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  • il y a 10 heures

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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:0419h16 sur Europe 1, avec moi jusqu'à 20h, Catherine Ney, Antonin André et Benjamin Morel.
00:10Bonsoir à vous trois.
00:10Bonsoir.
00:12Invité ce soir Benjamin Morel, constitutionnaliste, politologue,
00:16on voudrait avoir des, comment dirais-je, de votre opinion peut-être d'abord,
00:21sur, et c'est la première fois que Sébastien Lecornu envisage l'absence d'un budget.
00:27Il a demandé, je le disais tout à l'heure dans le rappel des titres, au directeur de la Sécurité sociale
00:30d'évaluer les conséquences d'une absence ou d'un retard de budget.
00:33Donc c'est pas une forme de mea culpa, mais en tout cas c'est la première fois qu'il dévoile ce genre d'informations.
00:40On va déjà écouter Sébastien Lecornu qui vivement critique les parlementaires
00:44qui ne veulent pas de débat sur le budget, c'était à l'Assemblée nationale tout à l'heure.
00:47C'est tout de même bizarre de voir des parlementaires en train d'expliquer qu'au fond,
00:52qu'il n'y ait pas de loi, ce n'est pas grave, ça n'a aucune conséquence,
00:56ça n'a aucune incidence.
00:58La réalité c'est que c'est le monde à l'envers.
01:00C'est que nous sommes en train de défendre les prérogatives du Parlement.
01:05Il y a 30 ans, le Premier ministre Alain Juppé, avec un travail transpartisan,
01:09a créé l'outil du projet de finances pour la Sécurité sociale.
01:14Et aujourd'hui, on a un débat plus ou moins franc, plus ou moins lancinant,
01:18qui dit qu'au fond, après avoir réclamé pendant des années qu'il n'y ait pas de 49.3, il n'y en a pas,
01:24et puisqu'il n'y en a plus, c'est de dire que ce n'est pas grave s'il n'y a pas de texte.
01:28C'est vraiment la grande fuite en avant.
01:30Sébastien Lecornu qui répondait au président de la Commission des finances et député LFI,
01:34Éric Coquerel, moi j'ai connu longtemps un Sébastien Lecornu mesuré,
01:41qui ne prenait pas souvent la parole, et quand il la prenait, il se contenait.
01:44Là, on sent quand même, c'est un douze euphémisme, un petit peu d'exaspération, Benjamin Morel.
01:50Aussi un peu de tension, tout bêtement, parce qu'il y a beaucoup de choses qui se jouent ce soir.
01:54On ne va pas rentrer trop dans la technique, mais il faut bien comprendre qu'un budget, il y a plusieurs parties.
01:58Et donc si vous avez...
01:59Les recettes, les dépenses...
02:00Les recettes, les dépenses. Alors pour le PSFSS, il y en a quatre en fait,
02:03mais des mots où une partie est rejetée, c'est l'ensemble du texte qui est rejeté.
02:07Donc on a beaucoup, comme dans le viseur, la journée de mardi,
02:10où il y aurait un vote solennel sur l'ensemble du texte,
02:12mais si ce soir, il rejette la première partie,
02:16ça veut dire que le texte, ensuite, il n'existe plus.
02:20Or, il faut bien comprendre deux choses, c'est-à-dire que ce texte-là,
02:23il est très important parce que c'est dans ce texte qu'il y a la suspension de la réforme des retraites.
02:26Et donc si jamais ce texte achoppe, très compliqué de faire passer le budget des nations,
02:31le budget de l'État, qui est le plus important, bientôt.
02:33L'autre élément, c'est que...
02:35Mais quand vous dites que le budget va disparaître, ça veut dire quoi ?
02:37Il disparaît...
02:38Justement, c'est-à-dire qu'il ne disparaît pas, il repart au Sénat.
02:40Mais derrière, le Sénat va réadopter,
02:43parce qu'en fait, le Sénat réexaminera le texte qui vient de sortir de chez lui.
02:47Donc à partir de là, il ne va pas beaucoup l'amender.
02:49Mais ce texte-là, c'est un texte très à droite.
02:51Ce texte-là, c'est un texte dans lequel il n'y a plus la suspension de la réforme des retraites.
02:54Et donc une fois que le texte sera ressorti du Sénat,
02:57le gouvernement peut donner le dernier mot à l'Assemblée,
03:01mais uniquement sur le texte qui sortirait du Sénat.
03:04C'est de la procédure, mais il faut bien comprendre que ça veut dire que pour les socialistes,
03:07bye-bye la suspension de la réforme des retraites.
03:09Et comment voulez-vous ensuite que vos socialistes, ils ne censurent pas ?
03:12Comment voulez-vous que vos socialistes, ils fassent passer le PLF ?
03:14Et donc par définition, ce qui se joue ce soir est extrêmement important,
03:18parce que si jamais le texte, la première partie du texte est rejetée,
03:22et bien à ce moment-là, on s'enfonce encore un peu plus dans la crise,
03:26et on peut penser qu'il n'y aura pas de dénouement avant, à minima, janvier-février.
03:31– En fait, on assiste à un bras de fer, à un moment de tension, vous l'avez dit,
03:36qui est très limpide.
03:41Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser le 49-3,
03:43et on ne pouvait pas lui donner, on pouvait lui faire crédit
03:47de répondre à une attente des parlementaires qui, depuis 2022,
03:50se plaignent de l'abus du 49-3, notamment sur les textes budgétaires,
03:54et qui réclament de pouvoir discuter du budget.
03:56Il leur dit, très bien, je vous rends le pouvoir, je rends le pouvoir au Parlement.
04:00Et le Parlement s'est saisi de ces sujets,
04:03en adoptant la suspension de la réforme des retraites,
04:05en adoptant une hausse de la CG sur le patrimoine,
04:08ce qui est vraiment, pour le Parti Socialiste, une victoire importante.
04:13Et donc, à la fin, ce budget est un budget de compromis,
04:17et en cohérence, ceux qui ont participé à ces négociations
04:21et qui ont laissé passer au fur et à mesure ces amendements et cette constitution
04:24devraient assumer leur choix et leur discussion et leur vote,
04:29et voter le budget.
04:30Et en réalité, il y a une forme d'hypocrisie aussi chez les parlementaires,
04:33ça va bien de toujours regarder de côté du Matignon,
04:35en l'occurrence, il a rendu la responsabilité aux parlementaires,
04:38il leur a donné l'opportunité d'amender le budget,
04:41et bien qu'ils assument et qu'ils votent.
04:43Or, en réalité, ce sont des hypocrites
04:45qui refusent d'assumer leur choix et le fait d'avoir fait des compromis,
04:49c'est pas déshonorant de faire des compromis.
04:51Vous parlez de tous les parlementaires ?
04:52Il y a une forme d'hypocrisie, tant chez Édouard Philippe, tant chez les socialistes,
04:56il y a une hypocrisie de gens qui ne veulent pas assumer devant les électeurs
05:00le fait d'avoir fait des compromis.
05:02C'est tout à fait navrant, et donc ils réclament aujourd'hui,
05:04sans le dire, parce qu'évidemment les socialistes
05:06qui ont demandé à l'arrêt du 49-3,
05:08réclamer qu'ils reviennent, mais en fait,
05:09ils veulent tous qu'ils reviennent,
05:11mais réclamer qu'ils reviennent, ce serait se déjuger.
05:13Donc tout ça est un bal des hypocrites,
05:15dans lequel on sent l'exaspération de le cornu,
05:17mais moi je trouve que le cornu, au moins,
05:19est celui qui est le plus constant dans l'ensemble de cette séquence.
05:22Il avait donné les règles du jeu dès le départ,
05:24elles allaient très bien au moment du début du débat aux oppositions.
05:28Aujourd'hui, les oppositions doivent prendre leurs responsabilités,
05:31ça ne leur convient plus.
05:32Je suis désolé, mais s'il faut compter les points,
05:34moi je donne un point à le cornu et zéro aux oppositions.
05:36Catherine Né pour Europe 1.
05:37Oui, oui, oui, moi j'avais trouvé que c'était très dangereux
05:40de supprimer le 49-3,
05:41mais c'est vrai qu'il y avait eu toute une polémique,
05:44et la gauche, enfin, vraiment,
05:45surtout, je me souviens, après la réforme des retraites,
05:48il avait dit plus jamais ça,
05:49donc lui, il est allé, franco, il a dit,
05:51bon, mais c'est fini, je ne l'utilise plus.
05:53Donc on a dit, formidable,
05:55mais ceux qui avaient l'habitude du Parlement,
05:57et qui trouvaient que c'était un article de la Constitution
05:59quand même très intéressant,
06:00trouvaient que c'était un peu pense-pilat aussi,
06:02mais ils disaient, non, au contraire, écoutez,
06:04vous êtes, le Parlement,
06:06je vous donne la parole,
06:08je vous donne la responsabilité.
06:09Le pouvoir.
06:10Et donc, le pouvoir.
06:11Ils leur donnent le pouvoir,
06:12et ils en ont usé,
06:13peut-être même abusé,
06:14ils se sont laissés aller,
06:15c'était, comme il a dit,
06:17la course à la saucisse sur les impôts,
06:20sur les taxations,
06:21et puis maintenant qu'il faut voter,
06:23ils ne veulent plus,
06:24et beaucoup sont gênés,
06:26et dans tous les camps.
06:30Et lui, il continue à dire,
06:32je n'en veux pas,
06:33de ce 49-3.
06:34Mais plus il le dit,
06:35moins on le croit.
06:36Mais plus il le dit,
06:37plus on se dit qu'il a tort de le dire,
06:39puisque maintenant,
06:40de plus en plus,
06:41par exemple,
06:42François Hollande dit,
06:43ah, mais c'est quand même le 49-3.
06:44Il veut que les socialistes
06:45le réclament.
06:46Il veut pousser les socialistes
06:48à réclamer le 49-3.
06:50Voilà.
06:51Oui, mais en fait,
06:52pour les Français,
06:53c'est difficile.
06:55Pour les Français,
06:56c'est difficile.
06:56Vous savez,
06:57pendant longtemps,
06:58dans les différents sondages,
07:00le pouvoir d'achat
07:00et l'insécurité
07:01étaient les deux premières
07:02préoccupations des Français.
07:03Le dernier sondage du Cévi-Pof
07:05montre que la préoccupation
07:06première des Français,
07:07c'est la vie politique.
07:08Ça veut dire qu'aujourd'hui,
07:10ils n'y comprennent rien
07:10et surtout,
07:11ils voudraient, je pense,
07:11un peu d'honnêteté
07:12de la part des politiques.
07:13Ça rejoint ce que vous disiez,
07:14Antonin.
07:15Mais le conduit est honnête,
07:16il est clair.
07:17Ça rejoint ce que vous disiez
07:18sur la malhonnêteté,
07:20ou en tout cas,
07:21les...
07:21les...
07:22les...
07:23les...
07:23j'allais dire,
07:23la valse bizarre
07:25des politiques.
07:26C'est le bal des faux-culs.
07:27Il n'y avait pas un livre
07:28comme ça,
07:29le bal des faux-culs,
07:29si je pense.
07:30Non mais c'est douloureux,
07:31c'est douloureux pour les Français
07:32qu'on rencontre dans la rue.
07:33Bien sûr.
07:34Benjamin, c'est-à-dire
07:35qu'on se dit, là,
07:36là, c'est ce qu'on a vu de pire, quoi.
07:38C'est...
07:39Mais c'est douloureux ?
07:40C'est la quatrième République
07:41sans les talents
07:42et sans possibilité d'accord
07:45parce qu'il y en avait toujours,
07:46finalement.
07:46C'est douloureux
07:50pour les constitutionnalistes
07:51et les politéologues aussi
07:52de voir à quel point
07:53on arrive à détricoter
07:55un texte
07:56qui est celui de 58
07:58qui pourtant a été fait
07:59pour être le plus solide
08:00d'entre tous.
08:01Oui, mais après,
08:01le texte de 58,
08:02vous savez,
08:02il a été pensé...
08:03On pense...
08:04On dit,
08:04la Ve République,
08:05c'est des majorités.
08:06La Ve République,
08:07à l'origine,
08:07ce n'est pas du tout
08:07des majorités.
08:08On discutait un majoritaire
08:09à deux tours,
08:09il n'a jamais donné de majorité
08:10avant 1962.
08:11Pour De Gaulle,
08:12comme pour Debré,
08:13il n'y aurait jamais
08:13de majorité
08:14parce que ça n'était jamais arrivé
08:16avant 1962.
08:17D'où,
08:17et on y revient,
08:18le 49 à une à trois.
08:20Le 49 à une à trois,
08:21c'est une idée
08:21de Pierre Flimlin et Guy Mollet,
08:22ces deux anciens présidents
08:23du Conseil de la 4ème République
08:24qui se sont posés la question
08:26en 1958
08:27de quoi aurions-nous eu besoin
08:29pour que ce soit stable ?
08:30Pendant la 4ème.
08:31C'est ça.
08:31Le problème, là,
08:32c'est que ce que l'on fait,
08:34ça ne marche nulle part.
08:35Il n'y a aucun gouvernement.
08:36On dit beaucoup,
08:36il y a une reparlementarisation
08:37du régime.
08:38Le régime parlementaire,
08:38ce n'est pas ça.
08:39Vous allez en Allemagne,
08:40vous allez en Italie,
08:41vous allez en Espagne.
08:42Qu'est-ce qu'on fait ?
08:43On forme une coalition
08:43et la coalition forme le budget.
08:45Il n'y a personne qui dit
08:46« Voilà un budget,
08:47je vous le lance. »
08:48Enfin, là,
08:48ce n'est pas dans le débat parlementaire.
08:49Ce n'est pas du tout
08:49la même coalition.
08:50Mais débrouillez-vous.
08:51Ça ne peut pas fonctionner
08:52comme ça, si vous voulez.
08:53Là, on a une coalition
08:54qui est forcée en Allemagne
08:56et en Italie.
08:57Ce ne sont pas des coalitions forcées.
08:58Oui, mais justement,
08:59c'est l'erreur fondamentale.
09:01C'est-à-dire que
09:01quand vous ne construisez pas
09:02de coalition,
09:03ça ne peut pas être stable.
09:04Et en la matière,
09:06le 49 à 1 à 3 initialement
09:07devait permettre
09:09de considérer
09:10que le budget
09:12à minima passé,
09:13c'est pour ça
09:13qu'on n'a pas plafonné
09:14le nombre de 49 à 1 à 3
09:15sur les textes financiers,
09:17à condition
09:17qu'il n'y ait pas
09:19une majorité
09:19pour vous censurer.
09:20Parce que vous savez,
09:21quand on fait
09:21un peu de politique comparée,
09:23qu'on se demande
09:23est-ce qu'un groupe politique
09:24est dans l'opposition
09:25ou dans la majorité,
09:26il y a un critère simple.
09:27Le critère qu'on retient,
09:28c'est ce qui vote le budget.
09:29Si votre groupe politique
09:30vote le budget,
09:31il est dans la majorité.
09:32Si votre compte le budget,
09:33il est dans l'opposition.
09:34Donc aujourd'hui,
09:35si jamais les socialistes
09:36votaient le budget,
09:37ils feraient partie
09:38de la majorité.
09:38Sauf Benjamin Morel
09:39qui n'a pas de majorité.
09:41C'est un cas particulier.
09:42Vous dites que ce parti
09:43fait partie de la majorité,
09:44mais d'une majorité
09:45qui n'existe pas.
09:46Il n'y a pas de majorité.
09:47Mais c'est pour ça que
09:47si jamais...
09:48Donc ce n'est pas compromettant
09:49de voter le budget
09:50puisque c'est un budget
09:51de compromis.
09:51Si malgré tout,
09:52parce que dès lors
09:52que vous le votez en commun
09:53avec LR, etc.,
09:54que vont dire les insoumis
09:55et que vont dire
09:56le reste de la gauche ?
10:02Vous avez des électorats
10:02qui se font et qui se défont.
10:03Vous avez des électorats
10:04qui sont en fait très cohésifs
10:07au sein des trois blocs.
10:08Et donc, en fait,
10:09dès lors que vous êtes
10:10dans une telle situation,
10:12eh bien, vous prenez le risque
10:14si vous êtes les socialistes
10:14par exemple en votant
10:15à un tel budget
10:16de donner demain
10:17les clés de la gauche
10:17à un opposant politique
10:19de vous
10:19qui s'appelle Jean-Luc Mélenchon.
10:21Et donc derrière,
10:22pour ces groupes politiques-là,
10:23le risque c'est in fine
10:24de disparaître
10:25dans ce type de comptes.
10:26On va en parler
10:26dans quelques instants
10:27puisque la pause arrive.
10:29Restez avec nous
10:29sur Europe 1.
10:30Nous sommes avec Benjamin Morel
10:32constitutionnaliste-politologue
10:33sur Europe 1.
10:34A tout de suite.
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