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Cours de cinéma par Chloé Thibaud, journaliste. Dans le cadre de la thématique Musique ! Enregistré au Forum des images le Vendredi 21 novembre 2025.
Tous les vendredis à 18h30, venez écouter des personnalités issues du monde du cinéma, mais aussi des arts visuels, des sciences sociales ou de la société civile, explorer des problématiques artistiques, sociétales, en écho à la programmation pop culture du Forum des images.
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Le Forum des images est une institution de la Ville de Paris.
Un lieu, toutes vos envies.
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00:00:00...
00:00:00Bonsoir à toutes et à tous et merci au Forum des Images de m'accueillir.
00:00:10Je suis honorée de vous présenter mon travail, qui ne va pas tarder à apparaître.
00:00:16Voilà.
00:00:17Donc, pour commencer, je vous propose qu'on écoute deux extraits musicaux.
00:00:23...
00:00:23Oh, Dja Dja, y'a pas moyen, Dja Dja, j'suis pas ta gâte, un Dja Dja, genre, en Cotana, baby, tu dètes ça.
00:00:52Oh, Dja Dja.
00:00:54C'est trop court.
00:00:57Et donc, la première question qui tue, que nous allons nous poser ce soir,
00:01:01quel est le point commun entre Hildegarde de Bingen et Aya Nakamura ?
00:01:06Parce que, spontanément, je ne sais pas ce que vous en dites, mais c'est pas forcément évident.
00:01:11Donc, si vous ne connaissez pas l'une d'entre elles, commençons par Hildegarde.
00:01:15Hildegarde, c'est une femme qui est née en 1098 en Allemagne et qui est entrée au couvent à l'âge de 8 ans.
00:01:21Elle est devenue abbesse à 38 ans et près de 1000 ans après sa mort, on dispose de 70 chants seulement, parce que ça a été mal archivé, parce qu'elle était une femme.
00:01:32Mais tout de même, près de 1000 ans après sa mort, on dispose de 70 chants qu'elle a écrits pour les offices de ses sœurs au couvent.
00:01:39Et sa musique est toujours jouée aujourd'hui.
00:01:44Et la seconde, que vous connaissez peut-être un petit peu mieux, Aya Nakamura, qui est une artiste franco-malienne, née en 1995,
00:01:52qui sort aujourd'hui, c'est l'actualité ce soir, son cinquième album, et qui a été connue du grand public en 2017,
00:02:00grâce à son titre Jadja, qu'on a entendu, qui cumule aujourd'hui plus d'un milliard de vues sur YouTube.
00:02:05Et elle est l'artiste francophone la plus écoutée au monde.
00:02:10Donc, leur point commun, c'est que, malgré le fait que plus de 1000 ans les séparent,
00:02:15ce qui les rassemble, c'est qu'elles ont marqué l'histoire de la musique.
00:02:19Le souci, c'est que cette histoire de la musique, on nous la raconte au masculin.
00:02:23Et donc, je suis là ce soir pour vous dire que l'histoire de la musique ne s'écrit pas au masculin.
00:02:28Mais je n'aime pas tout à fait parler d'une histoire de la musique au féminin.
00:02:32C'est pour ça que le sous-titre de mon livre est une histoire de la musique féministe,
00:02:36dans le sens où les femmes ont toujours été là, mais on n'a pas raconté leurs histoires.
00:02:41Elles ont été invisibilisées.
00:02:45Donc, tout ça, c'est ce que je raconte dans mon livre, qui est paru récemment aux éditions Le Duc,
00:02:50préfacé par Flore Ben Guigui, que vous avez peut-être connu, qui a été la leadeuse du groupe L'Impératrice.
00:02:55Et donc, dans la conférence qui suit, je vais tâcher de vous donner un aperçu en une heure de cette histoire,
00:03:03évidemment, qui remonte à l'Antiquité.
00:03:06Donc, je vous prie de bien vouloir m'excuser s'il y a des artistes dont je ne parle pas,
00:03:11parce qu'évidemment, il a fallu faire des choix.
00:03:14Donc, il y aura plein de personnes dont je ne parlerai pas.
00:03:16Il y aura plein de choses que je ne dirai pas ce soir.
00:03:19Mais je vous promets que nous allons passer un bon moment.
00:03:22Bon, ça, c'est moi.
00:03:23Et si je vous montre ma petite bouille devant le piano, c'est pour vous expliquer comment, justement,
00:03:29tout ce travail est venu, comment l'idée a germé en moi,
00:03:34qui est que j'ai passé plus de la moitié de ma vie au conservatoire de piano.
00:03:39Et je me suis rendue compte que j'avais passé beaucoup de temps à jouer l'œuvre de ces hommes-là,
00:03:45donc Beethoven, Bach, Rachmaninoff, Schumann, Debussy,
00:03:49avec évidemment un chouchou qui était Chopin,
00:03:52côté de qui j'ai mis des petits cœurs pour vous le montrer.
00:03:55Mais donc, en 15 ans, plus de 15 ans de conservatoire,
00:03:59jamais l'œuvre d'une femme.
00:04:02Et même au seul fait, je ne me souviens pas d'avoir une seule fois étudié la composition d'une femme.
00:04:06À la maison, quand je vivais encore avec mes parents,
00:04:11je me souviens que j'entendais beaucoup, beaucoup parler du côté de ma maman de Daniel Balavoine,
00:04:16du côté de mon père de Serge Gainsbourg.
00:04:18Et donc, si je faisais le bilan, en fait, de tout ce que j'entendais,
00:04:23des hommes, des hommes, des hommes.
00:04:26Et donc, j'aime dire que, enfin j'aime, ça me désole,
00:04:31mais que malgré elle, mes oreilles ont longtemps été sexistes.
00:04:34Quand j'ai commencé à prendre conscience de tout ça,
00:04:37évidemment, je suis très rapidement devenue féministe revendiquée,
00:04:41et je me suis penchée sur les statistiques dont nous disposons.
00:04:45Et comme je m'intéresse particulièrement à la culture populaire
00:04:48et aussi à la variété française,
00:04:50j'ai regardé de près les victoires de la musique.
00:04:52Donc, les victoires de la musique existent depuis 1985.
00:04:57Et malheureusement, en 40 ans de cérémonie,
00:05:01il n'y a eu que 10% d'artistes féminines récompensés dans la catégorie meilleur album.
00:05:07J'ai fait le compte moi-même des artistes récompensés
00:05:11dans la catégorie chanson originale de l'année,
00:05:13parce que là, ce ne sont plus les professionnels qui les attribuent,
00:05:16mais le vote du public.
00:05:17Et donc là, vous pouvez le voir, de la même façon, en 40 ans,
00:05:20enfin c'est encore pire, il n'y a eu que 6 femmes
00:05:23qui ont emporté la chanson originale de l'année.
00:05:26Et parmi ces 6 femmes, seulement 3 en tant qu'autrices, compositrices et interprètes,
00:05:31qui sont Coeur de pirate pour Comme des enfants,
00:05:35Camille pour Aller, Aller, Aller,
00:05:36et récemment, Zaot Sagazan pour La symphonie des éclairs.
00:05:41Donc là, vraiment, c'est un court aperçu,
00:05:43mais globalement, à l'échelle mondiale,
00:05:46on retombe toujours sur des chiffres similaires,
00:05:48et il n'y a pas de genre musicaux qui serait meilleur élève qu'un autre.
00:05:52La situation est désastreuse dans le jazz, désastreuse dans le rap,
00:05:56dans la musique classique, voilà.
00:05:58Nous sommes malheureusement à égalité quand il s'agit d'inégalités.
00:06:03Pour commencer, ce constat, la voix des femmes est dangereuse.
00:06:08Donc là, on fait un petit voyage dans le temps,
00:06:11justement pour se rendre compte que,
00:06:14depuis ce qu'on nous raconte dans l'Antiquité,
00:06:17dans l'Antiquité jusqu'à nos jours, jusqu'aux princesses Disney,
00:06:19mais globalement, on se méfie de la voix des femmes.
00:06:23Dans l'Odyssée d'Homère,
00:06:27justement, on nous raconte son Odyssée,
00:06:30et il y a une scène où Ulysse va croiser l'île des sirènes.
00:06:35Et donc, voici ce que lui dit la sorcière Circé.
00:06:39Je vous le lis, mais vous l'avez sous les yeux.
00:06:42Navigue rapidement au-delà,
00:06:44et bouche les oreilles de tes compagnons avec de la cire molle,
00:06:47de peur qu'aucun d'eux entendent.
00:06:49Pour toi, écoute-les si tu veux,
00:06:51mais que tes compagnons te lient à l'aide de cordes,
00:06:54dans la nef rapide, debout contre le mât,
00:06:56par les pieds et les mains,
00:06:58avant que tu écoutes avec une grande volupté la voix des sirènes.
00:07:01Et si tu pris tes compagnons,
00:07:03si tu leur ordonnes de te délier,
00:07:05qu'ils te chargent de plus de liens encore.
00:07:08En fait, dès l'Antiquité, là, ce n'est qu'un exemple,
00:07:11mais l'épopée d'Homère associe la voix féminine au danger.
00:07:15Pas vraiment étonnant que les hommes se méfient des femmes qui font des vocalises.
00:07:19Bien longtemps après, vous connaissez sans doute l'opéra de Georges Bizet.
00:07:25En 1875, Carmen, pour les personnes qui ne connaîtraient pas,
00:07:30c'est l'histoire d'une cigarière qui, justement,
00:07:34est la cible des convoitises de tous les hommes du coin,
00:07:39dans une fabrique de tabac où elle travaille.
00:07:44Et donc, il y a le fameux don de José qui tombe amoureux d'elle en la voyant
00:07:48quand elle est courtisée par tant d'hommes impatients
00:07:51où elle daigne d'en choisir un.
00:07:56Et ce qui est intéressant avec la figure de Carmen,
00:07:59évidemment, il y a cette chanson que, forcément, vous avez déjà entendue,
00:08:03le « Si tu ne m'aimes pas, je t'aime, si je t'aime, prends garde à toi »,
00:08:06donc qui est très symbolique.
00:08:08Et ce qui est intéressant dans le choix même du prénom Carmen,
00:08:11c'est qu'étymologiquement, il signifie à la fois le chant et le charme.
00:08:16Et le charme au sens de la formule incantatoire,
00:08:20au sens du charme magique.
00:08:22Donc là aussi, ça lit dans notre imaginaire
00:08:25la voix des femmes au danger.
00:08:28Ce qui nous amène à penser que, que ce soit littéral ou métaphorique,
00:08:33une femme qui ouvre la bouche, qui se fait entendre,
00:08:36est nécessairement une menace.
00:08:39J'ai amené ici la petite sirène.
00:08:43Pourquoi ? Parce que, justement, même si le point de vue est différent,
00:08:47c'est une référence pop culturelle avec laquelle nous sommes des générations
00:08:50à avoir grandi.
00:08:52Et dans ce dessin animé, ce qu'on nous apprend à nous, en tant que filles,
00:08:55c'est qu'il n'est pas bien grave de renoncer à notre voix
00:08:58si on obtient la validation d'un homme
00:09:00et qu'on accède à l'amour hétérosexuel.
00:09:04J'aime beaucoup, enfin, je n'aime pas beaucoup cette phrase.
00:09:07Je ne sais pas pourquoi je t'aime, mais je suis prête à t'aimer.
00:09:09C'est quand même une héroïne qui n'a jamais parlé avec le prince,
00:09:13mais qui est prête à tout lâcher pour lui.
00:09:15D'où le petit astérisque que je me suis permis d'ajouter.
00:09:19Je suis aussi prête à renoncer à ma voix, car après tout,
00:09:21pourquoi chercher à s'exprimer quand on est belle
00:09:23et qu'on a reçu la validation d'un prince cisgenre hétérosexuel.
00:09:26Voilà, c'est ma suggestion pour modifier un petit peu les paroles.
00:09:31Et donc, tout ça, si on fait un pas de côté vis-à-vis de l'univers Disney,
00:09:37c'est assez bouleversant en tant que femme de se rendre compte
00:09:41que jusque dans la Bible, dans l'Ancien Testament,
00:09:45il est écrit ceci, noir sur blanc,
00:09:47qui est « ne fréquente pas la femme musicienne de peur
00:09:50que tu ne sois pris dans ses raies », donc les raies étant les filets.
00:09:54Ça explique, une phrase comme celle-ci,
00:09:56et tout ce que je viens d'évoquer brièvement,
00:09:58explique pourquoi les femmes ont longtemps été interdites de chant dans les églises
00:10:02et pourquoi aussi elles n'ont pas eu accès à des formations musicales dignes de ce nom
00:10:08jusqu'en 1795, donc avec la création du Conservatoire national de musique de Paris,
00:10:14où bien sûr, elles sont restées minoritaires pendant extrêmement longtemps.
00:10:19À ce moment-là, je ne l'ai pas ajouté dans la présentation,
00:10:21mais évidemment, tout ce que je raconte ici est très centré sur notre monde occidental,
00:10:26puisque, je ne vous l'apprends pas,
00:10:28mais il existe des régions dans le monde où aujourd'hui,
00:10:30les femmes n'ont toujours pas le droit de chanter et même pas de parler.
00:10:34Je pense évidemment à la situation en Afghanistan,
00:10:36donc gardons bien en tête que les progrès qui équivalent dans notre pays
00:10:41ne valent malheureusement pas dans tous les endroits du monde.
00:10:45Le fait que, justement, des femmes n'aient pas eu accès aux formations musicales
00:10:49pendant si longtemps, va à l'encontre d'un préjugé
00:10:53qu'il n'y a pas de femmes compositrices.
00:10:56J'en reviens à ce que j'ai vécu au Conservatoire,
00:11:00pas parce qu'elles n'étaient pas capables d'écrire et de composer,
00:11:03mais parce qu'elles en ont été empêchées.
00:11:05Et dans la pratique de l'instrument, c'est aussi quelque chose qu'on retrouve,
00:11:10puisque, quand ensuite elles ont eu accès aux formations musicales,
00:11:14la plupart du temps, les femmes se sont tournées vers l'orgue,
00:11:17vers le clavecin, vers le piano,
00:11:19et pas seulement par passion, comme moi, pour le clavier,
00:11:22mais parce que la position assise avec les jambes serrées
00:11:25faisait en sorte qu'elles n'étaient pas sexualisées.
00:11:28Là, je vous ai mis des tableaux que j'aime,
00:11:32mais qui, mine de rien, nous racontent aussi une histoire,
00:11:35puisqu'il est assez rare, avant le XXe siècle,
00:11:38pour les deux tableaux qu'il y a autour de celui de Vermeer,
00:11:42de voir des représentations de femmes qui jouent d'autres instruments.
00:11:46Il était très mal vu, par exemple aussi à l'époque victorienne,
00:11:50de jouer dans quelconque instrument qui nous faisait mettre quelque chose
00:11:53à notre bouche, ou qui nous faisait écarter les jambes.
00:11:56J'aime beaucoup le titre de cet article d'Aliette Delalleux,
00:11:59que vous connaissez sans doute, qui est journaliste musique.
00:12:03Elle écrit « Malheureusement, les instruments ont un sexe ».
00:12:06Et je trouve qu'on se rend bien compte du problème
00:12:08quand on voit ces images-là.
00:12:10Donc, là, un très bref point sur Hollande de Gouges,
00:12:15que vous connaissez sans doute,
00:12:17qui, évidemment, était très mécontente de voir, comme nous toutes,
00:12:22que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
00:12:24mettait les femmes complètement de côté, en 1789,
00:12:27et qui, elle, en 1791, avait adressé à la reine Marie-Antoinette
00:12:32sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
00:12:37Et en fait, le premier...
00:12:39Il s'est passé à peu près la même chose,
00:12:43mais en un temps plus allongé,
00:12:45pour la Marseillaise et ce qu'on peut considérer
00:12:48comme étant le premier hymne féministe,
00:12:51la Marseillaise des Cotillons.
00:12:52Donc, en 1792,
00:12:56on se rend compte que les femmes n'ont pas la place
00:12:58dans notre hymne révolutionnaire national.
00:13:02On leur accorde un mot au détour d'une phrase
00:13:06que vous connaissez, mais que je ne vais pas vous faire chanter,
00:13:08sur les soldats ennemis
00:13:10qui viennent jusque dans vos bras
00:13:12égorger vos fils, vos compagnes.
00:13:14C'est le seul moment où on entend parler des femmes
00:13:16dans la Marseillaise.
00:13:18Et encore, vous remarquerez qu'elles passent après les fils
00:13:20et qu'elles sont réduites à leur rôle d'épouse.
00:13:23Donc, c'est une catastrophe.
00:13:25Et on a une certaine Louise de Chaumont,
00:13:28dont je n'ai pas de portrait.
00:13:30Il n'y a pas vraiment de portrait d'elle,
00:13:33mais en tout cas, qui, en 1848,
00:13:36écrit « La Marseillaise des Cotillons ».
00:13:39Les Cotillons, c'était quoi ?
00:13:40Ça désigne un style de jupon.
00:13:42Donc, par métonymie, ça parle des femmes elles-mêmes.
00:13:45C'est le premier hymne féministe revendiqué,
00:13:48qui paraît dans le premier numéro aussi
00:13:50de « La République des Femmes »,
00:13:52qui était un journal créé par les Vésuviennes,
00:13:55un mouvement de femmes révolutionnaires
00:13:56qu'on jugeait évidemment rebelle et indécente.
00:14:01Dans cette réécriture que je trouve géniale,
00:14:05elle remplace notamment le fameux
00:14:06« Marchons, marchons qu'un sang impur,
00:14:08abreuve nos sillons »
00:14:09par « Tremblée et tremblée, Marie jaloux,
00:14:13respect au cotillon ».
00:14:15Et c'est un chant, un hymne,
00:14:17qu'on entend encore aujourd'hui
00:14:18lors des manifestations féministes en France,
00:14:22que je vous propose qu'on écoute en intégralité,
00:14:25parce que ça vaut le coup.
00:14:27On ne l'entend pas souvent,
00:14:28contrairement à la marseillaise.
00:14:29Et la version que je vous propose d'écouter
00:14:32est interprétée par la chanteuse Rosalie Dubois,
00:14:36qui est décédée l'année dernière, en 2024.
00:14:39Et si je ne m'abuse, en plus,
00:14:41il y aura les paroles.
00:14:43Donc si l'envie vous prend de faire un karaoké
00:14:45marseillaise des cotillons,
00:14:46n'hésitez pas !
00:14:48« Tremblée et tremblée »
00:14:55« Tremble et tire en portant culotte »
00:14:58« Femme, notre jour est venu »
00:15:02« Point de pitié, mettons-en d'autre »
00:15:06« Tous les corps du sexe parvu »
00:15:10« Tous les corps du sexe parvu »
00:15:14Voilà trop long, tant que ça dure, notre patience est à bout.
00:15:23Debout, vénusienne, debout, élavons notre vieille injure.
00:15:32Liberté sur nos fronts, verset des chauds rayons.
00:15:38Tremblez, tremblez, meuris, jaloux, restez au quotidien.
00:15:51L'homme se despote, le sauveur, je sois de proclamer ses droits.
00:15:59Rayons des doigts à notre usage, à notre usage ayons des lois.
00:16:07Si l'homme en l'an 93, eut soin de ne songer qu'à lui.
00:16:20Travaillons pour nous aujourd'hui, faisons-nous une Marseillaise.
00:16:27Liberté sur nos fronts, verset des chauds rayons.
00:16:36Tremblez, tremblez, meuris, jaloux, restez au quotidien.
00:16:47J'en profite d'ailleurs pour vous dire que demain dans toute la France seront organisées les marches contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes dans toute la France, organisées par nous toutes.
00:17:07Si vous y allez, je suis sûre que vous entendrez des extraits de la Marseillaise de Louise de Chaumont.
00:17:14Donc nous avançons un petit peu, évidemment.
00:17:17Donc là, je vous ai parlé du premier hymne féministe de 1848.
00:17:21Mais évidemment, tout se joue, malveille tout, au XXe siècle.
00:17:25Sauf que notre prisme blanc et français, européen, nous amène souvent à croire que le féminisme en chanson commence surtout dans les années 60-70 avec des artistes qu'on connaît, qui sont blanches.
00:17:40Ce qui est très important, si on raconte une histoire de la musique féministe, c'est aussi de raconter une histoire de la musique antiraciste et donc de rendre aux blueswomen ce qui appartient aux blueswomen.
00:17:54Bien avant les artistes blanches et féministes, des personnes comme Ma Renée, Bessie Smith ou Lucille Bogan ont porté des textes qui étaient infiniment engagés.
00:18:06Et vous voyez sur mon image, par exemple, la pochette du disque Prove It On Me Blues, donc de Ma Renée.
00:18:16Et donc, oui, c'est grand, donc vous voyez bien.
00:18:19En fait, vous la voyez à gauche dans le groupe de femmes qui est habillée avec une cravate, un chapeau, un gilet et une veste d'homme.
00:18:28Et justement, le titre Prove It On Me Blues, c'est justement parce que derrière, elle nargue un policier.
00:18:34Et en fait, la chanson raconte, ah bon, je suis lesbienne, je m'habille en homme, bah venez, prouvez-le-moi, qu'est-ce qui vous fait penser ça ?
00:18:42C'est un titre qu'elle a écrit et enregistré en 1928, où elle assume vraiment complètement son attirance pour les femmes.
00:18:50Et c'est sacrément audacieux à une époque où cette orientation sexuelle homosexuelle est considérée comme un crime.
00:18:59Petit rappel, la dépénalisation de l'homosexualité date de 2003 aux Etats-Unis.
00:19:03Mais donc, voilà, notamment sur les sujets LGBT, il faut savoir que ces Blues Women, au tout début du XXe siècle, n'hésitent pas à porter des textes aussi engagés.
00:19:13Dans un livre qu'Angela Davis, qui est une grande militante antiraciste et féministe, a écrit au sujet de Mary Ney, Bessie Smith et Billie Holiday,
00:19:21Angela Davis écrit au sujet de Prove It On Me Blues que ce titre montre dans quelle mesure les Blues Women iconoclastes des années 1920 furent les pionnières des mouvements historiques ultérieurs.
00:19:34Peu de temps avant Mary Ney, on avait Lucille Bogan qui a écrit notamment « Women won't need no men », donc les femmes n'auront besoin d'aucun homme, en 1927.
00:19:46Je vous invite vraiment à écouter ces chansons-là, elles sont remarquables.
00:19:50Bessie Smith, donc que vous voyez au-dessus, l'impératrice du Blues, alors évidemment, elles avaient toutes leurs surnoms qui ont vraiment la classe.
00:19:57Elle, elle écrivait sur le non-mariage, enfin la volonté des femmes de ne pas se marier, le Young Woman Blues,
00:20:02donc le Blues de la jeune femme qui revendique son statut de célibataire bien avant Bridget Jones.
00:20:07Enfin, je dis ça, mais Bridget Jones ne revendique pas, elle cherche l'amour.
00:20:10Et donc, on a celle-ci et le petit quiz.
00:20:15Connaissez-vous, parce que c'est une conférence interactive, hein ?
00:20:19Est-ce que vous connaissez cette femme ?
00:20:22La bonne réponse a été donnée par un homme, je crois.
00:20:27Eh bien oui, tout à fait.
00:20:29Sister Rosetta Tarpe, à qui entre les deux slides, vous verrez, j'ai ajouté une couronne.
00:20:36Elle est surnommée donc la Marraine du Rock.
00:20:38Elle naît en 1915 à Cotton Plant, en Arkansas.
00:20:43Ses parents ramassent le coton et font partie de l'église de Dieu en Christ.
00:20:46C'est une communauté religieuse qui est tournée vers le chant gospel et la danse.
00:20:51Et très tôt, sa voix est remarquée au sein de sa troupe évangélique.
00:20:55Et la petite Rosetta accompagne sa mère dans le sud des États-Unis en tournée.
00:21:01Immédiatement, elle est repérée parce qu'elle est très douée pour la guitare.
00:21:04À l'âge de 23 ans, elle enregistre quatre morceaux qui lui permettent d'accéder au succès.
00:21:09Et donc, le titre de l'un d'eux est Rock Me, paru en 1944.
00:21:14Mais ce n'est pas la première fois dans l'histoire de la musique qu'on a un titre qui utilise cette expression,
00:21:20qui est une métaphore sexuelle.
00:21:21En 1922, donc 22 ans plus tôt, une certaine Trixie Smith chantait déjà
00:21:27« My man rocks me with one steady roll ».
00:21:30Donc, on se rend compte que ce sont deux femmes qui popularisent le terme rock, l'expression.
00:21:36Et côté son, Rosetta Tarp est celle qui, parmi les premières,
00:21:42mêle rapidement au gospel des influences blues, jazz, swing,
00:21:46et surtout, surtout, qui remplace la guitare sèche par une guitare électrique.
00:21:52Voilà, je me suis amusée, parce que très souvent, quand on se demande
00:21:55qui est à l'origine du rock'n'roll, on me cite ces hommes-là,
00:21:59donc Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, évidemment, et Elvis Presley.
00:22:03Mais, j'en viens justement à l'autre partie de la devinette,
00:22:08qui est que,
00:22:11enfin, qui est,
00:22:12justement, le souci de l'histoire de la musique qui nous est traditionnellement racontée,
00:22:17c'est que, donc, elle se place du point de vue des hommes,
00:22:20et elle se place du point de vue des personnes blanches.
00:22:22Tant et si bien que, si je vous demande,
00:22:25à votre avis, quand est-ce que l'inventrice du rock'n'roll
00:22:28est entrée au Rock'n'roll Hall of Fame,
00:22:30si je vous donne pour indice que Elvis y était en 1986,
00:22:37selon vous, quand est-ce que Rosetta a été intronisée au Rock'n'roll Hall of Fame ?
00:22:44Malheureusement, vous y êtes presque, en 2018.
00:22:52Donc, voilà, les faits parlent d'eux-mêmes, c'est un scandale.
00:22:56Mais heureusement, aujourd'hui, quand même, c'est une figure qui est,
00:22:59enfin, qui est réhabilité, dont on raconte l'histoire sur scène, dans des podcasts.
00:23:05Mais voilà, c'est vraiment pour faire prendre conscience
00:23:07que cette histoire-là a toujours placé avant les femmes, les hommes,
00:23:12et avant les personnes noires, les personnes blanches,
00:23:14sachant que la musique blanche doit tout à la musique des Afro-Américains, globalement.
00:23:20Pour lui rendre famage, je vous propose qu'on écoute un tout petit extrait de Did It Rain.
00:23:28Vous vous rendrez compte quand même qu'elle est incroyable, cette sister Rosetta Tarpe.
00:23:32Sous-titrage Société Radio-Canada
00:24:11Ces vidéos sont vraiment disponibles sur YouTube, je vous invite à les voir, elle est incroyable.
00:24:17Alors, sister Rosetta Tarpe est entrée au Rock'n'Roll Hall of Fame seulement en 2018,
00:24:23mais est-ce que vous savez, heureusement, quand même, un petit peu avant elle,
00:24:26une femme l'avait déjà intégrée ?
00:24:29À votre avis, qui est la première femme à avoir intégré le Rock'n'Roll Hall of Fame en 1987,
00:24:34donc un an après Elvis Presley ?
00:24:36Tout à fait, nous avons un grand gagnant.
00:24:40Aretha Franklin, qui est la première femme à avoir intégré le Rock'n'Roll Hall of Fame en 1987.
00:24:45Donc, très rapidement, non, pas très rapidement.
00:24:50Donc, Aretha Franklin naît à Memphis en 1942, dans une famille très modeste.
00:24:56Elle n'a, les chiffres qui suivent ne sont pas très réjouissants,
00:24:59mais que 6 ans quand sa mère quitte le domicile,
00:25:0210 ans quand elle perd sa maman qui décède brutalement,
00:25:06et à peine plus quand elle est victime d'un viol par un proche de sa famille,
00:25:10et elle donne naissance à son premier enfant à 12 ans.
00:25:12Le parcours d'Aretha Franklin est vraiment à l'image de ce que beaucoup de femmes artistes ont subi.
00:25:21Ce qui lui permet de, entre guillemets,
00:25:24sublimer tout ce qu'elle a vécu, son enfance absolument atroce,
00:25:28c'est qu'à 16 ans, elle accompagne Martin Luther King pour chanter lors de sa tournée.
00:25:33Elle annonce ensuite à son père qu'elle ambitionne de faire carrière dans la musique populaire,
00:25:37et non plus dans le gospel.
00:25:38Elle obtient son premier disque d'or ensuite avec « I never loved a man the way I love you »,
00:25:44dans lequel elle déclare son amour à un homme qui ne la mérite pas,
00:25:48ce qui, ça aussi, est très fréquent.
00:25:51Et avec le succès de cet album,
00:25:54c'est justement un moment où elle prend le pouvoir sur sa carrière,
00:25:57puisque désormais c'est elle qui va choisir les titres de son répertoire,
00:26:01qui les arrange, c'est elle qui va manager ses choristes,
00:26:04donc c'est vraiment l'une des grandes artistes à s'imposer dans ce milieu musical très masculin.
00:26:10Et ce qui est particulièrement intéressant avec elle,
00:26:13c'est que justement elle est une figure de cette lutte intersectionnelle
00:26:17entre le féminisme et l'antiracisme,
00:26:19puisqu'elle a plusieurs exemples de ce que j'appelle des chansons intersection,
00:26:23donc des chansons à double sens,
00:26:25qu'on peut tout à fait écouter d'un point de vue féministe,
00:26:31comme si elle parlait des violences faites aux femmes et du respect,
00:26:34je vous spole un petit peu, qu'on réclame aux hommes.
00:26:37Et à la fois, ce sont aussi de grands hymnes antiracistes,
00:26:39puisqu'ils peuvent faire écho à toutes les formes de discrimination.
00:26:43Ce que j'aime bien comme anecdote, c'est celle-ci que j'ai choisi de vous raconter,
00:26:47c'est justement, par rapport à la chanson Respect,
00:26:50tout le monde ne le sait pas,
00:26:52mais à l'origine, ce qui est aujourd'hui un grand hymne féministe,
00:26:55eh bien, était une chanson chantée par Otis Redding,
00:26:58et donc qu'il chantait d'un point de vue masculin.
00:27:01Donc aujourd'hui, on trouve que c'est incroyable,
00:27:04parce qu'en plus, elle est assez audacieuse dans le texte,
00:27:06cette chanson, puisqu'elle dit
00:27:08« quand tu rentres à la maison, je veux que tu me respectes ».
00:27:11Et c'est elle, d'ailleurs, Aretha,
00:27:13qui a l'idée d'épeuler le mot « R-E-S-P-E-C-T »
00:27:16pour vraiment que les mecs comprennent bien.
00:27:19Il y a aussi un moment dans les cœurs
00:27:20où elle dit en tout cas aux hommes
00:27:23« prouvez-nous ce que vous valez à l'horizontale ».
00:27:26Donc c'est vraiment une chanson très audacieuse.
00:27:29Et là, vous allez voir, on va écouter un court extrait
00:27:31de la version chantée par Otis Redding.
00:27:34Alors là, c'est sûr que c'est une autre ambiance,
00:27:36quand c'est l'homme qui disait
00:27:37« je veux que tu me respectes quand je rentre à la maison,
00:27:39c'est moi qui ramène l'argent ».
00:27:40Donc cette chanson a un destin assez surprenant.
00:27:43Ah oui, bon, l'extrait était très court.
00:27:57Mais c'est parce que c'est le pire moment.
00:27:59C'est vraiment le moment où ça valait le coup
00:28:01d'inverser le genre.
00:28:04Donc autre passage avec un...
00:28:06On va se concentrer un petit peu sur les années 60-70
00:28:09qui, malgré tout, sont assez décisives
00:28:11dans cette histoire féministe de la musique,
00:28:14puisqu'elles accompagnent la deuxième vague féministe.
00:28:18Comme je pense que ce soir,
00:28:20tout le monde n'est pas forcément à égalité
00:28:22sur sa connaissance du féminisme,
00:28:25un petit point pour que ce soit clair,
00:28:27globalement, vous pouvez retenir
00:28:29que les femmes n'ont jamais cessé de se battre
00:28:31pour l'égalité entre les hommes et les femmes
00:28:34et pour leurs droits, pardon, pour le lapsus.
00:28:37Cependant, on distingue traditionnellement
00:28:40plusieurs vagues du féministe,
00:28:42du féminisme, pardon.
00:28:44La première, donc, débute dans les années 1850.
00:28:47C'est donc dans ce mouvement-là
00:28:49que voit le jour la Marseillesse des Cotillons.
00:28:52Des années 1850 à la fin de la Seconde Guerre mondiale,
00:28:56on se focalise essentiellement
00:28:57sur l'obtention du droit de vote,
00:28:59sur vraiment les besoins les plus primaires
00:29:02quand on parle d'égalité.
00:29:03Et donc, la deuxième vague commence dans les années 60
00:29:06et se concentre ensuite sur le droit
00:29:09pour les femmes à disposer de leur corps.
00:29:11Donc, ça va être évidemment la lutte
00:29:13pour avoir accès à la contraception,
00:29:16pour avoir accès à l'IVG,
00:29:18l'interruption volontaire de grossesse.
00:29:20Ensuite, on aura une troisième vague féministe
00:29:23dans les années 80-90,
00:29:25où là, justement, on prône un féminisme
00:29:27plus intersectionnel,
00:29:29donc qui ne se limite pas aux femmes blanches,
00:29:31bourgeoises, hétérosexuelles,
00:29:33où vraiment, il va y avoir aussi un bouillonnement
00:29:35sur toutes les questions LGBT.
00:29:38Et puis, la quatrième vague,
00:29:40dans laquelle nous sommes en train de nager actuellement,
00:29:43voire parfois de nous noyer un petit peu.
00:29:46Depuis les années 2010,
00:29:47un féminisme qui passe aussi beaucoup par le numérique,
00:29:51évidemment, avec le mouvement MeToo,
00:29:53le hashtag Balance ton port,
00:29:54enfin, des choses que vous devez quand même
00:29:55avoir bien vu autour de vous depuis quelques années.
00:29:58Et donc, ce qui est intéressant,
00:30:00dans les années 60-70,
00:30:02c'est que ces sujets féministes
00:30:04deviennent des sujets de chansons.
00:30:06Et donc, notamment,
00:30:07l'accès à la pilule contraceptive.
00:30:10Et là, normalement,
00:30:10je suis censée vous surprendre
00:30:12en vous montrant cette personne,
00:30:14qui est sœur Dominique.
00:30:17J'ai essayé de vous trouver quand même
00:30:18des petites anecdotes
00:30:19qu'on ne raconte pas très souvent.
00:30:22Vous la connaissez évidemment
00:30:23pour la chanson Dominique,
00:30:25pour son tube.
00:30:27Mais sachez qu'elle a écrit
00:30:28et largement défendu
00:30:31une chanson qui s'appelle
00:30:32La pilule d'or,
00:30:33dans laquelle elle défend
00:30:35l'accès à la contraception.
00:30:38Je vous lis un petit extrait,
00:30:40je ne vous le fais pas écouter.
00:30:41La biologie a fait un nouveau pas.
00:30:43Seigneur, je rends grâce à toi.
00:30:45On a compris que la progéniture
00:30:47doit être fruit d'amour
00:30:48et non d'aventure.
00:30:50Il faut savoir que cette chanson,
00:30:51La pilule d'or,
00:30:52lui vaut l'annulation
00:30:53de plusieurs concerts
00:30:54lors de sa tournée canadienne.
00:30:57Mais ensuite,
00:30:58la pilule est légalisée
00:30:59dans l'Hexagone
00:31:00grâce à la loi de 1968.
00:31:03Mais les Américaines
00:31:03attendent 1972
00:31:05pour qu'elle ne soit plus
00:31:07uniquement réservée
00:31:07aux femmes mariées.
00:31:09Et cette année-là,
00:31:10justement de l'autre côté
00:31:11de l'Atlantique,
00:31:14nous avons une star
00:31:16de la country
00:31:17qui s'appelle Loretta Lynn,
00:31:19qui enregistre The Peel,
00:31:20donc la pilule.
00:31:22Mais son label refuse
00:31:23de publier le morceau.
00:31:25Et à sa sortie,
00:31:26donc en 1975,
00:31:27la diffusion de la chanson
00:31:28est interdite
00:31:29par une soixantaine
00:31:30de stations radio.
00:31:32Mais malgré tout,
00:31:33elle a raconté
00:31:33en interview
00:31:34qu'un médecin de campagne
00:31:38la remerciait
00:31:39pour cette chanson
00:31:39qui lui permettait
00:31:40d'informer
00:31:41les femmes
00:31:42des zones rurales
00:31:43et de faire plus pour elle
00:31:44que tous les programmes
00:31:45gouvernementaux réunis.
00:31:47Je trouve que cette anecdote
00:31:48est intéressante
00:31:49parce que justement,
00:31:50elle démontre
00:31:51le pouvoir des chansons
00:31:52pour rendre accessible
00:31:53cette connaissance
00:31:54à toutes les femmes.
00:31:56Entre elles,
00:31:57vous découvrez Leslie Gore.
00:32:00Donc elle,
00:32:00c'est intéressant,
00:32:01on est en 1963,
00:32:03donc on refait
00:32:04un petit pas en arrière,
00:32:05mais il faut savoir
00:32:05qu'elle n'a que 16 ans
00:32:07au moment où elle marque
00:32:08l'histoire, justement,
00:32:10de la musique féministe
00:32:11avec sa chanson
00:32:13You Don't Own Me,
00:32:14dont elle n'écrit pas le texte
00:32:16mais qu'elle interprète
00:32:16avec force
00:32:18et que nous allons écouter.
00:32:20Mais voilà,
00:32:20il faut quand même
00:32:21avoir en tête
00:32:21que c'est une jeune fille,
00:32:23donc c'était la Laurie,
00:32:26la Alizé de l'époque
00:32:27aux Etats-Unis
00:32:28dans les années 60,
00:32:29qui chante dans le refrain
00:32:30« Ne me dis pas
00:32:32ce que je dois faire,
00:32:33ne me dis pas
00:32:33ce que je dois dire
00:32:34et quand je sors avec toi,
00:32:35ne me prends pas
00:32:36pour ton trophée. »
00:32:37Donc c'est quand même
00:32:37une sacrée avancée.
00:32:39On a toujours envie
00:33:01d'écouter plus.
00:33:04Et donc,
00:33:05de notre côté
00:33:06de l'Atlantique,
00:33:07sensiblement à la même époque,
00:33:08nous avons la grande,
00:33:10l'immense Anne Sylvestre,
00:33:12qui, elle,
00:33:13écrit, compose,
00:33:14interprète
00:33:15et qui décide même
00:33:16de créer sa propre
00:33:17maison de disques.
00:33:19C'est notre fierté nationale.
00:33:22Et donc,
00:33:22qui, en interview,
00:33:23disait notamment
00:33:24« Depuis des siècles,
00:33:26la plupart des chansons
00:33:27chantées par les femmes
00:33:28étaient écrites
00:33:29par des hommes. »
00:33:30Puisque de toute façon,
00:33:31c'est bien connu,
00:33:31les femmes n'ont pas de tête,
00:33:33elles n'écrivent pas.
00:33:34Ça a donné
00:33:34tout un nombre de chansons
00:33:36toujours sur les mêmes sujets
00:33:37et ça manquait
00:33:38beaucoup de chansons
00:33:39pour que les femmes
00:33:40et les filles
00:33:41s'identifient.
00:33:43Elle,
00:33:44Anne Sylvestre,
00:33:45l'a toujours affirmée,
00:33:47elle est féministe
00:33:47et elle l'a toujours été
00:33:48et pourtant,
00:33:49elle détestait
00:33:49le qualificatif
00:33:51de chanteuse engagée.
00:33:52Elle a même écrit
00:33:52une chanson
00:33:52qui s'appelle
00:33:53« Chanson dégagée »
00:33:54que je vous conseille
00:33:55d'écouter
00:33:55qui date de 1968.
00:33:59Évidemment,
00:33:59toute sa discographie
00:34:01mérite vraiment
00:34:01d'être découverte.
00:34:02Ce qui est dingue,
00:34:04c'est que personnellement,
00:34:05je la connaissais
00:34:05depuis toute petite
00:34:06parce que j'écoutais
00:34:07ses chansons
00:34:08pour les enfants,
00:34:09ses chansons enfantines,
00:34:11notamment « J'en veux pas
00:34:12si c'est pas des nouilles »,
00:34:13mon hit.
00:34:14Mais c'est que justement,
00:34:16c'est assez symptomatique
00:34:17de la façon
00:34:18dont l'histoire de la musique
00:34:18nous a été racontée,
00:34:19c'est qu'elle a été
00:34:20très longtemps,
00:34:21trop longtemps,
00:34:22réduite à ses chansons
00:34:24pour les enfants.
00:34:25Et c'est depuis,
00:34:26malheureusement,
00:34:27sa disparition
00:34:28parce que là,
00:34:29toutes ces dernières années-là,
00:34:30il y a vraiment
00:34:31une grande réapparition
00:34:33des mouvements militants féministes
00:34:34et notamment
00:34:35chez les plus jeunes
00:34:36qu'on ressort
00:34:37cette œuvre
00:34:38qui est tellement riche
00:34:38et dans laquelle
00:34:39elle disait déjà tout,
00:34:41elle traitait de tous
00:34:42les sujets du féminisme.
00:34:43Si on doit citer seulement
00:34:45quelques titres,
00:34:46évidemment,
00:34:47« Non, tu n'as pas de nom »
00:34:48qui est paru
00:34:49sur son dixième album
00:34:50en 1974,
00:34:52un an avant
00:34:53la loi Simone Veil
00:34:54qui dépénalise
00:34:54l'avortement en France.
00:34:56Et c'était,
00:34:56enfin c'est une chanson
00:34:57sur l'avortement
00:34:58mais elle disait
00:34:58que c'était une chanson
00:34:59sur le choix.
00:35:01Elle disait
00:35:02« Pouvoir ou pas,
00:35:03vouloir ou pas
00:35:04que cette vie existe ».
00:35:06Et ce qu'elle raconte
00:35:07qui fait assez écho
00:35:08à ce que j'expliquais avant
00:35:09au sujet de Loretta Lynn,
00:35:11c'est qu'elle avait eu
00:35:11beaucoup de témoignages
00:35:12suite à cette chanson
00:35:13qui étaient utilisés
00:35:15dans les plannings familiaux.
00:35:17Et elle disait
00:35:17« Ben oui,
00:35:17il y avait matière ».
00:35:19Mais c'est dire
00:35:19à quel point
00:35:20l'éducation était inexistante
00:35:21sur ces sujets
00:35:22et comme on pouvait
00:35:23utiliser des chansons
00:35:24de façon pédagogique.
00:35:27Et donc,
00:35:27elle signe
00:35:27un nombre incalculable
00:35:28de chansons
00:35:29très puissantes
00:35:30parmi lesquelles
00:35:32« Une sorcière comme les autres »
00:35:33ou « La faute à Ève »
00:35:34qui est très drôle,
00:35:36qui ironise
00:35:36sur l'antiféminisme
00:35:37de la religion catholique,
00:35:39référence à l'extrait
00:35:41que je vous avais donné
00:35:42de l'Ancien Testament.
00:35:45Des chansons moins connues
00:35:46mais qui valent vraiment
00:35:46le détour,
00:35:47par exemple
00:35:48« Douce maison »
00:35:49qui est une métaphore
00:35:50bouleversante
00:35:50sur le viol,
00:35:52« Rose »
00:35:52qui met la lumière
00:35:53sur la solitude
00:35:54des mères adolescentes
00:35:55et « La vaisselle »
00:35:56sur la charge mentale
00:35:58domestique
00:35:59qui là aussi
00:35:59est un concept
00:36:00dont on a l'impression
00:36:00que c'est très récent
00:36:01mais non,
00:36:02elle était déjà là
00:36:03il y a des décennies
00:36:04pour nous en parler.
00:36:07Et donc,
00:36:08nous en arrivons
00:36:09évidemment
00:36:09aux années 1970
00:36:12et donc là
00:36:13je vous ai mis
00:36:13une petite photo
00:36:15d'archive
00:36:16du mouvement
00:36:16de libération
00:36:17des femmes
00:36:18et donc évidemment
00:36:20l'histoire
00:36:21de l'hymne des femmes
00:36:22qui voit le jour
00:36:24au printemps 1971
00:36:25quand une dizaine
00:36:26de membres du MLF
00:36:27se réunissent
00:36:28dans l'appartement
00:36:29de l'une des fondatrices
00:36:30Monique Wittig
00:36:31à savoir qu'avant
00:36:32chaque manif
00:36:33elles inventaient
00:36:34des chansons
00:36:35et donc ce jour-là
00:36:36c'est José Contrera
00:36:37qui a l'idée
00:36:38de reprendre
00:36:38la mélodie
00:36:39du chant des marais
00:36:40le chant des marais
00:36:41qui a été composé
00:36:42en 1933
00:36:43par des prisonniers
00:36:44politiques allemands
00:36:45pour créer
00:36:46l'hymne des femmes
00:36:47mais elles coécrivent
00:36:49toutes les paroles
00:36:50donc évidemment
00:36:51l'extrait le plus connu
00:36:52c'est celui
00:36:52que je vous ai inscrit
00:36:54nous qui sommes
00:36:54sans passer les femmes
00:36:56nous qui n'avons pas
00:36:57d'histoire
00:36:57et là
00:36:58le point sur lequel
00:37:00je voulais attirer
00:37:00votre attention
00:37:01c'est justement
00:37:03le fait que cet hymne-là
00:37:04qui est l'un des
00:37:05plus grands hymnes féministes
00:37:07pour autant
00:37:08peut être questionné
00:37:09et notamment
00:37:10par les militantes
00:37:11antiracistes
00:37:12puisque
00:37:13notamment dans le premier
00:37:14couplet de la chanson
00:37:15il y a toute une analogie
00:37:17entre les femmes
00:37:19et l'esclavage
00:37:20puisque ça commence
00:37:22le premier couplet
00:37:23par
00:37:23nous sommes
00:37:24le continent noir
00:37:25donc qui est une référence
00:37:26à la psychanalyse
00:37:27et à Freud
00:37:28mais qui participe
00:37:29à la construction
00:37:30d'une analogie
00:37:31donc entre les femmes
00:37:32et les personnes noires
00:37:33et ça c'est très critiqué
00:37:35aujourd'hui
00:37:35par le black feminism
00:37:37et dans le refrain
00:37:39il y a cette métaphore
00:37:41qui est
00:37:42levons-nous
00:37:43fameux esclaves
00:37:44et brisons nos entraves
00:37:45debout
00:37:46debout
00:37:46debout
00:37:46aujourd'hui
00:37:47selon les endroits
00:37:49où vous manifestez
00:37:50souvent ce passage-là
00:37:51est réécrit
00:37:52la réécriture
00:37:53la plus commune
00:37:54c'est au lieu de dire
00:37:55levons-nous
00:37:56femmes esclaves
00:37:57et brisons nos entraves
00:37:58écrivons nos histoires
00:38:00pardon
00:38:01écrivons notre histoire
00:38:02construisons nos espoirs
00:38:03debout
00:38:04debout
00:38:04debout
00:38:05il n'y a pas de perte de sens
00:38:07ça sonne très bien
00:38:08et voilà
00:38:08ça permet au moins
00:38:09de ne pas créer
00:38:11cette analogie malheureuse
00:38:13je vous propose
00:38:14qu'on écoute
00:38:14qu'on regarde
00:38:17et qu'on écoute
00:38:17un extrait
00:38:18justement
00:38:18par le mouvement
00:38:20des rosies
00:38:20qui chante
00:38:23une version réécrite
00:38:25de l'hymne des femmes
00:38:26je pensais que c'était plus long
00:38:42parce que justement
00:38:43ce qui est intéressant
00:38:45dans cette version-là
00:38:46c'est qu'elle parle de Me Too
00:38:47c'est vraiment une version
00:38:48qui est très réactualisée
00:38:50de l'hymne des femmes
00:38:51et ce qui est intéressant
00:38:54avec cet exemple
00:38:54c'est aussi de montrer
00:38:56que si on re-questionne
00:38:58des oeuvres
00:38:58qui appartiennent au passé
00:39:00sans évidemment
00:39:01les annuler
00:39:01et empêcher
00:39:02qu'on les écoute
00:39:03on peut parfois aussi
00:39:04s'autoriser
00:39:04à retravailler
00:39:05certains passages
00:39:06ou faire quelques coupes
00:39:07et voilà
00:39:08proposer des réécritures
00:39:09qui permettent à tout le monde
00:39:10de se sentir aligné
00:39:11avec le texte
00:39:13alors
00:39:14nous arrivons
00:39:15déjà
00:39:16aux années 80
00:39:17la titrée
00:39:19Les chanteuses
00:39:20face aux hommes
00:39:20dans les années 1980
00:39:21bon à savoir évidemment
00:39:23que dans mon livre
00:39:24je vais beaucoup plus loin
00:39:25sur tous ces sujets-là
00:39:26et il y a
00:39:27le chapitre où on commence
00:39:29par un sous-titre
00:39:30qui s'appelle
00:39:30paillettes et poudre aux yeux
00:39:32pourquoi ?
00:39:33parce que
00:39:34j'ignore
00:39:35toutes vos dates de naissance
00:39:36mais on a parfois
00:39:37la sensation
00:39:38que les années 80
00:39:39sont une décennie
00:39:41plus féministe
00:39:42que les précédentes
00:39:44et voilà
00:39:44peut-être l'une des plus progressistes
00:39:46à l'échelle de l'histoire
00:39:47de la musique
00:39:48et bien la réponse
00:39:49c'est oui
00:39:50et non
00:39:50pas du tout
00:39:51quand on regarde
00:39:52de plus près
00:39:52donc là
00:39:53je vous fais
00:39:54un petit avertissement
00:39:55les images
00:39:55qui suivent
00:39:56peuvent vous choquer
00:39:57je plaisante
00:40:00vous allez deviner
00:40:02on va regarder
00:40:03un petit extrait
00:40:04c'est sans doute
00:40:27le plus long extrait
00:40:28en plus j'ai honte
00:40:28d'un seul coup
00:40:29je vous ai mis
00:40:30très peu d'hymne des femmes
00:40:31et beaucoup plus
00:40:32de Michel Sardou
00:40:33ce qui est intéressant
00:40:36il faut que j'arrête
00:40:37de dire ce qui est intéressant
00:40:38non ce qui est
00:40:40intéressant
00:40:41avec cet exemple là
00:40:43c'est évidemment
00:40:44enfin moi je
00:40:45c'est pas évidemment
00:40:46pour le plaisir
00:40:47de défaire
00:40:48tout ce qui a été fait avant
00:40:49mais c'est qu'en échangeant
00:40:50moi en tant que journaliste
00:40:51avec des femmes
00:40:52qui n'ont pas forcément
00:40:53mon âge
00:40:53ou même des hommes
00:40:54j'ai reçu souvent
00:40:55les réponses suivantes
00:40:58qui sont que
00:41:00à l'époque
00:41:00on avait l'impression
00:41:01que c'était une chanson féministe
00:41:02et que voilà
00:41:03Michel Sardou
00:41:04allait dans le bon sens
00:41:05et que c'était presque
00:41:05un hommage
00:41:06qu'il faisait aux femmes
00:41:07et il en a ressorti
00:41:09une version 2.0
00:41:11qui est terrible
00:41:12qui est vraiment nulle
00:41:13mais à l'occasion
00:41:14de laquelle
00:41:15il avait eu quand même
00:41:16pas mal d'interviews
00:41:17pour la promotion
00:41:18de son disque
00:41:18et lui continue
00:41:19à nous dire
00:41:21et je cite
00:41:21les féministes
00:41:22n'ont rien compris
00:41:23et voilà
00:41:24et à nous dire
00:41:24que c'était valorisant
00:41:25c'est sûr que
00:41:25quand on revoit
00:41:26aujourd'hui les images
00:41:27c'est absolument caricatural
00:41:29et le petit extrait
00:41:31que je mets en exergue
00:41:32ici
00:41:32est d'un sexisme
00:41:34voilà
00:41:35crasse
00:41:36c'est-à-dire que
00:41:36même quand on imagine
00:41:38les femmes
00:41:38à la présidence
00:41:40l'objectif ce serait quoi
00:41:41de faire bander la France
00:41:43voilà
00:41:43sachant que faire bander
00:41:44ces messieurs
00:41:45c'est à peu près
00:41:45tout ce qu'on attend
00:41:46des femmes
00:41:46dans notre société
00:41:47sans exagérer
00:41:49donc voilà
00:41:51parfois ça a du bon
00:41:53de se dire
00:41:53que la chanson
00:41:55date de 1981
00:41:56à la même époque
00:41:58parce que vraiment
00:41:59dans les années 80
00:42:00il y a de sacrés pépites
00:42:01mais l'autre exemple
00:42:02qui est intéressant
00:42:03je trouve
00:42:04de regarder
00:42:05c'est
00:42:07ça date de 1984
00:42:09et donc c'est
00:42:10Cookie Dingler
00:42:11qui se hisse directement
00:42:12en deuxième place
00:42:13du top 50
00:42:14avec Femmes libérées
00:42:15et donc
00:42:16dans le même esprit
00:42:17que celle de
00:42:17Michel Sardou
00:42:18c'est vraiment une chanson
00:42:19qui s'est imposée
00:42:20comme une photographie
00:42:21de la femme
00:42:22en 1980
00:42:23sa première ride
00:42:26lui fait du souci
00:42:27le reflet du miroir
00:42:29pèse sur sa vie
00:42:31elle rentre tombante
00:42:33à chaque fois qu'elle sort
00:42:35même dans elle
00:42:36il dit
00:42:37qu'il faut faire un effort
00:42:38ne la laisse pas tomber
00:42:40elle est si fragile
00:42:42être une femme libérée
00:42:44tu sais c'est pas si facile
00:42:46ne la laisse pas tomber
00:42:47elle est si fragile
00:42:49être une femme libérée
00:42:51tu sais c'est pas si facile
00:42:53bon voilà
00:42:54la première ride
00:42:55rentrer le ventre
00:42:55etc
00:42:56les injonctions à la beauté
00:42:57vous connaissez
00:42:58mais pourquoi j'aime bien
00:42:59cet exemple
00:43:00c'est que justement
00:43:01tout le monde ne le sait pas
00:43:03mais cette chanson
00:43:03a été écrite par une femme
00:43:05Joëlle Kopf
00:43:06qui est l'amie de Cookie Dingler
00:43:08qui habite au-dessus
00:43:08de chez lui
00:43:09et donc elle écrit
00:43:10ce texte
00:43:11sur une des compos
00:43:12de son voisin
00:43:13et c'est pour ça
00:43:14que c'est intéressant
00:43:15c'est aussi de se rappeler
00:43:17quand on traite
00:43:17des sujets liés au sexisme
00:43:19et à l'égalité homme-femme
00:43:20que évidemment
00:43:20ce n'est pas parce qu'on est
00:43:21un homme qu'on fait tout mal
00:43:22et parce qu'on est une femme
00:43:23qu'on fait tout bien
00:43:24et ce qui est intéressant
00:43:25qui moi évidemment
00:43:26m'amène à avoir un regard
00:43:27quand même plus bienveillant
00:43:28sur Femmes libérées
00:43:29que sur Femmes des années 80
00:43:30enfin sur être une femme
00:43:32c'est que Joëlle Kopf
00:43:33s'est exprimé en interview
00:43:35sur le sujet
00:43:36en disant que
00:43:37bah oui en fait
00:43:37à cet instant-là
00:43:38elle parle de sa vie
00:43:39de la vie
00:43:40de ses copines
00:43:40et justement
00:43:42c'est ça qui est dommage
00:43:43dans le monopole
00:43:44que les hommes avaient
00:43:45à cette époque
00:43:46dans le rôle d'interprète
00:43:48c'est que je trouve
00:43:49que c'est une chanson
00:43:49qui aurait pu être
00:43:50beaucoup plus émouvante
00:43:52et plus intemporelle
00:43:53si elle avait été chantée
00:43:54par une femme
00:43:55à la première personne
00:43:56si une femme m'avait dit
00:43:57enfin avait chanté
00:43:59ne me laisse pas tomber
00:44:00je suis si fragile
00:44:01tu sais être une femme libérée
00:44:02c'est pas si facile
00:44:03bah je trouve
00:44:03qu'elle aurait mieux vieilli
00:44:05et bien voilà
00:44:07c'est elle
00:44:08Joëlle Kopf
00:44:08qui nous disait
00:44:10ça raconte
00:44:11cette chanson raconte
00:44:12la difficulté pour une femme
00:44:13de s'exprimer à l'époque
00:44:14je pense que c'est ça
00:44:15en fait le fond du problème
00:44:17et puis aussi l'attachement
00:44:18et la tendresse
00:44:19qu'on a pour les mecs
00:44:20ça c'est clair
00:44:20c'était ça aussi le message
00:44:22peu l'ont compris
00:44:23beaucoup de femmes
00:44:24l'ont compris
00:44:25donc voilà
00:44:26c'est un exemple
00:44:28qui peut être
00:44:29un peu plus surprenant
00:44:29mais
00:44:30je peux pas m'empêcher
00:44:32de penser que
00:44:33malgré tout
00:44:33ça raconte vraiment
00:44:35quelque chose
00:44:35du sexisme
00:44:36de cette industrie
00:44:38parce que beaucoup
00:44:39de femmes ont été
00:44:40empêchées
00:44:41d'abord d'écrire
00:44:42leur propre texte
00:44:43de composer
00:44:43et ensuite
00:44:44de les présenter
00:44:44sur scène
00:44:45la plupart du temps
00:44:46c'est ce que disait
00:44:46Anne Sylvestre
00:44:47les femmes chantaient
00:44:48ce qu'on voulait bien
00:44:49écrire pour elles
00:44:50et puis
00:44:51c'est une conception
00:44:53qu'encore
00:44:53beaucoup d'hommes
00:44:54ont
00:44:54alors là
00:44:56c'est un moment
00:44:57qui est un peu difficile
00:44:58pour moi
00:44:58dans cette conférence
00:44:59parce qu'on doit passer
00:44:59très très vite
00:45:00sur des personnes
00:45:01qui mériteraient
00:45:01chacune
00:45:02une heure de conférence
00:45:03mais évidemment
00:45:04les années 80
00:45:05nous amènent
00:45:06sur le devant
00:45:07de la scène
00:45:07des artistes
00:45:08qui ont vraiment
00:45:09œuvré
00:45:10pour la libération
00:45:12des femmes
00:45:13la liberté sexuelle
00:45:14donc là on a
00:45:15Madonna
00:45:15Donna Summer
00:45:16Patti Smith
00:45:17la liberté aussi
00:45:18de s'habiller
00:45:19comme on veut
00:45:19de se coiffer
00:45:20comme on veut
00:45:21de montrer ses poils
00:45:22pour Patti Smith
00:45:23c'est aussi
00:45:25tout un moment
00:45:26de l'histoire
00:45:27de la musique
00:45:27et là
00:45:28comme je vous le disais
00:45:29évidemment
00:45:29il va manquer
00:45:30plein de plans
00:45:32très importants
00:45:32de l'histoire
00:45:33dans cette conférence
00:45:33mais qui se battent
00:45:35pour les droits
00:45:35LGBT
00:45:36donc malgré tout
00:45:38on peut dire merci
00:45:39aux années 80
00:45:39pour tout ça
00:45:40et puis évidemment
00:45:42celle qui est
00:45:43une figure phare
00:45:45de l'époque
00:45:45c'est Cindy Lauper
00:45:46et ce qui est très intéressant
00:45:48comme vous le voyez
00:45:48sur les photos
00:45:49c'est qu'aujourd'hui
00:45:50dans les manifs
00:45:51partout dans le monde
00:45:52et à Paris
00:45:53c'est un slogan
00:45:54donc évidemment
00:45:55sa chanson
00:45:56c'est
00:45:56Girl just wanna have fun
00:45:57mais qu'on retrouve
00:45:58sur les pancartes
00:45:59comme corrigé
00:46:00et ça
00:46:01pareil
00:46:02quand on en discute
00:46:04justement
00:46:04si on corrige
00:46:06ce slogan
00:46:06c'est pour dire
00:46:07c'est une incompréhension
00:46:11face à la chanson
00:46:11parce qu'on a l'impression
00:46:12que cette chanson
00:46:13nous raconte quelque chose
00:46:15de léger
00:46:15les filles ne pensent
00:46:17qu'à s'amuser
00:46:17mais Cindy Lauper
00:46:19en interview
00:46:20explique que ça n'a rien
00:46:21de léger
00:46:21elle en fait
00:46:22ce qu'elle raconte
00:46:23dans la chanson
00:46:23c'est les filles
00:46:25veulent s'amuser
00:46:26sortir
00:46:26en ayant les mêmes libertés
00:46:28que les garçons
00:46:29sans être harcelées
00:46:30sans être agressées
00:46:31donc en fait
00:46:32c'est une chanson
00:46:32malgré le fait
00:46:34qu'elle soit
00:46:34très pop
00:46:35et très mainstream
00:46:36qui est infiniment politique
00:46:38donc finalement
00:46:39c'est presque un contresens
00:46:41je trouve
00:46:41sur les pancartes
00:46:42de venir la corriger
00:46:43en nous disant
00:46:44fundamental human rights
00:46:45donc les filles
00:46:46veulent juste avoir
00:46:47les droits humains fondamentaux
00:46:48puisque si on tend l'oreille
00:46:50et qu'on écoute
00:46:51Cindy Lauper
00:46:52quand elle en parle
00:46:53c'est précisément
00:46:54ce que nous raconte
00:46:54la chanson
00:46:55et là
00:46:56peut-être que vous l'ignorez
00:46:58mais c'est une chanson
00:46:59qui a un destin similaire
00:47:01à celle d'Aretha Franklin
00:47:04Respect
00:47:04puisque à l'origine
00:47:05Girls Just Wanna Have Fun
00:47:07était écrite
00:47:09composée
00:47:09et chantée par un homme
00:47:10qui s'appelle Robert Hazard
00:47:12et donc c'est vraiment
00:47:13comme ce qui s'est passé
00:47:14avec Otis Redding
00:47:15et Aretha
00:47:16Cindy Lauper
00:47:18féminise
00:47:18et revoile
00:47:20les paroles
00:47:21chantées par cet homme-là
00:47:22au masculin
00:47:23donc si vous connaissez
00:47:24le couplet
00:47:25en fait là
00:47:26le narrateur masculin
00:47:28dans la chanson d'origine
00:47:29dit
00:47:29bah oui
00:47:30mon père m'appelle
00:47:31dans la nuit
00:47:31il me dit
00:47:32bon mon garçon
00:47:32qu'est-ce que tu vas faire
00:47:33de ta vie
00:47:34et moi je lui dis
00:47:35j'aimerais bien
00:47:36me trouver une copine
00:47:36mais tu sais
00:47:37mon pauvre papa
00:47:38les filles
00:47:38elles sont inconséquentes
00:47:39elles ne pensent qu'à s'amuser
00:47:41donc pour les personnes
00:47:42sensibles à cette expression
00:47:44c'est un ouin ouin
00:47:45dans la chanson d'origine
00:47:46et finalement
00:47:48Cindy Lauper
00:47:48repasse derrière
00:47:49et elle se dit
00:47:50cette chanson
00:47:51elle a un sacré potentiel
00:47:52par contre
00:47:53on va changer
00:47:54un petit peu les paroles
00:47:54ça en fait évidemment
00:47:56une chanson très puissante
00:47:57et d'autant plus puissante
00:47:58qu'elle nous donne envie
00:47:59de danser
00:48:00tout en s'engageant
00:48:02mais malgré tout
00:48:03je vous laisserai rentrer
00:48:04en métro
00:48:05en l'écoutant
00:48:05on va écouter
00:48:06un petit morceau
00:48:07de la chanson
00:48:08de la version
00:48:09pardon
00:48:09de Robert Hazard
00:48:11c'est une version
00:48:32qui est chouette
00:48:32mais beaucoup moins
00:48:35intéressante
00:48:36c'est le mot du soir
00:48:37alors on est passé
00:48:39vraiment très vite
00:48:40pardonnez-moi
00:48:41pour les fans
00:48:43des années 80
00:48:43sur ce passage-là
00:48:45mais ce qu'ont
00:48:46en commun
00:48:46toutes ces artistes
00:48:48et c'est pas vraiment
00:48:49c'est pas vraiment
00:48:50joyeux
00:48:51c'est que
00:48:51beaucoup d'entre elles
00:48:52ont été victimes
00:48:53de violences sexistes
00:48:54et sexuelles
00:48:55Madonna l'a raconté
00:48:56Cindy Lauper
00:48:58l'a raconté
00:48:58mais justement
00:49:00elles
00:49:01elles ont une parole
00:49:02qui est quand même
00:49:02bien plus libérée
00:49:04en tout cas
00:49:05publiquement
00:49:06que leurs aînés
00:49:07et elles refusent
00:49:08d'être
00:49:08des femmes d'eux
00:49:09des fans d'eux
00:49:11et elles refusent
00:49:11surtout d'être réduites
00:49:12au statut
00:49:13de muse
00:49:14on en arrive donc
00:49:15à un petit
00:49:16pas de côté
00:49:17sur notre progression
00:49:18chronologique
00:49:18et donc à mon titre
00:49:20ni muse
00:49:21ni groupie
00:49:22est-ce que vous vous êtes
00:49:23déjà posé la question
00:49:24avant ce soir
00:49:25pourquoi les mots
00:49:27muse et groupie
00:49:28n'ont-ils pas
00:49:29d'équivalent masculin
00:49:31et donc
00:49:32qu'est-ce que ça raconte
00:49:34de notre société
00:49:35le fait que les mots
00:49:36même
00:49:36donc les concepts
00:49:37même
00:49:38d'un muse
00:49:39et d'un groupie
00:49:40n'existent pas
00:49:41donc je vous propose
00:49:42qu'on voit un petit peu
00:49:44ce qui concerne
00:49:45le mot muse
00:49:46d'où ça vient
00:49:47donc je vous ai mis
00:49:49un extrait
00:49:49en fait de Platon
00:49:51dans Huyon
00:49:52qui écrit que
00:49:53chacun n'est capable
00:49:54de composer
00:49:55avec succès
00:49:56que dans le genre
00:49:57où il est poussé
00:49:58par la muse
00:49:58à travers ce dialogue
00:50:01donc le philosophe
00:50:02Platon théorise
00:50:03le mythe de l'inspiration
00:50:04donc ce mythe
00:50:05de l'inspiration
00:50:06nous raconte
00:50:06qu'en gros
00:50:07il y aurait
00:50:08neuf muses
00:50:09que vous voyez
00:50:09en dessous
00:50:10donc des muses
00:50:11spécialisés
00:50:12en histoire
00:50:13en astronomie
00:50:14en musique
00:50:15en poésie
00:50:15qui ont pour mission
00:50:16d'aider les hommes
00:50:17en panne d'idées
00:50:18donc c'est un concept
00:50:20qui est daté
00:50:20mais dont la dimension
00:50:21sexiste perdure
00:50:23si vous vous promenez
00:50:26sur Wikipédia
00:50:27vous pouvez remarquer
00:50:29que Jeanne Duval
00:50:30donc qu'on voit
00:50:31en bas à gauche
00:50:32qui a inspiré
00:50:33notamment à Baudelaire
00:50:34sa Vénus Noire
00:50:35qui a été sa maîtresse
00:50:36est présentée
00:50:37comme suit
00:50:38muse du poète français
00:50:40Charles Baudelaire
00:50:41c'est-à-dire qu'elle n'a
00:50:42aucune autre fonction
00:50:43dans la vie
00:50:44que d'être
00:50:44muse du poète français
00:50:46Charles Baudelaire
00:50:46le même sort
00:50:48est réservé
00:50:48donc à droite
00:50:49à Marianne Hylène
00:50:50qui elle est présentée
00:50:51comme une Norvégienne
00:50:53connue comme muse
00:50:54et compagne
00:50:55de Léonard Cohen
00:50:56et les exemples
00:50:58de ce genre
00:50:58ne manquent pas
00:50:59dans l'histoire
00:50:59de la musique
00:50:59donc là vous avez
00:51:00Marianne Faithfull
00:51:01mais aujourd'hui
00:51:03voilà
00:51:04quand récemment
00:51:06Jane Birkin
00:51:06est décédée
00:51:07on l'a présentée
00:51:09comme la muse
00:51:09de Gainsbourg
00:51:10on nous parle encore
00:51:10de Marianne Faithfull
00:51:11donc comme la muse
00:51:12de Mick Jagger
00:51:13Nico comme celle
00:51:14de Lou Reed
00:51:15France Gall
00:51:16comme celle de Berger
00:51:17Yoko Ono
00:51:18celle de John Lennon
00:51:19voilà
00:51:20le gros souci
00:51:22c'est qu'évidemment
00:51:22quand on les présente
00:51:23comme des muses
00:51:24on ne les présente
00:51:24toujours pas
00:51:25comme des artistes
00:51:26à part entière
00:51:27et il y a
00:51:28chez la muse
00:51:29comme dans la figure
00:51:30de la sirène
00:51:31dont je vous parlais
00:51:32en introduction
00:51:32une dimension séductrice
00:51:35et charmeuse
00:51:36qui repose évidemment
00:51:37sur des stéréotypes
00:51:38qui sont très genrés
00:51:39qui nous ramènent
00:51:41inlassablement
00:51:42au mythe de Pygmalion
00:51:44donc ça
00:51:44c'est comme
00:51:45comme on le rappelait
00:51:47avant ma prise de parole
00:51:48j'ai écrit un livre
00:51:49qui s'appelait
00:51:50qui s'appelle
00:51:50pardon
00:51:50en relisant
00:51:51qui est un livre
00:51:53à la gloire
00:51:54de Gainsbourg
00:51:55on pourrait en parler
00:51:56après
00:51:56mais Gainsbourg
00:51:57c'est sans doute
00:51:58vraiment l'homme
00:51:59qui est le plus présenté
00:52:01comme un Pygmalion
00:52:02qui a façonné
00:52:04les artistes féminines
00:52:05qui ont croisé
00:52:06son chemin
00:52:06et donc Pygmalion
00:52:08pour aller très vite
00:52:09vous le voyez
00:52:10à gauche
00:52:12à gauche
00:52:13c'était
00:52:13donc un sculpteur
00:52:15qui a créé
00:52:16une statue
00:52:16Galatée
00:52:16dont il tombe amoureux
00:52:18et à qui il demande
00:52:19enfin il demande
00:52:20à la déesse Aphrodite
00:52:21de lui donner vie
00:52:22et donc par antonomase
00:52:24un Pygmalion
00:52:24c'est une personne
00:52:25qui en façonne
00:52:26une autre
00:52:26afin qu'elle accède
00:52:27au succès
00:52:27quand on nous parle
00:52:29donc par exemple
00:52:29de Gainsbourg
00:52:30en tant que Pygmalion
00:52:31et de Jane Birkin
00:52:32comme une muse
00:52:32moi je m'oppose
00:52:34absolument en fait
00:52:35à cet imaginaire là
00:52:36parce que
00:52:36les femmes ne sont pas
00:52:37condamnées à être
00:52:38des Galatées
00:52:39et les hommes
00:52:40ne sont pas systématiquement
00:52:41des Pygmalions
00:52:42et quand on prend
00:52:43leur exemple
00:52:43j'explique très souvent
00:52:44comme Jane Birkin
00:52:46a elle aussi
00:52:46façonné
00:52:47Serge Gainsbourg
00:52:49et comment
00:52:49France Gall
00:52:50lui a permis aussi
00:52:51de devenir
00:52:52la star
00:52:53qu'il est devenue
00:52:53donc voilà
00:52:54il est temps
00:52:55qu'on inverse
00:52:57un petit peu
00:52:57nos points de vue
00:52:58et qu'on réhabilite
00:52:59les Pygmalions
00:53:00et je me suis
00:53:02ah oui pardon
00:53:02et je vous avais noté
00:53:03pour résumer
00:53:04la problématique
00:53:05que globalement
00:53:06dans l'histoire de l'art
00:53:07on considère
00:53:07que les hommes
00:53:09créent
00:53:09et les femmes
00:53:10procréent
00:53:10c'est facile à retenir
00:53:12et donc
00:53:16si on déplace
00:53:16notre analyse
00:53:17des créatrices
00:53:18de musique
00:53:19aux auditrices
00:53:20est-ce que c'est mieux ?
00:53:22et bien non
00:53:22les hommes peuvent-ils
00:53:24être des groupies ?
00:53:26voilà
00:53:26quand on l'écrit
00:53:27comme ça
00:53:27on se dit
00:53:28que ce serait
00:53:28tout à fait possible
00:53:29d'être un petit peu
00:53:32plus inclusif
00:53:32là je me suis amusée
00:53:34voilà
00:53:34attention
00:53:34ne surtout pas
00:53:36confronde
00:53:36vous avez deux foules
00:53:40en délire
00:53:40sauf que
00:53:41à gauche
00:53:41elles sont hystériques
00:53:42et à droite
00:53:44c'est tout à fait légitime
00:53:45qu'ils expriment
00:53:46leurs émotions
00:53:47comme ça
00:53:47très très fort
00:53:48donc voilà
00:53:49les hommes
00:53:49en fait non
00:53:50dans notre imaginaire
00:53:51les hommes ne sont pas
00:53:51des groupies
00:53:52ils sont des fans
00:53:54des supporters
00:53:55des connaisseurs
00:53:56des amateurs
00:53:57des mélomanes
00:53:58mais ce n'est que
00:53:59la groupie
00:54:00qui est systématiquement
00:54:02pardon
00:54:02associée à l'adjectif
00:54:04hystérique
00:54:06et j'aime beaucoup
00:54:10cette citation
00:54:11issue de mon livre
00:54:12de la journaliste
00:54:12Sophie Rosemont
00:54:13qui résume ainsi
00:54:15un groupe de filles
00:54:16fans de musique
00:54:16c'est des groupies
00:54:17un groupe de mecs
00:54:18c'est des passionnés
00:54:19voilà
00:54:20et donc
00:54:22évidemment
00:54:23si on parle de groupies
00:54:24et qu'en plus
00:54:25on reste dans les années 80
00:54:26vous devez
00:54:28sans doute penser
00:54:29à la fameuse chanson
00:54:30la groupie du pianiste
00:54:31de Michel Berger
00:54:33donc je vous propose
00:54:35d'écouter
00:54:35un petit extrait
00:54:38attentivement
00:54:40moi j'aime beaucoup
00:55:02retranscrire
00:55:03donc ça je l'ai beaucoup fait
00:55:04avec Gainsbourg
00:55:05mais d'une manière générale
00:55:05j'aime beaucoup
00:55:06retranscrire et lire
00:55:07les textes de chansons
00:55:08sans la musique
00:55:09pour justement
00:55:10me libérer de cette partie
00:55:11d'affect
00:55:12et de groove
00:55:13qui me donne envie
00:55:13de remuer
00:55:14et d'être un peu moins
00:55:15attentive
00:55:15et je me suis amusée
00:55:17à inverser le genre
00:55:19de plusieurs textes
00:55:20de chansons
00:55:21et donc notamment
00:55:21la groupie du pianiste
00:55:22en imaginant
00:55:23ce que ça donnerait
00:55:24le groupie du pianiste
00:55:25de Michel Berger
00:55:26et là sur l'extrait
00:55:29que nous venons d'écouter
00:55:30ça donnerait
00:55:30quelque chose comme ça
00:55:31donc quand le concert
00:55:33est terminé
00:55:34il met ses mains
00:55:35sur le clavier
00:55:35en rêvant qu'elle
00:55:36va l'emmener
00:55:37passer le reste
00:55:38de sa vie
00:55:38tout simplement
00:55:39à l'écouter
00:55:39il sait comprendre
00:55:41sa musique
00:55:42il sait oublier
00:55:43qu'il existe
00:55:43le groupie de la pianiste
00:55:45et quand j'ai
00:55:47voilà quand j'ai inversé
00:55:48le genre
00:55:49à l'échelle
00:55:50de toute la chanson
00:55:50je me suis dit
00:55:51purée
00:55:52il sait oublier
00:55:53qu'il existe
00:55:54ça m'a drôlement
00:55:56interpellée
00:55:56quand le il
00:55:57remplace le l
00:55:58alors que mes oreilles
00:55:59sont complètement
00:56:01habituées à entendre
00:56:01l'inverse
00:56:02depuis 1992
00:56:04on va dire
00:56:05depuis que j'ai
00:56:06l'âge de comprendre
00:56:07un petit peu
00:56:08et voilà
00:56:09c'est je trouve
00:56:10surprenant
00:56:10de prendre conscience
00:56:12du fait
00:56:12à quel point
00:56:14c'est difficile
00:56:14de se représenter
00:56:16en fait
00:56:16dans notre imaginaire
00:56:17cet homme groupie
00:56:19qui rêve
00:56:20de la vie d'artiste
00:56:20sans pouvoir y accéder
00:56:22et cet homme
00:56:22qui sait rester là
00:56:23sans rien dire
00:56:24ça n'existe pas
00:56:25c'est un mythe
00:56:26nous arrivons
00:56:32aux années 90-2000
00:56:34donc quand je débarque
00:56:35sur terre
00:56:35très égocentrée
00:56:39et donc
00:56:40alors là pareil
00:56:41je vous prie de m'excuser
00:56:42on va aller extrêmement vite
00:56:43sur une partie
00:56:44de l'histoire
00:56:45qui est passionnante
00:56:46et qui pourrait être
00:56:47résumée à elle seule
00:56:48par cette phrase
00:56:49de Courtenay Love
00:56:50je veux que toutes
00:56:50les filles du monde
00:56:51prennent une guitare
00:56:52et se mettent
00:56:53à crier
00:56:53donc Courtenay Love
00:56:55arrive en même temps
00:56:57que la troisième vague
00:56:58féministe
00:56:58que j'évoquais tout à l'heure
00:56:59et elle déclare ça
00:57:01donc en 1991
00:57:02elle a sorti
00:57:03de son premier album
00:57:04Pretty on the Inside
00:57:05avec son groupe Hall
00:57:07et elle
00:57:07elle n'en pouvait plus
00:57:09puis de toute façon
00:57:09elle était archi-rebelle
00:57:11du rock
00:57:12servi par les hommes blancs
00:57:13et elle infuse
00:57:14toute sa rage
00:57:14et sa vulnérabilité
00:57:15dans ce qu'on appelle
00:57:17ensuite le chick rock
00:57:18donc le rock de meuf
00:57:19et elle devient
00:57:20la reine du grunge
00:57:21à ce moment-là
00:57:24c'est vraiment
00:57:25tout un mouvement
00:57:27qui est en ébullition
00:57:28qui est le girl power
00:57:30on a des groupes
00:57:32qui débarquent
00:57:32comme Bikini Kill
00:57:33avec Toby Veil
00:57:35et Kathleen Anna
00:57:36qui ne supportent plus
00:57:36le sexisme
00:57:37qui s'exercent
00:57:38dans leur milieu
00:57:38de prédilection
00:57:39le punk rock
00:57:40assez souvent
00:57:41il y a plusieurs
00:57:42destins de groupes
00:57:43qui ont suivi
00:57:44la même trajectoire
00:57:45ce sont des filles
00:57:47qui lancent d'abord
00:57:47leur fanzine
00:57:48et donc je l'ai mis
00:57:51à gauche
00:57:52le premier fanzine
00:57:53de Bikini Kill
00:57:54avec Girl Power
00:57:55en majuscule
00:57:56sur la couverture
00:57:56mais elles comprennent
00:57:57rapidement
00:57:58que le meilleur moyen
00:57:59de faire passer
00:58:00leur message
00:58:01c'est pas forcément
00:58:01de les faire lire
00:58:02mais de les faire entendre
00:58:03donc c'est aussi
00:58:04ce qui les motive
00:58:05à aller sur scène
00:58:06et à faire de la musique
00:58:07et en octobre 1990
00:58:09elles s'associent
00:58:10avec Billy Karen
00:58:11et Cathy Wilcox
00:58:12pour former
00:58:13le groupe Bikini Kill
00:58:14c'est des chansons
00:58:15il y en a
00:58:16des dizaines d'exemples
00:58:17à citer
00:58:18mais qui sont bien plus
00:58:19dans ce qu'on appelle
00:58:20les petits clins d'oeil
00:58:20si jamais vous étiez là
00:58:21à une conférence précédente
00:58:23sur le female rage
00:58:24donc la rage féminine
00:58:26et là on met vraiment
00:58:27les pieds dans le plat
00:58:28avec les Bikini Kill
00:58:29on a des chansons
00:58:30sur l'inceste
00:58:31sur le viol
00:58:32c'est Archipane
00:58:33qui est très libérateur
00:58:34sur cette slide
00:58:39vous voyez aussi
00:58:39les brades mobiles
00:58:43Alison Wolf
00:58:44et Molly Newman
00:58:45qui ont une trajectoire
00:58:46parallèle à celle
00:58:47de Pikini Kill
00:58:48puisqu'elles lancent
00:58:49d'abord leur fanzine
00:58:50Girl Jams
00:58:51et montent leur groupe
00:58:52brades mobiles
00:58:53aux côtés
00:58:53d'Erin Smith
00:58:54et puis
00:58:54il y a d'autres bands
00:58:56de l'époque
00:58:57donc les Huggy Bear
00:58:58Jack of Jill
00:58:59qui forment le mouvement
00:59:00musical et politique
00:59:01les Riot Girls
00:59:02donc ça c'est peut-être
00:59:03quelque chose
00:59:04qui vous parle le plus
00:59:05Riot Girls
00:59:06donc en référence
00:59:06d'abord
00:59:07à l'expression
00:59:08Girl Riot
00:59:09donc émeute de fille
00:59:10et évidemment
00:59:11au gr
00:59:12qui est l'onomatopée
00:59:13du grognement
00:59:14pour exprimer
00:59:15leur colère
00:59:16un petit peu plus
00:59:18mainstream
00:59:18mais je ne voulais pas
00:59:19qu'on la mette de côté
00:59:20Gwen Stefani
00:59:22dont vous connaissez
00:59:23sans doute
00:59:24le nom
00:59:25et le groupe
00:59:25No Doubt
00:59:26elle à ce moment-là
00:59:29donc évidemment
00:59:30il y a la balade culte
00:59:32Don't Speak
00:59:33mais sur le même album
00:59:34elle signe seule
00:59:35un titre
00:59:37que je considère
00:59:37comme l'un des grands
00:59:39hymnes féministes aussi
00:59:40qui est
00:59:41Just a Girl
00:59:42et qui est le premier titre
00:59:43classé du groupe
00:59:44aux Etats-Unis
00:59:44ce n'est pas
00:59:45Don't Speak
00:59:46et là où justement
00:59:47le texte
00:59:48est très engagé
00:59:51très politique
00:59:51et globalement
00:59:52se résume par le refrain
00:59:53dans lequel elle dit
00:59:54tout ça ça arrive
00:59:56parce que je ne suis
00:59:57qu'une fille
00:59:58et je préférerais
00:59:59ne pas l'être
01:00:00on s'écoute
01:00:01un petit extrait
01:00:03C'est trop frustrant
01:00:32la prochaine fois
01:00:34on fait une version karaoké
01:00:35et donc évidemment
01:00:37dans les années 90
01:00:39il y a
01:00:39ses destins
01:00:40enfin
01:00:41elle par exemple
01:00:42son destin
01:00:44sur cette chanson
01:00:45un peu solo
01:00:46mais on a évidemment
01:00:47d'autres bands
01:00:49qui débarquent
01:00:50après les
01:00:50les punks
01:00:51qui sont
01:00:52les girls bands
01:00:53donc là
01:00:54vous voyez
01:00:55je ne vous ai même pas fait
01:00:56l'offense
01:00:58de les nommer
01:00:59c'est les Space Girls
01:01:01les Destiny's Child
01:01:02et la Fierté Nationale
01:01:03les L5
01:01:04on pourrait
01:01:06on pourrait faire
01:01:07une conférence
01:01:08sur chacune d'elles
01:01:09ce qui m'intéresse
01:01:10c'est
01:01:10cette deuxième partie
01:01:12girl power
01:01:13ou pas
01:01:14parce que
01:01:15justement
01:01:16avec l'arrivée
01:01:17des girls bands
01:01:17on se rend compte
01:01:18que
01:01:18c'est aussi l'invasion
01:01:20du capitalisme
01:01:21par rapport
01:01:22au bikini kill
01:01:22au brat mobile
01:01:23on se dit
01:01:25que cette idée
01:01:26du girl power
01:01:26c'est pas mal
01:01:27que ça rapporte
01:01:28de l'argent
01:01:28et donc
01:01:29on investit beaucoup
01:01:30sur ces bandes
01:01:31de filles
01:01:31avec des produits
01:01:33dérivés
01:01:33moi je me rappelle
01:01:34que j'avais
01:01:34le parfum
01:01:35le déodorant
01:01:36les tout
01:01:37Spice Girls
01:01:38j'étais complètement fan
01:01:39évidemment
01:01:40ce qui est questionné
01:01:41c'est la sincérité
01:01:42qui se cache
01:01:43derrière ce genre
01:01:44de formation
01:01:45on parle aujourd'hui
01:01:46de féminisme
01:01:47washing
01:01:48donc voilà
01:01:48d'utiliser
01:01:49les combats féministes
01:01:50pour faire bien
01:01:51et pour faire vendre
01:01:52moi quand on m'interroge
01:01:54voilà sur la
01:01:55la sincérité
01:01:56du féminisme
01:01:56de groupes
01:01:57comme ceux-là
01:01:58ce qui m'intéresse
01:02:00surtout
01:02:01c'est que ce sont
01:02:01des girls bandes
01:02:03qui ont donné
01:02:03de la force
01:02:04et du pouvoir
01:02:06à des générations
01:02:07et des générations
01:02:07de filles
01:02:08ce qui est intéressant
01:02:09avec les Spice Girls
01:02:11par exemple
01:02:11c'est qu'à l'époque
01:02:12de leur immense succès
01:02:13la BBC surnommait
01:02:15la génération de fans
01:02:16des Spice Girls
01:02:16les Can Do Girls
01:02:18donc les filles
01:02:19qui peuvent
01:02:19et quand elles
01:02:22ont connu
01:02:23leur plus gros
01:02:25stade de succès
01:02:25il y avait une étude
01:02:27qui avait montré
01:02:27que les filles
01:02:28de cette époque
01:02:29avaient obtenu
01:02:29de meilleurs résultats
01:02:30au bac
01:02:31que les garçons
01:02:31et on attribuait
01:02:32ces chiffres-là
01:02:33au succès
01:02:34des Spice Girls
01:02:35donc c'est quand même
01:02:35dire à quel point
01:02:36elles nous ont donné
01:02:37de la force
01:02:37remercions-les
01:02:40ah je vous ai
01:02:42un petit peu spoilé
01:02:42on revient en arrière
01:02:43et donc
01:02:45moi je me suis
01:02:46je me suis amusée
01:02:48là pour le coup
01:02:48dans mon livre
01:02:50à tester
01:02:51justement
01:02:52le niveau
01:02:52de sexisme
01:02:53de ces différents groupes
01:02:54et de ces oeuvres-là
01:02:55et j'ai fait passer
01:02:56le test de Bechdel
01:02:58au Destiny's Child
01:02:59alors je ne sais pas
01:03:00si vous connaissez
01:03:00le test de Bechdel
01:03:02d'Alison Bechdel
01:03:04qui l'a mis en place
01:03:05en 1985
01:03:06et en fait
01:03:07c'est un test
01:03:07qui permet d'évaluer
01:03:08le sexisme
01:03:09d'une oeuvre de fiction
01:03:10alors elle
01:03:11c'est plus par rapport
01:03:12au cinéma
01:03:12mais en se posant
01:03:13trois questions
01:03:14est-ce que dans le film
01:03:16il y a
01:03:16deux personnages féminins
01:03:18enfin plus de deux personnages féminins
01:03:20qui portent des prénoms
01:03:21enfin des noms
01:03:21qui sont nommés
01:03:22est-ce que ces femmes
01:03:23se parlent entre elles
01:03:24et est-ce qu'elles parlent
01:03:26d'autre chose
01:03:26que d'un mec
01:03:27bon alors
01:03:28les deux premiers indicateurs
01:03:30plus de deux personnages féminins
01:03:32et qui ont un nom
01:03:33évidemment
01:03:33donc j'ai gardé le dernier
01:03:35est-ce qu'elles parlent
01:03:36d'autre chose
01:03:37que des hommes
01:03:38dans leur chanson
01:03:39bah donc
01:03:40voilà les résultats
01:03:41de l'enquête
01:03:41sont tombés
01:03:42oui
01:03:44les Destiny's Child
01:03:45sont sexistes
01:03:46puisque
01:03:46en faisant passer
01:03:47le test
01:03:49à leurs 30
01:03:50plus grandes chansons
01:03:51figurez-vous
01:03:52donc il n'y en a qu'une
01:03:53qui passe le test
01:03:54de Bechdel
01:03:54et là c'est assez surprenant
01:03:56parce que
01:03:56celle qui
01:03:57celle qui le passe
01:03:58c'est Survivor
01:03:59on va pas regarder d'extrait
01:04:01mais la plupart du temps
01:04:02les gens sont très surpris
01:04:03et je l'ai été la première
01:04:04parce que
01:04:05c'est une chanson
01:04:05c'est l'une de leurs plus connues
01:04:07mais où en gros
01:04:08elle dit
01:04:08bah
01:04:08je suis une Survivor
01:04:10je vais
01:04:11je vais m'en sortir
01:04:12sans toi
01:04:12ça va mieux aller
01:04:13et on a toutes
01:04:14et tous eu l'impression
01:04:15qu'elle parlait d'un ex
01:04:16et qu'elle lui disait
01:04:17bah voilà
01:04:17tu m'as laissé
01:04:18et je vais m'en remettre
01:04:19et en fait pas du tout
01:04:20c'était une chanson
01:04:21que Beyoncé écrit
01:04:22quand d'anciennes membres
01:04:24du groupe
01:04:25sont parties
01:04:26et en fait
01:04:26dans la presse
01:04:27aux Etats-Unis
01:04:27on se moquait d'elle
01:04:29justement
01:04:29en parlant
01:04:30de l'émission
01:04:30de télé-réalité Survivor
01:04:32qui nous a donné
01:04:33Koh-Lanta chez nous
01:04:34et donc on disait
01:04:35chez les Destiny's Child
01:04:36on se croirait
01:04:37dans Survivor
01:04:37parce qu'il y a des membres
01:04:38qui sont éliminés
01:04:39de la tribu
01:04:40et la sentence
01:04:41est irrévocable
01:04:42il n'y avait pas
01:04:42Denis Brouillard à l'époque
01:04:43mais ça donnait
01:04:44quelque chose comme ça
01:04:45nous arrivons
01:04:50déjà
01:04:51à l'avènement
01:04:52de la chanson féministe
01:04:53donc des années 2010
01:04:55à nos jours
01:04:56c'est vrai que
01:04:57dans mon livre
01:04:58les Destiny's Child
01:04:59en prennent pour leur grade
01:05:00mais je les aime beaucoup
01:05:01évidemment
01:05:04dans les années 2010
01:05:05c'est Beyoncé
01:05:06sans doute
01:05:07l'une des premières
01:05:08qui s'impose
01:05:08comme une grande figure
01:05:09contemporaine
01:05:10féministe
01:05:11et antiraciste
01:05:12elle devient
01:05:14vraiment dans les années 2010
01:05:16une icône féministe
01:05:18déclarée
01:05:19en 2013
01:05:20elle sort son album
01:05:21Flawless
01:05:22et justement
01:05:23durant sa tournée
01:05:24on retrouve ce mot
01:05:26féministe
01:05:27en gigantesque
01:05:28derrière elle
01:05:28et en fait
01:05:29c'est quasiment
01:05:30une première
01:05:31et évidemment
01:05:32alors elle
01:05:33elle est accusée
01:05:33de ne pas être sincère
01:05:34c'est un féminisme
01:05:35en plus
01:05:36très américain
01:05:37où globalement
01:05:38elle dit qu'elle paye
01:05:39elle-même ses diamants
01:05:39et tout
01:05:40donc c'est quelque chose
01:05:41de très matérialiste
01:05:42mais mine de rien
01:05:43sur scène
01:05:45et sur son album
01:05:45en 2013
01:05:46elle fait entendre
01:05:47la voix
01:05:47de l'écrivaine nigériane
01:05:49Shimamanda Ngozi Adichie
01:05:51qui a écrit
01:05:52enfin
01:05:52elle reprend le discours
01:05:54nous sommes tous
01:05:55des féministes
01:05:56et ce n'est pas rien
01:05:57c'est à dire que vraiment
01:05:58quelques années avant
01:05:59MeToo
01:05:59elle popularise
01:06:01et elle rend mainstream
01:06:02le concept même
01:06:03du féminisme
01:06:03et pour les nouvelles générations
01:06:04ça a vraiment
01:06:06changé la donne
01:06:06alors là je vous ai fait
01:06:11une toute petite sélection
01:06:13mais ce qui est sûr
01:06:14c'est ce dont on peut
01:06:15se réjouir
01:06:16c'est que depuis
01:06:16une grosse dizaine d'années
01:06:17on a de plus en plus
01:06:18d'artistes qui sont engagés
01:06:19aussi grâce
01:06:21entre guillemets
01:06:22à l'élan MeToo
01:06:23donc on est en pleine
01:06:25quatrième vague
01:06:26du féminisme
01:06:27et là notamment
01:06:28vous voyez
01:06:29je vous laisse les découvrir
01:06:31mais c'est vrai que
01:06:32assez récemment
01:06:33on a une chanteuse
01:06:34comme Suzanne
01:06:35qui a écrit une chanson
01:06:35qui s'appelle
01:06:36Je t'accuse
01:06:37où on ne peut pas être
01:06:38plus explicite
01:06:40justement sur les revendications
01:06:42et la mise en lumière
01:06:43du problème
01:06:44des violences sexuelles
01:06:45et puis là actuellement
01:06:47on a une artiste
01:06:48comme Théodora
01:06:49donc à gauche
01:06:50qui est une franco-congolaise
01:06:52de 22 ans
01:06:53et qui s'impose vraiment
01:06:54comme une grosse star
01:06:55actuelle de la musique
01:06:57et qui elle a tout un
01:06:58a créé toute sa direction artistique
01:07:01autour de l'expression
01:07:02boss lady
01:07:02donc c'est vraiment en fait
01:07:04des femmes là
01:07:04qui sont là
01:07:05et qui n'ont plus
01:07:06l'intention de bouger
01:07:06et surtout
01:07:07ce qui est différent
01:07:08par rapport à
01:07:09la plupart des artistes
01:07:11féminines avant elles
01:07:11c'est qu'aujourd'hui
01:07:12elles sont aux manettes
01:07:13de leur carrière
01:07:14c'est elles
01:07:14peut-être qu'elles n'écrivent
01:07:16pas toutes seules
01:07:17mais en tout cas
01:07:17elles écrivent
01:07:18elles composent
01:07:18elles produisent
01:07:19c'est elles qui décident
01:07:21comment elles s'habillent
01:07:22on n'est plus du tout
01:07:23sur des modèles
01:07:24à la Lio
01:07:25dans les années 80
01:07:26où on leur dictait
01:07:27que dire
01:07:29et quoi faire
01:07:29on peut donc
01:07:31avoir l'impression
01:07:32qu'aujourd'hui
01:07:33beaucoup de femmes
01:07:34sont là
01:07:35qu'on les entend
01:07:36beaucoup à la radio
01:07:37que les choses
01:07:38ont changé
01:07:38que les fleurs
01:07:39ont fané
01:07:40pardon
01:07:40pour ma petite
01:07:41c'était pas écrit
01:07:42je viens de l'improviser
01:07:43j'ai honte
01:07:44mais est-ce que
01:07:45c'est vraiment le cas
01:07:46je suis désolée
01:07:47parce que
01:07:48donc là
01:07:48c'est un petit peu
01:07:49tristoune
01:07:50parce que j'aurais aimé
01:07:51vous dire que
01:07:51les choses ont changé
01:07:52mais pas du tout
01:07:54malheureusement
01:07:55là très récemment
01:07:57il y a eu
01:07:58donc ce classement
01:07:59du syndicat national
01:08:00de l'édition phonographique
01:08:01qui est paru
01:08:02le classement
01:08:03des 100 chansons
01:08:04les plus écoutées
01:08:05l'année dernière
01:08:05donc en 2024
01:08:06j'arrive
01:08:11et donc
01:08:13sur les 100 chansons
01:08:15les plus écoutées
01:08:16il y en a encore
01:08:1677 qui sont
01:08:19interprétées
01:08:20par des hommes
01:08:216 qui sont interprétées
01:08:23par un homme
01:08:24et une femme
01:08:24et donc seulement
01:08:2617 sur 100
01:08:28qui sont interprétées
01:08:29par des femmes seules
01:08:30d'autres chiffres
01:08:34qui sont importants
01:08:36ce sont les derniers chiffres
01:08:37dont on dispose
01:08:38donc directement
01:08:38du ministère de la culture
01:08:39seulement 14%
01:08:41de femmes programmées
01:08:42dans les festivals
01:08:42de musique actuelles
01:08:44et 22% de femmes programmées
01:08:46dans les festivals
01:08:47de musique classique
01:08:48évidemment
01:08:48si vous voulez
01:08:49aller plus loin
01:08:50il y a d'autres chiffres
01:08:51dans mon livre
01:08:52mais en ligne
01:08:53très accessible
01:08:54vous verrez
01:08:54que c'est
01:08:55on est encore
01:08:56très très loin
01:08:57de la parité
01:08:58en fait là
01:08:58les festivals
01:08:59musique actuelle
01:09:00musique classique
01:09:01voilà
01:09:01il y a un petit écart
01:09:02mais globalement
01:09:03la moyenne
01:09:04c'est 20%
01:09:05de la présence féminine
01:09:06des femmes
01:09:07en festival
01:09:08de musique
01:09:09tout genre
01:09:10confondu
01:09:10et donc
01:09:13et donc
01:09:13au 1er janvier 2024
01:09:15l'observatoire
01:09:16de l'égalité
01:09:17entre femmes
01:09:17et hommes
01:09:17dans la culture
01:09:18observait
01:09:19les femmes
01:09:20sont minoritaires
01:09:21au poste
01:09:22de direction
01:09:22des structures
01:09:23de la création
01:09:23artistique
01:09:24soutenue
01:09:25par le ministère
01:09:26de la culture
01:09:26c'est moi
01:09:27qui ajoute
01:09:28en d'autres termes
01:09:29le combat
01:09:29est encore long
01:09:30parce que
01:09:30évidemment
01:09:31là
01:09:31je me suis concentrée
01:09:33sur les interprètes
01:09:34mais ce qui va permettre
01:09:36aussi de faire évoluer
01:09:37cette industrie
01:09:38c'est que les femmes
01:09:39se retrouvent
01:09:40et ça vaut
01:09:40évidemment dans le cinéma
01:09:41là on parle de la musique
01:09:42mais dans tous les domaines
01:09:43artistiques
01:09:44que les femmes soient aussi
01:09:45dans les postes de direction
01:09:46les postes de pouvoir
01:09:48et puissent faire directement
01:09:50bouger les lignes
01:09:51on s'est concentré
01:09:55là durant
01:09:56durant cette présentation
01:09:57sur les choses
01:09:58évidemment
01:09:58impositives
01:10:00et lumineuses
01:10:01mais
01:10:01j'ai pas voulu
01:10:03trop rentrer
01:10:03dans les détails
01:10:04à chaque fois
01:10:04qu'on parlait
01:10:05des destins
01:10:05des différents artistes
01:10:06mais évidemment
01:10:07ce qui aujourd'hui
01:10:09bouge
01:10:10et c'est tant mieux
01:10:11c'est toute la vague
01:10:12Me Too
01:10:14donc la quatrième vague
01:10:16féministe
01:10:16et donc Music Too
01:10:18qui existe
01:10:19qui est un mouvement
01:10:20qui a été créé
01:10:21en 2020
01:10:21par Rose Lamy
01:10:22et Jean-Michel Aubry
01:10:23Journet
01:10:24mais ce que nous observons
01:10:26et puis il y a eu
01:10:27cette année aussi
01:10:28une commission
01:10:29à l'Assemblée nationale
01:10:30où beaucoup
01:10:31beaucoup d'acteurs
01:10:32et actrices
01:10:32du milieu
01:10:33de la musique
01:10:34se sont exprimées
01:10:36dont Flore Belguégui
01:10:38d'ailleurs
01:10:38qui signe la préface
01:10:39de Nimus Nigro
01:10:40ce que nous observons
01:10:43c'est que
01:10:43comparé au Me Too
01:10:45du cinéma
01:10:46là actuellement
01:10:47je ne sais pas
01:10:47si vous avez vu
01:10:48le Me Too
01:10:48dans la bande dessinée
01:10:50enfin voilà
01:10:51différents secteurs artistiques
01:10:53et bien
01:10:53dans la musique
01:10:54on peine encore
01:10:55à avoir
01:10:56un vrai effet
01:10:57Music Too
01:10:58il y a encore
01:10:59une sacrée omerta
01:11:00beaucoup d'impunité
01:11:01des artistes
01:11:03dont tout le monde sait
01:11:04dont les journalistes
01:11:05moi
01:11:05enfin pas moi la première
01:11:07mais bon
01:11:07tout le monde sait
01:11:08qu'ils sont des agresseurs
01:11:09sexuels
01:11:09et qui pourtant
01:11:10se produisent en concert
01:11:12sont invités
01:11:12en prime time
01:11:13à la télévision
01:11:14on entend encore beaucoup
01:11:15moi j'en ai fait
01:11:16l'expérience
01:11:17plusieurs fois
01:11:18dans des tables rondes
01:11:19voilà
01:11:19qu'il faut séparer
01:11:20tous ces grands artistes
01:11:21des hommes
01:11:23etc
01:11:23donc voilà
01:11:25je laisse à chacun
01:11:26et chacune
01:11:26l'appréciation
01:11:27du pourquoi
01:11:28est-ce que c'est plus lent
01:11:28dans la musique
01:11:29moi j'ai vraiment
01:11:31le sentiment
01:11:31que plus encore
01:11:32que tous les autres arts
01:11:33c'est celui
01:11:34qui nous accompagne
01:11:35potentiellement
01:11:36du matin au soir
01:11:37et celui avec lequel
01:11:37on crée le plus d'affect
01:11:39donc c'est très difficile
01:11:40de renoncer
01:11:41à écouter telle ou telle chanson
01:11:42je voudrais dire
01:11:44enfin voilà
01:11:44avant de clore
01:11:46de clore ma prise de parole
01:11:48que
01:11:49évidemment
01:11:49quand on pointe du doigt
01:11:51une chanson
01:11:51comme celle de
01:11:52de Michel Sardou
01:11:54ou celle de
01:11:54Cookie Lingler
01:11:55quoique à peine
01:11:56moi je n'appelle pas du tout
01:11:58à la cancel culture
01:11:59vis-à-vis de ces
01:12:00vis-à-vis de ces chansons
01:12:01il y a une formule
01:12:02que j'utilise
01:12:03dans mon travail
01:12:04et aussi avec
01:12:04Désirer la violence
01:12:05qui est la contexte culture
01:12:07donc remettre
01:12:08ces oeuvres
01:12:09dans leur contexte
01:12:10d'époque
01:12:11notamment
01:12:11maintenant évidemment
01:12:13je fais la différence
01:12:14entre
01:12:15des chansons sexistes
01:12:16et des chansons
01:12:17qui sont interprétées
01:12:18par des hommes
01:12:19coupables
01:12:20d'agression sexuelle
01:12:21et de viol
01:12:21ou de féminicide
01:12:23je pense évidemment
01:12:25à Bertrand Cantat
01:12:26et je pense que
01:12:27dans ces cas-là
01:12:28précis
01:12:29oui appeler au boycott
01:12:31ça ne me semble pas
01:12:32délirant
01:12:33on peut choisir
01:12:33de ne plus écouter
01:12:34ces hommes-là
01:12:35personnellement
01:12:37moi j'en suis dégoûtée
01:12:37je n'arrive plus du tout
01:12:39à écouter
01:12:39Noir Désir
01:12:40mais donc
01:12:41voilà
01:12:41j'espère au moins
01:12:42que mon travail
01:12:44permet de se rendre compte
01:12:45qu'il y a tellement
01:12:46tellement de femmes
01:12:47talentueuses
01:12:47que c'est pas bien grave
01:12:48si on cesse d'écouter
01:12:50Bertrand Cantat
01:12:51ou pourquoi pas
01:12:51Michael Jackson
01:12:52mais n'ouvrons pas
01:12:53ce chapitre-là
01:12:54donc voilà
01:12:55ce qu'il y a
01:12:56avec les artistes
01:12:57d'aujourd'hui
01:12:58en tout cas
01:12:58parce que
01:12:59oui pardon
01:13:00dans Ni Muse Ni Groupie
01:13:01vous trouverez
01:13:01une vingtaine
01:13:02d'entretiens inédits
01:13:03avec des artistes
01:13:05de toute génération
01:13:06confondus
01:13:07genres musicaux
01:13:08confondus
01:13:08et même
01:13:09niveau de notoriété
01:13:10que j'ai interviewé
01:13:12justement
01:13:12en leur demandant
01:13:13quel est leur ressenti
01:13:15par rapport au sexisme
01:13:16dans l'industrie musicale
01:13:18et il est clair
01:13:19que la grande différence
01:13:20aujourd'hui
01:13:20c'est que les femmes
01:13:21artistes
01:13:22s'expriment
01:13:23et sont plus lucides
01:13:23sur les mécaniques
01:13:24patriarcales
01:13:25et notamment aussi
01:13:26sur la rivalité
01:13:27entre artistes
01:13:28parce que c'est pas
01:13:29quelque chose
01:13:29là que j'ai évoqué
01:13:30mais c'est assez
01:13:32traditionnel
01:13:33de monter les femmes
01:13:34artistes
01:13:34les unes contre les autres
01:13:37ou de nous faire choisir
01:13:38par exemple
01:13:38est-ce que tu préfères
01:13:40Beyoncé
01:13:41ou Rihanna
01:13:42est-ce que tu es plutôt
01:13:43l'une ou l'autre
01:13:44ou bien surtout
01:13:45de présenter une artiste
01:13:47comme la nouvelle
01:13:48il faut être
01:13:48la nouvelle Madonna
01:13:49la nouvelle Angèle
01:13:50et ça aussi
01:13:51ce sont des mécanismes
01:13:52qui sont très vicieux
01:13:53et qu'on ne trouve pas
01:13:54du côté
01:13:55des artistes masculins
01:13:56quelle solution donc
01:13:58en tout cas
01:13:59quand on est une artiste
01:14:00ou même nous
01:14:01dans nos vies quotidiennes
01:14:02et bien l'une des solutions
01:14:03que les artistes
01:14:04évoquent beaucoup
01:14:04c'est la sororité
01:14:06justement
01:14:07pour ne plus se mettre
01:14:08les unes contre les autres
01:14:09et pour avancer
01:14:10un peu plus sereinement
01:14:12dans notre société
01:14:13et dans cette industrie musicale
01:14:16infiniment sexiste
01:14:17donc pour finir
01:14:18je voudrais vous faire écouter
01:14:21cette fois en intégralité
01:14:22une chanson
01:14:23qui est parmi l'une
01:14:24de mes préférées
01:14:25d'Anne Sylvestre
01:14:26qui s'appelle
01:14:26Frangine
01:14:27parce qu'on ne l'a pas écoutée
01:14:28plus tôt
01:14:29et je suis sûre
01:14:30que vous étiez frustrées
01:14:31qu'on n'écoute pas
01:14:32Anne Sylvestre
01:14:32parce que
01:14:33si vous ne la connaissez pas
01:14:35et qu'il faut retenir
01:14:36juste une artiste ce soir
01:14:37je vous demande
01:14:38en devoir
01:14:39pour la prochaine fois
01:14:40d'avoir écouté
01:14:41Anne Sylvestre
01:14:42donc si vous voulez bien
01:14:44écoutons
01:14:45Frangine
01:14:46d'Anne Sylvestre
01:14:47Ce fut à l'école déjà
01:14:49qu'on fit de nous
01:14:51des concurrentes
01:14:52on se regardait
01:14:53chien et chat
01:14:54on détestait
01:14:55les redoublantes
01:14:56souffre douleur
01:14:57ou bien faillote
01:14:58on se poussait
01:14:59toujours plus haut
01:15:00on s'arrachait
01:15:01les bonnes notes
01:15:03on pleurait
01:15:04devant le tableau
01:15:05on aurait pu rester
01:15:07Frangine
01:15:10ça nous aurait gagné
01:15:12du temps
01:15:13au coup d'à-coup
01:15:14j'imagine
01:15:15il n'aurait pas
01:15:16fallu longtemps
01:15:17pour qu'on soit
01:15:18toutes aussi bonnes
01:15:20malgré les pionnes
01:15:22et les parents
01:15:24ensuite en face
01:15:30des garçons
01:15:31commença la grande offensive
01:15:33on se fabriquait
01:15:34des façons
01:15:35des rendez-vous
01:15:36sur l'autre rive
01:15:38les grandes brinques
01:15:39ou blanches neiges
01:15:40c'était à qui
01:15:41qui amènerait
01:15:42tous les boutonneux
01:15:43du collège
01:15:44à l'accompagner
01:15:45sur lequel
01:15:46on aurait pu rester
01:15:49Frangine
01:15:51ça nous aurait gagné
01:15:54du temps
01:15:54bras dessus dessous
01:15:56j'imagine
01:15:57qu'on aurait
01:15:57de ses débutants
01:15:59avant que la vie
01:16:00les assomme
01:16:01pu faire des hommes
01:16:04pas des enfants
01:16:06un peu plus tard
01:16:11c'est la beauté
01:16:12qu'on nous érige
01:16:14en barrière
01:16:15on se retrouvait
01:16:16insultés
01:16:17si on n'était
01:16:18pas la première
01:16:19nos amitiés
01:16:20faisaient sourire
01:16:21fallait nous crêper
01:16:22le chignon
01:16:23et tout ce qu'on
01:16:24pouvait se dire
01:16:25n'était que
01:16:26fadaise
01:16:27au chiffon
01:16:28on aurait pu rester
01:16:30Frangine
01:16:33ça nous aurait gagné
01:16:35du temps
01:16:36main sur l'épaule
01:16:37j'imagine
01:16:38qu'on aurait pu
01:16:39se regarder
01:16:40voir qu'on était
01:16:41toutes assez belles
01:16:43et même celles
01:16:45qui ont pas
01:16:46le temps
01:16:48c'est tout pareil
01:16:53dans nos métiers
01:16:54on nous oppose
01:16:55et on nous monte
01:16:56en épingle
01:16:57pour mieux montrer
01:16:58qu'on se trouve
01:16:59en dehors du compte
01:17:01pour peu qu'on dépasse
01:17:02la tête
01:17:03on est toujours
01:17:04une exception
01:17:05chacune sur notre planète
01:17:07ce qu'on a pu
01:17:08tourner en rond
01:17:10si on se retrouvait
01:17:13Frangine
01:17:15on aurait pas perdu
01:17:17son temps
01:17:18unissant nos voix
01:17:19j'imagine
01:17:20qu'on en dirait
01:17:21vingt fois autant
01:17:22et qu'on ferait
01:17:23changer les choses
01:17:25et je suppose
01:17:27aussi les gens
01:17:29et qu'on ferait
01:17:30changer les choses
01:17:32allez
01:17:32on ose
01:17:34il est
01:17:35grand temps
01:17:36je vous ai réécrit
01:17:45le dernier couplet
01:17:46c'est fou
01:17:48parce que je l'écoute
01:17:49très souvent
01:17:49et je peux pleurer
01:17:50qu'on va lire
01:17:51unissant nos voix
01:17:53j'imagine
01:17:53qu'on en dirait
01:17:54vingt fois autant
01:17:55et qu'on ferait
01:17:56changer les choses
01:17:57et je suppose
01:17:57aussi les gens
01:17:58et qu'on ferait
01:17:59changer les choses
01:18:00allez on ose
01:18:01il est grand temps
01:18:02et voilà
01:18:03je me disais
01:18:04si jamais dans la salle
01:18:05il y a des filles
01:18:06des jeunes filles
01:18:07ou des moins jeunes filles
01:18:08qui veulent faire
01:18:09de la musique
01:18:10écrire
01:18:11chanter
01:18:11composer
01:18:12et je voulais finir
01:18:13sur cette phrase
01:18:15allez on ose
01:18:16il est grand temps
01:18:16merci
01:18:17Applaudissements
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