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  • il y a 6 jours
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Benjamin Fontaine et Renaud Dély.

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00:00Générique
00:00Et bienvenue dans les informés du matin, une demi-heure pour décrypter l'actualité sur France Info en votre compagnie.
00:11Renaud Delis, bonjour.
00:12Bonjour Benjamin.
00:13Avec nous ce matin deux informés, Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP et Paul Quignot, directeur délégué de Libération.
00:19Bonjour à vous deux.
00:19Bonjour.
00:20Bonjour.
00:20Renaud, on commence ce matin par évoquer ensemble cet épineux dossier des retraites.
00:24Le Premier ministre a promis la suspension de la réforme, mais comment concrétiser maintenant le deal avec les socialistes ?
00:31Est-ce qu'un compromis est vraiment possible ? On se pose la question.
00:34Et oui, c'est au prix de cette concession aux socialistes, donc la suspension de la réforme des retraites,
00:38que Sébastien Lecornu a échappé hier à la censure, puisque les socialistes n'ont pas voté la motion de censure déposée par les insoumis.
00:45Désormais, comment concrétiser, vous le disiez, ce deal dans les faits à l'occasion du débat ?
00:50Alors il y a d'une part le débat budgétaire, puis le débat sur le PLFSS, le projet de loi de financement de la sécurité sociale qui va s'ouvrir.
00:54Dans le cadre duquel donc la suspension de la réforme des retraites jusqu'au 1er janvier de 2028, soit après l'élection présidentielle, devrait être mise en œuvre.
01:03Mais est-ce que du côté de Matignon et du gouvernement, le Premier ministre rendra cet engagement ?
01:07Est-ce que le socle central, le bloc central le suivra ?
01:10Et puis quelle sera l'attitude des socialistes d'ailleurs ?
01:12Est-ce qu'ils ont, eux, envie de faire monter les enchères en quelque sorte ?
01:16Ou est-ce qu'eux aussi participeront de ce compromis ?
01:18Voici ce qu'on disait hier à la tribune de l'Assemblée nationale, le député socialiste Laurent Baumel s'adressant précisément à Sébastien Lecornu.
01:26Sur la suspension des retraites, je vous le dis solennellement ce matin, il n'y aura pas d'entourloupe ou de ruse procédurale.
01:32Vous êtes le garant qu'à la fin du processus, la suspension devienne une réalité juridique.
01:40La pérennité même de votre gouvernement est désormais liée à cet engagement pris à cette tribune devant des millions de Français.
01:47Un engagement dont vous êtes le garant, dit Laurent Baumel au Premier ministre, sauf qu'il faut évidemment qu'il y ait une majorité dans l'Assemblée pour mettre en œuvre cet engagement.
01:57Rappelons que Sébastien Lecornu s'est engagé aussi à ne pas recourir à l'article 49.3.
02:02Donc est-ce qu'ils vont réussir à concrétiser ce compromis lors des débats à venir dans les jours et semaines qui viennent ?
02:08Stéphanie Despierre, il est en sursis ce gouvernement ou il est sauvé ?
02:12Ah non, il est en sursis clairement, il n'est pas sauvé.
02:14Et d'ailleurs les socialistes hier ont bien expliqué que la censure, ce n'était pas pour aujourd'hui, mais ça ne voulait pas dire que ce n'était pas pour demain.
02:20Parce qu'en fait dans ce budget-là, il y a énormément de choses qui ne conviennent pas aux socialistes.
02:24Il y a des gels de pension de retraite, il y a des gels de pension sociale, etc.
02:28Ce que d'ailleurs ont très bien souligné la France Insoumise et le RN hier pendant le débat sur la motion de censure.
02:34Ce qui leur permettait de taper sur le parti socialiste en leur disant
02:36« Mais vous allez vous faire rouler dans la farine, in fine vous aurez peut-être la suspension de la réforme des retraites,
02:42mais vous serez obligés d'avaler des coupes budgétaires très fortes d'un autre côté.
02:46Et vous vous retrouverez peut-être à être obligés de voter ce budget alors que rien n'ira dedans. »
02:50Au PS, justement, du coup, on remet la pression à Sébastien Lecornu en disant
02:54« Voilà, nous, la suspension des retraites, c'est très bien, ça acte en sursis.
02:59En revanche, on veut pouvoir réécrire le budget et ça, ça va se faire au fil de l'eau. »
03:05Donc là, plus de 49,3%, c'est le Parlement qui va réécrire le budget.
03:08Mais la discussion va être très longue et très compliquée.
03:10Mais est-ce que les socialistes peuvent se permettre de censurer le gouvernement un peu plus tard ?
03:13Alors, ce sera compliqué, mais pourquoi pas ?
03:16François Bayrou ne l'avait pas censuré au début, ils ont décidé finalement de ne plus lui accorder sa confiance.
03:21Ils ont la clé à l'Assemblée nationale, ils sont au pivot, puisque là, la France insoumise,
03:25les communistes, les écologistes et leur Assemblée nationale votent une censure.
03:29Donc si les socialistes décident d'y aller, voilà.
03:32Après, il y a tout un tas de choses qui vont rentrer en ligne de compte.
03:34On va se rapprocher des municipales, donc ce sera peut-être aussi plus compliqué pour les socialistes de censurer.
03:38Mais moi, je n'exclus pas que la discussion budgétaire dérive et que finalement, il y ait une censure,
03:44soit début décembre, soit alors peut-être après le budget, encore début janvier.
03:47La tension va se maintenir.
03:49Paul Quignot, on a vu hier les groupes LR et PS se maintenir, tenir finalement,
03:53puisque sept députés PS seulement ont voté la motion des insoumis, une seule députée LR.
03:58Est-ce que ça veut dire que ça y est, Laurent Wauquiez, Olivier Faure sont finalement des partenaires fiables pour Sébastien Lecornu ?
04:04– Ça dépend un peu de la tonalité des discussions qui vont s'engager et de la bonne foi des uns et des autres.
04:09En fait, c'est ça qui est... ça va être ça le plus dur.
04:11Il y a des questions techniques, budgétaires, même de parlementaires sur la manière de voter cette suspension des retraites.
04:20Donc ça, c'est des... ouais, il y aura de la technicité, ça va être long, ça va être compliqué,
04:26mais ça sera d'autant plus compliqué si les uns et les autres ne changent pas d'état d'esprit, en fait.
04:32Parce que derrière ce qu'a dit Lecornu sur le 49.3, c'est la possibilité pour le Parlement,
04:38précisément, texte par texte, amendement par amendement, d'aller chercher des compromis.
04:42C'est pas la culture politique française.
04:45Et c'est précisément le problème dans lequel on est depuis la dissolution.
04:48C'est qu'il y a une assemblée qui est quasiment ingouvernable, puisqu'il n'y a pas de majorité,
04:53mais que tout le monde semble oublier qu'ils ne sont pas majoritaires.
04:57Donc le vrai enjeu derrière ce qui est en train de s'engager,
05:00ça va être la capacité des uns et des autres, un, à respecter leurs paroles,
05:04et Lecornu va être attendu là-dessus.
05:06Donc si effectivement il y a un tourloupe, le PS pourra censurer dans les semaines qui viennent,
05:12s'il n'y a pas d'avancée, s'il y a de la mauvaise foi.
05:15Oui, et pour que le compromis se concrétise, finalement il faut que le PS fasse aussi certains pas.
05:20Tout le monde, pas que le PS, effectivement.
05:21Il faut que la droite accepte un certain nombre de compromis sur des questions fiscales,
05:25il faut que la gauche comprenne qu'il y a aussi un vrai enjeu de réduction du déficit et de la dette.
05:31Donc oui, ça va être à chacun d'essayer d'intégrer cette culture du compromis.
05:38L'enjeu c'est ça, c'est d'inventer une nouvelle culture démocratique,
05:40une nouvelle culture parlementaire, c'est ce que dit Paul Quignot.
05:42Donc c'est toute une question d'abord de mise en oeuvre de cette bonne foi de part et d'autre.
05:46Il faut être plusieurs pour conclure un compromis.
05:47Ce qui est très difficile sur la réforme des retraites,
05:50c'est qu'une bonne partie du bloc central ou de la droite, évidemment,
05:54a du mal à avaler la pilule, qui est extrêmement coûteuse,
05:58qui l'aurait extrêmement coûteuse.
05:59Donc il est possible que Sébastien Lecornu, il s'engagera sans aucun doute,
06:04pour que justement le bloc central, le socle commun,
06:07si tant est que ce soit un socle et qu'il soit en corps commun,
06:11vote, s'engage à voter la réforme des retraites,
06:14la suspension de la réforme des retraites.
06:16Mais il peut être désavoué par certains députés.
06:18Vous le disiez d'ailleurs, il y a 7 députés socialistes
06:19qui n'ont pas voté la motion de censure.
06:21Donc il faut...
06:23Ce qui est intéressant, c'est que je pense que la suspension de la réforme des retraites,
06:25elle va aussi dépendre dans l'hémicycle de l'attitude du RN et de LFI.
06:29Puisqu'officiellement, ils sont hostiles à la réforme des retraites.
06:32Il est possible, s'il y a des manques de voix, des déperditions,
06:35en particulier à LR, très probablement,
06:37mais aussi d'ailleurs à horizon, mais aussi peut-être parmi les macronistes,
06:41que la suspension ne passe que si LFI et le RN,
06:45ce qui sera logique, a priori, la vote,
06:47puisqu'ils sont hostiles à cette réforme des retraites.
06:49Juste un autre point sur la méthode.
06:50Elle nécessite des compromis de part et d'autre.
06:52Elle nécessite la bonne foi de part et d'autre.
06:54Notons au passage quand même que,
06:56lorsqu'Olivier Faure était candidat à Matignon,
06:57quand il disait qu'il voulait être Premier ministre,
06:59il s'engageait à suspendre le 49-3,
07:02s'il était nommé Premier ministre,
07:04et il demandait aux macronistes
07:06de s'engager de leur côté à suspendre le 49-2,
07:10c'est-à-dire la possibilité de déclencher une censure, justement.
07:12Là, ce n'est plus le cas, visiblement.
07:13Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser le 49-3.
07:17Il ne le fera pas.
07:18De toute façon, maintenant, il est pied et poing lié par cet engagement.
07:20Mais les socialistes, eux, ont conservé l'arme de la censure.
07:24100-49-3, ça veut dire qu'il faut aussi tenir sa majorité,
07:27en tout cas son socle commun, Stéphanie Despierre.
07:29Sauf qu'on voit bien qu'il y a de l'instabilité,
07:31en ce moment, des députés qui disent
07:33« Nous, on n'est pas sûr, finalement, de voter cette suspension. »
07:35C'est très clairement.
07:37Chez les macronistes, il y en a beaucoup qui disent
07:38« Moi, je ne serai pas forcément dans l'hémicycle,
07:40le jour où il faudra la voter. »
07:43Enfin, ça va leur coûter énormément.
07:44Ils se sont fait injurier et alpaguer dans la rue
07:48pendant des mois et des manifestations.
07:49Donc, beaucoup disent « Voilà, moi, je ne serai probablement pas là. »
07:52Donc, Sébastien Lecornu va avoir du mal à compter sur un socle.
07:57À horizon, on ne veut surtout pas de la suspension des retraites.
07:59À droite, enfin, chez les Républicains, c'est un peu moins lisible
08:02parce qu'il y a une partie du parti qui n'en veut surtout pas.
08:04Ça, c'est Bruno Retailleau.
08:06Les députés, eux, sont beaucoup plus ouverts
08:07à une suspension de la réforme des retraites
08:08puisque, de toute façon, il y en a surtout une partie en 2023
08:11qui n'en voulait pas.
08:12Donc, c'est là que ça va être très compliqué.
08:13Et c'est pour ça que le débat va être long et compliqué aussi
08:15parce que ça va être beaucoup des enjeux de présence dans l'hémicycle.
08:18Au moment des votes importants,
08:19au moment de la suspension de la réforme des retraites,
08:20mais il faudra que tout le monde soit dans l'hémicycle
08:22où tous ceux...
08:23Alors, il y en a qui auront piscine, je vous l'ai expliqué.
08:25Les députés René...
08:26Ouponnais.
08:27Pardon, les députés Ouponnais ou Scralbes, comme vous voulez.
08:29Les députés Ensemble, on l'a plus.
08:30Il y en a beaucoup qui ne seront pas là.
08:33Mais voilà.
08:33Et sur l'attitude du RN et de la France insouzée,
08:36mise notamment sur l'attitude du RN,
08:37il y a aussi une interrogation
08:38parce que les deux étaient tout à fait favorables
08:40à abroger la réforme des retraites.
08:41Là, depuis quelques jours,
08:42Marine Le Pen dit
08:43la suspension de la réforme des retraites
08:49on ne va pas suspendre cette réforme
08:52qui n'est qu'une suspension et pas une abrogation
08:53au prix d'énormément de coupes
08:56par exemple dans les prestations sociales, etc.
08:58Donc là-dessus aussi, ça va être très...
09:00Il va falloir surveiller la position du RN.
09:02Avec des craintes de chaque côté comme cela,
09:03on va voir arriver des amendements,
09:05Paul Quignot, j'imagine, dans tous les sens,
09:06ça risque de donner aussi un budget un peu étrange, non ?
09:10Parce que chacun va se méfier de l'autre.
09:11La bagarre parlementaire va être longue,
09:14va être compliquée
09:14parce qu'il y a beaucoup de choses à décider,
09:17il y aura beaucoup de compromis à trouver.
09:19Mais il faudra, à ces moments-là,
09:21se rappeler de l'essentiel.
09:22Les formations politiques
09:24qui ont accepté ce jeu du compromis,
09:28pourquoi est-ce qu'elles l'ont fait ?
09:30Elles ont fait un choix politique
09:32de préférer cette suspension
09:35proposée par le Cornu
09:38pour éviter l'instabilité politique.
09:41C'est un choix politique fort
09:42que n'ont pas fait l'ERN ou LFI.
09:45Mais à chaque moment de la discussion parlementaire,
09:47il faudra qu'ils assument cette position
09:49d'avoir considéré qu'il y avait un vrai danger démocratique
09:54à continuer le bazar auquel on assiste depuis des semaines et des semaines.
09:57Donc ils ont fait le choix de la stabilité.
09:59Maintenant, il va falloir qu'ils l'assument
10:00dans la capacité de construire des compromis.
10:04Et l'instabilité, Renaud,
10:06on l'a encore ressenti hier soir au sein du Sangle commun
10:08avec cette fameuse sortie d'Edouard Philippe.
10:10On en revient à notre deuxième débat du jour.
10:12Edouard Philippe, qui l'avait déjà dit
10:14il y a une dizaine de jours
10:15et qui a donc récidivé hier
10:18celui qui a été le premier Premier ministre d'Emmanuel Macron.
10:20C'était de 2017 à 2020,
10:23qui a par ailleurs déjà déclaré
10:24sa candidature à l'Elysée.
10:25Il est candidat à l'élection présidentielle.
10:27Edouard Philippe, eh bien,
10:28il piave d'impatience.
10:29Il réclame donc une présidentielle anticipée.
10:32Voici ce qu'Edouard Philippe a dit hier.
10:34C'était sur France 2.
10:36Je n'ai pas formulé cette position
10:38parce que je pensais qu'elle serait populaire
10:40ou parce que j'espérais convaincre le président.
10:43Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat.
10:45Et je peux le comprendre.
10:47Je l'ai dit parce que je pense
10:48que c'est la seule décision digne
10:49qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination
10:53et de crise qui se terminera mal, je le crains.
10:59Alors cette position est-elle audible, d'ailleurs,
11:01par les Français quand on a donc été soi-même
11:03pendant trois ans Premier ministre d'Emmanuel Macron ?
11:05À l'époque, d'ailleurs, rappelons qu'Edouard Philippe aussi
11:07avait voulu réformer les retraites,
11:09qu'il avait mis du monde dans la rue
11:10et qu'il avait finalement échoué et reculé.
11:14Et puis, est-ce que c'est une vraie menace
11:16pour Emmanuel Macron, d'une part ?
11:18Et d'autre part, est-ce que c'est une menace aussi
11:20pour les institutions et les successeurs d'Emmanuel Macron
11:23si jamais celui-ci était amené
11:25à interrompre son mandat avant son terme ?
11:28Est-ce que ce n'est pas quelque chose
11:29qui pourrait se produire à l'avenir dès lors qu'un président de la République
11:31est contesté et impopulaire ?
11:34Et ça, c'est déjà vu, des premiers ministres
11:35contestés et impopulaires, me semble.
11:37Des présidents, pardon, contestés et impopulaires.
11:39Des premiers ministres aussi, d'ailleurs.
11:40Mais des présidents, en l'occurrence, contestés et impopulaires.
11:42On en a vu.
11:43Stéphanie Despierres, comment vous l'interprétez,
11:44vous, cette sortie d'Edouard Philippe, sa stratégie ?
11:47Alors, Edouard Philippe, en fait, il est pris entre deux feux.
11:49C'est-à-dire qu'il essaye de s'éloigner d'Emmanuel Macron
11:51parce qu'il en a été le premier ministre.
11:54Donc, c'est un moyen de dire, regardez,
11:55je fais la rupture avec le président de la République
11:58parce que, ses conseillers le savent,
12:00il est toujours identifié et perçu
12:02comme un macroniste.
12:04Et puis, en même temps,
12:06il ne faut pas non plus qu'il aille trop loin
12:07parce qu'il parle quand même à un électorat de droite
12:10qui est respectueux des institutions.
12:12Donc, je pense que c'est aussi un peu dangereux.
12:14Je discutais avec un député de droite républicaine,
12:16lui qui me disait, il ne reste pas beaucoup de macronistes dans le pays,
12:18mais si Edouard Philippe veut les récupérer,
12:20je ne suis pas sûre que ce soit quand même le meilleur moyen
12:22de taper sur le chef de l'État de manière aussi forte.
12:25Et puis, Edouard Philippe baisse dans les sondages.
12:27Donc, il a essayé ses deux déclarations,
12:30celles d'hier et celles de la semaine dernière,
12:32sur la présidentielle anticipée.
12:34Peut-être s'est-il dit qu'il fallait qu'il fasse quelque chose,
12:36qu'il prenne de la place dans les médias, etc.
12:38Bon, apparemment, ça ne marche pas
12:39parce qu'il perd encore des points.
12:40Face à un président assez impopulaire, Paul Quignot,
12:43est-ce que taper sur Emmanuel Macron,
12:44ça peut rapporter des points ?
12:45C'est peut-être un peu la logique d'Edouard Philippe ?
12:48Oui, mais elle est risquée parce que son électorat,
12:50je pense, est très attaché à la stabilité
12:54dont on parlait tout à l'heure.
12:55L'électorat de droite n'est même pas le désordre.
12:58Donc, je trouve que le pari d'Edouard Philippe est compliqué.
13:02La phrase qui a été prononcée la semaine dernière
13:05et qu'il a répétée hier a été effectivement assassine
13:07pour le président de la République,
13:08parce que le président de la République est politiquement très faible.
13:12Donc, évidemment, quand des coups comme ça viennent de son propre camp,
13:16ça ne peut que l'affaiblir.
13:17Donc, ça symbolise d'une certaine manière
13:20l'immense solitude dans laquelle se trouvait Emmanuel Macron.
13:24On le savait déjà, ça fait un moment,
13:26mais là, quand des personnalités comme Edouard Philippe,
13:29quand il était son premier ministre,
13:31Gabriel Attal, il est allé aussi un petit peu.
13:34Donc, ça symbolise une solitude politique extrême
13:42et surtout l'incapacité qu'a eue Emmanuel Macron
13:45de construire un vrai parti politique.
13:50Et du coup, là, effectivement,
13:52dans des périodes de crise comme ça,
13:54il se retrouve tout seul et tout le monde se barre.
13:57On va continuer à se demander où va Edouard Philippe
13:59avec cette stratégie dans quelques instants,
14:00dans la suite des informés.
14:01Paul Quignot, Stéphanie Despierre, vous restez avec nous.
14:03Les informés reviennent après le fil d'info
14:06de Diane Ferchit à 9h20.
14:08Après quatre semaines de procès-verdict
14:10attendus aujourd'hui dans l'affaire Jubilard,
14:12la Cour et les jurés viennent de se retirer
14:14pour délibérer.
14:16Je n'ai absolument rien fait.
14:17Adelphine a déclaré ce matin Cédric Jubilard.
14:19Le ministère public a requis 30 ans de réclusion
14:22à son encontre.
14:23Cédric Jubilard a accusé du meurtre de son épouse.
14:26Fin 2020, son corps n'a jamais été retrouvé.
14:30Elle est suspectée d'avoir détourné de l'argent
14:32de personnes placées sous tutelle.
14:34Une gestionnaire de l'Union départementale
14:36des associations familiales de la Charente-Maritime
14:38placée en garde à vue.
14:4090 000 euros détournés.
14:41La femme de 57 ans a reconnu les faits.
14:4320 000 euros ont déjà été saisis sur son compte.
14:46Les Etats-Unis ne doivent pas appauvrir
14:48leur propre réserve de missiles Tomahawk.
14:50C'est ce qu'affirme Donald Trump.
14:52Alors que Volodymyr Zelensky espère s'en procurer
14:54auprès des Américains pour contrer les attaques russes.
14:57Le président ukrainien a rencontré le fabricant
15:00de ses missiles ce matin avant d'être reçu
15:02à la Maison Blanche.
15:03C'est le début des vacances de la Toussaint
15:05pour l'ensemble des élèves.
15:07Et sur les routes, Bison Futé annonce des encombrements
15:10en Ile-de-France ainsi que des difficultés
15:11qui vont être plutôt concentrées.
15:13Dans le nord-est de la France, ce sera dans le sens
15:15des départs.
15:22La suite des informés du matin
15:29avec Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP
15:32et Paul Quignot, directeur délégué de Libération Renault.
15:36On évoquait à l'instant le positionnement d'Edouard Philippe
15:38par rapport à Emmanuel Macron.
15:40Qu'est-ce qu'on en pense à l'Elysée justement
15:41de cette sortie d'Edouard Philippe ?
15:43Du mal, du mal Benjamin.
15:44Beaucoup de mal, beaucoup de mal.
15:46Non, le président de la République considère
15:48que c'est une position irresponsable.
15:51Alors d'abord pour lui-même, parce qu'elle le menace évidemment,
15:53qu'elle est en quelque sorte digne de Jean-Luc Mélenchon.
15:56Elle ne serait pas surprenante d'ailleurs.
15:57Elle n'est pas surprenante venant de la part de Jean-Luc Mélenchon.
15:59Elle est beaucoup plus brutale et violente.
16:00Jean-Luc Mélenchon, lui, réclame une révocation immédiate,
16:02une destitution même.
16:04Ce n'est pas le propos d'Edouard Philippe
16:06qui parle d'une démission anticipée en quelque sorte,
16:08d'une présidentielle anticipée dans quelques mois.
16:10Mais elle est jugée irresponsable
16:12au regard de la stabilité des institutions
16:14et de la démocratie représentative.
16:17Une remise en cause, selon l'Élysée,
16:19de nos institutions et de la démocratie représentative.
16:22Parce qu'en quelque sorte,
16:23si jamais Emmanuel Macron était amené
16:25à démissionner dans quelques mois,
16:26justement, on peut imaginer
16:28que ses successeurs auraient du mal
16:30aussi à finir leur mandat,
16:31le jour où ils mettraient des centaines
16:34de milliers de gens dans la rue sur telle ou telle réforme.
16:36Mais encore une fois, ça s'est déjà vu.
16:37Et d'ailleurs, y compris Edouard Philippe,
16:38s'il était élu en 2027,
16:40il pourrait se heurter à cette contradiction
16:41quelques mois ou quelques années après.
16:44Donc c'est vrai que ça fâche considérablement
16:45le président de la République.
16:48De sur quoi, Edouard Philippe en rajoute,
16:50en quelque sorte, puisqu'il a dit hier soir,
16:53d'ailleurs, je ne lui dois rien,
16:53je ne dois rien à Emmanuel Macron.
16:55C'est lui qui est venu me chercher.
16:57C'est pas exactement la lecture
16:58qui est faite du côté de l'Élysée,
17:01où on aime à rappeler,
17:03selon l'Élysée,
17:04évidemment, Edouard Philippe doit tout
17:06à Emmanuel Macron.
17:07Et on aime à rappeler, d'ailleurs,
17:09qu'en 2017,
17:10lorsqu'il a nommé
17:10Edouard Philippe à Matignon,
17:13Edouard Philippe n'était que
17:15maire du Havre et chroniqueur.
17:18Et oui, chroniqueur à l'époque,
17:19à Libération,
17:20le temps de la campagne présidentielle,
17:22ne le prenait pas mal.
17:22Paul Quignot sourit,
17:23délégué général de Libération.
17:25Et donc, voilà.
17:26C'est vrai ?
17:27Vous avez un souvenir ?
17:28Non, j'y étais pas à ce moment-là,
17:31mais je l'ai lu, bien sûr,
17:32mais comme lecteur.
17:33Donc, c'est une façon,
17:36évidemment, du côté de l'Élysée,
17:37de souligner à quel point
17:38c'est Emmanuel Macron
17:39qui a, entre guillemets,
17:39en quelque sorte,
17:40inventé Edouard Philippe
17:41en le nommant à Matignon.
17:42Ça en dit long, évidemment,
17:43sur l'ambiance,
17:44la guerre ouverte
17:45entre les deux hommes.
17:47Maintenant, il y a un vrai risque
17:48pour Emmanuel Macron,
17:49c'est que, de fait,
17:50Edouard Philippe légitime,
17:51en fait,
17:51les revendications des Insoumis,
17:53même si ce ne sont pas
17:53exactement les mêmes,
17:54mais il légitime le discours
17:55de Jean-Luc Mélenchon.
17:56Il ouvre, comme on dit,
17:57en quelque sorte,
17:58la fenêtre d'Overton,
17:59c'est-à-dire qu'il met dans le débat
18:00l'idée d'une démission
18:01d'Emmanuel Macron.
18:04Et donc, ça,
18:04c'est extrêmement dangereux
18:06parce qu'il banalise,
18:08en fait, cette hypothèse.
18:10Et puis, un tout dernier point,
18:12il y a quand même
18:12un vrai problème,
18:13mais ça,
18:13Stéphanie Despierre
18:14et Paul Quignot l'évoquaient aussi,
18:16je pense qu'il y a quand même
18:16un vrai problème
18:17pour Edouard Philippe,
18:17c'est qu'on ne sait plus bien
18:18où il est.
18:18Alors, ce n'est pas le seul
18:19en ce moment,
18:19c'est une politique.
18:20On a vu Bruno Retailleau
18:21rentrer, sortir, sortir,
18:22finalement,
18:23alors que LR est rentrée,
18:24bref.
18:25Edouard Philippe,
18:25donc, il veut
18:27une présidencie anticipée.
18:28Pour autant,
18:28Horizon ne censure pas
18:29le gouvernement.
18:31D'ailleurs,
18:32il y a trois ministres
18:32Horizon au gouvernement
18:33et en même temps,
18:34on a vu une vice-présidente
18:35d'Horizon,
18:36Christelle Morancet,
18:37la présidente de la région
18:37Pays de la Loire,
18:38appeler à la censure.
18:39Donc, voilà,
18:40on ne sait plus bien
18:40où il habite.
18:42Il est où ce parti Horizon,
18:43Stéphanie Despierre ?
18:43Justement, la semaine
18:44a été un peu terrible
18:45pour Horizon
18:46comme pour plein d'autres partis.
18:47Renaud le disait,
18:48il y a une vice-présidente,
18:49Christelle Morancet
18:50qui a appelé hier
18:51à la censure.
18:52Il y a trois ministres
18:53au gouvernement
18:54dont la direction d'Horizon
18:56dit qu'ils y sont allés
18:56à titre personnel.
18:58Alors qu'il y a 15 jours,
18:59moi, j'avais discuté
18:59avec des cadres d'Horizon
19:00qui se battaient
19:01pour rentrer au gouvernement
19:02le Cornuin
19:03et qui, justement,
19:05m'expliquaient
19:05qu'il y avait eu
19:06une mise en pression
19:07à côté de l'Elysée
19:08parce qu'ils n'étaient pas satisfaits,
19:10ils n'avaient pas assez de ministres.
19:11Bon, le Cornuin
19:11n'a duré que 14 heures
19:13comme on sait.
19:13Mais voilà.
19:14Et donc, Horizon,
19:15là, ne sait plus
19:16très clairement
19:19théoriquement de soutien
19:20sans participation au gouvernement
19:22mais avec trois ministres
19:23à titre personnel.
19:24Alors on n'entend personne
19:25contester publiquement
19:27ni même vraiment off
19:28la manière dont s'exprime
19:30Edouard Philippe
19:31à l'égard du chef de l'État.
19:32Mais on voit qu'à Horizon
19:33comme ailleurs,
19:34il y a des tiraillements
19:35alors que jusque-là,
19:36c'était quand même
19:36un petit parti
19:38encore en construction
19:39avec un certain nombre
19:40d'élus locaux
19:40où la ligne était assez claire
19:42et là, on sent que ça tiraille aussi
19:43tout comme ça tiraille
19:44aux Républicains,
19:45chez les socialistes.
19:47Paul Quignot,
19:48il y a une autre inquiétude
19:48pour Edouard Philippe.
19:50Il serait aussi menacé
19:51par la gauche
19:51au sein de sa mairie
19:52pour les prochaines municipales.
19:54Ça peut peut-être le pousser
19:55aussi à avoir
19:55des positions un peu tranchées
19:57on va dire
19:57pour des ambitions nationales.
19:59Évidemment que
19:59tous les scrutins électoraux
20:01qui vont se dérouler
20:02et il y a les municipales
20:03d'ici la présidentielle
20:04vont peser
20:05sur les tactiques
20:07des uns et des autres.
20:07J'ai plus envie
20:08de parler de tactique
20:09que de stratégie
20:09parce que c'est vrai
20:10qu'on n'y voit pas très clair.
20:12Mais sur la question
20:12de la destitution,
20:13je pense qu'il y a
20:14deux sujets.
20:14Il y a la question
20:15de la personne du président.
20:17Je disais tout à l'heure
20:18il n'a jamais été
20:19aussi faible
20:19et aussi isolé.
20:24Emmanuel Macron
20:25a lui aussi
20:25joué avec les institutions.
20:28Donc notamment
20:28Dans quelle mesure
20:29selon vous ?
20:30Quand il a décidé
20:31de dissoudre
20:31après les européennes.
20:32C'était un geste politique
20:33qui était un espèce
20:34de pari fou
20:35vis-à-vis
20:37du fonctionnement
20:38des institutions.
20:39Donc il se pose
20:41aujourd'hui
20:42en garant de la stabilité
20:43des institutions
20:44parce qu'il n'a quasiment
20:44plus que ce rôle-là
20:45à assumer
20:46avec une présence
20:47à l'international
20:48importante.
20:50Donc il se pose
20:51en garant.
20:52Tant mieux,
20:52il n'a pas toujours été.
20:54Donc il est attaquable
20:55de ce côté-là.
20:56Sauf que
20:57ça c'est l'homme.
20:59Mais le vrai enjeu
21:01est sur la fonction
21:02du président de la République.
21:03Si on commence
21:04à jouer
21:05avec des institutions
21:06comme certains
21:07commencent à le faire,
21:09qu'est-ce qui se passera
21:09derrière
21:10pour le prochain
21:11président de la République
21:12à la moindre crise,
21:14hop,
21:16on le révoque,
21:17il faut qu'il s'en aille.
21:18Mais je pense
21:19également
21:19pour d'autres mandats
21:21électoraux.
21:22Un maire
21:22qui se retrouve
21:23dans une crise
21:23dans sa ville
21:24importante,
21:25etc.
21:25Donc il y a une forme
21:27de dégagisme
21:28derrière cette proposition-là
21:29qui m'inquiète un peu.
21:31Juste un mot,
21:31c'est d'autant plus surprenant,
21:33c'est que le cas Macron,
21:34si j'ose dire,
21:34est réglé.
21:35Il ne sera pas candidat
21:36en 2027.
21:37Donc la question
21:37qui se pose,
21:38ce n'est pas
21:38l'avenir politique
21:39d'Emmanuel Macron
21:39en 2027,
21:41ce sont les institutions,
21:43la fonction présidentielle
21:43et ceux qui l'occuperont.
21:45Et c'est à ce titre-là
21:47que la position
21:47d'Edouard Philippe
21:48est d'une part surprenante
21:49et d'autre part
21:50assez risquée.
21:51Merci beaucoup,
21:52Renaud.
21:52Merci Stéphanie Despierre.
21:53On vous retrouve évidemment
21:54sur LCP.
21:55Merci Paul Quignot,
21:56directeur délégué de Libération.
21:57Libération qui fait sa une
21:58sur l'affaire Jubilar ce matin.
22:00Le verdict du procès
22:01de Cédric Jubilar
22:01attendu aujourd'hui.
22:03C'est l'heure
22:03de l'intime conviction.
22:04Titre à la une de Libé.
22:05Les informés reviennent ce soir
22:07à 20h avec Thomas Sechier.
22:08L'info continue
22:09sur France Info.
22:10Bonne journée.
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