- il y a 3 ans
Parlons Vrai chez Bourdin avec Michel Desmurget, neuroscientifique.
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NewsTranscription
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Il est 12h11 et je suis très heureux vraiment de recevoir le docteur Michel Desmurgers. Bonjour.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Merci d'être avec nous. Je rappelle que vous êtes docteur en neurosciences,
00:17 que vous êtes chercheur au CNRS et directeur de recherche à l'Inserm.
00:21 Vous êtes l'auteur d'un livre qui a fait beaucoup, beaucoup de bruit.
00:24 C'était en 2019 aux éditions du Seuil, "La fabrique du crétin digital,
00:28 les dangers des écrans pour nos enfants". Nous sommes en 2023, rien n'a changé,
00:34 je dirais même plus, beaucoup de choses ont empiré. C'est vrai ou pas Michel Desmurgers ?
00:39 - Oui, oui, on peut le voir comme ça, c'est-à-dire qu'on a toujours l'impression
00:42 qu'on a atteint des pics d'usage. Il faut que les gens se rendent compte des usages,
00:45 si je peux me permettre juste de chiffrer pour bien poser le problème.
00:47 - Oui, allez-y.
00:48 - Voilà, les enfants, dès la fin de maternelle, début de primaire,
00:51 ils frisent les 3h par jour. On parle ici uniquement des écrans récréatifs,
00:54 c'est-à-dire la télé, les jeux vidéo et les réseaux sociaux.
00:56 - 3h d'écran par jour.
00:58 - Oui, au collège ils frisent les 5h et les ados, les ados, ils tutoient allègrement,
01:03 voire ils dépassent les 7h.
01:04 - Au lycée, 7h.
01:05 - Oui, donc si on fait le cumul sur l'enfance d'un enfant, du temps qu'il a passé
01:09 sur ses écrans récréatifs, c'est-à-dire que, je ne sais pas, à regarder Hanouna,
01:14 à jouer à GTA et puis à faire des vidéos sans intérêt sur TikTok,
01:19 si on compte, pour que les gens se rendent compte, c'est l'équivalent,
01:22 une année scolaire c'est presque 900 heures, donc si on compte,
01:24 c'est l'équivalent de 27, juste ces 3 activités-là, jeux vidéo, réseaux sociaux,
01:30 et puis vidéos au sens large, télé, etc.
01:32 - Télévision.
01:33 - C'est l'équivalent de, oui télévision et tout ce que ça inclut,
01:35 c'est l'équivalent de 27 années scolaires.
01:37 Les enfants consument 27 années scolaires entre 0 et 18 ans sur ces activités-là.
01:42 Donc on est dans des choses colossales.
01:44 On a toujours l'impression qu'on a tapé l'Everest et que ça va commencer à descendre.
01:48 Et puis d'étude en étude, alors il y a eu un pic évidemment sur le confinement,
01:51 qui s'est redescendu, mais en redescendant, c'est resté plus haut
01:54 que ce que c'était avant le confinement.
01:56 Et d'étude en étude, systématiquement, ça continue à monter,
01:59 et ça finit par poser, oui, quand on est sur ces degrés d'usage-là,
02:03 ça finit forcément par poser des problèmes.
02:05 - Alors nous allons voir quels sont les problèmes que ça pose,
02:09 mais auparavant, je voudrais qu'on évoque TikTok.
02:13 Parce que c'est aujourd'hui la première plateforme pour les ados,
02:17 TikTok, c'est chinois, ne l'oublions pas,
02:21 et en Chine, on a bien compris les dangers, puisqu'on a limité la consommation de TikTok.
02:27 - Oui, alors d'abord TikTok, c'est pas le même,
02:29 et puis l'usage des réseaux sociaux pour les enfants,
02:32 et notamment les ados, est drastiquement contrôlé.
02:34 L'usage des jeux vidéo aussi est drastiquement contrôlé.
02:37 À Taïwan, dans les pays asiatiques en règle générale d'ailleurs,
02:40 à Taïwan, exposer des jeunes enfants, c'est considéré comme une maltraitance.
02:44 Exposer des enfants entre 2 et 18 ans, plus d'une demi-heure consécutive dans la journée,
02:50 c'est considéré aussi comme une maltraitance,
02:52 et ça vous vaut immédiatement une amende de 1500 euros.
02:54 Alors je ne sais pas s'ils collent l'amende ou pas, mais en tout cas c'est symbolique.
02:57 Donc les pays asiatiques ont pris conscience, en Chine ils ont dit,
03:01 voilà, ces activités-là se font au détriment du développement de l'enfant.
03:04 Un officiel chinois à qui on posait la question,
03:06 disait "mais vous assassinez votre économie, TikTok c'est important",
03:08 il disait "ces enfants sont l'avenir de la nation".
03:11 Donc il y a un certain nombre de pays qui commencent à prendre conscience,
03:13 indépendamment des régimes politiques,
03:15 commencent à prendre conscience des dangers que ça peut avoir,
03:18 et commencent à prendre des mesures.
03:20 Mais il n'y a pas que les pays, c'est-à-dire que les gens,
03:22 alors il y a les fameuses enquêtes et les fameuses anecdotes,
03:26 mais qui sont signifiantes quand même, des gens comme Steve Jobs
03:29 et les gens de l'industrie numérique eux-mêmes,
03:31 qui protègent allègrement leurs enfants de ces outils-là.
03:34 Il y a des gens comme moi qui connaissent cette littérature, mes collègues,
03:37 qui protègent aussi brutalement leurs enfants de ce que ça peut avoir de négatif.
03:41 - Des dangers.
03:42 - Voilà, ce qu'il faut dire aux gens, c'est que c'est pas une campagne technophobe,
03:45 il s'agit pas de tout jeter, il faut jeter les écrans.
03:47 Voilà, l'informatique, l'usage des écrans, du numérique,
03:50 c'est des choses qu'il faut enseigner à l'enfant.
03:52 Ce dont on parle ici, c'est les usages récréatifs.
03:54 Et quand vous mettez ces outils dans la main d'un enfant,
03:57 c'est pas vers les usages supposément positifs qui va se tourner,
04:00 c'est systématiquement et quasi exclusivement
04:03 vers ce que ces écrans peuvent avoir de plus débilitant,
04:06 vraiment c'est le mot, en termes d'usages récréatifs.
04:09 - Les Chinois protègent leurs enfants tout en vendant leurs produits aux nôtres.
04:12 - Bah oui, c'est-à-dire que...
04:14 Ils ont compris qu'il y avait un problème,
04:16 ils considèrent que c'est pas de leur responsabilité de s'occuper des nôtres,
04:19 et dans leur esprit, si j'ose dire,
04:21 si on est suffisamment irresponsable ou pas malin,
04:24 ou suffisamment biaisé vers l'économie,
04:27 au détriment du développement intellectuel et cognitif
04:30 et social et émotionnel de nos enfants, c'est pas leur problème.
04:33 - Alors quels sont les effets négatifs ?
04:35 D'une trop grande exposition ?
04:38 - Ouf, on a deux heures ?
04:40 - J'y ai démergé !
04:42 - Les effets principaux, ce que je veux dire,
04:45 c'est qu'il y a vraiment une littérature colossale,
04:47 ça fait 60 ans que ça a commencé avec la télé,
04:49 puis ensuite ça a été les jeux vidéo,
04:51 puis on a commencé à s'intéresser aux smartphones, aux outils mobiles, etc.
04:54 Les grands effets se portent sur la réussite scolaire,
04:57 en fait la réussite scolaire c'est l'élément le plus global qu'on a,
05:00 ça dit pas tout d'un enfant, c'est clair,
05:02 mais ça a l'intention de fonctionnement intellectuel,
05:05 de fonctionnement émotionnel, social,
05:07 donc on a des effets négatifs majeurs sur la réussite scolaire,
05:10 - Mais ça a été mesuré ?
05:12 - Ah oui, ça a été mesuré, il y a des dizaines d'études
05:14 qui sont regroupées dans ce qu'on appelle des méta-analyses,
05:17 c'est-à-dire des études qui...
05:19 Les études, elles travaillent à 5% de chance,
05:21 c'est-à-dire que quand vous observez une différence,
05:23 est-ce qu'elle a beaucoup de chance d'arriver ou pas,
05:25 vous vous trompez forcément 5 fois sur 100.
05:27 Donc il y a des études où on se trompe,
05:29 et il y a beaucoup d'études où on se trompe pas.
05:31 Et ces études-là montrent clairement que
05:33 la télévision, les jeux vidéo, les réseaux sociaux,
05:36 ça a des effets négatifs marqués sur la réussite scolaire des enfants.
05:40 Ces effets sont bien expliqués en termes de causalité,
05:43 parce que vous avez des effets sur le développement du langage,
05:46 qui ont une double source.
05:48 Au départ, le langage se développe dans les interactions verbales
05:51 entre les parents et les enfants.
05:53 Au départ, c'est les échanges verbaux, notamment intramédiaux.
05:55 Il y a un effondrement, juste pour prendre un exemple,
05:57 dans une famille, quand la télé est allumée,
05:59 l'enfant va entendre 150 mots par heure,
06:01 et quand la télé est éteinte, il va en entendre 1000.
06:03 - Ah d'accord.
06:05 - Oui, c'est colossal.
06:07 Le premier étage de la fusée, il est là.
06:10 Ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est vrai quand les enfants sont sur les écrans,
06:13 mais c'est vrai quand nous-mêmes, adultes, sommes sur les écrans.
06:15 Il ne s'agit pas de culpabiliser les parents,
06:17 il s'agit juste de les informer.
06:18 Quand nous-mêmes, parents, sommes sur nos écrans,
06:20 on parle moins à nos enfants.
06:21 Donc ça, c'est le premier étage.
06:22 Le deuxième étage, c'est la lecture,
06:23 qui est absolument sinistrée.
06:25 Or, le langage, il est dans la lecture.
06:27 C'est-à-dire que les conversations orales qu'on va pouvoir...
06:29 La conversation qu'on a maintenant,
06:31 il y a moins de richesse langagière,
06:32 il y a moins de richesse syntaxique et grammaticale
06:34 qu'il y en a dans un livre d'enfant d'école maternelle.
06:36 C'est-à-dire que la richesse de la langue, elle est dans les livres.
06:38 Un enfant qui ne lit pas, il ne peut pas développer son langage.
06:41 Donc voilà pour le langage.
06:42 Le deuxième étage de la fusée, c'est la concentration.
06:46 On nous a fait tout un pataquès sur les jeux vidéo et l'attention,
06:48 mais on parle ici d'un type attentionnel
06:50 qui est une attention visuelle,
06:51 qui consiste à réagir très vite à ce qui se passe dans notre environnement.
06:54 Un zombie sorge le flingue.
06:56 Ce qui n'a absolument rien à voir avec la concentration.
06:58 La concentration, c'est au contraire,
06:59 éteindre tout ce qui se passe dans l'environnement
07:01 et couper les informations externes pour pouvoir focaliser...
07:04 - C'est le contraire de la concentration.
07:05 - C'est exactement le contraire de la concentration.
07:07 C'est le même mot, on appelle ça attention.
07:08 Et c'est exactement, strictement, le contraire de la concentration.
07:11 - Mais évidemment.
07:12 - C'est une attention d'intérêt marginal.
07:13 Quand on prend la concentration au sens de capacité à se focaliser
07:17 sur une tâche en focalisant les ressources cérébrales,
07:19 tous les écrans, quels qu'ils soient, ont des effets négatifs,
07:22 notamment le smartphone.
07:24 C'est des études qu'on fait chez les enfants,
07:26 mais qui ont été reproduites chez l'animal.
07:28 Quand vous soumettez l'animal à un bombardement sensoriel,
07:31 sonore, visuel ou olfactif d'ailleurs,
07:34 tel qu'on soumet, qui ressemble à celui dans lequel les écrans font grandir nos enfants,
07:40 on a des troubles de l'attention, de l'impulsivité, de l'apprentissage, etc.
07:44 - Oui, c'est-à-dire que Michel Desmergers,
07:46 ça veut dire que l'enfant qui est trop exposé
07:48 n'arrive plus à glaner d'informations,
07:50 ici ou là,
07:52 il n'arrive plus à vivre de liens sociaux,
07:56 ça aussi, les conséquences.
07:58 Est-ce que c'est une forme d'asservissement ?
08:02 Est-ce qu'on peut aller jusque-là ?
08:06 - Il me semble que si on pense notre liberté
08:09 en termes d'être capable de penser le monde,
08:11 d'interagir dans la cité, de prendre des décisions,
08:13 de comprendre le monde qui nous entoure,
08:16 alors oui, je pense que si on le prend dans ce sens-là,
08:18 c'est une forme d'asservissement,
08:19 parce qu'on prive nos enfants de tout ce qui les fait humains.
08:22 On les prive du langage, de la concentration,
08:24 on les prive d'un certain nombre,
08:26 parce qu'il n'y a pas que du langage,
08:27 il y a des connaissances, etc.
08:29 - On les rend distraits.
08:31 - Oui, on les rend littéralement.
08:33 Le problème, les jeux vidéo rendent littéralement,
08:35 physiquement, mais ça personne ne le conseille,
08:36 nos enfants distraits.
08:38 Mais comme on appelle ça attention,
08:39 on fait un espèce de savant mélange,
08:40 on fait croire aux parents que c'est positif,
08:42 alors qu'effectivement, c'est un outil qui rend les enfants...
08:45 Il y a une étude qui est très rigolote,
08:46 vous prenez des ados qui ont un smartphone
08:48 et ceux qui n'en ont pas.
08:49 Ceux qui ont un smartphone ont une attention
08:52 qui est beaucoup plus habile,
08:53 donc ils ont des troubles de la concentration.
08:55 Si vous prenez ceux qui n'en ont pas
08:56 et que vous leur donnez un smartphone pendant trois mois,
08:58 vous avez des troubles de la concentration qui apparaissent,
09:00 sur des tâches, ça peut aller jusqu'à 20-25% de dégradation,
09:03 simplement en trois mois,
09:04 parce que vous leur avez collé un smartphone dans la main.
09:07 On a les mêmes études, par exemple,
09:08 on parlait de la récite scolaire,
09:09 vous filez une console de jeu à un gamin pendant trois mois,
09:11 en moyenne, ils ne vont jouer pas beaucoup,
09:13 parce que c'était des enfants dans cette étude
09:15 de milieu favorisé,
09:16 dans un enfant dont les parents faisaient attention,
09:18 ces gamins-là vont jouer une demi-heure par jour pendant trois mois,
09:20 et vous avez une chute dans tous les domaines de la réussite scolaire
09:23 qui est de l'ordre de 5%.
09:24 On peut penser que ce n'est pas beaucoup,
09:25 mais sur trois mois, pour une demi-heure par jour,
09:27 c'est absolument colossal,
09:28 et des études comme ça, il y en a des wagons !
09:30 On voit, on voit les dégâts quand ce n'est pas une demi-heure par jour,
09:33 mais quand c'est trois heures ou quatre heures par jour,
09:35 parce que ça arrive.
09:36 Malheureusement, ça arrive.
09:37 Vous posiez la question au début...
09:38 Qui n'a pas surpris son enfant en train de jouer à 11h du soir,
09:41 en douce, en catimini,
09:43 en train de jouer à un jeu vidéo ?
09:46 Oui, alors il y a le sommeil aussi, dont on pourrait parler,
09:48 mais vous avez mentionné tout à l'heure,
09:49 vous avez dit "est-ce que les choses s'améliorent ?"
09:51 Le résultat, c'est non, elles ne s'améliorent pas,
09:53 mais la seule...
09:55 si j'ose dire...
09:57 s'il y a une raison d'espérer,
09:59 c'est justement parce que ça commence à se voir.
10:00 C'est-à-dire que pendant longtemps, on nous a fait le pataquès,
10:02 c'est des digitales natifs,
10:03 et on nous a fait croire qu'ils étaient super bons,
10:05 mais en fait, ce n'est pas le cas.
10:06 Ils sont plus intelligents,
10:07 ils sont plus ouverts,
10:08 ils sont plus réactifs...
10:09 Tout ça, on sait maintenant que c'est du flan.
10:11 C'est du bidon, tout ça.
10:13 C'est de l'enfumage lobbyiste,
10:14 c'est vraiment complètement bidon.
10:16 Et le problème, c'est que quand on commence à dire ça aux parents,
10:19 aux enseignants, aux orthophonistes,
10:20 les gamins, c'est un peu comme le réchauffement climatique.
10:22 On a amusé les gens pendant 30 ans à leur dire
10:24 "attention, il se passe quelque chose",
10:25 et c'est quand sont sortis, je me souviens,
10:27 les photos des glaciers, dans le monde,
10:29 que les gens se sont dit "merde, ça se voit, il y a quelque chose".
10:32 Et voilà, c'est un peu la même chose.
10:33 Ça commence à se voir.
10:34 Et les gens sont de moins en moins perméables,
10:37 et les parents sont de plus en plus attentifs,
10:39 les professionnels de l'enfance,
10:40 aux effets que ça peut avoir.
10:42 Et je pense que s'il y a une source, effectivement, d'optimisme possible...
10:47 Alors en même temps, c'est pas une bonne nouvelle,
10:48 parce que si ça commence à se voir,
10:49 c'est que les dégâts sont déjà pas nuls,
10:51 mais ça va nous pousser à agir, peut-être.
10:54 - Michel Desmurgé, en milieu scolaire,
10:56 on encourage le digital, quand même.
10:58 C'est un problème, non ?
11:00 Alors, ça, non, je sais pas, non...
11:03 - Oui, non, non, c'est un problème,
11:04 mais il faudrait nous dire la vérité.
11:06 Alors, à un moment donné,
11:08 qu'on décide qu'il faut enseigner l'informatique à ses enfants,
11:10 que ça commence en fin de collège ou en début de lycée,
11:13 j'ai aucun problème avec ça.
11:14 Il faut leur enseigner l'informatique.
11:15 Ils sont mauvais en informatique,
11:16 il faut leur enseigner l'informatique.
11:18 Après, qu'on nous dise que ces outils numériques-là,
11:21 c'est positif pour l'apprentissage et le développement,
11:24 alors là, c'est vraiment une gigantesque arnaque,
11:26 parce que toutes les études, dont les études PISA,
11:28 montrent que plus on investit dans le numérique,
11:30 et plus les résultats des élèves se dégradent.
11:33 C'est les pays qui ont le plus investi,
11:35 qui ont vu les résultats de leurs élèves progresser le moins rapidement.
11:38 Toutes les causes se dégradaient le plus rapidement.
11:40 - Ça, c'est intéressant.
11:41 - Et donc, simplement parce qu'il faut dire la vérité aux gens.
11:45 Johnson avait fait ça avec la télé,
11:47 il avait été, je crois que c'était au Fidji,
11:49 et il leur avait dit, voilà,
11:50 on n'a pas les moyens de mettre des profs partout,
11:51 donc on va mettre des télés, c'est mieux que rien.
11:53 Et donc, le numérique à l'école, c'est un peu le même principe,
11:55 c'est-à-dire qu'on a du mal à recruter des enseignants.
11:58 On a de plus en plus de mal à recruter des enseignants compétents,
12:01 donc à un moment donné, il faut bien mettre quelque chose devant les élèves.
12:04 Donc, c'est mieux que rien.
12:05 C'est mieux que de les mettre dans un placard à balai tout seul.
12:08 C'est moins bien qu'un enseignant compétent.
12:10 Et ce qui est fascinant, nous sort toujours une étude française
12:13 qui montre un résultat marginal,
12:16 c'est-à-dire qu'ils ont demandé à des enseignants de faire des projets,
12:19 ils se sont investis,
12:20 des enseignants qui étaient compétents sur un projet structuré.
12:22 On a sorti ce qu'il y avait de meilleur dans ces projets,
12:25 les projets optimaux,
12:26 et on s'aperçoit que l'effet, c'est à peu près une à deux places.
12:30 L'enfant qui a ses outils, il va gagner une à deux places
12:33 quand l'enseignant est hyper motivé, formé, etc.
12:35 Dans le meilleur des cas,
12:37 à comparer à d'autres études qui montrent,
12:39 le département de l'éducation américain montre que
12:42 si vous formez un enseignant pendant 50 heures,
12:44 vous gagnez 5 à 6 places.
12:46 Donc, globalement, c'est négatif parce que ça remplace des enseignants,
12:51 et même quand c'est mis entre les mains d'enseignants compétents,
12:54 l'effet est marginal.
12:55 - Alors, ça m'amène à l'intelligence artificielle.
12:58 Chad GPT ou autre,
13:00 qu'est-ce qu'on va faire avec cette intelligence artificielle ?
13:03 Est-ce qu'il va falloir interdire les portables, par exemple, dans les lycées ?
13:08 Aujourd'hui, c'est interdit, réglementé au collège,
13:11 et évidemment en école élémentaire,
13:14 mais on réfléchit à interdire dans les lycées, maintenant ?
13:17 C'est une question posée !
13:19 - Oui, alors ils ont réfléchi à interdire ça bien avant Chad GPT dans les lycées.
13:25 Oui, après, Chad GPT, c'est l'outil optimal de la triche,
13:29 on peut encore détecter ce genre de choses.
13:32 Le problème, c'est qu'est-ce qu'on veut faire de nos enfants ?
13:35 - Parce que l'intelligence artificielle nous envahit,
13:39 donc on va être envahis par l'intelligence artificielle.
13:41 - Oui, mais pour nous, par exemple, ça peut être un outil sympa.
13:45 L'intelligence artificielle permet de détecter des tumeurs
13:48 qu'on ne voit pas à l'œil nu sur des radios,
13:50 donc c'est pas l'intelligence artificielle,
13:52 c'est ce qu'on en fait.
13:54 Si c'est pour se substituer à l'intelligence de nos enfants,
13:57 et qu'on nous dise qu'ils n'ont plus besoin,
13:59 parce que c'est un discours récurrent depuis des années,
14:01 qu'ils n'ont plus besoin de savoir les choses,
14:03 parce que tout est sur Google, l'intelligence artificielle...
14:05 Alors là, c'est un problème, parce que pour réfléchir,
14:07 pour penser, on a besoin d'information,
14:09 on a besoin de langage, on a besoin de connaissances, etc.
14:11 Donc si ça se substitue au cerveau de nos enfants,
14:14 et en gros, c'est l'idée, c'est ce qui inquiète les gens,
14:16 c'est-à-dire que ces trucs-là vont penser à la place des autres...
14:18 - Parce qu'il n'y a plus d'échange.
14:20 - Oui, il y a moins d'échange, il y a moins d'échange humain,
14:22 vous mettez moins de preuves devant les gosses, etc.
14:24 - Évidemment, évidemment.
14:26 Bon, il faut être optimiste, quand même,
14:28 je suis content que vous soyez venu pour nous avertir.
14:32 Pour avertir tous les parents qui nous écoutent.
14:34 - On vous remercie d'invitation.
14:36 - Parce que c'est extrêmement, extrêmement important.
14:38 Merci Michel Desmergers, et puis,
14:40 on peut toujours vous trouver votre livre,
14:42 "La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants".
14:45 Ça, n'oubliez pas, parce que j'avais été marqué par ce livre,
14:48 2019, il est 12h26.
14:51 Merci de nous accompagner le matin sur Sud Radio.
14:53 André Bercoff.
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