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  • il y a 3 semaines
Entre robots chirurgicaux, IA diagnostiques et taxis autonomes, le Dr Bonnaud explore un scénario inquiétant : celui d’un hôpital presque entièrement automatisé.

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Transcription
00:00On se place donc à l'analyse du docteur Bono, Hervé nous a rejoint.
00:08Salut Hervé !
00:08Salut Elix !
00:09Et Hervé, tu as imaginé un hôpital sans soignants ?
00:12Alors j'ai imaginé, disons que quand on m'a proposé ce thème,
00:16je me suis dit « waouh, quel drôle d'idée ! »
00:18C'est n'importe quoi, c'est comme imaginer une voiture sans conducteur
00:23ou un orchestre sans musicien.
00:25Et puis d'un coup je me suis dit « mais quel mauvais exemple ! »
00:27J'écoutais tout à l'heure la radio, 34% des disques sur 10 heures
00:33sont entièrement faits par l'intelligence artificielle.
00:36Et on a un groupe de rock qui a sorti, qui a été vu un million de fois sur Spotify,
00:39The Velvet Sundown, un truc pas mal d'ailleurs, comme son, c'est l'année 70.
00:44Entièrement rien, un peu country, mais pas mal à écouter.
00:48Donc la musique sans musicien c'est possible.
00:51Vous connaissez les taxis robots aux USA ?
00:54Il y en a déjà 2000 qui tournent dans toutes les grandes villes,
00:56il y en a 1000 au chien en Chine et il y en a plein qui arrivent
00:59sponsorisés par Uber, Amazon, Tesla et compagnie.
01:03Donc finalement, pourquoi pas un hôpital sans soignant ?
01:07Et d'ailleurs, à l'hôpital, on a déjà des tas de robots,
01:11des chatbots pour accueillir, pour lire les radios,
01:14pour opérer même, pour tenir compagnie aux patients.
01:17Enfin, tout ça est un peu étrange,
01:18mais en fait ça s'explique politiquement.
01:21Se passer des soignants, c'est assez tentant finalement.
01:24C'est ça que je me suis dit, j'essaie de trouver une bonne raison à ça.
01:26Parce qu'ils dorment pas, ils râlent pas, ils font pas grève,
01:29il n'y a pas besoin de les former, il n'y a pas besoin de les augmenter.
01:31Donc en fait, je vois une société tout à fait délicieuse se profiler.
01:35En fait, la vraie question à se poser, c'est quoi un soignant ?
01:38Ah ben, c'est quoi un soignant ?
01:39Ben voilà, si on demande à un économiste, un soignant, c'est un centre de coût.
01:43Si on demande à un ministre, c'est une variable d'ajustement.
01:46Mais si on demande à un patient, c'est quelqu'un qui veut qu'on lui tienne la main.
01:50Et d'ailleurs, ça me fait penser à une jolie citation de Louis Pasteur,
01:53qui parlait des infirmiers et des infirmières.
01:55« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours ».
01:59Écouter, c'est pas forcément ce que fera le mieux le robot.
02:03On nous promet des lits connectés, des piluliers intelligents,
02:07des diagnostics automatisés, c'est formidable.
02:09Mais peut-être qu'un jour, on va se dire que c'est bien de soigner des organes,
02:13c'est peut-être mieux de soigner des individus dans leur intégralité,
02:17voire s'occuper de leur âme, de leur souffrance.
02:20Et donc, face aux murs qui nous arrivent dans le nez,
02:24je m'attends à ce que nos politiques nous déclarent bientôt
02:27qu'il nous faut des nouveaux patients.
02:30Des nouveaux patients, des nouveaux soignants,
02:32et des soignants augmentés.
02:34Alors, je suis d'accord avec le concept.
02:36Le problème, c'est qu'en termes de formation,
02:39il va falloir qu'on change deux trucs.
02:40Il faut donc qu'on ait des nouveaux soignants
02:42parfaitement formés à l'IA et à tous les objets connectés.
02:46Et je me suis amusé à regarder,
02:47vous savez quel est l'âge moyen des doyens des facultés de médecine ?
02:5060 ans.
02:52C'est pas une caricature, et c'est pas une méchanceté.
02:53Peut-être que ça s'explique.
02:56Comment est-ce que ces gens-là, sans leur faire offense,
02:59vont apprendre les IA à leurs internes de 25 ans ?
03:03C'est un peu complexe.
03:05L'autre point, à mon avis, qu'il va falloir développer,
03:09c'est la psychologie, l'accompagnement psychologique
03:12des malades par les soignants.
03:14Personnellement, quand j'ai fait mes études de médecine,
03:16je peux vous dire qu'il n'y avait pas,
03:17à part quand on faisait psychiatrie,
03:19on n'avait pas de cours de psychologie des patients.
03:22Donc, actuellement, j'ai vu qu'en 10 ans de médecine,
03:26un étudiant a droit à quelques dizaines d'heures de formation.
03:29J'ai essayé de regarder pour les infirmiers et infirmières,
03:31c'est pas clair.
03:32Ils disent, dans le premier semestre,
03:34il faudrait qu'il y ait des heures,
03:35mais c'est même pas marqué du tout dans le deuxième semestre.
03:37Donc, je ne sais pas.
03:38Ce qui prouve bien que c'est pas la grande priorité de tout ça,
03:41hélas.
03:42Parce que ça, c'est une tâche qui ne pourra pas être sous-traitée
03:44à des humanoïdes.
03:45Et tu sembles nous rappeler la célèbre formule
03:47« Gouverner, c'est prévoir ».
03:49Ah ben absolument, rien n'est mis en place.
03:51Et quand on voit la vitesse exponentielle d'évolution de l'IA,
03:56on peut se dire que ça va coincer dans pas longtemps.
03:59Et que bientôt, à l'hôpital,
04:02les seuls êtres humains, ce seront les malades.
04:06Heureusement, il faut être positif.
04:08J'ai eu une illumination,
04:11et je me suis dit,
04:12mais il n'y aura plus de soignants à l'hôpital.
04:14Mais ce n'est pas grave du tout.
04:15Avec la médecine personnalisée, prédictive,
04:18boostée par les IA,
04:19il n'y aura plus de passion non plus.
04:22Merci beaucoup Hervé.
04:24C'était un petit peu plus long que prévu.
04:25Donc, rapidement, John,
04:26je vous ai senti réagir à chaud.
04:30Oui, parce qu'effectivement,
04:32on sait très bien qu'il y a à prendre de la place,
04:34même dans la profession infirmière.
04:36On n'arrive peut-être pas encore à imaginer.
04:38Pour autant, je pense que soigner des humains
04:41ne peut se faire qu'avec des humains.
04:44Comme vous l'avez dit,
04:45l'écoute, ce n'est pas une IA qui va être complètement neutre,
04:49qui ne va pas exprimer ses sentiments,
04:51qui va pouvoir discuter avec le patient,
04:55l'écouter.
04:56Je crois que ça, c'est vraiment
04:56le quotidien de la profession
04:59et du métier d'infirmier.
05:00C'est-à-dire que, oui, il y a le soin,
05:02mais au travers du soin,
05:04on a énormément de sens qu'on développe.
05:06Par exemple, l'odorat nous sert dans notre quotidien.
05:10On a énormément de sens.
05:11Et donc, je crois que ça,
05:13l'IA ne pourra pas le remplacer.
05:14Et juste pour faire très court,
05:17je pense qu'on a besoin d'une stabilité politique
05:21de façon à repenser le système de santé.
05:23Je crois que ça, c'est réellement essentiel.
05:25Mais il faudra une réforme qui soit courageuse,
05:28ambitieuse.
05:28Et je ne sais pas si on a pour l'instant
05:30les personnes qui seront en mesure de le faire.
05:32Merci, John.
05:33Angélique, rapidement, je suis navrée,
05:34on n'a plus beaucoup de temps
05:35sur ce que Hervé nous a dit.
05:37Je vais juste dire en trois pans,
05:39la dernière loi de la sécurité sociale
05:41encourage la télémédecine.
05:43Donc, il faut prendre en compte ces évolutions.
05:46Et puis, je sais que les médecins
05:48veulent travailler beaucoup
05:49avec une certaine pluridisciplinarité.
05:51Donc, c'est important d'associer les citoyens
05:54à l'évolution de ces nouvelles technologies.
05:57Et puis, je tiens juste à dire
05:58que dans la santé mentale actuellement,
06:00les chapeaux de santé font un boss du tonnerre.
06:04Ils sont très performants dans la santé mentale,
06:06même accompagnés de médecins en psychiatrie.
06:08Ils disent qu'ils sont tip-top.
06:10Et donc, ça aussi, c'est à prendre en compte.
06:13Et puis, juste pour finir,
06:14nos dernières études ont bien démontré
06:17qu'à la soit du côté des soignants
06:19que du côté des patients,
06:21il y a une volonté d'être accompagnés par l'IA,
06:24parce que c'est ce qu'ils appellent le temps utile.
06:26Et donc, tout ça, bien sûr,
06:28c'est à encadrer.
06:29Et puis, il faut évoluer,
06:31mais tout en mettant aussi les citoyens
06:32au cœur de ce système.
06:34Donc, il faut aussi leur donner la parole.
06:36Merci beaucoup.
06:37Merci, Angélique.
06:38Angélique Chassi, docteur en sciences économiques,
06:41enseignante-chercheure à l'École de Management de Normandie.
06:44Et merci à vous, John John Pint,
06:46président du SNIL,
06:47syndicat national des infirmiers et des infirmières libéraux.
06:51Merci beaucoup.
06:52On passe à la pépite santé.
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