- 08/05/2024
Avec Régis Le Sommier, grand reporter, directeur de la rédaction d'Omerta officiel ; Colonel Peer de Jong, ancien chef de corps dans la marine, vice-président de l'institut Themiis, spécialiste en géopolitique.
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00:00 [Musique]
00:02 Sud Radio, le 10h30, mettez-vous d'accord, Stéphanie Demuru.
00:06 Mettez-vous d'accord, merci de rejoindre chers auditeurs en ce 8 mai.
00:10 On espère que vous vous reposez, que vous nous écoutez.
00:13 D'ailleurs n'hésitez surtout pas si vous avez un peu de temps,
00:15 que vous voulez prendre part au débat 826-300.
00:19 On va maintenant parler du discours d'investiture du 5ème mandat de Vladimir Poutine.
00:25 C'était hier au Kremlin.
00:28 "Ensemble nous vaincrons" c'était donc les premiers,
00:30 mais aussi les derniers mots d'allocution de Vladimir Poutine.
00:33 Discours plutôt offensif, dirigé contre l'Occident,
00:37 dont la politique d'agression n'empêchera pas la Russie de devenir encore plus forte.
00:41 On va en parler avec nos deux invités,
00:44 Régis Le Saumier, directeur de la rédaction Omerta officielle, grand reporter.
00:49 Bonjour Régis Le Saumier, merci d'être avec nous.
00:52 Bonjour Stéphanie.
00:53 Bonjour, et avec nous également le conalel Pierre de Jong,
00:56 ancien chef de corps dans la marine, vice-président de l'Institut Temi,
01:00 spécialiste en géopolitique,
01:02 auteur notamment d'Agir entre les lignes aux éditions Mareuil.
01:06 Bonjour, colonel, merci également de nous accompagner aujourd'hui.
01:11 Bonjour à tous et bonjour à Régis.
01:13 Régis Le Saumier, vous suivez l'actualité en Russie depuis plusieurs années.
01:21 Bon, 5ème mandat de Vladimir Poutine.
01:24 Vous l'avez trouvé différent des autres investitures hier ?
01:30 C'est pour moi ou c'est ?
01:33 Régis Le Saumier, oui.
01:34 Oui, pardon Stéphanie.
01:36 Non, j'ai trouvé, oui, différent.
01:39 Oui, on sait que depuis, et ce n'est pas propre à cette investiture,
01:44 mais le ton utilisé par Vladimir Poutine,
01:47 je dirais depuis quelque part les propos d'Emmanuel Macron
01:50 sur la possibilité d'envoi des troupes en Ukraine a changé.
01:54 D'habitude, vous savez, quand il maniait le terme nucléaire,
02:00 bien Poutine laissait plutôt ça, je dirais, à des gens comme Medvedev
02:05 ou Tolstoy, des gens qui portent une parole beaucoup plus incisive
02:11 depuis le début de la guerre en Ukraine.
02:13 Et quand Emmanuel Macron a évoqué la première fois,
02:17 on se souvient de ces propos, des propos de Vladimir Poutine
02:21 qui a parlé de destruction planétaire.
02:23 Donc on était, on avait changé.
02:26 Et là, évidemment, avec cette cinquième investiture,
02:29 il ne fallait pas s'attendre à ce que cette rhétorique change,
02:33 puisqu'on est toujours dans une accélération,
02:36 et surtout avec un Poutine qui aujourd'hui se sent conforté,
02:41 se sent fort, a été réélu à près de 87 %,
02:46 peut s'enorgueillir d'un certain nombre de bonnes nouvelles,
02:52 on va dire, de son point de vue sur la guerre en Ukraine,
02:55 même si l'avancée des Russes se fait très lentement,
02:59 mais elle est significative, notamment depuis la mi-février.
03:02 Donc si vous voulez, il a aussi un bilan économique
03:06 qui, contrairement à ce qu'on aurait pu penser il y a deux ans,
03:10 est plutôt satisfaisant avec une Russie qui a plus de 3% de croissance.
03:15 pour 2023, et ça continue.
03:18 Donc finalement, quelque part, oui, l'affrontement continue,
03:23 le discours est martial, c'était assez logique et assez attendu.
03:28 - Colonel Pierre de Jongle, discours martial,
03:31 effectivement, Vladimir Poutine qui a ordonné la tenue d'exercice nucléaire
03:34 dans un futur proche, en réponse, il le dit, aux menaces occidentales,
03:39 ça veut dire quoi concrètement ?
03:41 Alors je précise exactement, une série de mesures pour s'entraîner
03:44 à la prévention et à l'utilisation d'armes nucléaires non stratégiques.
03:48 Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:50 - Très concrètement, en fait, Poutine, la journée est très importante pour lui,
03:54 pourquoi ? Parce que très concrètement, c'est une nouvelle étape.
03:57 Il a été renforcé dans son rôle de chef d'État,
04:01 et donc il repart sur une nouvelle base.
04:03 La deuxième chose, c'est que les conditions ont changé,
04:05 d'ailleurs en référence de l'interview qu'il a faite avec Tucker Carlson,
04:10 je ne sais pas si vous vous rappelez, en février,
04:12 il a été présent au journaliste de Sky News,
04:14 où là il avait, pendant un certain temps, je dirais presque pendant deux heures,
04:18 il avait émis toute une série d'hypothèses,
04:22 il avait émis une frustration par rapport à l'Europe,
04:24 par rapport à ce qui se passe, etc.
04:26 Très concrètement, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
04:28 Aujourd'hui, Poutine a quand même un autre problème,
04:30 c'est qu'il a un double problème.
04:32 Il avait une question ukrainienne qu'il était en train de régler,
04:34 qui était assez tactique quelque part, qui était politique tactique.
04:37 En fait, il agissait dans sa cour, dans son arrière-cour,
04:41 il considère très concrètement que l'Ukraine,
04:43 c'est comme la Géorgie, comme la Tchétchénie,
04:46 ça fait partie de son environnement direct.
04:48 Donc il traitait ce problème-là jusqu'à maintenant.
04:50 C'est vrai que depuis les déclarations, je dirais, martiales,
04:53 des Européens et du président Macron,
04:56 c'est vrai que son discours s'est orienté.
04:58 Donc il a un double problème, il joue à front renversé.
05:01 Premièrement, il a un discours tactique sur l'Ukraine,
05:04 et deux, il a un discours stratégique qui est orienté sur les Européens.
05:09 Et là, les Européens, ce n'est pas avec son armée conventionnelle
05:11 qu'il va pouvoir, si vous voulez, comment dire,
05:14 impressionner l'Europe, qu'il y a quand même l'OTAN,
05:16 qui est quand même une structure avec 32 pays,
05:18 qui est riche, qui est dense, qui est importante.
05:21 Par contre, il sait, il y a un point très important,
05:23 il sait que le nucléaire est une problématique extrêmement difficile.
05:27 On ne gère pas le nucléaire comme on gère les armées conventionnelles.
05:30 Et là, en fait, ce qu'il cherche à faire,
05:32 il cherche bien évidemment à déstabiliser les Européens
05:35 et déstabiliser les pays nucléaires.
05:38 Parce que le nucléaire ne dissuade que le nucléaire.
05:40 Le nucléaire ne dissuade que le nucléaire.
05:42 Donc la France, accessoirement, puisqu'on est les seuls en Europe à posséder l'arme nucléaire.
05:47 Il a trois pays face à lui.
05:49 Il y a d'abord les États-Unis, qui sont aujourd'hui silencieux
05:52 pour des raisons liées à la campagne électorale,
05:55 qui sont liées au fait que la problématique des Américains,
05:58 enfin, le regard des Américains sur l'Europe est un regard relativement distancié.
06:02 Ils sont plus concernés par les affaires de Gaza que par les affaires de l'Ukraine.
06:05 Donc si vous voulez, l'OTAN géré par le nucléaire américain est plutôt longue distance.
06:11 Par contre, il y a comme deux États nucléaires extrêmement actifs,
06:15 je dirais proactifs dans le domaine des déclarations vis-à-vis de la Russie,
06:20 c'est la Grande-Bretagne et la France.
06:22 Et c'est deux nations nucléaires, bien évidemment.
06:24 Donc, encore une fois, il oriente son discours très concrètement
06:27 sur les États qui possèdent le nucléaire,
06:30 entre autres, évidemment, les Français et les Britanniques.
06:33 Et ça, c'est compliqué pour nous, c'est que le ratio,
06:35 le rapport de force nucléaire qui existe entre la Russie,
06:39 Simi-Logis, et les Européens, concrètement, les Anglais et nous, n'a rien à voir.
06:43 On est sur un ratio, je dirais, de 10 %, donc ça n'a rien à voir.
06:47 Donc c'est ça le cœur du problème.
06:49 Encore une fois, c'est que Poutine nous oblige, si vous voulez,
06:53 à un débat, à un dialogue stratégique avec lui.
06:56 Et ça, c'est très compliqué parce que je ne pense pas que le président Macron
06:59 ait imaginé une seule seconde qu'il entamerait ce genre de dialogue
07:02 qui était en général réservé aux Américains,
07:05 puisque les Américains ont Simi-Logis,
07:07 ils sont sur le même rapport de force que les Russes.
07:10 Et là, c'est vrai que c'est déstabilisant pour nous, principalement,
07:13 puisqu'encore une fois, on n'est pas du tout au niveau,
07:15 même si notre capacité nucléaire, elle est performante,
07:18 elle est précise, elle est concrètement dangereuse,
07:21 mais on n'est pas dans le même niveau.
07:23 Vous dites qu'on n'est pas au niveau, colonel, nous Français, nous Européens,
07:26 ou l'OTAN dans son ensemble, mais l'OTAN avec des Américains
07:30 qui se désolidarisent en ce moment.
07:33 D'ailleurs, je marque une pause, je vous ai posé la question,
07:35 mais on va se retrouver dans quelques instants pour la réponse,
07:38 si vous le permettez. A tout de suite.
07:40 Et on continue à parler de cette investiture de Vladimir Poutine,
07:56 cinquième mandat hier avec nos invités,
07:58 Régis Le Saumier, directeur de la rédaction Omerta officielle et grand reporter,
08:03 également, colonel Pierre de Jong, ancien chef de corps dans la marine,
08:07 vice-président de l'institut Temis, spécialiste de géopolitique,
08:10 le colonel qui nous disait tout à l'heure, qui nous expliquait ce discours offensif,
08:15 ces menaces, et qu'on ne ferait pas nécessairement le poids, Régis Le Saumier.
08:20 C'est vrai qu'on en parlait, les États-Unis qui commencent à se désolidariser,
08:25 on est un petit peu seul, comment il faut répondre à Vladimir Poutine ?
08:29 C'est assez, enfin, ce qu'on voit, ce qu'a tenté de faire Emmanuel Macron
08:34 ces derniers mois, on va dire, c'est justement, il y a deux aspects.
08:40 Il y a le fait, en effet, comme vous avez dit, que les États-Unis,
08:43 qui dans la première phase de la guerre en Ukraine étaient très en pointe,
08:46 sont maintenant sur l'arrière, avec un fort encouragement à l'Europe
08:52 à prendre la suite, à prendre la relève. Et dans ce cas précis,
08:57 Emmanuel Macron, lui, a profité justement de ce vide pour donner de la voix
09:03 et pour essayer de faire entendre une voix française un peu différente
09:07 en disant qu'on ne peut pas laisser les Russes gagner,
09:10 il est inenvisageable qu'ils gagnent cette guerre en Ukraine,
09:14 et donc émettre ces propos extrêmement controversés,
09:18 parce qu'en France, on en parle, on en débat, etc.
09:21 Il faut savoir que les propos d'Emmanuel Macron n'ont absolument pas été soutenus
09:25 par aucun des alliés, y compris par les États-Unis,
09:28 sur l'hypothèse d'envoyer des troupes.
09:30 Alors, c'est un affrontement direct avec Vladimir Poutine,
09:34 c'est un affrontement direct verbal, une escalade verbale qui s'est suivie.
09:40 Donc, la vraie question, c'est qu'on est dans une situation d'urgence.
09:44 Moi, je crois que par rapport aux déclarations officielles,
09:47 je pense qu'Emmanuel Macron est aujourd'hui parfaitement conscient
09:50 et je crois que beaucoup de gens en Europe, qu'il y a un risque en Ukraine
09:53 d'effondrement du front, que aujourd'hui, j'ai évoqué tout à l'heure,
09:57 les Russes ont repris, grignotent, ils avancent pas à pas,
10:01 quasiment tous les jours, il y a un village qui tombe.
10:05 Là, aujourd'hui, cette semaine, si vous voulez la nouveauté,
10:08 c'est dans la ville de Robotyn, qui était dans le sud, dans la zone de Zaporozh,
10:12 c'était la ville où les Ukrainiens avaient perdu énormément de charme
10:16 et qu'ils avaient conquis l'été dernier dans leur fameuse contre-offensive.
10:19 C'était la partie des terres que l'Ukraine avait reconquise.
10:23 Aujourd'hui, ces gains ont été quasiment anéantis.
10:27 La ville de Robotyn a été reprise par les Russes.
10:30 L'aide Tarn a eu l'acté des Américains,
10:34 mais qui ne va pas arriver tout de suite, le sommier.
10:37 Non, elle ne va pas arriver tout de suite.
10:39 Et tous les indicateurs au niveau de l'Ukraine sont au rouge.
10:44 Le problème des hommes, le problème des munitions,
10:48 le problème des lignes défensives, au milieu, à la mi-février,
10:53 et j'aimerais beaucoup avoir le commentaire du colonel Perre-Dejon là-dessus,
10:59 au moment de la conquête d'Avdivka,
11:02 il y a eu un véritable changement sur le terrain.
11:05 C'est-à-dire que les Russes se sont mis à progresser.
11:07 Ils ont pris environ 500 km de pluie à l'est.
11:11 C'est complètement différent de ce qui s'est passé après Bakhmout,
11:14 où ils se sont contentés de prendre Bakhmout et d'user l'armée ukrainienne.
11:18 Là, on est reparti sur un mouvement vers l'ouest,
11:21 mouvement certes lent, mais qui laisse envisager aux Russes
11:25 une conquête du Donbass probable.
11:29 Et après le Donbass, entre le Donbass et le Dniepr,
11:33 il n'y a plus rien. Il n'y a que de la plaine.
11:35 On va écouter ce qu'en pense le colonel.
11:37 On redonne la parole dans quelques instants.
11:39 Régis, colonel Perre-Dejon,
11:41 vous partagez cette analyse de Régis Le Saumier ?
11:45 À 100 %, d'autant que Régis connaît parfaitement le terrain.
11:48 Il sait exactement de quoi il parle, bien évidemment.
11:50 Il y a été plusieurs fois.
11:52 Il sait très bien ce qui se passe localement.
11:54 C'est vrai qu'Advilka, qui a été pris par les Russes le 17 février 2024,
11:58 il y a quelques semaines, a été à l'instant décisif.
12:01 Pourquoi ? Parce qu'en fait, on a réalisé que les Ukrainiens
12:04 n'étaient pas sur une botte, c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas anticipé un repli.
12:08 Et là, ils engagent ce qu'on appelle une manœuvre rétrograde
12:11 qui est extrêmement difficile à monter.
12:13 Et là, qu'est-ce qu'on voit ?
12:14 On voit que les Ukrainiens reculent sous la pression.
12:16 Et comme ils n'ont pas d'artillerie,
12:18 ils n'arrivent pas à bloquer ou à limiter la progression, même lente, des Russes.
12:22 Donc les unités, quand elles reculent,
12:24 quand elles veulent s'installer sur une position préparée à l'avance,
12:26 quelques kilomètres derrière, elles ne peuvent pas
12:28 parce qu'elles ont la pression des lignes russes.
12:30 Et les Russes, aujourd'hui, ont très bien compris
12:32 la problématique des munitions des Ukrainiens.
12:36 Et ils restent au contact et ils poussent.
12:38 Ce qui fait qu'aujourd'hui, les Ukrainiens sont obligés de rester sur le terrain
12:41 et reculer progressivement, avoir des pertes,
12:43 et ne pas pouvoir limiter, en tout cas bloquer cette progression.
12:46 Et là, en ce cas, les Russes manœuvrent correctement.
12:49 En général, ils sont plutôt bons en défensive qu'en offensive,
12:52 mais là, ils ont très bien compris la problématique et ils vont avancer.
12:55 D'autant que, je t'invite juste là-dessus,
12:57 ils savent que le chronomètre tourne
12:59 et que les munitions et le matériel,
13:01 les 61 milliards vont commencer à faire des petits, comme on dit.
13:05 Bien évidemment, ce matiél va arriver dans les semaines ou dans les mois qui viennent.
13:08 Donc, ils ont intérêt aujourd'hui à progresser et non pas à s'arrêter.
13:12 Et quelle peut être la réponse européenne ?
13:14 Est-ce qu'elle vous paraît adéquate ?
13:16 Justement, on ne vous a pas entendu sur la position un peu de fermeté,
13:19 un peu isolée d'ailleurs, d'Emmanuel Macron, le colonel.
13:23 Il faut bien faire quelque chose.
13:25 Encore une fois, je pense que le président Macron a bien anticipé
13:28 ou très concrètement, il a pris conscience de tout ça.
13:31 D'autant que la France est une puissance nucléaire,
13:33 donc elle a vocation à être quand même leader quelque part,
13:36 si vous voulez, de ce pilier européen qu'évoquait Régis il y a quelques minutes.
13:39 Donc, c'est vrai que là, il fait de la politique européenne,
13:42 quasiment de la politique intérieure, il se positionne.
13:45 Donc, c'est vrai qu'il a intérêt.
13:47 Maintenant, encore une fois, le problème, vous savez, dans la guerre,
13:49 il ne faut pas avoir des prétentions plus hautes qu'on ne le peut.
13:53 Vous savez, quand le président Macron parle d'ambiguïté stratégique,
13:56 c'est compliqué.
13:57 Le cardinal de Rennes disait une chose que j'aime beaucoup
14:01 et qui vraiment correspond bien à la période,
14:03 c'est qu'on sort toujours de l'ambiguïté à ses propres dépens.
14:06 Et c'est ça qui risque de nous arriver, c'est qu'il faut être conscient de nos limites,
14:09 conscient de ce qu'on dit.
14:10 Et c'est vrai qu'en même temps, on peut être, je dirais, fort, consistant,
14:13 mais en même temps, il faut être capable d'engager un débat.
14:16 Je pense que le débat trop militarisé n'est jamais très bon avec des Russes.
14:20 Régis Saumier, Emmanuel Macron, avec certainement des espérances,
14:24 forcément, il est déçu avec la visite de Xi Jinping,
14:29 qui n'a pas pipé mot sur l'Ukraine,
14:32 à part peut-être l'engagement de ne pas livrer d'armes à l'Ukraine.
14:36 Mais c'est tout, il n'a rien obtenu.
14:38 Non, il n'y a rien d'obtenu concrètement.
14:41 Je sais qu'on a beaucoup glosé, on a beaucoup discuté.
14:44 J'ai écouté, il y a eu des débats infinis,
14:46 à savoir est-ce que Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen,
14:50 parce qu'ils se présentent...
14:51 Oui, c'est vrai qu'elle était à côté.
14:53 Est-ce que les deux vont pouvoir infléchir la solidarité marquée,
14:58 affichée par les Chinois vis-à-vis des Russes ?
15:01 La réalité, c'est que non, il n'y a rien qui a changé.
15:05 Alors sur la question, en effet, les Chinois ne livrent pas de matériel militaire aux Russes,
15:11 mais en revanche, ils livrent des composants qui permettent aux Russes
15:14 justement de se développer dans des domaines de haute technologie
15:19 et de compléter leur panoplie au niveau de leur production militaire.
15:24 Donc on est dans l'hypocrisie absolue comme souvent.
15:27 Pardon ?
15:28 On est dans l'hypocrisie absolue comme souvent.
15:30 Mais totalement.
15:31 Mais avec les Chinois, il fallait s'attendre.
15:32 Donc il ne fallait pas s'attendre à ce que cette visite change des choses.
15:35 Cette guerre a rapproché de facto la Russie de la Chine.
15:39 On avait dit oui, on va pousser les Russes dans les bras des Chinois.
15:42 C'est un petit peu ce qui s'est passé.
15:43 Ça avait été annoncé et finalement, il n'y a pas beaucoup de surprises là-dedans.
15:47 Oui, alors on peut dire...
15:49 Les Russes ont tout gagné avec cette guerre.
15:52 Malheureusement, on n'a pas le temps d'entamer un second débat,
15:55 mais enfin y compris économiquement.
15:57 On se souvient de la phrase de Bruno Le Maire,
15:59 "On va mettre à genoux la Russie".
16:00 Bon, l'Europe est plus entamée que la Russie à l'issue de cette guerre,
16:05 qui n'est pas terminée d'ailleurs.
16:07 Cette phrase est l'incarnation de la déconnexion totale
16:10 de certaines de nos élites par rapport à la réalité géopolitique et géoéconomique.
16:15 Colonel, le mot de la fin pour vous.
16:17 La Russie s'en tire plutôt bien et Vladimir Poutine a plutôt pris des crédits sur cette guerre.
16:22 En fait, ce qui se passe, c'est que Poutine et les Russes ont l'initiative.
16:26 C'est eux qui mènent le bal.
16:28 Ils mènent le bal sur le terrain tactiquement parlant, ils sont dominants.
16:31 Stratégiquement parlant, ils sont dominants puisqu'ils sont massifs
16:34 en termes de missiles nucléaires et d'hypervélocité, donc de vitesse des missiles.
16:39 Et troisième point, ils sont dominants en termes politiques,
16:41 puisque l'exploit de Poutine, ça a été quand même de solidifier les BRICS
16:45 dans une position, je dirais, au minimum attentiste, au minimum neutre par rapport à l'Occident.
16:50 Parce que c'est l'Occident, c'est l'OTAN, qui se trouve de certaines manières isolées par rapport au monde.
16:56 Et c'est ça le cœur du problème.
16:58 On est seul et Macron a essayé, ainsi que Xi Jinping, d'essayer de mettre un coin,
17:02 si vous voulez, d'une espèce de relation bilatérale très forte entre la Chine et la Russie.
17:06 Mais bien sûr, c'est très compliqué et le Chinois ne s'est pas laissé faire.
17:09 Merci à tous les deux, Régis Le Saumier, colonel Pierre de Jonc d'avoir été avec nous.
17:14 Et dans quelques instants, on continue à parler de la Chine avec Denis Jacquet,
17:19 qui a écrit un livre sur le sujet "Pourquoi votre prochain patron sera chinois ?"
17:24 Tout un programme, c'est dans quelques instants.
17:27 Sud Radio, le 10h midi. Mettez-vous d'accord. Stéphanie Demuru.
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