Harcèlement Scolaire : des parents portent plainte contre TikTok après le suicide de leur fille

Sud Radio

19/09/2023

Avec Justine Atlan, Directrice générale d'Association e-Enfance, association reconnue d'utilité publique de protection de l'enfance sur Internet depuis 2005

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_A_LA_UNE-2023-09-19##

Catégorie

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:00 7h12 sur Sud Radio, Marie avait 15 ans.

00:02 Elle avait publié quelques semaines avant de mettre fin à ses jours, en septembre 2021,

00:09 une vidéo sur le réseau social TikTok, dans laquelle elle parlait du harcèlement qu'elle subissait.

00:16 C'est donc une première, ses parents ont décidé de porter plainte contre TikTok après le suicide de leur fille.

00:21 Nous sommes avec Justine Atlan, qui est directrice générale de l'association e-Enfance,

00:26 une association qui lutte et qui travaille sur la protection de l'enfant sur Internet depuis plus d'une quinzaine d'années.

00:33 Bonjour Justine Atlan.

00:35 Bonjour.

00:36 Dans le cas précis sur TikTok, est-ce que TikTok, on peut le distinguer des autres réseaux sociaux,

00:43 sur la dangerosité de ce réseau ?

00:48 En réalité, TikTok nous montre un peu les limites des réseaux sociaux,

00:53 c'est un peu l'exemple parfait, c'est le meilleur dans son genre,

00:57 c'est-à-dire qu'il est le plus performant dans ce que les réseaux sociaux ont comme modèle,

01:01 et du coup, ça nous fait toucher du doigt la dangerosité éventuelle,

01:05 notamment de la puissance de leurs algorithmes, qui nous gardent chez eux le plus longtemps possible,

01:11 et je dirais à tout prix, puisque c'est ça dont il s'agit dans l'affaire de Marie,

01:15 c'est ce fameux enfermement algorithmique qui peut être extrêmement toxique pour la santé mentale des plus vulnérables.

01:20 - Alors comment faire avec ces ados qui vont sur l'ensemble de ces réseaux sociaux, y compris TikTok,

01:27 et ont du mal à en sortir, Justine Atlan ?

01:30 - C'est vrai que c'est fait pour, ce sont des adultes extrêmement performants,

01:33 qui connaissent le cerveau humain et la psychologie humaine mieux que personne,

01:38 et qui utilisent nos fragilités et nos faiblesses pour nous garder chez eux le plus longtemps possible à tout prix.

01:43 Donc c'est vrai qu'il ne faut pas surestimer les capacités d'un adolescent

01:46 qui est un être en construction dont le cerveau n'est pas terminé,

01:49 et qui est très sensible à toutes ces sollicitations,

01:52 on ne peut pas lui demander tout seul de s'autodiscipliner.

01:54 Donc effectivement, tant que les réseaux sociaux ne mettent pas tous les moyens pour déjà faire respecter leurs règles,

02:00 c'est-à-dire empêcher les moins de 13 ans d'être chez eux,

02:02 et puis embarquer un peu les parents dans un accord parental avant 15 ans,

02:06 il faut que les parents s'y mettent, s'y collent,

02:08 et effectivement assument de ne pas laisser leurs enfants aller tout seuls,

02:13 s'inscrire tout seuls sur ces plateformes,

02:15 les accompagnent, leur expliquent comment ça fonctionne,

02:17 et puis ensuite les laissent y aller à partir de 13 ans ou 15 ans tout seuls.

02:21 - Et est-ce qu'il pourrait y avoir, Justine Attan, sur ces réseaux sociaux aussi,

02:24 des vigies, des contrôles pour détecter les harceleurs ?

02:30 - Alors c'est une des raisons déjà pour lesquelles il faut que les parents

02:33 donnent l'âge réel de leur enfant quand ils s'inscrivent sur ce type de plateforme comme TikTok.

02:37 Est-ce qu'il faut reconnaître que TikTok, comme d'autres,

02:39 ont mis en place ce qu'ils appellent des contrôles parentaux intégrés dans TikTok,

02:42 qui effectivement limitent beaucoup de fonctionnalités,

02:45 de temps, de relations avec les autres, de rencontres, etc.,

02:48 de commentaires, de posts de vidéos, tout ça.

02:51 Mais il faut que vous donniez votre âge pour que TikTok vous reconnaisse

02:53 comme ayant moins de 18 ans et vous propose ces fonctionnalités

02:56 qui sont objectivement assez efficaces et qui peuvent être utiles.

02:59 Donc vraiment, vraiment ne pas mentir sur l'âge pour profiter de tout ça.

03:02 Après, évidemment, il y a des efforts à demander aux réseaux sociaux comme TikTok

03:05 pour investir davantage de l'argent et des moyens humains, déjà, tout simplement,

03:09 pour effectivement avoir une modération beaucoup plus systématique,

03:12 plus efficace et envoyer des signes très forts sur le fait qu'ils ne tolèrent pas

03:16 un certain nombre de comportements sur les réseaux,

03:17 voire qu'ils bannissent des comptes, qu'ils ne respectent pas leurs règles,

03:20 ce qu'ils ne font pas systématiquement.

03:21 Ils sont encore très opaques sur leurs fonctionnalités

03:24 et c'est très dérangeant à cet égard, effectivement.

03:26 - Est-ce qu'il y a des exemples sur les réseaux sociaux

03:29 que l'on pourrait suivre ?

03:31 Certains réseaux sociaux qui ont réussi à mettre en place des choses,

03:35 des moyens de contrôle, ou alors peut-être des pays ?

03:38 Parce qu'il y en a, ils vont carrément, c'est-à-dire ils interdisent, ils bannissent.

03:43 Là, c'est la liberté d'expression, évidemment, qui est en cause, la liberté, bien sûr.

03:47 - Oui, c'est très grave.

03:48 - Mais comment trouver le juste milieu, quoi ?

03:50 - C'est vrai que les réseaux sociaux, évidemment, là, on flèche effectivement leurs défauts.

03:56 Maintenant, c'est vrai qu'évidemment, il y a beaucoup d'avantages

03:58 si on n'y passerait pas autant de temps.

04:00 Et même pour les adolescents, c'est aussi des lieux où ils peuvent trouver de l'information,

04:03 échanger sur effectivement les questions liées à leur âge

04:06 et qu'ils ne trouvent pas toujours dans leur famille, auprès de leurs parents.

04:08 Donc, il ne s'agit pas de les couper de ces réseaux,

04:10 il s'agit de leur offrir des réseaux adaptés à leur âge.

04:12 Un enfant, il ne profite pas de la même chose qu'un adulte dans plein de sphères de la vie.

04:16 Et là-dessus, c'est pareil.

04:17 Donc, il y a un vrai enjeu en réalité aujourd'hui

04:19 de pouvoir vérifier l'âge des jeunes sur Internet

04:22 et de leur offrir des fonctionnalités qui sont adaptées

04:25 et qu'ensuite, ils évoluent selon leur âge

04:26 et que petit à petit, ils arrivent au réseau social des adultes,

04:29 mais qui n'est pas à 8 ans le même réseau social que des adultes.

04:32 C'est ça le problème aujourd'hui.

04:33 Après, il n'y a pas de miracle à part la chimie que vous n'avez pas mentionné.

04:36 Je vous y pensez très fort.

04:37 - Bien sûr.

04:38 - Voilà, mais qui n'est pas un modèle pour nous de démocratie.

04:41 Ce n'est pas si évident que ça.

04:44 Mais encore une fois, si déjà au moins,

04:45 on reconnaissait les mineurs sur Internet

04:48 et qu'on leur offrait des services adaptés à leur âge,

04:50 ce serait déjà un énorme progrès.

04:51 - Oui, c'est ça.

04:52 Alors, la plainte contre TikTok,

04:54 qu'est-ce que ça peut donner sur un plan juridique ?

04:57 Est-ce qu'il y a déjà eu...

04:58 C'est une première en France,

04:59 il y a peut-être eu des premières ailleurs, dans d'autres pays ?

05:01 - Il y a eu effectivement, d'ailleurs,

05:02 je pense que les avocats de la famille de Marie

05:05 en profitent du précédent qu'il y a eu en Angleterre.

05:07 Il y a l'histoire de la jeune Molly,

05:08 qui effectivement s'était suicidée

05:10 après une consultation très forte d'Instagram

05:12 et son père avait porté plainte.

05:14 Et la justice anglaise avait reconnu une part de responsabilité,

05:17 bien évidemment pas toute la responsabilité,

05:18 mais une part de responsabilité du réseau social Instagram

05:21 qui avait de la même façon enfermé la jeune fille

05:24 dans des contenus toxiques pour sa santé mentale.

05:27 Donc on peut espérer peut-être qu'en France ce sera le cas,

05:29 mais c'est vrai que c'est compliqué

05:30 parce que d'abord il faut trouver un lien direct

05:33 entre le suicide et ses agissements en ligne.

05:35 Et puis on parle d'un algorithme,

05:37 alors qui est responsable derrière ?

05:38 Voilà, de quelle façon ?

05:40 Donc ça pose aussi des questions plus larges

05:41 sur les intelligences artificielles.

05:43 Voilà, quelle est sa part de responsabilité ?

05:45 - Oui. Merci beaucoup Justine Atlan.

05:48 Donc vous appelez aussi à la responsabilité des parents,

05:50 ce que vous avez dit,

05:51 de bien surveiller leurs ados et leurs téléphones

05:54 et les réseaux sociaux.

05:56 D'ailleurs, si vous avez des questions à poser,

05:58 vous pouvez vous tourner vers l'association e-enfance.

06:01 Vous pouvez entrer en contact sur internet avec elle,

06:05 bien sûr, pour avoir certains conseils.

06:07 Merci Justine Atlan d'avoir été avec nous ce matin,

06:10 en direct sur Sud Radio.

Recommandations