votre Penchline version été, toujours à mes côtés.
00:13Ophélie Roque, Nathan Devers, Patrick Bonin et Mathieu Hoque.
00:17On va se parler de Gérald Darmanin, je vous le disais juste avant la pause publicitaire.
00:21Omniprésent cet été, le ministre de la Justice, je crois qu'il n'a pas prévu de prendre de vacances.
00:25Il était ce matin au tribunal de Nanterre, il planche, on en a parlé aujourd'hui, il planche sur son projet de loi de réforme du système judiciaire,
00:33un projet de loi intitulé SURE, acronyme de Sanctions Utiles, Rapides et Efficaces.
00:41Alors ce matin, il a évoqué évidemment la justice, son univers, avec deux thèmes qu'on va décliner, le manque de moyens,
00:51et puis également, ça manque un peu de sens tout ça.
00:54Premier extrait ce matin, donc la situation de la justice, on l'écoute.
00:59Il manque au ministère de la Justice aussi parfois un peu de bon sens.
01:02Et ce que j'ai essayé de faire dans la pénitentiaire, de voir que des gens qui sont à l'isolement,
01:07des détenus qui sont à l'isolement et qui sont dangereux, puissent continuer à avoir des téléphones portables dans leur cellule,
01:12je pense que ça défie le bon sens provincial d'où je viens, et donc on a créé les prisons de haute sécurité.
01:17Que des gens puissent avoir plusieurs sursis d'affilée, c'est le contraire du mot sursis.
01:21Le sursis c'est un carton jaune, comme dans le football,
01:23et bien au bout de deux cartons jaunes, on va avoir un carton rouge.
01:26Si on multiplie des cartons jaunes, on n'est plus très crédible.
01:29Patrick Bonne, vous connaissez bien la communication politique, là c'est concret.
01:32Là aussi, on évoquait tout à l'heure David Lysnard,
01:35avec sa mesure pour toucher au portefeuille des dealers.
01:40Là, on est dans le concret avec Gérald Darmanin.
01:43Et on l'a vu d'ailleurs, au lieu d'être empêché parfois par la structure connue en France, la lourdeur administrative,
01:52ils s'attaquent à des choses concrètes, les prisons pour les 100 plus gros narcotrafiquants,
01:58les prisons modulaires.
02:00Et là, on est dans le concret, on est également dans la réponse que les Français attendent.
02:04Oui, il parle de bon sens provincial.
02:07En réalité, il y a le fait de parler directement en français sur des choses,
02:10des mots simples, des sanctions simples.
02:12L'exemple qu'il prend sur le sursis, tout le monde peut le comprendre.
02:15Alors, ce qui est très choquant, sans doute, pour beaucoup de Français,
02:18c'est de se dire, alors du coup, qu'est-ce qu'on a fait sur les 30 dernières années
02:21si au fond, on n'a pas appliqué le principe d'un sursis ?
02:24Mais Gérald Darmanin, en cela, il est d'ailleurs un très habile communicant,
02:29il explique des choses que tous les Français peuvent comprendre.
02:31Sauf qu'on sait très bien que la justice en France a des arcanes administratives très lourds.
02:37Et qu'effectivement, oui, il y a un problème de moyens.
02:40On connaît certains tribunaux qui ont du mal à avoir du Wi-Fi,
02:44on a du mal à envoyer des décisions par e-mail
02:46parce que certains magistrats peinent à avoir un système d'e-mail qui fonctionne.
02:50Donc oui, effectivement, il y a des enjeux de moyens.
02:52Mais pour mettre l'accent sur son action politique,
02:56il prend des exemples simples, concrets.
02:58Et au fond, c'est sans doute, et plusieurs sondages le démontrent,
03:01et vous en avez fait parfois l'écho, Thierry,
03:04les Français, ils attendent des mesures simples.
03:06Tous les sondages le démontrent.
03:07Tout à fait comprendre et pouvoir toucher du doigt en sortant de chez eux.
03:11Et là, clairement, ces mesures le démontrent.
03:13Rien que le nom de la loi est déjà un clin d'œil technique.
03:18Il a fait cette loi sur...
03:20Quand on fait ce genre de loi,
03:21c'est bien que derrière, il y a un intérêt d'alerter le grand public sur
03:25« Je suis aux commandes et j'arrive à changer la chose ».
03:29Et effectivement, sans faire de politique fiction,
03:32mais quand on fait ce genre de choses,
03:34on a forcément un agenda qui dépasse le simple cadre de la chancellerie
03:38et qui va forcément avoir un écho dans une politique beaucoup plus globale.
03:44Bienvenue dans un début de course à 2017.
03:46D'ailleurs, on avait Gérald Darman en direct dans notre mini-news sur CNews
03:51et il l'a dit d'ailleurs,
03:53les gens de mon ministère le savent,
03:55je suis un homme qui dispose d'une certaine influence et de pouvoir.
04:00Il l'a clairement affirmé sur notre antenne, sur nos antennes.
04:05Mathieu.
04:05Oui, parce qu'il a un pouvoir important politique
04:07et donc il dit à son administration
04:09« Grâce à mon pouvoir politique important au sein du gouvernement,
04:13lors des négociations pour le budget,
04:15je vais pouvoir récupérer des hausses budgétaires
04:18ou à minima, parce que là on est sur une année blanche,
04:20on va dire récupérer le maximum de ce que je peux récupérer budgétairement.
04:24Parce qu'effectivement, il a raison de le souligner,
04:26la justice manque de moyens sur le plan budgétaire, sur le plan humain.
04:29Et effectivement, on a tous les chiffres.
04:31La comparaison par habitant entre l'Allemagne, on l'a fait souvent,
04:35c'est deux fois moins, 120 euros.
04:37L'Allemagne dépense 127 euros par habitant dans la justice
04:39lorsque la France en dépense moins de 60.
04:41Mais le problème n'est pas qu'une question de moyens,
04:44c'est une question de philosophie et notamment de philosophie de réponse pénale.
04:47On va prendre quelques exemples qui sont très concrets.
04:50Quand vous ouvrez le Code civil, un viol, c'est puni,
04:53la peine encourue pour un viol, c'est 20 ans de réclusion.
04:56Quand vous regardez la peine qui est prononcée en moyenne pour un viol,
05:00c'est moins de 9 ans.
05:02Et quand vous avez la peine réellement effectuée,
05:04on est autour de 7 à 6 ans en moyenne.
05:08Donc le véritable problème, et c'est ce que les Français ne comprennent pas,
05:11et c'est pour cela que les Français disent que la justice est laxiste,
05:14c'est l'écart abyssal entre la peine encourue et la peine réellement effectuée,
05:20avec en passage la peine prononcée par le juge.
05:23C'est ça aujourd'hui le sujet, parce que les Français se disent 20 ans,
05:26et le type fait 7 ou 8 ans.
05:30Que s'est-il passé ?
05:31Pourquoi 12 ans ont été retirés à ce criminel ?
05:35C'est ça aujourd'hui le véritable problème de fond qu'a la justice.
05:39On peut prendre un autre exemple sur la question des réponses aux émeutes urbaines.
05:42Pareil, vous caillassez une boutique FNAC,
05:46vous caillassez, ou d'autres marques,
05:47vous caillassez une école.
05:49Pardon, excusez-moi pour la...
05:51Ils ont envie de le faire.
05:52Pardonnez-moi.
05:53C'était obligé.
05:53Vous caillassez une école.
05:54C'est le mettre dans l'embarras, là.
05:55Vous caillassez une école,
05:56peine encourue dans le code pénal,
05:585 ans de réclusion.
06:00Résultat, peine prononcée par les juges,
06:02moins de 1 an.
06:03Qu'est-ce qu'on a quand on a un an de peine de prison prononcée par un juge ?
06:07On ne va même pas en prison.
06:08Donc c'est ça aujourd'hui le véritable sujet.
06:10Il y a une question de moyens, certes,
06:11mais c'est une question de doctrine et de philosophie pénale.
06:14Alors on parle de moyens,
06:15et c'est exprimé sur les moyens.
06:16Je vous donne la parole à tous les délégés aux filéreux
06:19qui n'attendent au vert pour poursuivre le débat et nos échanges.
06:22Les moyens, je me bats pour en obtenir davantage.
06:25Quand je suis arrivé au ministère de la Justice,
06:27j'ai obtenu 300 millions supplémentaires du budget
06:29qui aient préparé mes prédécesseurs.
06:30Et cette année, alors que l'intégralité des budgets connaissent des difficultés,
06:35le Premier ministre s'en est expliqué,
06:36avec le ministère des Armées,
06:37nous sommes les deux seuls ministères
06:38à connaître non seulement nos lois de programmation à l'euro près,
06:42donc 200 millions d'euros de plus,
06:44mais surtout 1 600 effectifs supplémentaires.
06:46Des magistrats, des greffiers,
06:48des agents pénitentiaires, des agents des SPIP,
06:50des agents de la PJJ supplémentaires.
06:51C'est plus encore que l'année dernière.
06:54Alors évidemment, il faut se battre pour ses moyens.
06:56Le fait d'avoir, peut-être,
06:57je l'espère que les agents du ministère de la Justice
06:59le prennent comme ça,
07:01un ministre qui a du poids politique
07:02permet d'avoir ses bons arbitrages budgétaires.
07:05Voilà, il le dit lui-même,
07:06j'ai devancé ses propos.
07:08Évidemment, on le sait,
07:10on le voit très à l'aise,
07:11Gérald Darmanin,
07:12il sait qu'il a du poids,
07:13qu'il occupe le terrain.
07:14Et peut-être, évidemment,
07:16on parlait tout à l'heure des perspectives
07:17et des ambitions présidentielles
07:19de David Listard.
07:21On peut penser qu'évidemment,
07:22sur la ligne de départ,
07:24Gérald Darmanin ne sera peut-être pas très loin.
07:27Mais ça, on ne va pas se projeter.
07:29Nathan Devers.
07:30Oui, tout le monde a des ambitions politiques.
07:34Il n'est sans doute pas le seul
07:35à envisager la présidentielle.
07:37Quand je dis sans doute,
07:38c'est sans aucun doute pas le seul.
07:39La question est de savoir
07:40comment les ambitions politiques
07:42se traduisent dans une action concrète.
07:45Et là, pour le coup,
07:46dans les deux mesures que nous avons citées,
07:48la question des prisons de sécurité
07:52pour empêcher que des grands dealers...
07:55Parce que c'est vrai que c'était quelque chose...
07:56Ce n'est même pas une question,
07:57pour le coup, de bon sens.
07:58C'est une question de danger.
08:00Quand vous avez des têtes de réseau
08:02qui étaient en prison
08:03et qui pouvaient continuer de diriger,
08:06ou en tout cas d'avoir une influence importante
08:08dans leur gang de narcotrafic,
08:10voire d'essayer de lancer,
08:13depuis leur cellule,
08:14des contrats pour faire exécuter des gens,
08:16là, ce n'est pas seulement
08:18entre guillemets le bon sens.
08:19Et j'ai dit tout à l'heure
08:20les réserves que j'avais sur cette expression