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00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous. Comment la technologie peut nous aider à faire des économies d'énergie ?
00:09C'est le cœur de métier de Schneider Electric, géant de l'énergie et de l'automatisation dont vous êtes le président du conseil d'administration.
00:17Jean-Pascal Tricouard, bonsoir.
00:18Bonsoir.
00:19Invité éco de France Info ce soir, vous avez été président du directoire pendant 20 ans et vous avez donc passé la main il y a quelques mois pour prendre la tête du conseil d'administration.
00:28Schneider Electric est une entreprise mondialisée, vous réalisez plus de 90% de votre chiffre d'affaires hors de l'hexagone mais vous restez une entreprise française.
00:39L'entreprise est cotée à Paris, cinquième valorisation du CAC 40.
00:43Alors en marge de la conférence des Nations Unies qui démarre à Nice, Emmanuel Macron a poussé un coup de colère contre le détricotage de certains dispositifs
00:52comme MaPrimeRénov' qui, vous le savez, subventionne les Français pour les aider à s'équiper pour consommer moins d'énergie.
01:00Est-ce qu'il a raison de s'agacer ? Est-ce qu'il faut de la visibilité dans la politique de la rénovation énergétique ?
01:06Ou est-ce qu'il faut avant tout de l'efficacité, Jean-Pascal Tricouard ?
01:08Il faut les deux. Il faut à la fois, bien sûr, de l'efficacité, c'est-à-dire que la PrimeRénov' soit appliquée là où elle doit être appliquée.
01:16Mais il faut aussi de la visibilité parce que derrière la PrimeRénov' il y a des projets de famille vis-à-vis de leur maison
01:22qui est l'endroit le plus important pour chacun d'entre nous.
01:25Et puis il y a des tas d'artisans qui font et refont des appartements pour les rendre plus efficaces en énergie,
01:31réduire la facture et puis aussi réduire l'impact en carbone.
01:35Et donc s'il y a une seule chose, c'est que je pense que la PrimeRénov' n'a pas suffisamment intégré les nouvelles technologies.
01:42Elle est beaucoup utilisée pour ce qu'on appelle l'efficacité passive, c'est-à-dire l'isolation, des choses qui sont assez traditionnelles.
01:48Mais le futur de la décarbonisation, ce sera l'électrification, passer aux pompes à chaleur, passer à des procédés
01:55et puis ensuite la digitalisation qui permet de piloter sa maison et toutes ses facilités de façon automatique.
02:01Et ça, ça n'a pas suffisamment pris en compte à la fois par les filières et à la fois par ma PrimeRénov'.
02:06Alors aujourd'hui, il y a de plus en plus d'industries et notamment en France qui requièrent des quantités de plus en plus importantes d'électricité.
02:15On pense évidemment aux gigafactories, aux data centers. Est-ce que la France est compétitive en la matière avec son énergie nucléaire notamment ?
02:23Je pense que c'est formidable pour la France.
02:25D'abord, si on prend un petit peu de recul par rapport à l'équation, le futur est électrique.
02:31Donc aujourd'hui, on est dans un monde qui fonctionne à 20% à l'électricité et dans 20 ans, ça sera le double.
02:37On n'a jamais vu cette inflexion et c'est simple à expliquer.
02:40C'est le véhicule électrique, toutes les nouvelles technologies.
02:43Vous avez parlé des data centers, la pompe à chaleur dans les bâtiments qui est quatre fois plus efficace
02:48que les procédés traditionnels de chauffage ou de climatisation.
02:51Donc le futur est bien évidemment électrique.
02:54Alors maintenant, en France, on a un atout incroyable.
02:58C'est-à-dire qu'on est un grand pays d'électricité avec une électricité décarbonée.
03:02Et avec le travail formidable fait par les équipes d'EDF pendant les dernières années,
03:07on a aujourd'hui un grand excédent d'électricité.
03:11Tous les ans, on a un excédent aux alentours de 14 gigawatts, c'est-à-dire 10 centrales nucléaires.
03:16On a deux choix possibles.
03:18Un, on le vend, on le vend à nos voisins, aux Allemands quand on a besoin, au Benelux.
03:24Ou on le transforme, on le transforme en avantages compétitifs.
03:29Qu'est-ce que vous en pensez vous, Jean-Pasquet Tricouard ?
03:31Mais prenons des exemples.
03:33Les data centers.
03:34Donc le data center, c'est la partie qui donne naissance à l'intelligence artificielle.
03:39Et l'intelligence artificielle, c'est bien évidemment une condition nécessaire de compétitivité dans le futur.
03:44Grâce au travail qui a été fait par RTE et qui a offert une connectivité beaucoup plus rapide au réseau.
03:53Le réseau de transport d'électricité.
03:54On a fourni des sites directement clés en main, accessibles aux grands constructeurs de data centers.
04:01La France a attiré, lors de l'EI Summit, le sommet de l'intelligence artificielle, 100 milliards d'euros d'investissement dans les data centers.
04:09Ce qui va donner lieu à la création de 50 000 jobs.
04:11Ce qui est aujourd'hui ce que le secteur des data centers crée en France.
04:16Et sur cette base, on peut créer ou donner un terrain de développement à toutes nos entreprises d'intelligence artificielle.
04:23C'est un exemple.
04:25Est-ce que ça veut dire, Jean-Pascal Tricouard, pardon ?
04:26C'est-à-dire qu'il vaut mieux créer des emplois, des entreprises, etc. en France qui vont consommer l'énergie qu'on produit plutôt que de la vendre à l'étranger.
04:35C'est ça que vous êtes en train de dire ?
04:36On peut vraiment faire les deux, mais on a une formidable opportunité de redonner de la compétitivité à la France.
04:42Je vais prendre un autre exemple.
04:44Aujourd'hui, lorsque vous prenez le prix du gaz en Europe et que vous le comparez aux autres continents,
04:49le prix qu'on paye en Europe est probablement de 3 à 5 fois plus cher que ce qu'on paye aux Etats-Unis.
04:54En électricité, c'est le même prix.
04:56Donc, dès lors qu'on pousse les usages de l'énergie vers l'électricité, on retrouve une compétitivité mondiale.
05:04Et je terminerai en disant que très souvent, quand on parle d'énergie, on parle toujours de fourniture.
05:08On parle de pétrole, de gaz, d'électricité.
05:11Mais les transitions énergétiques ne se feront que par les usages.
05:14C'est à chacun d'entre nous d'adopter une véhicule électrique, d'adopter une pompe à chaleur,
05:19d'adopter l'efficacité énergétique et de contribuer à cette transition énergétique.
05:23D'où la nécessité des subventions dont on a parlé au début.
05:25Quand on regarde les chiffres de croissance de Schneider Electric, on voit qu'ils sont portés en partie par les Etats-Unis.
05:30quasiment 15% de la croissance de votre activité en un an.
05:34L'arrivée au pouvoir de Donald Trump et ses tergiversations, notamment sur les droits de douane,
05:38changent-ils la donne pour une entreprise comme la vôtre ?
05:41Alors, pas vraiment pour Schneider, parce que depuis 20 ans, on a construit un modèle d'opération qui est unique,
05:47qui est original, qu'on appelle le multipôle ou le multi-hub,
05:51et dans lequel on veut que chaque région soit indépendante au niveau de sa supply chain,
05:57de sa fourniture, de sa fabrication, de sa recherche et développement,
06:02de son réseau de fournisseurs, de ses usines.
06:05Et donc, on a aujourd'hui aux Etats-Unis un dispositif qui marche fondamentalement aux Etats-Unis,
06:11pour les Etats-Unis.
06:12Et ça veut dire qu'on est peu affecté par les problèmes de douane.
06:15Parce que vous avez aussi une grosse zone Asie-Pacifique.
06:18Et on a une grosse zone Asie-Pacifique.
06:19On est très globaux.
06:20Vous avez dit tout à l'heure, 90% du chiffre en dehors de France,
06:23c'est en fait 95% en dehors de France.
06:27Notre première zone, c'est les Etats-Unis.
06:28Et la deuxième, c'est effectivement l'Asie-Pacifique.
06:30Et donc, juste pour terminer, ça veut dire que votre atout,
06:33c'est d'avoir des chaînes de valeurs qui sont spécifiques à chaque zone,
06:36et que vous n'êtes pas interdépendant, chaque zone n'est pas interdépendante les unes des autres.
06:40C'est la clé du succès aujourd'hui pour Schneider Electric,
06:42dans une, on a vu, une géopolitique extrêmement mouvante.
06:45Oui, parce que ça permet aux équipes locales de prendre des décisions rapides
06:48et d'agir à la vitesse locale, ça permet aussi à l'écosystème,
06:53aux communautés, aux pays de bénéficier de notre présence économique dans tous les domaines.
06:58C'est-à-dire qu'on a un industrialisme sur place.
07:00Et en Europe, par exemple, tout ce que nous vendons en Europe est produit en Europe.
07:04Je dirais même, parce qu'on est une société d'origine européenne,
07:06on exporte aussi beaucoup d'Europe vers le reste du monde.
07:09Merci beaucoup Jean-Pascal Tricouard,
07:12président du conseil d'administration de Schneider Electric.
07:14Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
07:16Merci beaucoup.

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