00:00On va revenir aux tanneries, aux bonnes vieilles tanneries qu'on connaît en France.
00:03Je le disais, il en reste à peine une cinquantaine, donc on va peut-être devoir les sauver pour certaines.
00:09Parce que quand vous vous amusez, amusez-vous à taper tanneries sur les moteurs de recherche,
00:14les premières qui tombent, il y a écrit liquidation génissaire, liquidation génissaire.
00:17C'est très compliqué.
00:18Donc ce soir, on a eu envie d'essayer de donner un coup de projecteur à une tannerie qui s'appelle la tannerie Valex.
00:26La France bouge, le coup de pouce est repeint.
00:30Benjamin Lévesque.
00:31Et l'histoire de cette entreprise date de près de 200 ans.
00:34Alors au départ, Valex produisait de la laine et il y a petit à petit intégré la tannerie.
00:40Il transforme donc exclusivement des pots de bovins, c'est-à-dire les veaux, les vaches en cuir.
00:45Des pots qu'ils achètent dans les abattoirs.
00:47Et aujourd'hui, les cuirs Valex sont utilisés pour de la scellerie équestre ou de la maroquinerie.
00:53Bonsoir Jacques Valex.
00:55Bonsoir.
00:55Merci de...
00:57C'est vous qui nous avez écrit spontanément.
00:59Et c'est comme ça qu'on s'est dit, tiens, on va lui passer un petit coup de fil à M. Valex.
01:03Vous êtes le propriétaire de la tannerie Valex.
01:05Benjamin le disait, c'est une tannerie qui est située en région Occitanie.
01:11Vous nous avez écrit parce que vous rencontrez des difficultés, comme toutes les petites entreprises françaises.
01:20Donc la difficulté est d'être due à l'âge du dirigeant, j'ai 72 ans.
01:25Non, pas toujours, on a des dirigeants de 72 ans, il n'y a pas toujours de difficulté.
01:29Non, non.
01:29Je vous écoutais, j'entendais 50 tanneries.
01:32Non, non, il n'y a pas 50 tanneries, il y a une vingtaine de tanneries.
01:35Le reste, ce sont des mégisseries.
01:37Les mégisseries travaillent des petites peaux.
01:40Oui, mais globalement, ça reste le même secteur d'activité.
01:43Vous chipotez un petit peu.
01:44Oui, je comprends.
01:45Donc vous, vous cherchez du personnel et puis surtout, même en faisant de bons et nouveaux produits, vous êtes confronté à cette fameuse concurrence étrangère.
01:56Même de pays européens, comme l'Espagne et l'Italie, on sait qu'il y a beaucoup de cuir et de produits qui viennent de nos voisins européens.
02:04Donc il y a un problème pour vous, en tout cas de votre côté.
02:07Un gros problème, oui, sur les prix.
02:10Donc les Italiens, on le sait, ont une industrie du cuir florissante, qui était florissante.
02:17Je ne sais pas exactement le nombre de tanneries, mais il y a bien 500 tanneries en Italie contre une vingtaine en France.
02:24Alors quel est votre problème ?
02:25Vous, vous nous avez même dit aux équipes, moi j'ai envie de trouver un repreneur.
02:30Ça veut dire que vous en avez essayé ? Vous en avez assez ?
02:34Ah oui, oui, oui, assez de travailler, ça fait moi 50 ans que je suis dans mes pieds.
02:39Et il n'y a personne qui a envie de la reprendre, la tannerie, autour de vous ?
02:42Non, non, non. Il faut trouver quelqu'un qui, aujourd'hui, je recherche un repreneur soit indépendant, soit soutenu par une grosse structure, par exemple le luxe.
02:58Oui, parce qu'il y a beaucoup de tanneries en France qui ont été rachetées par les grands groupes du luxe, notamment, je pense à Hermès.
03:04LVMH, donc comment faire ? Tiens, je me tourne vers Nicolas Gibert qui est le patron de le tanner.
03:10Ce genre de problématique, on y est confronté, on y sera encore confronté.
03:14Voilà, il n'y a pas de génération, il n'y a pas de relève.
03:18Est-ce que vous, vous travaillez avec des tanneries depuis de nombreuses années, j'imagine ?
03:23Bien sûr, on travaille avec des tanneries depuis de nombreuses années.
03:27Après, on est globalement assez fidèles à certaines tanneries, mais qui sont plutôt des grosses tanneries.
03:37Il y a des gros, gros acteurs italiens, on l'a rappelé tout à l'heure.
03:40Donc, vous travaillez aussi avec l'Italie ?
03:43On travaille aussi avec l'Italie.
03:45Et comme je vous le disais, quand on dépasse un peu les frontières et qu'on va chercher des savoir-faire particuliers,
03:53dans des endroits, je vais citer Madagascar, l'Inde, etc., plutôt l'Inde pour le tresser,
03:58les ateliers sous-traitants auxquels on fait appel sont souvent quasiment une relation privilégiée avec une tannerie.
04:09Donc, c'est comme ça que ça marche.
04:11C'est pour ça que c'est assez difficile de décorréler l'achat du cuir, éventuellement de l'atelier que vous allez faire travailler.
04:17Et ça, ce genre de tanneries, Pauline Veidman, on ne pourrait pas travailler avec ?
04:23Enfin, travailler, je ne sais pas, pas de tanneries en particulier,
04:25mais vous nous disiez tout à l'heure que vous êtes un complément à un savoir-faire existant.
04:30Alors, nous, on peut intervenir pour les aider à travailler mieux sur les finishings, mais on n'est pas tanneries.
04:36Oui, évidemment.
04:37Je ne vais pas reprendre la tannerie malheureusement.
04:38Non, non, je ne vous demande pas à vous, mais voilà.
04:40Comment on peut aider ce genre de...
04:42Parce que ces savoir-faire qui vont se perdre, encore une tannerie qui va fermer, c'est quand même dommage, Marie-Georges.
04:47On a une très belle industrie de la mode, du luxe en France,
04:51et donc, je pense que ça correspond aussi à une attente des consommateurs,
04:57pas uniquement des consommateurs français d'ailleurs, je pense aussi étrangers,
04:59d'avoir une garantie sur la manière dont c'est produit, les conditions de production.
05:05Je rappelle qu'il y a aussi une réglementation européenne qui va dans ce sens,
05:09puisque par exemple, dans le secteur du textile, à partir de 2028,
05:12tous les articles vont devoir porter une petite fiche d'identité numérique
05:18qui s'appelle le Digital Product Passport, ou DPP,
05:22et donc avec un QR code, ou avec une puce RFID,
05:25on va savoir d'où ça provient, par qui ça a été fait,
05:29quelle est la composition, quels sont les matériaux,
05:32si c'est biosourcé ou pas biosourcé, etc.
05:34Et donc, à partir du moment où on a cette traçabilité totale,
05:37cette transparence totale, qui devient accessible au consommateur,
05:41alors le consommateur, il peut commencer à faire des choix,
05:43et à se dire, je vais privilégier tel produit par rapport à tel autre produit.
05:47De même, sur la question des droits humains, des conditions de travail,
05:50la réglementation, le devoir de vigilance en France,
05:53qui est au niveau européen, la CS3D,
05:56qui demande aussi de faire attention et de connaître...
05:59Ce besoin de transparence.
06:00Donc, en fait, tout ça va plutôt dans le sens de renforcer
06:03notre capacité de production locale et française.
06:06Donc, on va essayer de vous mettre en contact, Jacques Vallex,
06:09avec des... Marie-Georges, avec des potentiels,
06:12peut-être, réinvestisseurs, repreneurs.
06:14Merci à vous de nous avoir suivis.
06:17Merci. Vous êtes le propriétaire de Tannerie Vallex.
06:20C'est déjà la fin de La France Bouge.
06:21Ça passe beaucoup trop vite.
06:22C'est déjà fini, vous vous rendez compte ?
06:24Très rapide.
06:25C'était très rapide. Merci Nicolas Gibert.
06:27Merci à vous.
06:27Vous êtes le directeur général de Le Tanner,
06:29à l'approche des fêtes.
06:30Là, on peut peut-être en glisser un au pied du sapin.
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