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  • il y a 5 jours
Dans ce premier épisode, Chaïb Hammadi reçoit le Pr. Redouane Samlali, président et cofondateur d'Oncorad Group. Médecin, entrepreneur et pionnier dans la lutte contre le cancer au Maroc, il partage les temps forts de ses 40 ans de carrière, ses engagements et sa vision d’un système de santé éthique, accessible et durable.
Avec une implantation dans plusieurs villes, Pr Redouane Samlali, à travers Oncorad ambitionne une couverture nationale à l’horizon 2030. Son objectif : rendre les soins spécialisés équitables, éthiques et durables.

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Transcription
00:31Générique
00:34...
00:39Bonjour à vous tous.
00:41Cette émission, nous avons voulu l'intituler Trajectoire.
00:45Le terme à lui seul renvoie à toute une vie, parfois un destin,
00:49et cela renvoie aussi à des femmes, à des hommes,
00:52à l'itinéraire bien souvent exceptionnel,
00:55que ce soit dans leur environnement professionnel
00:58ou dans leur milieu social.
01:00Des êtres forcément intéressants et surtout instructifs,
01:03tant leur cheminement, leur bout de vie,
01:06tout le long, effectivement, de leur profession,
01:09aura été au long cours, en tout cas,
01:12et il n'aura pas été un long fleuve tranquille.
01:15Notre regard se pose sur Redouane Semlali.
01:18Ce nom est désormais lié au groupe Ankorad.
01:21Il en a été l'un des fondateurs.
01:24C'était il y a déjà un quart de siècle.
01:27Il en est le président.
01:29Redouane Semlali, bonjour.
01:31Merci d'être là.
01:33C'était, disons-nous, en l'an 2000.
01:35Comment est née cette idée, cette extraordinaire aventure?
01:39D'abord, il faut remonter à avant 2000.
01:42Cela fait 41 années que j'exerce ce métier.
01:46C'est un peu le parcours de tout médecin
01:51qui passe par la faculté de médecine,
01:55qui fait sa spécialité, qui commence à exercer
01:58et qui commence à se forger une marque, le brand.
02:03Une marque médicale de notoriété
02:07qui commence à être respectée, aimée, de notoriété.
02:11Et puis, à un certain moment, il éprouve le besoin
02:15d'asseoir ses propres moyens de travail.
02:20Parce que quand on commence à travailler,
02:23c'est les autres.
02:25Et puis, on n'est pas souvent satisfait
02:28des moyens de l'offre de soins disponibles
02:31ou de la manière de gérer cette offre de soins.
02:34Et puis, on se décide de franchir le pas
02:37et d'avoir un peu l'audace et de prendre du risque pour aller...
02:40Des risques que, justement, vous en avez pris.
02:42Ce n'était pas si évident il y a un quart de siècle.
02:44Bien sûr.
02:46Donc, en 1998, j'ai rencontré mon associé de maintenant.
02:50On est cofondateur du groupe, Dr Hedji.
02:53Et puis, on a décidé de créer une petite clinique
02:56qui était le Littoral 1,
02:58où il y avait une offre de soins très respectable
03:02pour traiter les...
03:04C'était une des premières institutions dans le privé
03:07pour soigner les cancers.
03:09Et, alhamdoulilah, ça a été le point de départ.
03:11Alors, donc, il y a ce nom aussi.
03:14Oncorade, onco, oncologie, rad, radiothérapie, j'imagine.
03:17Radiothérapie.
03:19Tout simplement.
03:20C'est parce que, quand vous montez une société,
03:22on vous dit, choisissez 5 noms.
03:26Donc, on a mis 5 noms.
03:28Et le mot oncorade a été retenu comme nom du groupe.
03:33Cette appellation est liée au cancer.
03:35Mais maintenant, le groupe connaît une diversification très large
03:39dans l'offre de soins au Maroc.
03:42Alors, Professeur Semadadi, vous êtes connu quand même
03:44et respecté en tant qu'éminent oncologue.
03:46On l'a dit, professeur en radiothérapie.
03:48Votre expertise dans ce domaine, ainsi que votre engagement
03:52pour améliorer d'une manière générale le système de santé au Maroc
03:57sont de notoriété publique.
03:59Comment avez-vous su gérer, avec le temps, avec les années,
04:04à la fois cette spécialisation et ce parcours de vie ?
04:09D'abord, il faut revenir sur le parcours que j'ai eu.
04:13J'ai eu le privilège de réussir dans le concours d'internat universitaire à l'époque.
04:19Il n'existe plus parce qu'à l'époque, quand on étudiait en médecine,
04:23à la fin de cinquième année, il y avait un concours
04:27qui permettait de prendre les futurs professeurs.
04:30C'est le concours d'internat de CHU.
04:33Par la suite, comme la cancérologie n'existait pas encore,
04:37n'était pas bien structurée au Maroc,
04:41j'ai pu bénéficier d'une bourse à la fois étatique et du Collège de Muscine
04:46où j'ai côtoyé les grands de la cancérologie française à l'époque, à l'hôpital Saint-Louis.
04:51Pourquoi avoir choisi cette spécialisation ?
04:54Vous venez de dire qu'elle n'était pas très connue et reconnue.
04:58C'est le défi.
05:00J'avais le choix entre plusieurs spécialités, cardiologie, gastro-entérologie.
05:06Le jour du choix, je me suis dit qu'il n'y avait personne, je vais y aller.
05:10Dans tous mes choix de vie, ça a été comme ça.
05:14C'est le risque.
05:17Là-bas, j'ai côtoyé Jean-Bernard, Georges Matté, mon patron de l'époque.
05:24Jean-Bernard, le fameux médecin avec sa première greffe.
05:28J'ai traité les greffés là-bas.
05:31J'ai eu le privilège de travailler avec son adjoint.
05:35Je suis resté là-bas trois ans.
05:39Je suis rentré au Maroc.
05:42Mon inspiration de ces personnes-là m'a insufflé plusieurs choses.
05:48D'abord, tout doit tourner autour du patient dans notre métier.
05:53Le patient, c'est notre patron.
05:56Je suis président d'Encorade, mais je ne suis pas le patron d'Encorade.
05:59Le patron d'Encorade, c'est le patient.
06:03Tout doit tourner autour de l'éthique.
06:06Rien n'est fait chez nous s'il n'y a pas de l'éthique,
06:09qui respecte un peu la déontologie et tout ce qui suit.
06:12Et puis l'expertise.
06:15En toute modestie, le groupe Encorade a mis à jour
06:19toutes les expertises nouvelles et nouvelles technologies existant au Maroc.
06:24Ça a été toujours une course derrière l'expertise,
06:27ce qui a fait que la valeur ajoutée que nous avons mis en place au Maroc
06:33pour les soins dans le domaine de la cancérologie,
06:36mais maintenant on fait un peu de tout.
06:39Effectivement, on le voit quand même.
06:42Votre vision est tournée vers l'avenir.
06:45Cette vision est d'ailleurs reconnue par vos pères.
06:48La preuve, on l'a dit en l'an 2000,
06:51vous confondez Encorade groupe avec le Dr Omar Haji,
06:56ce qui a pour conséquence de transformer évidemment de fond en comble
07:00l'accès aux soins spécialisés au Maroc.
07:03Et puis effectivement, il y a un objectif qui est chevillé au corps,
07:08c'est de proposer une offre de santé performante à tous les Marocains.
07:12Où qu'ils se trouvent, dites-vous,
07:14pourquoi justement cette fixation généralisée,
07:18une profession, une spécialisation qui n'est pas évidente,
07:21vous dites à tous les Marocains ?
07:23À tous les Marocains, parce qu'à ce jour,
07:25il y a une injustice au Maroc dans l'offre de soins.
07:28Il est anormal que dans un pays comme le Maroc,
07:32qui aspire d'être parmi les grands,
07:36que 70% de l'offre de soins se trouve dans 30% du territoire.
07:41Déjà, c'est une première injustice.
07:43Deuxièmement, dans les années 2016,
07:47il y a quelque chose qui est arrivé au Maroc,
07:49je pense qui a insufflé de manière significative
07:54l'amélioration de l'offre de soins,
07:56c'est l'ouverture des capitaux à des investisseurs.
08:00Et c'est là où on a compris, et de un,
08:03que si on a compris comment ça se déroule au littoral,
08:07qu'il y a la première clinique, c'est-à-dire la clinique mère,
08:11on peut exporter cette expertise ailleurs.
08:14Et c'est là où on a commencé de dire,
08:17on va essayer d'aller un peu partout.
08:19Donc on a ouvert un centre à Marrakech,
08:21où il n'y avait rien, Tanger, d'autres villes.
08:24Et c'est un peu la raison pour laquelle, aujourd'hui,
08:29les process que nous sommes en train de mettre en place,
08:32nous permettront d'élargir un peu l'offre de soins, un peu partout.
08:37Nous avons un centre d'oncologie à Goulmim, en construction.
08:40On est parti à Tétouan, dans la région de Tétouan.
08:43On est parti à Agadir.
08:45Donc aujourd'hui, il y a une sorte de démocratisation de l'offre de soins.
08:50Le malade qui est traité à Agadir,
08:52dans le groupe de notre clinique,
08:54est traité de la même manière que celui de Casablanca.
08:58Et bien sûr, c'est au niveau des autres villes.
09:03Le deuxième point important de notre groupe,
09:07c'est en quelque sorte, nous avons compris que,
09:10docteur Hajji et moi-même, on est des personnes physiques,
09:12on est des médecins, nous avons des limites d'âge et de vie.
09:17Et donc, on a décidé d'institutionnaliser le groupe.
09:21Aujourd'hui, dans le tour de table du groupe Oncorad,
09:24il y a deux institutionnels qui sont la CDG,
09:28la Caisse de dépôt et de consignation.
09:30Ces gens-là, ils n'ont pas uniquement apporté des fonds,
09:33mais ils ont apporté de la gouvernance, de l'éthique,
09:37tout ce qui est actions sociétales et sociales.
09:42Et donc, le groupe maintenant est institutionnalisé,
09:45fonctionne comme une société anonyme, avec un conseil d'administration.
09:49Il n'appartient à personne. Il appartient aux Marocains.
09:52Il appartient à un conseil d'administration
09:55où toutes les actions qui sont réalisées sont pour le patient.
10:00Alors, ce qui est extraordinaire, c'est que vous fixez,
10:02un peu comme la Coupe du Monde, une échéance 2030.
10:05Pourquoi ? Parce que ce groupe aujourd'hui compte, vous me corrigez,
10:10un réseau de six établissements qui sont actifs,
10:13donc qui sont opérationnels dans quatre grandes villes,
10:16Casablanca, Tangier, Marrakech et Agadir, me semble-t-il.
10:19Vous entendez d'ailleurs étendre ce réseau à 2030. Pourquoi 2030 ?
10:26Pourquoi 2030 ? D'abord, ce n'est pas la Coupe du Monde.
10:29Voilà, justement.
10:31Il y a une échéance, une échéance très importante pour le Maroc.
10:35C'est le tap du vieillissement des Marocains.
10:39Aujourd'hui, le Marocain vit jeune.
10:4278 ans, c'est jeune. Ce n'est pas vieux.
10:45Quand on voit que le Français vit 88 ans, que l'Américain vit 91 ans.
10:52Et aujourd'hui, toutes les pathologies en rapport avec l'âge
10:58ne sont pas encore très fréquentes au Maroc.
11:03Je donne un exemple. L'incidence du cancer au Maroc,
11:06il est de 140 cas pour 100 000 habitants.
11:10Alors que pour la France et les Etats-Unis,
11:15c'est aux alentours de 400 à 500 pour 100 000 habitants.
11:18Entre 2030 et 2035, nous allons rejoindre l'incidence
11:26de ces pathologies chroniques des pays européens.
11:30Et si on ne se prépare pas, les groupes qui agissent dans ce secteur,
11:35nous allons avoir des difficultés pour traiter des malades.
11:39Aujourd'hui, nous avons besoin de 45 000 lits.
11:42Un besoin de 45 000 lits, ça veut dire,
11:46si on considère que la moitié des cliniques se trouve dans le privé,
11:49nous avons besoin de 400 cliniques. Autant de ce qu'il existe maintenant.
11:53Donc il y a un challenge, il y a un défi que l'État marocain est en train d'encourager.
11:58Il y a des politiques d'encouragement de l'investissement,
12:01que les acteurs de santé doivent comprendre,
12:04que les médecins doivent comprendre.
12:06Il y a aussi notre problème, il ne faut pas uniquement préparer des cliniques,
12:10mais des ressources humaines.
12:12Nous sommes très au-dessous des normes en matière de ressources humaines
12:16pour ce qui est nécessaire pour asseoir une offre de soins suffisante.
12:20Vous parlez de ressources humaines, c'est vrai,
12:22vous faites état aussi de 450 médecins qui sont partenaires,
12:26600 personnels soignants, là aussi je donne des chiffres,
12:30le groupe qui prend en charge plus de 150 000 admissions par an.
12:35Vous venez effectivement de nous citer un peu votre pensée
12:41et votre objectif à plus ou moins moyenne échéance.
12:45Est-ce qu'effectivement cette réflexion, la réflexion du professeur Somaly
12:49est prise en considération dans son cheminement,
12:53dans sa réflexion, on va dire, par les pouvoirs publics ?
12:58Il y a un dialogue, sincèrement les choses se sont beaucoup améliorées.
13:02Il y a un dialogue territorial.
13:04Aujourd'hui le groupe Ankorad, d'abord territorial je dirais,
13:10est écouté par tous les Wali et gouverneurs de région.
13:14Là on va, on ne trouve que de la facilitation,
13:18je parle par là, l'accès au foncier, les process d'autorisation et tout le reste.
13:24Donc sur ce côté-là, il y a de l'écoute territoriale et de l'écoute nationale.
13:29Aujourd'hui, ce n'était pas le cas avant,
13:31les cliniques bénéficient de l'aide de la charte d'investissement,
13:35à condition bien sûr de répondre aux critères de nombre d'emplois et de montants investis.
13:41Donc on n'est pas seul dans cette affaire-là.
13:44Il y a une nouvelle configuration du système de santé,
13:49la nouvelle refonte du système de santé,
13:52tel que tracé par sa majesté le roi Mahmoud VI,
13:55que Dieu le glorifie,
13:57qui met dans le partenariat public-privé
14:00un des axes de développement du système de santé marocain.
14:03On ne peut pas travailler seul.
14:05Aujourd'hui, tous les systèmes développés en matière d'offres de soins
14:10et un partenariat public-privé très très très très fort.
14:14Donc celui qui veut travailler seul ne travaillera pas.
14:17Parce qu'il y a une complémentarité entre les deux secteurs.
14:20Et aujourd'hui, c'est ce qu'on essaie d'asseoir.
14:23J'ai une petite casquette de président de l'Association Nationale des Cliniques Privées
14:27qui va dans le cadre d'une synergie avec mon groupe
14:31et avec ce qui se fait par le ministère de la Santé.
14:34Président de l'Association des Cliniques Privées,
14:36vous êtes également investi dans votre métier.
14:3824 heures pour vous dans une journée, ce n'est pas suffisant.
14:41Je suis un baratounien.
14:43Que vous dit votre famille à vous voir comme ça ?
14:47Ils se sont habitués.
14:49Forcément.
14:51Ils se sont habitués.
14:53Je tiens à rendre hommage à mon épouse.
14:55Je n'ai pas vu mes enfants grandir.
14:58Vous ne le reprochez pas souvent ça ?
15:00Un petit peu.
15:02Mais bon, maintenant ils ont compris. Je n'ai pas changé.
15:05Vous ne le regrettez pas ?
15:06Je ne le regrette pas du tout.
15:08Nous avons quand même rendu service aux citoyens marocains.
15:14On a parlé tout à l'heure de la chirurgie robotisée.
15:17Aujourd'hui, les Marocains devaient partir se faire opérer par le robot.
15:21Ce n'est plus le cas.
15:22Ce n'est plus le cas.
15:23Et c'est le tiers du prix de la France.
15:26Et c'est vraiment la démocratisation du summum de la technologie
15:32dont le traitement par chirurgie robotisée, notamment des cancers.
15:37Et justement, c'est un point à mettre sur le compte d'Encorad.
15:41La première opération chirurgicale uniquement d'Encorad.
15:44Il y a une réflexion qui est née de la part des spécialistes.
15:47Encorad a été le premier à dégainer.
15:49Vous êtes fier ?
15:51Très très fier, sincèrement.
15:53Vous savez, l'histoire du robot date de 10 ans.
15:56Donc on a mis du temps.
15:58Parce que c'était compliqué.
15:59Parce qu'il y avait un acteur qui ne voulait pas vendre le robot au Maroc.
16:02Parce qu'il pensait qu'on était incapable de le gérer.
16:06Et Dieu merci, on a prouvé qu'on était capable.
16:09Et du coup, ce robot est maintenant commercialisé de manière vraiment assez aisée au Maroc.
16:16Et le Maroc est pionnier dans l'Afrique, dans ce domaine.
16:20Professeur Smoladi, est-ce que ça vous est arrivé,
16:22durant votre trajectoire professionnelle, de douter ?
16:26De douter ? Oui.
16:27On ne peut pas ne pas douter.
16:29Dans ce métier, il y a de l'échec.
16:33On n'a pas réussi tout ce qu'on a voulu faire.
16:37L'échec nous a toujours permis de sortir renforcés.
16:42Bien qu'il y ait du doute, il nous a incités à continuer.
16:48Il n'y a pas de, je dirais entre guillemets,
16:50parce que dans le domaine médical, on ne doit pas parler de business.
16:54Il n'y a pas d'investissement sans risque.
16:57Il y a un investissement déjà intellectuel et physique.
16:59Bien sûr.
17:01Aujourd'hui, on a prouvé à nos partenaires financiers
17:07que nous étudions au préalable ce qu'on souhaite faire.
17:12Et Dieu merci, ils nous suivent.
17:14Et je pense qu'il y a eu beaucoup plus de réussite que d'échec.
17:18Mais l'échec, on ne le craint pas.
17:20Il fait partie du quotidien.
17:22Vous avez traversé les années dans votre profession.
17:24Qu'est-ce qui a changé dans ce métier ?
17:26Maturation.
17:28Aujourd'hui, j'étais un coureur de vitesse.
17:30Maintenant, je suis un marathonien.
17:32Avant, je voulais aller vite.
17:35Maintenant, je veux aller bien.
17:37On prend du temps pour...
17:40Peut-être que c'est là que j'ai le bon point.
17:42Mais bon, peut-être que j'ai derrière moi
17:46une autre génération de médecins que je salue
17:49et que je remercie pour le soutien qu'apporte Groupe.
17:52Eux, ils veulent aller vite.
17:54Mais bon, derrière eux, il y a quelqu'un qui a quand même
17:56une quarantaine d'années de carrière,
17:58qui essaie de modérer un peu leur...
18:01Qu'est-ce qui reste finalement à changer aujourd'hui ?
18:03Qu'est-ce que vous regrettez de ne pas avoir accompli
18:07ou avoir eu en tout cas les moyens pour accomplir ?
18:10Sincèrement, vous savez, il y a quelques années,
18:14je parlais avec mon fils.
18:16A l'époque, j'étais médecin spécialiste.
18:19J'avais la petite clinique de littoral.
18:22Et je lui dis...
18:24Mon fils qui est maintenant cancérologue.
18:26T'as le père, t'as le fils.
18:27Oui, bien sûr.
18:28Je lui dis, je rêve d'avoir un réseau de cliniques au Maroc.
18:37Il me dit comme ça, papa, vous êtes bien ?
18:40C'est pour ça que j'étais déliré, en quelque sorte.
18:45Et donc longtemps après, il y a quelques mois
18:49ou quelques années récemment,
18:51on a évoqué ce moment,
18:53ce moment de convivialité, d'intimité avec un fils
18:57qui a pris mes ambitions
19:00comme étant de la prétention,
19:03pour ne pas dire du délire.
19:06Je pense que dans ce métier-là,
19:08et dans n'importe quel métier,
19:09si on ne rêve pas, on n'a rien.
19:11Il faut rêver.
19:12Il faut rêver.
19:14Il faut rêver, il faut avoir de l'audace, de l'ambition.
19:18C'est comme ça qu'on transforme un rêve en réalité.
19:21Il y a des choses qu'on réussit,
19:23et Dieu merci, la plupart de nos rêves se sont exaucées.
19:28Il y a des choses qu'on ne réussit pas, ça ne fait rien.
19:31Un rêve ultime, ça serait quoi ?
19:33Ça serait d'asseoir un groupe de santé,
19:37périn, qui n'appartient à personne,
19:39qui n'appartient aux patients,
19:41et qui va permettre aux citoyens marocains...
19:43C'est extraordinaire si vous le rappelez,
19:45quand vous dites ce qui n'appartient à personne,
19:47qui appartient aux Marocains.
19:48Bien sûr.
19:49C'est ça, l'institut.
19:50C'est une perception qui est quand même abstraite ici,
19:53quand on parle de ça,
19:55qui appartient aux Marocains.
19:57Bien sûr, heureusement.
19:59Parce qu'aujourd'hui, qu'est-ce qu'on est en train d'asseoir ?
20:03Un système de soins performant,
20:07efficace, démocratique,
20:10périn financièrement.
20:12Parce que ça ne sert strictement à rien
20:15de mettre en place des processus de santé,
20:18d'offres de soins qui ne sont pas périns.
20:20Ici, sans périn, c'est terminé.
20:25Aujourd'hui, il y a des secteurs d'activité au Maroc
20:29qui servent plus la téléphonie.
20:31Est-ce que le Marocain peut vivre sans téléphone ?
20:33Non.
20:34Mais la téléphonie, ça rend service aux Marocains.
20:37C'est vrai, ça fait le bonheur des opérateurs.
20:40Mais aujourd'hui, c'est un outil.
20:42Peut-on vivre sans téléphone ?
20:44La réponse est non.
20:46Pourrait-on vivre demain sans offre de soins de qualité ?
20:49La réponse est non.
20:51Et le grand gagnant, c'est le Marocain.
20:55Je dis le Marocain, c'est-à-dire l'humain.
20:58À propos de l'humain, justement,
21:00quand on parle de cancérologie, d'oncologie,
21:03et c'est vrai que ce sont des spécialités
21:05qui sont assez lourdes,
21:07avec tout ce que peuvent entraîner
21:09aussi le drame dans les familles.
21:11Est-ce qu'Oncorad a réfléchi,
21:14a pensé peut-être au volet un peu social,
21:17pour humaniser, comme vous dites ?
21:19Nous avons tout un département
21:21qui s'occupe de ce qu'on appelle la médecine intégrative.
21:24Ce département accompagne les patients
21:27sur tous les aspects
21:29qui accompagnent la maladie
21:32avant, au cours et après.
21:35Sur le plan psychologique,
21:38sur le plan professionnel,
21:40la réinsertion.
21:42Tout ça, il y a des équipes spécialisées
21:45dans ces aspects-là.
21:47Deuxièmement, ce qu'oublient
21:49les citoyens marocains
21:51et les médias en général,
21:53c'est qu'aujourd'hui, on guérit
21:55sept malades sur dix.
21:57Au Maroc, on guérit sept malades sur dix.
22:00Le seul problème, c'est les sept malades
22:02sur dix guéris,
22:04personne ne le sait,
22:06et les trois, personne.
22:09Quand je vois les médias
22:11annoncer le décès de quelqu'un
22:13et dire un tel est décédé
22:15des suites d'un cancer
22:17ou des suites d'une maladie chronique,
22:19moi j'aurais aimé qu'ils annoncent des guérisons.
22:22Ce n'est plus la maladie du siècle,
22:24comme on disait auparavant.
22:26C'est une maladie qui est curable
22:28à soixante-dix pour cent.
22:30Pour nous, sincèrement,
22:32c'est une fierté quand vous avez un patient.
22:34Ça devient des amis les patients chez nous
22:36parce qu'on les suit à vie.
22:38Qu'est-ce que vous avez appris
22:41La patience,
22:43le fait d'accepter
22:45leur diagnostic,
22:47de suivre un traitement qui est assez souvent lourd,
22:49puis le suivi,
22:51et puis c'est des patients
22:53d'une très grande abnégation.
22:55Aujourd'hui, j'ai soixante-sept ans,
22:57je suis président d'un groupe
22:59et normalement je devrais être
23:01impliqué surtout dans la gestion
23:03et le fonctionnement de mon groupe
23:05que de consultations.
23:07Malgré tout, vous êtes dedans.
23:09Je ne peux pas.
23:11On me dit, il faut arrêter.
23:13Je leur ai dit, écoutez, je ne peux pas.
23:15Pourquoi ?
23:17J'étais à la Homra
23:19le 7 de Ramadan
23:21et puis je leur ai dit, écoutez,
23:23les malades, il faut les dispatcher
23:25sur les médecins, quinze jours quand même d'absence.
23:27Les malades arrivaient et ils disaient,
23:29le professeur Smele est là.
23:31Non, non, il est à la Homra,
23:33il reviendra dans trois semaines.
23:35Non, non, on revient, il n'y a pas de problème,
23:37vous savez, il y a des malades
23:39qui viennent juste pour me dire,
23:41embarquons-nous à la Homra,
23:43pour consultation.
23:45Ils attendent à la fin,
23:47je suis venu vous dire,
23:49embarquons-nous à la Homra,
23:51on a entendu parler que vous étiez un peu fatigué.
23:53Cette approche justement,
23:55elle a un aspect thérapeutique vis-à-vis de...
23:57C'est important.
23:59Parce qu'aujourd'hui, en face de nous,
24:01quand vous annoncez à un malade qu'il y a un cancer,
24:03c'est du sérieux.
24:05Soit que vous avez...
24:07Bien sûr, le malade, la première des questions,
24:09c'est une question de vie ou de mort.
24:11Soit que vous avez
24:13la complète
24:17manière
24:19de mettre ce patient en confiance
24:21et vous arrivez
24:23à le convaincre,
24:25il vous est
24:27conquis à vie,
24:29soit que vous ne l'êtes pas convaincant,
24:31il va partir.
24:33C'est la différence justement de cette oncologie,
24:35de cette approche ici au Maroc
24:37par rapport à d'autres pays par exemple.
24:39Il faut parler un langage clair.
24:41Sincère ?
24:43Sincère bien sûr, mais clair aussi.
24:45Parce qu'aujourd'hui,
24:47moi la première des questions quand je reçois un malade,
24:49quel que soit le faciès,
24:51est-ce que vous parlez arabe, français, berbère,
24:53pour que je puisse expliquer,
24:55parce que si je suis muet devant lui,
24:57il ne va rien comprendre
24:59et aujourd'hui,
25:01on ne peut pas dire à un malade,
25:03vous allez avoir de la radiothérapie, de la chimio,
25:05vous allez avoir de vos cheveux tombés,
25:07vous êtes fatigué, etc.
25:09Vous n'avez rien.
25:11Donc il faut expliquer au malade,
25:13le mot cancer ne doit plus être un tabou,
25:15mais si on explique
25:17aux patients les tenants et les aboutissants
25:19des traitements,
25:21bien sûr,
25:23sauf certaines situations
25:25où vraiment la situation est critique
25:27et ça ne sert strictement à rien
25:29parce que la situation pathologique
25:31est très très grave
25:33et est récupérable.
25:35Mais maintenant, moi la première des choses
25:37quand je veux expliquer,
25:39oui, vous avez monsieur un cancer,
25:41mais c'est un cancer curable.
25:43Et voilà pour moi la situation,
25:45voilà ce qu'on va faire
25:47et croyez-moi, si vous faites ça,
25:49vous allez guérir.
25:51Et c'est une bataille ensemble.
25:53Et pour nous,
25:55quand on voit un malade,
25:57je vois des malades des années 90
25:59que j'ai traités en 80.
26:01Moi j'exerce depuis 84.
26:03J'ai des voix de malade
26:05que j'ai traités dans le secteur privé
26:07en 99, 2000.
26:09Ça fait quoi ?
26:11Ça fait 25 ans, même 92
26:13quand j'étais toujours
26:15à la faculté.
26:17Donc ce qu'il fait, c'est une vie.
26:19C'est une vie
26:21durant laquelle
26:23on passe des moments,
26:25bien sûr il y a des rechutes,
26:27on essaie de les rattraper,
26:29il y a un angoisse.
26:31Il y a des moments dramatiques.
26:33Mais heureusement,
26:35les moments heureux sont plus nombreux.
26:37Depuis 1984,
26:39que vous avez appris de ce métier ?
26:41Humainement parlant.
26:43D'abord,
26:45il faut être honnête
26:47dans ce métier.
26:49Humble aussi ?
26:51Non, ça ne se discute même pas.
26:53Il faut être modeste.
26:55Il faut connaître son métier.
26:57C'est un métier
26:59d'artisan.
27:01Si vous connaissez votre métier, vous ne pouvez pas dispenser
27:03des soins à des patients.
27:05Il faut être clair avec le patient.
27:07Parler un langage
27:09clair.
27:11Écouter le patient dans tous ses problèmes
27:13parce qu'il n'y a pas que les problèmes médicaux.
27:15Il y a des fois des problèmes financiers,
27:17parce que la cancérologie coûte
27:19cher.
27:21Il y a des soucis financiers.
27:23Tout ça, c'est des choses que nous faisons.
27:25Et croyez-moi,
27:27quand vous faites ça, le patient
27:29s'accroche à son équipe de soins.
27:31S'accroche à vous.
27:33S'accroche
27:35à toute l'entité.
27:37Et ça crée quand même
27:39une ambiance...
27:41Vous savez, il faut venir à la salle d'attente
27:43le matin
27:45quand il y a 30, 40 malades.
27:47Et quand il y a quelqu'un qui est venu,
27:49depuis les années 90,
27:51il y a un nouveau malade qui vient, il lui dit
27:53écoutez, ne vous en faites pas, nous on vient ici
27:55depuis 95, tout s'est très bien
27:57passé, on a été traité,
27:59et ça s'est bien passé. Les malades rentrent
28:01déjà avec un moral en fer.
28:0340 ans de métier,
28:0540 ans, un long parcours. Qu'est-ce que vous avez retenu
28:07au bout de ces 4 décennies ?
28:09Comment voyez-vous
28:11le métier,
28:13pas de...
28:15la profession du malheur général, mais ce qui m'intéresserait
28:17peut-être, c'est votre regard en tant
28:19qu'observateur, l'exercice
28:21de ce métier aujourd'hui.
28:23Moi je voulais faire ingénieur
28:25quand j'ai eu mon bac. J'ai eu un bac mathématique
28:27et je me suis inscrit à la première
28:29prépa en Maroc.
28:31Et mon père voulait absolument que Dieu et son âme
28:33que je fasse médecine.
28:35Et après un mois d'inscription comme ingénieur...
28:37Qu'est-ce qui vous donnait à l'époque comme raison
28:39pour vous inciter à exercer peut-être un métier
28:41qui ne vous a pas traversé l'esprit ?
28:43Je veux revenir à ce... et moi je le comprends
28:45maintenant.
28:47Chaque père de famille a envie que
28:49un de ses enfants soit médecin.
28:51D'accord. Mohandis ou médecin ?
28:53D'abord médecin.
28:55Mohandis c'est un mot large du terme.
28:57Et donc moi-même
28:59médecin j'ai tout fait pour que
29:01mon fils aîné fasse médecine.
29:03Donc c'était un beau métier
29:05mais à condition
29:07de réussir un parcours
29:09je dirais
29:11technique, parce qu'il faut apprendre
29:13le métier. Mais humain
29:15c'est le plus important pour qu'un médecin
29:17puisse avoir
29:19la notoriété nécessaire
29:21pour qu'il puisse durer
29:2340-50 ans de carrière.
29:25Effectivement, les conseils de feu
29:27de votre père. Quel conseil
29:29donneriez-vous, vous justement,
29:31aux jeunes qui nous écoutent
29:33et qui souhaiteraient exercer ce métier ?
29:35Expertise d'abord. Il faut qu'ils apprennent
29:37bien leur métier, se donnent les moyens pour apprendre
29:39le métier. Éthique.
29:41Et être au service,
29:43pas du patron, mais du malade.
29:45Voilà, Redouane Semlali,
29:47président et cofondateur
29:49d'Encorad Group. Merci
29:51professeur Mercier d'avoir
29:53partagé avec nous votre passion.
29:55J'ai eu l'honneur aussi de vous revoir
29:57après une longue carrière de journaliste.
29:59C'est vrai que nous avons eu l'occasion de nous rencontrer
30:01dans une autre ville.
30:03Et donc, encore une fois
30:05merci d'avoir partagé
30:07avec nous votre passion pour
30:09cet incroyable métier, pour ce beau métier
30:11qui relève d'une manière générale
30:13de l'oncologie.
30:15Effectivement, votre longue et votre
30:17inlassable passion
30:19et implication pour la santé publique,
30:21vous avez fait en sorte de la
30:23rendre en tout cas
30:25la meilleure possible. Merci
30:27à vous de nous avoir suivis
30:29et à très bientôt.
30:31Ciao.

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