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00:00Dans le cours du récit, vous comprendrez, chers amis, pourquoi nous devons taire les lieux et les noms des protagonistes de cette affaire qui fit beaucoup de bruit.
00:22Alors disons une ville de la banlieue parisienne, le lundi 4 décembre 1967.
00:3011h40, un petit garçon de 7 ans, élève de 10e, à l'annexe d'une école chrétienne de grande réputation, quitte seule l'institution pour rentrer chez lui.
00:42Nous l'appellerons Robert, ou Robert Durand.
00:4812h45, Madame Durand, sa mère, inquiète de ne pas le voir arriver, envoie son fils aîné Patrice, 15 ans, à sa recherche.
00:56À l'école, on lui dit que Robert est parti à l'heure normale.
01:0413h20, Madame Durand se précipite à son tour à l'école.
01:09Du bureau du directeur, elle prévient le commissariat.
01:12Pendant ce temps, Patrice a téléphoné à son père.
01:15Monsieur Durand quitte son bureau de Paris pour accourir à son domicile.
01:18Il y arrive à 13h40, la maison est vide.
01:21Monsieur Durand, en ressortant, avise, dans la boîte aux lettres, une enveloppe sans adresse, portant simplement la mention « Pour vous ».
01:33Le corps battant, il l'ouvre et il la lit.
01:37En voici le texte.
01:38Votre gosse sera rendu contre la somme de 20 000 nouveaux francs en coupure de 100 nouveaux francs.
01:48Nous vous donnons 5 jours pour réunir l'argent.
01:51Après ce délai, ou si vous alertez la police, vous risqueriez de ne plus revoir votre enfant vivant.
01:58S'y joint la preuve que nous le détenons.
02:02Les 200 billets devront être enveloppés dans un papier gris.
02:08Vous devrez placer le paquet à 4h30 du matin, derrière la statue du général Hoche, place du général Hoche.
02:17Vous suivrez à la lettre nos indications sans essayer de nous jouer quelques mauvais tours.
02:21Nous vous rendrons votre gosse le lendemain.
02:25En attendant, il ne lui sera fait aucun mal.
02:30L'argent devra être déposé le matin du 8.
02:38Tel est donc le contenu de la lettre découpée dans des caractères de journaux
02:43qui constituent la première pièce de ce dossier extraordinaire que nous raconte Jacques-Antoine.
02:51L'enlèvement a donc lieu à la sortie de l'école, lundi à midi.
03:13Le petit Robert Durand, 7 ans, rentre seul déjeuner comme à l'accoutumée au pavillon de ses parents.
03:19Après avoir signalé sa disparition, M. Durand découvre à 13h45, dans la boîte aux lettres,
03:26un pli rédigé avec des caractères de journaux.
03:29Quelques heures plus tard, la presse rapporte à la fois les termes du message du ravisseur
03:34et le détail des opérations entreprises par la police,
03:39déclenchant ainsi le mécanisme des coups de téléphone, des pistes fantaisistes et des hypothèses extravagantes.
03:46Dès le lendemain, la France entière sait que la rançon s'élève à 20 000 francs
03:51et qu'elle doit être déposée avant jeudi 4h30 en billets de 100 francs au pied de la statue de Hoche.
03:57Mais la publicité, donnée malencontreusement dès le premier jour à la demande de rançon,
04:03rend impraticable le rendez-vous fixé par les kidnappeurs.
04:06D'autre part, cette demande de rançon paraît bien modeste.
04:1120 000 francs, cela exclut la participation de truands professionnels.
04:15Enfin, la police découvre que les caractères imprimés avec lesquels la lettre a été composée
04:20ont été découpés dans des journaux d'enfants.
04:24Il se pourrait donc que les kidnappeurs soient un groupe de jeunes gens.
04:31Mais, rappelons-le, Robert a 7 ans.
04:34Il doit être encombrant.
04:36Il sera dangereux car il peut reconnaître ses ravisseurs,
04:40identifier des lieux.
04:42Sa vie est donc en grand danger
04:44et il faut à tout prix permettre à ses ravisseurs d'entrer à nouveau en relation avec la famille Durand.
04:51C'est ainsi que, le mardi 5 décembre, à la demande de M. Durand,
04:56un ecclésiastique, le père Alexandre,
04:59appelle les ravisseurs à entrer en contact avec n'importe quel prêtre,
05:03n'importe quand, en n'importe quelle région.
05:06Il promet à la fois l'impunité et le paiement de la rançon.
05:09Presque en même temps, un ami de M. Durand, avocat,
05:12obtient de son ordre d'offrir aux criminels la même possibilité et la même garantie
05:17en se mettant en rapport n'importe où,
05:19avec n'importe quel avocat ou n'importe quel avoué.
05:23Pourquoi un prêtre ?
05:25Pourquoi un avocat ?
05:27Parce que l'un peut se considérer comme lié par le secret de la confession
05:30et l'autre par le secret professionnel.
05:34Dans le même temps, la famille Durand fait savoir qu'elle refuse de porter plainte.
05:40Mercredi 6 décembre, journée des fausses pistes,
05:44à Chartres, à Gives-sur-Yvette, à Shell.
05:49À Versailles, la police boucle un quartier entier
05:51où l'on aurait remarqué un individu suspect.
05:54Jeudi 7 décembre.
05:57En partant en classe, Patrice laisse entendre
06:00que les ravisseurs seraient entrés en contact avec sa famille
06:03et auraient porté à 60 000 francs le montant de la rançon,
06:07ce qui est démenti formellement par M. Durand à 13 heures.
06:11Rien de nouveau ?
06:13Notre inquiétude ne cesse de croître,
06:15dit à 20 heures le père du petit Robert à la télévision.
06:19Comme je vous l'ai dit, les policiers ont,
06:21dès les premières heures de leur enquête,
06:22écarté de cette affaire les truands professionnels,
06:24et ils ont acquis maintenant la certitude
06:26qu'il ne peut pas s'agir d'un maniaque.
06:29En effet, divers témoignages permettent d'établir
06:32que le petit Robert a été vu dès sa sortie de l'école
06:34en compagnie d'un tout jeune homme.
06:38Ce même jeune homme aurait, quelques instants plus tard,
06:41circulé en poussant devant lui une caisse
06:44posée sur le châssis d'un landau d'enfant
06:47et clamant à tue-tête
06:49« Ferraille, vieux chiffon ! Ferraille, vieux chiffon ! »
06:53C'est là que ce dossier devient d'ailleurs extraordinaire,
06:57car les investigations de la police
06:59s'orientent rapidement vers les camarades du petit Robert.
07:02Et il serait facile à la police de démasquer
07:04un ou plusieurs des jeunes ravisseurs,
07:06mais cela pourrait être non seulement inutile,
07:09mais dangereux.
07:11En effet, l'arrestation d'un complice
07:13pourrait affoler les autres kidnappeurs
07:15et les amener à tuer Robert.
07:19La police n'a donc pas l'intention de gêner
07:22les éventuelles tractations de la famille Durand,
07:24désireuses avant tout de retrouver le petit disparu.
07:29Comprenez bien la situation, chers amis.
07:32En plus des quarts de la police,
07:34une cinquantaine de voitures de presse
07:36assiègent depuis une semaine
07:38la grande villa blanche des Durand.
07:41Les parents Durand et les trois frères du petit Robert
07:43sont traqués, pourchassés, harcelés.
07:46Une véritable surenchère de nouvelles,
07:48vraies ou fausses,
07:49diffusées trop souvent sans le moindre souci de vérification,
07:52viennent également tout compliquer.
07:54Par exemple, certains commentaires
07:56sur la fortune des Durand
07:57et sur la modicité de la rançon exigée
07:59par les kidnappeurs.
08:01Si ceux-ci lisent les journaux,
08:02ils doivent apprendre que leur exigence est ridicule
08:04et se trouver presque obligés
08:06d'augmenter leurs prétentions.
08:08La nuit, dans les rues environnantes,
08:10les portières des voitures des journalistes
08:12et des curieux claquent sans ménagement.
08:14On entend des interpellations bruyantes.
08:16On escalade les murs à trois pas de cette maison
08:18où toute une famille connaît les affres
08:21d'une attente qui voit l'espoir
08:22s'amenuiser d'heure en heure.
08:24Alors, effrayés probablement
08:26par ce remue-ménage et cette publicité,
08:29les ravisseurs, lorsque vient l'expiration
08:31de leur ultimatum,
08:32n'osent pas reprendre contact
08:34avec la famille.
08:35Pourtant, la mobilisation de 50 000 prêtres
08:40et de 7 000 avoués et avocats
08:41habilités d'un coup à servir d'intermédiaire
08:44en multipliant les points de contact
08:45diminue le risque pour les criminels
08:48d'être identifiés.
08:50Mais jeudi soir,
08:52pour la famille Durand,
08:54il devient évident que l'intervention de la presse
08:56a condamné les ravisseurs au silence
08:58et peut-être condamné l'enfant
09:00à mort.
09:02Aussi M. Durand
09:05tende-t-il à 17h30
09:07une démarche exceptionnelle
09:08auprès du ministre de l'Intérieur,
09:10M. Fouché,
09:12en présence des principaux dirigeants
09:13de la police.
09:15Il demande
09:15qu'une trêve soit officiellement proclamée
09:18et il obtient gain de cause.
09:22Jeudi soir,
09:24à minuit moins le quart,
09:27le chef suprême de la police
09:29donne 24 heures au ravisseur
09:32du petit Robert Durand
09:33pour rendre sain et sauf
09:34l'enfant à ses parents.
09:3624 heures
09:37durant lesquelles
09:38toute recherche doit être suspendue.
09:42Le ministre est parfaitement conscient
09:43du caractère insolide
09:44de son appel.
09:46« Mon rôle
09:47ne consiste pas
09:49à m'adresser à vous, » dit-il.
09:51« Il consiste
09:52à vous faire prendre
09:53et à vous livrer
09:55à la justice.
09:57Mais la vie
09:58d'un enfant
09:58est une valeur suprême.
10:02Si vous rendez l'enfant,
10:04vous pouvez espérer
10:05dans la justice des hommes. »
10:09Il ne s'agit donc pas
10:11de couvrir
10:11un marchandage
10:12à l'impunité
10:13et d'ouvrir une porte
10:14de sortie supplémentaire
10:15au ravisseur,
10:17mais de clarifier
10:18une situation
10:19compromise
10:19par des imprudences
10:21et des interférences
10:22de toutes sortes.
10:23Bref,
10:24de mettre un terme
10:25à une confusion gênante
10:26tant pour la famille
10:27que pour les enquêteurs
10:28en gardant intact
10:29une chance
10:30de sauver la victime.
10:33Le vendredi 8 décembre,
10:36la trêve
10:36proposée par M. Fouché
10:38est entièrement respectée.
10:43Les recherches reprennent,
10:46intensifiées,
10:48dès le samedi
10:48à 0h30.
10:50Mais entre-temps,
10:52des faits nouveaux
10:53se sont produits.
10:53Un jeune homme
10:54a téléphoné
10:55à M. Durand
10:56pour lui signifier
10:57qu'il portait la rançon
10:58de 20 000 à 60 000 francs.
11:01Il a ensuite remis
11:02à une personne
11:02désignée par la famille
11:03les chaussures
11:05du petit Robert,
11:06puis,
11:06dans une rue proche
11:07de la villa des Durand,
11:09il a pris possession
11:10de la rançon.
11:13Autour de la villa blanche
11:15des Durand,
11:15animation habituelle.
11:17Les badauds,
11:17les journalistes
11:18attendent qu'il se passe
11:19quelque chose.
11:19M. Durand
11:21renouvelle ses appels
11:22aux ravisseurs.
11:23Mais à l'entrée
11:24de la rue,
11:24un quart de police
11:25débouche.
11:26À l'autre extrémité,
11:27même opération.
11:29On dit aux journalistes,
11:30ou bien vous restez,
11:32ou bien vous sortez,
11:34mais vous ne pourrez
11:34plus revenir.
11:36On se doute bien sûr
11:37qu'il se passe
11:37quelque chose d'important.
11:38En effet,
11:39passé le premier carrefour,
11:41on peut voir
11:42plus de 500 CRS
11:43procéder à une fouille
11:44systématique
11:45des maisons
11:46et des jardins.
11:47C'est bientôt
11:48tout un périmètre
11:49qui est investi.
11:50L'opération
11:51va durer environ
11:52trois heures.
11:54Après avoir enquêté
11:55maison par maison
11:56dans le quartier,
11:58les policiers
11:58parviennent ainsi
11:59à un jeune homme
12:00que nous appellerons
12:02Jean-Paul.
12:05Celui-ci
12:06tente de leur donner
12:06le change.
12:08Les policiers,
12:09pour lui laisser croire
12:10qu'il y a réussi,
12:11le relâchent,
12:12toujours pour ne pas
12:13affoler ses complices
12:14et dans l'espoir
12:15qu'il va commettre
12:16une imprudence.
12:18Il l'a commet en effet,
12:20cette imprudence.
12:22Ce matin-là,
12:22le jeune Jean-Paul
12:23appelle M. Durand
12:24au téléphone.
12:26Il réclame
12:2640 000 francs
12:27supplémentaires
12:28pour rendre l'enfant.
12:30Dès cet instant,
12:31la police tient en main
12:31un fil de l'échevot
12:32car le coup de fil
12:34a été enregistré
12:34sur une table d'écoute.
12:36Il a été émis
12:36depuis le domicile
12:38lui-même du jeune homme
12:39et il est identifié
12:40sans discussion
12:40en comparant les voix.
12:44Toutefois,
12:45la police reste discrète
12:47car ce qui importe,
12:49c'est de retrouver
12:50le petit Robert vivant.
12:58Les récits extraordinaires
13:00de Pierre Belmar,
13:01un podcast européen.
13:0320 heures.
13:05Dans une petite ville
13:06des environs de Paris,
13:07une 403 blanche
13:08de la police
13:09arrive devant le siège
13:10de la police judiciaire.
13:11A l'intérieur,
13:14sur le siège arrière,
13:15Jean-Paul
13:16qui se cache le visage.
13:17On le fait monter
13:18et précipitamment.
13:20Un quart d'heure plus tard,
13:21survient une autre voiture
13:22avec cette fois-ci
13:23une jeune femme
13:24qui, elle aussi,
13:25dissimule ses traits
13:26derrière une écharpe écossaise.
13:28Elle est conduite
13:29dans les bureaux
13:29du premier étage.
13:31Enfin,
13:32à bord de la R16
13:33du commissaire Samson
13:34qui arrive à son tour,
13:35un homme s'abrite
13:36sur la banquette arrière.
13:37Dans la nuit,
13:38on peut tout juste
13:39le distinguer.
13:40Et on croit qu'il s'agit
13:41d'un suspect.
13:42En réalité,
13:44c'est le directeur
13:45de la police judiciaire
13:46qui essaie de semer
13:48les journalistes.
13:48En effet,
13:49sa présence
13:50pourrait donner à la presse
13:52la certitude
13:52que Jean-Paul est coupable.
13:54Il ne manquerait pas
13:54de le publier,
13:55ce qui pourrait inquiéter
13:56ses éventuels complices
13:57et nuire en fin de compte
13:59au petit Robert.
14:02Jean-Paul a 15 ans
14:03depuis 48 heures.
14:04Il vit avec ses deux sœurs,
14:06Martine, 18 ans,
14:08et Sophie, 4 ans,
14:09au domicile
14:10de ses grands-parents.
14:12Son père,
14:12directeur dans une grande
14:13société d'automobiles,
14:14n'entretient avec eux
14:15que de très rares relations
14:17depuis que sa mère,
14:18déléguée médicale,
14:19a pour ami
14:20un de ses compagnons
14:21de travail.
14:22Jean-Paul a été renvoyé
14:23à la fin de la dernière
14:24année scolaire
14:25du collège
14:25que fréquente
14:26le petit Robert.
14:28Il est devenu élève
14:29d'un collège
14:29d'enseignement général
14:30à 1500 mètres
14:32de son domicile.
14:32Enfin, Jean-Paul
14:34reconnaît avoir été
14:35mêlé au rapte
14:36du petit Robert,
14:37mais mêlé seulement
14:38car Jean-Paul,
14:40nous ne voulons pas
14:40vous le décrire,
14:41vous comprendrez
14:42pourquoi tout à l'heure,
14:43car Jean-Paul prétend
14:44d'abord avoir servi
14:45d'intermédiaire
14:46à deux gangsters.
14:48On lui démontre
14:49l'invraisemblance
14:50de son récit.
14:52Les deux gangsters
14:53deviennent alors
14:54deux amis
14:55avec lesquels
14:56il aurait partagé
14:57la rançon.
14:58Il raconte
14:59qu'il avait caché
14:59l'argent dans sa chambre.
15:01Mais,
15:01c'est dans le grenier
15:03que les policiers
15:04ont trouvé
15:05la somme
15:06complète.
15:10Devant cette preuve
15:11formelle
15:11de sa culpabilité,
15:13Jean-Paul a une crise
15:14de nerfs.
15:16Il faut lui faire
15:16une piqûre calmante
15:17qu'il endort.
15:20Il me fait peur
15:21et aux copains aussi,
15:23déclare un de ses camarades
15:24de classe.
15:25Le jeudi,
15:27il restait tout seul
15:27dans les bois.
15:28Il s'enfermait
15:29dans sa cabane
15:29avec une carabine.
15:32Jamais
15:32on n'a osé
15:33aller avec lui.
15:36Je ne peux pas dire
15:37qu'il était anormal,
15:38mais son comportement
15:39était très souvent bizarre,
15:40dit de son côté
15:40un voisin.
15:42Et une femme
15:42qui habite juste
15:43en face de chez lui
15:44déclare,
15:44je me suis toujours
15:46refusé à laisser
15:47mes enfants jouer
15:47avec lui.
15:48Son attitude
15:49était quelquefois
15:50déroutante.
15:52Après des périodes
15:52de calme,
15:53il manifestait
15:54une énergie désordonnée,
15:55jouait avec une carabine
15:57et avait
15:58un regard inquiétant.
16:02De son côté,
16:03un éducateur
16:03de la région parisienne
16:04qui connaît fort bien
16:05l'adolescent déclare
16:06« J'avais conseillé
16:08à la mère
16:08d'emmener Jean-Paul
16:09chez un psychiatre.
16:11Sous un comportement
16:11apparemment normal,
16:12ce garçon cachait
16:13d'importants troubles
16:14de la sensibilité.
16:15Certains événements
16:16qui auraient fait pleurer
16:17un enfant de son âge
16:18le laissaient
16:19complètement indifférent. »
16:22Cette attitude,
16:22ajoute-t-il,
16:23a été décelée
16:24par certains membres
16:25de son entourage
16:26qui s'en sont inquiétés
16:27après son renvoi
16:28de l'école.
16:29Au contraire,
16:30une amie de sa sœur,
16:3117 ans,
16:32n'en dit que du bien.
16:33Il était toujours
16:34très correct,
16:34poli, sérieux.
16:36Jamais je n'aurais imaginé
16:37qu'il fût capable
16:37de commettre
16:38un acte pareil.
16:41Évidemment,
16:41la police tait
16:42son inquiétude
16:43de la famille Durand
16:43qu'est devenu
16:45le petit Robert.
16:47Est-il vivant ?
16:49Est-il aux mains
16:50d'un ou de plusieurs complices ?
16:52Il paraît impensable
16:53que Jean-Paul,
16:54cet enfant de 15 ans,
16:55ait organisé
16:56et accompli tout seul
16:57ce kidnapping.
17:00À 8h30,
17:01le dimanche matin,
17:03on réveille l'adolescent.
17:06Il reconnaît alors
17:07le petit Robert
17:10est mort.
17:12Ce sont mes deux amis
17:13qui l'ont tué.
17:17Ils l'ont tué
17:17et ils n'ont pas eu
17:18le temps de toucher
17:19leur part de rançon.
17:20C'est pour cela
17:21que les policiers
17:21ont trouvé
17:22la somme intacte
17:22chez lui.
17:24Aussitôt,
17:25dans le quartier de Jean-Paul,
17:26c'est une nouvelle opération
17:26de bouclage.
17:28Les CRS
17:29se sont répartis la tâche.
17:31Certains
17:31entrent
17:32dans la villa de Jean-Paul
17:33et fouillent le quartier
17:34jusqu'à l'orêt
17:35de la forêt
17:35très proche.
17:36D'autres
17:37se dirigent
17:38vers la forêt
17:38portant des pelles,
17:39des pioches.
17:40Des chiens policiers
17:41les accompagnent.
17:43Apparemment,
17:43les recherches
17:44se situent
17:44dans un périmètre
17:45de plus en plus réduit.
17:47À midi et quart,
17:48une voiture
17:48de la police judiciaire
17:49arrive.
17:50Jean-Paul,
17:51accompagné
17:51de deux inspecteurs,
17:52en descend.
17:53Il s'engage
17:54dans un petit sentier
17:56qui mène à la forêt.
17:57Il reste sur place
17:58trois minutes environ.
18:00Puis Jean-Paul
18:00remonte dans le quart.
18:03Le bruit
18:03se répand
18:04comme une traînée
18:05de poudre.
18:05Le corps
18:07du petit Robert
18:08a été découvert.
18:11Une évidence
18:12s'impose enfin.
18:14Jean-Paul,
18:16cet enfant
18:17de 15 ans,
18:19a agi
18:20absolument seul.
18:23Il a
18:23seul
18:24organisé
18:25le kidnapping
18:26et toujours seul
18:27il a tué
18:29le petit Robert.
18:32Alors,
18:32bien sûr,
18:33les questions
18:33se posent.
18:34Comment ?
18:35Pourquoi ?
18:36Répondons d'abord
18:37à la première question.
18:38Comment ?
18:40Durant plusieurs semaines,
18:41ce garçon a mis au point
18:42le scénario de l'enlèvement.
18:44Dans des magazines
18:45de jeunes,
18:46il a découpé
18:47les caractères d'imprimerie
18:48qui lui ont permis
18:49de rédiger la lettre
18:50pour réclamer
18:50la première rançon
18:51de 20 000 francs.
18:52Toutefois,
18:54il a oublié
18:54de détruire
18:55ses magazines
18:56et c'est dans sa chambre
18:57que les policiers
18:59les ont retrouvés.
19:00Au jour
19:00qu'il a prévu
19:01à la sortie de l'école,
19:02Jean-Paul
19:02aborde le petit Robert
19:03qu'il connaît
19:04depuis longtemps.
19:05Sans méfiance,
19:06semble-t-il,
19:06l'enfant le suit.
19:08La ruse
19:09employée
19:09par le meurtrier
19:10pour emmener sa victime
19:11est des plus ordinaires.
19:12Un simple jeu.
19:13Vers midi,
19:14Jean-Paul
19:14aborde Robert
19:15à la sortie de l'école
19:16et l'invite
19:16à monter
19:17dans une poussette
19:18sur laquelle
19:18se trouve
19:19une caisse.
19:20Jean-Paul parcourt
19:21ainsi les 1500 mètres
19:22séparant l'école
19:24de son domicile
19:24en criant
19:25comme les chiffonniers
19:25« Ferraille,
19:26vieux chiffon ! »
19:27Puis,
19:28il laisse le petit Robert
19:29dans sa maison.
19:32Le jeune ravisseur
19:33se rend alors
19:33chez les parents
19:34de Robert
19:34et dépose
19:35dans leur boîte
19:35à lettres
19:35la demande
19:36d'une rançon
19:37de 20 000 francs.
19:39Il rentre ensuite
19:40chez lui
19:41et immédiatement
19:43tue Robert
19:45à coups de gourdin.
19:48Puis,
19:49il enterre le corps
19:49sous une couche
19:50de feuilles mortes
19:51dans les bois
19:51à proximité immédiate
19:53de sa maison.
19:55Avant de procéder
19:56à cet enterrement sommaire,
19:57Jean-Paul a pris
19:58la précaution
19:58d'enlever les bretelles
19:59et les chaussures
20:00de sa victime
20:00en prévision
20:01des tractations
20:02qui suivraient
20:03certainement le rapte.
20:05Seul,
20:06toujours,
20:06il téléphone
20:07à M. Durand
20:07pour porter la rançon
20:09qu'il avait tout d'abord
20:10fixée à 20 000 francs
20:11à 60 000 francs.
20:13Jean-Paul ensuite
20:14remet à une personne
20:15désignée
20:15de la famille Durand
20:16les bretelles
20:17et les chaussures
20:18du petit Robert
20:19pour prouver
20:20qu'il n'est pas
20:20un escroc
20:21cherchant à profiter
20:22de la situation.
20:24Les 60 000 francs
20:25de la rançon,
20:26précise Jean-Paul,
20:28devaient être déposés
20:28dans une rue
20:29proche de la villa
20:30des Durand.
20:31Elle l'a été
20:32et il en a pris possession.
20:36Maintenant,
20:37venons-en
20:37à la deuxième question.
20:39Pourquoi ?
20:40Il faudra plusieurs jours
20:43pour tenter une réponse.
20:46D'abord,
20:46Jean-Paul en prison,
20:48refusant de se choisir
20:49un défenseur,
20:50le bâtonnier
20:51s'est désigné
20:52d'office
20:52pour cette tâche.
20:54Une avocate,
20:55mère de trois enfants,
20:56doit l'assister.
20:57Elle se rend donc
20:58dans la cellule
20:59où Jean-Paul
20:59attend,
21:00dans un état
21:01de prostration extrême,
21:03la reconstitution
21:04de son crime.
21:06L'avocate est bouleversée
21:07par cette entrevue
21:08qui dure une heure.
21:09On a écrit
21:11que cet adolescent
21:11était déjà
21:12un jeune homme
21:12mûr
21:13de 18 ou 19 ans,
21:14dit-elle.
21:15En fait,
21:16j'ai rencontré
21:16un enfant,
21:17uniquement un enfant.
21:20Un avocat célèbre
21:21à qui la mère
21:21de Jean-Paul
21:22demande d'assister
21:23son fils
21:23se rend auprès
21:24du juge d'instruction
21:25pour prendre
21:26rapidement connaissance
21:27du dossier.
21:28En compagnie
21:29du bâtonnier
21:29et du procureur,
21:31il assiste ensuite
21:32pendant deux heures
21:33à l'interrogatoire
21:34du jeune meurtrier.
21:36Cela se passe
21:37dans la cellule
21:38de la prison.
21:39En sortant,
21:40il déclare
21:40« Je ne me suis pas
21:43trouvé en présence
21:43d'un voyou
21:44ou d'une terreur.
21:46Je n'ai vu
21:46qu'un adolescent
21:48traumatisé.
21:50Les psychiatres
21:50auront fort à faire
21:52pour étudier ce cas. »
21:55Fin sur la façon
21:55dont aurait germé
21:57dans l'esprit
21:57de Jean-Paul
21:58l'idée
21:58de ce meurtre
21:59atroce,
22:00nous n'épiloguerons
22:01pas, sachez simplement,
22:03qu'aussi extraordinaire
22:04que cela puisse paraître,
22:06il va s'avérer
22:07qu'il s'agit
22:07d'une sorte
22:08de tentative
22:09de suicide.
22:10En effet,
22:12cet adolescent
22:13était malheureux.
22:14Il se considérait
22:15comme un réprouvé,
22:16un rejeté.
22:18Il ne s'intégrait
22:19pas à la société
22:20et ne voulait
22:21plus y vivre.
22:22Il a donc imaginé
22:23qu'après avoir
22:24commis un crime
22:25aussi affreux
22:26et une demande
22:27de rançon
22:27qui prouverait
22:28qu'il n'était pas fou,
22:30la société
22:30allait inexorablement
22:33se débarrasser
22:34de lui.
22:36L'idée
22:36de ce moyen
22:37lui serait venue
22:39en regardant
22:39à la télévision
22:40l'émission
22:40« À votre âme et conscience »
22:42consacrée
22:42à l'affaire Jobard.
22:44Pourquoi avoir
22:45choisi le petit Robert ?
22:47Parce que,
22:48comme le dira lui-même
22:49Jean-Paul,
22:50Robert était
22:51un ange.
22:53Jean-Paul
22:53se sentait
22:54infiniment malheureux.
22:56Robert était
22:57tout le contraire,
22:59un gosse heureux.
23:03Jean-Paul
23:03a été condamné
23:04à 15 ans
23:05de prison
23:05et libéré
23:07cinq années
23:09plus tard.
23:12Il avait
23:1223 ans et demi.
23:13Il en est
23:17chers amis
23:17des maladies
23:17de l'esprit
23:18comme des maladies
23:18du corps.
23:20Certaines maladies
23:21du corps
23:21autrefois
23:22extrêmement graves
23:23comme
23:23la tuberculose
23:25par exemple
23:26peuvent être
23:27aujourd'hui guéries
23:28complètement
23:28par un traitement
23:29médical
23:30simple,
23:30efficace,
23:31rapide.
23:33De même,
23:33des maladies
23:34de l'esprit
23:34qui peuvent avoir
23:35des conséquences
23:35très graves
23:36sont guéries
23:37de nos jours
23:38assez facilement
23:38par des psychothérapies.
23:40Encore faut-il
23:41qu'il y ait
23:42vraiment
23:42psychothérapie.
23:45Si Jean-Paul
23:46a vraiment
23:47été soigné
23:48en prison,
23:49il est
23:50très exaltant
23:51de penser
23:51que cet enfant
23:52qui se croyait
23:53un paria
23:54va trouver
23:55enfin une place
23:56dans la société.
23:58Si c'est seulement
23:59sa bonne conduite
24:02qui a décidé
24:02de sa libération,
24:06on nous permettra
24:06de ne pas être
24:07aussi enthousiastes.
24:10Vous venez d'écouter
24:29les récits extraordinaires
24:31de Pierre Bellemare,
24:32un podcast
24:33issu des archives
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