Elle se bat avec la justice pour protéger sa petite soeur

  • l’année dernière
Charlotte vivait avec sa mère, son beau-père et sa petite soeur, mais la découverte des infidélités et de contenus pornographiques de son beau-père a déclenché une série de traumatismes pour la famille. Les deux filles, alors mineures au moment des faits, ont subi des violences et des traumatismes, signalés par un pédiatre.

La loi obligeant la mère de Charlotte à remettre sa petite soeur à son père, elles se battent aujourd'hui pour protéger cette enfant de son propre père, en espérant que la loi accepte enfin qu'elle vive loin de lui. C'est une véritable bataille contre un système judiciaire violent dont Charlotte est venue parler.

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Transcript
00:00 Je suis venue parler de ma petite sœur, de son histoire, de ce qu'elle a traversé,
00:03 de ce qu'elle traverse encore chez son père.
00:05 Le sujet, c'était le fait que ma petite sœur a subi et subit certainement encore
00:09 des atouements de la part de son père, de l'exhibition également.
00:13 Les premiers éléments déclencheurs de ce cauchemar, ça a été le fait qu'il vienne
00:19 habiter à plein temps chez nous.
00:20 Elle a trouvé qu'il changeait, qu'il n'était plus lui-même, qu'il était très dans le
00:25 mensonge, mais sur des choses qui étaient vraiment anodines.
00:28 Ma mère est tombée enceinte en 2015 de ma petite sœur.
00:31 C'était un père en façade qui jouait avec sa fille.
00:34 Par contre, ma petite sœur, j'ai toujours vu quand j'y étais, elle ne voulait pas que
00:38 son père lui donne le bain, elle ne voulait pas que son père l'emmène aux toilettes,
00:41 ni qu'il l'habille.
00:42 Tout ce qui se rapprochait au niveau du corps, de l'intime, elle ne voulait pas que ce soit
00:45 son père.
00:46 Aujourd'hui, c'est tout un puzzle qu'on reconstitue, tout corrobore.
00:50 C'était le 23 avril 2019 qu'on a tout découvert.
00:53 Ma mère avait retrouvé un ancien téléphone dans le garage qui appartenait à mon ex-beau-père.
00:57 On a regardé, mais de manière complètement anodine.
01:00 Je voyais qu'il y avait Skype qui n'avait pas été désinstallé.
01:03 J'ai été dessus.
01:04 Je vois une adresse mail qui est un peu bizarre, avec un pseudonyme qu'on a retrouvé après
01:08 sur Internet.
01:09 Il fallait mettre un mot de passe.
01:10 Ma maman m'a dit de mettre ce mot de passe-là.
01:12 C'est un mot de passe qu'ils utilisent pour les impôts, etc.
01:15 Je tape le mot de passe, bingo, l'application s'ouvre.
01:17 Là, on est tombé sur des centaines et des centaines de conversations avec des hommes.
01:22 Je regarde et je vois des conversations qui ne sont portées que sur le sexe.
01:26 Avec des photos de mon ex-beau-père nu.
01:28 Il y avait des vidéos également où il se masturbe.
01:32 Il y a des photos de lui où il est en erreur.
01:34 Dans la maison, dans la cuisine, dans les chambres des enfants, dans le salon, dans
01:38 les toilettes, dans la salle de bain, partout, dans toute la maison.
01:40 Et ma mère, je lui dis « Attends, regarde, c'est lui ».
01:42 Je reconnais sa main et l'alliance.
01:45 Ma mère m'a dit « Mais non, ce n'est pas possible, ça ne peut pas être lui ».
01:47 Elle regarde et fait « Si, c'est lui ».
01:49 Du coup, j'ai remonté toutes les conversations.
01:51 Sur Skype, il y en a qui ont été supprimées.
01:53 Je ne pouvais pas les ouvrir, les conversations, mais je suis remontée à 2016-2015.
01:57 Les dernières discussions qui dataient de 2015-2016, ce sont des conversations qui ont
02:02 porté sur moi.
02:03 Dans ces conversations-là, on voit qu'il y a des photos de mes culottes.
02:07 Il dit « J'aime aller dans la linge sale de ma belle-fille, elle m'enlève bien ».
02:11 On voit la photo de mes culottes.
02:13 Il dit qu'il y a une description physique sur moi qui est sexuelle.
02:16 En plus, j'étais mineure.
02:17 On se rend compte que les hommes avec qui il échange font la même chose dans leur
02:21 domicile avec leurs enfants ou leurs belles-filles dans les familles recomposées.
02:26 Tout est devenu clair.
02:27 Je me suis dit « Tout ce que j'ai pu ressentir, tout ce que j'ai pu avoir comme question
02:31 dans ma tête, tout est là ». Toutes les explications sont sur ce téléphone.
02:35 Ce mec est malade.
02:36 On se sent salie, on se sent un peu insultée malgré tout.
02:40 Je me suis dit « On a vécu avec ce monstre pendant plein d'années.
02:44 Il était là avec nous.
02:45 On mangeait avec lui.
02:47 » Et on se dit « À aucun moment, on n'a remarqué quoi que ce soit ».
02:51 On a directement pensé à ma petite sœur parce qu'en fait dans les échanges, on
02:54 voit qu'il a reçu du monde chez nous.
02:56 Moi et ma maman, on avait l'habitude d'aller sur Paris parce qu'on était des anciennes
03:01 parisiennes et on faisait des week-ends toutes les deux.
03:04 On s'est dit « Mais Valentine, quand on n'était pas là, c'est lui qui la gardait.
03:08 Il se passait quoi ? »
03:09 Dans les échanges, on a regardé toutes les dates.
03:12 On a regardé dans nos galeries photo les dates où on était sur Paris.
03:15 Il s'est passé des choses pendant que nous, on était à Paris, que ma sœur était avec
03:20 lui.
03:21 Moi, ma mère, quand on a découvert tout ça, elle en a vomi véritablement.
03:23 Elle a vomi.
03:24 On a filé au commissariat pour déposer plainte pour mes culottes parce qu'on avait ces
03:28 éléments-là qui étaient là.
03:30 Et au commissariat, on nous a dit « Ce sera une main courante parce qu'en fait, on
03:32 ne peut pas prouver exactement que c'est lui ».
03:34 C'était le 23 avril 2019 et toute la journée, j'ai dit à ma mère « Ne lui écris pas.
03:40 Il faut qu'il rentre ce soir à la maison.
03:42 Il faut qu'on ait ses aveux.
03:43 » Du coup, j'avais dit à ma mère « Tu prends mon téléphone, tu l'enregistres
03:46 et tu lui dis tout ce que tu sais.
03:48 » C'est ce qu'elle a fait.
03:49 Donc, on a un enregistrement où il avoue tout concernant sa double vie parce qu'au-delà
03:53 de mes culottes, on a découvert aussi que c'était quelqu'un qui s'apprêtait à
03:56 l'échangisme, au libertinage.
03:58 Il se faisait faire des fellations sur les aires d'autoroutes.
04:00 Et au final, on a découvert que c'était plus ou moins quelqu'un qui était homosexuel
04:03 mais un homosexuel refoulé.
04:04 Il n'assumait pas d'être homosexuel.
04:05 Peu importe, il trompait ma mère.
04:07 Il ne se protégeait pas.
04:09 Il écrit noir sur blanc dans les conversations sur Skype.
04:11 Il ne se protège pas.
04:12 Donc, ma mère est passée par une batterie d'examens pour le sida, etc.
04:15 Et heureusement, elle n'a rien eu.
04:17 Mais pendant des années, elle a eu des infections urinaires.
04:19 Elle ne comprenait pas.
04:20 On a eu la réponse aussi avec ça.
04:22 Il parle aussi également de sa vie avec son ex-femme de l'époque avec qui il a eu deux
04:26 enfants, deux garçons.
04:27 Et il dit qu'avec cette femme-là, il faisait des plans à plusieurs avec des amis, qu'ils
04:32 utilisaient des légumes, des fruits, enfin bref, des choses que ma mère ignorait totalement.
04:37 Et si ma mère avait su ça, jamais, mais jamais, elle ne se serait mariée et encore
04:40 moins, elle n'aurait fait un enfant.
04:42 Et du coup, ma mère, elle a vraiment découvert un autre homme quand on a vu tout ça.
04:48 Il a également assumé tout ça devant le juge en justifiant que c'était une simple
04:52 connerie de sa part.
04:54 A priori, aujourd'hui, d'aller dans les culottes de sa belle-fille, d'avoir des propos sexuels
04:57 pédophiles, au final, parce que j'étais mineure, c'est une simple connerie.
05:00 Donc, on les excuse comme ça, ces gens-là.
05:02 Et du coup, ma petite sœur, on n'a pas voulu lui en parler.
05:05 Son père est parti le soir.
05:06 Et au bout de quelques jours, ma sœur s'est un peu confiée parce que ma mère lui posait
05:10 des questions, "Mais pourquoi tu ne veux pas que papa t'emmène au bain, etc. ?"
05:13 Parce que ma mère, du coup, ne posait pas forcément ce genre de questions à l'époque.
05:16 Et ma sœur nous a révélé le pire.
05:18 Elle nous a dit que son papa jouait avec son zizi devant elle, que son papa lui faisait
05:23 des guillis aux fesses.
05:24 Et en fait, quand elle nous a dit ça, ma mère s'est effondrée, vraiment effondrée.
05:30 Et moi, j'ai essayé de creuser, mais je lui ai dit, "Mais attends, son zizi ressemble
05:33 à quoi ?" Parce que je me suis dit, "Ce n'est pas possible.
05:35 Il ne peut pas..."
05:36 Là, on est dans une dimension parallèle.
05:39 Et là, elle nous a dit, "Ça ressemble à une carotte."
05:42 Et en fait, quand elle nous a dit ça, je me suis dit, "OK, à 3 ans et demi, on ne
05:46 peut pas inventer des propos comme ça.
05:48 On ne peut pas...
05:49 Tant de précisions, ce n'est pas possible."
05:51 Et elle finit par nous dire que son doudou a peur, que son doudou a vu des gens tout
05:54 nus chez nous, que son papa a fait pipi sur son tapis blanc dans sa chambre.
05:58 Donc, il y a eu pas mal de précisions comme celle-ci.
06:01 Et donc, ma mère, elle est effondrée.
06:03 Elle a beaucoup pleuré.
06:04 Elle a perdu en tout une dizaine de kilos.
06:07 Je pense que c'est ce qu'elle me dit encore aujourd'hui.
06:10 Si je n'avais pas été là, elle ne se serait pas battue.
06:12 Elle serait partie.
06:13 Elle aurait mis fin à ses jours, clairement.
06:15 Les jours qui ont suivi cette confrontation, on n'a pas eu de nouvelles de lui pendant
06:19 près d'une ou deux semaines, je crois.
06:21 Et il a envoyé un SMS à ma mère pour lui demander des nouvelles de ma soeur et pour
06:25 lui dire qu'il l'embrassait fort.
06:27 Donc, ma mère ne lui a pas répondu.
06:29 Et il a essayé de prendre attache avec l'école.
06:32 Et l'école a prévenu ma maman parce que l'école était au courant.
06:35 Ma mère leur a expliqué tout ce qu'elle avait découvert.
06:37 Et la maîtresse de ma petite soeur, elle a dit que ma petite soeur avait un drôle de
06:44 comportement à l'école pendant les siestes.
06:46 C'est-à-dire que quand ma soeur, il la couchait, en fait, elle recroviait ses jambes.
06:51 Et en fait, elle poussait.
06:52 Elle se faisait transpirer.
06:54 Et elle poussait, elle devenait toute rouge.
06:56 Et ça, elle le faisait chez nous avant de se coucher.
06:58 Et à l'école, au moment de la sieste, la maîtresse racontait à ma maman qu'elle
07:06 faisait la même chose, mais qu'elle avait la main dans la culotte.
07:08 Et du coup, la maîtresse a dit que Valentine se masturbe.
07:11 Et il paraît qu'il y a des enfants qui font ça.
07:13 C'est plus ou moins pas trop normal, il paraît, de ce que j'ai compris.
07:17 Et le jour où mon ex-beau-père est parti de la maison, il paraît que ça s'est cessé.
07:21 Elle ne faisait plus ça à la sieste.
07:23 Et chez nous, je n'ai pas trop de souvenirs, mais je crois que ça avait vraiment diminué.
07:27 Donc il y a eu aussi ces éléments-là.
07:29 La maîtresse a été auditionnée par la brigade des mineurs.
07:32 Donc elle a raconté ça.
07:33 Donc ça, ça a été noté aussi noir sur blanc.
07:35 On a appris tout ça.
07:36 Ma mère a voulu faire des examens pour ma petite sœur.
07:39 Donc le pédiatre, au vu de tous les éléments, de tout ce qu'on lui a montré, il a fait
07:42 un signalement.
07:43 Il a recueilli aussi la parole de ma petite sœur, qui lui a redit exactement la même
07:46 chose qu'elle nous avait dit.
07:47 Et du coup, ma petite sœur a subi un examen pour voir si elle avait été violée.
07:51 Il n'y aurait pas eu de viol à proprement parler, mais des attouchements, une exhibition,
07:55 etc.
07:56 Malgré les screens qu'on avait me concernant par rapport à mes culottes, où j'ai déposé
08:01 plainte pour captation et diffusion d'images pédopornographiques, malgré le signalement
08:05 qui a été fait par le pédiatre concernant ma petite sœur pour ce qu'elle nous a révélé,
08:09 c'est-à-dire des attouchements de la part de son père et de l'exhibition, et malgré
08:12 les aveux de mon ex-beau-père me concernant, le juge a décidé que mon ex-beau-père aurait
08:17 un droit de visite et d'hébergement classique, à savoir un week-end sur deux, la moitié
08:20 des vacances.
08:21 Et ma mère, suite à cette décision, elle a fait appel.
08:24 Et jusqu'à l'audience d'appel, elle n'a pas remis ma sœur chez son père.
08:27 Et du coup, mon ex-beau-père a déposé plainte à chaque week-end, à chaque vacances, pour
08:33 non-présentation d'enfant.
08:34 Donc ma mère a eu un rappel à la loi.
08:36 Elle a eu des menaces aussi du juge, lui disant qu'on lui retirerait la garde si elle continuait,
08:41 qu'elle aurait une astreinte de 100 euros par jour pour non-représentation d'enfant.
08:44 Et donc ma mère n'a pas voulu jouer avec le feu parce que demain, on lui enlève la
08:48 garde, ma petite sœur est toute sa vie en fait chez ce bourreau, et c'est pas le but
08:52 de tout ça.
08:53 Et entre-temps, du coup, il y a l'enquête pénale qui a démarré.
08:56 Donc mon ex-beau-père a été placé deux fois en tout en garde à vue.
08:59 Il y a eu une perquisition chez lui de son matériel informatique, de son téléphone.
09:03 Et pendant cette perquisition-là, en fait, on a trouvé dans son téléphone des consultations
09:08 pornographiques de plein de sites.
09:10 Je crois même de sites un peu étrangers, pas très légaux.
09:15 Et on a retrouvé par contre une photo de moi.
09:17 Donc il n'y a pas ma tête.
09:18 Ma mère a été convoquée pour identifier cette photo.
09:20 Et c'est une photo de moi qui est prise en haut des cuisses, au niveau de là en fait,
09:24 où je suis en maillot de ventre en train de bronzer dans le jardin.
09:26 Et vraiment, la photo est sur mes parties en gros.
09:29 Ma mère a dû identifier cette photo-là.
09:31 Et en fait, cette photo a été retrouvée dans son téléphone à lui.
09:33 Et du coup, à la suite de la perquisition, de l'ouverture d'enquête pénale, à la
09:37 brigade des mineurs, il y a un officier de police qui a été incroyable pendant notre
09:41 procédure, qui a tout fait pour qu'on ait le maximum d'éléments.
09:45 Et elle s'est énormément battue, notamment pour qu'on ait une expertise du tapis de
09:50 chambre de ma petite sœur, puisqu'elle disait que son père urinait dessus.
09:52 Donc ça a été très compliqué déjà pour cet officier de faire les démarches pour
09:56 qu'il y ait une expertise scientifique.
09:57 Et donc on a heureusement obtenu cette expertise et on a retrouvé effectivement du sperme
10:02 dessus.
10:03 Et en fait, mon ex-beau-père a été rappelé en garde à vue.
10:07 Il a décidé de garder le silence et il a été placé sous statut de témoin assisté
10:11 par rapport à tout ça.
10:12 Mais en fait, on s'est rendu compte que le sperme ne lui appartenait pas.
10:15 Et du coup, ça corrobore avec le fait que ma petite sœur disait qu'il y avait quand
10:19 même des inconnus qui étaient tout nus chez nous.
10:22 C'était un tapis qui était dans sa chambre à elle ?
10:23 Ouais.
10:24 Quand ma mère a dû remettre ma petite sœur, en fait, elle n'avait pas le choix.
10:27 Donc lui, il est venu à notre domicile, il l'a attendu.
10:29 Et voilà, ma petite sœur a dû partir alors qu'elle ne voulait pas.
10:33 Elle pleurait, elle s'accrochait à ma mère.
10:34 Et lui, il l'a pris par le bras.
10:36 Et c'est comme ça, on peut rien faire en fait.
10:37 Un week-end sur deux, la moitié des vacances, on est en apnée en fait.
10:41 On vit sans vivre parce qu'on y pense.
10:43 On se dit, est-ce qu'il se passe des choses ? Est-ce qu'elle va nous le dire ?
10:47 Aujourd'hui, l'avantage, c'est qu'elle a 7 ans, elle est plus grande, elle peut mieux
10:51 s'exprimer, mieux se défendre.
10:53 Ma mère, du coup, suite à tout ça, elle lui a expliqué.
10:56 Tu te laves là, c'est toi toute seule.
10:58 Personne ne doit voir, personne ne doit toucher.
11:00 Ça, elle l'a intégré, ma petite sœur.
11:02 Mais bon, à 7 ans, à 10 ans, il y a même des adultes qui se font abuser.
11:06 Et puis la justice, même si un enfant parle, même si un adulte parle, la justice, il
11:11 n'y en a pas.
11:12 Il faut la protéger.
11:13 Par rapport à tout ça, ma maman a pris contact avec une psychologue là où on habite.
11:18 Ma petite sœur y a été pendant un certain moment.
11:21 Elle a dit à cette psychologue qu'elle aimerait qu'il y ait des caméras et que
11:24 la police voit ce qui se passe chez son père.
11:26 Donc la psychologue, avec tout ça, plus tous les éléments qu'elle avait sous la
11:30 main, a fait un signalement au 119.
11:32 Ils ont perdu le signalement dans l'administratif.
11:36 En fait, ce qu'il faut essayer d'imaginer, même si c'est compliqué, qu'on n'a jamais
11:40 vécu une procédure comme celle-ci, c'est qu'au début, on a toute l'espérance de
11:46 se dire que cet individu, avec tout ce qu'on a, il va être condamné par la justice, parce
11:50 qu'on a une super justice en France.
11:51 Voilà ce qu'on se dit.
11:52 Sauf qu'en fait, quand on met les pieds dedans, on se rend compte qu'on a une justice qui
11:55 est catastrophique et que malgré qu'on ait des preuves, des aveux, il ne se passe rien.
11:59 Parce qu'aujourd'hui, il n'y a plus de place en prison.
12:01 Donc les agresseurs ne vont pas en prison.
12:03 Et en plus de ça, pour avoir une condamnation, c'est très compliqué.
12:06 Parce qu'encore une fois, l'inceste, la pédophilie, ça reste tabou.
12:10 Et on met tout ça sous le tapis et on n'en parle pas.
12:13 Par rapport à ma petite sœur, s'il avait dû se passer quelque chose, ça aurait dû
12:16 se passer il y a longtemps.
12:17 Parce que maintenant, en fait, c'est trop tard.
12:19 L'officier de police de la brigade des mineurs nous avait dit au tout début, si votre fille,
12:24 donc elle s'adresse à ma mère, si votre fille retourne chez son père, c'est une enfant
12:28 perdue.
12:29 Donc ce n'est pas dix ans après qu'il faut faire une justice.
12:32 C'était au moment où elle a parlé.
12:35 Là aujourd'hui, elle s'est enfermée dans quelque chose où elle sait qu'elle n'a
12:40 pas le choix et qu'elle doit affronter les week-ends et les vacances.
12:45 Dans la tête de ma sœur, elle se rappelle très bien ce qui s'est passé, ce qu'elle
12:48 a subi par son père.
12:49 Ma petite sœur, elle a toujours dit qu'elle voulait que son père aille en prison et qu'il
12:52 meure aussi.
12:53 Voilà à sept ans, les paroles de ma petite sœur.
12:55 Elle a un peu une haine, enfin un peu, elle a une haine envers son père.
12:59 Par contre, c'est sûr que par rapport au juge, pour elle, le juge, il n'est pas forcément
13:03 très gentil puisque le juge ne la croit pas.
13:05 Voilà ce qu'elle dit.
13:06 De toute façon, le juge ne me croit pas alors que j'ai dit la vérité.
13:09 Ça, c'est ses mots.
13:10 Je me rends compte avec ce témoignage-là qu'il y a plein d'histoires qui sont similaires.
13:14 Il y a plein de gens qui vivent la même injustice et il ne se passe rien.
13:18 Malgré cette vidéo, au final, pour l'instant, il ne s'est encore rien passé et je n'ai
13:23 été contactée par personne.
13:24 J'ai écrit une pétition avec mesopinions.com pour justement interpeller Charlotte Cobell
13:29 qui n'a pas dénié répondre.
13:30 Elle a vu la vidéo, elle a été identifiée dans les commentaires par des milliers de
13:34 personnes.
13:35 Je n'ai jamais eu un message de sa part.
13:36 J'ai Carla Bruni qui m'a écrit sur Instagram, qui est indignée, qui ne comprend pas.
13:40 J'ai Elsa Wolinski, pareil, qui m'a écrit, choquée.
13:43 J'ai Mila Jasmin de la télé-réalité.
13:45 Ça a vraiment touché énormément de personnes.
13:47 J'ai le rappeur Rof aussi qui a partagé ça sur Twitter.
13:50 Il interpelle le gouvernement et il ne se passe rien, en fait.
13:53 Et en fait, on partage.
13:54 C'est bien, les gens sont sensibles à ça, mais derrière, le gouvernement, les gens
13:59 qui ont un petit peu plus de force, on va dire, pour prendre des décisions, mais ils
14:04 ne sont pas là.
14:05 Depuis cette vidéo, j'ai une plainte de mon ex-beau-père pour incitation au crime
14:08 et à la haine.
14:09 Ce n'est pas grave, ça monte juste encore une fois sa folie, jusqu'où elle va.
14:12 Ce n'est pas ça qui va m'arrêter, ce n'est pas ça qui va me faire peur.
14:15 Je suis déterminée, je ferai tout ce qu'il faut pour que ça bouge, pour que ma petite
14:18 sœur, elle, soit sauvée et pour que tous les enfants soient sauvés.
14:22 En fait, aujourd'hui, on voit souvent dans les médias, les journalistes parlent de
14:26 lois qui sont votées, notamment pour le retrait de l'autorité parentale.
14:31 En fait, le souci, ce n'est pas de créer des lois, c'est les juges, en fait, qui
14:34 doivent appliquer ces lois-là.
14:35 Et là, aujourd'hui, elles ne sont pas appliquées.
14:36 Quand on a une enquête pénale pour attouchement, pour agression sexuelle, c'est surtout la
14:41 garde qui devrait être enlevée.
14:42 Et ensuite, oui, pourquoi pas l'autorité parentale, mais c'est surtout la garde,
14:45 le droit de visiter d'hébergement.
14:46 Qu'est-ce que tu attendrais de cette justice, toi ?
14:48 Aujourd'hui, je n'attends rien du tout de la justice parce que je ne crois pas en
14:51 la justice.
14:52 Elle protège les agresseurs.
14:53 En fait, je n'ai pas envie de dépenser mon énergie à m'énerver.
14:56 On aurait dû faire autrement, on n'aurait pas dû passer par la justice.
14:59 Parce que clairement, le truc, c'est qu'aujourd'hui, tous les gens qui traversent une injustice
15:03 telle que celle-ci, que ce soit même dans d'autres histoires, en fait, ça incite
15:07 à faire justice soi-même.
15:08 C'est le gros souci.
15:09 C'est quand il n'y a pas de justice, ça peut faire péter les plombs.
15:11 Et heureusement que ma mère, que moi, on est équilibrés parce qu'à tout moment,
15:16 une personne qui vit ça, elle peut vraiment, véritablement péter un plomb.
15:19 Tous les jours, je me couche en me disant que j'aurais dû lui faire ça, je vais lui
15:23 faire ça, je ne le ferai jamais.
15:25 Parce que je suis raisonnée, ce serait trop facile pour lui.
15:28 Mais oui, j'y pense.
15:29 On a une haine, on voit noir, vraiment.
15:32 Après, j'espère juste que le fait d'en parler, le fait d'avoir fait cette vidéo,
15:38 ça aura des retombées pour ma petite sœur, qu'elle soit protégée, enfin.
15:42 Et qu'il y ait quand même quelque chose qui soit mis en place en France pour toutes
15:49 les autres victimes et que les mamans soient écoutées parce que les mamans, elles sont
15:53 là pour protéger leurs enfants.
15:54 Oui, j'aimerais bien qu'on croit les enfants, qu'on croit les mamans.
15:58 Et quand il y a des preuves, qu'on agisse.
16:00 J'aimerais bien aujourd'hui qu'il y ait un principe de précaution qui soit appliqué
16:04 et mis en place, qui soit appliqué par les juges.
16:06 C'est-à-dire que quand un enfant est victime de violence physique ou de violence sexuelle
16:10 parrain de ses parents, qu'il y ait une enquête pénale, que cet enfant soit vu par un pédopsychiatre
16:16 qui lui décidera si l'enfant peut ou non voir ce parent, si le traumatisme n'est
16:23 pas trop important, du moins s'il doit voir son parent, que ce soit dans un lieu sécuritaire.
16:28 Mais qu'il y ait vraiment un principe de précaution appliqué à chaque fois qu'il
16:31 y ait une enquête pénale.
16:32 [Générique]

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