L'offre de reprise en Scop de Brandt a été rejetée par le tribunal, malgré le soutien de l'État et des collectivités. 700 emplois vont être supprimés après l'annonce de la liquidation judiciaire du dernier grand fabricant d'électroménager en France.
00:00Le matin, simplement, quand vous avez appris la nouvelle, Madame, de cette liquidation judiciaire, quelle a été votre réaction ?
00:08C'était un choc. Je reçois un message de mon responsable qui me dit « Convocation pour tout le monde, comme à midi, au montage, comme d'habitude ».
00:18Je me suis dit « C'est pour nous dire que le tribunal de Nanterre va se tatuer l'après-midi ». Je ne m'inquiétais pas plus que ça.
00:24Et en même temps, je tourne la tête, j'allume la télé et je tombe sur BFMTV. Je vois la bande d'informations en bas de l'écran.
00:32Le tribunal de Nanterre a rendu son jugement. Elle a prononcé la liquidation judiciaire. Et c'est comme ça que je l'ai appris.
00:38Vous avez appris l'info à la télé en regardant la télévision.
00:43Oui, tout à fait. On se doute, on avait des doutes que ça se passerait mal. Même si on était repris en scope, on savait qu'il y avait carré de la casse.
00:50Mais là, je l'ai appris en direct. Même si j'aime beaucoup BFMTV, ce n'est pas une des...
00:55Vous avez bien raison. Les salariés avaient monté ce projet de scope qui prévoyait de reprendre à peu près la moitié des 700 postes de l'entreprise.
01:03L'État avait apporté son soutien, les collectivités locales également. Est-ce que vous en voulez à quelqu'un ce soir ?
01:13Non, ça ne sert à rien. C'est contre-productif d'en vouloir à quelqu'un, d'en vouloir aux autres.
01:20Peut-être qu'on aurait pu nous laisser un peu plus de temps. Qu'on puisse monter un projet, un dossier plus solide financièrement.
01:29Qu'on ait eu plus le temps de contacter les banques publiques pour qu'on ait des vrais partenariats.
01:34Parce que là, c'était fait dans la précipitation. On n'a pas le temps de construire quelque chose de détaillé, de concret et d'acté.
01:42Là, ça a été dans la précipitation. Donc c'est juste ça que je regrette. Qu'on ne nous avait pas laissé un peu plus de temps.
01:47Mais en vouloir à quelqu'un, ça ne sert à rien.
01:50Ça ne nourrit que la haine et la rancune. Ça ne sert à rien.
01:53Vous allez rester encore un peu ensemble dans les jours qui viennent. Je crois que les derniers salaires sont prévus le 15 décembre.
01:58Dans quelques jours, vous continuez à vous voir. Vous allez rester solidaire.
02:03Oui. Alors pour l'instant, on n'a pas touché notre salaire. On a touché une avance. La moitié, les 15 premiers jours de décembre, les autres 15 jours, nous serons versés par l'AGS, l'assurance de garantie des salaires, à une date ultérieure.
02:18Nous ne savons pas à laquelle encore. Et concernant mes collègues, bien sûr, on va se revoir parce qu'on a pu nouer des amitiés depuis 1997.
02:26J'ai pu connaître plein de personnes à construire des amitiés fortes et réelles. Et ça, ça va rester dans le futur. Il faut. Sinon, on ne tient pas.
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