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00:00C'est l'heure du journal de l'Afrique. Soyez les bienvenus sur France 24.
00:04Alain, ce soir, Washington qui hausse le ton contre les belligérants au Soudan.
00:08L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Masahad Boulos, a exhorté les partis en guerre à accepter sans condition une proposition internationale de cesser le feu.
00:19Les FSR, les forces de soutien rapide, ont accepté hier une trêve de trois mois. La correspondance régionale dans un instant.
00:26La journée internationale contre les violences faites aux femmes en Tunisie.
00:31La date coïncide avec la reprise des activités de l'association féministe historique Les Femmes Démocrates Tunisiennes.
00:38Elles ont pu prendre la parole ce mardi.
00:40Et nous, nous donnons la parole à Ramla Dahmani, sœur de Sonia Dahmani, avocate détenue depuis plus d'un an en Tunisie.
00:49Son visage, sa voix, son humour grinçant ont égayé des générations entières d'Algériens.
00:56L'actrice Biyouna est décédée ce mardi à Alger à l'âge de 73 ans.
01:00On reviendra sur sa carrière à la fin de ce journal.
01:03Au Soudan, les forces de soutien rapide ont annoncé hier une trêve humanitaire unilatérale de trois mois.
01:14Une annonce alors que les États-Unis, l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis font pression pour organiser des négociations.
01:22Washington exige même un cessez-le-feu sans préalable.
01:25Les précisions de notre correspondant régional, Bastien Renouille.
01:28L'objectif de cette trêve est de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire vers les populations les plus touchées par ce conflit.
01:35Et puis c'est également de permettre des négociations entre les forces de soutien rapide et l'armée.
01:39Des négociations qui devraient à terme aboutir à un cessez-le-feu permanent.
01:42Mais voilà, il y a peu de chances que cette trêve voie réellement le jour et ce pour plusieurs raisons.
01:46Tout d'abord, les forces de soutien rapide ont déjà annoncé dans le passé des cessez-le-feu qu'elles n'ont jamais mis en place.
01:52Ensuite, les forces de soutien rapide sont responsables de très nombreuses exactions contre les civils,
01:57notamment dans la région du Darfour où elles empêchent l'aide humanitaire d'arriver à destination de ces civils.
02:02Pourquoi changerait-elle de mode d'action du jour au lendemain ? C'est impossible à expliquer.
02:06Et puis enfin, pour qu'une trêve puisse voir le jour, il faut que les deux parties soient d'accord.
02:10Or, les forces de soutien rapide, avant de l'accepter, savaient très bien que l'armée s'y refuserait.
02:15Elle a une condition principale pour pouvoir accepter une trêve et entamer des négociations,
02:21que les forces de soutien rapide se retirent des zones qu'elles ont capturées depuis la signature des accords de Jeddah.
02:27C'était il y a près de deux ans maintenant.
02:30Or, cela signifierait pour les forces de soutien rapide d'abandonner ces positions,
02:34notamment dans la région du Darfour.
02:35C'est inimaginable alors qu'il s'agit de leur place forte au Soudan.
02:40En réalité, si les forces de soutien rapide ont annoncé cette trêve humanitaire, c'est un effort de communication.
02:46Elle vise à montrer aux Etats-Unis qu'elles sont prêtes à faire des efforts.
02:49Les Etats-Unis qui s'impliquent ces derniers jours de plus en plus dans le conflit au Soudan
02:53et qui essayent d'avoir une position de médiateur, ce que les forces armées soudanaises refusent absolument.
03:00En bref, au Nigeria, 24 lycéennes catholiques enlevées par des hommes armés le 17 novembre dernier
03:05dans un internat du nord-ouest du pays ont retrouvé la liberté.
03:0950 élèves avaient réussi à s'échapper de leur ravisseur hier.
03:14Au total, 315 élèves et enseignants avaient été enlevés.
03:19On en vient à la campagne internationale contre les violences faites aux femmes.
03:23En Tunisie, elle coïncide avec la reprise des activités de l'Association tunisienne des femmes démocrates.
03:29Cette association féministe historique qui existe depuis 36 ans
03:33avait été suspendue par les autorités fin octobre.
03:36La correspondance à Tunis de Lilia Blaise.
03:39C'est avec soulagement et détermination que l'Association tunisienne des femmes démocrates
03:44a pu donner sa conférence de presse ce mardi, après un mois de suspension par les autorités.
03:50Un soulagement parce qu'elles vont pouvoir aussi reprendre leur activité principale,
03:54à savoir l'assistance et l'aide aux femmes victimes de violences,
03:58dont beaucoup ont subi l'impact de cette suspension d'un mois.
04:01Et détermination aussi à dénoncer ce qu'elles estimaient être une décision politique d'avoir suspendu leurs activités.
04:07La loi nous permet de reprendre les activités à la fin des délais, 30 jours.
04:15Donc, ceci dit, la décision n'est pas du tout judiciaire.
04:19C'est une décision politique sous couverture judiciaire.
04:22Aujourd'hui, notre message est clair.
04:24Même si vous avez un jugement de suspension de nos activités,
04:28notre solidarité n'est pas suspendue.
04:33À la suite de cette suspension,
04:35nos quatre centres d'écoute et d'orientation à Tunis,
04:38Spax, Sousse et Kérouan ont dû être fermés.
04:41Et donc, pendant un mois, plusieurs femmes n'ont pas pu être aidées.
04:44On parle d'environ une centaine de femmes.
04:47Donc, nous demandons au ministère de la Femme et de la Famille,
04:49qui est aussi en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes,
04:52que sont devenues ces victimes.
04:55L'Association tunisienne des femmes démocrates
04:57a profité de cette journée internationale
04:59de lutte pour l'élimination de toute forme de violence à l'égard des femmes
05:02pour rappeler le sort des femmes emprisonnées,
05:06notamment une dizaine de militantes de la société civile
05:09et du monde politique, dont elles appellent à la libération.
05:13Les femmes démocrates organisent également une manifestation
05:15le 29 novembre prochain,
05:17une manifestation pacifique pour défendre les droits des femmes.
05:20Toujours en Tunisie, je vous le disais hier,
05:23les cinq travailleurs humanitaires jugés pour avoir facilité
05:26l'entrée illégale de migrants ont été condamnés
05:28à des peines plus légères que prévues.
05:31Certains ont même été acquittés selon des sources judiciaires.
05:34Qu'en est-il des femmes détenues politiques,
05:38députées, membres associatifs, présidentes de partis ou avocates ?
05:42Elles sont nombreuses à avoir été jugées et condamnées
05:44pour avoir critiqué le régime de Kay Saed.
05:47C'est le cas de Sonia Dahmani, avocate en prison depuis plus d'un an.
05:51Une audience de l'un de ses procès est prévue ce vendredi.
05:55Sa soeur Ramla se bat pour sa libération.
05:59On a le plaisir de l'accueillir ce soir.
06:00Bonsoir, merci d'être avec nous sur ce plateau.
06:03Alors la première question qu'on vous pose évidemment,
06:06c'est comment va Sonia Dahmani ce soir ?
06:08Bonsoir, merci de me recevoir.
06:10Sonia, elle tient le coup.
06:13Physiquement, on vient de voir une photo,
06:16on voit que physiquement elle a été très touchée par son incarcération.
06:25Mais comme je le répète souvent, cette femme est une force de la nature.
06:29Il n'arrive pas à détruire ni son moral, ni son psychique,
06:34quoi qu'ils essayent pourtant.
06:36Alors, ce n'est pas la première fois qu'on vous reçoit sur ce plateau
06:39dans le journal de l'Afrique.
06:40Et je me souviens que la première fois qu'on vous avait reçue ici,
06:43je vous avais posé la question sur ses conditions de détention.
06:46Et vous m'aviez raconté qu'elle n'avait pas les mêmes droits
06:49en tant que femme détenue qu'un homme détenu.
06:52Quelles sont ses conditions aujourd'hui de détention ?
06:54Tout à fait, parce qu'être une femme prisonnière politique en Tunisie,
07:00c'est la double peine.
07:01On vous arrête pour votre opinion, pour votre activité,
07:05pour le fait que vous ne soyez pas d'accord avec le régime en place.
07:11Et une fois que vous êtes en prison, on vous punit aussi
07:14parce que vous êtes une femme.
07:16Une femme en Tunisie, par exemple, dans les prisons tunisiennes,
07:20n'a pas le droit de montrer son corps.
07:22On efface la femme, on efface ce qu'elle est.
07:24C'est-à-dire qu'elle doit être couverte 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
07:29Même quand elle dort, elle n'a pas le droit de montrer ses bras, ses jambes.
07:33Elle doit être entièrement couverte.
07:35Quand elle se rend au tribunal, elle doit être couverte d'un safsari,
07:39ce voile blanc qui couvre le corps comme si le corps était une insulte.
07:43On ne parle pas du fait que ces femmes n'ont évidemment pas le droit
07:49à toute l'hygiène féminine, que ce soit se coiffer, se maquiller, s'épiler,
07:56se regarder dans un miroir.
07:57Les miroirs sont interdits.
07:59Les hommes, eux, par contre, ont le droit de se raser,
08:02ont le droit de mettre un costume pour aller au tribunal,
08:05ont le droit, même si ce n'est pas un droit légal,
08:07mais en tout cas, c'est accepter de chauffer leur repas
08:12de manière plutôt plus ou moins légale, on va dire,
08:18alors que les femmes ont des restrictions extrêmement précises
08:25quant à ce qu'elles peuvent faire, dire ou montrer.
08:29On oblitaire le corps de la femme, on le fait disparaître
08:32et on punit les femmes d'être des femmes.
08:35Alors, est-ce que les femmes en Tunisie, à votre connaissance,
08:38les femmes détenues subissent des violences physiques ?
08:43Les femmes, d'après ce que Sonia nous a raconté,
08:46subissent énormément de violences verbales et très souvent physiques.
08:51Ce n'est pas le cas de Sonia parce qu'il y a trop de lumière
08:55sur ces femmes-là pour qu'on les brutalise réellement.
09:00Après, Sonia a été agressée, même s'ils ne le veulent pas reconnaître.
09:05Moi, j'appelle ça une agression sexuelle lors d'une fouille qui a dérapé.
09:11Ce sont ce genre de violences.
09:13Ce sont des violences verbales, ce sont des violences psychologiques.
09:17C'est leur interdire toute connexion avec l'extérieur,
09:22les enfermer dans le silence et puis leur faire perdre confiance en elles
09:28en les dégradant physiquement.
09:30La Tunisie était à l'avant-garde dans le monde arabe,
09:33mais pas que sur le droit des femmes, sur le plan législatif,
09:38mais aussi dans la vie quotidienne.
09:40On a l'impression qu'il y a une dégradation nette.
09:43Qu'en est-il aujourd'hui ?
09:44Notamment quand on voit ce que nous expliquait tout à l'heure Lilia Blaise,
09:47la parole qu'elle a donnée à ses femmes.
09:49On a l'impression qu'il y a une dégradation de la situation de la femme,
09:52alors qu'elle occupait en tout cas en Tunisie une place importante
09:56et elle avait plus de droits que dans de nombreux pays arabes,
10:00y compris d'autres pays en dehors du monde arabe.
10:02Tout à fait.
10:04Nous avons été à l'avant-garde pendant longtemps.
10:06Et puis ce régime est arrivé et on a ressenti cette haine de la femme
10:11et de la liberté que la femme avait acquise.
10:14Il y a à peine quelques jours, il y a un député qui a demandé,
10:18qui a appelé à réinstaurer la polygamie, par exemple.
10:22On en est là.
10:23Il y a quelques années, on se battait pour l'égalité des salaires
10:28parce que sur le papier, effectivement, il y a une égalité
10:31que nous ne retrouvons pas dans les faits.
10:34Aujourd'hui, on en est revenu à se battre contre les ségrégations,
10:40contre cette envie de réinstaurer la polygamie.
10:43Il y a cet encouragement du régime à remettre plus ou moins la femme
10:52à sa place légitime ou ce qu'il considère être sa place légitime.
10:56Il y a des acquis qui sont menacés pour la femme.
10:58Absolument.
10:59Quand on parle, quand un député de la République,
11:02pendant une assemblée, ose à haute voix demander la réinstauration
11:08de la polygamie qui est un acquis du code du statut personnel
11:14de la femme tunisienne, c'est remettre en question le code du statut personnel.
11:19Et ça commence comme ça.
11:20Ça a commencé comme ça, nous l'avons vu.
11:23Des libertés qui sont grignotées petit à petit.
11:26Et aujourd'hui, on a de plus en plus de voix qui se lèvent
11:29pour dire que les femmes prennent la place des hommes,
11:31que les hommes seraient plus à même, devraient, en tant que chefs de famille,
11:37avoir le droit de travailler, que les postes occupés par des femmes
11:40devraient revenir aux hommes.
11:42Ça, c'est un discours qu'on entend notamment chez les islamistes.
11:45Ce n'est pas le cas du président Keïssel.
11:46Non, pas que.
11:47Ce n'est pas un discours qu'on a finalement, maintenant avec le recul,
11:51ce n'est pas tant un discours qu'on a entendu par les islamistes.
11:55On l'entend de plus en plus par des laïcs qui représentent le régime actuel de Keïssel,
12:02qui, à mon sens, de ce qu'on sache, n'est pas un régime islamiste.
12:08Or, c'est un régime qui veut une islamisation, qui parle de…
12:14Ultra-conservateur.
12:15Ultra-conservateur.
12:16On voit des choses qui arrivent en Tunisie auxquelles on ne s'attendait pas.
12:21On parle des chiites, des écoles chiites sont ouvertes.
12:25Des professeurs iraniennes sont amenées en Tunisie pour enseigner.
12:30Ce sont des choses dangereuses qui sont en train d'arriver
12:33et qui, très certainement, présentent un danger pour les acquis de la femme tunisienne.
12:38Alors, très rapidement, sur votre sœur, prochaine audience, le 28 novembre, ce vendredi.
12:43Oui.
12:44Il y a plusieurs procès.
12:46Il y a un procès en appel le 28 novembre.
12:49Un autre procès, un procès criminel, cette fois, le 26 décembre, il y a une escalade.
12:54Sonia vient de recevoir le prix de la liberté de la presse que j'ai reçu en son nom à New York.
13:01Et pendant qu'elle est honorée à l'étranger, son pays s'acharne contre elle, malheureusement.
13:07Merci beaucoup, Ramla Dahmani.
13:10Vous êtes la sœur, je rappelle, de Sonia Dahmani, avocate détenue depuis plus d'un an en Tunisie.
13:14Merci infiniment d'être venue.
13:16Merci à vous.
13:16Nous parler d'elle et nous parler des droits de la femme dans votre pays.
13:19Merci.
13:19Son visage familier et sa voix rocailleuse sont reconnaissables de tous les Algériens.
13:26L'actrice Baya Bouzard, connue sous le nom de scène de Biouna, s'est éteinte ce mardi à Alger, des suites d'une maladie à l'âge de 73 ans.
13:35La comédienne figure emblématique du cinéma algérien a été rendue célèbre en Algérie en 73, à l'âge de 19 ans,
13:41pour son rôle dans le feuilleton télévisé culte Al-Hariq, l'incendie, inspiré du roman de Mohamed Dib.
13:47Elle s'est également illustrée dans des spectacles ou même dans le One Woman Show.
13:52Écoutez Naïma Yahi, historienne, musicologue.
13:56Elle était l'invité de France 24 tout à l'heure.
13:59Cette actrice chanteuse, humoriste, danseuse et musicienne, puisqu'elle était multitalent,
14:06a su incarner cette femme algérienne dans toute sa diversité.
14:11Et a marqué le XXe siècle et ce début de XXIe de son empreinte.
14:16Elle a aussi ouvert un pan de l'imaginaire collectif à ces femmes libres, sans tabou,
14:21qui pouvaient utiliser de l'humour, mais aussi de leur charme,
14:26comme étant un atout à l'écran dans le cinéma algérien, mais aussi européen,
14:31où elle a su faire tomber certains tabous autour du corps,
14:35puisqu'elle dansait dans ses films aussi des tabous autour de la question de la place des femmes
14:39dans une société patriarcale, y compris de ce côté-ci de la Méditerranée,
14:44puisqu'elle a su aussi participer à cette incarnation d'un cinéma français.
14:49Donc c'est cette truculence, cet humour, et aussi ce côté peut-être sans filtre
14:54qui marque l'imaginaire quand on parle de Biouna, en Algérie, mais aussi en France.
14:59Et c'est ce qui est important quand on parle de Biouna, c'est une femme libre
15:02qui a pu aussi s'exprimer dans son pays d'origine, l'Algérie.
15:07Voilà, c'est la fin du journal de l'Afrique.
15:08Restez avec nous, l'info continue sur France 24.
15:10Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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