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  • il y a 5 mois
Le vendredi, samedi et dimanche soir, Karine de Ménonville est à la tête de Week-End Soir : un rendez-vous pour décrypter et débattre, au cœur de l’actualité.

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Transcription
00:00On va passer, merci messieurs, de la guerre commerciale à la guerre tout court, la guerre en Europe.
00:06La réponse que peut faire la France à quelques heures de la prise de parole attendue d'Emmanuel Macron dans son discours aux armées,
00:14au lendemain de la conférence de presse du chef d'état-major des armées sur l'état de la menace en France,
00:21il y a cette interview dans la tribune dimanche de Sébastien Lecornu, le ministre des armées,
00:27qui affirme que notre indépendance passe par un effort nouveau, la France doit rester une puissance mondiale,
00:37des mots qui ont chacun leur poids, on le sait, tout est lié entre cette conférence de presse du chef d'état-major des armées,
00:44cette interview, la prise de parole d'Emmanuel Macron ce soir pour en parler toujours sur ce plateau Bruno.
00:51Jeudi, Olivier Ravanello, le lieutenant-colonel Vincent Arbarretti.
00:54Bonsoir, vous êtes historien militaire, docteur en sciences politiques et histoires contemporaines, merci d'être là.
00:59Michel Cabirol, bonsoir, vous êtes rédacteur en chef de la rubrique industrie et services à la tribune,
01:04vous avez notamment réalisé cette interview du chef des armées.
01:08Bruno, je dis tout d'abord pour ce constat, parce que les mots de Sébastien Lecornu sont forts
01:12et il nous donne une tonalité de ce que va dire Emmanuel Macron.
01:16Notre indépendance passe par un effort nouveau.
01:19Regardez cette citation, si on ne veut dépendre de personne, ça passe par un effort nouveau,
01:24pas seulement budgétaire mais aussi intellectuel, moral et industriel.
01:28C'est ça le grand choix stratégique qui se présente à nous en tant que nation.
01:33Un déclin sur le plan militaire est inacceptable car il entraînerait un déclin global du pays
01:38qui serait sans doute irréversible.
01:39Sébastien Lecornu, ministre des armées, prépare le terrain du président de la République
01:45et donne le ton.
01:47En gros, ce qu'il nous dit, c'est que l'armée française est à l'heure du grand choix
01:52et le budget qui sera dont elle a besoin pour pouvoir rester au niveau des prochaines années,
01:58rester dans le concert des nations mondiales, rester première ou deuxième armée européenne,
02:06et bien ça se joue dans les jours et les semaines qui viennent avec les décisions financières
02:11qui seront prises et qui seront annoncées notamment par le président de la République.
02:15Il cadre bien dans cette interview l'enjeu qui est posé à la France, aux Français,
02:21puisque ce sont nos impôts, les armées sont financées par nos impôts,
02:25et plus globalement ce que ça représente en termes aussi d'industrie de l'armement,
02:30d'indépendance, de souveraineté, et tout ce que veut dire pour une nation comme la France
02:39d'avoir une armée complète, puisque nous sommes la seule nation en Europe
02:43à avoir à peu près tout ce qu'a besoin un pays pour se défendre.
02:51Olivier Ravenello, une interview à point nommé.
02:53Et avec des mots qui sont très ciselés.
02:57Un effort intellectuel, c'est de remettre le fait militaire dans la société,
03:02alors qu'il a disparu depuis une trentaine d'années.
03:04Le fait militaire a été délégué à des gens dont c'est la profession,
03:08une armée de métiers, qui était sollicité par le chef des armées,
03:12le président de la République, pour mener des opérations sur différents théâtres extérieurs,
03:17dont l'opinion publique pouvait discuter de la pertinence,
03:21d'une intervention ou pas d'une intervention,
03:23mais qui, grosso modo, ne concernait pas les citoyens directement.
03:28À aucun moment, on se disait, tiens, je vais être appelé pour aller servir en Afghanistan
03:31ou pour aller servir au Mali.
03:34L'effort intellectuel, c'est de se reprojeter dans l'idée que
03:37la défense, c'est l'affaire de tous.
03:40C'est le premier mouvement, et sans doute que demain,
03:42les propositions faites autour d'une augmentation de la réserve,
03:48effective, via un service militaire volontaire, iront dans ce sens-là.
03:53Deuxième élément, un effort moral.
03:55L'effort moral, c'est quoi ?
03:56C'est qu'il y a encore une partie de la classe politique aujourd'hui
03:58qui considère que la Russie est potentiellement un ami,
04:01et qu'il suffirait de lâcher l'Ukraine pour ne plus avoir de problème.
04:04L'effort moral, il est là.
04:05C'est de ne pas se tromper d'ennemis.
04:07C'est important dans ces moments-là.
04:08Donc c'est de rappeler qu'il y a bien un ennemi,
04:10un adversaire en tout cas, puisque l'ennemi nous déclare une guerre,
04:13un adversaire qui nous mène une guerre sourde mais délibérée,
04:18qui est la Russie, et qui nous mène une guerre
04:20parce qu'on essaye de coaliser une Europe autour de nous
04:22pour lui opposer une résistance.
04:25Donc de ne pas se tromper d'ennemis.
04:27Et ça, c'est un message interne.
04:28C'est une responsabilité morale de nos dirigeants politiques.
04:31Ne vous trompez pas d'ennemis.
04:33Votre camp, c'est la France.
04:34Ce n'est pas le camp d'en face.
04:35Et puis le troisième, c'est l'effort industriel
04:38qui va porter sur toutes les collaborations au niveau européen
04:41qu'on pourra faire pour construire une défense commune.
04:43Mais on sent bien là qu'on est en train de poser
04:45presque une doctrine
04:47qui a déjà été amorcée par le chef d'état-major des armées
04:51qui arrive avec toute la légitimité, l'expertise militaire
04:55qui fait que le constat des dangers qu'il pose
04:58est difficilement remise.
05:01C'est dur de le remettre en cause.
05:02En disant, quand même, il y a suffisamment d'enseignements
05:05et d'analyses et de crédibilité
05:06pour dire « notre ennemi, c'est celui-là »
05:09sans que tout le monde donne son avis et le contredise.
05:12Un ministre de la Défense qui pose, en effet,
05:14comme le disait Bruno, les bases
05:15d'une prise de parole politique de main d'Emmanuel Macron
05:18qui, sans doute, va amorcer un mouvement.
05:20Avant d'entrer dans le détail de cette interview
05:22que vous avez réalisée,
05:23Michel Cabirol, qu'est-ce qui vous a marqué ?
05:26Moi, ce qui m'a marqué, en fait,
05:27c'est quand on lui a demandé
05:28qu'est-ce qui avait changé depuis deux ans.
05:31Deux ans, c'était la préparation
05:33de la loi de programmation militaire 2024-2030.
05:36Qu'est-ce qui a changé ?
05:37Est-ce que la menace avait changé ?
05:38Et en fait, la menace,
05:40elle a effectivement s'est amplifiée
05:41avec effectivement le Moyen-Orient
05:43qui est arrivé,
05:45avec effectivement la résilience
05:46de la Russie
05:48dans la guerre en Ukraine,
05:50donc avec ce grignotage permanent
05:52de la Russie
05:53dans les territoires ukrainiens.
05:56Et surtout, ce qu'il nous a dit,
05:58et c'est fort, c'est très fort,
06:00c'est les technologies,
06:02les ruptures technologiques.
06:04Ça, c'est important
06:05parce que si la France
06:06n'investit pas dans ces ruptures technologiques,
06:09que ce soit le spatial,
06:10que ce soit le quantique,
06:11que ce soit l'intelligence artificielle,
06:14que ce soit l'inter...
06:15Effectivement, on va regarder
06:16ce dont vous parlez
06:17pour le détailler.
06:19Il dit qu'il y a des ruptures technologiques,
06:21ça touche le spatial,
06:22ça touche l'intelligence artificielle,
06:23la quantique, la furtivité,
06:25l'hypervélocité de n'importe quelle guerre.
06:27Et il ajoute,
06:28ce qui m'inquiète,
06:28c'est que si on ne s'accroche pas
06:29dans les années qui viennent
06:30sur tous les secteurs technologiques,
06:32on pourrait décrocher.
06:33C'est exactement ça.
06:34Donc, il faut que l'État
06:36finance ces technologies
06:38et il faut effectivement,
06:39comme il le dit,
06:40que les entreprises de défense
06:42et les entreprises civiles,
06:43parce que c'est souvent
06:43des technologies duales,
06:47et donc il faut que
06:47les entreprises françaises
06:49investissent massivement
06:50sur leurs fonds propres,
06:52certainement,
06:53dans ces technologies.
06:55Lieutenant-Colonel Arbar-Étier,
06:56vous êtes d'accord avec ce point précis,
06:59par exemple,
07:00qui appelle à ne pas laisser,
07:03ne pas passer à côté
07:04de ces ruptures technologiques ?
07:05Il y a un vrai besoin
07:06de l'armée française
07:07de ce côté-là ?
07:08En fait,
07:08les armées ont continuellement
07:10son adapté
07:10aux changements technologiques.
07:13Moi, dans mes 42 ans de carrière,
07:14j'ai bien vu
07:15l'arrivée
07:16des systèmes informatiques.
07:17Alors, le problème,
07:20c'est que souvent,
07:20les programmations militaires
07:22durent 30 ans
07:24sur un matériel
07:24qui, une fois qu'il paraît,
07:26est déjà presque obsolète,
07:27si vous voulez,
07:28entre son moment de conception
07:29et son moment d'arrivée
07:31dans les forces.
07:32Donc, on a été amené,
07:33ensuite,
07:34à subir la technologie
07:37en achetant sur étagère
07:38et des choses
07:39qu'il fallait sans arrêt
07:40changer elles aussi
07:41et qu'elle n'est pas toujours,
07:42qui remplit,
07:43ce n'est absolument pas toujours
07:44tous les besoins.
07:46Moi, ce qui est important,
07:46je pense que,
07:47comme Thémy Stock le disait,
07:49en étant très ancien,
07:51la meilleure défense
07:52d'une cité,
07:53d'une armée,
07:54bien sûr,
07:55sont ces matériels,
07:56ces technologies,
07:56mais c'est les hommes
07:57qui veulent s'en servir.
07:58Ce sont les citoyens
08:00qui vont armer la défense
08:02et confier la défense
08:03uniquement à des professionnels.
08:04Il y a un risque,
08:05c'est de faire en sorte
08:07que les citoyens
08:08ne s'intéressent plus
08:08à la défense de la cité
08:09et là, le risque,
08:11c'est que,
08:11eh bien, pourquoi pas,
08:12tiens, l'ennemi qui arrive,
08:13est-ce que c'est notre ennemi ?
08:14Finalement, il est très bien.
08:15Et voilà.
08:16Et donc,
08:17c'est une perte d'identité
08:18de la nation, en fait.
08:20Alors, à ce sujet,
08:21justement,
08:21sur la question,
08:23puisqu'elle a été
08:23beaucoup posée
08:24ces derniers temps,
08:25de la remise en place
08:26d'un service militaire
08:28sous une forme revisitée,
08:29parce qu'on sait très bien
08:29que la forme ancienne
08:30ne pourrait plus exister aujourd'hui.
08:32Sébastien Lecornu dit
08:33« Je travaille à ce qu'on est
08:35pour épauler l'armée de métiers,
08:36une réserve professionnalisée
08:38et spécialisée
08:40sur des compétences,
08:41des savoir-faire.
08:42L'armée de 2030
08:43sera hybride,
08:45une armée d'actifs
08:46et de réserves. »
08:48Vous pensez que c'est le chemin ?
08:49C'est ce qu'il faut faire.
08:51De toute façon,
08:51on ne fera pas
08:52dans un seul coup,
08:53on ne transformera pas
08:54une armée
08:55qui a actuellement
08:57deux divisions
08:58prêtes, théoriquement,
09:00à faire le combat,
09:00dont une
09:01relevable,
09:02en fait,
09:02par l'autre.
09:03en un corps d'armée
09:04dont parle le Président,
09:06il faudrait multiplier
09:07les effectifs.
09:09Donc pour multiplier
09:09ces effectifs,
09:10il faut recruter du monde.
09:11Pour recruter du monde,
09:11il faut les former,
09:12enfin,
09:12il faut les recruter,
09:13les instruire,
09:14les entraîner,
09:15et ensuite,
09:16et puis ensuite,
09:18les motiver,
09:18les citoyens
09:20qui les soutiennent,
09:21les industries,
09:22mais aussi l'enseignement,
09:24l'éducation nationale.
09:25Où j'étais deux ans,
09:26il faut que,
09:27dans les cours
09:28d'éducation morale et civique,
09:29on insiste sur la défense,
09:31beaucoup plus contractuellement.
09:31Monsieur le Cabirol,
09:32dans cette interview,
09:32disait,
09:33les motiver,
09:33ce n'est pas tellement le problème,
09:34on reçoit plein de demandes,
09:36mais aujourd'hui,
09:36il faut pouvoir recevoir ces gens,
09:38il faut pouvoir les former.
09:39C'est sûr que ça va demander
09:40beaucoup de temps,
09:41beaucoup d'argent,
09:42et la formation,
09:43vous ne claquez pas d'un doigt
09:43et vous ne devenez pas soldat
09:45du jour au lendemain.
09:47Donc effectivement,
09:47la formation,
09:48ça prend du temps,
09:49c'est comme la former
09:50des ouvriers
09:51dans les industries de défense,
09:53ça peut prendre 18 mois,
09:5424 mois.
09:55Donc aujourd'hui,
09:56c'est vrai que ça demande
09:58beaucoup,
09:59beaucoup de temps
10:00et beaucoup d'argent.
10:01Bruno Jeudy,
10:01ça fait vraiment partie
10:02des sujets qui sont sur la table
10:04et qui sont en quelque sorte
10:05ce qu'on appelle
10:05le réarmement psychologique
10:07de la France.
10:09Oui,
10:09le président de la République
10:10à plusieurs reprises
10:11a failli justement
10:12développer davantage
10:14que ce qu'il n'a fait jusqu'à présent
10:15cette question de la réserve
10:17et de la professionnalisation
10:18de la réserve.
10:19Alors peut-être le fera-t-il demain,
10:21c'est un peu dans l'air,
10:21on verra ce qu'il en est.
10:23Mais ce qui est certain,
10:24c'est que
10:25lui-même
10:26a révisé aussi
10:28beaucoup de ses intentions.
10:29Il était parti sur l'idée
10:30d'un grand service
10:31national universel
10:33qui est plutôt tombé
10:34en désuétude,
10:37qui aujourd'hui
10:37ne fonctionne pas suffisamment
10:39et qui n'est pas adapté
10:41à ce qu'aujourd'hui
10:42les militaires ont besoin.
10:43D'ailleurs,
10:43les militaires n'étaient pas
10:44trop d'accord
10:44avec ce SNU,
10:46l'éducation nationale non plus.
10:48Et puis aujourd'hui,
10:49on voit bien
10:49que les besoins sont plutôt,
10:52ça a été expliqué
10:53de l'ordre
10:53d'une réserve professionnelle.
10:54Donc je pense
10:55que ce thème-là
10:56mérite
10:57des éclaircissements
10:58clairs et nets
11:00de la part du président
11:00de la République
11:01et surtout
11:01les moyens
11:02qu'on peut mettre en face.
11:03Or, on sait bien
11:04que la question budgétaire,
11:05elle va être au centre
11:06de la séquence
11:07qui s'ouvre ce week-end
11:08puisqu'il y a un discours
11:10demain soir
11:10du président
11:11de la République
11:11qui va en quelque sorte
11:12sanctuariser
11:13les crédits militaires
11:16et sans doute
11:17un peu plus.
11:18Mais deux jours plus tard,
11:20le Premier ministre,
11:21lui, doit
11:21prendre de la hauteur
11:23et sur l'ensemble du budget
11:24arrêter des décisions
11:26qui vont être très douloureuses.
11:26Et en même temps,
11:26dans cette interview,
11:27il dit,
11:27Sébastien Lecornu,
11:28l'armée,
11:29elle a été mise
11:29à contribution
11:30pour les économies.
11:31Il dit même,
11:31on a attaqué
11:32le muscle et l'os.
11:34Ce qui est vrai,
11:34ce qui est vrai,
11:35parfaitement,
11:36enfin,
11:36Michel Cabirol connaît ça
11:37par cœur,
11:38c'est vrai que l'armée
11:40a, pour le coup,
11:41été plutôt sacrifiée
11:43depuis quelques années
11:46et suivant les périodes,
11:48les gouvernances,
11:49plus ou moins,
11:49mais pratiquement
11:50depuis un quart de siècle,
11:53il faut reconnaître
11:54au président de la République,
11:55Emmanuel Macron,
11:55d'avoir plutôt tenu
11:57les deux lois
11:58de programmation militaire
12:00et ça,
12:00c'est quand même
12:01à mettre à son actif
12:02et comme il est critiqué
12:04sur beaucoup de questions,
12:05notamment sur des questions
12:06budgétaires,
12:06on peut dire
12:07que s'il a fait
12:08la cigale sur l'armée,
12:09il a plutôt rattrapé
12:10du retard,
12:11c'est ce que disent
12:11la plupart des militaires
12:12que vous recevez
12:13sur ce plateau
12:14en règle générale.
12:15Michel Cabirol,
12:15il y avait eu un désaccord
12:16pourtant au départ
12:17de sa présidence
12:18entre,
12:19on ne peut pas le nier,
12:21entre Emmanuel Macron
12:21et les armées.
12:24C'est vrai qu'il est parti
12:25du mauvais pied
12:26avec les armées,
12:28avec la démission
12:28fracassante
12:30du général de Villiers,
12:31le chef de la majorité.
12:31pour une question de budget ?
12:33Pour une question de budget,
12:34alors qu'aujourd'hui,
12:36on ne peut pas lui reprocher.
12:38Il a augmenté le budget
12:40depuis 2017 régulièrement
12:42et l'exécution se fait
12:45pratiquement à l'euro près.
12:47Donc, c'est quelque chose
12:48qui est assez rarissime
12:50sur ces 20 dernières années.
12:52Et donc, ça,
12:53c'est au côté positif
12:55d'Emmanuel Macron
12:57d'avoir réparé,
12:59pas complètement
13:00parce que
13:01l'outil militaire
13:03était très dégradé.
13:06Alors, pour reprendre
13:06cette expression,
13:07on a attaqué le muscle
13:08et l'os,
13:09ça dit,
13:10la réalité de notre armée ?
13:12Aujourd'hui,
13:14vous avez un format
13:16des armées
13:16qui date,
13:17je dirais,
13:18de 2010,
13:192012,
13:20l'ancienne,
13:21enfin,
13:22au début des années 2010.
13:25Aujourd'hui,
13:25on est dans un monde
13:26complètement différent.
13:28Ce n'est plus le monde d'avant
13:29où c'était un temps de paix
13:31où on faisait des coopérations
13:33pour des temps de paix.
13:34Aujourd'hui,
13:34on a besoin
13:35de plus de frégates,
13:36on a besoin
13:36de plus d'avions de combat,
13:38on a besoin
13:39de plus de chars de combat
13:41et puis,
13:41on a surtout besoin aussi
13:42de défense anti-aérienne.
13:45Et ça,
13:46on est à l'os.
13:48Enfin,
13:48en tout cas,
13:48les armées sont à l'os.
13:50Lieutenant-Colonel.
13:51Oui,
13:51alors,
13:51en fait,
13:51la grosse erreur,
13:52mais ça,
13:53évidemment,
13:53on n'avait pas le choix
13:54qui a été fait,
13:55pour des raisons
13:56uniquement budgétaires,
13:57c'était d'attaquer
13:58ce qu'on appelait
13:59un peu
13:59le back-office,
14:02le soutien.
14:03Le soutien militaire
14:04était bien souvent intégré,
14:05c'est-à-dire que c'était
14:05des militaires
14:06qui soutenaient
14:07les véhicules,
14:07qui soutenaient
14:08les armements.
14:09Ce n'était pas
14:10directement des industriels
14:11et puis surtout,
14:12dans les régiments,
14:14mettons,
14:14dans un régiment de chars,
14:15il y avait 80 chars
14:16et avec cette suppression
14:18du back-office,
14:19on s'est dit
14:19mais 80 chars,
14:20on n'a jamais utilisé
14:21de régiment de chars
14:21en Afghanistan,
14:24eh bien,
14:24on ne va mettre
14:24que 10 chars
14:25qui vont servir
14:25à tout le régiment
14:26pour s'entraîner
14:27et les autres,
14:27on va les mettre
14:28en dépôt.
14:29Mais ça ne marche pas,
14:29si vous voulez,
14:30parce que comment voulez-vous
14:31entraîner un régiment
14:32à manœuvrer ensemble
14:34si vous n'avez que 10 chars
14:35avec tous les gens
14:36qui passent
14:37sur les mêmes chars
14:37à tirer ?
14:38C'est ridicule,
14:38mais c'est un peu
14:39ce que faisait
14:39l'armée française
14:40en 1913-1914
14:41avec les véhicules.
14:42On mettait trois camions
14:43dans un régiment d'infanterie,
14:45on va montrer aux soldats
14:46comment ça fonctionne.
14:46Oui,
14:47mais le jour J,
14:51en 1916,
14:52deux ans
14:52pour reprendre
14:54le flot.
14:55Donc, si vous voulez,
14:56avec de bonnes intentions
14:57au plan budgétaire,
14:59on arrive au plan opérationnel
15:00à des absurdités.
15:02Olivier Ravanello,
15:03un mot sur cette phrase
15:04aussi de Sébastien Lecornuille.
15:05Veut-on devenir
15:06une puissance régionale
15:07ou rester une puissance mondiale ?
15:09Dans cette phrase,
15:10tout est dit en fait.
15:11Exactement.
15:13Qu'on le veuille ou non,
15:15le monde s'est considérablement
15:18militarisé depuis 20 ans.
15:19Lorsqu'on est sorti
15:21de la guerre froide,
15:22on imaginait
15:23qu'avec l'escalade
15:25qui avait accompagné
15:26l'affrontement
15:27entre l'URSS
15:27et les États-Unis,
15:29la course à l'armement,
15:31on avait atteint
15:32le maximum
15:33de l'accumulation d'armes
15:35et de stocks d'armes
15:36de part et d'autre.
15:37Depuis la chute du mur,
15:38le nombre de dépenses
15:39militaires dans le monde
15:40a été multiplié par trois.
15:42Vous avez des nouveaux ensembles,
15:44et à commencer par la Chine,
15:45qui ont émergé
15:46et qui consacrent
15:48une part de leur budget
15:49à constituer une armée,
15:50et notamment une marine,
15:51absolument considérable.
15:53Vous avez
15:53une Russie
15:54qui continue,
15:55vous avez
15:56des États-Unis
15:57qui continuent
15:57de revendiquer
15:58d'être une grande puissance
15:59militaire.
16:00Donc vous avez
16:00des grands ensembles
16:02qui ont continué
16:03dans cette logique
16:05d'être potentiellement
16:06un acteur militaire
16:07extrêmement puissant.
16:08Là où l'Europe
16:08a considéré
16:10que ça n'était plus son sujet,
16:11et que son seul sujet
16:12était d'être
16:13une puissance commerçante,
16:14et on en voit
16:15aujourd'hui les limites.
16:16Donc il y a en effet
16:16ce premier mouvement.
16:19Et le premier mouvement,
16:20il est industriel,
16:21de rattraper ce retard.
16:22Et puis il y a un autre mouvement,
16:24je pense,
16:24qui est un mouvement
16:25plus culturel.
16:28Dans les trois ensembles
16:29que je viens de citer,
16:30vous avez
16:31une culture
16:32de l'armée,
16:35un intérêt
16:36pour la chose militaire,
16:38ou par
16:38patriotisme,
16:40ou par
16:41attention portée
16:43aux troupes déployées,
16:45aux combattants,
16:46ou par
16:47implication directe,
16:48qui là aussi
16:49a complètement disparu
16:50de l'Europe.
16:51Lorsque je vivais
16:52à Moscou,
16:53j'ai eu une conversation
16:54une fois
16:54justement sur le service militaire,
16:57avec un russe
16:59avec qui je travaillais,
17:00et je lui disais
17:00mais toi ton service militaire,
17:01vous avez fait quoi ?
17:02Parce que nous,
17:02pour le coup,
17:03le service militaire,
17:04on a été parmi les derniers
17:05à le faire,
17:05et franchement c'était
17:06assez ennuyeux
17:07et on perdait notre temps.
17:08Et lui disait
17:09mais non,
17:09moi j'étais dans
17:10l'unité de char à mise.
17:11On voulait faire la responsabilité
17:11de ce que vous dites Olivier.
17:13Et je l'assume.
17:16Un traumatisme,
17:17mon cher.
17:17Au courage.
17:17Non, on s'ennuie,
17:18objectivement,
17:19on n'était pas,
17:21on avait une année
17:21à perdre
17:22au milieu des études.
17:24Du côté russe,
17:26vous aviez
17:26ce garçon
17:28qui me disait
17:29moi j'étais dans
17:30les chars à Minsk
17:31et régulièrement
17:32on avait des exercices
17:33d'allergies.
17:34Mais c'était quoi
17:34l'exercice d'allergies ?
17:35Par exemple,
17:36on avait 48 heures
17:36pour être place
17:37de la Concorde.
17:38Cette culture militaire,
17:41je ne la défends pas,
17:43je ne suis pas en train
17:43de dire qu'il faut
17:44qu'on la réveille
17:45et qu'on est la même.
17:46Je dis simplement
17:46que d'une manière
17:47ou d'une autre,
17:48à l'européenne en fait,
17:49à l'européenne,
17:50avec nos valeurs,
17:51qui sont des valeurs humanistes,
17:53qui sont des valeurs
17:53tolérantes,
17:54qui sont des valeurs
17:54de ne pas rechercher
17:55le combat.
17:56Certes,
17:57d'une manière
17:57ou d'une autre,
17:58je pense qu'il faut
17:59qu'on réintègre
18:00dans notre culture
18:01commune
18:02le fait militaire.
18:03Michel Cabirol,
18:03quand il parle
18:04de l'augmentation
18:05du budget militaire,
18:06de la demande
18:07de le porter
18:07à 3,5%,
18:09il dit
18:092% du PIB
18:11ou 3,5%
18:12avec ou sans
18:13dissuasion nucléaire,
18:14avec des troupes
18:14qui ont ou non
18:15une expérience
18:16au combat,
18:16ce n'est pas la même chose.
18:19Oui,
18:20ce n'est pas la même chose,
18:20mais en tout cas,
18:21si on se réfère
18:23au CIPRI,
18:25augmenter le budget
18:25à 3,5% du PIB,
18:28ça veut dire
18:28que la France
18:29devrait investir
18:30par an
18:30à partir de 2035
18:31à peu près
18:32plus de 150 milliards.
18:33Est-ce qu'elle
18:34n'est capable
18:34dans le contexte
18:36budgétaire
18:37aujourd'hui ?
18:39Aujourd'hui,
18:39c'est à peu près
18:4050 milliards ?
18:41C'est un peu plus
18:42de 50 milliards
18:42aujourd'hui.
18:43Donc ça voudrait
18:43dire un fois 3 ?
18:44Ça veut dire
18:45un fois 3
18:45et on arrivera
18:46à 2030
18:47avec l'actuelle
18:48trajectoire
18:48de l'ALPM
18:49à 67.
18:50Donc on est très loin,
18:51très très loin
18:52des 150 milliards
18:54exigés par
18:55entre guillemets
18:56l'OTAN
18:56et par Donald Trump.
18:58Et encore,
18:58on ne parle que
18:59de 3,5%.
19:00On ne parle pas
19:00des 5%.
19:01Bruno Jeudi,
19:03quand on entend
19:03ces chiffres,
19:04ça veut dire
19:05qu'aujourd'hui,
19:05on a 50 milliards,
19:06il faudrait faire
19:06fois 3 et qu'on sait
19:08que mardi,
19:08il y a quand même
19:09une autre petite étape
19:11qui est celle
19:11de faire des économies
19:13autour de 40 milliards.
19:14On se dit qu'on a un peu
19:15pris entre le marteau
19:16et l'enclume,
19:17pour employer l'expression.
19:18Oui, je pense que d'ailleurs,
19:20dans cette répartition
19:21des rôles,
19:23même si tout à l'heure
19:23j'ai un peu moqué
19:24le président Fourmi
19:25et le Premier ministre,
19:27le président Seagal
19:29et le Premier ministre Fourmi,
19:30il y a aussi
19:31l'obligation
19:31pour le Premier ministre,
19:32d'abord les engagements
19:34européens
19:35en matière
19:35de trajectoire financière
19:37d'un pays
19:37lourdement endetté,
19:383 300 milliards,
19:40faut-il le rappeler,
19:41et une obligation
19:42de boucler un budget
19:45dans des conditions
19:46absolument dantesques.
19:47Le budget de 2026
19:49à boucler
19:49est bien plus difficile
19:50que celui de 2025
19:51parce que la situation
19:52économique s'est dégradée.
19:54On en parlait
19:55dans votre plateau précédent,
19:56il y a tout ce qui pèse
19:57sur la situation économique
19:59européenne,
20:00française, mondiale,
20:01une croissance
20:02qui va encore être révisée
20:03à la peste
20:03avec cette guerre commerciale
20:05et d'un François Bayrou
20:06qui en privé
20:07dit que ce budget
20:08est infaisable
20:08et mardi
20:10va probablement
20:11annoncer des mesures
20:12extrêmement douloureuses.
20:14Je pense notamment
20:14aux réductions
20:15de dépenses sociales
20:16dans un pays
20:17qui est déjà
20:20un pays
20:22qui est champion
20:22du monde de l'impôt,
20:23champion du monde
20:24des dépenses sociales
20:26et qui va devoir
20:27d'une manière
20:28ou d'une autre
20:29réviser douloureusement
20:30certains de ces
20:31postes de dépenses.
20:34Et du coup,
20:34pour appuyer son propos,
20:36le ministre des Armées
20:37lieutenant Colin
20:38nous rappelle
20:39la menace,
20:40c'est-à-dire qu'on fait
20:40un petit reset
20:41par rapport
20:42à la conférence
20:43de presse.
20:43Il nous rappelle
20:44que si pour la Russie
20:46on est l'ennemi numéro un,
20:47c'est parce que nous sommes
20:47une grande puissance militaire
20:49et il nous rappelle
20:49aussi qu'il faut garder
20:51toute notre capacité
20:52de vigilance
20:52vis-à-vis de l'Iran
20:53qui est capable
20:54de mener des attentats.
20:54– Oui, alors il y a toujours
20:56cette ambivalence
20:58de l'ennemi.
21:00Alors effectivement,
21:02l'Iran,
21:04après la guerre
21:05des douze jours,
21:06a été quand même
21:06considérablement affaiblie
21:08par Israël,
21:08quoi qu'on dise,
21:10mais dans le fond,
21:12reste le pays
21:14qui peut organiser
21:16des attentats
21:16en Europe
21:18comme ailleurs,
21:19d'ailleurs,
21:19dans le monde,
21:20y compris aux États-Unis.
21:20Et quant à la Russie,
21:22la Russie c'est un empire
21:24qui veut restaurer
21:26sa puissance
21:27d'avant 1990,
21:29c'est-à-dire qu'en fait,
21:30ils veulent à tout prix
21:31regagner les territoires
21:33et l'influence
21:34qu'ils avaient.
21:35Alors on en parlait
21:36plus tôt,
21:38est-ce qu'ils veulent
21:38exterminer les Ukrainiens
21:39comme le ressentent
21:40certains Ukrainiens ?
21:41Est-ce qu'ils veulent,
21:42au contraire,
21:45élargir leur zone
21:46d'influence,
21:46y compris dans des pays
21:47qui sont aujourd'hui
21:48dans l'Union Européenne ?
21:50Disons-le clairement,
21:51les pays baltes
21:52qui ont été annexés
21:53par Staline
21:54dans le cadre
21:54de l'accord germano-soviétique,
21:56c'est un bon exemple.
21:58Et dans ces pays baltes,
21:58il y a beaucoup de Russes,
21:59d'ailleurs,
21:59de russophones
22:00et qui sont d'anciens
22:02fils de fonctionnaires
22:03russes, militaires et tout ça,
22:04donc qui peuvent être
22:05une cinquième colonne.
22:06La Moldavie,
22:07c'est un bon exemple aussi
22:08qui n'est pas dans l'OTAN,
22:09qui n'est pas dans l'Union Européenne
22:10avec la Transnistrie.
22:13Donc la Russie,
22:14par les différents conflits
22:16qu'elle pourrait susciter
22:18en dehors du conflit ukrainien
22:19qui existe actuellement
22:21depuis trois ans,
22:22est un danger
22:23pour la cohérence
22:24de l'Europe
22:26et même un danger existentiel
22:27comme le soutenait
22:28le Président
22:29par rapport
22:30à ce qu'est l'Union Européenne
22:31depuis les années 50.
22:33C'est-à-dire que
22:33à quoi servirait-il
22:35d'avoir une Union Européenne
22:36commerciale
22:37si elle n'est pas capable
22:38de se défendre
22:39contre un pays européen
22:41qui conteste
22:42son bien fondé,
22:44ses valeurs ?
22:45Et c'est pour ça
22:45que c'était très important
22:46que les Français
22:46et les Britanniques
22:47soient ensemble
22:48à mettre en
22:50ce qu'ils ont
22:50de plus précieux
22:51en termes de défense,
22:54la partie nucléaire,
22:55parce que c'est
22:56deux anciennes démocraties
22:57qui sont quelque part
22:58exemplaires
22:59et qui montrent aux autres
23:00et notamment aux Russes
23:02que ce ne sont pas des nains.
23:03Les Russes peuvent être
23:05très arrogants
23:06à l'égard des pays
23:08qui hésitent
23:10à envoyer des hommes
23:10en Ukraine
23:11par exemple
23:13après le cessez-le-feu
23:13mais les Britanniques
23:15et les Français
23:15eux ne sont pas
23:16dans ce cas-là
23:17et sont prêts
23:17à tenir leur rang
23:18comme on dit.
23:19Donc c'est très important.
23:21Bruno Jeudy,
23:22je vous laisse
23:22le mot de la fin.
23:23La France face à ses choix
23:24entre guerre commerciale,
23:26guerre tout court,
23:27budget à boucler ?
23:29Oui absolument,
23:30des choix importants
23:31mais des choix
23:31qui s'imbriquent
23:32on l'a dit.
23:33Financièrement
23:34ce sont des choix
23:34qui s'imbriquent
23:36parce que
23:37consacrer
23:39plus d'argent
23:40aux armées
23:40c'est forcément
23:41faire des choix
23:42sur le budget général
23:43de la France
23:44et donc
23:44c'est du niveau
23:45du président de la République
23:46qui demain soir
23:47devra faire
23:48beaucoup de pédagogie
23:49pour expliquer aux Français
23:50ce choix
23:50d'avoir une armée
23:52au niveau
23:53des défis
23:54qui l'attendent
23:55et aussi
23:56sans doute
23:56le Premier ministre
23:57devra expliquer
23:57mardi
23:58pourquoi
23:58il y a des choix
24:00douloureux à faire
24:01sur d'autres dépenses
24:02et ça effectivement
24:04dans un contexte
24:04de fragments politique
24:05maximum
24:06avec
24:06beaucoup
24:07vont contester
24:08ces choix
24:09une partie de la gauche
24:09contestera le choix
24:11militaire
24:12contestera aussi
24:13les choix sociaux
24:14mais de l'autre côté
24:15le RN
24:15contestera aussi
24:16un certain nombre
24:16de choix budgétaires
24:17et pour le Premier ministre
24:18évidemment
24:19ce sera
24:20comment dire
24:21c'est à l'automne
24:22que ça se décidera
24:22pour lui
24:23merci
24:23merci à vous
24:24de m'avoir accompagné
24:25dans le week-end
24:26de m'avoir accompagné
24:27de m'avoir accompagné
24:28de m'avoir accompagné
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