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  • il y a 2 jours
Télématin reçoit Frédéric Ploquin, journaliste d'investigation spécialiste du grand banditisme.

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Transcription
00:00Allez, on poursuit avec, vous savez, cette évasion dont vous parliez tout à l'heure dans le journal Évasion de 2,
00:04de la prison de Dijon, avec un mode opératoire quand même qui est digne d'un film.
00:09Ils ont, semble-t-il, scié des barreaux et ce ne sont pas les seuls à s'évader.
00:13La liste est longue. Sur l'année 2025, par exemple, on en compte près de 70.
00:17C'est un chiffre qui est en augmentation.
00:19Bonjour Frédéric Loquin. Vous êtes journaliste d'investigation spécialiste du grand banditisme.
00:23On va revenir dans un instant sur cette évasion incroyable.
00:27Mais d'abord, l'actualité, c'est aujourd'hui la cavale, près de 24 heures dans la nature pour ces deux détenus.
00:32Est-ce qu'il existe une possibilité de ne jamais les retrouver ?
00:36Moi, ce qui me stupéfait en général, c'est que, en fait, quand vous êtes en prison,
00:40vous passez votre temps, votre vie, 24 heures sur 24, normalement.
00:44Enfin, soit vous vous mettez sous médicaments, soit vous avez des tentatives suicidaires, vous disparaissez,
00:48soit vous pensez à chercher l'espace pour vous échapper.
00:51Donc, vous passez tout votre temps à chercher la faille.
00:55Et donc, vous observez, etc.
00:56Et le jour où vous y arrivez, quelque part, souvent, vous vous dites, merde, et la suite, qu'est-ce que je vais faire ?
01:02C'est-à-dire que j'ai constaté qu'il y a, dans un certain nombre de cas, en réalité, un moment où ça coince.
01:07C'est-à-dire que toute l'énergie est concentrée sur comment sortir de ces murs, comment s'échapper.
01:13Et après, alors, il peut y avoir un...
01:16On vient vous chercher, on ne vient pas vous chercher.
01:17Il y a un ami qui fait défaut.
01:18Après, et la plupart, finalement, finissent par être repris dans leur précaré, dans leur jardin.
01:25Regardez, celui qui s'est échappé lors d'une visite au planétarium à Rome, à Rennes, il y a quelques jours.
01:30Il a été rattrapé au bout de quelques jours dans un camp de gens du voyage, où il a tous ses amis, où il a tous les siens, c'est-à-dire dans son jardin.
01:41Et donc, le réflexe, c'est ça, c'est d'aller...
01:44Et là, évidemment, c'est là où la police vient vous chercher.
01:46Et c'est pourquoi, même avec les plus grands voyous, les cavales ne durent jamais très, très, très longtemps.
01:51– Justement, pour la cavale comme pour l'évasion, est-ce qu'il faut des complicités à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison ?
01:57– À l'intérieur, il y a plusieurs possibilités.
02:01Le mieux, effectivement, c'est d'être tout seul face à son projet.
02:04Parce que plus vous parlez, plus vous mettez dans le coup de votre évasion des co-détenus,
02:08plus il y a un risque qu'un des co-détenus, pour gagner des points, des jours, etc.,
02:12aille vous balancer, en fait, auprès de l'administration pénitentiaire.
02:16Moins vous êtes sur le coup, mieux c'est.
02:18Ça, c'est pour l'intérieur, pour préparer l'opération.
02:21Après, il y a des individus qui arrivent à s'évader tout seuls, il y a des grands sportifs.
02:26Moi, j'ai noté dans mes recherches, par exemple, un détenu qui avait fait un bond, un saut, de 9,60 m.
02:34C'est-à-dire qu'il y a des individus qui arrivent tout seuls, ils n'ont besoin de personne, pas l'échelle.
02:38Il avait réussi à grimper en haut d'un mur et il avait fait un saut de 1,60 m.
02:42J'en ai vu un autre, qu'on avait appelé l'homme araigné, qui avait grimpé à main nue,
02:47après sans doute beaucoup d'entraînement, un mur a priori inviolable.
02:50Vous voyez ce que je veux dire ?
02:51Donc, vous avez des individus qui, tout seuls, réussissent.
02:54Après, les gangsters, les vrais gangsters, ceux qui sont organisés, ils appartiennent en général à des gangs.
03:00On a besoin d'eux à l'extérieur, donc on vient les chercher, donc on se mouille un peu pour eux.
03:04Ou bien, vous avez cela, ou bien vous avez toutes sortes de ressorts.
03:07Vous avez des gens qui, par amour, il y a des gens qui vont utiliser leur compagne, qui va apprendre, par exemple, à piloter un hélicoptère.
03:14Mais aujourd'hui, nous sommes dans ces circonstances un peu exceptionnelles.
03:17Avec une évasion, on le rappelle, avec des barreaux qui ont été sciés, avec des draps qui ont été utilisés, comme dans un film.
03:25Ça surprend ceux qui nous regardent et qui nous écoutent ce matin.
03:27Est-ce que vous, le spécialiste, ça vous a surpris que ce genre d'évasion puisse être possible encore en 2025 ?
03:31Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, cette évasion, scier ces barreaux et descendre avec des draps, c'est vrai qu'on se croirait dans une bande dessinée ou au cinéma.
03:39J'ai l'impression que c'est un peu à l'ancienne.
03:40Il y en a eu dans l'histoire, en réalité.
03:42Simplement, une fois que vous avez des draps, il faut faire attention.
03:47Ce n'est pas gagné, parce qu'après, il peut y avoir encore les draps.
03:50Ça ne suffit peut-être pas à atteindre le bas.
03:52Et ensuite, une fois que vous êtes au pied du mur, en général, il y a un mur d'enceinte.
03:55Donc, ça ne suffit pas, en réalité.
03:57Mais effectivement, on est dans quelque chose d'un classicisme redoutable.
04:00On se dit, mince, ça existe encore.
04:02Sauf qu'il y a le drone aujourd'hui.
04:04Et ça, c'est moins classique.
04:05L'utilisation du drone qui aurait apporté la lame qui aurait permis de scier.
04:08Il y a deux possibilités.
04:10Quand vous cherchez, effectivement, un bout de métal pour scier vos barreaux,
04:13souvent, dans les maisons centrales, il y a des ateliers.
04:17Il y a des petits bouts de métaux qui sortent sans arrêt des ateliers, etc.
04:19Et l'autre possibilité, c'est la lame de scie.
04:23Autrefois, moi, j'avais connu un voyou comme ça qui avait fait rentrer des lames de scie.
04:26Vous savez comment ?
04:27Il était à l'atelier peinture.
04:29C'était un grand peintre.
04:30Il faisait plein de peintures.
04:32Il faisait rentrer les lames de scie dans les tubes de gouache, par exemple.
04:35Ça, c'était autrefois.
04:36Aujourd'hui, effectivement, vous avez l'arrivée de ces drones.
04:39Il faut dire que la maison d'arrêt dont on parle, c'est important.
04:42Elle est en pleine ville.
04:43Elle n'est pas en race campagne.
04:44Donc, c'est beaucoup plus difficile à contrôler qu'une maison centrale qui est en plein champ.
04:50Là, vous pouvez observer ce qui se passe.
04:52Et que donc, ce genre de prison en pleine ville sont saturées de l'extérieur par toutes sortes d'objets qui arrivent.
04:58Justement, est-ce qu'en termes de sécurité, on n'est pas un peu dans une France à deux vitesses,
05:02avec le modèle ultra sécurisé, comme par exemple Vendin-le-Vieille et la maison d'arrêt de Dijon ?
05:07C'est sûr que le fait de se focaliser, pour des raisons de communication politique, sur la Rolls-Royce de la prison,
05:13c'est-à-dire Vendin-le-Vieille et deux ou trois autres établissements où vont être mis le paquet,
05:18c'est sûr que les surveillants de prison aujourd'hui sont un peu dépités par ce fait,
05:22parce qu'ils voient bien qu'à côté de ça, le parc automobile, si je puis dire, le parc, si on poursuit la comparaison avec la Rolls,
05:28le parc, le reste est vieillissant et qu'il y a peu de moyens qui sont mis et qu'on les oublie un peu
05:33et que la vétusté de cet établissement et la surpopulation aussi fait que le personnel a beaucoup de mal.
05:39Je veux dire, quand vous avez deux fois plus de détenus que n'en pourrait contenir la prison dans un établissement,
05:46mais que le nombre de surveillants, lui, n'a pas augmenté, vous imaginez bien que c'est très compliqué d'être à l'écoute de tout ce qui se passe.
05:53Or, si vous voulez que personne ne s'échappe, si vous voulez que ça se passe bien, a priori, il faut être à l'écoute de tout,
05:59il faut être en permanence aux aguets, il faut avoir le temps de savoir ce qui se trame, ce qui se prépare dans les cellules
06:05et ça, ils n'ont plus ce temps-là, ils gèrent juste l'urgence, on va dire, les surveillants aujourd'hui.
06:09C'est un sujet qui va nous intéresser à bien des égards dans les prochains jours.
06:13Merci Frédéric Ploquin, journaliste d'investigation spécialiste du grand banditisme, d'avoir été avec nous ce matin.
06:19Je rappelle que vous avez sorti un livre qui s'appelle « Ils se sont fait la belle » aux éditions Fayard.
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