En appelant ses 34 députés à rejeter le budget de la Sécurité sociale, l’ancien Premier ministre, désormais candidat pour la présidentielle de 2027, poursuit son émancipation avec le président de la République. Est-ce la meilleure stratégie politique pour l’ancien Premier ministre dont la courbe de popularité chute ?
00:00Pourquoi est-ce qu'Edouard Philippe sort maintenant alors que, en gros, c'était le préalable à la discussion le fait d'accepter la suspension de la réforme des retraites ?
00:08Pourquoi ne l'a-t-il pas dit plus tôt, plutôt que maintenant, alors que nous sommes à une semaine du 9 décembre, le moment où c'est le moment fatidique ?
00:16Et ça, pour le coup, ce n'est pas une donnée que les socialistes ont ajoutée en cours de discussion.
00:20Peut-être qu'il y a d'autres choses dont on peut discuter, le dégel ou le gel des pensions, etc.
00:25Mais ça, c'était quand même le point fondamental qu'il y avait dès le départ.
00:30Si on regarde d'un point de vue de l'opinion, depuis le milieu de l'année 2024, sa cote d'avenir dans notre baromètre, notamment, ne fait que s'effriter.
00:40Il se fragilise. Il était en haut, effectivement, des baromètres d'opinion et notamment en termes d'avenir.
00:48C'est-à-dire qu'on considérait, effectivement, qu'il avait encore un avenir en France.
00:52Depuis 2024, il n'a fait que s'effriter dans l'opinion. Pourquoi ?
00:57Parce que finalement, il est assez peu visible du grand public.
01:01Il s'est retiré au Havre, je dirais, et il est peu intervenu ou il intervient peu dans le domaine national.
01:07Donc, une hypothèse, en tout cas une hypothèse stratégique, ça aurait pu être de dire
01:11« Bon, il faut peut-être que je revienne maintenant sur le devant de la scène, que je me démarque sérieusement,
01:15tout en restant cohérent avec ma ligne politique, qui est finalement la rigueur budgétaire,
01:22l'attention à la dette, etc. »
01:24Donc, c'est peut-être juste finalement un moyen pour lui de revenir sur la scène nationale,
01:29sur un positionnement qu'il a toujours eu et qu'il a effectivement à cœur.
01:33Ça n'arrive pas forcément au bon moment.
01:34Je rejoins tout à fait ce que vient de dire Laure.
01:36C'est-à-dire que ça, c'est à mettre au crédit d'Edouard Philippe, pour le coup,
01:38la question de la rigueur budgétaire, la question de la réforme des retraites
01:41a toujours été centrale dans son discours depuis qu'il s'est lancé dans l'aventure présidentielle,
01:47la question de la dette, la question du budget.
01:49Donc, il est certain qu'en faisant savoir ce positionnement sur le PLFSS
01:55et, vous l'avez dit, sur la question de la suspension de la réforme des retraites,
01:59il reste dans son héritage idéologique.
02:01Après, bien évidemment, et là aussi je rejoins ce qu'a dit Laure,
02:04le moment politique n'est pas anodin, c'est-à-dire qu'on est dans un moment
02:08où l'élection présidentielle approche,
02:10où Edouard Philippe, en fait, a la peur, si vous voulez, peut-être,
02:13du syndrome Alain Juppé, qui a été son mentor à une époque,
02:17qui est de paraître comme un candidat trop consensuel, trop en retrait.
02:21Donc, il a besoin aussi d'intervenir dans le débat public
02:26et de se montrer un peu plus clivant, y compris vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
02:31Et c'est ce qu'il a fait il y a quelques semaines
02:33avec cette idée de présidentielle anticipée.
02:36Mais c'est ce qu'il faisait aussi, en fait, dès 2024,
02:39lorsqu'il a déclaré sa candidature dans Le Point, justement.
02:42Il disait qu'il y aura des changements systémiques, des changements majeurs.
02:45Donc, il y a cette tentative de se désolidariser d'Emmanuel Macron,
02:48ce qui est quand même très difficile lorsque vous avez été son Premier ministre.
02:53Donc, c'est une stratégie à double tranchant.
Écris le tout premier commentaire