00:00On va avancer un petit peu, doit-on craindre une campagne présidentielle violente ?
00:05À en croire ce qui s'est passé hier avec cette agression de Jordan Bardella
00:09lors d'une séance de dédicaces à Moissac dans le Tarn-et-Garonne.
00:13Un homme s'est brusquement jeté sur le président du RN, lui cassant un oeuf sur la tête.
00:16Alors, il était déjà connu ce monsieur, 74 ans quand même, bon.
00:20Ancien agriculteur, il avait déjà agressé à l'époque Eric Zemmour.
00:25Je l'avais vu à 2 mètres à l'époque avec Eric Zemmour à Moissac.
00:27Il avait eu 500 euros d'amende ?
00:31Avec sursis ?
00:32Oui. Ah, il ne les a pas payés ?
00:33Non.
00:34Donc autrement dit, une tape sur les doigts et une invitation à recommencer.
00:37Ça dit beaucoup quand même.
00:39Mais bon, là, je crois qu'il est encore en garde à vue ce soir, me semble-t-il.
00:43Laurent Nunez a quand même condamné très fermement les faits.
00:46Il parle d'agression en augmentation contre certains élus.
00:48Je vous propose d'écouter le ministre de l'Intérieur.
00:51Bien sûr, je condamne très fermement cette agression.
00:53C'est inacceptable.
00:54Nous sommes dans une démocratie.
00:56Tout le monde doit pouvoir s'exprimer.
00:58Et ces actes qui sont des actes d'intimidation,
01:00au lieu quels qu'en soient les motifs, c'est absolument inacceptable.
01:02Et ça dénote aussi un durcissement du climat politique, évidemment.
01:06Dans la semaine aussi, M. Bardella avait reçu de la farine.
01:11Et ça justifie évidemment encore plus les dispositifs de protection
01:14que nous mettons autour de certains élus, de certains de leurs déplacements.
01:18M. Bardella fait partie de ces élus.
01:19Il y a toujours des dispositifs pour éviter que les manifestants
01:22ne viennent perturber, notamment ces séances de dédicaces.
01:24C'était le cas hier à Moissac.
01:26Et c'est ce que nous faisons pour tous les élus.
01:28Quand il y a des menaces, des risques d'incidents ou d'agressions,
01:31nous sommes évidemment présents.
01:32On va continuer à l'être d'autant plus.
01:33Mais je condamne évidemment très fermement.
01:35C'est inacceptable.
01:36Alors, évidemment, ces agressions, elles sont au niveau local aussi.
01:39Souvent, on parle avec des maires qui disent eux-mêmes qu'ils sont à portée de baffe.
01:44Mais moi, je ne sais pas vous, mais je crains beaucoup pour cette future campagne présidentielle.
01:48Quand on voit la teneur des échanges, bon, sur les réseaux sociaux,
01:52où ça n'a jamais été très doux, mais là, c'est encore pire.
01:55Et il y a ce genre d'agression physique.
01:57On peut s'interroger quand même.
01:58C'est-à-dire qu'effectivement, on voit quand même un glissement.
02:01On n'est plus dans le débat politique.
02:03On n'est plus dans le combat politique.
02:04On est dans le conflit politique.
02:06On voit que tout est prétexte à conflictualité.
02:10Alors, là, ça a visé Jordan Bardella.
02:14Effectivement, les maires sont en première ligne.
02:16On voit une montée des agressions.
02:18Et les maires, d'ailleurs, le disent que dans leur commune,
02:22ils ont de plus en plus de mal parce qu'on vient les voir pour tout et n'importe quoi,
02:26mais des personnes qui sont violentes.
02:28Des personnes aussi qui respectent de moins en moins les règles.
02:31Et on voit que le lien est tellement distendu entre les Français et les politiques
02:36qu'il n'y a plus rien de sacré et qu'il n'y a plus rien d'entouchable.
02:39Alors, certes, certains politiques n'ont rien fait pour se rendre complètement aimable.
02:44Non, mais je pense à Emmanuel Macron qui ne tire pas le son de cette fin de règne, si j'ose dire.
02:50Puisque, souvenez-vous des Gilets jaunes en 2019, c'était quand même un avertissement.
02:54Il y avait déjà un divorce entre Emmanuel Macron et le peuple.
02:57Il y avait déjà un peuple qui disait, mais nous, on veut du concret,
03:02on veut boucler les fins de mois, on veut qu'on arrête de nous parler de la fin du monde.
03:07Et qu'est-ce qu'Emmanuel Macron a fait ?
03:09Il a lâché 17 milliards et puis après, c'est terminé.
03:12Et les Français vivent encore plus mal qu'en 2019.
03:15Donc, les Français se disent, à quoi bon ?
03:18Alors là, évidemment, Jordan Bardella, c'est autre chose parce que c'est un militant qui a exprimé sa colère.
03:25Moi, ce qui me choque le plus dans cette conflictualisation de ce qui arrive,
03:30c'est que l'agression de Jordan Bardella ne fait pas l'objet d'un consensus pour le défendre et dire qu'à soi, c'est inacceptable.
03:40Est-ce que vous avez entendu cette journée sur BFM TV ?
03:42Si on a le son, Stéphane Saliba à la régie, je vous propose de l'écouter.
03:47Nesrine Slaoui, journaliste et auteur du livre Illégitime publié chez Fayard.
03:51Écoutez ce qu'elle dit.
03:52Moi, je pense qu'il faut distinguer dans ce genre de situation, c'est les violences individuelles qui sont très facilement condamnables.
03:57Il y a la violence politique, c'est-à-dire que Jordan Bardella mène quand même dans le débat public,
04:01dans ses propositions médiatiques, dans son programme, une forme de violence politique envers une certaine partie de la population.
04:06Envers qui, par exemple ?
04:07Il a souvent des propos qui sont islamophobes, il a des propos qui sont très caricaturaux quand il parle d'immigration.
04:12Il a un propos qui est aussi violent pour beaucoup de personnes en France.
04:15Lesquels, par exemple, sont islamophobes ?
04:17C'est un homme qui fait des abagales et qui se stigmatise.
04:20La violence physique, on ne devrait jamais arriver, c'est-à-dire qu'on ne devrait jamais arriver à jeter un oeuf de la partie.
04:25Mais c'est pour ça qu'il faut distinguer la violence physique individuelle et la violence politique qui, elle aussi, cible des millions de personnes.
04:30C'est-à-dire, je ne mets pas à équivalent, je dis juste que condamner les propos de Jordan Bardella, ça ne veut pas dire que ça justifie une violence physique.
04:35Ça dit juste qu'il est aussi lui-même vecteur d'une violence politique.
04:39Oui, donc elle dit qu'il ne faut pas justifier, mais enfin quand même, il a un peu cherché.
04:42Il faut raison garder la violence politique si Jordan Bardella, de lui, il émanait quelque chose qui ressemble à la violence politique.
04:50Il n'y aurait pas 11 millions de gens qui auraient voté pour le Rassemblement National aux dernières élections.
04:54Non mais ce n'est pas ça, ce qu'elle dit, c'est qu'elle ne justifie pas, mais en gros, il l'a cherché.
05:00Oui, elle décrédibilise Jordan Bardella pour mieux lui taper dessus.
05:03Ce qui est insupportable, c'est qu'il y a des responsables de cette violence politique.
05:06D'abord, en effet, il y a ce monsieur qui frappe, qui agresse, qui frappe avec un oeuf, ça, c'est lui évidemment le responsable.
05:15Mais ensuite, il y a tous ceux qui arment idéologiquement ce monsieur, qui lui permettent de passer à l'acte.
05:19Quand on a une journaliste qui vous excuse, qui moralise la violence, bah oui, finalement, elle légitime et elle excuse.
05:27Quand vous avez...
05:28C'est ce qu'on fait souvent du côté des LFI.
05:29Bien sûr, mais j'allais y venir, quand vous avez la France Insoumise, qui menace d'envoyer les préfets en prison, ça c'est Jean-Luc Mélenchon,
05:36quand vous avez Antoine Léaumant qui dit qu'il va attraper les riches par les cheveux, ça aussi c'est de la violence politique,
05:42et il n'y a aucune réaction, donc il y a un silence politique qui est affligeant.
05:45Et pour Jordan Bardella, je trouve que le plus grave, c'est ce qui s'est passé dans les médias, et particulièrement dans l'audiovisuel public il y a quelques semaines,
05:51quand Jordan Bardella a été comparé, vous savez, à l'effet von Papen, qui, ça avait beaucoup fait parler, notamment sur France 5,
05:59c'est-à-dire que, en gros, Jordan Bardella est comparé à Hitler.
06:03Bah évidemment que quand vous comparez Jordan Bardella à un mal absolu, à une menace existentielle, à un danger qu'il faudrait arrêter,
06:11et bien il y a toujours des essais revelés pour vous dire que pour lutter contre ce mal absolu, pour sauver la démocratie, pour protéger les Français,
06:17et bien oui, tout est possible, tout est faisable, tout est réalisable.
06:20C'est une partie de leur politique aujourd'hui, politique du chaos.
06:23Donc en réalité, il y a des responsables de cette violence politique, donc celui qui frappe n'est pas le seul responsable.
06:30Il y a tous ceux qui arment idéologiquement, qui arment intellectuellement, et ceux qui trouvent ça normal,
06:34parce qu'on a entendu depuis 24 heures, c'est qu'un oeuf, c'est qu'une petite agression.
06:39Mais oui, mais en fait, Charlie Kirk, c'était pareil.
06:42Charlie Kirk, avant que les balles viennent dans sa gorge, il y avait une ironie.
06:47Oh, c'est pas grave, il est menacé dans les campus, c'est pas très grave.
06:49Bah oui, mais en fait, parfois, tout cela mène à des drames.
06:52Mais regardez même à l'Assemblée Nationale, on l'avait beaucoup commenté à la dernière législature,
06:59les membres du LFI, quand même, qui ont bordélisé, pardonnez-moi le mot, l'Assemblée Nationale.
07:07On n'avait jamais vu ça avant, Véronique Jacquet.
07:09Non, tout à fait, on n'avait jamais vu ça avant, et ça montre aussi quand même une perte de civilité au sein des parlementaires.
07:16Mais ils instrumentalisent la violence, c'est ça qui est extrêmement mortifère.
07:20C'est qu'il y a une violence qui est instrumentalisée à des fins électorales.
07:24Ils rêvent du grand soir, ils rêvent de la révolution, ils rêvent pas de faire en sorte que la démocratie se porte mieux.
07:30Et la violence appelle toujours la violence.
07:33Donc effectivement, Jules Torres a bien raison de signaler que, non, ce n'est pas qu'un œuf qui est lancé.
07:38La prochaine fois, ça peut être autre chose.
07:40Quel que soit l'homme politique, d'ailleurs.
07:42Et d'ailleurs, ce qui est très troublant, c'est quand même ce silence politique qui devrait quand même nous interpeller tous.
07:50C'est qu'il faudrait qu'il y ait des réactions partout.
07:52Mais moi, je me souviens, vous parliez tout à l'heure d'Emmanuel Macron, quand il avait été giflé.
07:56C'était absolument scandaleux.
07:57Il fallait dire que c'était absolument scandaleux.
07:59Oui, tout le monde avait réagi, d'ailleurs.
08:01Tous les partis avaient réagi.
08:03Et si c'était Jean-Luc Mélenchon, ce serait la même chose.
08:05On n'a pas à agresser des élus, surtout selon leurs critères politiques.
08:10Il n'y a pas moins d'humanité d'un côté ou de l'autre.
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