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  • 06/11/2023
Avec Michel Wieviorka, sociologue et maître de conférence, Auteur de “La dernière histoire juive, âge d'or et déclin de l'humour juif” (Editions Denoël) et Plantu, caricaturiste et dessinateur de presse, Auteur de ”Marianne, ne vois-tu rien venir ?” (Editions Calmann Lévy)

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-11-06##

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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France. Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite. Vérissure présente
00:06 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:12 - Il est 9h33, très heureux de recevoir deux invités jusqu'à 10h.
00:17 D'abord Plantu, qui est caricaturiste évidemment, dessinateur de presse, auteur de "Mariane",
00:24 "Ne vois-tu rien venir" aux éditions Calman-Lévy. Plantu, bonjour.
00:28 - Bonjour.
00:29 - Merci d'être avec nous. Et avec nous, Michel Vieviorka, bonjour.
00:34 - Bonjour.
00:34 - Je rappelle que vous êtes sociologue, maître de conférence, auteur de "La dernière histoire juive",
00:38 "Hache d'or" et "Déclin de l'humour juif" chez De Noël.
00:43 Merci d'être là tous les deux, nous allons parler d'antisémitisme.
00:46 Auparavant quand même, quand même, vous avez vu le dessin que nous a offert Plantu,
00:53 "Israël-Palestine, peut-on croire un jour à la paix ?"
00:57 "Les balançoires les plus solides sont celles qui sont accrochées aux étoiles."
01:02 C'est un proverbe arabe.
01:03 - Oui, que j'ai entendu dans un disque que j'ai acheté à l'Institut du Monde Arabe.
01:07 Et vous voyez, comme je pense toujours en dessin, en fait, j'entends ce poème,
01:14 et je me dis "mais les idées me viennent comme ça".
01:17 Et du coup, en entendant ça, je me dis "tiens, la balançoire accrochée aux étoiles",
01:21 alors je pense à une étoile, à l'étoile de David,
01:23 alors voilà, je vais mettre ça dans le ciel,
01:25 et puis l'autre étoile, ah bah oui, mais il y a le croissant avec les étoiles,
01:29 comme certains drapeaux,
01:31 et puis après je vais faire la petite balançoire,
01:34 ah mais dans la balançoire, je vais mettre un petit Palestinien,
01:37 un petit Israélien, et puis après, ah mais je vais faire du bleu derrière,
01:41 parce que pour moi, le bleu, bon...
01:43 En aquarelle, voilà, une aquarelle,
01:46 et puis qu'à laisser danser...
01:48 Vous savez, l'aquarelle, c'est très agréable,
01:49 on prend une feuille de papier, on balance de l'eau, comme ça,
01:52 on met du bleu, comme ça, et il se parle.
01:55 Et j'aime quand il se parle, et puis après on fait une surimpression
01:58 entre l'aquarelle et le dessin,
02:00 et c'est un dessin... - C'est un message d'espoir.
02:02 - C'est un message d'espoir.
02:04 - Après les drames, nous avons vécu,
02:06 enfin c'est pas nous, pas moi, directement,
02:09 mais les Israéliens ont vécu un drame effroyable le 7 octobre,
02:13 aujourd'hui, des drames se produisent à Gaza,
02:17 dans la bande de Gaza,
02:19 après ces drames-là, peut-être un message d'espoir.
02:23 Après la guerre, il y a toujours
02:26 une paix plus ou moins bien construite,
02:29 mais toujours une paix, Michel Vieviorca.
02:31 - Oui, alors moi je suis ravi de ce dessin,
02:33 parce qu'il condense un peu mes sentiments,
02:36 c'est-à-dire, oui, c'est pas évident d'aller vers la paix,
02:40 mais il faut absolument chercher ce chemin,
02:43 quitte à ce qu'on se balance.
02:46 Mais il faut chercher ce chemin,
02:47 tous ceux qui sont dans la radicalité d'une position ou d'une autre
02:51 sont des criminels à mes yeux,
02:52 c'est-à-dire pourrissent le débat,
02:55 pourrissent les chances de négociation, de solution, etc.
02:59 Donc vraiment, merci pour ce dessin,
03:01 personnellement et plus généralement.
03:03 - Merci beaucoup, il y a toujours une part d'indécence,
03:05 je le vois, à essayer de proposer la paix.
03:08 Et les gens, là, "mais non, alors toi tu dessines des colombes..."
03:12 - Parce que parfois, je vais être très dur,
03:14 vous allez me dire ce que vous en pensez,
03:15 parce que parfois, les médias se complaisent dans la guerre,
03:19 ça fait plaisir de parler de la guerre,
03:21 je sais pas, vous avez raison,
03:23 le buzz va du côté de la guerre, c'est vrai.
03:25 - Le buzz va du côté de la guerre,
03:27 c'est plus excitant de parler de la guerre que de parler de la paix,
03:31 ou d'analyser, ou d'expliquer, Michel Véviorca.
03:35 - Alors, je vais vous dire une chose,
03:36 moi, je pense que pour la France, pour les Français,
03:39 on a la chance d'avoir été en dehors de la guerre,
03:41 la vraie guerre, pendant, disons depuis la fin de la guerre d'Algérie,
03:45 pour simplifier.
03:46 Et puis, bon, ce qui se passait en ex-Yougoslavie,
03:50 il y avait un peu de sentiment,
03:52 mais on n'était pas dedans, vraiment.
03:54 Et puis, arrive l'Ukraine, là, on commence à être un petit peu plus dedans,
03:56 et puis, alors là, on est dedans.
03:58 Donc, on a aussi eu toutes ces années de non-guerre,
04:04 qui rendent la guerre encore plus addictive,
04:08 si je peux dire, pour aller dans votre sens,
04:09 parce que d'un seul coup, on prend ça sur le coin de la figure,
04:12 et on rentre progressivement dedans.
04:15 Donc, oui, évidemment, mais les médias font leur boulot, heureusement.
04:17 - Oui, heureusement. Non, non, mais attendez, je ne veux pas non plus...
04:20 Il n'y a pas que les médias, l'opinion publique,
04:24 je pense aux médias parce qu'ils sont représentatifs, quelque part.
04:27 - Dont les caricatures sont les réseaux sociaux.
04:29 - Oui, dont les caricatures sont les réseaux sociaux.
04:32 Effectivement, vous avez raison, Plantu, vous avez raison.
04:34 Mais pour rester sur la situation,
04:38 simplement, aujourd'hui, bon, après, après,
04:42 une fois la guerre pas finie,
04:46 parce qu'elle ne sera pas finie comme ça, d'un jour à l'autre,
04:49 mais peut-être que, enfin, la cause palestinienne sera entendue,
04:54 peut-être qu'enfin, cette fameuse solution à deux États
04:58 sera vraiment mise sur le tapis,
05:00 parce que, on constate que l'Iran, pour l'instant, fait preuve de prudence,
05:05 on constate que les pays qui étaient en train de discuter avec Israël
05:10 n'ont pas rompu leur discussion avec Israël,
05:13 donc j'espère que derrière tout cela, viendra le moment de la paix.
05:18 Bien, parlons de l'antisémitisme,
05:20 parce que pendant ce temps-là, il y a en France une communauté juive
05:24 qui a peut-être l'impression d'être un peu délaissée, non ?
05:27 - Oui, elle est délaissée.
05:29 - Elle est délaissée, elle n'est pas aimée, finalement,
05:33 alors qu'elle l'a été, beaucoup plus dans les années 70 ou 80,
05:37 elle se sent menacée,
05:40 et elle a le sentiment que ce qui ont été deux de ses...
05:44 qui sont deux de ses, comment dirais-je, raisons de demander de la bienveillance,
05:48 sont très affectés aujourd'hui,
05:50 d'une part les références à la Shoah,
05:52 puisque quand il y a une attaque terroriste terrifiante en Israël,
05:56 les gens à gauche de la gauche disent que
05:59 ça n'est pas si important que ça, en gros,
06:01 donc délaissée sur ce registre-là,
06:03 et, comment dirais-je, privée d'une image d'Israël
06:08 qui était positive, et qui même, pour beaucoup de juifs,
06:11 était, en gros, l'idée c'était,
06:13 si ça va vraiment mal là où je suis,
06:15 il y a quand même un pays où les juifs peuvent vivre.
06:17 - Un refus. - Un refus.
06:19 Et bien, en ce moment, cette image-là aussi s'en va.
06:21 Donc si vous voulez, c'est un monde
06:23 qui est inquiet
06:25 pour des raisons objectives, immédiates,
06:27 on va me taguer, on va me menacer, etc.,
06:29 mais qui est aussi inquiet plus profondément.
06:31 - Plus profondément. Plantue.
06:33 Vous êtes d'accord avec cette analyse ?
06:35 - Je me souviens d'avoir fait un dessin,
06:37 au moment de l'attentat
06:39 de la rue des Rosiers, en 82,
06:41 et c'était un énorme choc,
06:45 l'attentat de chez Joe Goldenberg.
06:49 Et je vois toujours,
06:51 parce que je vais beaucoup dans les écoles,
06:53 et je vois beaucoup des petites choses qui...
06:57 Par exemple, j'avais montré un dessin
06:59 de l'association que j'ai créée avec des chrétiens,
07:01 des juifs, des musulmans,
07:03 un dessin d'un espagnol qui montre
07:05 un gars qui lit un journal,
07:07 et il est baïonné.
07:09 Et alors, il y avait des gamins,
07:11 dans une école, pas loin de Paris,
07:13 qui disaient "mais pourquoi le juif,
07:15 il ne peut pas lire le journal ?"
07:17 "Mais pourquoi tu dis que c'est un juif ?"
07:19 "Il a un gros nez."
07:21 Et je me suis dit "bon, d'accord, là il y a un gros, gros boulot,
07:23 et en fait, il faut aller dans les écoles,
07:25 dans les écoles tout le temps,
07:27 et reprendre..."
07:29 Je me souviens d'une fois, j'étais allé
07:31 dans le sud de la France,
07:33 à Toulouse, et il y en avait un qui lève le doigt,
07:35 ils étaient 500, il y avait plusieurs classes.
07:37 Et il y en avait... "Non, non, pas lui,
07:39 lui c'est le juif." Et en fait, quand j'ai parlé
07:41 avec les profs, ils m'ont dit "non, il n'est pas juif,
07:43 mais quand ils n'aiment pas un de leurs copains,
07:45 ils l'appellent le juif." - Ils disent "oui, il est juif".
07:47 - Et ça, c'est tellement tout le temps...
07:49 Et à chaque fois, j'ai presque honte de repartir
07:51 de l'école, parce qu'il faut
07:53 y aller et y retourner, il faut que nous
07:55 à Cartooning for Peace, on y aille régulièrement,
07:57 d'ailleurs on a un projet dans le nord de la France,
07:59 pour faire venir des Palestiniens,
08:01 des Israéliens, des Libanais, pour aller
08:03 dans les universités, qui sont un peu
08:05 muettes, je le dis en passant, et dans
08:07 les écoles, pour essayer de recréer
08:09 un débat. - Qui sont muettes parce qu'elles ont peur.
08:11 - Euh... - Non.
08:13 - Un peu lâches. - Un peu lâches, bah oui,
08:15 c'est ça, c'est de la lâcheté.
08:17 - Et puis pas seulement, c'est parce que
08:19 les courants "gauche de la gauche",
08:21 pour le dire comme ça, aujourd'hui sont
08:23 très présents, très actifs. - Ils sont très présents.
08:25 - Bien sûr. - Bien sûr. - Alors pas forcément...
08:27 - Ça va changer. - C'est pas forcément de l'antisémitisme
08:29 explicite, c'est pas ça,
08:31 mais c'est une atmosphère. - Exactement.
08:33 - C'est une atmosphère. - Ça va changer. - Est-ce que
08:35 justement, l'antisémitisme, qui là
08:37 évidemment progresse fortement avec
08:39 les événements actuels,
08:41 a pris une autre
08:43 forme ? - Alors,
08:45 vous savez, c'est vraiment... - L'antisémitisme
08:47 prend plusieurs formes. - C'est-à-dire qu'il y a à la fois
08:49 du nouveau et de la continuité, c'est
08:51 très difficile. Alors,
08:53 si vous parlez des formes concrètes,
08:55 qu'est-ce que c'est ? Alors, les réseaux,
08:57 donc ça c'est la haine en ligne,
08:59 ça c'est relativement récent,
09:01 les attentats, on en a eu,
09:03 pour moi les attentats
09:05 antisémites en France, ça commence vraiment
09:07 avec Mohamed Merah. - Ouais, Mohamed Merah.
09:09 - En 2012. - Qui tue
09:11 dans une école juive. - Voilà.
09:13 - Des enfants.
09:15 - Plantu vient de nous rappeler,
09:17 rue des Rosiers, on aurait pu rappeler encore plus
09:19 rue Copernic. Oui, c'était des attentats
09:21 qui visaient des juifs, mais qui venaient du dehors.
09:23 - Oui. - C'était pas la société française
09:25 qui avait fabriqué.
09:27 D'ailleurs en 1981, quand il y a eu
09:29 Copernic, tout le monde a dit
09:31 "Ah, c'est de l'antisémitisme d'extrême droite".
09:33 - Oui. - Puis on a perdu 6 mois
09:35 ou un an avant de s'apercevoir que ça venait
09:37 plus tôt d'ailleurs. Donc,
09:39 à partir de Merah, il y a la violence,
09:41 donc vous voyez les formes. La haine en ligne,
09:43 c'est récent, par définition.
09:45 La violence
09:48 meurtrière, à mon avis, c'est quand même
09:50 récent. Alors,
09:52 par ailleurs, il y a aussi le caractère global,
09:54 c'est-à-dire la référence aussitôt
09:56 à ce qui se passe au Proche-Orient.
09:58 Le fait, on parle de la France aujourd'hui, mais
10:00 elle est en Angleterre, elle est en Allemagne, elle est
10:02 ailleurs,
10:04 c'est pas mieux.
10:06 Alors maintenant, ce qui est nouveau aussi,
10:08 et là on ne sait pas vraiment ce qui se
10:10 passe, on ne sait pas vraiment,
10:12 c'est qui sont
10:14 ces mille et quelques personnes qui ont fait
10:16 des tacs, des menaces, etc.
10:18 Alors, depuis 25 ans,
10:20 comment dirais-je, le discours le plus
10:22 courant pour expliquer ça, c'est
10:24 les immigrés fabriquent
10:26 en leur sein,
10:28 produisent, à cause de
10:30 l'islam, etc., la culture arabe, tout ce qu'on
10:32 voudra, fabriquent cet antisémitisme.
10:34 Bien sûr, ça existe.
10:36 Mais je pense qu'il n'y a pas que ça, ce n'est pas
10:38 parce que Marine Le Pen
10:40 a annoncé
10:42 qu'elle n'avait rien à voir avec l'antisémitisme
10:44 et qu'elle défendait Israël,
10:46 que son
10:48 électorat, disons, où ses forces
10:50 vivent, ont
10:52 aussi adopté complètement
10:54 ce positionnement. Donc il se trouve des choses de ce côté-là.
10:56 Et puis alors,
10:58 excusez-moi, je suis un peu long, mais il y a eu deux épisodes
11:00 qui me font gamberger. Le premier, c'est
11:02 ces étoiles bleues, vous savez, qu'on a vues.
11:04 Bon, alors au bout d'un moment, on ne sait pas
11:06 trop qui c'est, sinon que ce sont des Moldaves qui
11:08 auraient été payés par des Russes, paraît-il.
11:10 Bizarre. Et puis, cette affaire
11:12 de Lyon, c'est
11:14 pareil. Finalement...
11:16 - On ne sait pas trop. - On ne sait pas trop.
11:18 Donc je pense que ça libère aussi,
11:20 le climat actuel libère aussi des...
11:22 des comportements
11:24 qui viennent d'un peu n'importe où, pour le dire.
11:26 - Oui. Il est 9h44, on va observer
11:28 une petite pause, ensuite nous allons
11:30 revenir sur vos ouvrages respectifs.
11:32 Plantu,
11:34 Marianne,
11:36 ne vois-tu rien venir aux éditions
11:38 Kalmanevi ? Pourquoi ce titre ?
11:40 Vous allez me dire, Plantu, pourquoi ce titre ?
11:42 Et puis Michel
11:44 et Yvier Viorca qui
11:46 va nous parler de l'humour juif.
11:48 - Oui.
11:50 - Et j'espère que vous allez nous raconter une blague.
11:52 - Oh, si vous insistez.
11:54 - Je les ai imprimées.
11:56 Je les adore trop.
11:58 Toutes les blagues qui sont dans son livre.
12:00 - Comment refuser quoi que ce soit, Plantu.
12:02 - Bon, allez, à tout de suite, 9h44.
12:04 - Vérissure, le numéro 1
12:06 des alarmes en France. Rendez-vous sur
12:08 verissure.fr pour votre demande de vie
12:10 gratuite. Vérissure présente...
12:12 - Sud Radio, parlons
12:14 vrai chez Bourdin. 9h10,
12:16 Jean-Jacques Bourdin. - Nos invités,
12:18 Michel Vierviorca qui est sociologue,
12:20 vous le savez, auteur de "La dernière histoire juive",
12:22 "Âge d'or et déclin de l'humour juif"
12:24 aux éditions de Noël. Et Plantu,
12:26 caricaturiste, dessinateur de presse
12:28 bien sûr, auteur de "Marianne, ne vois-tu
12:30 rien venir". L'humour,
12:32 vous réunit. L'humour
12:34 vous réunit. Cet humour juif,
12:36 dites-moi
12:38 Michel Vierviorca,
12:40 qui a besoin qu'on
12:42 comprenne, qui a besoin, vous disiez
12:44 pendant la pub, de bienveillance.
12:46 Pourquoi ? - Parce que
12:48 on peut faire de l'humour, on peut raconter
12:50 je vais le dire comme ça, des histoires juives
12:52 qui seront antisémites,
12:54 tout simplement. Des histoires qui montrent
12:56 que les juifs sont radins,
12:58 qu'ils aiment le pouvoir occulte, qu'ils manipulent,
13:00 que sais-je. - Vous avez d'autres histoires ?
13:02 - Oh, vous en voulez une ? - Allez, allez !
13:04 - Je vais rendre hommage à ma maman, je vais vous raconter
13:06 une histoire de mère juive. - Oui. - Parce que
13:08 les histoires de mère juive, elles sont apparues
13:10 en réalité récemment, aux Etats-Unis
13:12 dans les années 60, 70,
13:14 c'est intéressant, c'était le choc
13:16 d'un vieux monde et
13:18 des mouvements féministes et tout ça. Et la mère juive
13:20 apparaît dans ce contexte, alors voilà
13:22 l'histoire que je vous raconte pour rendre hommage à ma mère.
13:24 C'est un garçon
13:26 qui hésite entre deux
13:28 femmes pour se marier.
13:30 Et il appelle sa mère et dit "écoute maman, reçois
13:32 ces deux filles toutes les deux et puis dis-moi
13:34 laquelle, dis-moi laquelle."
13:36 Alors il envoie d'abord la blonde, puis ensuite
13:38 la brune à sa maman.
13:40 Et...
13:42 la mère l'appelle aussitôt après.
13:44 "Mon fils, épouse la blonde."
13:46 "Maman, déjà tu sais." "Oui, oui, je sais, je sais."
13:48 "Mais comment tu sais ?" "Je la déteste
13:50 déjà."
13:52 Ma mère n'est pas du tout comme ça, évidemment.
13:54 - Moi j'adore. - Oui.
13:56 - Vous avez relevé d'ailleurs deux, trois histoires dans le livre
13:58 de Michel Vieviorca,
14:00 "Planté". - Je les ai toutes imprimées parce que
14:02 j'ai envie de les apprendre par coeur.
14:04 J'en connaissais quelques-unes, mais il y en avait
14:06 il y en a qui sont vraiment trop drôles.
14:08 Et puis ça fait du bien.
14:10 Vraiment de rire. Et alors
14:12 un détail, quand vous dites la bienveillance,
14:14 vous avez tout à fait raison. Racontez les blagues,
14:16 il faut qu'il y ait un auditoire
14:18 avec de la bienveillance. Et il faut savoir
14:20 qui porte la parole.
14:22 Parce qu'il y a des blagues, si vous
14:24 prenez une de vos blagues et que vous les imprimez
14:26 dans un journal d'extrême-droite
14:28 ou autre,
14:30 elles disent autre chose. Donc, il faut
14:32 savoir où on met les pieds. - Oui, alors,
14:34 ce qui s'est passé, c'est que pendant
14:36 une trentaine d'années à peu près,
14:38 il y avait de la bienveillance. Pour plein
14:40 de raisons que j'ai essayé d'élucider au fur et à mesure
14:42 que je rentrais dans ces histoires.
14:44 Il y a eu d'abord, dans les années 60,
14:46 la prise de conscience de ce qu'avait été la destruction
14:48 des juifs par les nazis.
14:50 Ça ne date pas de l'après-guerre immédiate, la vraie
14:52 prise de conscience. Elle est venue 20 ans, 25 ans.
14:54 - Oui, dans les années 60, oui. - Voilà, donc,
14:56 une sidération, et évidemment, ça crée
14:58 de la bienveillance, de la compassion.
15:00 Il y avait ensuite une image positive,
15:02 c'est terrible de dire ça aujourd'hui, une image très
15:04 positive d'Israël. Pays où on
15:06 fait pousser des fruits dans le désert,
15:08 où qu'a gagné David
15:10 contre Goliath la guerre des Six Jours.
15:12 Et puis, troisièmement, il y avait une inventivité
15:14 culturelle, artistique, littéraire.
15:16 Si je vous dis Woody Allen,
15:18 pour prendre un exemple, et donc, il y avait des
15:20 choses, ou je dirais même Rabi Jacob.
15:22 Il y avait des choses qui
15:24 touchaient un public non-juif,
15:26 autant qu'un public juif. C'est rare
15:28 qu'un groupe produise
15:30 des histoires sur lui-même
15:32 qui sont des histoires dans lesquelles il se
15:34 moque un peu de lui, gentiment,
15:36 et qui en même temps touche un public
15:38 qui n'appartient pas à ce groupe.
15:40 - Aujourd'hui, on peut raconter
15:42 des histoires juives, c'est difficile.
15:44 Est-ce qu'on peut dessiner aujourd'hui ?
15:46 Est-ce qu'on peut... On se modère
15:48 sur le dessin, aujourd'hui, compte tenu
15:50 de la situation internationale ? - Un jour, j'ai fait
15:52 un dessin, vous savez, l'équipe
15:54 de l'OL de Lyon
15:56 a été attaquée à Marseille.
15:58 Et je fais un dessin de l'autocar qui est
16:00 attaqué avec les vitres brisées.
16:02 Et il y a un des footballeurs de Lyon
16:04 qui dit "Heureusement qu'on n'est pas juifs, qu'est-ce que ce serait
16:06 si on était juifs ?"
16:08 C'est casse-gueule. - C'est casse-gueule ?
16:10 - Mais je trouve que ça,
16:12 pour moi, ça résume un peu
16:14 l'ambiance qu'il y a aujourd'hui.
16:16 Donc bon, là, c'est l'OL, c'est l'autre,
16:18 déjà l'autre, et ça c'est très français,
16:20 l'autre est déjà à priori un imbécile,
16:22 mais l'autre, footballeur,
16:24 et en plus si on rajoute que c'est un juif, alors là, ça devient
16:26 une... Et je pense qu'on est
16:28 sur cette corde
16:30 fragile où on peut
16:32 basculer très vite. - Mais même Charlie Hebdo,
16:34 on en parlait tout à l'heure, même Charlie Hebdo
16:36 qui va très loin dans ses dessins,
16:38 est obligé de se modérer aujourd'hui ?
16:40 Les dessinateurs sont obligés, vous ?
16:42 - Moi je connais tous les dessinateurs de la planète.
16:44 Je les connaissais tous, et je ne connais pas
16:46 un dessinateur qui me dise, à moi,
16:48 parce que des fois à l'antenne, ils peuvent dire "moi je dessine
16:50 tout ce qui me passe par la tête, c'est pas vrai"
16:52 et après ils me parlent et ils me disent "non,
16:54 ça, non, je ne vais pas le faire".
16:56 Et d'ailleurs, il y a un
16:58 grand dessinateur de Charlie Hebdo que j'adore,
17:00 que j'admire, qui s'appelle Wülmann,
17:02 il faisait avant des dessins sur
17:04 la Shoah, il y a
17:06 30 ans, dans un livre qui s'appelait "Hitler = SS",
17:08 évidemment que c'est inimaginable
17:10 aujourd'hui. - Oui, Michel Widerker.
17:12 - Oui, mais écoutez, on ne peut pas rire de tout
17:14 à tout moment, et devant tous les publics.
17:16 - Avec la phrase de
17:18 Pierre Despreuves, "on ne peut pas rire de tout
17:20 et avec n'importe qui". - Voilà, et
17:22 n'importe quand aussi. - Et n'importe quand.
17:24 - Bah écoutez, vous n'avez pas raconté des blagues le jour où vous apprenez
17:26 que 1 400 civils ont été
17:28 tués, égorgés, violés, etc.
17:30 Non. Par contre, l'humour,
17:32 c'est ce qui permet de prendre de la
17:34 distance. C'est aussi ça.
17:36 Alors, moi j'aurais rêvé
17:38 d'être caricaturiste, mais le caricaturiste, c'est celui qui
17:40 condense comme ça. - Et alors
17:42 l'humour juif, parce que les juifs avaient besoin
17:44 de prendre de la distance ? - Alors, les juifs ont
17:46 toujours eu... Moi je traite de ce qu'on
17:48 appelle les histoires juives, c'est-à-dire
17:50 des années 60, mais
17:52 il y a toujours eu de l'humour juif.
17:54 Si vous lisez le Talmud, ce que je n'ai pas
17:56 fait, mais j'ai lu des gens qui en parlent,
17:58 il y a toujours eu de l'humour,
18:00 et dans les communautés juives
18:02 populaires, il y a toujours eu de l'humour.
18:04 Je crois même, alors là on rentre dans des choses un peu
18:06 sociologiques, qu'il y a plus d'humour
18:08 par le bas que par le haut.
18:10 Par le monde populaire que par les
18:12 élites plus intégrées,
18:14 plus assimilées. - Mais d'ailleurs, ça a été
18:16 vu dans
18:18 de nombreux films.
18:20 - Bien sûr. - De nombreux films où
18:22 on met en avant cet humour juif
18:24 qui nous a fait tant rire. - Vous parlez dans votre livre
18:26 de Mande-Rabbi Jacob,
18:28 il y a aussi un truc casse-gueule
18:30 dans OSS 117,
18:32 Rio ne répond plus, où
18:34 il y a OSS 117
18:36 qui avec une agent
18:38 des services secrets
18:40 israéliens,
18:42 elle dit "oui on vient chercher des..."
18:44 parce qu'on vient chercher
18:46 des gens qui ont fait des horreurs, des allemands
18:48 pendant la Shoah, et OSS 117
18:50 qui dit "ah ouais, ouais, la Shoah, ouais,
18:52 ah ouais, toute cette histoire".
18:54 Et la fille israélienne le regarde d'un air de dire
18:56 "et quand j'ai vu le film, quand c'est sorti,
18:58 il n'y a pas si longtemps, il y a dix ans,
19:00 je me suis dit "oh là, moi j'adore ce genre
19:02 de blague, casse-gueule".
19:04 On est...
19:06 c'est vraiment, j'en parlais avec le réalisateur,
19:08 il disait "mais bon, vous êtes juif,
19:10 vous pouvez sortir ce genre de blague".
19:12 Moi, j'aurais pas osé,
19:14 et j'aime discuter,
19:16 et comme j'aime parler avec mes copains
19:18 même musulmans, quand ils font
19:20 des blagues, les dessinateurs danois
19:22 qui avaient fait en 2006 les fameux dessins
19:24 sur Mahomet à Copenhague,
19:26 il y a un des douze dessinateurs,
19:28 il raconte une blague qui est une blague
19:30 égyptienne, avec un
19:32 djihadiste qui a ses bâtons de dynamite
19:34 autour de la taille, il arrive et il y a Allah
19:36 qui le reçoit au ciel, qui dit
19:38 "excuse-moi mais j'ai plus de stock de vierge".
19:40 Bon, ben ça c'est une blague
19:42 des musulmans, qui fait rire,
19:44 et quand c'est un danois qui le raconte, là ça
19:46 fait plus rire. - Pourquoi, dernière question
19:48 Michel Dieworka, pourquoi
19:50 vous dites "nous vivons le
19:52 dépérissement de
19:54 l'humour juif". - Écoutez,
19:56 je vais vous le dire très simplement,
19:58 cet humour-là dont je vous ai parlé,
20:00 c'est un qui appelle la bienveillance.
20:02 Il n'y a plus l'inventivité culturelle,
20:04 l'image de la Shoah s'est beaucoup
20:06 transformée et les nouvelles générations, et c'est un peu
20:08 ce que dit Plantu, les nouvelles générations
20:10 souvent sont très loin
20:12 de ce qu'ils auraient pu apprendre avant.
20:14 Mais, il n'y a plus de témoins, etc.
20:16 Et troisièmement, l'image d'Israël s'est
20:18 énormément ternie. Donc,
20:20 si vous voulez mon livre, il s'arrête,
20:22 j'ai envie de dire tristement à Gaza, c'est-à-dire
20:24 que je voyais déjà
20:26 se rétrécir cet espace
20:28 où il y avait de la place.
20:30 Écoutez, aujourd'hui, quel est le producteur
20:32 de films qui irait faire
20:34 Popek dans Abiy Jacob
20:36 ou des films comme ça ? - Je crois
20:38 quand même encore oui. - J'aimerais.
20:40 - J'ai un ami qui est producteur chez Gaumont,
20:42 il dit qu'on ne pourrait peut-être pas le faire.
20:44 Moi, je crois qu'on peut le faire encore, mais c'est
20:46 hyper casse-gueule. - Merci messieurs.
20:48 - Juste une chose, dans le livre
20:50 que vous avez,
20:52 quand je dis que Marianne ne voit plus rien venir,
20:54 il y a des pages sur la montée de l'antisémitisme
20:56 avec la présidente
20:58 de l'Assemblée nationale qui a subi
21:00 des attaques antisémites, et ça c'est très
21:02 important. - Pourquoi est-ce que Marianne...
21:04 - Parce qu'il y a un moment, elle regarde,
21:06 je le vois dans la préface,
21:08 elle se regarde dans un miroir, et qu'est-ce qu'elle y voit ?
21:10 Le visage de Marine Le Pen.
21:12 Et je le vois gros comme une maison.
21:14 Et Marianne, elle a quand même compris
21:16 qu'on allait passer par la case
21:18 Marine Le Pen. - Vous le pensez ?
21:20 - Oui. - Vous le pensez, Michel Vieira ?
21:22 - Je le crains. - Merci messieurs.
21:24 9h57,
21:26 merci d'être venu nous voir ce matin.
21:28 Je rappelle vos livres, "Michel Vieira,
21:30 la dernière histoire juive", "Âge d'or et déclin
21:32 de mur juif", et "L'année de plantu
21:34 2023", Marianne,
21:36 ne vois-tu rien venir ?
21:38 Il est 9h58, allez,
21:40 Valérie Rexpert et Gilles Ganzemann vont recevoir
21:42 le chef Dany Cesar, qui est finaliste
21:44 de la dernière saison de Top Chef.
21:46 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin,
21:50 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
21:52 Avec Vérissure,
21:54 le numéro 1 des alarmes en France.
21:56 Rendez-vous sur verissure.fr
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