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Cours de cinéma par Julia Pialat, docteure en sociologie, spécialiste de l’histoire des musiques électroniques françaises. Dans le cadre de la thématique Musique ! Enregistré au Forum des images le Vendredi 07 novembre 2025.
Tous les vendredis à 18h30, venez écouter des personnalités issues du monde du cinéma, mais aussi des arts visuels, des sciences sociales ou de la société civile, explorer des problématiques artistiques, sociétales, en écho à la programmation pop culture du Forum des images.
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00:00Bonjour à toutes et à tous et merci beaucoup d'être venu aussi nombreux aujourd'hui pour
00:13parler de l'histoire visuelle de la French Touch.
00:16Pour me présenter en quelques mots, je suis écrivain et chercheuse, je travaille depuis
00:21six ans sur la French Touch, j'y ai consacré d'abord un mémoire de ma soeur, puis plusieurs
00:26livres dont un livre sur le label Ed Bangar et une thèse universitaire dédiée spécifiquement
00:31à l'histoire de la French Touch que j'ai terminée cette année, qui a été un gros
00:35dossier, un doctorat de sociologie et donc il s'agit d'un sujet que j'ai étudié de
00:41façon approfondie en m'appuyant sur une longue enquête de terrain et notamment la réalisation
00:46de 350 entretiens auprès de musiciens et de professionnels de l'industrie du disque et
00:51c'est donc à ce titre que le forum des images m'a fait l'honneur de me solliciter aujourd'hui
00:54pour animer un cours sur la French Touch dans le cadre d'un cycle dédié spécifiquement
01:00à la musique et bien sûr j'ai accepté avec plaisir le principe de cette invitation en
01:06me demandant immédiatement ce qu'un public en 2025 pouvait avoir envie d'entendre et
01:11de connaître au sujet de la French Touch.
01:13Donc je vous propose d'abord de définir cette notion de French Touch parce que j'imagine
01:19que beaucoup d'entre vous sont très familiers avec cette notion mais certains sont certainement
01:24plus novices et désireux d'en savoir plus et puis ensuite on verra quelques clés d'analyse
01:28et de compréhension pour appréhender ce mouvement, l'ambition étant de vous déveiller votre
01:35curiosité et de vous donner l'envie ensuite après cette présentation d'en savoir plus.
01:39Donc je vous propose qu'on prenne un temps pour le cours et puis je répondrai à vos questions
01:42à la fin pendant les 15-20 dernières minutes.
01:46Donc d'après mes travaux la French Touch désigne un mouvement musical et artistique apparu
01:51au milieu des années 90 et au début des années 2000 à Paris autour d'une scène de musiciens
01:55portée par certains qu'on peut voir sur cette image, donc les Cassius, on peut voir
02:01Philippe Zard et Hubert Blanc-Francart, mais également les Daft Punk, Étienne de Crécy
02:05ou encore David Guetta ou Bob Sinclar.
02:08Cette scène a rencontré un succès populaire et commercial inédit, surtout venant des musiques
02:12électroniques et elle a, c'est sa deuxième composante, elle a contribué au rayonnement
02:17de la France dans le monde, c'est-à-dire à son soft power. Esthétiquement, elle se
02:21caractérise par une musique solaire et hédoniste, le recours aux samples et aux filtres, d'où
02:26la catégorisation sous l'étiquette de house filtrée, ainsi que la récurrence de ses
02:31tubes et de ses hits, on peut penser à par exemple à You Are My Eye de Demon, Starlight
02:35de Superman Lovers ou encore Music Sounds Better Review de Stardust.
02:39Et elle se catégorise aussi d'un point de vue sociologique par son positionnement singulier
02:45à la croisée de la culture pop et d'un registre plus intello, on va dire, et plus
02:50savant, et sa capacité à se situer à la frontière de l'underland et du mainstream
02:54et on y reviendra et ça a été un aspect que j'ai beaucoup voulu mettre en évidence
02:59dans mes travaux, cette capacité à articuler ces deux univers symboliques.
03:05Donc la French Touch, elle s'est prolongée jusqu'au début des années 2000, puis elle
03:08s'est essoufflée au début de la décennie avec d'une part le retour du rock porté par
03:14des groupes comme les White Stripes, les Strokes ou encore Franz Ferdinand, d'autre
03:18part en raison de multiples mutations de l'industrie du disque qui a été fragilisée
03:21par la hausse des téléchargements illégaux et enfin en raison de nombreuses mutations
03:26sociopolitiques qui ont précipité sa disparition et on peut citer par exemple les attentats
03:31du 11 septembre 2001 qui ont marqué un coup d'arrêt à l'internationalisation de la
03:35French Touch et plus généralement à une période faste de circulation des biens et des
03:40personnes dans le monde.
03:41Par la suite, la French Touch a connu un second temps d'expansion qui a été
03:44baptisé par les journalistes French Touch 2.0 que l'on peut définir comme la deuxième
03:49French Touch, le 2.0 faisant référence au rôle qu'ont joué Internet et les réseaux
03:53sociaux dans sa propagation via MySpace, Dailymotion et Youtube.
03:57Et cette deuxième vague de producteurs français a été portée par des labels comme
04:02Institut, Kitsune ou encore Edbanger qui sont des labels fondés par d'anciens acteurs
04:06de la French Touch qui, bien qu'esthétiquement très éloignée de la première vague électronique
04:10française, s'est inscrite malgré tout dans des dynamiques de continuité et de rupture
04:15avec cette dernière en se fondant sur les mêmes réseaux de coopération, les mêmes acteurs
04:20et les mêmes structures.
04:22Et selon mes estimations, la deuxième French Touch a débuté plus ou moins en 2002-2003
04:27avec la création de Kitsune et l'année suivante d'Edbanger.
04:30et elle a couru jusqu'en 2015 et par la suite elle a été remplacée par l'EDM, Electronic
04:36Dance Music, donc c'est un style de musique électronique commercial basé sur la culture
04:41de l'entertainment, du divertissement et qui américanise en gros les musiques électroniques
04:46européennes.
04:47Mais elle a également été remplacée par le retour de la techno, donc c'est les grandes
04:50années concrètes pour ceux qui connaissent ce club qui était situé sur les berges parisiennes
04:54et par la deuxième vague du rap français qui a culminé plus ou moins dans les années
04:592020, mais je ne suis pas spécialiste du rap donc je ne me prononcerai pas sur la question.
05:03Donc pour en revenir à notre définition, dans mes travaux j'ai fait le choix d'appréhender
05:07la French Touch comme un courant artistique pluridisciplinaire et protéiforme qui dépasse
05:12largement une esthétique sonore, c'est-à-dire la house filtrée pour le dire simplement,
05:16pour former un tout à la façon dont l'anthropologue Hugues Bazin a appréhendé et défini la culture
05:23hip-hop, donc en référence pour situer, Hugues Bazin définit le hip-hop comme le regroupement
05:29des arts de la rue dans lequel les arts se rassemblent autour de trois pôles, un pôle
05:33musical dominé par le rap, un pôle corporel marqué notamment par le breakdance et un pôle
05:38graphique dominé par l'art du tag et du graphe.
05:40Je vous ai mis cette référence qui est très cool, c'est un documentaire qui a été consacré
05:43à Hugues Bazin qui s'appelle Paris 8 la fac hip-hop, pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient
05:48en savoir plus, c'était diffusé sur Arte, vous le pouvez trouver sur Youtube, et il
05:52explique très bien la naissance du hip-hop en France.
05:55Et de la même façon que Hugues Bazin a défini le hip-hop comme un courant protéiforme,
06:00j'en suis parvenue à percevoir la French Touch comme regroupant un ensemble de pratiques
06:06artistiques, à la fois visuelles et sonores, qui incluent bien sûr le DJing, la production
06:11de musique électronique, mais également la conception de flyers, de pochettes de disques,
06:15de vidéoclips et de produits dérivés, mais j'ai également choisi d'y englober
06:19de façon très large un mode de vie, un style vestimentaire, par exemple il y a quelque
06:23chose qui s'appelle le clubwear, qui était un style vestimentaire qui est né en Grande
06:27Bretagne dans les années 90, mais également une économie, un champ lexical, un ethos,
06:33c'est un terme sociologique qui désigne la façon d'être au monde, une exis corporelle,
06:37c'est-à-dire la façon de se mouvoir et de se vêtir, et même un positionnement politique
06:42et ou philosophique, en l'occurrence hédoniste, qui m'ont conduit à appréhender la French
06:47Touch comme un fait social protéiforme, proche de la notion de subculture, qui est une notion
06:53de sous-culture en gros en français.
06:55Donc pour ne pas vous assommer, parce que je vois déjà que c'est très académique,
07:01et pour rendre cette présentation un peu plus fun, je vous propose tout de suite de voir
07:05quelques extraits de clips qui vous permettront de rendre compte de ce qu'est la French Touch,
07:10et je vous propose qu'on regarde l'extrait numéro 1, voilà, merci.
07:14Merci.
07:15Merci.
07:16Merci.
07:46Merci.
07:47Merci.
07:48Merci.
07:49Merci.
07:50Merci.
07:51Merci.
07:52Merci.
07:53Merci.
07:54Merci.
07:55Merci.
07:56Merci.
07:57Merci.
07:58Merci.
07:59Merci.
08:00Merci.
08:01Merci.
08:02Merci.
08:03Merci.
08:33Merci.
08:34Merci.
08:35Merci.
08:36Merci.
08:37Merci.
08:38Merci.
09:08Merci.
09:09Merci.
09:38Merci.
10:08Merci.
10:09Merci.
10:10Merci.
10:39Merci.
10:40Merci.
10:41Merci.
10:42Merci.
10:43Merci.
10:44Merci.
10:45Merci.
10:46Merci.
10:47Merci.
10:48Merci.
10:49Merci.
10:50Merci.
10:51Merci.
10:52Merci.
10:53Merci.
10:55Merci.
10:56Merci.
10:57Merci.
10:58Merci.
11:00Merci.
11:01J'imagine que ce sont des clips qui vous ont rappelé beaucoup de choses et qui vous ont un peu plongé 20 ans en arrière.
11:08Ce qui est intéressant, c'est qu'on a pu voir un large panel des clips de la French Touch, il y a ceux du début, il y a ensuite ceux de la deuxième French Touch, c'était les deux derniers clips, celui de Justice, celui de Sébastien.
11:19On voit qu'il y a aussi de l'animation, parce qu'il y a eu une période où la France s'est emparée de l'animation. Il y avait ces deux clips « Am I wrong » de Étienne de Crécy, donc le clip a été fait par son frère, et celui de Starlight de Superman Lovers, ce qui montre bien comment la French Touch a su aussi s'emparer de cette nouvelle technique.
11:38Mais bon, nous allons y revenir. Aujourd'hui, il m'a semblé préférable de me concentrer sur les aspects visuels et graphiques du mouvement, et plus spécifiquement sur les vidéoclips.
11:49Je vais un peu vous expliquer aussi pourquoi. D'abord parce que quand j'ai parcouru la littérature qui a été consacrée à la French Touch, je me suis aperçue que celle-ci se concentrait habituellement sur les pochettes de disques, les flyers, les affiches, et éventuellement sur ce qu'on appelle le merchandising, c'est-à-dire les produits dérivés.
12:06C'est ce que montrent le plus souvent les expositions et les rétrospectives. Par exemple, il y a eu cette exposition au Musée des Arts Décoratifs, qui a été consacrée à l'image de la French Touch.
12:16Il y a aussi eu une exposition en 2019 qui a été consacrée à l'électro, dont le commissariat d'exposition a été confié à Jean-Yves Leloup. Mais c'est vrai que les historiens et les commissaires d'exposition investissent moins souvent l'objet vidéoclip,
12:32qui demeurent en fait un objet considéré comme moins légitime et moins noble, ce qui n'est pas mon point de vue.
12:37Et c'est aussi pour ça que je trouve ça intéressant de s'en emparer et de le montrer, et notamment dans des lieux comme le Forum des Images,
12:45qui est quand même un temple du cinéma, de l'image animée, de la vidéo, et dans lequel montrer des clips à toute sa place.
12:54Donc c'est la raison pour laquelle j'ai voulu mettre la focale sur les aspects visuels, et puis aussi parce que je pense que pour vous,
13:01c'est plus intéressant de voir des clips. Et par ailleurs, d'un point de vue sociologique, ça permet aussi de contribuer à la légitimation du vidéoclip
13:10comme objet artistique et comme support, puisque j'ai constaté en fait que tout comme les flyers, pour ne prendre que cet exemple,
13:17l'objet du vidéoclip est en train de connaître un processus de ce qu'on appelle en sociologie artification et patrimonialisation.
13:24Ça signifie que son statut évolue, et que celui-ci passe du champ du non-art, c'est-à-dire d'un objet ordinaire, banal,
13:32qui n'était pas considéré comme de l'art jusqu'à il y a peu, finalement, bascule dans le champ de l'art et est considéré comme une œuvre d'art à part entière,
13:41ce qui se traduit concrètement par son entrée au musée, sa reconnaissance par le marché de l'art, par la culture académique et des institutions,
13:48l'organisation de l'exposition, mais également une volonté d'archiver, conserver et exposer ses œuvres et de les faire entrer au patrimoine.
13:57C'est la même chose qui se passe par exemple avec le flyer, qui était au départ considéré comme un prospectus, un tract sur lequel figuraient juste les informations des soirées,
14:06des raves, etc., et qui aujourd'hui fait l'objet d'exposition, entre au patrimoine.
14:11Et en sociologie, on parle de bifurcation culturelle. J'ai voulu mettre un peu des notions de sociologie aussi dans cette présentation,
14:18parce que je me suis dit que c'était cool et que, étant donné que j'avais ce background, je peux aussi apporter ces éclairages-là,
14:24ces éléments de contextualisation. On parle de bifurcation culturelle pour qualifier le passage d'une œuvre de la culture dite d'en bas à la culture d'en haut,
14:33c'est-à-dire en gros de la culture illégitime à la culture légitime et noble. Lui, donc Laurence Lévin, l'auteur qui parle de bifurcation culturelle,
14:41a observé qu'au départ, William Shakespeare était considéré comme l'auteur d'œuvres mineurs, et il a été intégré bien plus tard à la culture savante.
14:49Et c'est ce qu'on observe aujourd'hui, c'est le même phénomène qu'on observe aujourd'hui avec les vidéoclips,
14:52mais également avec toutes les musiques actuelles, le jazz, le rock, le hip-hop, ainsi que les musiques électroniques, et donc la French Touch.
14:59Donc c'est intéressant aussi de se dire que ce que vous avez connu en tant qu'auditeur il y a 20 ans,
15:04aujourd'hui acquiert une assise et une légitimation à tous les niveaux, et d'où l'intérêt de montrer des vidéoclips.
15:14Donc pour en revenir aujourd'hui à l'objet qui nous intéresse aujourd'hui, l'ambition c'est un peu de vous donner quelques clés de compréhension
15:22de ce moment historique de la French Touch, et on l'a vu à travers le montage introductif,
15:32en dépit de la grande diversité des supports et des techniques, puisqu'on a bien vu que la French Touch,
15:37c'est finalement un mouvement composite, très complexe et créativement très inventif.
15:50Il y a quand même quelques éléments communs, et le premier élément commun, c'est le refus du principe d'incarnation.
15:56Donc comme vous le savez certainement, le propre de ce mouvement, c'est d'avoir entretenu un rapport très ambiguë à la célébrité,
16:02et le fait que ces acteurs n'aient pas souhaité se mettre en scène ou même se montrer.
16:07D'ailleurs on le voit bien à travers cet extrait de pochette de disque, en fait on ne voit aucun des acteurs, des musiciens en question.
16:13En ce sens, ils s'inscrivent dans la filiation de la techno de Détroit, et notamment le collectif Undergrande Résistance,
16:22qui sont considérés comme les pionniers de la musique techno, et qui dès le départ ont prôné l'anonymat,
16:27la dissimulation, le recours au pseudonyme et le port de Cagoule.
16:30Et les musiciens de la French Touch vont revendiquer cette filiation artistique et refuser d'apparaître publiquement.
16:36Donc à l'instar par exemple des Daft Punk, qui vont porter des masques de toutes sortes.
16:43Alors au début, en fait, c'est intéressant parce qu'on a un peu oublié, mais au départ ils mettaient un peu des masques de pacotille de toute nature.
16:49On le voit bien, j'ai retrouvé quelques photos sympathiques qui montrent bien l'inventivité des masques.
16:55Et puis après, au début des années 2000, ils vont mettre les fameux costumes de robots qui sont conçus par Alex et Martin, et qui ne les quitteront plus.
17:06C'est intéressant parce qu'ils ont même, comme vous pouvez le voir, utilisé vraiment toutes sortes de choses pour se dissimuler.
17:13Et donc certes, ils vont refuser d'apparaître publiquement, mais ils vont aussi investir le graphisme,
17:20et s'emparer des nouveaux outils offerts par l'ordinateur pour construire une image qui leur permette de ne pas incarner leur oeuvre,
17:30mais de déléguer ça aux pochettes de disques et aux clips.
17:34Et c'est la raison pour laquelle ils vont massivement investir le graphisme.
17:39C'est ce que l'on observe.
17:40Je vous propose qu'on regarde un extrait maintenant de Daft Punk,
17:43qui est un clip qui a été réalisé par Spike Jonze,
17:49et qui montre bien la manière dont les Daft Punk ont cherché à ne pas apparaître à l'image.
17:55Pour situer Spike Jonze, c'est un réalisateur américain qui est connu au départ.
18:00Il réalisait des vidéos de skateboard, et puis il est devenu un réalisateur indépendant très en vogue.
18:04Il a aussi été le mari de Sofia Coppola.
18:07Ils ont même eu une marque de streetwear ensemble qui s'appelait X-Girl.
18:09Et dans les années 90, il va collaborer avec les Daft Punk et réaliser pour eux le clip Daft Punk.
18:18Et comme me le faisait remarquer un directeur marketing de la maison de disques Bikos,
18:25qui s'appelle Nicolas Arnault,
18:27c'est vrai que c'est quand même audacieux dans les années 90
18:29de consacrer 9 minutes de vidéos à un homme vêtu d'une tête de chien arpentant New York.
18:34Et on voit bien, en fait, c'est vrai que ce mouvement s'est un peu tout autorisé créativement.
18:40Et il faut vraiment saluer aussi le rôle des majors, les maisons de disques,
18:44qui ont suivi les artistes dans leurs démarches artistiques les plus audacieuses,
18:49à l'image des Daft Punk, dont on va voir un extrait dans quelques instants,
18:53mais aussi DJ Mehdi, que vous allez retrouver certainement en deuxième partie de soirée,
18:57si vous allez voir les images que son ami Thibault Longile lui a consacrées,
19:02qui a aussi fait un clip qui s'appelle Break Away,
19:05qui est très intéressant parce qu'on voit qu'ils ont fait appel à un très célèbre grapheur nord-américain,
19:10donc Futura 2000, qui est surnommé le Kandinsky du graffiti,
19:14et que l'on peut voir couvrir une pièce de graffiti pendant trois minutes.
19:18Ça participe aussi, d'une part, de l'inventivité de cette scène,
19:21et aussi de la carte blanche laissée par la maison de disques Virgin aux artistes
19:27pour avoir des projets vraiment très audacieux.
19:30Donc voilà, je pense qu'on peut regarder l'extrait numéro 2.
19:34Oui.
19:51C'est parti, c'est parti, c'est parti, c'est parti.
20:21C'est parti, c'est parti, c'est parti.
20:51C'est parti, c'est parti.
20:53Excuse me, sir, do you have a few minutes to answer a few questions for our survey?
20:57Oh, yeah, sure.
20:58Great. Now, you live in this neighborhood?
21:00Yes, for about a month.
21:03I'm sorry to have wasted your time, sir.
21:05We can only survey permanent residents.
21:07Oh, but I'm staying. It is permanent.
21:10I'm sure, but a month is not long enough for this particular survey.
21:14Excuse me, ma'am?
21:16Yes, sir.
21:17Yes, sir.
21:17Yes, sir.
21:18Yes, sir.
21:19Say it, sir.
21:19Oh, yes.
21:20Oh, yes, sir.
21:21That was really good.
21:30Hey, how's it going?
21:32Sous-titrage Société Radio-Canada
22:02Sous-titrage Société Radio-Canada
23:02Sous-titrage Société Radio-Canada
23:32Sous-titrage Société Radio-Canada
23:34Sous-titrage Société Radio-Canada
24:06Sous-titrage Société Radio-Canada
24:44visuel et graphique, puisqu'ils vont, en fait, comme me l'ont expliqué les réalisateurs de ce mouvement,
24:51vouloir rompre avec ce qu'ils appellent la grammaire clip traditionnelle, c'est-à-dire que, en fait, si vous voulez,
25:02les musiques électroniques sont des musiques instrumentales, quand elles ont émergé, en fait, elles l'ont fait complètement de manière ex nihilo,
25:08elles sortaient de nulle part et elles pouvaient un peu tout s'autoriser, puisqu'elles n'appartenaient à aucun répertoire iconographique,
25:17elles n'étaient associées à rien, en fait. Et contrairement, par exemple, au rap ou à la chanson, dont l'univers visuel est quand même relativement normé
25:25et qu'il obéit à des standards, les musiques électroniques n'avaient pas de visage, pas de contraintes formelles, pas de conventions,
25:32souvent elles n'avaient même pas de paroles et donc il n'était pas question de faire la promotion d'un chanteur ou de mettre en scène un musicien.
25:38Et ce, d'autant plus, on l'a vu qu'en plus, les musiciens de la French Touch ne souhaitaient pas incarner leur œuvre.
25:44Et donc, les réalisateurs de clips ont dû trouver des subterfuges pour créer de l'intérêt autour de quelque chose d'autre, en fait, que les musiciens.
25:51Et ils vont s'emparer, en fait, ils se sont emparés du clip comme un peu un laboratoire créatif et un espace d'expérimentation
25:59qui leur a permis de s'affranchir du script narratif et des figures imposées par la grammaire clip
26:04pour poser des propositions artistiques en rupture.
26:10Parce que c'est vrai que dans les clips de rock, de hip-hop ou de variété française,
26:14le plus souvent, le chanteur devait apparaître pendant un temps donné à l'image,
26:18il était entouré ou non de danseuses, il chantait en playback avec son groupe de musiciens.
26:23Et là, tout à coup, il était possible, en fait, de s'émanciper complètement de cela.
26:26Et c'est la raison pour laquelle, en fait, finalement, les clips de la French Church, c'est presque plus des courts-métrages que des clips
26:33et que certains sont aussi ovniesques.
26:41Simplement, il faut quand même préciser que le clip reste quand même un outil marketing.
26:46Le but, c'est quand même de capter l'attention des spectateurs et de faire vendre des places de concert et des albums.
26:53Et ce n'est pas un acte désintéressé d'art pour l'art, il a quand même une fonction commerciale.
27:00Et c'est justement en cela aussi que les acteurs de la French Church vont briller,
27:03c'est-à-dire leur capacité à articuler ces deux dimensions, à la fois l'art et le commerce.
27:09Et on va en voir un exemple maintenant avec M. Oiseau et Flatbeat.
27:12Vous connaissez certainement M. Oiseau, mais pour rappeler,
27:19Quentin Dupieux, c'est d'abord un réalisateur avant d'être un musicien.
27:22Aujourd'hui, il est encore plus connu en tant que réalisateur.
27:25Il a débuté en réalisant des vidéos inventives qu'il produisait artisanalement.
27:30Et l'histoire veut que son père était le garagiste de Laurent Garnier.
27:34En tout cas, ils étaient voisins.
27:36Et comme l'a expliqué Laurent Garnier lors d'une interview,
27:39d'où un jour le père de Quentin Dupieux l'a abordé,
27:42il lui a confié que son fils était réalisateur et qu'il fallait qu'ils se rencontrent.
27:46Et c'est comme ça que Laurent Garnier a découvert le travail de Quentin Dupieux,
27:50à qui il a confié les clips de deux de ses vidéos,
27:53donc Flashback et Crispy Bacon.
27:56Et Laurent Garnier a beaucoup aimé le son que Quentin Dupieux utilisait pour ses propres vidéos.
28:05Et donc il a aussi proposé de devenir musicien et de signer sur son label qui était F-Communication.
28:10Et donc en 1997, Quentin Dupieux a produit un morceau qui s'appelle M-Sec.
28:15Et il a décidé de concevoir la vidéo qui l'accompagnait,
28:18qui était une vidéo mettant en scène une peluche jaune fabriquée à partir d'un gant de toilette
28:23qui secouait la tête dans une voiture sur une musique répétitive.
28:27On va en voir un extrait dans quelques instants.
28:29Et une amie a montré ce clip à Georges Berman,
28:33qui est un des producteurs les plus courus à Paris,
28:36qui a fondé une société de production qui s'appelle Partisan.
28:38C'est notamment la société de production de Michel Gondry.
28:42Et qui va décider de signer Quentin Dupieux sur le champ
28:45et de l'inclure dans son catalogue d'artistes.
28:47Et grâce à Georges Berman, la marque de Jean Lévis va découvrir le travail de Quentin Dupieux
28:53et décider de reprendre le concept de cette vidéo pour leur prochaine campagne de pub.
28:57En effet, il faut savoir que Lévis avait déjà collaboré avec Partisan,
29:01et notamment Michel Gondry quelques années auparavant,
29:05pour une pub qui s'appelait Lévis Drugstore,
29:07que nous allons voir dans quelques instants,
29:09qui était une publicité en noir et blanc,
29:11qui mettait en avant la petite poche des jeans.
29:14Et le pitch de la pub était d'expliquer que cette petite poche servait à ranger les préservatifs.
29:20Et donc, quand Partisan va parler à Lévis du travail de Quentin Dupieux,
29:26ils vont tout de suite vouloir collaborer ensemble.
29:29Et ils vont reprendre le personnage de Flat Eric, donc sa marionnette jaune,
29:33et réaliser une publicité qui s'inspire du clip pour leur campagne de pub.
29:41Donc je vous propose qu'on regarde maintenant quelques extraits.
29:45C'est l'extrait numéro 3.
29:47Sous-titrage Société Radio-Canada
30:17Sous-titrage Société Radio-Canada
30:47Sous-titrage Société Radio-Canada
31:17Sous-titrage Société Radio-Canada
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