Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 10 heures

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00C'est qu'Adrien Matou, bonsoir.
00:02Directeur adjoint de la rédaction de Marianne.
00:03Bonsoir Louis-Ausalter.
00:04Bonsoir Pierre.
00:05Journaliste politique au Figaro.
00:07Notre invité Thierry Breton.
00:08Bonsoir Thierry Breton.
00:09Bonsoir.
00:09Ancien commissaire européen au marché antérieur,
00:11ancien ministre de l'économie,
00:12auteur des dix renoncements qui ont fait la France.
00:16C'est coédité par Plon et Bûcher Chastel.
00:19Ce matin, François Villeroy de Gallo,
00:21le gouverneur de la Banque de France,
00:23était l'invité d'Europe 1 et de CNews.
00:26Il a voulu rassurer.
00:28L'État ne touchera pas à l'épargne des Français.
00:31Il n'est pas question d'aller se servir dans l'épargne des Français.
00:34L'épargne, elle est libre.
00:35C'est les Français qui l'affectent librement
00:37vers le livret A, vers l'assurance vie,
00:40vers aussi des produits d'action,
00:42le PEA, le plan d'épargne en tête,
00:45qui servent d'ailleurs les fonds propres
00:46et l'investissement des entreprises.
00:49Donc l'épargne, évidemment, doit rester libre.
00:52Je relève simplement, quand je dis
00:54qu'on peut croire encore en la France,
00:56parmi nos atouts, il y a une épargne qui est élevée.
00:59C'est vrai pour la France,
01:00c'est vrai pour nos voisins européens.
01:02Et le paradoxe de la situation actuelle,
01:04c'est que cette épargne, elle sert en partie
01:06à financer l'investissement et l'innovation ailleurs,
01:08notamment aux États-Unis.
01:09Alors, M. Trump veut mobiliser les ressources américaines
01:12pour l'Amérique, c'est son droit,
01:14mais nous, on va mobiliser des ressources européennes
01:16pour l'Europe, pour sa croissance et pour son innovation.
01:19– C'est une question légitime qu'a soulevé Romain Desarbres
01:21ce matin sur Europe 1 et sur CNews, Thierry Breton,
01:23parce que dans ce vote interminable
01:26du budget de la sécurité sociale,
01:28dans l'incertitude du budget général
01:30qui doit intervenir théoriquement avant le 31 décembre,
01:32en tout cas on l'espère,
01:34les Français se disent, mais est-ce que,
01:36voilà, je touche mes poches pour ceux qui ne me voient pas,
01:38est-ce qu'on va en prendre encore plus
01:42avec les impôts déjà qu'on paye ?
01:44– Les Français, hélas, bien devine-nous,
01:48ont raison de se poser cette question,
01:49parce que ce qu'on vient d'assister
01:51au cours des 5-6 dernières semaines
01:54démontre qu'on est à nouveau prêt à tout,
01:58y compris, pardon, je ne veux surtout pas
02:00interférer avec les propos du gouverneur de la Banque de France.
02:03– Ah, vous faites ce que vous voulez.
02:04– Mais pardon, mais souvenez-vous qu'il n'y a pas longtemps,
02:08j'avais cru voir passer,
02:10et ça a été très soutenu par l'Assemblée,
02:12le fait qu'on allait taxer, il me semble, l'assurance-vie.
02:18Or, c'est quoi l'assurance-vie ?
02:20C'est l'épargne des Français.
02:21– L'épargne préférée des Français.
02:22– Pardon, mais, pardon, encore une fois,
02:23je ne veux pas contester,
02:24mais juste rappeler à nos auditeurs
02:25qu'il me semble qu'on a augmenté,
02:28vous savez la flat tax,
02:29qui fait que lorsque vous avez une épargne...
02:31– Une entreprise ?
02:32– Non, non, non, lorsque vous avez une épargne en actions,
02:35puis que vous vendez les produits financiers,
02:36vous vendez ces actions pour leur investir,
02:38c'est l'épargne qu'on fait tourner,
02:41il me semble que ça a augmenté.
02:43Donc, malheureusement,
02:45c'est vrai que nous avons 6 000 milliards d'euros d'épargne,
02:48c'est-à-dire qu'on est presque à 19% aujourd'hui de taux d'épargne,
02:51qui est un taux très important,
02:52qui démontre quoi ?
02:53Que les Français,
02:54les Français voient ce qui se passe,
02:56et se disent,
02:57un tiens vaut mieux que deux tu l'auras,
03:00et malheureusement,
03:01je dis malheureusement,
03:02ils gardent cette épargne,
03:04qui du coup n'est plus productive.
03:05Et ça impacte sur la croissance ?
03:08Elle sert à acheter de la dette.
03:09Alors ça, on est champion du monde.
03:11Elle sert à acheter de la dette,
03:12c'est-à-dire à financer l'État impecunieux.
03:14Mais ce que vous voulez dire,
03:15c'est que là où François Villeroy de Gallo
03:16a l'air non pas satisfait,
03:18mais en tout cas,
03:19il se rassure sur cette épargne des Français,
03:22vous, vous en êtes plutôt inquiet.
03:24Non, je ne suis pas inquiet,
03:25il est là,
03:25et les Français font ce qu'ils veulent,
03:26et heureusement,
03:27encore une fois,
03:27qu'ils gèrent aussi,
03:28je dirais,
03:30l'épargne,
03:32comme ils l'entendent,
03:33et également,
03:34ils voient bien,
03:34parce que les Français comprennent bien
03:36ce qui se passe,
03:36et on peut dire un mot sur les retraites,
03:38ils voient bien que de toute façon,
03:40cette situation,
03:42dans laquelle on continue à vivre
03:43totalement au-dessus de nos moyens,
03:45et je parle en particulier,
03:47en ce qui concerne notre État-providence,
03:49et dans l'État-providence,
03:50on met évidemment les retraites.
03:51ils voient bien que tous les autres pays du monde,
03:55et en particulier tous les pays européens,
03:57allongent la durée de rentrée,
04:00précisément dans la retraite,
04:01tous, sans exception,
04:03et que nous,
04:04et que nous,
04:05eh bien,
04:05on ne tient pas compte,
04:07ni de l'allongement de la durée de la vie,
04:08ni de la baisse de la démographie,
04:10qui sont deux facteurs absolument clés,
04:12pour pouvoir continuer à financer
04:13notre régime de retraite,
04:14comme il se fait.
04:16Alors, on avait réussi,
04:17bien devine-nous,
04:19c'était au forceps,
04:20j'allais presque dire,
04:21si vous me pardonnez l'expression,
04:22de faire enfin comprendre
04:23à nos compatriotes,
04:25qu'il fallait juste commencer
04:26à se radapter un tout petit peu
04:27à cette réalité
04:28que je viens de décrire rapidement,
04:31et finalement,
04:31qu'il fallait passer
04:32de 62 à 63,9 années
04:35de travail,
04:37pour commencer à aller
04:38dans cette...
04:40Pardon,
04:40le départ de la retraite,
04:41excusez-moi.
04:43Excusez-moi,
04:44vous avez raison.
04:45Peut-être qu'on y sera un jour.
04:47Et c'est la sagacité
04:48de Pierre de Villeneuve légendaire
04:49qui vient de s'exercer
04:50à nouveau à notre micro.
04:51Merci.
04:52Mais évidemment,
04:53on avait réussi précisément
04:55à faire comprendre,
04:56ça avait été compliqué,
04:57ça avait été utilisé
04:57du reste par le 49.3,
04:59qui a été voulu,
04:59encore une fois,
05:00par notre Constitution,
05:02pour lorsque l'intérêt général prime,
05:04eh bien,
05:04qu'on l'utilise,
05:05parce que c'est l'intérêt général
05:06dont il s'agissait.
05:07Et puis voyez-vous,
05:08patatras,
05:09après huit ans de discussion,
05:11pour remettre un tout petit peu
05:12la voiture France à l'endroit,
05:13on vient de dire
05:14que finalement,
05:15non,
05:15c'était pas grave,
05:15qu'on pouvait effectivement
05:17revenir au statut couranté
05:19contre quoi ?
05:21Contre peut-être une stabilité,
05:23on verra ce que sera cette stabilité,
05:25il semble,
05:26d'après les observateurs,
05:27qu'il sera extrêmement difficile
05:27de faire voter le PLF.
05:29Loi aux alters,
05:30on a entendu des cris de joie
05:31ou de soulagement
05:32dans la classe politique,
05:33en disant,
05:34formidable,
05:34on a un budget
05:35de la sécurité sociale,
05:35en tout cas,
05:36une étape a été franchie
05:37à l'Assemblée
05:37avec ce vote
05:39pour ce budget
05:41de la sécurité sociale.
05:42Il y a dedans
05:43ce que vous décriviez,
05:44c'est-à-dire la suspension
05:45de la réforme des retraites,
05:46donc l'inverse
05:46de ce que nous commanderait,
05:48ce qui se passe
05:49au niveau démographique,
05:50au niveau économique,
05:51au niveau international.
05:53Est-ce que,
05:53pour vous,
05:54ça veut dire
05:54qu'il vaudrait mieux
05:55qu'il n'y ait pas de budget
05:56en cette fin d'année
05:57plutôt que des budgets
05:58avec ce type de mesures
06:00plus les hausses d'impôts
06:01qu'on vient d'évoquer ?
06:02Thierry Routon.
06:03Je comprends
06:03qu'on pose la question
06:04en ces termes,
06:05mais en ce qui me concerne,
06:06je ne la pose pas
06:07en ces termes.
06:08Je pense qu'il y a des priorités
06:09dans la vie politique.
06:11Lorsqu'on est un homme politique,
06:13je ne vais pas faire
06:14de leçon à quiconque,
06:15vous me comprendrez,
06:17mais il n'en demande pas moins
06:17que lorsqu'on est
06:18un homme politique
06:18et qu'on porte précisément
06:21une vision,
06:23qu'on a porté,
06:23je le redis,
06:24parce que c'est très important
06:25pour moi,
06:25c'est ce qu'il y a
06:25de plus important.
06:26Ce jour du 9 décembre 2025,
06:29c'est-à-dire hier,
06:30pour moi,
06:30est un jour funeste.
06:31Je n'ai pas peur
06:32de vous le dire.
06:33Et si je le dis,
06:34c'est parce que,
06:35dans la vie politique...
06:36Vous avez même mis
06:36une cravate noire aujourd'hui.
06:37Vous êtes en deuil.
06:38Oui, je vois que vous êtes
06:40décidément non seulement
06:41attentif,
06:43mais également observateur.
06:45Mais oui,
06:46c'est exact.
06:47Pour moi,
06:48c'est un jour funeste
06:48parce que c'est le jour
06:49où précisément,
06:52on a décidé,
06:53vous vous rendez compte,
06:53de dire à nos compatriotes
06:54non, finalement,
06:55on ne sait pas
06:57ce qui va se passer,
06:58donc on a donné,
06:59parce que c'est bien
06:59ça dont il s'agit,
07:00on a donné ce totem
07:01à qui ?
07:02Au Parti Socialiste,
07:03parce que c'est ça
07:03dont il s'agit.
07:04Le Parti Socialiste
07:05voulait ce totem.
07:06Donc on lui a donné,
07:07on lui a offert ce totem.
07:08En contrepartie,
07:10plus après ça,
07:10tout le reste,
07:11parce que quand on commence
07:11à lâcher,
07:12on lâche.
07:12Plus l'augmentation
07:13de la CAG,
07:14plus renoncer,
07:15enfin plus en fait,
07:16on est parti.
07:16Ce sont les négociations politiques.
07:17Ça, c'est pas des négociations,
07:19ça.
07:19On est parti de 17 milliards
07:20de déficit de la Sécurité Sociale
07:23à désormais 24.
07:24Non, mais c'est pour s'assurer
07:25le vote de certains partis politiques.
07:26Oui, mais Pierre De Villeneau,
07:27ça veut donc dire que...
07:29C'est juste factuel.
07:30Non, mais c'est factuel
07:31et je vais essayer de l'accrocier.
07:32Je sais que vous ne prenez pas parti,
07:34mais je veux dire,
07:36moi, ce que je souhaite vous dire,
07:37c'est que comment j'ai ressenti ça ?
07:39J'ai ressenti ça comme un nouveau renoncement.
07:43Et au fond, vous me dites,
07:45mais fallait-il mieux avoir de budget
07:46ou pas avoir de budget ?
07:48Encore une fois, derrière,
07:50vous savez, je vois des pays
07:53comme par exemple la Belgique,
07:57comme les Pays-Bas,
07:58comme l'Espagne.
07:59Tenez, prenez l'Espagne.
08:00Je ne veux pas dire
08:01qu'il ne faut pas avoir de budget.
08:02Mais j'ai dit qu'il y a un moment
08:02où l'intérêt général prime
08:05par rapport à l'instant.
08:06C'est ce que j'ai voulu vraiment
08:07essayer de travailler,
08:08puis démontrer dans mon livre
08:10les 10 renoncements
08:10qui ont fait la France.
08:12Et là, on est au 11e.
08:13Là, on est vraiment au 11e.
08:15Et je vais vous dire pourquoi.
08:16Parce qu'au fond,
08:17lorsque Emmanuel Macron
08:19a fait sa campagne électorale,
08:20c'était en 2016,
08:22il avait annoncé,
08:23il avait raison,
08:24qu'il allait s'attaquer,
08:25que c'était dans son programme,
08:26précisément,
08:27à ce problème
08:29de financement des retraites.
08:30On sait qu'il n'est plus financé
08:31en tant que tel,
08:32et plus finançable non plus,
08:33tel quel.
08:34Et donc,
08:34qu'il allait proposer
08:36une réforme des retraites.
08:38Et il le fait
08:40au bout de 8 ans.
08:42On vient d'abroger,
08:43c'est-à-dire,
08:44on vient de repousser,
08:45ça veut dire abroger,
08:46ça veut dire,
08:47ça ne trompe personne.
08:48Donc, jusqu'en 2021,
08:50donc ça veut dire
08:51que vous allez avoir
08:52les élections,
08:54vous allez avoir ensuite,
08:55parce que qu'est-ce qu'il va se passer ?
08:56Vous allez avoir ensuite
08:57un nouveau gouvernement
08:58qui va être créé.
08:59Il va falloir faire campagne
09:00en disant,
09:01je vais remettre la réforme des retraites.
09:02Alors ça,
09:02c'est un autre point,
09:03vous avez raison de le mentionner.
09:04Mais ce que je veux dire,
09:05c'est juste pour donner
09:05la temporalité à nos auditeurs.
09:07Donc ça veut dire
09:08qu'on va au mieux
09:09commencer à discuter
09:09de ce sujet en 2028.
09:11Ça veut dire
09:12qu'on va reprendre
09:13tout à zéro.
09:13Ce sera un débat
09:14de la présidentielle,
09:15comme on peut l'imaginer.
09:16Ce sera dans la présidentielle,
09:19vous imaginez,
09:20pardon,
09:20je sais que je ne veux pas
09:21vous interpeller
09:22à titre personnel,
09:22mais vous imaginez,
09:23on va dire,
09:24à vous général,
09:25vous imaginez qu'un candidat
09:26ou une candidate
09:27veut dire,
09:28alors moi vous allez m'élire
09:29parce que moi d'abord,
09:30on va rallonger évidemment
09:31assez significativement
09:33l'âge où on pourra
09:36prendre sa retraite.
09:37Par exemple,
09:37à 64 ans,
09:38puis bientôt 65,
09:39on doit aller vers 67,
09:40peut-être comme les Danois
09:41le font jusqu'à 70
09:42et qu'on va se faire élire.
09:44Donc je pense que,
09:44malheureusement,
09:45le discours sera un peu plus flou
09:47si vous le permettez.
09:48Ce qui veut donc dire
09:48qu'à partir de 2028,
09:50on va commencer à discuter,
09:52il va falloir discuter,
09:52y compris avec l'ensemble
09:53des forces de la nation,
09:56y compris les forces sociales.
09:58Donc combien de temps
09:58il va falloir ?
09:59Un an ?
09:59Deux ans ?
09:59Trois ans ?
10:00Donc ça veut dire
10:00qu'au mieux,
10:01on aura peut-être
10:03une nouvelle réforme
10:04des retraites en 2030,
10:06on a démarré en 2016,
10:08et c'est ça
10:08ce qui s'est passé hier.
10:09Et ça, voyez-vous...
10:10Donc on va perdre du temps,
10:11on va perdre de l'argent.
10:12Mais surtout,
10:13on va perdre de la crédibilité
10:14de la crédibilité.
10:15Parce que souvenez-vous
10:16qu'on a dit,
10:17on a dit,
10:17à l'ensemble de ceux
10:18qui nous prêtent.
10:19On est le premier pays
10:20émetteur en euros au monde.
10:22330 milliards l'année prochaine,
10:23on leur a dit,
10:23ne vous inquiétez pas,
10:25ne nous mettez pas
10:25des taux d'intérêt trop élevés,
10:26on fait les réformes.
10:27On a dit à nos partenaires également,
10:29à nos partenaires européens,
10:31et à tous ceux
10:31avec lesquels nous travaillons,
10:32notamment pour la stabilité
10:33de l'euro,
10:33qu'on allait faire
10:34les réformes structurelles,
10:35on les fait,
10:36et patatras,
10:37on les renie.
10:37Vous imaginez l'image
10:38de la France ?
10:39Thierry Breton
10:39est l'invité de Rampinsoir.
10:40Restez avec nous,
10:41on revient tout de suite.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations