- il y a 6 jours
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00:00L'invité éco, Fanny Guinochet.
00:05Bonsoir Daniel Ball.
00:06Bonsoir Fanny Guinochet.
00:07Vous êtes à la tête du Crédit Mutuel, la troisième banque de détail française.
00:13Vous êtes aussi depuis quelques mois président de la Fédération bancaire française.
00:19Merci d'être sur France Info ce soir avec nous.
00:20C'est un plaisir d'être avec vous ce soir.
00:21Alors autant vous dire que vous avez les yeux rivés vous sur les comptes des Français,
00:26des entreprises, de leur épargne, de leurs projets, vous suivez ça de près,
00:30de leur pouvoir d'achat, de leurs difficultés aussi.
00:32Et vous êtes venu ce soir avec une bonne nouvelle.
00:35Oui, je suis venu avec une bonne nouvelle puisque hier, Crédit Mutuel Alliance fédérale,
00:39ainsi Crédit Mutuel Mélange ou Basse Normandie, Crédit Mutuel Océan ainsi que le CIC
00:43ont annoncé que dorénavant, les professionnels qui ont un projet d'investissement,
00:49qui veulent un prêt pour cela, les professionnels, les entrepreneurs, les agriculteurs, les commerçants,
00:52n'auront plus de questionnaires de santé pour obtenir leur assurance emprunteur.
00:57Nous avions déjà pris cette mesure en 2021 pour les particuliers, pour l'accession à la propriété.
01:03Et là, nous avons voulu aller plus loin pour faire bénéficier également les professionnels.
01:07Les professionnels ont des besoins d'investissement.
01:10Lorsqu'ils ont eu des problèmes de santé, lorsqu'ils ont des problèmes de santé aujourd'hui,
01:14c'était difficile de leur accorder le prêt parce qu'on ne pouvait pas avoir l'assurance emprunteur.
01:19Dorénavant, et jusqu'à 500 000 euros, nos clients fidèles, c'est-à-dire les clients fidèles depuis au moins 7 ans,
01:26pourront obtenir le prêt sans regarder leur état de santé.
01:30C'est-à-dire que vous regarderez juste l'état de leur compte, de leur projet,
01:33mais ça ne rentrera plus en ligne les difficultés de santé que l'on peut avoir.
01:39On fera une étude du dossier de crédit en tant que tel, vérifier la capacité de remboursement,
01:44vérifier si le projet financé a du sens.
01:47Donc ça, évidemment, ça ne change pas, mais plus de questions par rapport à la santé.
01:51Nous ne voulons pas faire de discrimination par rapport à la santé et on va plus loin.
01:54Puisque même nos clients qui, aujourd'hui, ont ce contrat avec une surprime d'assurance,
02:01recevront une lettre dans les prochains jours pour les informer que dorénavant, il n'y aura plus de surprime.
02:05Donc eux, ça va leur faire même gagner de l'argent ?
02:06Oui, bien entendu. Ce sera une baisse de la mensualité ou de la trimestrélité.
02:10Et on se souvient, vous l'avez rappelé, il y a quatre ans que vous aviez lancé l'initiative pour les particuliers
02:16et ça avait débouché sur une loi.
02:18Vous pensez qu'il va y avoir la même chose, que ça va être les mêmes possibilités pour tous les autres dans les autres banques ?
02:27Écoutez, lorsqu'on prend des initiatives, notamment lorsqu'elles ont un sens sociétal et solidaire comme celle-là,
02:34si elles sont reprises autrement, c'est très bien.
02:37Alors c'est vrai que sur l'accession à la propriété, pour les particuliers, la loi ensuite est également intervenue,
02:44moins disante que nous, puisque c'est que 200 000 euros, alors que nous on va jusqu'à 500 000 euros.
02:48Si là, le législateur veut s'en saisir, on ne verra que des avantages, mais je dirais plus loin.
02:53Si d'autres banques veulent offrir la même opportunité...
02:55A moins que le législateur s'en saisisse.
02:57Voilà, exactement. Si d'autres banques veulent offrir cette opportunité à leurs clients,
03:01écoutez, nous applaudirons parce que nous sommes convaincus que ça va dans le bon sens.
03:05C'est bon pour nos clients, c'est bon pour la société.
03:07Alors vous le faites parce que vous dites que ça va dans le bon sens,
03:11mais ça a un coût quand même.
03:13Ça veut dire que vous allez prendre des risques à financer des projets
03:17qui peut-être, il y aura des défauts de paiement.
03:21Ben, c'est le risque.
03:23Dès lors qu'on ne prend plus les...
03:26On ne vérifie plus l'état de santé en accordant une assurance sur la vie,
03:30évidemment, on augmente nos risques.
03:32Nous avons l'expérience.
03:33Oui, pour les particuliers, ça vous avait coûté cher ?
03:35Ça nous a coûté cher parce qu'il y a davantage de sinistralité.
03:39Ça fait moins de revenus puisqu'il n'y a plus de surprimes.
03:42Et sur l'année 2025, on estime que le coût global pour notre compagnie d'assurance,
03:46des assurances du Crédit Mutuel est de 22 millions d'euros.
03:50Alors là, pour les professionnels, comme la volumétrie ne sera pas la même,
03:53ça sera sans doute un peu moins.
03:55Ça sera entre 5 et 10 millions d'euros que nous finançons chez Crédit Mutuel.
03:59Et comment vous le financez ?
04:00Ça veut dire que vous réduisez vos marges ?
04:02Ben, nous ne réduisons pas nos marges,
04:04mais nous affectons une partie de notre bénéfice annuel aux dividendes sociétales.
04:0915% de notre résultat est affecté aux dividendes sociétales.
04:13Ça, c'est une décision que vous avez prise.
04:15Et chaque année, pour expliquer bien aux auditeurs,
04:19chaque année, il y a une partie de vos bénéfices qui est affectée pour ce type d'action ?
04:23Absolument, pour des actions de solidarité, des actions de soutien
04:27à des initiatives d'ordre environnemental ou sociétal,
04:32que ce soit pour la société ou pour les clients et sociétaires.
04:35Et donc là, sur cette enveloppe de 619 millions d'euros que nous avons cette année,
04:40nous allons affecter une partie à la suppression de ce questionnaire de santé.
04:45Sur ce dividende sociétal, vous n'avez pas été très suivi par vos collègues ?
04:51Nous sommes les seuls à cette dimension.
04:55La Maïf a également un dividende sociétal, mais d'un montant moins important.
04:59Cela étant, d'autres entreprises font des actions de ce genre,
05:02mais pas du tout dans la même dimension.
05:04Et c'est vrai que lorsque nous avons lancé le dividende sociétal en 2023,
05:09on a dit Crédit Mutuel, Alliance Fédérale, donne une impulsion.
05:13Nous serons heureux.
05:13Cela n'a pas été suivi par vos homologues patrons, que ce soit dans la banque ou dans d'autres...
05:18Oui, bien entendu, ça peut aller au-delà de la banque.
05:20Alors justement, vous voyez les difficultés budgétaires des Français.
05:24On voit qu'il y a des problèmes de pouvoir d'achat,
05:27que certains, et ils sont nombreux, ont du mal à boucler leur fin de mois.
05:30On a beaucoup parlé ces derniers jours d'une transposition européenne
05:35qui va limiter le découvert bancaire, notamment pour des petits montants,
05:40moins de 200 euros.
05:42Cette transposition européenne, elle va amener les banquiers à être plus regardants.
05:47Vous avez vu le ministre de l'économie cette semaine, vous travaillez dessus.
05:51A quoi faut-il s'attendre ?
05:52Ça a donné quoi ces réunions ?
05:53Oui, on a entendu dire qu'il n'y aurait plus de découvertes.
05:57Bon, ça c'est évidemment faux.
05:58La directive européenne qui a été transposée en droit français,
06:03qui est une directive générale sur le crédit à la consommation,
06:06prévoit que dorénavant...
06:08Pas l'année prochaine, elle sera appliquée l'année prochaine.
06:10En novembre 2026, que dorénavant, même les petits découverts
06:14devront obligatoirement faire l'objet d'un dossier,
06:17d'une étude de solvabilité par la banque.
06:19Jusqu'à présent, lorsqu'un de nos clients avait besoin d'un découvert
06:24de 50, de 80 euros, 5 jours avant que son salaire arrive,
06:29un coup de fil au conseiller, et puis c'était réglé.
06:31Donc là, il va falloir qu'on formalise ça.
06:34Alors la réunion qui a eu lieu à Bercy, mardi,
06:37avec également les organisations représentant les consommateurs,
06:41a permis d'avancer en disant que les banques pourront faire cette étude
06:45sans aller trop loin, je veux dire...
06:48C'est-à-dire que vous comptez sur Bercy pour simplifier au maximum ?
06:53On attend que les textes définitifs soient rédigés, effectivement,
06:56puisque maintenant il y aura des décrets d'application.
06:59Et j'ai confiance sur le fait que les textes ne seront pas trop rigoureux
07:04et permettront d'assurer une certaine fluidité.
07:06Il y aura un peu plus de complications,
07:08puisqu'il faudra évidemment respecter la directive transposée en trois français.
07:11Ce que je veux simplement dire, c'est que c'est bien qu'on ait discuté maintenant.
07:15Les banques européennes, déjà avant la directive,
07:19avaient rendu attentifs en disant
07:21« Attention, il y a une difficulté là.
07:24Si nous avions été entendus à ce moment-là,
07:26on n'aurait pas eu cette polémique qu'on a eue la semaine dernière. »
07:30Et fait, vous, toute votre carrière dans cette banque,
07:33enfin dans la banque et dans cette même banque,
07:35puisque vous êtes entré au Crédit Mutuel en 1979.
07:41Beaucoup des auditeurs n'étaient pas nés.
07:42Voilà, c'était après un BTS de commerce,
07:45un Master de Management à Paris Business School en Alsace,
07:49dont vous êtes originaire.
07:50Vous êtes devenu l'an dernier le grand, grand, grand patron,
07:54on a envie de dire, du Crédit Mutuel.
07:56Vous aviez 66 ans.
07:57Est-ce qu'un parcours comme le vôtre, vous pensez que c'est encore possible ?
08:01C'est-à-dire un parcours où vous êtes monté échelon par échelon,
08:04parce que votre premier poste au Crédit Mutuel, quel était-il ?
08:08J'étais rédacteur crédit, au siège du Crédit Mutuel à Strasbourg.
08:12Et progressivement, j'ai pu évoluer.
08:16Bon, c'était aussi parce que j'ai voulu évoluer.
08:19Je crois que j'étais quelqu'un d'engagé.
08:21Et puis j'ai eu sans doute des moments de chance dans ma carrière.
08:23Vous pensez que c'est possible encore, par exemple, pour les jeunes aujourd'hui,
08:25d'avoir une telle promotion sociale ?
08:27Chacun pourra devenir président.
08:29Mais vraiment, dans notre organisation, aujourd'hui,
08:32quelqu'un peut rentrer comme chargé de clientèle,
08:35peut devenir ensuite directeur d'agence, directeur de caisse de Crédit Mutuel,
08:38peut devenir directeur général de fédération.
08:40Aujourd'hui, j'ai quelques-uns des directeurs généraux de nos fédérations
08:44qui ont démarré vraiment au bas de l'échelle.
08:47Notre politique est de favoriser cela,
08:50parce qu'on peut très bien grandir dans une entreprise.
08:53Je suis peut-être un exemple, mais je ne suis pas le seul.
08:55Et je souhaite vraiment, et c'est vraiment les messages que nous passons aujourd'hui,
08:59continuons comme ça.
09:00Et alors, vous travaillez, vous êtes devenu big, big patron,
09:03enfin grand patron à 66 ans,
09:06alors qu'on est tous en train de débattre sur la retraite à 62 ans.
09:10Ça vous étonne ? Vous n'aviez pas envie, vous, de prendre votre retraite ?
09:14Non, mais je ne travaille pas. J'ai du plaisir tous les jours.
09:17On ne travaille pas chez vous, alors c'est bien.
09:19J'ai du plaisir tous les jours dans tout ce que nous faisons.
09:22Et bon, tout le monde me dit que j'adore travailler,
09:25que j'adore être investi, j'adore avoir des responsabilités,
09:28j'adore rendre service aussi.
09:30Et quand on est président du Crédit Mutuel,
09:33on a évidemment toute cette dimension de représenter le Crédit Mutuel,
09:36de travailler pour compte des sociétaires.
09:38et les engagements qu'on a pris en tant qu'entreprise amiciause,
09:40c'est aussi de travailler pour compte de la société.
09:42Et ça, ça me motive tous les matins quand je me lève.
09:44Une de vos passions qui vous a beaucoup motivé,
09:46c'est le vélo. Le vélo, c'est une course de fonds.
09:48C'est aussi ce qui se passe dans le cadre du budget.
09:51Comment vous observez aujourd'hui les députés
09:54et ce débat avec cette inflation de taxes ?
09:58J'ai eu l'occasion d'en parler avec certains parlementaires.
10:02J'ai également eu l'occasion de m'exprimer dans d'autres circonstances.
10:05Il faut un budget à la France.
10:07C'est indispensable.
10:08Parce que la situation actuelle d'incertitude
10:11n'est pas bonne pour l'économie,
10:12n'est pas bonne pour la confiance.
10:14Donc j'espère qu'on va effectivement trouver un budget,
10:17un budget raisonnable.
10:18On sait bien les contraintes qu'il y a.
10:20Tant pis si vous payez plus, si votre secteur est mis à contribution.
10:22Écoutez, notre secteur est très largement mis à contribution.
10:26Crédit Mutuel Alliance Fédérale paye une surprime
10:28d'IS de 400 millions d'euros cette année.
10:32Je crains que malheureusement,
10:34que cela soit reconduit pour l'année prochaine.
10:36Ce qui m'embête davantage aujourd'hui,
10:39c'est la taxation sur l'épargne.
10:41C'est la taxation sur nos épargnants.
10:44Et notamment ce qui est prévu dans le cadre de la réforme de l'IFI
10:47qui concernerait l'assurance emprunteur.
10:49L'assurance emprunteur, c'est taxer davantage les moyens qui servent aujourd'hui
10:55à financer la dette de l'État.
10:56Donc pour vous, c'est une aberration ?
10:57Oui, je pense que ça n'a pas de sens.
10:59Et j'espère vraiment que la poursuite des travaux,
11:03et notamment au Sénat, avant un retour à l'Assemblée nationale,
11:06permettront d'éviter de prendre des mesures pareilles
11:08qui sont in fine, complètement contre-productives.
11:12Merci beaucoup Daniel Ball d'être venu ce soir dans l'Amité Éco.
11:17On rappelle, vous êtes à la tête du Crédit Mutuel
11:19et de la Fédération Française Bancaire.
11:22Sous-titrage Société Radio-Canada
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