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Tout au long de l'année, Télérama.fr vous propose des interviews en longueurs d'acteurs et de réalisateurs

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00:00Sous les crayons de couleur des enfants qui dessinent, se dévoilent, sinon la vérité

00:08de la guerre, du moins une vérité de la guerre et du phénomène guerrier.

00:11Les adultes se déclarent la guerre et les enfants en subissent les conséquences.

00:22Mais comment perçoivent-ils ces conflits ? C'est à leur hauteur que se place l'exposition

00:27« Enfants en guerre, guerre à l'enfance » qui s'ouvre à la Contemporaine, musée

00:31et bibliothèque sur le campus de Nanterre jusqu'au 15 mars 2025.

00:36Comment leurs dessins, leurs journaux intimes et leurs témoignages racontent les conflits

00:40? Alors que les enfants sont aujourd'hui les principales victimes des conflits armés

00:45partout dans le monde et qu'ils sont 400 millions à vivre dans une zone touchée par

00:49un conflit armé.

00:51Le dessin d'enfant, ça fait plus de 100 ans que les psychologues savent qu'il est

00:59une forme de parole alternative, que même un enfant qui ne sait pas écrire, qui ne

01:04peut pas s'exprimer par écrit, peut s'exprimer par le dessin.

01:07Les historiens ont mis un petit peu plus de temps à réaliser que du même coup, ces

01:13dessins d'enfants pouvaient être des documents pour écrire l'histoire des guerres du passé.

01:21Nous prenons les dessins d'enfants comme des documents historiques.

01:25Ce dessin, réalisé en 2022 par un garçon russe de 6 ans, représente un char et montre

01:30les effets de la propagande sur les très jeunes esprits.

01:33Destiné à être envoyé aux soldats du front, il s'accompagnait du message suivant

01:37« Chers soldats, quand je serai grand, j'irai à la guerre moi aussi et je défoncerai tous

01:43les ennemis.

01:44Entretemps, tenez le coup, tenez bon, merci à vous tous pour votre bravoure et pour la paix. »

01:50Pour moi, c'est un cas d'école de la manière dont les discours de guerre vont

02:00s'adresser aux enfants pour justifier la guerre.

02:04La guerre est présentée comme une nécessité pour la paix.

02:09Or, nous savons tous que l'invasion de l'Ukraine est une guerre d'agression et

02:15une guerre d'annexion que mène la Russie de Vladimir Poutine contre la République ukrainienne.

02:21Il y a cette idée de créer un climat de connivence, de fraternité, d'union nationale

02:28autour de la guerre en y faisant participer toutes les catégories de la population et

02:33notamment la catégorie enfantine.

02:35La propagande contamine également l'univers du jouet comme ce petit char customisé et

02:40vendu sur internet exposé ici.

02:42Un char très récent qu'on trouve dans l'armée russe et sur lequel a été ajoutée

02:46la lettre Z, Z pour la victoire et en signe de ralliement à Vladimir Poutine.

02:52Mais revenons au dessin et attardons-nous sur les effets de la guerre sur la psyché

02:56enfantine.

02:57La privation de soins, d'éducation, de nourriture, les déplacements forcés, la séparation

03:03des enfants de leurs familles.

03:05Certains dessins qui peuvent choquer, comme ceux représentant des viols, sont délicatement

03:10recouverts d'un voile, laissant la liberté aux visiteurs l'observer.

03:14Ils correspondent à une troisième catégorie de dessins, indicateurs des violences extrêmes,

03:19lorsque les enfants deviennent les cibles mêmes du processus de destruction.

03:23Comme ces dessins d'enfants rescapés du génocide des Tutsis au Rwanda.

03:28Pour vous replacer le contexte, ces enfants sont très jeunes en 1994, survivants, orphelins,

03:36recueillis dans un orphelinat.

03:38Dans les deux années qui suivent le génocide, ils vont dessiner ce qu'ils ont vécu, le

03:45passé.

03:46Certains dessins vont documenter leur traque, littéralement, et ils vont aussi se représenter

03:51au moment où ils dessinent, c'est-à-dire deux ans après les faits.

03:54C'est un autoportrait.

03:55Et ce que l'on voit, c'est tout simplement que les corps de ces enfants sont des coquilles

04:02vides, c'est-à-dire des enveloppes charnelles, mais dans lesquelles il n'y a plus rien.

04:07Le fait qu'ils ont pu être intégralement détruits de l'intérieur par la violence

04:12subie, observée.

04:14Et c'est tout le mérite des associations de survivants au Rwanda qui œuvrent pour

04:20accompagner ces orphelins du génocide qui sont aujourd'hui des adultes et qui essayent

04:27de vivre malgré tout.

04:34Cette exposition montre aussi la résilience dont font preuve les enfants.

04:37On y trouve des signes d'espérance, des images particulièrement lumineuses, colorées

04:43et étonnamment optimistes.

04:45Car les coups de crayon des enfants sont aussi une contre-offensive contre la violence et

04:50donnent des raisons de continuer à espérer.

04:52La fonction thérapeutique du dessin, c'est une fonction en construction, c'est-à-dire

04:57que ce qui intéresse les soignants, ce n'est pas le produit fini du dessin.

05:01Ce qui intéresse les soignants, c'est de regarder l'enfant qui dessine et de regarder

05:05dans quel ordre l'enfant dessine et ce que l'enfant va dire oralement pour accompagner

05:11son dessin.

05:12J'en ai choisi un qui est le dessin d'un jeune garçon, rescapé lui aussi du génocide

05:17et tout de suite du Rwanda.

05:18Il se projette en futur éleveur où il dessine et où il montre comment il se voit dans l'avenir

05:24nourrissant ses poules, donc avec une dimension finalement extrêmement fertile dans son projet

05:30d'avenir, à l'opposé exact de la machine de mort et d'extermination à laquelle il

05:36a échappé.

05:37Cette vérité de la guerre qui sort des dessins, elle dit aussi à côté de cette extrême

05:43vulnérabilité et en même temps que cette extrême vulnérabilité, une capacité de

05:49résistance et de résilience tout à fait stupéfiante et à mon avis bien supérieure

05:55à celle des adultes.

Une exposition sur la guerre vue à hauteur d'enfants

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