00:00 - La clientèle parisienne, clientèle impactée par les grèves, ça vraiment, ça vous a fait mal ?
00:05 - Ouais, jeudi on a perdu 30 000 euros, c'est-à-dire qu'il nous reste 2 000 oeufs pour une journée.
00:12 C'est... on prend cher. Et puis il y a beaucoup, beaucoup, toujours, il y a toujours quelque chose quoi, c'est l'enfer.
00:18 - Mais c'est perdu, vous savez que les 2 000 oeufs que vous avez, vous n'allez pas les écouler parce que c'est passé ?
00:23 - Ouais, et puis de toute façon, pour prévoir, c'est vraiment très violent. On met 8 à 10 semaines pour préparer les packs, pour faire 6 % de notre chiffre d'affaires.
00:32 Donc si on a un petit problème, on est cuit quoi.
00:34 - Vous dites que ça commence à faire beaucoup, Gilets jaunes, période évidemment Covid, grève ?
00:40 - Ouais, nous ça faisait, sur une petite entreprise comme nous, 300 000 Gilets jaunes, 600 000 de perdues, les grèves, les premières, 4 millions sur le Covid.
00:48 Alors pour se remettre de tout ça, maintenant il faut rembourser le PSGE, entre autres.
00:53 Et puis maintenant il y a l'inflation, plus ou moins, où moi je refuse d'augmenter.
00:57 Parce que si on continue à augmenter tout comme ça, à part l'énergie, plutôt l'énergie, moi je serai pour.
01:03 Parce que demain, il faut aussi maîtriser notre énergie. Est-ce que vous savez combien coûte un mètre cube d'eau par exemple ?
01:09 - Non, personne ne sait, justement c'est un problème, le prix de l'eau.
01:11 - C'est très grave. Et ça ne peut pas rester à ce prix qui est trop bas, c'est évident.
01:15 Donc évidemment, il faut mieux payer les fournisseurs au départ.
01:19 Les matières premières ne sont pas assez chères, ça c'est sûr.
01:22 - Mais du coup vous dites "je refuse d'augmenter mes prix".
01:25 Ça veut dire que vous êtes dans une relation de pression avec vos fournisseurs quotidiennement ?
01:31 - Oui, ça me rend maussade, sérieusement.
01:33 Parce que si on continue comme ça, on perd trop de clients, on a besoin de trafic aussi.
01:37 Sans ce trafic, forcément on perd de la qualité aussi.
01:42 - Vous n'avez pas augmenté les prix au prix de certains sacrifices, notamment sur les primes distribuées au personnel ?
01:48 - Oui, les primes évidemment, ça c'est quelque chose qui est compliqué.
01:51 Moi je viens du sport, du sport mécanique, quand on gagne, tout le monde gagne.
01:55 Donc ça me met dans un état, parce que d'abord j'ai mes ouvriers, ça c'est fondamental.
02:01 Et quand on paye moins, c'est insupportable.
02:03 Mais l'ensemble du monde, la géopolitique nous touche.
02:07 On n'aurait jamais pensé qu'en étant un petit artisan, que ce qui se passe en Syrie, en Iran, en Colombie,
02:13 le dollar, le cours du dollar, nous pose beaucoup de problèmes.
02:18 - Mais ça veut dire clairement que vous avez changé de fournisseur,
02:22 que vous avez négocié quand même des prix un petit peu compétitifs ?
02:26 Parce que nous on le voit très bien, on voit très bien que l'augmentation des prix,
02:29 elle vient des agriculteurs à juste titre, elle vient aussi de toute la chaîne industrielle,
02:34 parfois à raison, parfois pas toujours.
02:36 - Oui bien sûr, parce qu'ils en profitent aussi.
02:38 On a quand même des gros groupes qui ont des progressions qui sont monstrueuses,
02:42 et puis nous ils nous défoncent, donc ça c'est pas possible.
