Assassinat de Mehdi Kessaci: "On veut intimider un frère (...) On veut terroriser", analyse Frédéric Ploquin, spécialiste du grand banditisme

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Frédéric Ploquin, journaliste spécialiste du grand banditisme, était l’invité du Face-à-Face de ce mardi 18 novembre sur RMC et BFMTV. Il a été interrogé notamment sur la mort de Mehdi Kessaci à Marseille et le narcotrafic

Transcript

00:00On vit aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur parle d'un point de bascule.

00:05Il s'agit notamment de la mort du frère d'Amin Kessassi,

00:10Amin Kessassi militant anti-drogue de Marseille,

00:13dont le frère a été ciblé, assassiné et il a été enterré hier.

00:18Est-ce qu'on assiste en effet aujourd'hui à un point de bascule dans le narcotrafic en France ?

00:23On a entendu parler de meurtre d'intimidation, d'assassinat d'intimidation.

00:28J'ai envie de m'attarder un instant sur ce mot.

00:30Qui veut-on intimider ?

00:32On veut intimider un frère qui est la conscience, on va dire, du crime dans les quartiers nord de Marseille.

00:39On veut l'intimider, on veut le faire taire.

00:42J'ai presque le sentiment d'ailleurs que le mot terroriser est plus fort et plus juste que le mot intimidé.

00:48On veut terroriser ce frère, on veut qu'il arrête d'écrire,

00:51parce que ce n'est pas quelqu'un qui va venger les armes à la main senti frère,

00:55donc il ne représente pas un danger classique pour les adversaires, pour ceux qui ont tué ce frère.

01:01Ce n'est pas une bande qui tuerait une autre bande ?

01:03Il y a cinq ans, parce qu'il a perdu un premier frère il y a cinq ans.

01:06Et en fait, il est dans un combat depuis cinq ans pour essayer de démasquer les assassins de son frère,

01:11pour démasquer les commanditaires des assassins de son frère.

01:13Donc c'est ça qu'on veut faire taire.

01:14Ils ne craignent pas une vente d'État classique,

01:19mais ils craignent que les mots ne soient mis sur les choses et d'être désignés.

01:25Donc on veut intimider ce frère.

01:27Mais au-delà de ça, je crois que dans ce fait, c'est pour ça que c'est un point de bascule,

01:30on veut intimider tous les quartiers.

01:33On veut dire aux gens, taisez-vous, ne regardez pas,

01:36fermez les yeux, baissez la tête, ne regardez pas ce qui se passe,

01:40ne mettez pas des mots sur ce que vous voyez,

01:42sur la violence que vous utilisez, que vous déployez.

01:44On veut intimider, pour moi, au-delà de ça, les juges, les surveillants de prison,

01:52pourquoi pas les avocats.

01:54On veut intimider, au fond, la presse aussi, qui parle, qui écrit,

01:58qui a le tort d'écrire, qui a le tort d'enquêter, qui a le tort de dire.

02:02Et au-delà de cela, ce que je veux dire, c'est que c'est la société civile aujourd'hui,

02:06ce n'est pas un règlement de compte entre vous,

02:08ou pas du tout, il faut bien le dire aux gens.

02:10C'est la société civile qu'on veut terroriser, qu'on veut intimider,

02:13qu'on veut faire taire, et au-delà de la société civile,

02:16c'est évidemment la République qui doit répondre.

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