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00:00...
00:00Cela s'est passé fin novembre devant les lecteurs de la presse quotidienne régionale.
00:06Emmanuel Macron s'est dit prêt à tout faire pour que soit mis en place un label
00:09distinguant les sites d'information de ceux qui n'en sont pas.
00:13Une déclaration qui a aussitôt suscité beaucoup d'inquiétude au sein des médias.
00:17Certains, comme CNews, n'hésitant pas à dénoncer la tentation autoritaire du président.
00:22L'Elysée a aussitôt répliqué avec cette vidéo.
00:25Regardez.
00:25...
00:25Emmanuel Macron envisage un label pour les médias.
00:31Il y aurait les bons médias et les moins bons.
00:34Comment ne pas voir dans cette initiative une tentation autoritaire d'un président mécontent du traitement médiatique
00:39et qui souhaite imposer un récit unique ?
00:43Je propose un nom pour ce nouveau service de communication, la Pravda.
00:47Jamais la menace totalitaire n'a été aussi présente, aussi probable,
00:52depuis la peste brune et la peste rouge qu'avec la Macronie finissante.
00:58C'est pas l'État qui doit vérifier.
00:59Si c'est l'État qui doit vérifier, là ça devient une dictature.
01:02Mais il faut que les journalistes garantissent à leurs lecteurs
01:06qu'eux ont vérifié avec une déontologie, donc ils sont les garants entre eux.
01:09Je pense que c'est important qu'il y ait une labellisation faite par des professionnels
01:14qui puissent dire, ça c'est des gens qui sont sérieux, ça c'est pas des gens qui informent.
01:18Voilà, alors qui faut-il croire exactement ?
01:21C'est tout le débat qui agite actuellement notre société.
01:23Où est l'information ? Comment l'encadrer ? Faut-il la labelliser ?
01:26C'est avec vous que l'on va en parler, Dominique Pradalier.
01:29Bonjour.
01:30Bonjour.
01:30Vous êtes président de la Fédération internationale des journalistes.
01:33Vous avez fait votre carrière en tant que journaliste dans l'audiovisuel public français à France Télévisions.
01:38La lutte contre la désinformation, c'est une noble cause.
01:40Pourquoi les propos d'Emmanuel Macron ont été perçus comme provocateurs ?
01:45C'est pas vraiment les propos qui sont provocateurs.
01:47Nous ne pouvons qu'être d'accord avec le président de la République quand il dit c'est aux journalistes de dire eux-mêmes.
01:52Mais justement, cette labellisation n'est pas le fait des journalistes.
01:57Cette labellisation prônée serait faite par des éléments extérieurs,
02:01avec un algorithme dont nous ne connaissons pas le fonctionnement,
02:05et en dehors des rédactions.
02:06Voilà tout le paradoxe.
02:11L'autorégulation des journalistes, que ce soit en France ou dans beaucoup d'autres pays,
02:17est un point essentiel.
02:19L'autorégulation.
02:20Et non pas une régulation qui viendrait de je ne sais quel ciel.
02:25Donc il ne faut pas que ce soit un intervenant extérieur,
02:27mais est-ce que les médias sont prêts à s'encadrer eux-mêmes ?
02:29Écoutez, il y a différents types de...
02:34Ce n'est pas de l'encadrement, c'est de l'autocritique.
02:37C'est ça qui est beaucoup plus intéressant.
02:39Il ne s'agit pas d'encadrer...
02:40Vous avez par exemple dans le monde une centaine de conseils de presse,
02:45une bonne trentaine en Europe,
02:47dont en France le conseil de déontologie journalistique et de médiation,
02:52qui, à tiers parti, journaliste, éditeur, public,
02:59est saisi et peut dire, en matière de déontologie,
03:03ça, ça va bien, ça, ça ne va pas bien,
03:05en fonction de nos chartes mondiales, tout simplement.
03:08C'est ça l'autorégulation.
03:10Ce n'est pas quelque chose qui tombe du ciel.
03:12Il y a déjà eu une proposition de labellisation
03:15lancée par Reporters sans frontières
03:17avec le Journalism Trust Initiative en 2018.
03:20Vous en pensez quoi de cette initiative, justement ?
03:23La profession l'a rejetée dès le départ.
03:26Totalement.
03:27Dès le départ, comme étant quelque chose d'extérieur à la profession
03:30et qui, faite de façon privée, coûteuse d'ailleurs,
03:36garantit quoi ?
03:37Qui va garantir quoi et selon quels critères ?
03:40Il y a quand même beaucoup de médias en France
03:41qui ont fini par l'adopter cette initiative.
03:44Oui, enfin, beaucoup de médias n'ont pas protesté
03:46quand on interdit les journalistes à Gaza.
03:48Donc, ce n'est pas une référence, selon vous ?
03:53Non.
03:54Alors, la profession, comment elle peut faire
03:58pour lutter contre la désinformation, justement ?
04:00Alors, c'est l'adoption des chartes
04:03dont les employeurs ne veulent pas.
04:05Mais en France, par exemple, puisque nous sommes en France,
04:08il y a une charte d'éthique.
04:11Les journalistes la connaissent.
04:12Il y a une charte européenne qui est la fille aînée de la première
04:17qui est celle du SNJ en 1918.
04:20Puis une charte mondiale qui est la fille cadette, si j'ose dire,
04:25adoptée unanimement en 2019 par 300 délégués des cinq continents.
04:29Donc, vous voyez, avec ces trois chartes,
04:32qui sont connues, qui sont etc.,
04:34on peut très bien travailler correctement.
04:37Il s'agit surtout de ne pas toucher à la ligne éditoriale.
04:40Alors, j'ai vu dans le sujet qui précédait cette interview,
04:45des gens pousser des hauts cris en disant
04:47« ça va être ceci, cela ».
04:49Nous, ça les regarde.
04:51Mais l'intérêt de la déontologie
04:54et le fait de l'autorégulation
04:56et surtout de ne pas toucher aux lignes éditoriales,
05:00vous avez le droit de dire
05:01« mon journal ou ma télé ou ma radio
05:03traitera la pêche en haute mer, point. »
05:06ou traitera les sports seulement, point, etc.
05:11L'éthique, c'est comment on le fait ?
05:14Comment on le fait ?
05:16De quelle façon on traite chaque secteur ?
05:19Et donc, la ligne éditoriale, il ne faut pas y toucher.
05:21Il y a un parti qui est contre également cette labellisation,
05:26c'est les Républicains.
05:27Ils sont à l'origine d'une pétition.
05:29Selon eux, le véritable antidote au poison de la défaite d'information,
05:32c'est la liberté qui confronte les points de vue
05:34et enrichit le débat.
05:36Assez d'infantilisation, écrivent-ils dans leur pétition.
05:39Les Français sont assez grands et intelligents
05:41pour s'informer par eux-mêmes,
05:43sans médias labellisés, sans police de la pensée.
05:46Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
05:48Que les Français, finalement,
05:49sont capables de faire le tri eux-mêmes
05:51entre une fausse et une vraie information ?
05:52Les Français ne sont ni plus intelligents,
05:54ni plus sots que d'autres peuples d'autres pays.
05:58Simplement, nous vivions sous un régime
06:00qui est encore actuel,
06:02de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.
06:05Cette loi a été reconnue par le monde entier
06:09et la France comme patrie des droits de l'homme.
06:11Pourquoi ?
06:12Parce qu'elle instaurait la liberté,
06:15quitte à ce que les journalistes aient à en répondre,
06:18devant des tribunaux, devant etc.
06:20C'est très bien, les journalistes sont déjudiciables comme d'autres.
06:26Simplement, en matière de déontologie.
06:29De déontologie.
06:31D'abord, ils doivent avoir les conditions de l'exercer.
06:33Et là, c'est une question que beaucoup traitent.
06:37Et puis, et surtout, en matière de déontologie,
06:40les journalistes ne veulent être jugés que par leur père.
06:44C'est simple.
06:45Et c'est ça, l'autorégulation.
06:48Mais, certains gouvernements ont toujours des tentations.
06:52Et c'est vrai qu'une partie de la profession a l'impression
06:55que le chef de l'État, une partie du gouvernement,
06:58a une sorte de méfiance vis-à-vis de cette profession.
07:01Ça a commencé très tôt.
07:02Mais alors, quand Emmanuel Macron, par exemple,
07:04se soucie effectivement d'une chaîne comme CNews,
07:08comme ces médias que certains qualifient d'extrême droite,
07:11il a tort de s'en soucier ?
07:14L'extrême droite est un parti qui a des élus.
07:21Bon, voilà.
07:22Je ne sais pas pourquoi il se soucierait de l'extrême droite tout d'un coup,
07:26alors que politiquement, il ne semble pas avoir affiché de tels soucis.
07:32Pourquoi s'en soucierait-il au moment où on traite l'information ?
07:36Et pour revenir à votre question,
07:38les Français sont assez grands pour ?
07:40Oui et non.
07:41Oui et non.
07:41Les Français sont assez grands, oui.
07:43Mais pour, c'est beaucoup plus compliqué.
07:46Les réseaux sociaux, les fake news,
07:48les moyens extraordinairement puissants financiers,
07:53notamment qu'à l'extrême droite, je dois dire.
07:56Moi qui vois ça de beaucoup plus loin,
07:59je vois que l'extrême droite en France a des moyens absolument qui semblent illimités.
08:04Et c'est vrai que cet ensemble de climats,
08:09de mots forts, de violences, etc.,
08:14tente à se répandre, y compris les fake news.
08:18Et j'ai vu avec plaisir hier que, par exemple, à France 2,
08:21la météo, la rubrique météo,
08:23traite maintenant des fake news en disant,
08:25voilà, sur les réseaux sociaux, on a dit ça,
08:28ben non, je peux vous prouver que non.
08:30Donc voyez...
08:30La méthode de l'Elysée aussi, qui répond désormais aux fake news à coups de vidéos,
08:36elle a été très critiquée également, cette vidéo de réponse d'Emmanuel Macron à ces news,
08:41c'est la bonne méthode finalement, c'est à une fake news, on répond systématiquement ?
08:46Je pense qu'il y a des points qui tombent directement dans le secteur judiciaire.
08:53Il y a des points sur lesquels on peut répondre,
08:55puis il y a des polémiques permanentes imbéciles
08:58qui ne vivent que pour nourrir les gens qui ont des rondes serviettes
09:01sur les plateaux des télévisions.
09:05Et là, les Français commencent à comprendre, à mon avis,
09:07de quoi ils retournent.
09:09De même que la crise des Gilets jaunes a eu quelque chose d'intéressant
09:15dans le secteur de la presse,
09:16c'est que les citoyens ont appris à faire la différence
09:19entre certains qu'ils voyaient en plateau
09:22et puis les équipes de reportage.
09:24Et ils ont beaucoup appris en pédagogie sur le travail des journalistes.
09:28Ça, c'est bien.
09:30Maintenant, il faut des références.
09:32Chacune, chacun peut prendre ses références.
09:34Le pluralisme est essentiel.
09:35Si on résume, il y a pour l'alimentation des références,
09:39le Nutri-Score, pour savoir si un aliment est bon ou pas.
09:42Un média-score, non.
09:45Le média-score, c'est aussi intéressant.
09:48Mais si c'est vécu de l'extérieur, ça ne marchera jamais.
09:52Il sera toujours soupçonné d'avoir des intentions cachées, etc.
09:58Et puis, en matière de développement de la formation,
10:02nous aurions aimé et nous voudrions encore
10:04que le président de la République, lui, M. Macron,
10:08il s'occupe de l'agence France-Presse,
10:10car il est en train de supprimer,
10:12de faire supprimer par son gouvernement des crédits,
10:15de fermer le bureau de Chypre,
10:18qui est essentiel pour le pluralisme
10:20de l'information de tout le Proche-Orient.
10:23Et ça, c'est catastrophique pour une profession.
10:26Donc, c'est un appel que je lui lance.
10:28S'il vous plaît, ne fermez pas le bureau de Chypre.
10:30Vous avez été entendue.
10:32Merci beaucoup d'être venue, Dominique Pradalier,
10:35sur le plateau de France 24.
10:37Restez avec nous dans quelques minutes.
10:38Vous retrouvez Fatima Tawan pour le journal de l'Afrique.
10:41Et on se donne rendez-vous juste après.
10:42Sous-titrage Société Radio-Canada
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