Nutriscore : Quand le gouvernement cède aux lobies qui veulent empoisonner les Français ?

Sud Radio

Avec Serge Hercberg, créateur du Nutriscore   Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru  🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498 ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr ———————————————————————   ##ACTU_DU_JOUR-2025-12-04##

Transcript

00:00Heure, Sud Radio, la France dans tous ses états.

00:03Les députés ont finalement repoussé cette nuit une mesure visant à généraliser l'affichage sur de nombreux emballages d'aliments du Nutri-Score.

00:10Vous savez cet étiquetage ABCD qui vous indique la qualité nutritionnelle des produits.

00:15Le gouvernement estime la mesure inadaptée et contraire aux normes européennes.

00:19On en parle aujourd'hui avec le père du Nutri-Score, Serge-Jacques Berg. Bonjour.

00:23Bonjour.

00:24Bonjour Serge-Jacques Berg. Merci d'être présent sur ce plat.

00:27Enfin, vous n'êtes pas présent, vous êtes présent à l'antenne, vous êtes à Londres.

00:30Et je vous ai appelé en catastrophe tout à l'heure lorsque nous avons appris cette nuit qu'il y a eu un reversement de tendance.

00:36Vous vous souvenez, nous avions quasiment célébré, vous et moi, sur ce plateau, il y a quelques jours,

00:41le vote en première lecture de l'adoption rendant le Nutri-Score obligatoire.

00:46Et on considérait, vous et moi, que c'était une mesure sanitaire importante pour les consommateurs et pour la France.

00:52Vous m'aviez dit que vous étiez quand même méfiant, qu'il y avait la deuxième lecture qui avait arrivé.

00:55Votre doute était fondé puisque cette nuit, eh bien, j'appelle ça un coup de théâtre pour ce problème de présence de parlementaires.

01:05Par 120 voix contre 117, pour 3 voix, l'obligation du Nutri-Score sur les conditionnements de produits alimentaires industriels a été rejetée.

01:14Je suppose que vous êtes, à défaut d'être en colère, extrêmement déçu.

01:17Oui, très déçu, et je pense qu'on peut l'être tous, car c'est une défaite de la santé publique.

01:24C'est un recul, malheureusement, qui pénalise les consommateurs.

01:29Et puis, c'est un mépris également, à la fois de la demande sociétale et du rôle des scientifiques,

01:35qui ont fourni des éléments justifiant l'intérêt de la mesure.

01:38Comment vous expliquez que le gouvernement est plié ?

01:40Madame Stéphanie Riste a expliqué que c'était contraire, j'allais dire, à la réglementation européenne.

01:45Bah, laissons venir, on verra bien. En tout cas, c'était un acquis, c'était une conquête.

01:49Vous pensez que c'était plutôt un accident que ce Nutri-Score ait été rendu obligatoire en première lecture,

01:55ou qu'il y avait quand même un consensus national qui pouvait te laisser espérer que la mesure soit définitive ?

02:01Non, il y avait vraiment un consensus national, et ce qui est vraiment regrettable,

02:06c'est ce deuxième vote dans lequel, vraisemblablement, les pressions des lobbies ont été suffisamment efficaces

02:12pour diluer le débat sur des faux arguments, et donc repousser cette mesure,

02:18ce qui fait sûrement plaisir à beaucoup de grands industriels qui vont célébrer le fait

02:23de ne pas avoir à travers la transparence sur la qualité nutritionnelle de leurs produits.

02:28Et tant entendu que Mme Annie Gennevard, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation,

02:32avait obtenu, elle est élue de Franche-Comté, avait obtenu que les produits dits du terroir

02:37ou d'appellation d'origine contrôlée soient épargnés par le Nutri-Score.

02:42Nous rappelons, professeur, que le Nutri-Score n'est pas une sanction,

02:46c'est juste pour signaler aux consommateurs qui sont peu informés

02:49que l'abus de certains aliments contenant trop de graisse ou trop de sucre

02:52pouvait être nocif pour la santé.

02:54Et je vous disais moi-même que si on mange 3 kilos de Comté au lait cru

02:58et 4 kilos de foie gras de la meilleure provenance par semaine,

03:01on risque d'avoir des problèmes de santé.

03:03Tout simplement, le problème il est là, on est d'accord.

03:06Oui, tout à fait.

03:07Il y a eu vraisemblablement des pressions à la fois économiques et politiques

03:10avec des arguments électoralistes.

03:12Et c'est très dommage parce qu'en plus même,

03:15en ayant exempté les produits traditionnels ayant une AOP, une IGP,

03:19on aurait pu s'attendre que les députés votent pour l'obligation

03:24sur tous les autres aliments industriels pré-emballés.

03:27Et ça n'a même pas été le cas.

03:29Alors, Serge Ackberg, on va parler vrai puisque c'est la thématique de cette antenne.

03:37Parlons vrai.

03:38Ça signifie que Mme Stéphanie Riste, qui s'est dit ministre de la Santé,

03:41là je suis désolé, tout à l'heure dans la présentation,

03:43je l'ai appelée ministre de la Malbouffe,

03:44elle a accepté de remettre en cause cette adoption du Nutri-score

03:49de rendre un utilisant obligatoire sous la pression.

03:52Alors, ils ne le présenteront jamais comme ça.

03:55Quels sont les lobbies qui peuvent faire pression et pour quelles raisons ?

03:59Alors, d'une part, l'argument qui a été utilisé par Mme Riste n'est pas tenable.

04:03Il est possible au niveau européen de contrevenir au principe

04:07de la libre circulation des marchandises

04:09à partir du moment où il y a une justification de santé publique

04:12qui soit tout à fait nécessaire, proportionnée

04:15et non stigmatisante pour aucun État.

04:17C'est le cas du Nutri-score.

04:19Et donc, ce qui s'est passé vraisemblablement,

04:22c'est qu'au nom de la défense des petits producteurs,

04:26qui ne sont d'ailleurs pas concernés,

04:27puisqu'ils fabriquent des produits qui ne sont pas pré-emballés,

04:30donc qui ne sont pas contraints par l'étiquetage,

04:33il y a eu toute l'argumentation qui, en fin de compte,

04:38rend service au grand groupe alimentaire

04:41qui fabriquent des produits AOP-IGP,

04:44comme Lactalis ou Savantia,

04:46et tous les grands groupes, comme Coca-Cola,

04:49Mars, Ferrero ou Danone,

04:51qui refusent d'afficher le Nutri-score.

04:53Ce sont tous les produits agroalimentaires très transformés,

04:56transformés ou ultra-transformés,

04:58qui sont évidemment exposés sur les rayons de la grande distribution

05:01et dont l'abus est nocif.

05:03Pourtant, ce sont des produits, on ne va pas citer de marques,

05:05mais vous en avez cités quelques-uns,

05:06qui suscitent des addictions formidables,

05:10surtout chez les jeunes,

05:11avec des effets sanitaires absolument tragiques.

05:13On parle de surpoids, d'obèses,

05:16d'obésité, de maladies cardiovasculaires, de diabète.

05:20Professeur, est-ce qu'on va pouvoir,

05:22un jour, une fois pour toutes,

05:23et par quels moyens,

05:24convaincre la classe politique et le pouvoir

05:27qu'il est temps de prendre une mesure urgente,

05:30vu les dégâts que cette malbouffe occasionne ?

05:33Écoutez, ce qu'on peut espérer,

05:35c'est que ce soit la pression sociétale,

05:37la demande des citoyens, des consommateurs,

05:40la mobilisation des associations, des ONG,

05:43des professionnels de santé et des scientifiques,

05:46qui permettent de faire comprendre et de convaincre

05:48les politiques qu'il est temps de mettre la santé publique

05:51avant les intérêts économiques et financiers.

05:54Et c'est pour ça, d'ailleurs, que nous, scientifiques,

05:56nous avons lancé une pétition sur le site de l'Assemblée nationale

05:59pour que soit généralisé le Nutri-Score,

06:02en espérant que des milliers,

06:03des dizaines de milliers de citoyens

06:05feront entendre leur voix

06:06pour amener les politiques

06:08à ne pas plier devant les levies.

06:10Si l'on fait un décompte dans l'hémicycle

06:12des partis politiques,

06:14est-ce qu'on a eu des engagements

06:16clairs et nets, groupe par groupe ?

06:18Là, il s'avère qu'hier soir, cette nuit,

06:20l'arithmétique des députés présents ou absents

06:23fait qu'il y a eu 120 contre 117.

06:25À trois voix près, l'obligation du Nutri-Score

06:29a été confirmée.

06:31On va rentrer comme ça dans le jeu des partis politiques.

06:34Aujourd'hui, quels sont les partis

06:35qui se sont clairement prononcés

06:37pour l'adoption du Nutri-Score

06:39de façon obligatoire ?

06:41Alors, au niveau de l'Assemblée nationale,

06:43ça a été quand même relativement transpartisant.

06:45Toute la gauche et les écologistes ont voté

06:47une bonne partie du bloc central,

06:49quelques républicains,

06:51et par contre, il y a eu un blocage total

06:54et uniforme de l'ensemble des députés

06:56du Rassemblement national.

06:58Nous, là encore, ont argumenté

07:00sur des arguments très populistes

07:02pour condamner discrédité

07:04et empêcher le passage de cette mesure

07:07d'intérêt collectif.

07:09Alors, de la part des Républicains,

07:10d'ailleurs, l'obligation du Nutri-Score,

07:12professeur, avait été rejetée par le Sénat.

07:14Mais ça, on savait que les Républicains,

07:16ils sont majoritaires.

07:17Les Républicains ont toujours été très proches

07:19du lobby industriel,

07:20au nom de l'économie française

07:22et de l'importance de protéger cette...

07:25Parce qu'eux considèrent que la souveraineté alimentaire,

07:27c'est de vendre beaucoup de malbouffe

07:28avec l'étiquette française.

07:30Le Rassemblement national, professeur,

07:32ce qui est étonnant,

07:33ce sont des gens qui se disent

07:34proches du peuple,

07:35proches de l'intérêt des Français,

07:36proches de l'intérêt des agriculteurs,

07:38qui défendent la santé.

07:40Et là, est-ce que c'est pas un masque

07:42qui tombe dans ce parti,

07:43qui se dit toujours proche

07:44de la France d'en bas ?

07:46Et lorsqu'il s'agit de protéger

07:47la France d'en bas,

07:48car le Nutri-Score protège d'abord

07:49les revenus moyens,

07:51les revenus faibles,

07:52qui ne sont pas toujours informés

07:53et qui achètent le moins cher possible,

07:55et le moins cher possible,

07:56le low cost,

07:56et souvent celui de la malbouffe,

07:58vous pensez pas que là,

07:58il y a une contradiction

08:00de la part du Rassemblement national ?

08:02Oui, vous avez tout à fait raison.

08:03Là, les masques tombent.

08:04Vous l'avez très bien rappelé,

08:06le Nutri-Score est particulièrement utile

08:07et efficace

08:08pour les populations les plus défavorisées.

08:11C'est vraiment un moyen de lutter

08:12contre les inégalités sociales de santé

08:14et en ne soutenant pas le Nutri-Score.

08:16Au contraire, en le condamnant

08:17avec des arguments

08:18qui sont vraiment des fake news

08:20que l'on entend habituellement

08:21dans la bouche des lobbies,

08:22le Rassemblement national

08:23a vraiment montré

08:24son absence de volonté

08:26de soutenir une mesure

08:28d'intérêt collectif

08:29et particulièrement,

08:30comme vous le dites,

08:31pour les populations

08:32qui sont plus en bas,

08:34plus défavorisées,

08:36qui ont particulièrement

08:37un risque de problématique

08:38de nutrition et de santé.

08:41Saint-Jacques Berg,

08:42est-ce que là,

08:43le protocole,

08:43la porte est fermée

08:44avec ce rejet de cette nuit ?

08:46Est-ce qu'il reste encore

08:47une option,

08:48une possibilité de reporter

08:49le projet Nutri-Score

08:50au niveau du Parlement français ?

08:52Voir, puisque d'autres pays

08:54ont adopté le Nutri-Score

08:55que vous avez créé,

08:57n'oublions pas que c'est vous

08:58qui êtes à l'initiative

08:59de cette mesure de santé publique

09:01essentielle,

09:02est-ce que le débat

09:03pourrait se porter

09:04avec les autres pays

09:05ayant adopté le Nutri-Score

09:07au niveau du Parlement européen ?

09:09Alors, oui,

09:10en sachant que là aussi,

09:11le Parlement européen

09:12qui s'était engagé

09:13à mettre en place

09:14un logo nutritionnel

09:16basé sur la science

09:16dans les 27 pays européens

09:18a cédé au lobby

09:19et n'a pas tenu ses engagements.

09:21C'est pour ça qu'on souhaitait

09:22que la France soit le fer de lance

09:24pour adopter cette mesure

09:26et ensuite qu'elle soit

09:27généralisée à l'Europe.

09:28Mais les autres pays

09:29qui ont adopté le Nutri-Score

09:31également réfléchissent

09:32à cette adoption obligatoire,

09:34même si ça,

09:34France n'est pas la première.

09:35Mais comme vous le dites,

09:36il y a d'autres manches

09:38à gagner

09:39et il y a encore

09:40des possibilités

09:41de faire des propositions

09:42de loi

09:42et certains députés,

09:44certains sénateurs

09:45sont fortement mobilisés

09:46pour aller jusqu'au bout

09:48du processus

09:49et que le Nutri-Score

09:50devienne obligatoire

09:52pour l'intérêt vraiment

09:53de l'ensemble

09:54de la collectivité.

09:56Et bien sûr,

09:56nous resterons vigilants.

09:57Merci Serge Herberg

09:58d'avoir pris sur votre temps.

09:59Vous êtes en mission à Londres.

10:00Je le rappelle,

10:01vous avez accepté

10:01cette communication

10:02depuis la Grande-Bretagne.

10:04Bien entendu,

10:04nous restons mobilisés

10:05à vos côtés

10:06et vous savez

10:07que cette antenne

10:08est à votre disposition

10:09pour soutenir

10:10cette noble cause

10:11du combat

10:11contre la malbouffe

10:12et rendre

10:13le Nutri-Score

10:14obligatoire

10:15par une mesure

10:16de santé publique.

10:17Merci Serge Herberg.

10:18Ces présidents

10:19qui nous ont fait

10:20tant de mal,

10:21c'est le thème

10:21de l'entretien qui vient

10:22avec Pascal Péry,

10:24journaliste et auteur

10:25de cet ouvrage

10:25paru aux éditions Plon.

10:27On en parle dans un instant.

10:28Il sera notre invité

10:28de 13h à 14h,

10:30ce qui vous laisse

10:30largement le temps

10:31de nous appeler.

10:31Merci.

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