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00:007h-9h, Europe 1 matin.
00:02L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézé.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:08Alors bonne nouvelle, hier l'augmentation de la taxe foncière a été suspendue par Matignon.
00:12Mauvaise nouvelle, en revanche les socialistes proposent d'imposer aux riches un emprunt forcé.
00:17Et Sébastien Lecornu ne dit pas non.
00:19Alors que vous inspire ce curieux chassé-croisé fiscal ?
00:22Eh bien que notre malheureux Premier ministre n'est décidément pas sorti du piège fiscal
00:28dans lequel il s'est lui-même fourré.
00:30Parce qu'il est pris la main dans le sac d'une augmentation d'impôts sournoisement ourdie
00:35par les technocrates de Bercy,
00:37et face au tollé que cette affaire à 4 mois des élections municipales
00:41était en train de susciter dans l'opinion et chez les élus locaux,
00:44Sébastien Lecornu renonce provisoirement à 500 petits millions d'euros de recettes
00:50que la Direction Générale des Finances Publiques espérait gratter.
00:53Fort bien.
00:54Mais parce que les socialistes, toujours pas remis de l'échec de la taxe Zuckmann,
00:59que le RN, une fois que n'est pas coutume, n'a pas voulu voter,
01:03parce que les socialistes exigent toujours une mesure symbolique
01:06dirigée contre les riches ou prétendus tels,
01:09le même Sébastien Lecornu, s'il ne dit pas franchement oui,
01:13envisage avec bienveillance l'emprunt obligatoire
01:18imaginé par le sénateur PS Patrick Cannaire et par le député Olivier Faure
01:23pour faire rentrer 5 à 6 milliards dans les caisses de l'État.
01:27Cherchez l'erreur.
01:29On ne peut peut-être pas tout à fait comparer un emprunt et un impôt, Alexis.
01:34Oui, enfin, quand on fait les poches des gens en prétendant les rembourser
01:38quelques années plus tard sans le moindre intérêt,
01:40tout ça pour payer les dettes d'un État incapable de faire la moindre économie,
01:44ça ressemble tout de même furieusement à de l'impôt.
01:47La première fois qu'on a eu recours à cet expédient dans l'histoire de France,
01:52c'était en 1793 sous la Convention.
01:55La dernière fois, c'était sous Pierre Moroy,
01:57à la folle époque du métérandisme commençant.
02:00C'est tout dire.
02:01Mais alors pourquoi Sébastien Lecornu se prête-t-il à cette manœuvre socialiste d'après vous ?
02:05Alors c'est vrai que ça peut sembler curieux,
02:06parce que Sébastien Lecornu n'est en rien un homme de gauche.
02:10C'est un élu de droite, une droite modérée, provinciale, enracinée,
02:13qui a choisi le macronisme parce que la droite partisane était un champ de ruines,
02:18mais enfin qu'on n'a jamais soupçonné de la moindre complaisance idéologique avec le socialisme.
02:22D'ailleurs, au lendemain de sa nomination,
02:25il jurait ses grands dieux que jamais il ne toucherait par exemple à la réforme des retraites,
02:30que c'était la ligne rouge absolue,
02:32et qu'il préférerait partir plutôt que de consentir à cette folie.
02:37Mais ça, c'était au début.
02:39Très vite, parce qu'Emmanuel Macron, et ça c'était le contrat,
02:42lui a demandé de rechercher un accord avec le PS,
02:45Sébastien Lecornu s'est engagé dans un jeu de plus en plus dangereux,
02:49de compromis, puis de compromissions.
02:52Et le plus beau, c'est que de fil en aiguille,
02:55il a fini par se persuader qu'il était dans le vrai.
02:59C'est un état classique, c'est le syndrome du pont de la rivière Kouaï.
03:03Vous connaissez l'histoire du pont de la rivière Kouaï ?
03:06Un officier anglais, prisonnier des Japonais,
03:09fait construire un pont à ses hommes, sur ordre de ses geôliers.
03:13Au début, il s'exécute de mauvaise grâce.
03:16Et puis, de jour en jour, il prend l'affaire à cœur,
03:19considère les effets positifs de cette construction sur la cohésion de ses troupes,
03:23et finit par défendre son pont, qui est en fait celui des Japonais,
03:27contre l'assaut d'un commando britannique.
03:30Eh bien, Sébastien Lecornu, c'est un peu la même chose.
03:32Au début, il oubliait une contrainte.
03:35Il faut parler avec les socialistes pour préserver la stabilité du gouvernement.
03:40Et puis, il voit la contrainte comme une nécessité.
03:43On ne peut pas faire autrement.
03:45Et enfin, il fait de nécessité vertu.
03:48La stabilité est un bien en soi,
03:51pour lequel il faut être prêt à tout sacrifier.
03:54Et c'est ainsi qu'aujourd'hui, le moine soldat Lecornu
03:58met son honneur dans le sacrifice de ses propres convictions.
04:03On n'aurait tort de n'y voir que du cynisme.
04:05Il y a de la tragédie intime dans cette obsession de la stabilité.
04:10Mais à la fin, ne l'oublions pas,
04:13le pont de la rivière Kouaï finit par sauter.
04:15On vous a mis la musique, Alexis,
04:20pour illustrer votre syndrome du pont de la rivière Kouaï.
04:26C'est étonnant quand même.
04:27Vous savez que le film va bientôt fêter son anniversaire ?
04:29Il est sorti le 20 décembre 1957 en France.
04:31Il y a 68 ans bientôt.
04:33Sous-titrage Société Radio-Canada
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